Comment décrire cette incroyable saga ? Je crois que c'est impossible avec de simples mots.
En fait, on ne lit pas cette bande dessinée, on la voit.
Et même plus, on la contemple.
C'est du cinéma. Et du bon cinéma.
De fait, Alex Alice pousse là son talent de narrateur et de dessinateur à un sommet. Le dessin, le montage, les dialogues, le scénario, et même la musique (parce qu'on a forcément Wagner en tête) : tout est là pour faire de cette bande dessinée un merveilleux film. C'est du blockbuster en BD, mais du grand blockbuster : Siegfried, c'est Le Seigneur des Anneaux d'Alex Alice. Et c'est aussi ample, épique et grandiose que les films de Peter Jackson...
Son dessin est d'une finesse incomparable, chaque trait, même le plus petit, est porteur d'un sens trop grand pour être saisi dès la première lecture, écrasant le spectateur (et non plus le lecteur) comme le destin écrase les personnages de la saga. Ces immenses cases dans lequel on se plaît à perdre pied, à se noyer pour se laisser submerger par la grandeur des images, ces dessins qui se meuvent dans l'esprit émerveillé d'un spectateur égaré en plein rêve sont d'une magnificence que peu de bandes dessinées contemporaines peuvent se vanter d'égaler. Ne sombrant que (très) rarement dans le kitsch, tout est maîtrisé chez Alice : contrairement à beaucoup d'auteurs et de réalisateurs, il crée un art du grandiloquent. Son dessin toujours stylisé utilise toutes les ressources du medium qui est mis à sa disposition pour constamment dépasser le cadre limité de la page et nous ouvrir un monde.
La narration choisie par Alex Alice est absolument brillante : d'habitude, je n'aime pas trop ce genre de récit qui raconte toute son histoire en flashbacks ou en flashforwards, donnant trop souvent l'impression qu'on n'assiste pas à la "vraie" histoire mais à une version qui nous en garde à distance. Ici, pas du tout : au contraire, c'est cette narration qui, en se jouant des temporalités comme le meilleur Christopher Nolan, donne tout son sens à l'oeuvre colossale d'Alex Alice, et nous offre une réflexion puissante sur la vie, la mort, l'éternité, l'Homme et le destin, tout autant qu'une mise en abyme de l'art narratif, et de la création artistique.
Fort de son iconographie monumentale, Alex Alice crée donc une mythologie qui, bien que reprise des célèbres contes germaniques, s'en émancipe rapidement pour nous en proposer une nouvelle version, avec sa propre identité, ses propres personnages, ses propres questionnements et sa propre narration. Chaque choix visuel et narratif ouvre une multitude de portes au spectateur, qui ne sait plus laquelle choisir tant il sait que chacune va le mener vers des interprétations d'une richesse incommensurable. A ce titre, l'évolution des différents personnages est parfaitement réfléchie, et nous ramène aux grandes de la tragédie, antique ou moderne, tant Alice illustre à merveille les dilemmes qui animent chacun d'entre eux, au travers de dialogues somptueux, d'Odin lui-même au petit Mime, dont le traitement dans le tome final confine au sublime.
A cette image, la manière donc chaque personnage est introduit, dont chaque retournement est amené, dont chaque dilemme est illustré est unique en son genre et bel et bien propre au génie alicien, dont on n'a pas fini d'entendre parler, soyons-en sûrs.
Bref, si on écoute ça avec la musique de Wagner en fond, on ne peut qu'être envoûté par ce qui se révèle un monument incontournable de la bande dessinée française. Un chef-d'oeuvre instantané qu'on veut lire et relire, parce qu'on sait que l'éternité ne suffirait pas à nous en lasser...
L’Auteur – que je découvre avec cet album, est visiblement plutôt porté vers les arts visuels, qu’il enseigne d’ailleurs. Cela ne se voit pas forcément ici. Non que le dessin soit mauvais, bien au contraire, il est même techniquement très bon ! Mais l’auteur joue essentiellement sur un dessin statique (aucun mouvement), une image figée à chaque fois étant plus ou moins remplie de bulles, de dialogues. Le côté statique, immobile des personnages ajoute à l’aspect absurde de l’ensemble – mais là ce sont les dialogues qui jouent le rôle principal.
Avec des dialogues parfois absurdes et un dessin statique, cela ressemble parfois à certains albums récents de Fabcaro, ou à Dialogues de Karibou (même si le ton est différent).
Des dialogues souvent décalés donc, parfois absurdes, quelques touches d’humour noir, d’humour crétin, un peu d’ironie, mais aussi un peu de non-sens, d’abscons. L’ensemble est inégal, mais globalement réussi en tout cas, certaines chutes étant franchement très drôles !
