Pour une célibataire d'une quarantaine d'années avec un adolescent, c'est parfois difficile de retrouver l'amour. C'est toute la thématique de cette comédie sentimentale un peu piquante. Choisir alors le média d'internet peut s'avérer risquer. Voir l'excellente série récente Dirty John sur Netflix sur ce thème tiré d'une histoire vraie pour les amateurs du genre.
Or et en l'occurence, le vénérable voisin indique à notre héroïne Flora qui est prête à tout qu'il y a d'autres moyens comme la vraie rencontre qu'on peut faire tous les jours comme dans un club de bridge ou de pasa noble. Il est vrai que c'est alors une critique du mode de rencontre de nos jours.
J'ai eu peur au début mais on se laisse facilement embarquer dans le récit qui ne manque pas d'humour. Le graphisme est rose bonbon, tendre et chaleureux mais c'est le propre des comédies sentimentales.
J'aime vraiment ces lectures qui nous font voyager, rêver, rigoler et découvrir. Du pur divertissement intelligent. C'est dans la même veine que les récits de Guy Delisle avec cette même auto-dérision nécessaire.
Ne vous laissez pas rebuter par une couverture un peu brouillon qui ne fait pas envie. Dedans, c'est bien chouette !
Une histoire pleine de sensibilité avec des dialogues savoureux et des personnages attachants. Ce brave marin a un faux air de Gabin, dans son jeune temps.
Fils d'alcoolique, nourri de boîtes d'épinards, faute de mieux, il a tendance à la castagne. L'Olive essuie les verres au fond du café et n'est pas très commode.
Question dessin, c'est au poil aussi : sous l'apparence d'un croquis assez fouillis, Lelis parvient à une grande précision dans l'expression. Les visages, les corps en général, sont ombrés par un logiciel mais par un gars qui maîtrise bien l'aquarelle, cela donne un aspect léger, transparent, très réussi. Le trait contourné, tremblant, est repêché, contenu, par ces ombres bien dosées.
C'est assez mystérieux mais l'image sur un fond sali, imitant le papier non blanchi, m'a presque bouleversée.
Bravo donc, j'ai ce Lelis à l'œil (c'est le cas de le dire...)
C'est un western tout à fait grandiose et certainement la meilleure oeuvre de Pierre Dubois depuis Les Lutins à mon sens. Je suis scotché par autant de maturité et de virtuosité dans la mise en scène. L'introduction est grandiose tout comme le final. Il est vrai que c'est une bd qui va prendre son temps pour mener les hommes dans la bataille non sans mal. Cependant, ce cheminement est très intéressant pour faire monter la pression.
J'ai adoré le fait que tout les protagonistes sont véritablement creusés et qu'il y a une psychologie qui n'est pas de facade. C'est vraiment bien réalisé avec une prise de risque en mêlant à cette histoire le shérif Sykes. Le méchant Gunsmoke est parfait dans son rôle avec une profonde densité.
Quelques maladresses cependant comme tout ces personnages qui commencent leur phrase par "On dirait" ce qui est trop répétitif. L'auteur a sans doute trop entendu la chanson d'Amir sur les ondes.
Au final, une oeuvre efficace et brillante. C'est certainement l'une de mes plus belles lectures de western depuis bien longtemps.
Une BD magnifique, c'est certain. Et que je ne peux que conseiller à tous et à toutes.
J'ai mis du temps à lire cette BD qui est vraiment bavarde, mais qui tiens le lecteur jusqu'au bout. Par sa beauté, par son ton, par son histoire. Il s'agit là d'une longue et lente histoire d'une maternité, mélangé à des thèmes aussi divers que la guerre, la religion, l'immigration, l'amour et la calligraphie. Le tout servi par un dessin qui sait subtilement mélanger la poésie et la contemplation avec les affres de la guerre et les horreurs qu'elle fait subir à ceux qui en souffrent.
Cette BD est un subtil mélange des genres qui reste pourtant résolument optimiste malgré le contexte et les sujets qu'elle aborde, et c'est d'autant plus plaisant à lire pour nous aujourd'hui. Elle est un rappel de ce qui se passe dans le monde, mais aussi que la fatalité n'est pas un fait. S'en sortir est possible, et il y a toujours une lueur d'espoir.
