Comme pour Le Journal de mon père, que j’ai lu il y a peu, Taniguchi nous narre ici le retour vers l’enfance du personnage principal, qui cherche à comprendre certains événements (le départ inexpliqué de son père par exemple). Mais la méthode est ici très différente, puisque le personnage principal, suite à une ellipse mystérieuse, se voit « coincé » dans son jeune alter-ego, l’homme d’une quarantaine d’années redevenant l’adolescent de 14 ans qu’il fut.
Englué dans ce passé, il se trouve taraudé entre les possibilités offertes de comprendre le passé – en le modifiant à son avantage (concernant son père par exemple) – et les craintes de bouleverser son avenir, son « vrai présent » en fait, car sa connaissance du futur entraîne immanquablement la modification de ce « passé-devenant-le-futur-donc-son-vrai-présent ». Un thème assez classique, mais traité ici avec finesse et sans aucun attirail fantastique.
L’histoire se développe par petites touches, dans un récit parfois intimiste, avec un dessin et des décors faisant la part belle au calme, à l’indicible : à la fois minutieux et simple, ce dessin ne m’a pas du tout rebuté (moi qui ne suis pas vraiment adepte du manga, en particulier des visages expressifs des personnages – mais ici finalement peu d’émotion transpire réellement).
Aller dans son passé pour comprendre son présent, mieux connaître son père pour mieux se connaître, les mêmes idées parcourent « Quartier lointain » et « Le journal de mon père », dans ce qui doit être quelque chose d’autobiographique – même si je ne connais pas vraiment la vie de Taniguchi.
Le seul petit bémol concernant ce diptyque, c’est la conclusion, que j’ai trouvée un peu rapide et facile – et aussi prévisible. Il faut dire que c’est toujours difficile de « retomber sur ses pattes » avec ces voyages dans le temps.
Mais cela reste tout de même une série recommandable.
Note réelle 3,5/5.
C’est étrange, l’effet que le temps peut avoir sur le souvenir que l’on a d’une lecture.
Lorsque j’ai lu le premier tome de ces petites contemplations, je n’avais pas été spécialement marqué. Certes, j’avais trouvé l’album sympathique mais sans plus.
Et puis…
Et puis le temps est passé et, progressivement, le souvenir que j’avais de l’album s’est transformé. D’un récit anecdotique, ce recueil de nouvelles s’est transformé en une sympathique vision de la Chine d’aujourd’hui. J’oubliai progressivement les moments creux pour ne plus me remémorer que quelques passages touchants, parfois drôle, parfois étonnants. Tant et si bien que lorsque le deuxième tome est sorti, je n’ai pas pu longtemps résister.
Et ce deuxième tome, je l’ai dévoré avec avidité ! Pourtant, à nouveau, tout n’est pas mémorable. Il y a notamment quelques pages consacrées à des recettes de cuisine pour Chinois célibataire (Chinois parce qu’on ne trouve pas spécialement tous les produits décrits en Europe – célibataire parce qu’il s’agit bien souvent de recettes prévues pour une personne à partir de reste de précédents repas) dont l’intérêt m’est apparu fort discutable.
Mais à côté de ces moments creux figurent des passages beaucoup plus touchants. Yao Ren a l’art de saisir les bribes de son quotidien qui, sans rien avoir de spectaculaire, font le plaisir d’un instant : le réconfort simple d’un bon repas pris dans une petite gargote qui ne paie pas de mine, le charme intrigant d’un chat croisé dans la rue, la floraison d’un cactus que l’on croyait mort, une ballade au parc un matin pluvieux… Vous le voyez, il n’y a vraiment rien de spectaculaire à attendre de ces thèmes mais le ton est juste et l’humanité y apparaît dans sa pure simplicité. On retrouve finalement un peu la même démarche que celle de Jiro Tanigushi pour « L'Homme qui marche ». Cela donne un sentiment de zenitude, d’un bonheur qui nous est accessible à condition d’adopter le même regard que l’auteur… et ça fait du bien.
Du coup, si vous cherchez du sensationnel, de l’extravagant, de l’aventure, passez votre chemin. Mais si les récits intimistes qui s’attachent aux plaisirs simples de la vie vous attirent, je vous invite franchement à jeter un œil sur cet album.