Germain Huby s’est visiblement inspiré des petits moments de solitude, des petites misères du quotidien, des malentendus plus ou moins gênants, pour ses saynètes (d’une page – et donc d’une image à chaque fois). J’ai bien aimé cet album.
Note réelle 3,5/5.
Après avoir revisité le mythologie celte de façon très originale avec Morgane, Stéphane Fert nous enchante de nouveau avec cette adaptation d’un conte des Frères Grimm, « Toutes-Fourrures ». Une fois de plus, le dessinateur-scénariste semble avoir bénéficié d’une totale liberté de l’éditeur (et on ne s’en plaindra pas), de par sa technique bien particulière mêlant désinvolture et flamboyance. Un style graphique unique irradié par l’aura d’un Matisse ou d’un Gauguin. Un talent de coloriste procurant instantanément l’émerveillement, un univers foisonnant totalement immersif, qui charme et fait frémir en même temps. Pas de doute, on est bien dans le conte de fées, mais le vrai, le gothique, à mille lieues des mièvreries disneyiennes.
Si l’aspect graphique de l’objet est prépondérant, Stéphane Fert n’en a pas pour autant oublié la narration, bien construite et captivante. Refusant la facilité d’un copier-coller de l’œuvre originale, il s’est complètement approprié l’histoire, non sans humour, et l’a modernisé en y intégrant un point de vue féministe, comme pour « Morgane ».
Il est vrai qu’à travers les siècles, contes et mythologie étaient empreints d’un patriarcat odieux où la femme avait rarement le beau rôle, et Fert semble vouloir s’employer à faire un peu de dépoussiérage. Ronces, le personnage central du récit, va se construire seule, sans ce père qui l’abandonne alors qu’elle n’est qu’une enfant, pour la demander en mariage une fois devenue jeune fille ! Mais Ronces a entretemps appris la liberté. Elle refuse l’inceste, s’exposant ainsi à une malédiction de son géniteur qui fera d’elle un monstre aux yeux des hommes. Mais sous le pinceau de Stéphane Fert, la jeune femme apparaît comme une reine d’une beauté terrifiante, à l’allure dominatrice, qui envoûte tous les hommes s’approchant d’elle. Ronces les broie ou les avale comme de misérables vermisseaux, une façon peut-être de venger sa mère qui avait dû fuir son village sous les assauts répétés de la gent mâle.
Présenté dans une très belle édition à la couverture veloutée, mettant en éveil nos sens tactiles - un parti pris assez logique puisqu’il est largement question ici d’enveloppe charnelle -, « Peau de Mille Bêtes » brille d’un éclat à la fois sombre et lumineux, remettant avec brio un conte d’antan au goût du jour. De la fort belle ouvrage, et à n’en pas douter, l’un des plus beaux albums de l’année.
L’album a été classé dans la catégorie « humour », mais ne vous attendez pas à éclater de rire en le lisant, ce n’est pas un pastiche déconne (je l’aurais plutôt mis en « inclassable », mais bon). Même si je dois dire que les petits clins d’œil humoristiques disséminés tout au long de l’histoire sont plutôt sympas, et bien vus.
C’est un album au petit format avec une importante pagination, et qui est très vite lu. D’abord parce qu’il n’y a que deux cases par page, mais aussi car c’est quasiment muet – seuls quelques mots (titres, interjection – jamais de dialogue, voire de phrase) s’invitent. Ensuite parce qu’il est intéressant.
Pour ajouter à l’univers médiéval construit par l’auteur, tous les termes sont en latin (il y en a peu, et tout est traduit dans un lexique en fin d’album).
C’est qu’on a là une histoire qui singe un peu l’univers médiéval, mais qui pour cela a bâti quelque chose de « crédible », avec une omniprésence de l’Eglise, de la religion, des peurs eschatologiques, de la crainte de l’enfer, de l’envie du paradis.
Et surtout, la présence de créatures mythiques, qui côtoient des hommes, comme certains documents médiévaux nous le montrent, donnent de la crédibilité, tout en ajoutant une touche poétique non négligeable.
En tout cas, les lecteurs curieux doivent jeter un coup d’œil à cet album, dont la lecture se révèle rafraichissante.
Note réelle 3,5/5.
Je sais pas vous mais moi, rien qu’en lisant le nom des deux auteurs, je n’ai fait ni une ni deux et j’ai embarqué l’album ! Et même si je ne vais pas crier au génie, j’ai plutôt bien fait.
Le tandem Loisel et Pont nous embarque au Brésil. Pas celui des cartes postales mais bien le Brésil profond, avec ses exploitations minières, ses dispensaires perdus en pleine forêt amazonienne… et une bonne kyrielle de putains de salopards.
Et c’est justement parce qu’il est à la recherche d’un d’entre eux (qui se trouve être probablement son père) que Max débarque au milieu de nulle part. Il fait vite connaissance avec deux jeunes infirmières, elles aussi fraîchement débarquée puis avec son nouvel entourage… pour le moins rustique.
