Putain, ça calme ce genre d’album ! J’ai d’ailleurs assez difficile à rédiger un avis sur cette BD…
Étant confronté aux faits de mœurs de par ma profession, il me tardait de découvrir cet essentiel d’Angoulême traitant, pour le moins, d’un sujet délicat. Je dirais que j’ai été charmé par la simplicité, la sincérité et l’intelligence du récit. Malgré la démarche d’exutoire recherchée par l’auteur, que nul ne peut d’ailleurs juger, ce dernier ne fait pas l’erreur de tomber dans le blâme facile et inintéressant. Si le sujet a été rapidement trouvé, je pense qu’il n’en a pas été de même de la conception de l’album. Pendant que j’écris ces quelques lignes, je songe encore aux vingt dernières pages…
J’avais également été conquis par l’album Je mourrai pas gibier d’Alfred et je retrouve ici le même trait. Un trait qui peut paraître simple, voire brouillon, mais se révèle être finalement très dynamique et expressif. Le dessin, les couleurs et la mise en page étayent à merveille tous les états d’esprit par lesquels passe la lecture. Le ton peut passer du léger au dramatique, tout comme dans l’autre série citée, et le lecteur s’en retrouve encore plus retourné.
Je conseille donc vivement cet album. Le sujet abordé n’est pas là pour créer un mélodrame commercial débile, mais sans doute pour permettre à l’auteur de raconter l’irracontable, et peut-être, en tout cas je lui souhaite, tenter d’évacuer quelques vieux démons… Une grosse claque dans la gueule, je n’ai rien à dire de plus !
Je n'abonderai pas dans la dithyrambe, Alix a vraiment saisi toute l'importance que représente un tel ouvrage. Je me contenterai de faire plus court. Joe Sacco, depuis de nombreuses années, est un auteur qui s'attache à débusquer les petites histoires dans l'Histoire et en particulier l'Histoire récente. Ses investigations en Ex-Yougoslavie et au Proche-Orient représentent certaines des plus belles pages de la bande dessinée "documentaire", et son oeuvre est connue au-delà du simple lectorat BD.
Avec ce "Gaza 1956" il va encore plus loin dans son enquête, s'attachant à une suite d'évènements que l'Histoire a déjà oubliée, deux massacres ayant eu lieu à Gaza il y a déjà plus de 50 ans, mais qui restent toutefois d'une cruelle actualité dans cette région... Personne ne saura contester le sérieux du travail de Sacco, son obstination à vouloir recueillir, compiler, recouper, ordonner et synthétiser les nombreux témoignages. C'est une oeuvre de mémoire, une référence en matière d'enquête ; mais l'auteur se définit lui-même plus comme un auteur de BD qu'un journaliste. L'investigation n'est en fait que sa manière de procéder pour construire ses histoires. Et c'est cette honnêteté qui rajoute une valeur inestimable à son travail. Ca et son découpage très dynamique ; j'ai particulièrement aimé, par exemple, sa façon de placer certains dialogues pour montrer le côté haché de la séquence. On s'y croirait vraiment.
Je ne saurais parler en détail de cette oeuvre sans devenir pédant et chiant, du coup je vous invite simplement à lire "Gaza 1956, en marge de l'histoire", mais en prenant votre temps.
Comment allier fantasy, absurde, aventure, suspense, valeurs et défaillances humaines, cruauté, humour et dérisoire ? Il suffit de deux talentueux auteurs, Sfar et Tronhdeim, joli duo à l'imagination débordante et hallucinante qui nous offrent ici une œuvre culte et indispensable que l'on doit absolument lire avant de trépasser.
Les éloges ne tarissent pas autour de cette série tant le monde créé est d'une richesse absolue, la variété des situations, l'originalité et la profusion des personnages la rendent totalement unique. Par ailleurs, chaque relecture apporte un émerveillement supplémentaire, on s'introduit dans un univers que l'on ne veut plus quitter et que l'on voudrait sans fin. On en arrive à souhaiter que les auteurs arrêtent toutes leurs autres séries en cours pour ne faire que du Donjon… voilà un rêve fou et ô combien cruel.
