Les derniers avis (38666 avis)

Couverture de la série Giant
Giant

A titre personnel, et contrairement à la majorité des lecteurs précédents, j’ai beaucoup aimé ce diptyque. Tout d’abord, je trouve que les couvertures en jettent ! Ce jeu d’ombres et de lumières, cette complémentarité entre la plongée du premier tome et la contre-plongée du second, c’est vraiment un appel du pied au candidat lecteur. De plus, après lecture, la symbolique de ces deux couvertures s’éclaire au regard du parcours des personnages (l’un regardant vers le bas/son passé, l’autre tournée vers le haut/son avenir). Ces couvertures figurent clairement parmi les plus intelligentes et les plus belles que j’ai vues. A la lecture, j’ai trouvé que le dessin n’était pas aussi fort que ce que les couvertures promettaient… mais il est loin d’être mauvais ! Les personnages sont bien typés, les faciès masculins assez caricaturaux permettent de faire passer un large panel d’émotion. Quant aux décors, ils sont très bien rendus, nous plongeant dans un New-York ouvrier, sale et triste comme un coron un jour de coup de grisou. La construction des gratte-ciels donne lieu à quelques cases dans lesquelles on sent le travail d’équilibriste des acteurs. La colorisation volontairement terne ne fait qu’accentuer cette sensation de tristesse et de désolation tout en dotant l’esthétique globale d’un cachet un peu passé. Car oui, l’histoire n’est pas des plus joyeuses, construite autour de l’étrange relation épistolaire qu’un ouvrier va lier avec la veuve d’un de ses anciens collègues. L’humour est rare et passe clairement au second plan face au romantisme brut de ce Giant maladroit, bourru, silencieux et en quête sinon de rédemption du moins d’un sens à sa vie. J’ai beaucoup aimé ce personnage. Grand, large, taciturne voire impossible d’accès… et sensible derrière sa carapace. Euhhhh, comment dire ? Il me rappelle vaguement quelqu’un… Cette identification au personnage aura très certainement joué dans mon appréciation de l’album. Mais plus encore, la qualité d’écriture m’a vraiment séduit. Ce diptyque a été très agréable à lire. Pas seulement à regarder. Enfin, derrière l’histoire se loge une réflexion plus globale, plus intemporelle. La grandeur de l’Amérique, sa splendeur, sa richesse, dues au travail d’immigrés rejetés, dénigrés, exploités… Je me dis que, dans ce bas monde, rien ne change finalement… L'ouvrier soudanais d'aujourd'hui a remplacé le travailleur irlandais d'hier, mais qu'est-ce qui les différencie vraiment ? Seul petit reproche : le deuxième tome aurait pu être raboté de quelques pages un peu inutiles (dans le dernier tiers). Sinon, on était proche de la perfection à mes yeux.

23/03/2018 (modifier)
Couverture de la série Porte-à-porte-malheur
Porte-à-porte-malheur

Les amateurs de Foerster ne seront pas dépaysés par cet album, dans lequel on retrouve les ingrédients habituels de ses histoires publiées chez Fluide Glacial. A savoir un univers fantastique partant d’un quotidien déformé – comme le sont les décors, avec des immeubles étirés en hauteur, brinquebalants, comme le sont les personnages au corps difforme, filiforme ou obèse, etc. Ce fantastique se développe au milieu d’un humour noir, d’une ambiance parfois loufoque ou absurde, un peu angoissante. La particularité de cet album par rapport aux autres albums « fantastiques » de l’auteur, c’est que les 8 histoires qui le composent ont toutes le même personnage pour héros, Théodule Gouâtremou (ah, les noms des personnages, eux-aussi assez typés et farfelus !), représentant en commerce, qui visite donc ses potentiels clients, pour leur refourguer des objets assez hétéroclites et improbables, et qui fait ainsi la connaissance de personnes et de situations « hautes en couleurs ». Les guillemets s’imposent ici, puisque, bien évidemment, Foerster use d’un Noir et Blanc jouant sur les ombres, expressionniste, pour ajouter du piment à ses petits contes morbides. Plus que de l’humour noir, je dirais que Foerster développe une noirceur drôle.