On retrouve dans ce premier tome beaucoup des qualités des deux auteurs. L’art de rapidement cerner un personnage (tout en lui laissant des zones d’ombres), des dialogues qui sonnent juste, une intrigue d’apparence simple mais bien développée, et un dessin lisible. Je ne regrette vraiment pas mon achat car ce récit propose différents centres d’intérêt et plusieurs personnages charismatiques. La dimension fantastique qui apparaît à la fin du premier tome apporte encore un petit plus qui ne peut que titiller ma curiosité.
Pas l’œuvre du siècle (pas assez original pour ça) mais du bel ouvrage. Vivement la suite !
Quelques fois, je me pose la question de savoir ce qui a tellement plu aux lecteurs dans une oeuvre pour récolter tant de bonnes notes. En effet, au premier abord, c'est plutôt assez classique dans l'approche.
En effet, il ne se passera pas des choses extraordinaires dans cette famille d'expatriés composée d'un couple divorcé et de trois enfants. Même le personnage principal Gabriel dans son rôle d'entrepreneur alcoolique n'est guère très sympathique. Il souhaite absolument orienter la vie de ses enfants au sujet d'un domaine forestier en plein coeur de la jungle africaine. J'avoue que je suis resté un peu perplexe.
Cependant, je suis arrivé à comprendre. Derrière ce personnage se cache un homme au coeur tendre qui a commis des erreurs mais qui a fait de son mieux pour laisser un héritage à ses enfants. J'ai été alors touché par cette sincérité des sentiments. Nous avons pour une fois une oeuvre assez complexe au niveau de la relation humaine. Un père n'est jamais parfait.
Du coup, vous voyez également ma note qui traduit un peu mon degré de satisfaction. Une oeuvre non manichéenne ce qui est tout à son avantage.
Alain Glykos nous raconte son séjour en Grèce, et plus précisément sur l’ile de Chio, située à quelques kilomètres à peine de la côte turc, d’où arrivent quotidiennement de nombreux réfugiés sur des embarcations improvisées. On « voit » donc la crise actuelle qui déstabilise l’Europe et divise les opinions (à l’heure où j’écris ces lignes, l’extrême droite en France vient de remporter un succès cinglant dans les élections Européennes).
L’auteur a choisi (judicieusement) d’inclure quelques photos dans ses planches, ce qui rajoute selon moi de la force à son propos (je vous ai mis des exemples dans la galerie). Il parle de ce qu’il voit, mais aussi de son histoire personnelle (son père est un immigré grec, chassé de Smyrne face au retour des turcs en 1922) et de la situation politique et économique actuelle de la Grèce. Il laisse aussi la parole à de nombreux habitants, ainsi qu’à certains migrants cloitrés dans un camp improvisé.
Une histoire très humaine, bien racontée et parfaitement mise en image, à recommander si le thème vous intéresse. A noter que les deux auteurs avaient déjà collaboré sur Manolis, chez le même éditeur.
N'étant pas fan de Captain Biceps et étant influencé par le personnage de Tébo dans L'Atelier Mastodonte, j'avoue que je craignais un peu que cette BD associe humour rudimentaire et blagues scatologiques. Mais au final, ce fut une très bonne surprise.
Oui il y a un petit peu de vomi et autres prouts, mais l'histoire ne se base heureusement pas du tout sur ces éléments. Les personnages ne sont pas idiots et plutôt attachants. Et l'humour, même s'il est peu brutal et loufoque, est beaucoup plus fin et surtout amusant que mes a-priori me laissaient penser.
J'aime à imaginer que L'Atelier Mastodonte a véritablement existé sous une forme ou une autre et que Tébo y a vraiment fréquenté Lewis Trondheim. Car j'ai retrouvé dans cette BD beaucoup de ce qui m'a plu dans la série Donjon. A vrai dire, on dirait même presque un tome de Donjon Parade.
C'est de l'héroïc-fantasy déjantée, qui ne se prend pas du tout au sérieux et joue avec les codes, notamment ceux des princesses et des princes charmants. Le héros y est une grosse brute, invincible au combat, qui n'a que deux faiblesses. D'abord c'est un grand sensible qui aimerait beaucoup qu'une princesse accepte de l'embrasser. Et ensuite, quand il éternue il se transforme en prince charmant désagréable qui est tout l'opposé de son propre caractère.
C'est drôle, c'est pêchu et percutant.
Et j'y ai beaucoup aimé le dessin de Tébo. Là encore, il m'a rappelé un mélange à mi-chemin entre l'école de la collection Tchô et le style des différents auteurs qui ont collaboré à la série Donjon. Ce dernier point se voit surtout dans les quelques beaux dessins en double page que j'ai trouvés très réussis.
Une série divertissante qui donne la pêche et le sourire.