A quand le jeu vidéo, le film d'animation, le placardage de tous les personnages sur tous les murs de toutes les villes de France ? A quand les costumes et les masques avec lesquels on pourra incarner l'un des multiples personnages qui font vivre cette histoire ?
Petit mot de fin
Je passe ma note de culte à 4/5 car malgré sa grande richesse, cette série reste intrinsèquement inachevée. Par série j'entends absolument TOUS les donjons, car les différencier n'a pas de sens à mes yeux, même les Donjon monsters et ses histoires au tome par tome.
Bref, ça laisse un goût amère qui aura du mal à passer, car la relecture sera très frustrante sachant tout que qu'on ne saura jamais.
Tout les ans, certains livres se détachent par rapport aux autres dans le flot des sorties. L'an passé mes coups de coeur se sont portés sur Jolies ténèbres et Blast et cette année Block 109 sort véritablement du lot.
Je guettais sa sortie depuis un moment, intrigués par les previews découverts ici ou là.
En outre, la maison d'édition "Akileos" a le chic de dénicher, par le passé, des petites pépites.
Revenons à "Block 109", une uchronie parfaitement maitrisée par un scénario impeccable et implacable. Même si j'ai dû m'y reprendre à deux reprises pour les premières pages, je n'ai plus lâché ce bouquin ensuite.
Pas mal d'intrigues et de personnages rythment en effet le récit et il faut être attentif aux uniformes pour ne pas mélanger russes et allemands.
Fort bien documenté sur la seconde guerre mondiale, Vincent Brugeas sait (ré)utiliser les personnages clefs de ce conflit (notamment en se servant d'un Heydrich décidemment à l'honneur avec la sortie du roman "H.H.H.H" de Laurent Binet).
Ce one shot bénéficie en outre d'un dessin proche du crayonné, ce qui me plait beaucoup. Cette aventure possède à la fois les avantages du one shot (une histoire bouclée en 200 pages) et ses inconvénients (on aimerait en savoir plus sur "Paul").
Je pensais qu'annoncer d'emblée les effets dévastateurs du Virus allait tuer l'intérêt de l'histoire mais c'était sans compter les complots qui sont sous-jacents à l'histoire.
Certes quelques fautes d'orthographe, dues à une relecture rapide m'ont confié récemment les auteurs, émaillent l'histoire mais cela ne gène pas.
Les 5000 exemplaires sont d'ores et déjà épuisés et une réedition (sans les fautes d'orthographe) est actuellement en cours.
A lire absolument.
Outre ses trois cycles principaux que sont Potron Minet (la génèse), Zénith (l'apogée) et Crépuscule (le déclin), la passionnante série fleuve Donjon s'entiche d'une série annexe qui la rend encore plus complète et indispensable.
Concrètement chaque album peut être lu comme un One-Shot sur un personnage en particulier couvrant l'une ou l'autre période. Contrairement aux séries principales, il n'y a donc pas de suite logique ni d'ordre préétabli.
D'ailleurs pour ce faire, nos magiciens farceurs, Sfar et Trondheim, se permettent une liberté encore plus grande sur le choix du dessinateur d'où une très grande variété de styles et de traits différents comme Blutch, Killofer ou Carlos Nine par exemple qui apportent leur talent respectif tout en restant dans la convention Donjon mais en bouleversant certains codes narratifs (voir Crève-coeur ou Des Soldats d'Honneur).
Mais l'idée absolument géniale, que dis-je, cet instinct de génie qui porte l'ensemble de la série Donjon aux plus hautes strates, c'est que chaque album se lit peut aussi se lire par niveau et couvrir certaines zones d'ombre des séries principales comme Mon fils le Tueur et Crève-Coeur pour Potron-Minet. D'ailleurs chaque ouvrage porte une numérotation de niveau permettant de savoir où l'insérer dans les autres séries.
Et de plus c'est toujours aussi drôle et crédible, je me surprends toujours à me demander comment une série qui met en scène des lapins et des canards dans un pastiche d'Heroïc Fantasy peut devenir aussi cruelle, réaliste, émouvante et ô combien terriblement humaine. Mettre en scène des personnages purement secondaires ou fantasmés dans une aventure qui leur est propre, met en avant leurs origines ou tout simplement éclaire leur véritable rôle au sein même de la trame principale tout en gardant un esprit aussi ludique (chaque livre est un one-shot rappelons le) est un tour de force unique que je plébiscite vivement !