22/03/2018 (modifier)
Par montane
Note: 4/5
Couverture de la série Emma G. Wildford
Emma G. Wildford

Cet album a fait partie de la sélection d'Angoulême pour l'édition 2018 et c'est mérité. Emma Wilford, est une femme anti conformiste dans l'Angleterre du début du 20e siècle. Elle s'occupe en composant des poèmes et a bien du mal à faire face aux conventions sociales de son époque. Son arme à elle, c'est l'ironie, le trait d'esprit, la remarque mordante. Pour échapper aux carcans sociaux de son époque, elle se met à la recherche de son fiancé parti lors d'une expédition au nord de la Norvège. Très bien écrit, et joliment dessiné dans un style digne de la ligne claire, cet album se démarque d'abord sur la forme. L'ouvrage se présente sous une forme broché, un peu comme un cahier sur lequel Emma écrirait ses poèmes, qui se referme sous une couverture rigide à l'image de la plupart des bd. A l'image d'un coffret, on trouve aussi différents objets dans cet album: une photo, un ticket de bateau, et aussi une lettre. Une lettre adressé par son fiancé qu'Emma n'a jamais ouvert, de peur d'y lire des choses désagréables. A titre personnel c'est la première fois que je vois une Bd présentée de cette manière. Tout ceci renforce l'idée qu'Emma est bien un personnage réel, et non pas imaginaire, dont on peu suivre la trace grâce à des objets personnels. Cet ouvrage m'a fait pensé à "Monsieur Désire", sur un personnage également anti conformiste dans l'Angleterre Victorienne. Cet album est pour moi une véritable réussite, tant sur le fond que sur la forme et j'invite tout un chacun à le lire.

22/03/2018 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Comix Remix
Comix Remix

Probablement la meilleure série de Bourhis que j'ai lue jusqu'à présent. Contrairement à d'autres, son trait ne me dérange pas du tout et je trouve son style sympathique. Quant au scénario, c'est une déconstruction du genre super-héros et comme j'aime bien lire des histoires de super-héros, j'ai eu envie de voir ce que l'auteur avait à dire à ce sujet. Le scénario est prenant et c'est rempli de rebondissements. Il y a des éléments qui ne sont pas nouveaux, mais qui sont bien utilisés. Je pense que le point fort de la série vient du développement des personnages qui gagnent en profondeur au fil des pages, surtout dans le dernier tome où l'intrigue autour des deux camps de super-héros qui s'affrontent devient moins manichéenne. Un truc gênant c'est qu'il y a tout de même deux questions qui restent sans réponses (ou alors s'il y a des réponses je ne les ai pas remarquées !). J'ai aussi aimé l'humour souvent un peu noir que l'auteur met dans son oeuvre. Un bon divertissant qui pose des questions intéressantes. Ce n'est pas au niveau de Watchmen mais cela reste pour moi une BD qui sort du lot.

22/03/2018 (modifier)
Couverture de la série Paul dans le Nord
Paul dans le Nord

Paul dans le Nord traite de l’adolescence avec beaucoup de justesse et de décontraction. Bon, décontraction n’est peut-être pas le mot adéquat mais je n’en trouve pas d’autres pour exprimer mon ressenti. En fait, à la lecture de cet album, j’ai trouvé le ton d’une extrême justesse. L’adolescence nous est montrée sans dramatisation, avec une gentille dérision. Paul, ado fondamentalement gentil cherchant à se rebeller mollement devant son père, se liant d’amitié avec un boulet 'tellement génial', éprouvant ses premiers émois et son corollaire dramatique (un chagrin d’amour déchirant à s’en arracher les veines à coup de stabylo). C’est tellement juste, tendre, parfois drôle, parfois touchant… Et puis, qu’est-ce que Michel Rabagliati a fait comme progrès dans sa mise en page ! Ses albums ne sont plus seulement sympathiques à lire. Ils sont aussi beaux à regarder, avec ici quelques très belles compositions en pleine page. Son trait épuré atteint parfois un esthétisme étonnant qui le lierait presque au style « atome ». Si vous ne connaissez pas ce personnage de Paul, cet album est une excellente entrée en matière. J’avais déjà beaucoup aimé Paul à Québec. Je pense que je préfère encore Paul dans le Nord. Franchement bien, simple, juste… décontracté.

22/03/2018 (modifier)
Couverture de la série Et si l'amour c'était aimer ?
Et si l'amour c'était aimer ?

Pute borgne, qu’ai-je ri devant ces inepties facétieuses emplies d’une sage folie sauvage aux suaves effluves d’un matin embrumé de café et de macédoine. Bon ! Plus sérieusement, Fabcaro nous sert là encore un grand, un très grand cru. Peut-être même l’album de lui que je préfère. Le décalage entre un dessin figé de visages inexpressifs et les propos absurdes et décalés juste ce qu’il faut est irrésistiblement hilarant. C’est vraiment génialement con, avec des passages d’anthologie (dont une discussion téléphonique, mon dieu, j’en pisse de rire rien que d’y repenser). En fait, je ne sais pas quoi dire sinon : lisez le, lisez le, lisez le. C’est absurde, c’est con mais c’est tellement jouissif. Et si je vous dis que la seconde partie de l’album est un peu moins drôle que la première, cela signifie que je n’ai plus ri qu’une à deux fois par page, contrairement au début de l’album où quasiment chaque case me faisait pouffer. Ceux qui connaissent Fabcaro : pas besoin d’essayer de vous convaincre. Les autres : si l’aspect de l’album peut rebuter (couverture moche, album peu épais, dessin peu avenant), ne vous arrêtez pas à cette impression. Ce n’est pas de l’underground obscur compréhensible que d’initié. L’humour de Fabcaro est accessible à tous… pourvu que l’absurde ne vous effraie pas et que vous n’ayez pas peur de rire comme une baleine en lisant une bande dessinée.

