Quel plaisir de relire du « Enfin Libre ». Si vous ne connaissez pas encore les deux talentueux auteurs qui se cachent derrière ce mystérieux pseudo, je vous invite à découvrir leurs albums Le Fluink et La Rumeur (des perles d’originalité), et notre chouette interview réalisée en 2008, où ils nous parlaient d’ailleurs déjà du « Songe de Siwel ».
Un nouvel album très onirique et poétique, qui nous prend par la main et nous emmène vers des aventures un peu loufoques, rendant au passage hommage à des grosses pointures de la littérature (Shakespeare, Dumas, Stevenson). Je ne suis pas très calé en littérature classique, et de nombreuses références ont du me passer au-dessus de la tête, mais ça n’a pas gâché mon plaisir pour autant (surtout qu’un petit dossier en fin d’album éclaire un peu les incultes dans mon genre). A noter aussi un clin d’œil à un auteur beaucoup récent ;)
J’ai trouvé la fin très belle... mais je n’en dis pas plus !
Le dessin est absolument magnifique. « Enfin Libre » nous avaient habités au noir et blanc dans leurs BDs précédentes (ce qui n’est pas un reproche !), quelle surprise donc de découvrir des couleurs aquarelles du plus bel effet, qui siéent parfaitement à l’histoire et permettent de nombreux changements d’ambiance d’un chapitre à l’autre. Je vous ai mis pleins d’images dans la galerie pour que vous puissiez vous faire une idée.
Voilà, un coup de cœur bien mérité pour un album rempli de poésie et bourré de clins d’oeil en tout genre, que je vous invite à découvrir urgemment !
Alpha ..
Il s'agit bien de remonter à l'origine, au tout début, au big bang.
Directions ...
Et de nous expliquer comment on en est arrivé là, et par où il a fallu passer.
La magie d'Alpha, c'est d'abord l'ambition du projet donc : 3 tomes prévus, il me semble, pour retracer tout l'Histoire, il s'agit d'une genèse. :o
Ce qui est admirable dans Alpha au delà du graphisme, c'est la facilité avec laquelle les phénomènes scientifiques sont illustrés, vulgarisés.
Beaucoup de science donc, darwinisme oblige, mais l'auteur n'est pas là pour défendre une thèse. Il tire simplement le fil conducteur et c'est peu à peu tous les chapitres de notre histoire qui prennent forme.
Le plus étonnant est sa capacité à unifier le discours scientifique, mais aussi les approches culturelles, religieuses etc...
Au final c'est une Genèse graphique, presque muette.
Un chef d'œuvre de narration.
Au moment du festival d'Angoulême 2009, j'avais suivi la parution de ce blog BD en ligne et j'avais adoré. L'idée de base était osée : inviter une trentaine d'auteurs de BD, des très connus à des beaucoup plus discrets, à se mettre en scène, eux-mêmes ou leurs personnages, dans une maison close et de les laisser improviser tous ensemble.
A la base, les filles devaient jouer les "femmes de joie" proposées par la maison close, tandis que les hommes devaient être les clients, les organisateurs en ce qui concerne Ruppert et Mulot ou encore le service de sécurité dans le cas précis de Trondheim. Au final, chacun a tourné les faits à sa sauce, les femmes acceptant bien rarement de prendre le rôle de femmes soumises ou "à louer".
Le résultat est vraiment frais et novateur. Les styles de chaque auteur forment un étonnant cocktail où chacun apporte sa patte et son ambiance bien reconnaissable et en même temps en mesure de se fondre dans les univers des autres.
Les décors sont de Ruppert et Mulot, dessinés dans leur style semi-réaliste : la rue, la porte d'entrée, la façade, le hall, la salle d'attente, le bar, l'escalier, le couloir, la chambre, etc...