Avant toutes choses, je dois dire que j’ai aimé cette aventure de « Blake et Mortimer » ou de plutôt celle de Mortimer tant le capitaine (non, le colonel, l’agent du l’intelligent service ayant pris du galon) Blake ne joue qu’un rôle assez minime ici.
Je ne suis pas un spécialiste de Schuiten et de ses « Cités obscures » (j’ai seulement un très bon souvenir de "la fièvre d’Urbicande" ) mais j’ai vraiment apprécié son style de dessin hachuré appliqué aux héros imaginés par Jacobs. D’ailleurs, je n’ai de cesse d’admirer les cases dans le format à l’italienne (8000 exemplaires) qui rend parfaitement hommage à son travail, et j’attends donc avec impatience l’édition en noir et blanc prévue en fin d’année. Collectionneur dans l’âme, je n’ai pas résisté non plus à l’achat de l’édition canalbd, limitée à 2000 exemplaires.
Il faut souligner le travail remarquable de Laurent Durieux sur les couleurs qui sont plus que réussies sur cet album. C’est d’ailleurs ce qui frappe, outre de dessin, dans cet opus : la qualité des couleurs !
Si graphiquement l’ouvrage dépasse mes attentes, le scénario est plus proche de l’univers des «Cités obscures» que de celui de Jacobs, à mon avis, même si, parait-il que le créateur de Blake et Mortimer avait songé à une aventure se déroulant au palais de justice de Bruxelles. Schuiten se paye même le luxe de placer sa fameuse locomotive "12, la douce" dans cet album.
Avec ces rayonnements mystérieux menaçants la survie de l’univers, Schuiten, Jaco Van Dormael et Thomas Gunzig nous entraînent dans une aventure qui oscille sans cesse entre ésotérisme et fantastique, le tout en faisant le lien avec « Le Mystère de la Grande Pyramide ». Bref je pense qu’EP Jacobs n’aurait pas renié complétement ce scénario. Certes, on s’éloigne parfois des codes jacobiens comme l’épisode de Mortimer en parachute, Mortimer avec un chien et enfin l’éloignement de Blake et Mortimer, vivant à présent leur vie bien séparément et ayant parfois des dialogues à fleuret moucheté, mais dans l’ensemble, le récit tient en haleine le lecteur.
Depuis l’achat de cet album, je l’ai lu deux fois, dont l’une dans le format à l’italienne qui est un régal pour les yeux.
Grand admirateur de Blake et Mortimer canal historique, je suis séduit par ce one shot de Schuiten qui signe là le dernier album de sa longue carrière, et qui ne trahit en rien l’esprit de Jacobs, bref une réussite.
Monsieur Schuiten tire sa révérence avec un excellent album.
J'ai toujours eu un gros problème avec la violence, sous toute ses formes. Elle me dérange, m'agresse, me met mal à l'aise. Et si je déteste la voir au quotidien, cela me dérange également sous forme imagée. En bande-dessinée, en livre, en film, je ne supporte pas la violence.
Si je dis cela, c'est parce que cette BD est incroyablement violente, d'autant plus qu'il s'agit là d'une biographie (possiblement romancée, comme le souligne l'auteure). Et que j'ai été dérangé et mal à l'aise au final, versant une larme à la fin de la lecture, mais que pour autant j'ai réellement beaucoup apprécié cette lecture.
Déjà, parce que l'auteure à su nous faire une histoire que j'ai dévorée littéralement, sans pouvoir m'arrêter, mais aussi grâce à son dessin qui transporte dans des contrées de l'Inde loin de toute représentation clichée. C'est lisible et clair, dynamique, vivant. J'ai été transporté au cœur de l'action en un rien de temps, j'ai dévoré l'histoire et je me suis fait happer jusqu'à la délivrance (dans les deux sens du terme).
Cette vie est de celle qu'il est bon de lire : bon de se rappeler que dans des pays autour du globe, naître femme c'est violence quotidienne et humiliation perpétuelle. Que parfois se battre et tuer c'est aussi faire comprendre ce qu'il se passe. Les luttes de Phoolan Devi ne sont pas de celles que j'espère voir chez nous, mais la vie qu'elle a eue est de celle que je voudrais ne plus jamais voir nulle part dans le monde.
La lecture de cette BD a été plutôt rude et difficile : c'est violent, très violent, et malheureusement aussi très réaliste. Je vous recommande pourtant chaudement cette lecture qui fait en même temps beaucoup de bien : la joie de voir la libération finale, le sentiment que finalement ça peut s'arranger ... Ce n'est qu'éphémère et la lourde réalité nous retombe dessus dès que l'on referme la BD, mais pour un temps elle nous fait croire au combat des plus humbles et de ceux qui ne sont rien. Et qui peuvent gagner.