Les violences conjugales sont un vaste sujet, qui font l'objet d'un certain nombre d'ouvrages depuis quelques années. Les Editions des Ronds dans l'O en ont d'ailleurs fait l'un de leurs sujets de prédilection, au travers notamment des trois tomes d'En chemin elle rencontre...
Thibaut Lambert, après le remarqué Au coin d'une ride, revient donc avec ce récit autour de la jeune Manon, qui essaie de se reconstruire sentimentalement après une relation destructrice, au propre comme au figuré. L'histoire est relativement classique, sans grande surprise, mais Lambert réussit justement à ne pas tomber dans les clichés, à nous montrer une Manon qui hésite, qui est toujours hantée par ses mauvais souvenirs, mais qui arrive, de façon crédible, à les surmonter.
Son dessin, semi-réaliste, manque peut-être un peu d'expressivité par moments, mais les dialogues et surtout la mise en scène permettent de comble ce -petit- manque.
Bref, un album utile et sensible sur un fléau méconnu et encore soumis à l'omertà.
Très bonne BD.
D'autant plus réussie que l'auteur y raconte sa propre expérience, la façon dont il a abordé cette tranche de vie, avec des moments très personnels. Et ce qui m'a plus par-dessus tout, c'est son apparente sincérité, le fait qu'il se pose des questions sur ses capacités à pouvoir gérer l'arrivée d'un enfant "différent". Il est possible que ce questionnement fût plus diffus que raconté dans l'album, mais étant donné que c'est le sujet, cela me semble légitime.
Résultat, on se retrouve dans un récit intimiste, qui arrive à garder de la pudeur malgré tout, et explique bien le cheminement de pensée de cette famille qui se retrouve dans un schéma particulier.
Cela m'a bien plu, d'autant que le style de Fabien Toulmé, une ligne claire semi-réaliste, est bien adapté à son propos.
Bref, un bel album, touchant, mais qui ne verse pas dans le pathos.
3.5
Une bonne surprise que ce Batman en 'chibi'. On retrouve un ton un peu moins sérieux que les comics modernes de Batman. Il y a de l'humour et aussi des moments de tendresse (notamment chaque fois que le pauvre Mr Freezer faisait une apparition).
On retrouve plein de personnages de Batman et j'ai bien aimé les voir dessinés dans ce style particulier. Les histoires tournent autour des différentes fêtes de l'année ou des saisons et ces thèmes sont bien utilisés. L'humour fonctionne bien et je pense qu'on peut faire lire cette série sans problème à des enfants quoiqu'il y a tellement de personnages qu'il faut peut-être connaitre un peu les comics pour ne pas se perdre. Heureusement qu'il y a une galerie de présentation des personnages à la fin de cet album.
Les auteurs ont réussi à me captiver avec des histoires courtes de 10 pages. À lire si on est fan de Batman et de son univers.
Pour l'instant c'est l'album primé à Angoulême cette année qui m'a le plus convaincu.
Je n'ai pas connu l'ambiance des bureaux durant les années 90, mais je pense qu'on peut accrocher à ce récit du moment qu'on ne trouve pas les récits se passant dans des bureaux ennuyeux.
Il faut dire qu'ici que si cela commence tout doucement avec une ambiance de bureau normal où les personnages sont le genre de collèges que n'importe qui peut avoir (le type qui ne comprends jamais comment fonctionne la technologie, les gars qui font des blagues lourdes, etc) cela tombe petit à petit dans une ambiance de polar lorsque Jean Doux découvre une mystérieuse disquette et le scénario devient aussi de plus en plus absurde.
J'ai bien accroché au scénario. Le mystère autour de la disquette est prenant et le fait que le scénario partait dans un gros délire ne m'a pas du tout dérangé. Il y a une bonne galerie de personnages et l'humour marche bien pour moi. Un bon album à lire en ce qui me concerne.
Allons-y franchement : Picsou est un personnage culte des comics Disney. L’équivalent de ce que Tintin, Astérix ou Gaston peuvent être à la franco-belge (au même titre que Donald et Mickey).