J'ai retiré beaucoup de choses de cette lecture, et même si je suis très imperméable à des propos religieux, je dois reconnaitre que c'est globalement très bien proposé dans la BD. J'ai été touché par la sensibilité qui se dégage de cette histoire d'amour sublime, et de tout ce qui gravitait autour : la mère qui a connu une histoire remuante et veut vivre libre et émancipée, le prêtre qui a fait de sa communauté un lieu de recueillement pour le monde, et même les quelques figures éphémères qui traversent la BD mais apportent une touche d'humanité, une petite trace de ce que l'homme peut avoir de meilleur.
Je ne sais trop quoi dire de plus, au risque de gâcher ou trop réfléchir sur une BD qui déclenche déjà assez de réflexion à elle seule. Si je vous la recommande ? Évidemment. Ce serait dommage de passer à côté d'une telle histoire. Comme un bon vin, elle s'apprécie et se savoure lentement, et je vous recommande de prendre le temps qu'il faudra pour elle.
« L’Appel de Madame la baronne » fait partie de ces œuvres (il y en a d’autres me concernant, en poésie ou en peinture) que je trouve intéressantes, intrigantes, mais dont j’admets volontiers ne pas comprendre tout ce qu’elles offrent à mes sens.
Pour cet album, Servais dit s’être inspiré d’œuvres d’arts (masques, sculptures) à sa disposition. Mais aussi du personnage et de l’œuvre de Beaucarne (que je ne connais pas). Il a donné en tout cas son visage au personnage principal.
Pour le reste, un résumé n’est ni souhaitable ni réalisable – y a-t-il d’ailleurs une intrigue au sens où on l’entend généralement ? Beaucoup de lecteurs y ont vu de l’absurde. Je ne sais pas, ce n’est pas ce qui prédomine. J’y trouve davantage un univers très onirique (peut-être un peu foutraque) et très poétique. Avec des rencontres imaginaires, imagées, qui relèvent souvent du surréalisme.
Le dessin de Servais est excellent, hyper précis, et le trait fin en Noir et Blanc renforce cette quasi minutie – d’autant plus remarquable que l’histoire est loin d’être aussi « carrée ». Et les cases, remplies de détails, de rencontres improbables (Lautréamont en aurait apprécié certaines) sont pleines de dessins qui ressemblent à des collages (comme ceux de Max Ernst ou de Max Bucaille, réalisés à partir de gravures du XIXème siècle), cet aspect visuel renforçant encore le côté poétique et surréaliste.
Un album qui peinera peut-être à trouver ses lecteurs dans le grand public (mais pourquoi pas après tout ?), qui est à feuilleter avant d’envisager un achat. Mais les amateurs du genre se doivent d’y jeter un coup d’œil.
Note réelle 3,5/5.
Cet album est absolument remarquable il faut bien le reconnaitre. Tout y est: le fond et la forme avec un final à "couper le souffle" digne des plus grands polars.
Il faut le dire d'emblée, cet album est l'adaptation d'un polar à succès. Ce qui explique la qualité du scénario. Encore fallait-il réussir l'adaptation en bandes dessinées, ce qui a été fait d'une main de maître. L'intrigue n'est pas forcément le point central de cette histoire. L'essentiel est la forme et la manière dont les auteurs parviennent à "manipuler" les lecteurs et à leur préparer un final en apothéose.
L'intrigue se déroule au siècle dernier dans le village bien connu de Giverny, et bien entendu, la peinture est la toile de fond de cette histoire et un des mobiles potentiels des crimes commis sur la Commune. Et puis il a le destin de femmes de tout âge, du moins le croit-on, dont les destins s'entremêlent, et l'arrivée d'un commissaire de police dont l'objectivité est vite remise en cause du fait de l'attrait qu'il éprouve pour l'une d'elles.
Inutile d'en dire plus à propos de cet album qui doit être lu avant d'être raconté
On ne peut pas non plus passer sur la qualité du dessin de Cassegrain, un dessinateur dont le style oscille entre celui de Prado ou de Gibrat, et dont la mise en couleur n'a rien à envier à ces glorieux ainés.