Chaque invité met ensuite en scène, avec son propre style graphique, son personnage sur la base de ces décors. Il est ainsi amusant de voir se côtoyer la caricature animale de Trondheim, le personnage ultra-soigné de Killofer, le trait plus manga de Boulet ou encore les ours à l'encrage épais de Nadja. Certains auteurs jouent d'ailleurs précisément sur ces différences de styles comme Killofer qui a bien du mal à... faire l'amour au personnage de nounours enfantin d'Anouk Ricard.
Le récit se structure en sections où se regroupent un nombre limité d'auteurs qui vont initier ensemble de petites aventures individuelles, en couple, en trio ou avec l'intervention d'autres auteurs/personnages qui évoluent d'une "section" à une "autre". Les relations entre ces sections sont nombreuses et il faudra les avoir toutes lues pour bien comprendre l'ensemble des évènements transverses qui ont lieu dans chacune d'entre elles.
J'ai trouvé l'exercice excellent et surtout très drôle.
On sent l'imagination à l'oeuvre chez chacun de ces auteurs.
Imagination pour se représenter spirituellement dans ce décor de maison close, avec les implications morales que ça implique, entre ceux qui assument totalement, ceux qui n'osent pas y aller, ceux qui veulent en profiter, ceux qui viennent là par curiosité ou font semblant, etc...
Mais aussi imagination pour mettre en scène des histoires souvent improvisées où les idées des uns répondent aux idées des autres et où les univers des uns se mélangent à ceux des autres. Certains en profitent d'ailleurs pour tâtonner la voie des fantasmes sexuels que le thème de la maison close et du mélange de personnages masculins et féminins ne manque pas d'entraîner.
La structure en matrice avec sections linéaires et interactions transverses donne une grande profondeur à la narration et permet de mettre en place des récits multiples et interactifs.
Et surtout, il y a beaucoup d'humour. J'ai régulièrement ri de bon coeur, la drôlerie des uns répondant à la finesse des autres tandis qu'on sent une grande complicité entre les auteurs.
Cette expérience de BD en ligne venant d'être éditée en albums, j'avais quelque appréhension. Les récits sont en effet parus sur la page web avec une mise en page toute en hauteur, les images se lisant de haut en bas avec parfois près de 200 cases d'affilée pour une unique section narrative. Comment mettre cela en page dans un album papier ?
L'éditeur a fait le choix de présenter de 5 à 9 "cases" par planche, dans un grand format carré. La taille des cases varie parfois, certaines plus importantes étant présentées à une taille supérieure aux autres pour plus d'impact. Ce type de mise en page n'est pas toujours idéal pour la fluidité de la lecture mais cela se révèle un très bon compromis et permet de retrouver sur papier ce qu'on avait pu découvrir en ligne. Le plaisir de lecture est vraiment retrouvé avec en plus la joie d'avoir ce récit multiple "immortalisé" dans un bel album.
Marc Malès est un auteur que j'aime beaucoup. Depuis qu'il travaille seul au scénario comme au dessin, il nous offre véritablement des chefs d'oeuvre à la hauteur de son talent. Des titres comme L'Autre Laideur l'Autre Folie ou encore Katharine Cornwell m'ont séduit au plus haut point. "Sous son regard" ne déroge pas à la règle. Nous avons là un auteur d'exception.
Cela sera une lecture difficile pour le grand public un peu à la manière de From Hell. De cette pénibilité et perséverance, vous découvrirez l'âme d'une bd au travers d'un album oppressant. Il s'agit ni plus ni moins que d'un thriller psychologique qui oppose un flic à un ancien braqueur.
Il n'y aura pas beaucoup d'action pour les amateurs du genre. C'est plutôt une véritable plongée dans l'âme humaine. Où se situe le bien ? Où se situe le mal ? Chez le policier qui a résolu une enquête difficile qui revient le hanter obstinément ? Où chez le meurtrier en quête d'une rédemption une bible à la main et une épouse charmante de l'autre ? On va s'interroger au fil des pages.