Le mode de production en a fait un personnage quasi-universel, bien que cela entraîne une qualité parfois inégale dans ses aventures. À ce titre, l’intégrale Don Rosa concentre ce qui se fait de mieux en la matière. On y trouve un canon de la jeunesse du personnage, basé sur des anecdotes éparpillées par Carl Barks, des histoires denses, fortes, drôles et un réel travail de fond historique.
Le trait de Rosa est caractéristique : beaucoup moins « propre » que la plupart des Disney actuels, fourmillant de petits traits, de points, de zones d’ombre... ses personnages humains ont un peu tous des gueules carrées et des truffes noires. Peut-être est-ce le parfum de la nostalgie mais je trouve que cela donne du caractère à l’ensemble qu’on ne retrouve pas forcément ailleurs.
Il est - presque ? - impossible de posséder TOUTES les histoires de Picsou mais cette série est un incontournable du rayon Disney de votre bédéthèque.
Avec ce dessin dans le pur style ligne claire classique, Red Ketchup, de prime abord, fait penser à Tintin, ou à un archétype de bande dessinée traditionnelle. Détrompez-vous. Avec Red Ketchup, ça décoiffe sévère.
Steve Red Ketchup, ainsi surnommé à cause de ses yeux rouges, est un agent du FBI aux méthodes (très très) musclées. Mais en plus de cela, il est accro aux drogues de tout type. Ainsi, il se nourrit exclusivement de pilules et de médicaments, en quantité suffisante pour terrasser n'importe qui de normalement constitué. Et entre sa violence intrinsèque, sa dépendance à la drogue et sa paranoïa, ça fait souvent de (gros) dégâts. Il va ainsi tour à tour massacrer des innocents à coup d'épée, jouer au garde du corps musclé, et organiser un génocide de pingouins.
Bref, ici, tout est poussé au maximum, des méthodes musclées au patriotisme sans faille de Ketchup. En plus, ce nom, c'est la cerise sur le gâteau. On est dans l'absurde du début à la fin, et c'est souvent très drôle. Avec moi, en tout cas, ça marche du tonnerre.
Et puis Red Ketchup a la tête de l'emploi, avec sa coupe de cheveux en brosse couleur carotte, son complet bleu et ses lunettes noires, qui protègent ses yeux couleur sang. Il est profondément antipathique (c'est quand même un psychopathe de premier ordre ultra violent), mais c'est tellement absurde que l'on prend du plaisir à suivre ses aventures. Cette parodie des héros américains justiciers aux méthodes musclées vise juste et est terriblement efficace.
Bref, vous l'aurez compris, je ne peux que vous encourager à y jeter un oeil.
3.5
Harley Quinn est une des rares séries modernes de super-héros qui me passionne (et d'ailleurs je dois me rappeler que je n'ai pas encore lu les derniers tomes et que je devrais le faire un jour !) et je voulais donc voir ce que donnait ses aventures dans le reboot Rebirth.
C'est toujours aussi sympathique et c'est fou comment sa série a évolué si on compare avec le tome 1 de la série originale. Cela devient de plus en plus délirant avec notamment des zombies dans la première histoire de ce premier tome. Plein de personnages secondaires sont apparus comme Red Tool qui ressemble vraiment à Deadpool. Pour l'instant il est tolérable, mais j'espère que les auteurs ne vont pas faire n'importe quoi avec lui.
En fait, j'ai peur que les scénaristes finissent par faire n'importe quoi avec Harley Quinn. Pour l'instant, je suis toujours dans leurs délires et j'aime bien suivre les aventures d'Harley, mais j'ai peur qu'ils franchissent une ligne et que je finisse par trouver qu'ils en font trop.
J'ai remarqué que des trois histoires présentes dans cet album, celle que j'ai le plus aimé est la dernière et une des raisons est que l'on retrouve un personnage familier de la série Batman qui ne soit pas Poison Ivy ou le Joker. Je pense que j'aimerais bien que les auteurs utilisent d'autres personnages de Batman dans cette série, cela pourrait donner des trucs intéressants de voir Harley Quinn interagir avec d'autres vilains ou héros de Gotham qu'elle n'a pas trop croisés avant.
Donc pour l'instant j'accroche autant avec un espoir que je vais aimer la suite.