Cet album fait partie de ceux que l'on doit avoir dans sa bibliothèque je crois
Alors là mesdames et messieurs, je dis oui ! Oui tout de suite et sans concession à cette BD merveilleuse qui a su ENFIN établir quelque chose de beau et de poétique sur la question du travestissement ou du transgenre. Et nom d'un chien ça fait du bien de lire ça !
Je ne serais absolument pas objectif sur cette BD parce que j'ai été ému jusqu'aux larmes lors de ma lecture ET de la fin, donc autant dire que niveau ressenti j'ai été dedans à pieds joints. Alors tout est fait pour : le style de narration qui emprunte le chemin du conte pour pouvoir faire de temps en temps des petites incartades particulièrement bien senties (comme cette énorme réflexion que fait le roi sur le changement du monde et la nécessité d'accepter ce qui paraissait encore impensable hier). Le trait en rondeur, en douceur même, avec ses couleurs chatoyantes et douces en même temps ... Et bien sûr, tout le message qui en est dégagé ! Je dirais bien qu'il y a une belle histoire d'amour en plus, mais en vrai le propos n'est pas tant sur la romance que sur le regard, et à cet égard je suis subjugué par la justesse du propos.
En fait, je crois bien que c'est la première fois que je lis une BD aussi joliment faite et aussi assumé dans son propos : le travestissement est accepté par le protagoniste, qui ne se remet pas en question en tant que "déviant" de la norme, et toute l'histoire tourne autour du regard des autres là-dessus. Et c'est foutrement bien joué : pas de questionnement sur ce qu'il est ou ce qu'il ressent. Il le sait, il l'assume et la seule personne qui partage son secret en fait de même. Voila le genre de message positif qu'on devrait lire bien plus souvent. Surtout quand c'est aussi bien mis en scène ...
Et je ne peux même pas parler de tout ! Emile, le majordome, qui sait tout et se contente de dire "ça ne me concerne pas", comme beaucoup devraient le faire dans la vie; les discours de certaines personnes (notamment sur la fin) qui sont d'une sacrée pertinence ... Oui, je suis vraiment ébloui par la beauté de ce conte et la justesse de son ton. Ni moralisateur, ni dénonciateur, il se contente de faire une histoire belle et tendre sur un fait qui est vu comme normal. Et en lisant ce genre d'histoire, je me dis que j'ai vraiment hâte que ce soit la norme sociétale également.
Je ne veux même pas épiloguer sur le dessin, qui rehausse l'ensemble par un trait totalement adapté au conte, une colorisation magique et des magnifiques costumes. C'est simple et beau, efficace, ... Je ne sais quoi en dire.
Oui, encore une fois je m'emporte, je lâche des grands mots, je suis sous le charme. Mais quand une BD est aussi simple et belle, aussi merveilleuse de ton et aussi touchante, avec une portée quasi-universelle, je crois bien que je n'ai même pas besoin de justifier ma note. C'est beau, diablement beau, et j'en ai encore une humidité au coin de l’œil après cette critique. Quand la BD est capable de nous toucher autant, il est parfois nécessaire de se taire et de simplement apprécier. Ce que je retourne faire en espérant que vous irez vite en faire de même.
Je ne connaissais pas du tout Phoolan Devi et le moins que je puisse dire est qu'elle n'a pas eu une vie joyeuse! Bon, la bande dessinée est basé sur son autobiographie donc ce n'est pas objectif, mais je n'ai aucun problème à croire que tout ce qui est arrivé à cette femme est vraie tant le système de caste en Inde me semble injuste.
Le récit est très noir par moment et plusieurs scènes sont franchement glauque, surtout lorsque Devi est enfant. C'est donc un album que je recommande tout en précisant que certaines scènes risquent de choquer les âmes sensibles. Le scénario est prenant et le personnage de Devi est vraiment incroyable et aussi très forte (personnellement, j'ai l'impression que si j'avais vécu ce qu'elle a vécu j'aurais fini par me suicider ou je serais devenu trop faible pour contester l'autorité).
Dommage que les derniers années de la vie de Devi soit résumé en quelques lignes. J'aurais bien aimé voir son travail comme politicienne et la réaction de l'Inde lorsqu'elle a fini assassinée. J'aurais aussi aimé un dossier qui expliquerait si la situation des femmes et des castes inférieurs ont évolué depuis l'époque de Devi. Enfin, cela reste tout de même un bon album.
