Un éditeur de BD Jeunesse et grand public (genre Dupuis) découvre par hasard que le contenu d’un bouquin qu’il vient de publier (sans trop l’avoir lu) est en fait carrément trash (un peu comme si les histoires de « Bambi » avaient été soudainement parasitées par celles de Bang et son gang). Avec son assistant il part alors à la recherche de l’auteur, et des exemplaires en circulation, dans le but de les faire disparaître. Cela part alors rapidement dans le n’importe quoi, l’éditeur dézinguant tous ceux qu’il trouve sur son passage.
Cette partie de l’histoire – purement BD – occupe en tout un tiers de l’album, mais est entrecoupée par de nombreuses illustrations (une image page de droite, accompagnée d’une légende décalée page de gauche) plus ou moins trash, bien remplies d’humour noir, que l’auteur (qui n’a pas de nouvelles de son éditeur et croit avoir son aval, prépare pour un prochain potentiel album).
L’ensemble est inégal, certes, mais moi qui suis très friand de ce type d’humour, j’ai trouvé cet album marrant et globalement réussi. Cela se lit vite, mais les amateurs d’humour noir y trouveront leur compte.
Note réelle 3,5/5.
Pour moi, Michel Bussi c'était un auteur, que je n'ai jamais lu, un auteur dont la lecture des romans était réservée à la ménagère de moins de cinquante ans. Presque du roman de gare au sens péjoratif du terme.
Hop là, hop là, les aminches ! C'était, je m'en rends à présent compte, une opinion à la va vite, d'un gars qui ne s'arrêtait qu'à la notion marketing de la chose dont on nous rebattait les oreilles. Dire que Michel Bussi est un grand auteur, je n'en sais rien, mais si toutes ses œuvres sont du même tonneau, surtout en ce qui concerne le twist final, alors je dis chapeau bas.
Comme dit par mes petits camarades précédents, je me suis fait avoir comme un bleu, m'attendant à une gentillette conclusion où la vieille dame serait forcément la méchante... STOP !
Donc une histoire furieusement diabolique très bien mise en images avec cette colorisation qui sans en avoir l'air rend un très bel hommage au peintre de Giverny.
Je ne peux qu'aller dans le sens des avis précédents et vous recommander chaudement la lecture.
Amateurs de contes et de belles illustrations, cet album est fait pour vous !
Nathalie Ferlut qui semble avoir baigné dedans et vouloir nous le faire partager (je vous renvoie à son avant dernier album Andersen, les ombres d'un conteur) s'adjoint le savoir faire de Tamia Baudouin au dessin cette fois-ci. Et ma fois ça en jette !
D'une part, c'est beau mais c'est aussi très original ! Le parti pris graphique est audacieux ! Il n'y a qu'à voir l'objet : couverture et quatrième de couverture nous plongent tout de suite dans l'ambiance et m'ont tout de suite donné envie de me lancer dans sa lecture. Ça m'a rappelé la très belle collection Métamorphoses de chez Soleil.
Comtesse habite un cottage isolé de la campagne londonienne. Atteinte d'une étrange maladie, elle cherche à se réfugier dans ses rêves d'enfance. Mais ce pays merveilleux où Minon le Prince-Chat et Biche la fée la dorlotaient a doucement sombré dans les ténèbres... Comtesse cherche alors à comprendre pourquoi...
Ce conte pour adultes qui nous rappelle l'enfant que nous avons tous été et qu'on a parfois du mal à abandonner (et d'ailleurs pourquoi le faudrait-il ???) nous renvoie à tous ces mondes imaginaires qu'on affectionne toujours quelque part. On a tous un petit côté Alice tapis en nous qu'il faut savoir chérir et ressortir du chapeau à bon escient. Drapé dans un contexte très Romantique anglais du XIXe, cet album où fourmillent les clins d’œil et les références nous donne envie de replonger dans nos vieux contes classiques pour y retrouver une petite madeleine de Proust pleine de douceur.
A découvrir !
Touchant de vérité. Le papa auteur se livre page après page le long de ce parcours d'une paternité hors norme. Une belle manière sans une seule concession, de découvrir les différentes facettes de l'handicap T21. Et malgré un sujet si lourd, cela se lit d'une traite. Et oui, c'est bien dessiné, bien raconté, bourré d'émotions, avec de belles touches d'humour.