"Undertaker" a été annoncé comme le "nouveau Blueberry", à grand coup de marketing tape à l'œil. Peut-être pas dans le style, mais au moins dans le genre western sérieux à grand succès. Dargaud a semblé miser gros sur cette bd, qui semble clairement avoir les épaules. Car les quatre premiers albums sont clairement à la hauteur.
Côté protagonistes, l'Undertaker est un type excentrique, égoïste, cynique, mais avec un bon fond. Bref, un héros de western somme toute classique mais réussi. Par contre, les deux personnages secondaires féminins sont bien réussis et plus originaux, entre Mme Lin la badass et Rose la gouvernante un peu guindée et déterminée. Les personnages secondaires du premier diptyque sont bien croqués, à l'image de George Hill, par exemple, mineur dépassé par les événements. Et le personnage du docteur Quint, le grand méchant des tomes 3 et 4 est le pendant parfait à l'Undertaker. Et s'il est vrai que ce dernier est un peu écrasé par Quint dans ces deux albums, ça ne m'a pas du tout dérangé, même Blueberry, pour reprendre cet exemple, s'efface souvent devant de superbes méchants, comme Chihuaha Pearl, Quannah ou Prosit Luckner.
Côté scénario, j'ai préféré celui des tomes 3 et 4, même si le tome 1 est vraiment passionnant. Le tome 2 est bon, mais je rejoins certains commentaires en ce qu'il est un peu en dessous du premier. Ca reste très cool à lire.
Côté dessin, le trait est maîtrisé, les décors sont à la hauteur, bref c'est du très beau boulot. Bref on sent que Ralph Meyer maîtrise son sujet.
Undertaker a tout pour devenir une référence du genre. À voir la suite, car pour se rapprocher de la légende Blueberry, il va falloir faire plus que quatre (très) bons albums. Car l'ambition de "Undertaker" est bien celle ci, et elle ne semble pas irréaliste, étant donné la qualité des premiers albums. À suivre donc.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Quartier lointain
Comme pour Le Journal de mon père, que j’ai lu il y a peu, Taniguchi nous narre ici le retour vers l’enfance du personnage principal, qui cherche à comprendre certains événements (le départ inexpliqué de son père par exemple). Mais la méthode est ici très différente, puisque le personnage principal, suite à une ellipse mystérieuse, se voit « coincé » dans son jeune alter-ego, l’homme d’une quarantaine d’années redevenant l’adolescent de 14 ans qu’il fut. Englué dans ce passé, il se trouve taraudé entre les possibilités offertes de comprendre le passé – en le modifiant à son avantage (concernant son père par exemple) – et les craintes de bouleverser son avenir, son « vrai présent » en fait, car sa connaissance du futur entraîne immanquablement la modification de ce « passé-devenant-le-futur-donc-son-vrai-présent ». Un thème assez classique, mais traité ici avec finesse et sans aucun attirail fantastique. L’histoire se développe par petites touches, dans un récit parfois intimiste, avec un dessin et des décors faisant la part belle au calme, à l’indicible : à la fois minutieux et simple, ce dessin ne m’a pas du tout rebuté (moi qui ne suis pas vraiment adepte du manga, en particulier des visages expressifs des personnages – mais ici finalement peu d’émotion transpire réellement). Aller dans son passé pour comprendre son présent, mieux connaître son père pour mieux se connaître, les mêmes idées parcourent « Quartier lointain » et « Le journal de mon père », dans ce qui doit être quelque chose d’autobiographique – même si je ne connais pas vraiment la vie de Taniguchi. Le seul petit bémol concernant ce diptyque, c’est la conclusion, que j’ai trouvée un peu rapide et facile – et aussi prévisible. Il faut dire que c’est toujours difficile de « retomber sur ses pattes » avec ces voyages dans le temps. Mais cela reste tout de même une série recommandable. Note réelle 3,5/5.