L'auteur Thomas Legrand est en fait l'un des éditorialistes politiques les plus célèbres de notre pays puisqu'il officie chaque matin sur la radio France Inter. Il nous livre une partition sans faute de l'histoire de la Vème République qui est née dans la rue et qui finira sans doute dans la rue. Comme le disait le Général de Gaulle, comment voulez-vous gouvernez un pays où il existe 258 variétés de fromage ? C'est ce que s'efforce de faire les 8 présidents de la République qui se sont succédés depuis près de 60 ans.
Il faut dire qu'assez bientôt, cette République dépassera en longévité la troisième République qui a duré près de 70 ans avant de s'éteindre avec le régime de Vichy. La France a sans doute besoin d'un président jupitérien. En effet, il existe un rapport exceptionnel entre le président et le peuple qui l'élit directement pour un mandat renouvelable.
J'ai beaucoup aimé bien que cela se concentre surtout sur le Général de Gaulle pour comprendre l'essence même de cette Vème république. Il fallait un exécutif fort pour sortir la France d'une quasi guerre civile liée à l'Algérie. Bref, il faut un pouvoir fort qui ne dépende pas uniquement de l'Assemblée Nationale. Cependant, il faut également un subtil équilibre des pouvoirs. Les mauvais côté ne seront pas épargnés non plus comme la collusion de la Justice avec le politique (voir les affaires du SAC).
En vérité, ce n'est pas l'histoire de tous les présidents de la Vème République mais comprendre les origines avec le sauveur de la France. Cette République a permit tout de même une certaine stabilité du pouvoir ainsi qu'une véritable alternance démocratique. Cela a permit paix et prospérité pour le plus grand nombre malgré tout ce qu'on peut dire.
Au final, un ouvrage très bien réalisé et très intéressant pour peu que l'on s'intéresse un peu à la politique.
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Flora et les étoiles filantes
Pour une célibataire d'une quarantaine d'années avec un adolescent, c'est parfois difficile de retrouver l'amour. C'est toute la thématique de cette comédie sentimentale un peu piquante. Choisir alors le média d'internet peut s'avérer risquer. Voir l'excellente série récente Dirty John sur Netflix sur ce thème tiré d'une histoire vraie pour les amateurs du genre. Or et en l'occurence, le vénérable voisin indique à notre héroïne Flora qui est prête à tout qu'il y a d'autres moyens comme la vraie rencontre qu'on peut faire tous les jours comme dans un club de bridge ou de pasa noble. Il est vrai que c'est alors une critique du mode de rencontre de nos jours. J'ai eu peur au début mais on se laisse facilement embarquer dans le récit qui ne manque pas d'humour. Le graphisme est rose bonbon, tendre et chaleureux mais c'est le propre des comédies sentimentales.
Kaboul Disco
J'aime vraiment ces lectures qui nous font voyager, rêver, rigoler et découvrir. Du pur divertissement intelligent. C'est dans la même veine que les récits de Guy Delisle avec cette même auto-dérision nécessaire.
Popeye - Un homme à la mer
Ne vous laissez pas rebuter par une couverture un peu brouillon qui ne fait pas envie. Dedans, c'est bien chouette ! Une histoire pleine de sensibilité avec des dialogues savoureux et des personnages attachants. Ce brave marin a un faux air de Gabin, dans son jeune temps. Fils d'alcoolique, nourri de boîtes d'épinards, faute de mieux, il a tendance à la castagne. L'Olive essuie les verres au fond du café et n'est pas très commode. Question dessin, c'est au poil aussi : sous l'apparence d'un croquis assez fouillis, Lelis parvient à une grande précision dans l'expression. Les visages, les corps en général, sont ombrés par un logiciel mais par un gars qui maîtrise bien l'aquarelle, cela donne un aspect léger, transparent, très réussi. Le trait contourné, tremblant, est repêché, contenu, par ces ombres bien dosées. C'est assez mystérieux mais l'image sur un fond sali, imitant le papier non blanchi, m'a presque bouleversée. Bravo donc, j'ai ce Lelis à l'œil (c'est le cas de le dire...)