Dans notre famille, on l'a refilé à lire à tout le monde.
Merci!
Comment faire partager son enthousiasme, remettre au goût du jour, faire acheter au plus grand nombre une BD datant de 2007 ?
Il faut dire que ce "Fell" possède quelque chose d'exceptionnel. Tout d'abord Warren Ellis que l'on ne présente plus au scénario et une sorte de grand malade au dessin Ben Templesmith. Quand je dis grand malade n'y voyez pas de ma part une quelconque insulte, terme que j'aurais d'ailleurs pu utiliser pour les deux auteurs. Non, malade dans le sens où il faut un je ne sais quoi qui échappe à l'ordinaire pour concevoir et dessiner des trucs pareils.
Le glauque, le crade, ont trouvés leurs maitres.
Ellis au scénario nous concocte une personnage de flic qui n'est pas nouveau mais en évitant tout de même les écueils habituels. Pour ce que nous en savons Fell n'est pas alcoolique, ne souffre pas du PTSD, en fait il semblerait presque normal si ce n'était cette propension à vouloir rendre la justice du mieux qu'il peut, bien que travaillant dans le quartier le plus pourri de la ville (et ici le mot pourri prend tout son sens). Ellis donne quelques pistes qui aident à mieux cerner son personnage mais sans toutefois répondre à toutes les questions. Personnellement je ne trouve pas cela grave, je dirais que cela ajoute à l'ensemble.
Templesmith est au dessin et pour ceux qui ne connaissent pas je dirais, mettez de côté vos a priori, non vraiment et laissez vous prendre, envouter par un dessin qui est tout sauf bien léché avec des lignes claires. Oui c'est particulier mais pour une fois où un auteur s'affranchit de codes, cela est plutôt jouissif. Chez Templesmith il fait souvent nuit ou très sombre. Sans jeu de mot je trouve que dans cet album son dessin s'est policé, il est en tous les cas très lisible (rien à voir par exemple avec Bienvenue à Hoxford ). Pour autant ce dessinateur, que l'on aime ou pas son style, arrive à être dans le ton de ses récits d'une adéquation presque diabolique.
Que pourrais-je ajouter pour vous aider à sauter le pas ? N'oubliez pas que ce polar est classé dans les immanquables, vraiment cette position n'est pas usurpée, en occasion il ne vaut plus grand chose alors s'il vous reste quelques €, foncez.
Cet album traite, de façon relativement équilibrée, et plutôt finement, d’un sujet assez sensible de la seconde guerre mondiale, à savoir l’enrôlement des « Malgré Nous », c’est-à-dire des jeunes Alsaciens embrigadés plus ou moins de force dans l’armée allemande, après l’annexion de cette région au Reich.
Au travers de l’interrogatoire mené par un jeune juge, le témoignage d’un vieillard, Alsacien enrôlé dans les Waffen SS à l’été 1944, permet de brosser le portrait d’un homme, d’une catégorie de la population, et ce tout en nuances.
Pas de manichéisme en effet dans cet exemple qui montre, comme l’ont fait récemment les travaux de certains historiens, comment l’on peut entrer dans certains engrenages et participer – sans l’avoir forcément souhaité dès le départ – aux pires horreurs.
Car les SS, dans la dernière année de guerre, qui voit l’effondrement du Reich, se livrent alors aux atrocités que la haine ne suffit pas à expliquer : une certaine forme de peur, un sentiment de ne plus avoir grand-chose à perdre, une volonté d’emporter le monde avec soi dans les flammes. C’est ainsi que notre vieillard raconte comment il a participé au massacre de villageois en Italie (à Marzabotto, une sorte d’Oradour sur Glane transalpin, que je ne connaissais pas), et comment il se situait par rapport aux ordres des officiers SS.
Petit à petit, ce qui semblait clair et tranché l’est un peu moins, et l’on ressort avec un peu moins de certitudes sur ce qu’aurait été notre réaction dans les mêmes conditions – même si, évidemment, la fatalité ne justifie rien.