Il n'existe pas beaucoup de bd qui à partir de très peu d'éléments peuvent nous offrir une telle variation de richesse. On est emporté par l'ingéniosité du scénario, la maîtrise de la narration, des personnages charismatiques, les cadrages sublimes ainsi que le dessin en noir et blanc aux encrages contrastés. Mais quel bijou, mes amis ! J'hésite encore à choisir entre une montée en puissance ou une véritable descente aux enfers. C'est un véritable coup de foudre. Dieu qu'il est bon d'être ainsi foudroyé !
Inconditionnel de Crisse, "Ghost Town" a été une belle surprise et une découverte.
De l'humour noir, très noir et le dessin de Crisse qui retranscrit à merveille cette sensation, ce n'est que du bonheur.
Le format à l'italienne, broché, en fait un objet très sympathique, d'ailleurs, l'initiative est plutôt intéressante puisque l'on découvre l'auteur en dehors du cercle "commercial".
On ne s'en lasse pas... Si vous aimez Crisse, n'hésitez pas !
Poussé par les rumeurs qui circulent sur le t.2, je me fends d'un avis sur le tome 1.
Lire une bd de Vicomte, c'est être littéralement happé par son imaginaire et sa poésie, c'est ouvrir une porte sur le rêve et la sensualité. Chez Vicomte, jamais les êtres de papiers n'ont été aussi sensuels. Stan, attiré par une femme au regard magnétique, délaisse la très jolie Bertille et nous entraîne dans un univers éblouissant. Les dessins séduisent, envoûtent, bref on tourne les pages, absorbé, captivé par la beauté des personnages, par le souci du détail vestimentaire (Ah les robes du XIXème) et la finesse de l'histoire. Selon le principe bien connu de Balade au bout du monde, deux mondes s'interpénètrent, celui du 19ème, plus lent, plus contemplatif, tout en retenu mais toujours au bord de l'explosion et le 20ème siècle et sa vie trépidante, ses embouteillages et ses soirées festives.
La fin du tome 1 explique que de nombreux lecteurs attendent depuis plus de 10 ans la parution du tome 2. J'ose espérer que ce tome sortira un jour. Mais même inachevée, cette bd est pour moi magnifique. Et je préfère cent fois l'avoir dans ma bibliothèque qu'une série entière mais complètement creuse.
Il me semble que L. Vicomte est un véritable touche à tout, créateur de bijoux, réalisateur de pubs... J'espère simplement que l'auteur de Sasmira nous permettra de prolonger le rêve.
Bon ben j'ai eu du mal à le trouver ce bouquin, j'avais vu des extraits et ça me rendait curieuse, mais du coup mon libraire n'en avait pas, il parait qu'il est en rupture de stock ?!!
J'ai été vraiment très agréablement surprise par cette série.
J'aurais tendance à ne pas vraiment aimer les histoires de croisades, de valeureux guerriers du Moyen Age, tout ça, tout ça. En revanche, j'adore la science fiction.
Je trouve que c'était idéal de faire entrer les sciences occultes dans un univers historique.
Niveau scénario je m'y retrouve totalement, l'action est menée de façon haletante et on s'attache aux personnages. J'aime beaucoup les pages de work in progress à la fin ! On entre bien dans l'histoire du bouquin !
J'ai vu que Izu a publié un manga chez les humanos, ça se sent dans la BD, la division par chapitres, les bonus à la fin... je crois qu'il a eu la bonne idée de prendre le meilleur des deux styles de bd.
Le dessin change, il est dur et violent, parfois doux, enfin c'est difficile à décrire. Je trouve que les hachures apportent de la matière et nécessairement de noirceur pour rendre le récit crédible. C'est vraiment autre chose, et ça fait du bien de voir un dessinateur avec un style propre.
Ah oui lol, et l'image finale me rend hystérique ! WTF ! J'y comprends plus rien j'ai trop hâte de voir la suite !!!
Franchement bien !
Ce qui est agréable c'est la maitrise du dessin et la beauté de l'édition qui lui rend bien.
Alors oui les histoires sont très courtes, et se finissent souvent sans véritable chute, mais le but n'était pas de faire des gags ou des morales systématiques.
