Tome Tome 1 :
J’ai longuement hésité avant d'acheter cet album.
Pourquoi ?
Pour deux raisons:
- c'était signé Gibrat mais le dessin n'était pas de lui (or j'adore le dessin de Gibrat)
- c'était signé Durieux et le dessin de Durieux me rebutait un peu.
Finalement, au vu des critiques lues dans divers magazines, j'ai sauté le pas et j'ai acquis ce premier opus, qui, au demeurant, peut se lire comme un one shot.
Autant le thème principal peut rapidement tomber vers la tragédie (un homme perd son boulot du jour au lendemain), autant Gibrat a choisit une voie complètement différente, en tournant en dérision cette situation, qui nous arrache, en passant, de nombreux sourires. Pas de larmes, pas de rires non plus mais une vision satirique et féroce du chômage, de la déchéance d'un homme, qui, paradoxalement, nous fait du bien, beaucoup de bien et nous émeut, en cette période où la morosité semble dominer.
Loin du dessin réaliste de Gibrat, le trait de Durieux oscille entre la caricature et le dessin de presse, avec un coup de crayon toujours vif, ce qui évite à l'histoire de tomber dans le côté patho... bref Gibrat, finalement, a fait le bon choix en confiant les pinceaux à Christian Durieux.
On sent une immense tendresse des deux auteurs dans les personnages... tendresse oui, c'est le maître mot que je retiens de la lecture de ce livre.
Tome 2 :
Deuxième et dernier volume consacré à Philippe, un honnête homme.
Pourtant je ne l'attendais pas, cette suite, tant le premier opus se suffisait à lui-même. Alors qu'est-ce que Gibrat et Durieux allaient inventer pour "allonger la sauce" ?
Eh bien, les auteurs ont tout bonnement mis en avant un personnage truculent et bon vivant, "Robert Vitaly", libraire et œnologue convaincu. Ah ! Ces incipit lancés par ce diable d'homme, qui m'ont enchanté, tant ils me rappelaient des souvenirs. Certains incipit restent inoubliables (celui de Vivant Denon est d'une beauté...), d'autres passages (Victor Hugo ou Proust) sont certes classiques mais Robert Vitaly en fait des livres indissociables d'un Sauterne 1989, par exemple.
Car le talent des auteurs réside dans le fait de placer des gens ordinaires dans des situations extraordinaires : Philippe garçon coiffeur dans le TGV ; Robert, libraire atypique ; et Camille, barmaid par hasard.
Même si cette bd n'est pas inoubliable, elle m' a fait passer un agréable moment.
Une petite bouffée d'oxygène.
Bref, un régal.
Plus je relis les albums d'Achille Talon, plus je me rends compte à quel point j'aime cette série. Les personnages sont attachants tellement ils sont pitoyables et l'humour est très bien recherché. Je peux comprendre que certains n'accrochent pas, mais moi j'aime ces longs dialogues qui me font hurler de rire. De plus, le dessin est dynamique et la lecture n'est donc pas alourdie par ces longues bulles.
Pour ce qui est des longues aventures, elles sont inégales. J'aime bien plusieurs d'entre elles, mais certaines sont moyennes voir même médiocres. Le point fort de ses aventures c'est que Greg sait comment inventer des personnages mémorables et des situations hilarantes.
Je trouve cela fascinant (et un peu lugubre, certes) d’imaginer ce que notre vie de tous les jours deviendrait si notre société s’effondrait et sombrait dans le chaos et la guerre civile. J’avais à ce titre beaucoup aimé la série Guerres civiles de Morvan. Mais avec DMZ, le genre atteint des sommets !
Je trouve le background incroyablement riche : Manhattan, zone neutre car militairement imprenable, se situe en plein sur la ligne de front, coincée entre deux factions surarmées et prêtes à tout… une ville dévastée, complètement coupée du monde et où se retrouvent piégés des milliers de civils. Le tome 1, qui nous présente la façon dont ces derniers s’organisent et survivent, est plaisant, mais finalement assez léger au niveau scenario.
Par contre les tomes 2 et 3 passent la vitesse supérieure, et proposent des intrigues complexes et dénonciatrices de tout ce qui fait vomir en temps de guerre : manipulation des medias et de l’opinion public, coups fourrés pour justifier l’utilisation de la force, torture, politiciens pourris par le fric, fanatiques suicidaires, etc… Le 2eme tome m’a vraiment tenu en haleine, quelle histoire ! Le 3eme s’intéresse aux contrats juteux de reconstruction d’après guerre (ce qui n’est pas sans rappeler le conflit en Irak) et à la place de l’ONU dans ce foutoire. Tout un programme !
Les tomes 4, 6 et 7 sont dans la lignée du 3eme (peut-être un poil en retrait, et encore), mais le tome 5 ressemble plutôt au 1er, et regroupe des histoires courtes sur le thème de la survie dans la DMZ... agréable, mais pas vraiment marquant.
Une BD intelligente, cynique, rythmée et bien dessinée… tous les tomes ne sont pas aussi marquants, mais dans l’ensemble, j’adore !