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Siegfried
Comment décrire cette incroyable saga ? Je crois que c'est impossible avec de simples mots. En fait, on ne lit pas cette bande dessinée, on la voit. Et même plus, on la contemple. C'est du cinéma. Et du bon cinéma. De fait, Alex Alice pousse là son talent de narrateur et de dessinateur à un sommet. Le dessin, le montage, les dialogues, le scénario, et même la musique (parce qu'on a forcément Wagner en tête) : tout est là pour faire de cette bande dessinée un merveilleux film. C'est du blockbuster en BD, mais du grand blockbuster : Siegfried, c'est Le Seigneur des Anneaux d'Alex Alice. Et c'est aussi ample, épique et grandiose que les films de Peter Jackson... Son dessin est d'une finesse incomparable, chaque trait, même le plus petit, est porteur d'un sens trop grand pour être saisi dès la première lecture, écrasant le spectateur (et non plus le lecteur) comme le destin écrase les personnages de la saga. Ces immenses cases dans lequel on se plaît à perdre pied, à se noyer pour se laisser submerger par la grandeur des images, ces dessins qui se meuvent dans l'esprit émerveillé d'un spectateur égaré en plein rêve sont d'une magnificence que peu de bandes dessinées contemporaines peuvent se vanter d'égaler. Ne sombrant que (très) rarement dans le kitsch, tout est maîtrisé chez Alice : contrairement à beaucoup d'auteurs et de réalisateurs, il crée un art du grandiloquent. Son dessin toujours stylisé utilise toutes les ressources du medium qui est mis à sa disposition pour constamment dépasser le cadre limité de la page et nous ouvrir un monde. La narration choisie par Alex Alice est absolument brillante : d'habitude, je n'aime pas trop ce genre de récit qui raconte toute son histoire en flashbacks ou en flashforwards, donnant trop souvent l'impression qu'on n'assiste pas à la "vraie" histoire mais à une version qui nous en garde à distance. Ici, pas du tout : au contraire, c'est cette narration qui, en se jouant des temporalités comme le meilleur Christopher Nolan, donne tout son sens à l'oeuvre colossale d'Alex Alice, et nous offre une réflexion puissante sur la vie, la mort, l'éternité, l'Homme et le destin, tout autant qu'une mise en abyme de l'art narratif, et de la création artistique. Fort de son iconographie monumentale, Alex Alice crée donc une mythologie qui, bien que reprise des célèbres contes germaniques, s'en émancipe rapidement pour nous en proposer une nouvelle version, avec sa propre identité, ses propres personnages, ses propres questionnements et sa propre narration. Chaque choix visuel et narratif ouvre une multitude de portes au spectateur, qui ne sait plus laquelle choisir tant il sait que chacune va le mener vers des interprétations d'une richesse incommensurable. A ce titre, l'évolution des différents personnages est parfaitement réfléchie, et nous ramène aux grandes de la tragédie, antique ou moderne, tant Alice illustre à merveille les dilemmes qui animent chacun d'entre eux, au travers de dialogues somptueux, d'Odin lui-même au petit Mime, dont le traitement dans le tome final confine au sublime. A cette image, la manière donc chaque personnage est introduit, dont chaque retournement est amené, dont chaque dilemme est illustré est unique en son genre et bel et bien propre au génie alicien, dont on n'a pas fini d'entendre parler, soyons-en sûrs. Bref, si on écoute ça avec la musique de Wagner en fond, on ne peut qu'être envoûté par ce qui se révèle un monument incontournable de la bande dessinée française. Un chef-d'oeuvre instantané qu'on veut lire et relire, parce qu'on sait que l'éternité ne suffirait pas à nous en lasser...
Le Bruit des mots
L’Auteur – que je découvre avec cet album, est visiblement plutôt porté vers les arts visuels, qu’il enseigne d’ailleurs. Cela ne se voit pas forcément ici. Non que le dessin soit mauvais, bien au contraire, il est même techniquement très bon ! Mais l’auteur joue essentiellement sur un dessin statique (aucun mouvement), une image figée à chaque fois étant plus ou moins remplie de bulles, de dialogues. Le côté statique, immobile des personnages ajoute à l’aspect absurde de l’ensemble – mais là ce sont les dialogues qui jouent le rôle principal. Avec des dialogues parfois absurdes et un dessin statique, cela ressemble parfois à certains albums récents de Fabcaro, ou à Dialogues de Karibou (même si le ton est différent). Des dialogues souvent décalés donc, parfois absurdes, quelques touches d’humour noir, d’humour crétin, un peu d’ironie, mais aussi un peu de non-sens, d’abscons. L’ensemble est inégal, mais globalement réussi en tout cas, certaines chutes étant franchement très drôles ! Germain Huby s’est visiblement inspiré des petits moments de solitude, des petites misères du quotidien, des malentendus plus ou moins gênants, pour ses saynètes (d’une page – et donc d’une image à chaque fois). J’ai bien aimé cet album. Note réelle 3,5/5.