Et les auteurs ne s'y sont pas trompés étant donné que la série Donjon Monsters est à ce jour la plus prolifique de leur œuvre, preuve de leur intérêt et de leur amour pour la liberté et la bouffée d'air frais qu'elle leur apporte... Passionnant et indispensable !
3.5/5
Encore une réussite signée Alan Moore ! Au début, j'avais un peu peur de lire ce one-shot à cause des critiques sur le dessin et aussi parce que je trouvais que le thème avait déjà été assez exploité par d'autres. Mais ma curiosité était plus forte et j'ai bien fait. Je ne vois pas en quoi le dessin est moche. J'aime beaucoup les couleurs qui ont été utilisées. Je trouve que ça donne une atmosphère particulière à l'histoire.
Comme c'est souvent le cas avec Moore, la narration et le découpage sont les points forts du récit. C'est tout simplement remarquable. J'aime surtout lorsque ce génial scénariste fouille la psychologie des personnages. Leurs motivations sont bien montrées et je les comprends parfaitement, même ceux qui sont abominables. Le thème de la liberté et très bien exploité et le mystérieux V est un personnage charismatique et intéressant.
Seul ombre au tableau : Evey. Je trouve que les passages qui la mettent en vedette sont sans intérêt. J'ai l'impression que les auteurs veulent tellement qu'on s'attache à elle que ça a eu un effet contraire sur moi...
Après maintes et maintes (re)lectures, et lectures d’autres BD de Picsou par d’autres dessinateurs de Disney, je peux le dire : Cette BD est un chef d’œuvre.
Alors, "La jeunesse de Picsou", Picsou étant le personnage ultra attachant et charismatique que beaucoup connaissent pour avoir lu ces histoires dans "Le journal de Mickey" ou "Picsou Magazine". Don Rosa nous offre 12 chapitres des débuts de Picsou et de sa fortune. Don Rosa c’est beaucoup documenté pour dessiner ces aventures, il c’est inspiré principalement de BD de Barks : et ça se ressent.
Le scénario, outre le faite qu’il est très « réaliste », il est très bien construit et cohérent. La narration est très fluide. "La jeunesse de Picsou" est très agréable à lire.
Au niveau du dessin, Don Rosa est le meilleur dessinateur de BD chez Disney. J’adore son trait hyper détaillé. Les décors, les personnages, les sentiments ressentis, les gags, les références historiques, les couleurs : tout est réussi et maîtrisé.
Pour tous les fans de l’oncle grigou et acariâtre : UN MUST.
Tomes 1 et 2 :
Blanco est la réédition des deux tomes du Chien Blanco parus en 96 et 97 chez nous. Il est (enfin) possible de découvrir cette œuvre, ma préférée de Taniguchi, dans une version non massacrée. Rappelez-vous... les pages étaient inversées (mais des fois non), le papier jauni n'était pas de très bonne qualité, et les couvertures en carton trop fin rendaient l'objet très fragile. Désormais, tout est nickel avec cette nouvelle édition chez Casterman/Sakka.
Comme je le disais, c'est à mes yeux la meilleure œuvre de l'auteur, souvent boudée sur les forums parce que c'est de la vraie aventure et pas du simple contemplatif comme l'auteur en fait (trop AMHA) souvent.
À noter une fin particulièrement bien mise en scène et très chargée en émotions. Y'a pas à dire, à mes yeux, c'est dans ce genre d'histoire que le talent de Taniguchi se révèle vraiment (ou encore plus, c'est selon).
Tome 3 et 4 (2010) :
Cette suite sur la descendance de Blanco est dans la droite lignée de la première série, partagée entre action et émotions. On y retrouve toujours les mêmes politiciens, le même programme militaire, et deux chiens aux capacités exceptionnelles au lieu d'un seul. Une course poursuite spectaculaire, toujours aussi haletante. Une œuvre énorme, tout simplement.