On a plutôt affaire a des idées, des concepts, dont l'auteur tire le fil pendant quelques pages, puis s'arrête, pour passer à autre chose.
C'est à la fois magique ...
car il y a chez Otomo une facilité à produire en 2 pages un univers de qualité, tant au niveau du dessin que du concept.
C'est aussi un peu frustrant c'est vrai, car certaines histoires pourraient aisément être le début d'un ouvrage complet.
Il y a du Moebius enfin dans cet ouvrage dans le sens ou l'on sent une écriture spontanée mais dont la magie est d'être crédible comme une idée réfléchie et scénarisée.
C'est fort donc, et c'est du bel Otomo.
Matsumoto il faut aimer, moi j'adore ...
Ping Pong c'est 5 tomes pour passer à travers 5 personnages sur fond de ping pong bien sur !!!
... mais aussi de compétition entre les écoles, de techniques, de caractères, de tournois.
Le ping pong, comme la raquette, porte une dualité chère à Matsumoto (rappelez vous les 2 gamins d'Amer Béton ?!).
Cette dualité se retrouve chez les hommes qui le pratiquent : il y a les attaquants, les défenseurs... les gagnants, les perdants.
Cette BD reste un beau parcours initiatique où chacun va se révéler. Comme si les hommes avaient toujours un envers et un endroit, un côté pile, un côté face.
Le parcours, le combat, l'épreuve, agit comme un révélateur, et chacun va au bout de sa démarche et devenir quelqu'un, ou plutôt enfin devenir soi même.
Comme tout Matsumoto cette BD a quelque chose de magique, on est happé par l'univers graphique et plongé dans la dynamique des matchs. Matsumoto pousse les perspective à l'extrème et on a enfin un sujet capable d'exploiter la puissance de son dessin.
La narration est très intense. Le papier de l'édition est superbe.
A relire sans doute, pour y voir encore plus clair.
Ce Ping Pong a tout du coup de coeur. Il est méconnu et très attachant
Monumentale, cette nouvelle oeuvre de Sfar, Gainsbourg (hors champ). Non seulement par le nombre de pages (plus de 450), mais surtout par la beauté des planches. Joann Sfar revient une nouvelle fois à l'aquarelle (inaugurée avec "la Java Bleue"). D'ailleurs, je ne suis guère étonné que Sfar aborde la vie du chanteur à la fois au cinéma et en bande dessinée car Pascin, avait parfois des airs de Gainsbourg sur certaines planches.
Je n'ai pas suivi les conseils de l'auteur prodigués dans sa longue préface (ou dans les journaux, je ne sais plus) et j'ai donc lu son livre avant d'avoir découvert le film.
Ici, je retrouve le Sfar que je préfère, beaucoup plus proche de l'univers des carnets (parus chez Delcourt et à l'Association), que de ses récentes parutions.
Cet album n'est ni une biographie, ni un carnet sur le tournage du film mais un mélange très réussi des deux.
Paraphrasant Balzac à propos du "Rouge et le Noir", je dirai que Joann Sfar a fait un livre où le sublime éclate de pages en pages.
Particulièrement réussis les portraits de Juliette Gréco, de Bardot ou encore de Jane Birkin et de toutes les femmes rencontrées par Gainsbourg.
Un livre assez long à lire mais très beau à contempler.
Son film est parait-il un conte mais certainement pas un conte pour enfants car Sfar se livre à quelques dessins que l'on pourrait qualifier d'osés voire pornographiques et rejoint là, l'univers de Pascin (oeuvre évidemment à découvrir pour ceux qui ne l'aurait pas encore lue car on y retrouve le monde de la peinture, cher à Gainsbourg, et une vie de débauche)
Vous l'avez compris ce GainsSfar est une petite merveille, entre la bd et le livre que l'on ouvre comme ça, à n'importe quelle page pour admirer un dessin, un tableau...
Une réussite totale.