Peau de Mille Bêtes
Après avoir revisité le mythologie celte de façon très originale avec Morgane, Stéphane Fert nous enchante de nouveau avec cette adaptation d’un conte des Frères Grimm, « Toutes-Fourrures ». Une fois de plus, le dessinateur-scénariste semble avoir bénéficié d’une totale liberté de l’éditeur (et on ne s’en plaindra pas), de par sa technique bien particulière mêlant désinvolture et flamboyance. Un style graphique unique irradié par l’aura d’un Matisse ou d’un Gauguin. Un talent de coloriste procurant instantanément l’émerveillement, un univers foisonnant totalement immersif, qui charme et fait frémir en même temps. Pas de doute, on est bien dans le conte de fées, mais le vrai, le gothique, à mille lieues des mièvreries disneyiennes. Si l’aspect graphique de l’objet est prépondérant, Stéphane Fert n’en a pas pour autant oublié la narration, bien construite et captivante. Refusant la facilité d’un copier-coller de l’œuvre originale, il s’est complètement approprié l’histoire, non sans humour, et l’a modernisé en y intégrant un point de vue féministe, comme pour « Morgane ». Il est vrai qu’à travers les siècles, contes et mythologie étaient empreints d’un patriarcat odieux où la femme avait rarement le beau rôle, et Fert semble vouloir s’employer à faire un peu de dépoussiérage. Ronces, le personnage central du récit, va se construire seule, sans ce père qui l’abandonne alors qu’elle n’est qu’une enfant, pour la demander en mariage une fois devenue jeune fille ! Mais Ronces a entretemps appris la liberté. Elle refuse l’inceste, s’exposant ainsi à une malédiction de son géniteur qui fera d’elle un monstre aux yeux des hommes. Mais sous le pinceau de Stéphane Fert, la jeune femme apparaît comme une reine d’une beauté terrifiante, à l’allure dominatrice, qui envoûte tous les hommes s’approchant d’elle. Ronces les broie ou les avale comme de misérables vermisseaux, une façon peut-être de venger sa mère qui avait dû fuir son village sous les assauts répétés de la gent mâle. Présenté dans une très belle édition à la couverture veloutée, mettant en éveil nos sens tactiles - un parti pris assez logique puisqu’il est largement question ici d’enveloppe charnelle -, « Peau de Mille Bêtes » brille d’un éclat à la fois sombre et lumineux, remettant avec brio un conte d’antan au goût du jour. De la fort belle ouvrage, et à n’en pas douter, l’un des plus beaux albums de l’année.
Sine qua non
L’album a été classé dans la catégorie « humour », mais ne vous attendez pas à éclater de rire en le lisant, ce n’est pas un pastiche déconne (je l’aurais plutôt mis en « inclassable », mais bon). Même si je dois dire que les petits clins d’œil humoristiques disséminés tout au long de l’histoire sont plutôt sympas, et bien vus. C’est un album au petit format avec une importante pagination, et qui est très vite lu. D’abord parce qu’il n’y a que deux cases par page, mais aussi car c’est quasiment muet – seuls quelques mots (titres, interjection – jamais de dialogue, voire de phrase) s’invitent. Ensuite parce qu’il est intéressant. Pour ajouter à l’univers médiéval construit par l’auteur, tous les termes sont en latin (il y en a peu, et tout est traduit dans un lexique en fin d’album). C’est qu’on a là une histoire qui singe un peu l’univers médiéval, mais qui pour cela a bâti quelque chose de « crédible », avec une omniprésence de l’Eglise, de la religion, des peurs eschatologiques, de la crainte de l’enfer, de l’envie du paradis. Et surtout, la présence de créatures mythiques, qui côtoient des hommes, comme certains documents médiévaux nous le montrent, donnent de la crédibilité, tout en ajoutant une touche poétique non négligeable. En tout cas, les lecteurs curieux doivent jeter un coup d’œil à cet album, dont la lecture se révèle rafraichissante. Note réelle 3,5/5.
Un putain de salopard
Je sais pas vous mais moi, rien qu’en lisant le nom des deux auteurs, je n’ai fait ni une ni deux et j’ai embarqué l’album ! Et même si je ne vais pas crier au génie, j’ai plutôt bien fait. Le tandem Loisel et Pont nous embarque au Brésil. Pas celui des cartes postales mais bien le Brésil profond, avec ses exploitations minières, ses dispensaires perdus en pleine forêt amazonienne… et une bonne kyrielle de putains de salopards. Et c’est justement parce qu’il est à la recherche d’un d’entre eux (qui se trouve être probablement son père) que Max débarque au milieu de nulle part. Il fait vite connaissance avec deux jeunes infirmières, elles aussi fraîchement débarquée puis avec son nouvel entourage… pour le moins rustique. On retrouve dans ce premier tome beaucoup des qualités des deux auteurs. L’art de rapidement cerner un personnage (tout en lui laissant des zones d’ombres), des dialogues qui sonnent juste, une intrigue d’apparence simple mais bien développée, et un dessin lisible. Je ne regrette vraiment pas mon achat car ce récit propose différents centres d’intérêt et plusieurs personnages charismatiques. La dimension fantastique qui apparaît à la fin du premier tome apporte encore un petit plus qui ne peut que titiller ma curiosité. Pas l’œuvre du siècle (pas assez original pour ça) mais du bel ouvrage. Vivement la suite !