Texas Jack
C'est un western tout à fait grandiose et certainement la meilleure oeuvre de Pierre Dubois depuis Les Lutins à mon sens. Je suis scotché par autant de maturité et de virtuosité dans la mise en scène. L'introduction est grandiose tout comme le final. Il est vrai que c'est une bd qui va prendre son temps pour mener les hommes dans la bataille non sans mal. Cependant, ce cheminement est très intéressant pour faire monter la pression. J'ai adoré le fait que tout les protagonistes sont véritablement creusés et qu'il y a une psychologie qui n'est pas de facade. C'est vraiment bien réalisé avec une prise de risque en mêlant à cette histoire le shérif Sykes. Le méchant Gunsmoke est parfait dans son rôle avec une profonde densité. Quelques maladresses cependant comme tout ces personnages qui commencent leur phrase par "On dirait" ce qui est trop répétitif. L'auteur a sans doute trop entendu la chanson d'Amir sur les ondes. Au final, une oeuvre efficace et brillante. C'est certainement l'une de mes plus belles lectures de western depuis bien longtemps.
Amour minuscule
Une BD magnifique, c'est certain. Et que je ne peux que conseiller à tous et à toutes. J'ai mis du temps à lire cette BD qui est vraiment bavarde, mais qui tiens le lecteur jusqu'au bout. Par sa beauté, par son ton, par son histoire. Il s'agit là d'une longue et lente histoire d'une maternité, mélangé à des thèmes aussi divers que la guerre, la religion, l'immigration, l'amour et la calligraphie. Le tout servi par un dessin qui sait subtilement mélanger la poésie et la contemplation avec les affres de la guerre et les horreurs qu'elle fait subir à ceux qui en souffrent. Cette BD est un subtil mélange des genres qui reste pourtant résolument optimiste malgré le contexte et les sujets qu'elle aborde, et c'est d'autant plus plaisant à lire pour nous aujourd'hui. Elle est un rappel de ce qui se passe dans le monde, mais aussi que la fatalité n'est pas un fait. S'en sortir est possible, et il y a toujours une lueur d'espoir. J'ai retiré beaucoup de choses de cette lecture, et même si je suis très imperméable à des propos religieux, je dois reconnaitre que c'est globalement très bien proposé dans la BD. J'ai été touché par la sensibilité qui se dégage de cette histoire d'amour sublime, et de tout ce qui gravitait autour : la mère qui a connu une histoire remuante et veut vivre libre et émancipée, le prêtre qui a fait de sa communauté un lieu de recueillement pour le monde, et même les quelques figures éphémères qui traversent la BD mais apportent une touche d'humanité, une petite trace de ce que l'homme peut avoir de meilleur. Je ne sais trop quoi dire de plus, au risque de gâcher ou trop réfléchir sur une BD qui déclenche déjà assez de réflexion à elle seule. Si je vous la recommande ? Évidemment. Ce serait dommage de passer à côté d'une telle histoire. Comme un bon vin, elle s'apprécie et se savoure lentement, et je vous recommande de prendre le temps qu'il faudra pour elle.
L'Appel de Madame la Baronne
« L’Appel de Madame la baronne » fait partie de ces œuvres (il y en a d’autres me concernant, en poésie ou en peinture) que je trouve intéressantes, intrigantes, mais dont j’admets volontiers ne pas comprendre tout ce qu’elles offrent à mes sens. Pour cet album, Servais dit s’être inspiré d’œuvres d’arts (masques, sculptures) à sa disposition. Mais aussi du personnage et de l’œuvre de Beaucarne (que je ne connais pas). Il a donné en tout cas son visage au personnage principal. Pour le reste, un résumé n’est ni souhaitable ni réalisable – y a-t-il d’ailleurs une intrigue au sens où on l’entend généralement ? Beaucoup de lecteurs y ont vu de l’absurde. Je ne sais pas, ce n’est pas ce qui prédomine. J’y trouve davantage un univers très onirique (peut-être un peu foutraque) et très poétique. Avec des rencontres imaginaires, imagées, qui relèvent souvent du surréalisme. Le dessin de Servais est excellent, hyper précis, et le trait fin en Noir et Blanc renforce cette quasi minutie – d’autant plus remarquable que l’histoire est loin d’être aussi « carrée ». Et les cases, remplies de détails, de rencontres improbables (Lautréamont en aurait apprécié certaines) sont pleines de dessins qui ressemblent à des collages (comme ceux de Max Ernst ou de Max Bucaille, réalisés à partir de gravures du XIXème siècle), cet aspect visuel renforçant encore le côté poétique et surréaliste. Un album qui peinera peut-être à trouver ses lecteurs dans le grand public (mais pourquoi pas après tout ?), qui est à feuilleter avant d’envisager un achat. Mais les amateurs du genre se doivent d’y jeter un coup d’œil. Note réelle 3,5/5.