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Le Songe de Siwel
Quel plaisir de relire du « Enfin Libre ». Si vous ne connaissez pas encore les deux talentueux auteurs qui se cachent derrière ce mystérieux pseudo, je vous invite à découvrir leurs albums Le Fluink et La Rumeur (des perles d’originalité), et notre chouette interview réalisée en 2008, où ils nous parlaient d’ailleurs déjà du « Songe de Siwel ». Un nouvel album très onirique et poétique, qui nous prend par la main et nous emmène vers des aventures un peu loufoques, rendant au passage hommage à des grosses pointures de la littérature (Shakespeare, Dumas, Stevenson). Je ne suis pas très calé en littérature classique, et de nombreuses références ont du me passer au-dessus de la tête, mais ça n’a pas gâché mon plaisir pour autant (surtout qu’un petit dossier en fin d’album éclaire un peu les incultes dans mon genre). A noter aussi un clin d’œil à un auteur beaucoup récent ;) J’ai trouvé la fin très belle... mais je n’en dis pas plus ! Le dessin est absolument magnifique. « Enfin Libre » nous avaient habités au noir et blanc dans leurs BDs précédentes (ce qui n’est pas un reproche !), quelle surprise donc de découvrir des couleurs aquarelles du plus bel effet, qui siéent parfaitement à l’histoire et permettent de nombreux changements d’ambiance d’un chapitre à l’autre. Je vous ai mis pleins d’images dans la galerie pour que vous puissiez vous faire une idée. Voilà, un coup de cœur bien mérité pour un album rempli de poésie et bourré de clins d’oeil en tout genre, que je vous invite à découvrir urgemment !
Alpha... directions / Beta... civilisations
Alpha .. Il s'agit bien de remonter à l'origine, au tout début, au big bang. Directions ... Et de nous expliquer comment on en est arrivé là, et par où il a fallu passer. La magie d'Alpha, c'est d'abord l'ambition du projet donc : 3 tomes prévus, il me semble, pour retracer tout l'Histoire, il s'agit d'une genèse. :o Ce qui est admirable dans Alpha au delà du graphisme, c'est la facilité avec laquelle les phénomènes scientifiques sont illustrés, vulgarisés. Beaucoup de science donc, darwinisme oblige, mais l'auteur n'est pas là pour défendre une thèse. Il tire simplement le fil conducteur et c'est peu à peu tous les chapitres de notre histoire qui prennent forme. Le plus étonnant est sa capacité à unifier le discours scientifique, mais aussi les approches culturelles, religieuses etc... Au final c'est une Genèse graphique, presque muette. Un chef d'œuvre de narration.
La Maison Close
Au moment du festival d'Angoulême 2009, j'avais suivi la parution de ce blog BD en ligne et j'avais adoré. L'idée de base était osée : inviter une trentaine d'auteurs de BD, des très connus à des beaucoup plus discrets, à se mettre en scène, eux-mêmes ou leurs personnages, dans une maison close et de les laisser improviser tous ensemble. A la base, les filles devaient jouer les "femmes de joie" proposées par la maison close, tandis que les hommes devaient être les clients, les organisateurs en ce qui concerne Ruppert et Mulot ou encore le service de sécurité dans le cas précis de Trondheim. Au final, chacun a tourné les faits à sa sauce, les femmes acceptant bien rarement de prendre le rôle de femmes soumises ou "à louer". Le résultat est vraiment frais et novateur. Les styles de chaque auteur forment un étonnant cocktail où chacun apporte sa patte et son ambiance bien reconnaissable et en même temps en mesure de se fondre dans les univers des autres. Les décors sont de Ruppert et Mulot, dessinés dans leur style semi-réaliste : la rue, la porte d'entrée, la façade, le hall, la salle d'attente, le bar, l'escalier, le couloir, la chambre, etc... Chaque invité met ensuite en scène, avec son propre style graphique, son personnage sur la base de ces décors. Il est ainsi amusant de voir se côtoyer la caricature animale de Trondheim, le personnage ultra-soigné de Killofer, le trait plus manga de Boulet ou encore les ours à l'encrage épais de Nadja. Certains auteurs jouent d'ailleurs précisément sur ces différences de styles comme Killofer qui a bien du mal