Malaterre
Quelques fois, je me pose la question de savoir ce qui a tellement plu aux lecteurs dans une oeuvre pour récolter tant de bonnes notes. En effet, au premier abord, c'est plutôt assez classique dans l'approche. En effet, il ne se passera pas des choses extraordinaires dans cette famille d'expatriés composée d'un couple divorcé et de trois enfants. Même le personnage principal Gabriel dans son rôle d'entrepreneur alcoolique n'est guère très sympathique. Il souhaite absolument orienter la vie de ses enfants au sujet d'un domaine forestier en plein coeur de la jungle africaine. J'avoue que je suis resté un peu perplexe. Cependant, je suis arrivé à comprendre. Derrière ce personnage se cache un homme au coeur tendre qui a commis des erreurs mais qui a fait de son mieux pour laisser un héritage à ses enfants. J'ai été alors touché par cette sincérité des sentiments. Nous avons pour une fois une oeuvre assez complexe au niveau de la relation humaine. Un père n'est jamais parfait. Du coup, vous voyez également ma note qui traduit un peu mon degré de satisfaction. Une oeuvre non manichéenne ce qui est tout à son avantage.
Gilets de sauvetage
Alain Glykos nous raconte son séjour en Grèce, et plus précisément sur l’ile de Chio, située à quelques kilomètres à peine de la côte turc, d’où arrivent quotidiennement de nombreux réfugiés sur des embarcations improvisées. On « voit » donc la crise actuelle qui déstabilise l’Europe et divise les opinions (à l’heure où j’écris ces lignes, l’extrême droite en France vient de remporter un succès cinglant dans les élections Européennes). L’auteur a choisi (judicieusement) d’inclure quelques photos dans ses planches, ce qui rajoute selon moi de la force à son propos (je vous ai mis des exemples dans la galerie). Il parle de ce qu’il voit, mais aussi de son histoire personnelle (son père est un immigré grec, chassé de Smyrne face au retour des turcs en 1922) et de la situation politique et économique actuelle de la Grèce. Il laisse aussi la parole à de nombreux habitants, ainsi qu’à certains migrants cloitrés dans un camp improvisé. Une histoire très humaine, bien racontée et parfaitement mise en image, à recommander si le thème vous intéresse. A noter que les deux auteurs avaient déjà collaboré sur Manolis, chez le même éditeur.
Raowl
N'étant pas fan de Captain Biceps et étant influencé par le personnage de Tébo dans L'Atelier Mastodonte, j'avoue que je craignais un peu que cette BD associe humour rudimentaire et blagues scatologiques. Mais au final, ce fut une très bonne surprise. Oui il y a un petit peu de vomi et autres prouts, mais l'histoire ne se base heureusement pas du tout sur ces éléments. Les personnages ne sont pas idiots et plutôt attachants. Et l'humour, même s'il est peu brutal et loufoque, est beaucoup plus fin et surtout amusant que mes a-priori me laissaient penser. J'aime à imaginer que L'Atelier Mastodonte a véritablement existé sous une forme ou une autre et que Tébo y a vraiment fréquenté Lewis Trondheim. Car j'ai retrouvé dans cette BD beaucoup de ce qui m'a plu dans la série Donjon. A vrai dire, on dirait même presque un tome de Donjon Parade. C'est de l'héroïc-fantasy déjantée, qui ne se prend pas du tout au sérieux et joue avec les codes, notamment ceux des princesses et des princes charmants. Le héros y est une grosse brute, invincible au combat, qui n'a que deux faiblesses. D'abord c'est un grand sensible qui aimerait beaucoup qu'une princesse accepte de l'embrasser. Et ensuite, quand il éternue il se transforme en prince charmant désagréable qui est tout l'opposé de son propre caractère. C'est drôle, c'est pêchu et percutant. Et j'y ai beaucoup aimé le dessin de Tébo. Là encore, il m'a rappelé un mélange à mi-chemin entre l'école de la collection Tchô et le style des différents auteurs qui ont collaboré à la série Donjon. Ce dernier point se voit surtout dans les quelques beaux dessins en double page que j'ai trouvés très réussis. Une série divertissante qui donne la pêche et le sourire.