Les Petites contemplations
C’est étrange, l’effet que le temps peut avoir sur le souvenir que l’on a d’une lecture. Lorsque j’ai lu le premier tome de ces petites contemplations, je n’avais pas été spécialement marqué. Certes, j’avais trouvé l’album sympathique mais sans plus. Et puis… Et puis le temps est passé et, progressivement, le souvenir que j’avais de l’album s’est transformé. D’un récit anecdotique, ce recueil de nouvelles s’est transformé en une sympathique vision de la Chine d’aujourd’hui. J’oubliai progressivement les moments creux pour ne plus me remémorer que quelques passages touchants, parfois drôle, parfois étonnants. Tant et si bien que lorsque le deuxième tome est sorti, je n’ai pas pu longtemps résister. Et ce deuxième tome, je l’ai dévoré avec avidité ! Pourtant, à nouveau, tout n’est pas mémorable. Il y a notamment quelques pages consacrées à des recettes de cuisine pour Chinois célibataire (Chinois parce qu’on ne trouve pas spécialement tous les produits décrits en Europe – célibataire parce qu’il s’agit bien souvent de recettes prévues pour une personne à partir de reste de précédents repas) dont l’intérêt m’est apparu fort discutable. Mais à côté de ces moments creux figurent des passages beaucoup plus touchants. Yao Ren a l’art de saisir les bribes de son quotidien qui, sans rien avoir de spectaculaire, font le plaisir d’un instant : le réconfort simple d’un bon repas pris dans une petite gargote qui ne paie pas de mine, le charme intrigant d’un chat croisé dans la rue, la floraison d’un cactus que l’on croyait mort, une ballade au parc un matin pluvieux… Vous le voyez, il n’y a vraiment rien de spectaculaire à attendre de ces thèmes mais le ton est juste et l’humanité y apparaît dans sa pure simplicité. On retrouve finalement un peu la même démarche que celle de Jiro Tanigushi pour « L'Homme qui marche ». Cela donne un sentiment de zenitude, d’un bonheur qui nous est accessible à condition d’adopter le même regard que l’auteur… et ça fait du bien. Du coup, si vous cherchez du sensationnel, de l’extravagant, de l’aventure, passez votre chemin. Mais si les récits intimistes qui s’attachent aux plaisirs simples de la vie vous attirent, je vous invite franchement à jeter un œil sur cet album.
De rose et de noir
Les violences conjugales sont un vaste sujet, qui font l'objet d'un certain nombre d'ouvrages depuis quelques années. Les Editions des Ronds dans l'O en ont d'ailleurs fait l'un de leurs sujets de prédilection, au travers notamment des trois tomes d'En chemin elle rencontre... Thibaut Lambert, après le remarqué Au coin d'une ride, revient donc avec ce récit autour de la jeune Manon, qui essaie de se reconstruire sentimentalement après une relation destructrice, au propre comme au figuré. L'histoire est relativement classique, sans grande surprise, mais Lambert réussit justement à ne pas tomber dans les clichés, à nous montrer une Manon qui hésite, qui est toujours hantée par ses mauvais souvenirs, mais qui arrive, de façon crédible, à les surmonter. Son dessin, semi-réaliste, manque peut-être un peu d'expressivité par moments, mais les dialogues et surtout la mise en scène permettent de comble ce -petit- manque. Bref, un album utile et sensible sur un fléau méconnu et encore soumis à l'omertà.
Ce n'est pas toi que j'attendais
Très bonne BD. D'autant plus réussie que l'auteur y raconte sa propre expérience, la façon dont il a abordé cette tranche de vie, avec des moments très personnels. Et ce qui m'a plus par-dessus tout, c'est son apparente sincérité, le fait qu'il se pose des questions sur ses capacités à pouvoir gérer l'arrivée d'un enfant "différent". Il est possible que ce questionnement fût plus diffus que raconté dans l'album, mais étant donné que c'est le sujet, cela me semble légitime. Résultat, on se retrouve dans un récit intimiste, qui arrive à garder de la pudeur malgré tout, et explique bien le cheminement de pensée de cette famille qui se retrouve dans un schéma particulier. Cela m'a bien plu, d'autant que le style de Fabien Toulmé, une ligne claire semi-réaliste, est bien adapté à son propos. Bref, un bel album, touchant, mais qui ne verse pas dans le pathos.