La révélation finale du juge est surprenante.
J’ai trouvé le dessin très bon, efficace, lui aussi en retenu (en tout cas ne jouant aucune surenchère lors des scènes de combat ou des massacres – qui sont au contraire traités parfois en floutant presque la scène, voire sont simplement évoqués).
Le dossier final est plutôt bien fichu.
Note réelle 3,5/5.
Prequel, et donc censée se dérouler avant la série mère – mais forcément lue après pour la plupart des lecteurs (c'est mon cas en tout cas), cette série pourrait légitimement souffrir de la comparaison, ne serait-ce qu’au dessin, pour lequel Janjetov succède au grand Moebius.
Et je dois dire que Janjetov s’en tire plutôt bien, avec un clair effort pour se rapprocher du style de Moebius, tout en y mettant sa touche personnelle. Hélas, j’ai lu la série avec une version « remastérisée », et surtout une nouvelle colorisation, à l’informatique visiblement, qui, je trouve, trahit le dessin, et l’écarte en tout cas du modèle moebiusien (hélas, il n’y a plus ses belles planches psychédéliques aux formes géométriques). En tout cas cela gâche pas mal l’aspect visuel de l’ensemble et ne me convient pas vraiment (voir une intéressante comparaison avec les images placées dans la galerie).
En plus, pour des raisons commerciales je crois (le marché américain ?), certains détails (liés au sexe généralement) ont été modifiés, cachés, dans une autocensure ridicule et aseptisante (voir certains passages avec les homéoputes, leurs seins, leur sexe étant opportunément toujours cachés par un bras, un objet ou un vêtement ; idem pour Louz de Garra dans ses ébats avec John Difool). Il faut donc dans l’absolu, si vous en avez la possibilité, préférer les éditions originales, ou alors les autres intégrales « d’avant » cette remastérisation.
Quant à l’histoire concoctée par Jodorowsky, elle doit elle aussi s’imbriquer dans celle de la série mère – déjà passablement foutraque – sans avoir trop l’air de le faire de manière trop artificielle (les dernières pages pêchent un peu dans ce domaine-là). Et elle se laisse lire agréablement. Il y a ajouté (au milieu de dialogues imbibés de sexe et de drogues diverses) une sorte d’enquête policière, un petit côté thriller pas inintéressant, sans y mettre trop de ses délires habituels mystico-n’importe quoi (même s’il ne peut s’empêcher de glisser pas mal d’allusions religieuses). Et on en apprend un peu plus sur John Difool (ses origines, sa rencontre avec Deepo, etc.), personnage qui n’est pas ici aussi falot, suiveur et lâche que dans L'Incal, bien au contraire ! (Jodo nous livre les secrets de cette métamorphose). John Difool, sans doute le seul « fils de pute » auquel on s’attache ! Et cette série le réhabilite.
C’est globalement plus verbeux que dans L'Incal, il n’y a presque plus de planches muettes, cela se lit donc moins rapidement.
Certains passages, décrivant – dans une surenchère à la fois ridicule et baroque – une société de consommation hypnotique et délirante (avec l’omniprésence d’hyper-sociétés comme Cocalfol, l’hypermédiatisation d’événements traités sur un mode sensationnel) ont sans doute inspiré Brunschwig pour sa cité de Monplaisir, dans la série Urban.
Jodo retombe donc sur ses pieds en fin du sixième album, tout est raccord pour poursuivre la lecture dans L'Incal. Même si je dois dire que c’est parfois un peu artificiel, ou plutôt un peu « brutal », « accéléré », en tout cas moins construit et alambiqué que le reste, car il fallait conclure en donnant à voir, à prévoir événements, personnages qui vont s’épanouir dans L'Incal.
Reste que cette série – si je la place un peu en dessous de la série mère –, est vraiment bien fichue. La lire après L'Incal ne pose aucun problème.
Que se serait-il passé si un sanglant attentat avait amputé d'une jambe l'idole des jeunes en France lors d'un concert devant des milliers de gens à la veille des jeux olympiques ? A voir les scènes lors de son enterrement, on pourait penser légitimement que le pays aurait sombré dans le chaos. C'est exactement ce qui se produit au Japon dans un futur proche.