22/03/2018 (modifier)
Couverture de la série Saga
Saga

8 tomes déjà… Enfin, déjà… Entendons-nous ! Parce qu’en 8 tomes, cette série nous a fameusement fait voyager. Et pas spécialement là où on l’attendait, l’imagination sans limites de Brian K. Vaughan ne cessant de surprendre le lecteur que je suis. Et pour le dire platement, cette saga me botte vachement ! Pourtant, les couvertures ne me tentaient pas plus que ça au début, et je craignais d’encore tomber dans un récit de guerre sidérale avec super-héros zarbi et guerriers magistraux. Mais, voilà : rien de tout ça et en lieu et place, j’ai découvert un univers zarbi peuplé de guerriers magistraux évoluant au cœur d'une guerre sidérale… … Non, c’est pas pareil !! Ce n’est pas pareil parce que l’accent est avant tout mis sur les relations familiales des différents personnages (dont trois groupes se dégagent avec force et charisme avant de se croiser, de se regrouper, de se séparer ou de chercher à s'exterminer). Que ceux-ci s’expriment comme le commun des mortels (quoique je doute que beaucoup de gentes dames parlent de leur plaisir intime en des termes tels que : « j’ai joui comme un camion-benne »). Et qu’il est très agréable de bondir ainsi d’une intrigue à l’autre même si tout s’intègre dans une seule et même histoire. L’intérêt est constamment relancé grâce à un découpage dynamique et nerveux. Ce n’est pas pareil parce que l’univers étrange est vraiment très original et aussi bien imaginé que dessiné. Un personnage à tête d’écran de télévision, ça peut paraître très con, bancal et sans émotion sans un grande maîtrise tant narrative qu’esthétique. Ici, le gars devient vite touchant même si on a envie de lui faire la tête au carré (ce qu’il a déjà, ceci dit en passant). Une femme qui ressemble à un vieux barbu parce qu’elle a la tête à l’envers, décrit comme ça, c’est pas parlant alors qu’un petit dessin bien amené, ça fait son effet ! Ce n’est pas pareil parce que la guerre, on s’en fiche royalement. Il n’y a pas de grande scène de combat, pas de stratégie. La galaxie est immense et si le conflit semble concerner beaucoup de monde, les champs de bataille ne sont que très rarement piétinés. Et puis, du space-opera qui n’hésite pas à s’aventurer dans l’univers du soap-opera, c’est quand même vachement culotté ! Les auteurs ont donc réussi à revisiter un thème ultra-classique (le couple issu de deux races ennemies qui doit s’enfuir pour sauver le fruit de ses entrailles) en dotant ses personnages d’un langage vif et souvent drôle, son univers de créatures improbables et cohérentes et son découpage d’un éternel goût de trop peu qui incite le lecteur à continuer sa lecture. L'humour est bien présent, mais la tension l'est également et, après huit tomes, on en vient à ne plus savoir qui survivra à cette aventure (dans laquelle même les morts risquent leur vie !) Points forts : les dialogues et l’univers. Point faible : une intrigue qui n’avance pas… mais tant que je m’amuse, je m’en tamponne.

15/04/2015 (MAJ le 22/03/2018) (modifier)
Couverture de la série Journal d'un Enfant de Lune
Journal d'un Enfant de Lune

Pour un album au but avant tout didactique, je trouve qu’il est très bien fait. Tout d’abord, il y a un dessin très accessible à un jeune public. Clair et net, il fait bien ressortir les personnages et la colorisation agréablement nuancée estompe la simplicité du trait. Pour un album destiné à un large public, c’est parfait ! Puis vient la manière dont la maladie est abordée. Les auteurs usent d’une idée certes déjà souvent vue par ailleurs mais que plus d’une jeune lectrice trouvera romantique en diable. Ce journal intime retrouvé par hasard est une belle porte d’entrée pour pénétrer le quotidien d’une personne atteinte de Xeroderma Pigmentosum. Et le fait d’utiliser comme personnage porteur une jeune adolescente ne fera qu’accentuer le processus d’identification et de compassion des jeunes lectrices et -dans une moindre mesure- lecteurs. Par-delà l’intrigue sentimentale, le contenu de l’album se veut didactique. J’ai trouvé le résultat très instructif avec ce qu’il fallait de petites anecdotes du quotidien pour dédramatiser la maladie sans pour autant en occulter les aspects les plus durs. Franchement, dans le genre, j’ai trouvé l’album très bien fait. Mais il ne faut pas inverser les priorités : cet album permet avant tout de parler de la maladie des Enfants de Lune. L’intrigue sentimentale n’est qu’un moyen d’y parvenir au travers d’une fiction qui parlera beaucoup aux jeunes lectrices et lecteurs. Et son côté trop propre sur lui (tout le monde il est beau, tout le monde, il est gentil) irritera très certainement l’un ou l’autre d’entre eux.