à... faire l'amour au personnage de nounours enfantin d'Anouk Ricard. Le récit se structure en sections où se regroupent un nombre limité d'auteurs qui vont initier ensemble de petites aventures individuelles, en couple, en trio ou avec l'intervention d'autres auteurs/personnages qui évoluent d'une "section" à une "autre". Les relations entre ces sections sont nombreuses et il faudra les avoir toutes lues pour bien comprendre l'ensemble des évènements transverses qui ont lieu dans chacune d'entre elles. J'ai trouvé l'exercice excellent et surtout très drôle. On sent l'imagination à l'oeuvre chez chacun de ces auteurs. Imagination pour se représenter spirituellement dans ce décor de maison close, avec les implications morales que ça implique, entre ceux qui assument totalement, ceux qui n'osent pas y aller, ceux qui veulent en profiter, ceux qui viennent là par curiosité ou font semblant, etc... Mais aussi imagination pour mettre en scène des histoires souvent improvisées où les idées des uns répondent aux idées des autres et où les univers des uns se mélangent à ceux des autres. Certains en profitent d'ailleurs pour tâtonner la voie des fantasmes sexuels que le thème de la maison close et du mélange de personnages masculins et féminins ne manque pas d'entraîner. La structure en matrice avec sections linéaires et interactions transverses donne une grande profondeur à la narration et permet de mettre en place des récits multiples et interactifs. Et surtout, il y a beaucoup d'humour. J'ai régulièrement ri de bon coeur, la drôlerie des uns répondant à la finesse des autres tandis qu'on sent une grande complicité entre les auteurs. Cette expérience de BD en ligne venant d'être éditée en albums, j'avais quelque appréhension. Les récits sont en effet parus sur la page web avec une mise en page toute en hauteur, les images se lisant de haut en bas avec parfois près de 200 cases d'affilée pour une unique section narrative. Comment mettre cela en page dans un album papier ? L'éditeur a fait le choix de présenter de 5 à 9 "cases" par planche, dans un grand format carré. La taille des cases varie parfois, certaines plus importantes étant présentées à une taille supérieure aux autres pour plus d'impact. Ce type de mise en page n'est pas toujours idéal pour la fluidité de la lecture mais cela se révèle un très bon compromis et permet de retrouver sur papier ce qu'on avait pu découvrir en ligne. Le plaisir de lecture est vraiment retrouvé avec en plus la joie d'avoir ce récit multiple "immortalisé" dans un bel album.
Sous son regard
Marc Malès est un auteur que j'aime beaucoup. Depuis qu'il travaille seul au scénario comme au dessin, il nous offre véritablement des chefs d'oeuvre à la hauteur de son talent. Des titres comme L'Autre Laideur l'Autre Folie ou encore Katharine Cornwell m'ont séduit au plus haut point. "Sous son regard" ne déroge pas à la règle. Nous avons là un auteur d'exception. Cela sera une lecture difficile pour le grand public un peu à la manière de From Hell. De cette pénibilité et perséverance, vous découvrirez l'âme d'une bd au travers d'un album oppressant. Il s'agit ni plus ni moins que d'un thriller psychologique qui oppose un flic à un ancien braqueur. Il n'y aura pas beaucoup d'action pour les amateurs du genre. C'est plutôt une véritable plongée dans l'âme humaine. Où se situe le bien ? Où se situe le mal ? Chez le policier qui a résolu une enquête difficile qui revient le hanter obstinément ? Où chez le meurtrier en quête d'une rédemption une bible à la main et une épouse charmante de l'autre ? On va s'interroger au fil des pages. Il n'existe pas beaucoup de bd qui à partir de très peu d'éléments peuvent nous offrir une telle variation de richesse. On est emporté par l'ingéniosité du scénario, la maîtrise de la narration, des personnages charismatiques, les cadrages sublimes ainsi que le dessin en noir et blanc aux encrages contrastés. Mais quel bijou, mes amis ! J'hésite encore à choisir entre une montée en puissance ou une véritable descente aux enfers. C'est un véritable coup de foudre. Dieu qu'il est bon d'être ainsi foudroyé !