Certes, c'est poussé à l'exagération comme quand le premier ministre est assassiné par un fan de la chanteuse car ayant eu une conduite jugé inadmissible. Le débat va cependant plus loin car il est question de ne pas appliquer la peine de mort à un jeune terroriste de 13 ans qui suit par la suite une thérapie conduisant à sa libération lors de sa majorité. Et s'il avait recommencé ?
J'ai aimé le suprenant retournement de situation à la fin de ce premier tome. La suite de ce thriller promet incontestablement et tient ses promesses. Il est rare que je mette 4 étoiles à un manga mais cela arrive. Ma note réelle est pour l'instant à 3.5 étoiles mais c'est un bon début.
Tout commence par une belle couverture colorée qui annonce d'emblée le propos avec les protagonistes de l'histoire. A noter également un dossier en fin d'album qui vient éclairer le propos.
Pratiquement à la moitié du XIXème siècle les premières déportations de pascuans ont lieu pour en faire des ramasseurs de guano en Amérique du sud. Quelques années plus tard c'est l'apparition des évangélistes catholiques qui malgré une population fort réduite trouve à y faire œuvre de civilisation.
C'est donc à la fin d'une civilisation millénaire que nous sommes conviés avec son cortège de raisons hypocrites; colonisation, évangélisation et appétits capitalistes.
Les auteurs nous offrent ici une BD très bien documentée mais largement méconnue, ici ce qui les intéresse c'est de nous montrer le processus brutal de l'apport des "bienfaits" de la civilisation et non pas quelques élucubrations sur l'érection des fameux moaïs de l'île de Pâques.
L'histoire est découpée en trois grands chapitres qui reprennent les grandes étapes de (finalement) la destruction d'une culture d'une manière de vivre. Des premiers colons à cet aventurier français qui débarque un jour avec pour but de faire de l'argent sans se préoccuper du sort des derniers habitants. Il épouse de force une fille de roi et du coup s'auto-proclame lui-même roi de l'île. Sans spoiler, sa fin fut à la hauteur des ignominies qu'il fit vivre aux pascuans.
Ce récit offre un dessin qui s'il n'est pas virtuose et s'apparente plus à ce que l'on peut voir en BD jeunesse, est pour autant coloré avec un découpage très bien vu.
Seul bémol pour moi c'est que ce récit n'est pas un pamphlet à charge, j'aurais aimé qu'il le soit plus, mais il prouve encore une fois que la colonisation n'a pas eu que des effets bénéfiques. Je conseille fortement l'achat pour cet album qui offre un autre visage que dans la même région par exemple, l'on nous montre avec de charmantes vahinés.
Prendre conscience qu'il y a dans le monde des populations qui vivent dans la plus grande misère au point de ne pouvoir manger pour survivre, c'est nécessaire et salutaire. Encore faut-il éprouver un gramme d'humanité et d'empathie ce qui n'est plus donné à tout le monde, j'en ai bien peur.
Ceci dit, cette bd se concentre sur trois récits réalistes se passant dans trois zones différentes du monde : l'Irak, le Sud-Soudan ainsi que le Tchad. Il s'agit de suivre non seulement le programme alimentaire mondiale financé par l'ONU que des locaux qui subissent sur place.
Sur l'Irak, j'ai été très choqué par ce qu'a fait subir l'organisation Daech aux populations locales. On comprends certainement mieux l'exode des populations fuyant la guerre et ces barbares.
En ce qui concerne le Sud-Soudan, on ne peut que se dire que la sécheresse mêlée à une situation de guerre peut entrainer une famine de grande ampleur.
J'ai bien aimé l'épisode de cet humanitaire qui est enlevé au Tchad et qui doit survivre à ses ravisseurs qui l'entraine en plein désert libyen. On se rend compte que certaines personnes peuvent payer très chers leur humanité et leur générosité. Cependant, bientôt un milliard d'êtres humains subiront la misère, la famine, les guerres et l'exode. Il faut par conséquent continuer à se battre et à prendre conscience que cela existe loin de notre confort quotidien dont il faut profiter.