Ce nouveau cycle me conforte dans l'idée que Taniguchi a un talent fou, et pas uniquement pour les histoires intimistes, loin de là. Ce manga d'action très violent, centré sur la nature, en est le parangon.
Ouhaou !
Quel coup de crayon !
Dès la première page, on sent que c'est du sérieux. Ca fleure le délicieusement noir, ça sent la misère et la fatalité, ça vous capte tout de suite.
Puis très vite, on pige que finalement ce sera quelques histoires courtes (trop ?!), cohérentes à la manière d'un SOS Bonheur.
Sur la forme, ça rappelle un peu les Idées Noires de Franquin en ce sens que le sujet est très noir, mais le dessin reste très caricatural. Si bien que ce n'est jamais "réaliste". C'est même parfois drôle.
Superbe BD pour moi, j'aurais cependant aimé en avoir beaucoup plus tant le dessin est talentueux et tant le contenu est si bien amené.
Une notation dans la moyenne des autres productions Futuropolis.
Elle est amplement méritée. Le récit rend hommage à un grand sportif du début du XXème siècle malheureusement passé dans l'oubli.
Battling Siki, tel est son surnom dans le monde de la boxe, va tout gagner sur les rings malgré son style peu académique. Il se verra alors déstabilisé par tous les moyens possibles afin de lui faire perdre sa ceinture. Le racisme omniprésent dans cette histoire, était ancré dans la société occidentale. C'est difficile de comprendre les réactions absurdes de l'époque et encore moins les justificatifs...
Les auteurs ont su se documenter et retracer la vie de Battling Siki de sa naissance à sa mort tragique. La narration est excellente mais le final m'a paru un peu brouillon.
Graphiquement, ce one shot est un régal. Le style tout en crayonné marron s'associe à merveille avec le récit.
Cette BD dégage une ambiance personnelle, limite rétro. La lecture est réellement plaisante et aisée.
Un vrai petit coup de coeur pour cette BD sortant des sentiers battus.
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Pourquoi j'ai tué Pierre
Putain, ça calme ce genre d’album ! J’ai d’ailleurs assez difficile à rédiger un avis sur cette BD… Étant confronté aux faits de mœurs de par ma profession, il me tardait de découvrir cet essentiel d’Angoulême traitant, pour le moins, d’un sujet délicat. Je dirais que j’ai été charmé par la simplicité, la sincérité et l’intelligence du récit. Malgré la démarche d’exutoire recherchée par l’auteur, que nul ne peut d’ailleurs juger, ce dernier ne fait pas l’erreur de tomber dans le blâme facile et inintéressant. Si le sujet a été rapidement trouvé, je pense qu’il n’en a pas été de même de la conception de l’album. Pendant que j’écris ces quelques lignes, je songe encore aux vingt dernières pages… J’avais également été conquis par l’album Je mourrai pas gibier d’Alfred et je retrouve ici le même trait. Un trait qui peut paraître simple, voire brouillon, mais se révèle être finalement très dynamique et expressif. Le dessin, les couleurs et la mise en page étayent à merveille tous les états d’esprit par lesquels passe la lecture. Le ton peut passer du léger au dramatique, tout comme dans l’autre série citée, et le lecteur s’en retrouve encore plus retourné. Je conseille donc vivement cet album. Le sujet abordé n’est pas là pour créer un mélodrame commercial débile, mais sans doute pour permettre à l’auteur de raconter l’irracontable, et peut-être, en tout cas je lui souhaite, tenter d’évacuer quelques vieux démons… Une grosse claque dans la gueule, je n’ai rien à dire de plus !