Nymphéas noirs
Cet album est absolument remarquable il faut bien le reconnaitre. Tout y est: le fond et la forme avec un final à "couper le souffle" digne des plus grands polars. Il faut le dire d'emblée, cet album est l'adaptation d'un polar à succès. Ce qui explique la qualité du scénario. Encore fallait-il réussir l'adaptation en bandes dessinées, ce qui a été fait d'une main de maître. L'intrigue n'est pas forcément le point central de cette histoire. L'essentiel est la forme et la manière dont les auteurs parviennent à "manipuler" les lecteurs et à leur préparer un final en apothéose. L'intrigue se déroule au siècle dernier dans le village bien connu de Giverny, et bien entendu, la peinture est la toile de fond de cette histoire et un des mobiles potentiels des crimes commis sur la Commune. Et puis il a le destin de femmes de tout âge, du moins le croit-on, dont les destins s'entremêlent, et l'arrivée d'un commissaire de police dont l'objectivité est vite remise en cause du fait de l'attrait qu'il éprouve pour l'une d'elles. Inutile d'en dire plus à propos de cet album qui doit être lu avant d'être raconté On ne peut pas non plus passer sur la qualité du dessin de Cassegrain, un dessinateur dont le style oscille entre celui de Prado ou de Gibrat, et dont la mise en couleur n'a rien à envier à ces glorieux ainés. Cet album fait partie de ceux que l'on doit avoir dans sa bibliothèque je crois
Le Prince et la Couturière
Alors là mesdames et messieurs, je dis oui ! Oui tout de suite et sans concession à cette BD merveilleuse qui a su ENFIN établir quelque chose de beau et de poétique sur la question du travestissement ou du transgenre. Et nom d'un chien ça fait du bien de lire ça ! Je ne serais absolument pas objectif sur cette BD parce que j'ai été ému jusqu'aux larmes lors de ma lecture ET de la fin, donc autant dire que niveau ressenti j'ai été dedans à pieds joints. Alors tout est fait pour : le style de narration qui emprunte le chemin du conte pour pouvoir faire de temps en temps des petites incartades particulièrement bien senties (comme cette énorme réflexion que fait le roi sur le changement du monde et la nécessité d'accepter ce qui paraissait encore impensable hier). Le trait en rondeur, en douceur même, avec ses couleurs chatoyantes et douces en même temps ... Et bien sûr, tout le message qui en est dégagé ! Je dirais bien qu'il y a une belle histoire d'amour en plus, mais en vrai le propos n'est pas tant sur la romance que sur le regard, et à cet égard je suis subjugué par la justesse du propos. En fait, je crois bien que c'est la première fois que je lis une BD aussi joliment faite et aussi assumé dans son propos : le travestissement est accepté par le protagoniste, qui ne se remet pas en question en tant que "déviant" de la norme, et toute l'histoire tourne autour du regard des autres là-dessus. Et c'est foutrement bien joué : pas de questionnement sur ce qu'il est ou ce qu'il ressent. Il le sait, il l'assume et la seule personne qui partage son secret en fait de même. Voila le genre de message positif qu'on devrait lire bien plus souvent. Surtout quand c'est aussi bien mis en scène ... Et je ne peux même pas parler de tout ! Emile, le majordome, qui sait tout et se contente de dire "ça ne me concerne pas", comme beaucoup devraient le faire dans la vie; les discours de certaines personnes (notamment sur la fin) qui sont d'une sacrée pertinence ... Oui, je suis vraiment ébloui par la beauté de ce conte et la justesse de son ton. Ni moralisateur, ni dénonciateur, il se contente de faire une histoire belle et tendre sur un fait qui est vu comme normal. Et en lisant ce genre d'histoire, je me dis que j'ai vraiment hâte que ce soit la norme sociétale également. Je ne veux même pas épiloguer sur le dessin, qui rehausse l'ensemble par un trait totalement adapté au conte, une colorisation magique et des magnifiques costumes. C'est simple et beau, efficace, ... Je ne sais quoi en dire. Oui, encore une fois je m'emporte, je lâche des grands mots, je suis sous le charme. Mais quand une BD est aussi simple et belle, aussi merveilleuse de ton et aussi touchante, avec une portée quasi-universelle, je crois bien que je n'ai même pas besoin de justifier ma note. C'est beau, diablement beau, et j'en ai encore une humidité au coin de l’œil après cette critique. Quand la BD est capable de nous toucher autant, il est parfois nécessaire de se taire et de simplement apprécier. Ce que je retourne faire en espérant que vous irez vite en faire de même.