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Mauvaises mines
Un éditeur de BD Jeunesse et grand public (genre Dupuis) découvre par hasard que le contenu d’un bouquin qu’il vient de publier (sans trop l’avoir lu) est en fait carrément trash (un peu comme si les histoires de « Bambi » avaient été soudainement parasitées par celles de Bang et son gang). Avec son assistant il part alors à la recherche de l’auteur, et des exemplaires en circulation, dans le but de les faire disparaître. Cela part alors rapidement dans le n’importe quoi, l’éditeur dézinguant tous ceux qu’il trouve sur son passage. Cette partie de l’histoire – purement BD – occupe en tout un tiers de l’album, mais est entrecoupée par de nombreuses illustrations (une image page de droite, accompagnée d’une légende décalée page de gauche) plus ou moins trash, bien remplies d’humour noir, que l’auteur (qui n’a pas de nouvelles de son éditeur et croit avoir son aval, prépare pour un prochain potentiel album). L’ensemble est inégal, certes, mais moi qui suis très friand de ce type d’humour, j’ai trouvé cet album marrant et globalement réussi. Cela se lit vite, mais les amateurs d’humour noir y trouveront leur compte. Note réelle 3,5/5.
Nymphéas noirs
Pour moi, Michel Bussi c'était un auteur, que je n'ai jamais lu, un auteur dont la lecture des romans était réservée à la ménagère de moins de cinquante ans. Presque du roman de gare au sens péjoratif du terme. Hop là, hop là, les aminches ! C'était, je m'en rends à présent compte, une opinion à la va vite, d'un gars qui ne s'arrêtait qu'à la notion marketing de la chose dont on nous rebattait les oreilles. Dire que Michel Bussi est un grand auteur, je n'en sais rien, mais si toutes ses œuvres sont du même tonneau, surtout en ce qui concerne le twist final, alors je dis chapeau bas. Comme dit par mes petits camarades précédents, je me suis fait avoir comme un bleu, m'attendant à une gentillette conclusion où la vieille dame serait forcément la méchante... STOP ! Donc une histoire furieusement diabolique très bien mise en images avec cette colorisation qui sans en avoir l'air rend un très bel hommage au peintre de Giverny. Je ne peux qu'aller dans le sens des avis précédents et vous recommander chaudement la lecture.
Dans la forêt des lilas
Amateurs de contes et de belles illustrations, cet album est fait pour vous ! Nathalie Ferlut qui semble avoir baigné dedans et vouloir nous le faire partager (je vous renvoie à son avant dernier album Andersen, les ombres d'un conteur) s'adjoint le savoir faire de Tamia Baudouin au dessin cette fois-ci. Et ma fois ça en jette ! D'une part, c'est beau mais c'est aussi très original ! Le parti pris graphique est audacieux ! Il n'y a qu'à voir l'objet : couverture et quatrième de couverture nous plongent tout de suite dans l'ambiance et m'ont tout de suite donné envie de me lancer dans sa lecture. Ça m'a rappelé la très belle collection Métamorphoses de chez Soleil. Comtesse habite un cottage isolé de la campagne londonienne. Atteinte d'une étrange maladie, elle cherche à se réfugier dans ses rêves d'enfance. Mais ce pays merveilleux où Minon le Prince-Chat et Biche la fée la dorlotaient a doucement sombré dans les ténèbres... Comtesse cherche alors à comprendre pourquoi... Ce conte pour adultes qui nous rappelle l'enfant que nous avons tous été et qu'on a parfois du mal à abandonner (et d'ailleurs pourquoi le faudrait-il ???) nous renvoie à tous ces mondes imaginaires qu'on affectionne toujours quelque part. On a tous un petit côté Alice tapis en nous qu'il faut savoir chérir et ressortir du chapeau à bon escient. Drapé dans un contexte très Romantique anglais du XIXe, cet album où fourmillent les clins d’œil et les références nous donne envie de replonger dans nos vieux contes classiques pour y retrouver une petite madeleine de Proust pleine de douceur. A découvrir !