Ghost Town
Inconditionnel de Crisse, "Ghost Town" a été une belle surprise et une découverte. De l'humour noir, très noir et le dessin de Crisse qui retranscrit à merveille cette sensation, ce n'est que du bonheur. Le format à l'italienne, broché, en fait un objet très sympathique, d'ailleurs, l'initiative est plutôt intéressante puisque l'on découvre l'auteur en dehors du cercle "commercial". On ne s'en lasse pas... Si vous aimez Crisse, n'hésitez pas !
Sasmira
Poussé par les rumeurs qui circulent sur le t.2, je me fends d'un avis sur le tome 1. Lire une bd de Vicomte, c'est être littéralement happé par son imaginaire et sa poésie, c'est ouvrir une porte sur le rêve et la sensualité. Chez Vicomte, jamais les êtres de papiers n'ont été aussi sensuels. Stan, attiré par une femme au regard magnétique, délaisse la très jolie Bertille et nous entraîne dans un univers éblouissant. Les dessins séduisent, envoûtent, bref on tourne les pages, absorbé, captivé par la beauté des personnages, par le souci du détail vestimentaire (Ah les robes du XIXème) et la finesse de l'histoire. Selon le principe bien connu de Balade au bout du monde, deux mondes s'interpénètrent, celui du 19ème, plus lent, plus contemplatif, tout en retenu mais toujours au bord de l'explosion et le 20ème siècle et sa vie trépidante, ses embouteillages et ses soirées festives. La fin du tome 1 explique que de nombreux lecteurs attendent depuis plus de 10 ans la parution du tome 2. J'ose espérer que ce tome sortira un jour. Mais même inachevée, cette bd est pour moi magnifique. Et je préfère cent fois l'avoir dans ma bibliothèque qu'une série entière mais complètement creuse. Il me semble que L. Vicomte est un véritable touche à tout, créateur de bijoux, réalisateur de pubs... J'espère simplement que l'auteur de Sasmira nous permettra de prolonger le rêve.
Crusades
Bon ben j'ai eu du mal à le trouver ce bouquin, j'avais vu des extraits et ça me rendait curieuse, mais du coup mon libraire n'en avait pas, il parait qu'il est en rupture de stock ?!! J'ai été vraiment très agréablement surprise par cette série. J'aurais tendance à ne pas vraiment aimer les histoires de croisades, de valeureux guerriers du Moyen Age, tout ça, tout ça. En revanche, j'adore la science fiction. Je trouve que c'était idéal de faire entrer les sciences occultes dans un univers historique. Niveau scénario je m'y retrouve totalement, l'action est menée de façon haletante et on s'attache aux personnages. J'aime beaucoup les pages de work in progress à la fin ! On entre bien dans l'histoire du bouquin ! J'ai vu que Izu a publié un manga chez les humanos, ça se sent dans la BD, la division par chapitres, les bonus à la fin... je crois qu'il a eu la bonne idée de prendre le meilleur des deux styles de bd. Le dessin change, il est dur et violent, parfois doux, enfin c'est difficile à décrire. Je trouve que les hachures apportent de la matière et nécessairement de noirceur pour rendre le récit crédible. C'est vraiment autre chose, et ça fait du bien de voir un dessinateur avec un style propre. Ah oui lol, et l'image finale me rend hystérique ! WTF ! J'y comprends plus rien j'ai trop hâte de voir la suite !!!