Phoolan Devi, reine des bandits
Je ne connaissais pas du tout Phoolan Devi et le moins que je puisse dire est qu'elle n'a pas eu une vie joyeuse! Bon, la bande dessinée est basé sur son autobiographie donc ce n'est pas objectif, mais je n'ai aucun problème à croire que tout ce qui est arrivé à cette femme est vraie tant le système de caste en Inde me semble injuste. Le récit est très noir par moment et plusieurs scènes sont franchement glauque, surtout lorsque Devi est enfant. C'est donc un album que je recommande tout en précisant que certaines scènes risquent de choquer les âmes sensibles. Le scénario est prenant et le personnage de Devi est vraiment incroyable et aussi très forte (personnellement, j'ai l'impression que si j'avais vécu ce qu'elle a vécu j'aurais fini par me suicider ou je serais devenu trop faible pour contester l'autorité). Dommage que les derniers années de la vie de Devi soit résumé en quelques lignes. J'aurais bien aimé voir son travail comme politicienne et la réaction de l'Inde lorsqu'elle a fini assassinée. J'aurais aussi aimé un dossier qui expliquerait si la situation des femmes et des castes inférieurs ont évolué depuis l'époque de Devi. Enfin, cela reste tout de même un bon album.
L'Histoire de la Vème République
L'auteur Thomas Legrand est en fait l'un des éditorialistes politiques les plus célèbres de notre pays puisqu'il officie chaque matin sur la radio France Inter. Il nous livre une partition sans faute de l'histoire de la Vème République qui est née dans la rue et qui finira sans doute dans la rue. Comme le disait le Général de Gaulle, comment voulez-vous gouvernez un pays où il existe 258 variétés de fromage ? C'est ce que s'efforce de faire les 8 présidents de la République qui se sont succédés depuis près de 60 ans. Il faut dire qu'assez bientôt, cette République dépassera en longévité la troisième République qui a duré près de 70 ans avant de s'éteindre avec le régime de Vichy. La France a sans doute besoin d'un président jupitérien. En effet, il existe un rapport exceptionnel entre le président et le peuple qui l'élit directement pour un mandat renouvelable. J'ai beaucoup aimé bien que cela se concentre surtout sur le Général de Gaulle pour comprendre l'essence même de cette Vème république. Il fallait un exécutif fort pour sortir la France d'une quasi guerre civile liée à l'Algérie. Bref, il faut un pouvoir fort qui ne dépende pas uniquement de l'Assemblée Nationale. Cependant, il faut également un subtil équilibre des pouvoirs. Les mauvais côté ne seront pas épargnés non plus comme la collusion de la Justice avec le politique (voir les affaires du SAC). En vérité, ce n'est pas l'histoire de tous les présidents de la Vème République mais comprendre les origines avec le sauveur de la France. Cette République a permit tout de même une certaine stabilité du pouvoir ainsi qu'une véritable alternance démocratique. Cela a permit paix et prospérité pour le plus grand nombre malgré tout ce qu'on peut dire. Au final, un ouvrage très bien réalisé et très intéressant pour peu que l'on s'intéresse un peu à la politique.