Ce n'est pas toi que j'attendais
Touchant de vérité. Le papa auteur se livre page après page le long de ce parcours d'une paternité hors norme. Une belle manière sans une seule concession, de découvrir les différentes facettes de l'handicap T21. Et malgré un sujet si lourd, cela se lit d'une traite. Et oui, c'est bien dessiné, bien raconté, bourré d'émotions, avec de belles touches d'humour. Dans notre famille, on l'a refilé à lire à tout le monde. Merci!
Fell
Comment faire partager son enthousiasme, remettre au goût du jour, faire acheter au plus grand nombre une BD datant de 2007 ? Il faut dire que ce "Fell" possède quelque chose d'exceptionnel. Tout d'abord Warren Ellis que l'on ne présente plus au scénario et une sorte de grand malade au dessin Ben Templesmith. Quand je dis grand malade n'y voyez pas de ma part une quelconque insulte, terme que j'aurais d'ailleurs pu utiliser pour les deux auteurs. Non, malade dans le sens où il faut un je ne sais quoi qui échappe à l'ordinaire pour concevoir et dessiner des trucs pareils. Le glauque, le crade, ont trouvés leurs maitres. Ellis au scénario nous concocte une personnage de flic qui n'est pas nouveau mais en évitant tout de même les écueils habituels. Pour ce que nous en savons Fell n'est pas alcoolique, ne souffre pas du PTSD, en fait il semblerait presque normal si ce n'était cette propension à vouloir rendre la justice du mieux qu'il peut, bien que travaillant dans le quartier le plus pourri de la ville (et ici le mot pourri prend tout son sens). Ellis donne quelques pistes qui aident à mieux cerner son personnage mais sans toutefois répondre à toutes les questions. Personnellement je ne trouve pas cela grave, je dirais que cela ajoute à l'ensemble. Templesmith est au dessin et pour ceux qui ne connaissent pas je dirais, mettez de côté vos a priori, non vraiment et laissez vous prendre, envouter par un dessin qui est tout sauf bien léché avec des lignes claires. Oui c'est particulier mais pour une fois où un auteur s'affranchit de codes, cela est plutôt jouissif. Chez Templesmith il fait souvent nuit ou très sombre. Sans jeu de mot je trouve que dans cet album son dessin s'est policé, il est en tous les cas très lisible (rien à voir par exemple avec Bienvenue à Hoxford ). Pour autant ce dessinateur, que l'on aime ou pas son style, arrive à être dans le ton de ses récits d'une adéquation presque diabolique. Que pourrais-je ajouter pour vous aider à sauter le pas ? N'oubliez pas que ce polar est classé dans les immanquables, vraiment cette position n'est pas usurpée, en occasion il ne vaut plus grand chose alors s'il vous reste quelques €, foncez.
Le Voyage de Marcel Grob
Cet album traite, de façon relativement équilibrée, et plutôt finement, d’un sujet assez sensible de la seconde guerre mondiale, à savoir l’enrôlement des « Malgré Nous », c’est-à-dire des jeunes Alsaciens embrigadés plus ou moins de force dans l’armée allemande, après l’annexion de cette région au Reich. Au travers de l’interrogatoire mené par un jeune juge, le témoignage d’un vieillard, Alsacien enrôlé dans les Waffen SS à l’été 1944, permet de brosser le portrait d’un homme, d’une catégorie de la population, et ce tout en nuances. Pas de manichéisme en effet dans cet exemple qui montre, comme l’ont fait récemment les travaux de certains historiens, comment l’on peut entrer dans certains engrenages et participer – sans l’avoir forcément souhaité dès le départ – aux pires horreurs. Car les SS, dans la dernière année de guerre, qui voit l’effondrement du Reich, se livrent alors aux atrocités que la haine ne suffit pas à expliquer : une certaine forme de peur, un sentiment de ne plus avoir grand-chose à perdre, une volonté d’emporter le monde avec soi dans les flammes. C’est ainsi que notre vieillard raconte comment il a participé au massacre de villageois en Italie (à Marzabotto, une sorte d’Oradour sur Glane transalpin, que je ne connaissais pas), et comment il se situait par rapport aux ordres des officiers SS. Petit à petit, ce qui semblait clair et tranché l’est un peu moins, et l’on ressort avec un peu moins de certitudes sur ce qu’aurait été notre réaction dans les mêmes conditions – même si, évidemment, la fatalité ne justifie rien. La révélation finale du juge est surprenante. J’ai trouvé le dessin très bon, efficace, lui aussi en retenu (en tout cas ne jouant aucune surenchère lors des scènes de combat ou des massacres – qui sont au contraire traités parfois en floutant presque la scène, voire sont simplement évoqués). Le dossier final est plutôt bien fichu. Note réelle 3,5/5.