Gaza 1956 - En marge de l'histoire
Je n'abonderai pas dans la dithyrambe, Alix a vraiment saisi toute l'importance que représente un tel ouvrage. Je me contenterai de faire plus court. Joe Sacco, depuis de nombreuses années, est un auteur qui s'attache à débusquer les petites histoires dans l'Histoire et en particulier l'Histoire récente. Ses investigations en Ex-Yougoslavie et au Proche-Orient représentent certaines des plus belles pages de la bande dessinée "documentaire", et son oeuvre est connue au-delà du simple lectorat BD. Avec ce "Gaza 1956" il va encore plus loin dans son enquête, s'attachant à une suite d'évènements que l'Histoire a déjà oubliée, deux massacres ayant eu lieu à Gaza il y a déjà plus de 50 ans, mais qui restent toutefois d'une cruelle actualité dans cette région... Personne ne saura contester le sérieux du travail de Sacco, son obstination à vouloir recueillir, compiler, recouper, ordonner et synthétiser les nombreux témoignages. C'est une oeuvre de mémoire, une référence en matière d'enquête ; mais l'auteur se définit lui-même plus comme un auteur de BD qu'un journaliste. L'investigation n'est en fait que sa manière de procéder pour construire ses histoires. Et c'est cette honnêteté qui rajoute une valeur inestimable à son travail. Ca et son découpage très dynamique ; j'ai particulièrement aimé, par exemple, sa façon de placer certains dialogues pour montrer le côté haché de la séquence. On s'y croirait vraiment. Je ne saurais parler en détail de cette oeuvre sans devenir pédant et chiant, du coup je vous invite simplement à lire "Gaza 1956, en marge de l'histoire", mais en prenant votre temps.
Donjon Zenith
Comment allier fantasy, absurde, aventure, suspense, valeurs et défaillances humaines, cruauté, humour et dérisoire ? Il suffit de deux talentueux auteurs, Sfar et Tronhdeim, joli duo à l'imagination débordante et hallucinante qui nous offrent ici une œuvre culte et indispensable que l'on doit absolument lire avant de trépasser. Les éloges ne tarissent pas autour de cette série tant le monde créé est d'une richesse absolue, la variété des situations, l'originalité et la profusion des personnages la rendent totalement unique. Par ailleurs, chaque relecture apporte un émerveillement supplémentaire, on s'introduit dans un univers que l'on ne veut plus quitter et que l'on voudrait sans fin. On en arrive à souhaiter que les auteurs arrêtent toutes leurs autres séries en cours pour ne faire que du Donjon… voilà un rêve fou et ô combien cruel. A quand le jeu vidéo, le film d'animation, le placardage de tous les personnages sur tous les murs de toutes les villes de France ? A quand les costumes et les masques avec lesquels on pourra incarner l'un des multiples personnages qui font vivre cette histoire ? Petit mot de fin Je passe ma note de culte à 4/5 car malgré sa grande richesse, cette série reste intrinsèquement inachevée. Par série j'entends absolument TOUS les donjons, car les différencier n'a pas de sens à mes yeux, même les Donjon monsters et ses histoires au tome par tome. Bref, ça laisse un goût amère qui aura du mal à passer, car la relecture sera très frustrante sachant tout que qu'on ne saura jamais.
Block 109
Tout les ans, certains livres se détachent par rapport aux autres dans le flot des sorties. L'an passé mes coups de coeur se sont portés sur Jolies ténèbres et Blast et cette année Block 109 sort véritablement du lot. Je guettais sa sortie depuis un moment, intrigués par les previews découverts ici ou là. En outre, la maison d'édition "Akileos" a le chic de dénicher, par le passé, des petites pépites. Revenons à "Block 109", une uchronie parfaitement maitrisée par un scénario impeccable et implacable. Même si j'ai dû m'y reprendre à deux reprises pour les premières pages, je n'ai plus lâché ce bouquin ensuite. Pas mal d'intrigues et de personnages rythment en effet le récit et il faut être attentif aux uniformes pour ne pas mélanger russes et allemands. Fort bien documenté sur la seconde guerre mondiale, Vincent Brugeas sait (ré)utiliser les personnages clefs de ce conflit (notamment en se servant d'un Heydrich décidemment à l'honneur avec la sortie du roman "H.H.H.H" de Laurent Binet). Ce one shot bénéficie en outre d'un dessin proche du crayonné, ce qui me plait beaucoup. Cette aventure possède à la fois les avantages du one shot (une histoire bouclée en 200 pages) et ses inconvénients (on aimerait en savoir plus sur "Paul"). Je pensais qu'annoncer d'emblée les effets dévastateurs du Virus allait tuer l'intérêt de l'histoire mais c'était sans compter les complots qui sont sous-jacents à l'histoire. Certes quelques fautes d'orthographe, dues à une relecture rapide m'ont confié récemment les auteurs, émaillent l'histoire mais cela ne gène pas. Les 5000 exemplaires sont d'ores et déjà épuisés et une réedition (sans les fautes d'orthographe) est actuellement en cours. A lire absolument.