Little Gotham
3.5 Une bonne surprise que ce Batman en 'chibi'. On retrouve un ton un peu moins sérieux que les comics modernes de Batman. Il y a de l'humour et aussi des moments de tendresse (notamment chaque fois que le pauvre Mr Freezer faisait une apparition). On retrouve plein de personnages de Batman et j'ai bien aimé les voir dessinés dans ce style particulier. Les histoires tournent autour des différentes fêtes de l'année ou des saisons et ces thèmes sont bien utilisés. L'humour fonctionne bien et je pense qu'on peut faire lire cette série sans problème à des enfants quoiqu'il y a tellement de personnages qu'il faut peut-être connaitre un peu les comics pour ne pas se perdre. Heureusement qu'il y a une galerie de présentation des personnages à la fin de cet album. Les auteurs ont réussi à me captiver avec des histoires courtes de 10 pages. À lire si on est fan de Batman et de son univers.
Jean Doux et le Mystère de la Disquette Molle
Pour l'instant c'est l'album primé à Angoulême cette année qui m'a le plus convaincu. Je n'ai pas connu l'ambiance des bureaux durant les années 90, mais je pense qu'on peut accrocher à ce récit du moment qu'on ne trouve pas les récits se passant dans des bureaux ennuyeux. Il faut dire qu'ici que si cela commence tout doucement avec une ambiance de bureau normal où les personnages sont le genre de collèges que n'importe qui peut avoir (le type qui ne comprends jamais comment fonctionne la technologie, les gars qui font des blagues lourdes, etc) cela tombe petit à petit dans une ambiance de polar lorsque Jean Doux découvre une mystérieuse disquette et le scénario devient aussi de plus en plus absurde. J'ai bien accroché au scénario. Le mystère autour de la disquette est prenant et le fait que le scénario partait dans un gros délire ne m'a pas du tout dérangé. Il y a une bonne galerie de personnages et l'humour marche bien pour moi. Un bon album à lire en ce qui me concerne.
La Grande Epopée de Picsou (La Jeunesse de Picsou)
Allons-y franchement : Picsou est un personnage culte des comics Disney. L’équivalent de ce que Tintin, Astérix ou Gaston peuvent être à la franco-belge (au même titre que Donald et Mickey). Le mode de production en a fait un personnage quasi-universel, bien que cela entraîne une qualité parfois inégale dans ses aventures. À ce titre, l’intégrale Don Rosa concentre ce qui se fait de mieux en la matière. On y trouve un canon de la jeunesse du personnage, basé sur des anecdotes éparpillées par Carl Barks, des histoires denses, fortes, drôles et un réel travail de fond historique. Le trait de Rosa est caractéristique : beaucoup moins « propre » que la plupart des Disney actuels, fourmillant de petits traits, de points, de zones d’ombre... ses personnages humains ont un peu tous des gueules carrées et des truffes noires. Peut-être est-ce le parfum de la nostalgie mais je trouve que cela donne du caractère à l’ensemble qu’on ne retrouve pas forcément ailleurs. Il est - presque ? - impossible de posséder TOUTES les histoires de Picsou mais cette série est un incontournable du rayon Disney de votre bédéthèque.
Red Ketchup
Avec ce dessin dans le pur style ligne claire classique, Red Ketchup, de prime abord, fait penser à Tintin, ou à un archétype de bande dessinée traditionnelle. Détrompez-vous. Avec Red Ketchup, ça décoiffe sévère. Steve Red Ketchup, ainsi surnommé à cause de ses yeux rouges, est un agent du FBI aux méthodes (très très) musclées. Mais en plus de cela, il est accro aux drogues de tout type. Ainsi, il se nourrit exclusivement de pilules et de médicaments, en quantité suffisante pour terrasser n'importe qui de normalement constitué. Et entre sa violence intrinsèque, sa dépendance à la drogue et sa paranoïa, ça fait souvent de (gros) dégâts. Il va ainsi tour à tour massacrer des innocents à coup d'épée, jouer au garde du corps musclé, et organiser un génocide de pingouins. Bref, ici, tout est poussé au maximum, des méthodes musclées au patriotisme sans faille de Ketchup. En plus, ce nom, c'est la cerise sur le gâteau. On est dans l'absurde du début à la fin, et c'est souvent très drôle. Avec moi, en tout cas, ça marche du tonnerre. Et puis Red Ketchup a la tête de l'emploi, avec sa coupe de cheveux en brosse couleur carotte, son complet bleu et ses lunettes noires, qui protègent ses yeux couleur sang. Il est profondément antipathique (c'est quand même un psychopathe de premier ordre ultra violent), mais c'est tellement absurde que l'on prend du plaisir à suivre ses aventures. Cette parodie des héros américains justiciers aux méthodes musclées vise juste et est terriblement efficace. Bref, vous l'aurez compris, je ne peux que vous encourager à y jeter un oeil.