Blake et Mortimer - Le Dernier Pharaon
Avant toutes choses, je dois dire que j’ai aimé cette aventure de « Blake et Mortimer » ou de plutôt celle de Mortimer tant le capitaine (non, le colonel, l’agent du l’intelligent service ayant pris du galon) Blake ne joue qu’un rôle assez minime ici. Je ne suis pas un spécialiste de Schuiten et de ses « Cités obscures » (j’ai seulement un très bon souvenir de "la fièvre d’Urbicande" ) mais j’ai vraiment apprécié son style de dessin hachuré appliqué aux héros imaginés par Jacobs. D’ailleurs, je n’ai de cesse d’admirer les cases dans le format à l’italienne (8000 exemplaires) qui rend parfaitement hommage à son travail, et j’attends donc avec impatience l’édition en noir et blanc prévue en fin d’année. Collectionneur dans l’âme, je n’ai pas résisté non plus à l’achat de l’édition canalbd, limitée à 2000 exemplaires. Il faut souligner le travail remarquable de Laurent Durieux sur les couleurs qui sont plus que réussies sur cet album. C’est d’ailleurs ce qui frappe, outre de dessin, dans cet opus : la qualité des couleurs ! Si graphiquement l’ouvrage dépasse mes attentes, le scénario est plus proche de l’univers des «Cités obscures» que de celui de Jacobs, à mon avis, même si, parait-il que le créateur de Blake et Mortimer avait songé à une aventure se déroulant au palais de justice de Bruxelles. Schuiten se paye même le luxe de placer sa fameuse locomotive "12, la douce" dans cet album. Avec ces rayonnements mystérieux menaçants la survie de l’univers, Schuiten, Jaco Van Dormael et Thomas Gunzig nous entraînent dans une aventure qui oscille sans cesse entre ésotérisme et fantastique, le tout en faisant le lien avec « Le Mystère de la Grande Pyramide ». Bref je pense qu’EP Jacobs n’aurait pas renié complétement ce scénario. Certes, on s’éloigne parfois des codes jacobiens comme l’épisode de Mortimer en parachute, Mortimer avec un chien et enfin l’éloignement de Blake et Mortimer, vivant à présent leur vie bien séparément et ayant parfois des dialogues à fleuret moucheté, mais dans l’ensemble, le récit tient en haleine le lecteur. Depuis l’achat de cet album, je l’ai lu deux fois, dont l’une dans le format à l’italienne qui est un régal pour les yeux. Grand admirateur de Blake et Mortimer canal historique, je suis séduit par ce one shot de Schuiten qui signe là le dernier album de sa longue carrière, et qui ne trahit en rien l’esprit de Jacobs, bref une réussite. Monsieur Schuiten tire sa révérence avec un excellent album.
Phoolan Devi, reine des bandits
J'ai toujours eu un gros problème avec la violence, sous toute ses formes. Elle me dérange, m'agresse, me met mal à l'aise. Et si je déteste la voir au quotidien, cela me dérange également sous forme imagée. En bande-dessinée, en livre, en film, je ne supporte pas la violence. Si je dis cela, c'est parce que cette BD est incroyablement violente, d'autant plus qu'il s'agit là d'une biographie (possiblement romancée, comme le souligne l'auteure). Et que j'ai été dérangé et mal à l'aise au final, versant une larme à la fin de la lecture, mais que pour autant j'ai réellement beaucoup apprécié cette lecture. Déjà, parce que l'auteure à su nous faire une histoire que j'ai dévorée littéralement, sans pouvoir m'arrêter, mais aussi grâce à son dessin qui transporte dans des contrées de l'Inde loin de toute représentation clichée. C'est lisible et clair, dynamique, vivant. J'ai été transporté au cœur de l'action en un rien de temps, j'ai dévoré l'histoire et je me suis fait happer jusqu'à la délivrance (dans les deux sens du terme). Cette vie est de celle qu'il est bon de lire : bon de se rappeler que dans des pays autour du globe, naître femme c'est violence quotidienne et humiliation perpétuelle. Que parfois se battre et tuer c'est aussi faire comprendre ce qu'il se passe. Les luttes de Phoolan Devi ne sont pas de celles que j'espère voir chez nous, mais la vie qu'elle a eue est de celle que je voudrais ne plus jamais voir nulle part dans le monde. La lecture de cette BD a été plutôt rude et difficile : c'est violent, très violent, et malheureusement aussi très réaliste. Je vous recommande pourtant chaudement cette lecture qui fait en même temps beaucoup de bien : la joie de voir la libération finale, le sentiment que finalement ça peut s'arranger ... Ce n'est qu'éphémère et la lourde réalité nous retombe dessus dès que l'on referme la BD, mais pour un temps elle nous fait croire au combat des plus humbles et de ceux qui ne sont rien. Et qui peuvent gagner.