Donjon Monsters
Outre ses trois cycles principaux que sont Potron Minet (la génèse), Zénith (l'apogée) et Crépuscule (le déclin), la passionnante série fleuve Donjon s'entiche d'une série annexe qui la rend encore plus complète et indispensable. Concrètement chaque album peut être lu comme un One-Shot sur un personnage en particulier couvrant l'une ou l'autre période. Contrairement aux séries principales, il n'y a donc pas de suite logique ni d'ordre préétabli. D'ailleurs pour ce faire, nos magiciens farceurs, Sfar et Trondheim, se permettent une liberté encore plus grande sur le choix du dessinateur d'où une très grande variété de styles et de traits différents comme Blutch, Killofer ou Carlos Nine par exemple qui apportent leur talent respectif tout en restant dans la convention Donjon mais en bouleversant certains codes narratifs (voir Crève-coeur ou Des Soldats d'Honneur). Mais l'idée absolument géniale, que dis-je, cet instinct de génie qui porte l'ensemble de la série Donjon aux plus hautes strates, c'est que chaque album se lit peut aussi se lire par niveau et couvrir certaines zones d'ombre des séries principales comme Mon fils le Tueur et Crève-Coeur pour Potron-Minet. D'ailleurs chaque ouvrage porte une numérotation de niveau permettant de savoir où l'insérer dans les autres séries. Et de plus c'est toujours aussi drôle et crédible, je me surprends toujours à me demander comment une série qui met en scène des lapins et des canards dans un pastiche d'Heroïc Fantasy peut devenir aussi cruelle, réaliste, émouvante et ô combien terriblement humaine. Mettre en scène des personnages purement secondaires ou fantasmés dans une aventure qui leur est propre, met en avant leurs origines ou tout simplement éclaire leur véritable rôle au sein même de la trame principale tout en gardant un esprit aussi ludique (chaque livre est un one-shot rappelons le) est un tour de force unique que je plébiscite vivement ! Et les auteurs ne s'y sont pas trompés étant donné que la série Donjon Monsters est à ce jour la plus prolifique de leur œuvre, preuve de leur intérêt et de leur amour pour la liberté et la bouffée d'air frais qu'elle leur apporte... Passionnant et indispensable !
V pour Vendetta
3.5/5 Encore une réussite signée Alan Moore ! Au début, j'avais un peu peur de lire ce one-shot à cause des critiques sur le dessin et aussi parce que je trouvais que le thème avait déjà été assez exploité par d'autres. Mais ma curiosité était plus forte et j'ai bien fait. Je ne vois pas en quoi le dessin est moche. J'aime beaucoup les couleurs qui ont été utilisées. Je trouve que ça donne une atmosphère particulière à l'histoire. Comme c'est souvent le cas avec Moore, la narration et le découpage sont les points forts du récit. C'est tout simplement remarquable. J'aime surtout lorsque ce génial scénariste fouille la psychologie des personnages. Leurs motivations sont bien montrées et je les comprends parfaitement, même ceux qui sont abominables. Le thème de la liberté et très bien exploité et le mystérieux V est un personnage charismatique et intéressant. Seul ombre au tableau : Evey. Je trouve que les passages qui la mettent en vedette sont sans intérêt. J'ai l'impression que les auteurs veulent tellement qu'on s'attache à elle que ça a eu un effet contraire sur moi...