Katsuhiro Otomo Anthology
Franchement bien ! Ce qui est agréable c'est la maitrise du dessin et la beauté de l'édition qui lui rend bien. Alors oui les histoires sont très courtes, et se finissent souvent sans véritable chute, mais le but n'était pas de faire des gags ou des morales systématiques. On a plutôt affaire a des idées, des concepts, dont l'auteur tire le fil pendant quelques pages, puis s'arrête, pour passer à autre chose. C'est à la fois magique ... car il y a chez Otomo une facilité à produire en 2 pages un univers de qualité, tant au niveau du dessin que du concept. C'est aussi un peu frustrant c'est vrai, car certaines histoires pourraient aisément être le début d'un ouvrage complet. Il y a du Moebius enfin dans cet ouvrage dans le sens ou l'on sent une écriture spontanée mais dont la magie est d'être crédible comme une idée réfléchie et scénarisée. C'est fort donc, et c'est du bel Otomo.
Ping Pong
Matsumoto il faut aimer, moi j'adore ... Ping Pong c'est 5 tomes pour passer à travers 5 personnages sur fond de ping pong bien sur !!! ... mais aussi de compétition entre les écoles, de techniques, de caractères, de tournois. Le ping pong, comme la raquette, porte une dualité chère à Matsumoto (rappelez vous les 2 gamins d'Amer Béton ?!). Cette dualité se retrouve chez les hommes qui le pratiquent : il y a les attaquants, les défenseurs... les gagnants, les perdants. Cette BD reste un beau parcours initiatique où chacun va se révéler. Comme si les hommes avaient toujours un envers et un endroit, un côté pile, un côté face. Le parcours, le combat, l'épreuve, agit comme un révélateur, et chacun va au bout de sa démarche et devenir quelqu'un, ou plutôt enfin devenir soi même. Comme tout Matsumoto cette BD a quelque chose de magique, on est happé par l'univers graphique et plongé dans la dynamique des matchs. Matsumoto pousse les perspective à l'extrème et on a enfin un sujet capable d'exploiter la puissance de son dessin. La narration est très intense. Le papier de l'édition est superbe. A relire sans doute, pour y voir encore plus clair. Ce Ping Pong a tout du coup de coeur. Il est méconnu et très attachant
Gainsbourg
Monumentale, cette nouvelle oeuvre de Sfar, Gainsbourg (hors champ). Non seulement par le nombre de pages (plus de 450), mais surtout par la beauté des planches. Joann Sfar revient une nouvelle fois à l'aquarelle (inaugurée avec "la Java Bleue"). D'ailleurs, je ne suis guère étonné que Sfar aborde la vie du chanteur à la fois au cinéma et en bande dessinée car Pascin, avait parfois des airs de Gainsbourg sur certaines planches. Je n'ai pas suivi les conseils de l'auteur prodigués dans sa longue préface (ou dans les journaux, je ne sais plus) et j'ai donc lu son livre avant d'avoir découvert le film. Ici, je retrouve le Sfar que je préfère, beaucoup plus proche de l'univers des carnets (parus chez Delcourt et à l'Association), que de ses récentes parutions. Cet album n'est ni une biographie, ni un carnet sur le tournage du film mais un mélange très réussi des deux. Paraphrasant Balzac à propos du "Rouge et le Noir", je dirai que Joann Sfar a fait un livre où le sublime éclate de pages en pages. Particulièrement réussis les portraits de Juliette Gréco, de Bardot ou encore de Jane Birkin et de toutes les femmes rencontrées par Gainsbourg. Un livre assez long à lire mais très beau à contempler. Son film est parait-il un conte mais certainement pas un conte pour enfants car Sfar se livre à quelques dessins que l'on pourrait qualifier d'osés voire pornographiques et rejoint là, l'univers de Pascin (oeuvre évidemment à découvrir pour ceux qui ne l'aurait pas encore lue car on y retrouve le monde de la peinture, cher à Gainsbourg, et une vie de débauche) Vous l'avez compris ce GainsSfar est une petite merveille, entre la bd et le livre que l'on ouvre comme ça, à n'importe quelle page pour admirer un dessin, un tableau... Une réussite totale.