Avant l'Incal
Prequel, et donc censée se dérouler avant la série mère – mais forcément lue après pour la plupart des lecteurs (c'est mon cas en tout cas), cette série pourrait légitimement souffrir de la comparaison, ne serait-ce qu’au dessin, pour lequel Janjetov succède au grand Moebius. Et je dois dire que Janjetov s’en tire plutôt bien, avec un clair effort pour se rapprocher du style de Moebius, tout en y mettant sa touche personnelle. Hélas, j’ai lu la série avec une version « remastérisée », et surtout une nouvelle colorisation, à l’informatique visiblement, qui, je trouve, trahit le dessin, et l’écarte en tout cas du modèle moebiusien (hélas, il n’y a plus ses belles planches psychédéliques aux formes géométriques). En tout cas cela gâche pas mal l’aspect visuel de l’ensemble et ne me convient pas vraiment (voir une intéressante comparaison avec les images placées dans la galerie). En plus, pour des raisons commerciales je crois (le marché américain ?), certains détails (liés au sexe généralement) ont été modifiés, cachés, dans une autocensure ridicule et aseptisante (voir certains passages avec les homéoputes, leurs seins, leur sexe étant opportunément toujours cachés par un bras, un objet ou un vêtement ; idem pour Louz de Garra dans ses ébats avec John Difool). Il faut donc dans l’absolu, si vous en avez la possibilité, préférer les éditions originales, ou alors les autres intégrales « d’avant » cette remastérisation. Quant à l’histoire concoctée par Jodorowsky, elle doit elle aussi s’imbriquer dans celle de la série mère – déjà passablement foutraque – sans avoir trop l’air de le faire de manière trop artificielle (les dernières pages pêchent un peu dans ce domaine-là). Et elle se laisse lire agréablement. Il y a ajouté (au milieu de dialogues imbibés de sexe et de drogues diverses) une sorte d’enquête policière, un petit côté thriller pas inintéressant, sans y mettre trop de ses délires habituels mystico-n’importe quoi (même s’il ne peut s’empêcher de glisser pas mal d’allusions religieuses). Et on en apprend un peu plus sur John Difool (ses origines, sa rencontre avec Deepo, etc.), personnage qui n’est pas ici aussi falot, suiveur et lâche que dans L'Incal, bien au contraire ! (Jodo nous livre les secrets de cette métamorphose). John Difool, sans doute le seul « fils de pute » auquel on s’attache ! Et cette série le réhabilite. C’est globalement plus verbeux que dans L'Incal, il n’y a presque plus de planches muettes, cela se lit donc moins rapidement. Certains passages, décrivant – dans une surenchère à la fois ridicule et baroque – une société de consommation hypnotique et délirante (avec l’omniprésence d’hyper-sociétés comme Cocalfol, l’hypermédiatisation d’événements traités sur un mode sensationnel) ont sans doute inspiré Brunschwig pour sa cité de Monplaisir, dans la série Urban. Jodo retombe donc sur ses pieds en fin du sixième album, tout est raccord pour poursuivre la lecture dans L'Incal. Même si je dois dire que c’est parfois un peu artificiel, ou plutôt un peu « brutal », « accéléré », en tout cas moins construit et alambiqué que le reste, car il fallait conclure en donnant à voir, à prévoir événements, personnages qui vont s’épanouir dans L'Incal. Reste que cette série – si je la place un peu en dessous de la série mère –, est vraiment bien fichue. La lire après L'Incal ne pose aucun problème.