Harley Quinn Rebirth
3.5 Harley Quinn est une des rares séries modernes de super-héros qui me passionne (et d'ailleurs je dois me rappeler que je n'ai pas encore lu les derniers tomes et que je devrais le faire un jour !) et je voulais donc voir ce que donnait ses aventures dans le reboot Rebirth. C'est toujours aussi sympathique et c'est fou comment sa série a évolué si on compare avec le tome 1 de la série originale. Cela devient de plus en plus délirant avec notamment des zombies dans la première histoire de ce premier tome. Plein de personnages secondaires sont apparus comme Red Tool qui ressemble vraiment à Deadpool. Pour l'instant il est tolérable, mais j'espère que les auteurs ne vont pas faire n'importe quoi avec lui. En fait, j'ai peur que les scénaristes finissent par faire n'importe quoi avec Harley Quinn. Pour l'instant, je suis toujours dans leurs délires et j'aime bien suivre les aventures d'Harley, mais j'ai peur qu'ils franchissent une ligne et que je finisse par trouver qu'ils en font trop. J'ai remarqué que des trois histoires présentes dans cet album, celle que j'ai le plus aimé est la dernière et une des raisons est que l'on retrouve un personnage familier de la série Batman qui ne soit pas Poison Ivy ou le Joker. Je pense que j'aimerais bien que les auteurs utilisent d'autres personnages de Batman dans cette série, cela pourrait donner des trucs intéressants de voir Harley Quinn interagir avec d'autres vilains ou héros de Gotham qu'elle n'a pas trop croisés avant. Donc pour l'instant j'accroche autant avec un espoir que je vais aimer la suite.
Undertaker
"Undertaker" a été annoncé comme le "nouveau Blueberry", à grand coup de marketing tape à l'œil. Peut-être pas dans le style, mais au moins dans le genre western sérieux à grand succès. Dargaud a semblé miser gros sur cette bd, qui semble clairement avoir les épaules. Car les quatre premiers albums sont clairement à la hauteur. Côté protagonistes, l'Undertaker est un type excentrique, égoïste, cynique, mais avec un bon fond. Bref, un héros de western somme toute classique mais réussi. Par contre, les deux personnages secondaires féminins sont bien réussis et plus originaux, entre Mme Lin la badass et Rose la gouvernante un peu guindée et déterminée. Les personnages secondaires du premier diptyque sont bien croqués, à l'image de George Hill, par exemple, mineur dépassé par les événements. Et le personnage du docteur Quint, le grand méchant des tomes 3 et 4 est le pendant parfait à l'Undertaker. Et s'il est vrai que ce dernier est un peu écrasé par Quint dans ces deux albums, ça ne m'a pas du tout dérangé, même Blueberry, pour reprendre cet exemple, s'efface souvent devant de superbes méchants, comme Chihuaha Pearl, Quannah ou Prosit Luckner. Côté scénario, j'ai préféré celui des tomes 3 et 4, même si le tome 1 est vraiment passionnant. Le tome 2 est bon, mais je rejoins certains commentaires en ce qu'il est un peu en dessous du premier. Ca reste très cool à lire. Côté dessin, le trait est maîtrisé, les décors sont à la hauteur, bref c'est du très beau boulot. Bref on sent que Ralph Meyer maîtrise son sujet. Undertaker a tout pour devenir une référence du genre. À voir la suite, car pour se rapprocher de la légende Blueberry, il va falloir faire plus que quatre (très) bons albums. Car l'ambition de "Undertaker" est bien celle ci, et elle ne semble pas irréaliste, étant donné la qualité des premiers albums. À suivre donc.