22/03/2018 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
Couverture de la série Tokyo Ghost (Urban Comics)
Tokyo Ghost (Urban Comics)

Hop là braves gens, que voilà de la très bonne BD. Je ne parle même pas du dessin de Sean Murphy qui m'avait particulièrement impressionné sur The Wake. Ce mec est bon, très bon. Certaines planches arrivent même à insuffler une poésie dans un récit par ailleurs parfois un peu bourrin, mais par les dieux que c'est beau. Oui nous sommes dans une société ou l'individu est incapable de penser par lui même, accro ou toutes sortes d'interfaces, câblé, connecté mais à la puissance dix. Il est sûr que le monde imaginé par Rick Remender n'est pas des plus joyeux, encore que l'on peut se poser des questions quand on voit la tournure que prennent les choses avec les réseaux sociaux actuels. Cette technologie va vite, très vite et sans être oiseau de mauvais augure j'ai bien peur que lorsque nous nous réveillerons il sera un poil trop tard. Quoi je parle comme un vieux con ? Soit, j'assume. Je repense à un ancien roman de SF de W. J. Williams qui justement avait pour titre "Câblé", à l'époque c'était de la SF et les gens rigolaient... Pour revenir à nos moutons, (électriques qui rêvent), cette BD n'évite pas un certain manichéisme en opposant les accros du branchement aux "gentils écolos" qui se réfugient dans un monde idyllique. Pour autant le message est puissant et ne fera bien sur réfléchir personne, cause perdue. Pour ma part ce diptyque est juste excellent, peut être un peu exigeant et la note suprême ne lui échappe que de très peu.

21/03/2018 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Britannia
Britannia

Si un comics devait être mis à l'honneur ce serait celui-ci tant il est atypique dans son fond et une partie de sa forme. Cependant il n'en reste pas moins un par son format, son découpage en chapitre court et sa galerie finale de couvertures alternatives ainsi que des planches en noirs et blanc de l'album. Revisitez vos à priori éventuels sur les comics, vous ne serez pas déçus Au summum du règne de Néron en l'an 65, Antonius Axia un vétéran des légions romaines est envoyé dans la province de Britannia aux limites de l'empire pour enquêter sur des évènements étranges. Ses donneurs d'ordres, l'empereur en personne et la grande vestale Rubria. Arrivé dans cette province à peine sortie de l'âge de cavernes, Antonius devra combattre non seulement des créatures issues des mythes et des mystères de l'endroit mais également la garnison romaine située sur place. Ici pas de héros bodybuildés qui à eux seuls viennent à bout d'armées entières. C'est surtout par son sens de la déduction, son sens de l'observation que le héros vient à bout des embûches placées sur sa route. En cela nous sortons des clichés habituels que l'on trouve dans les comics d'outre atlantique. Un background travaillé, une psychologie des personnages fouillée, un découpage dynamique entrecoupé par des flashbacks qui ne ralentissent pas le récit, bref tout pour plaire. Quand en plus le découpage des cases n'est pas celui habituel des comics, à savoir des cases déstructurées qui parfois ralentissent la lecture. Une construction finalement assez classique. Chapeau donc au scénariste Peter Milligan qui amène le fantastique de manière assez subtile sans effet gore outrancier. Le dessin de Juan José Ryp est lui aussi atypique pour un comics. Léché, fouillé, bien sur loin de la ligne claire mais clair, riche de détails avec un véritable travail sur les costumes, les armes et les décors. Notons également une colorisation qui ne pique pas les yeux. Petit plus pour moi, les autochtones du nord de l'Angleterre n'ont pas le visage bleu, passage obligé dans l'iconographie habituelle. Que dire de plus pour vous appâter, si ce n'est que c'est du tout bon, j'attends maintenant avec impatience le tome deux dont un court résumé en fin d'album met l'eau à la bouche. Évidemment coup de cœur!!

21/03/2018 (MAJ le 21/03/2018) (modifier)