La Grande Epopée de Picsou (La Jeunesse de Picsou)
Après maintes et maintes (re)lectures, et lectures d’autres BD de Picsou par d’autres dessinateurs de Disney, je peux le dire : Cette BD est un chef d’œuvre. Alors, "La jeunesse de Picsou", Picsou étant le personnage ultra attachant et charismatique que beaucoup connaissent pour avoir lu ces histoires dans "Le journal de Mickey" ou "Picsou Magazine". Don Rosa nous offre 12 chapitres des débuts de Picsou et de sa fortune. Don Rosa c’est beaucoup documenté pour dessiner ces aventures, il c’est inspiré principalement de BD de Barks : et ça se ressent. Le scénario, outre le faite qu’il est très « réaliste », il est très bien construit et cohérent. La narration est très fluide. "La jeunesse de Picsou" est très agréable à lire. Au niveau du dessin, Don Rosa est le meilleur dessinateur de BD chez Disney. J’adore son trait hyper détaillé. Les décors, les personnages, les sentiments ressentis, les gags, les références historiques, les couleurs : tout est réussi et maîtrisé. Pour tous les fans de l’oncle grigou et acariâtre : UN MUST.
Blanco (Le Chien Blanco)
Tomes 1 et 2 : Blanco est la réédition des deux tomes du Chien Blanco parus en 96 et 97 chez nous. Il est (enfin) possible de découvrir cette œuvre, ma préférée de Taniguchi, dans une version non massacrée. Rappelez-vous... les pages étaient inversées (mais des fois non), le papier jauni n'était pas de très bonne qualité, et les couvertures en carton trop fin rendaient l'objet très fragile. Désormais, tout est nickel avec cette nouvelle édition chez Casterman/Sakka. Comme je le disais, c'est à mes yeux la meilleure œuvre de l'auteur, souvent boudée sur les forums parce que c'est de la vraie aventure et pas du simple contemplatif comme l'auteur en fait (trop AMHA) souvent. À noter une fin particulièrement bien mise en scène et très chargée en émotions. Y'a pas à dire, à mes yeux, c'est dans ce genre d'histoire que le talent de Taniguchi se révèle vraiment (ou encore plus, c'est selon). Tome 3 et 4 (2010) : Cette suite sur la descendance de Blanco est dans la droite lignée de la première série, partagée entre action et émotions. On y retrouve toujours les mêmes politiciens, le même programme militaire, et deux chiens aux capacités exceptionnelles au lieu d'un seul. Une course poursuite spectaculaire, toujours aussi haletante. Une œuvre énorme, tout simplement. Ce nouveau cycle me conforte dans l'idée que Taniguchi a un talent fou, et pas uniquement pour les histoires intimistes, loin de là. Ce manga d'action très violent, centré sur la nature, en est le parangon.
Stratos
Ouhaou ! Quel coup de crayon ! Dès la première page, on sent que c'est du sérieux. Ca fleure le délicieusement noir, ça sent la misère et la fatalité, ça vous capte tout de suite. Puis très vite, on pige que finalement ce sera quelques histoires courtes (trop ?!), cohérentes à la manière d'un SOS Bonheur. Sur la forme, ça rappelle un peu les Idées Noires de Franquin en ce sens que le sujet est très noir, mais le dessin reste très caricatural. Si bien que ce n'est jamais "réaliste". C'est même parfois drôle. Superbe BD pour moi, j'aurais cependant aimé en avoir beaucoup plus tant le dessin est talentueux et tant le contenu est si bien amené.
Championzé - Une histoire de Battling Siki
Une notation dans la moyenne des autres productions Futuropolis. Elle est amplement méritée. Le récit rend hommage à un grand sportif du début du XXème siècle malheureusement passé dans l'oubli. Battling Siki, tel est son surnom dans le monde de la boxe, va tout gagner sur les rings malgré son style peu académique. Il se verra alors déstabilisé par tous les moyens possibles afin de lui faire perdre sa ceinture. Le racisme omniprésent dans cette histoire, était ancré dans la société occidentale. C'est difficile de comprendre les réactions absurdes de l'époque et encore moins les justificatifs... Les auteurs ont su se documenter et retracer la vie de Battling Siki de sa naissance à sa mort tragique. La narration est excellente mais le final m'a paru un peu brouillon. Graphiquement, ce one shot est un régal. Le style tout en crayonné marron s'associe à merveille avec le récit. Cette BD dégage une ambiance personnelle, limite rétro. La lecture est réellement plaisante et aisée. Un vrai petit coup de coeur pour cette BD sortant des sentiers battus.