Fool's Paradise
Que se serait-il passé si un sanglant attentat avait amputé d'une jambe l'idole des jeunes en France lors d'un concert devant des milliers de gens à la veille des jeux olympiques ? A voir les scènes lors de son enterrement, on pourait penser légitimement que le pays aurait sombré dans le chaos. C'est exactement ce qui se produit au Japon dans un futur proche. Certes, c'est poussé à l'exagération comme quand le premier ministre est assassiné par un fan de la chanteuse car ayant eu une conduite jugé inadmissible. Le débat va cependant plus loin car il est question de ne pas appliquer la peine de mort à un jeune terroriste de 13 ans qui suit par la suite une thérapie conduisant à sa libération lors de sa majorité. Et s'il avait recommencé ? J'ai aimé le suprenant retournement de situation à la fin de ce premier tome. La suite de ce thriller promet incontestablement et tient ses promesses. Il est rare que je mette 4 étoiles à un manga mais cela arrive. Ma note réelle est pour l'instant à 3.5 étoiles mais c'est un bon début.
Esclaves de l'île de Pâques
Tout commence par une belle couverture colorée qui annonce d'emblée le propos avec les protagonistes de l'histoire. A noter également un dossier en fin d'album qui vient éclairer le propos. Pratiquement à la moitié du XIXème siècle les premières déportations de pascuans ont lieu pour en faire des ramasseurs de guano en Amérique du sud. Quelques années plus tard c'est l'apparition des évangélistes catholiques qui malgré une population fort réduite trouve à y faire œuvre de civilisation. C'est donc à la fin d'une civilisation millénaire que nous sommes conviés avec son cortège de raisons hypocrites; colonisation, évangélisation et appétits capitalistes. Les auteurs nous offrent ici une BD très bien documentée mais largement méconnue, ici ce qui les intéresse c'est de nous montrer le processus brutal de l'apport des "bienfaits" de la civilisation et non pas quelques élucubrations sur l'érection des fameux moaïs de l'île de Pâques. L'histoire est découpée en trois grands chapitres qui reprennent les grandes étapes de (finalement) la destruction d'une culture d'une manière de vivre. Des premiers colons à cet aventurier français qui débarque un jour avec pour but de faire de l'argent sans se préoccuper du sort des derniers habitants. Il épouse de force une fille de roi et du coup s'auto-proclame lui-même roi de l'île. Sans spoiler, sa fin fut à la hauteur des ignominies qu'il fit vivre aux pascuans. Ce récit offre un dessin qui s'il n'est pas virtuose et s'apparente plus à ce que l'on peut voir en BD jeunesse, est pour autant coloré avec un découpage très bien vu. Seul bémol pour moi c'est que ce récit n'est pas un pamphlet à charge, j'aurais aimé qu'il le soit plus, mais il prouve encore une fois que la colonisation n'a pas eu que des effets bénéfiques. Je conseille fortement l'achat pour cet album qui offre un autre visage que dans la même région par exemple, l'on nous montre avec de charmantes vahinés.
UN3 - Urgence Niveau 3
Prendre conscience qu'il y a dans le monde des populations qui vivent dans la plus grande misère au point de ne pouvoir manger pour survivre, c'est nécessaire et salutaire. Encore faut-il éprouver un gramme d'humanité et d'empathie ce qui n'est plus donné à tout le monde, j'en ai bien peur. Ceci dit, cette bd se concentre sur trois récits réalistes se passant dans trois zones différentes du monde : l'Irak, le Sud-Soudan ainsi que le Tchad. Il s'agit de suivre non seulement le programme alimentaire mondiale financé par l'ONU que des locaux qui subissent sur place. Sur l'Irak, j'ai été très choqué par ce qu'a fait subir l'organisation Daech aux populations locales. On comprends certainement mieux l'exode des populations fuyant la guerre et ces barbares. En ce qui concerne le Sud-Soudan, on ne peut que se dire que la sécheresse mêlée à une situation de guerre peut entrainer une famine de grande ampleur. J'ai bien aimé l'épisode de cet humanitaire qui est enlevé au Tchad et qui doit survivre à ses ravisseurs qui l'entraine en plein désert libyen. On se rend compte que certaines personnes peuvent payer très chers leur humanité et leur générosité. Cependant, bientôt un milliard d'êtres humains subiront la misère, la famine, les guerres et l'exode. Il faut par conséquent continuer à se battre et à prendre conscience que cela existe loin de notre confort quotidien dont il faut profiter.