Tome 1 : (histoires courtes)
Tome 2 :
Tome 3 :
Tome 4 :
Tome 5 : (histoires courtes)
Tome 6 :
Tome 7 :
Un album de toute beauté, esthétiquement cohérent et inspiré. J'ai vraiment apprécié l'ambiance qui se dégage de cette histoire. Silencieux, posé voire apaisé, cet album très poétique propose une réflexion sur la solitude que peu de bd peuvent se targuer de présenter. Contrairement à Pol à l'avis tranché sur les rêveurs et la mélancolie, j'ai perçu la progression de cet homme solitaire comme un accomplissement, qui permet de le libérer de la ville et de ses fantômes. Certes, l'histoire ne donne pas la réponse à la question "pourquoi vivre quand il n'y a plus rien ?" mais aucun philosophe n'y a jamais vraiment répondu, et attendre d'une bd qu'elle vous propose sérieusement les réponses aux énigmes de l'univers me semble un peu puéril. ;-)
Je préfère voir dans ce Robinson post moderne qui déambule dans la ville comme dans ses souvenirs une plongée dans notre propre intimité. De quoi serions nous capable en de telles circonstances ? Car, après tout, si une réponse est valable elle est personnelle à chacun. Et c'est bien la qualité de cet album, au delà de la poésie, et de la mélancolie, il nous ramène à notre propre vécu, et nous permet de réfléchir à notre propre réponse. Une lecture que je recommande à tous ceux qui réfléchissent en marchant, et à tous ceux qui se changent les idées en lisant de bonnes bd.
« L’Œil voyeur » c’est un regard sur notre monde, un regard simple, il ne juge pas, il constate, s’interroge, fait des remarques justes et pertinentes.
« L’Œil Voyeur » c’est un hommage à la bd, un petit voyage de planche en planche, case après case, tout en noir et blanc et tout en simplicité.
« L’Œil Voyeur », ce sont des lettres et des mots, des jeux de mots, avec lesquels l’auteur jongle, s’amuse et nous amuse.
« L’Œil Voyeur » c’est aussi de l’absurde, un petit n’importe quoi, un grand fourre-tout, un bordel toutefois bien orquestré, bien rangé, bien pensé.
« L’Œil Voyeur » c’est un voyage, à travers le temps, à travers les pages, une recherche de l’inconnu et un retour aux sources, aux racines, au vital.
« L’Œil Voyeur » est attachant, c’est vous, c’est moi, c’est beaucoup et c’est rien et c’est déjà bien.
Ce qui m'a d'abord frappé en commençant cette série, c'est le dessin, dont je suis devenu fan ! En effet les personnages sont très expressifs et j'ai adoré l'ambiance inquiétante et mystèrieuse qui ressort de ce joli coup de crayon.
Le scénario est lui aussi captivant, bien qu'il fût (à mon avis) légèrement inspiré de celui de Pinocchio (les enfants attirés dans un parc d'attraction qui cache de bien sombres mystères).
Je trouve que l'histoire s'accorde harmonieusement avec les dessins (à moins que ce ne soit l'inverse). En tout cas, on ne s'ennuie pas en lisant cette BD.
En espérant que les talentueux auteurs de cette série la finisse dans la lignée des deux premiers tomes et en fassent d'autres aussi intéressantes !
Je ne poste ce 5/5 que pour faire grimper la note globale en espérant que cela incitera une maximum de monde à lire cette formidable série !
Tout est dit dans les commentaires déjà présents, je ne reviendrais donc pas sur la qualité du dessin, des couleurs, du scénario, du style....
C'est tout simplement une série remarquable dont on regrette presque qu'elle ne soit pas encore au programme scolaire. Pour autant que je sache, la réalité historique est correctement respectée dans les grandes lignes et cela est déjà plus que ce que nos chères têtes blondes sont susceptibles de découvrir au cours d'une scolarité normale. Mais surtout, c'est une série qui de mon point de vue confirme sans équivoque le statut d'Art que revendique avec plus ou moins de bonheur la bande dessinée.
A lire et à faire lire donc, sans la moindre réserve.
Quand j’ai eu le bouquin dans les mains, et que j’ai vu cette couverture, j’ai eu peur. Peur de quitter cette image magnifique, ce petit être tout simple en creux et en relief à la fois, entouré par un grand vide (celui du titre ?) et ces créatures étranges qui semblent l’attendre dans la forêt alentour. Et puis j’avais trop envie de voir ce qu’était cette petite fille aux longs bras, ce reflet seul dans une mare, à qui appartenaient ces pieds géants derrière la futaie… Embarqué dans le TGV d’Alphonse Tabouret, je me suis retrouvé à suivre les aventures de ce personnage naïf, mais si attachant, intelligent mais si seul… Car c’est là le vide d’Alphonse. Il se sent seul, il s’ennuie, il sait à peine qui il est… alors il se promène, il rencontre des gens, qui lui apprennent des choses… ou pas. Il y a des jeux de mots, des situations qui sont vraiment bien trouvés ; j’ai bien aimé par exemple l’histoire du saule pleureur, un fil narratif qui ne se dévoile qu’à sa toute fin ; ou encore un inventaire à la Prévert sur une certaine couleur, véritable trouvaille… Et puis cette langue si particulière à Sibylline, que vous ne pouvez connaître qu’en discutant avec elle, si unique, si déroutante et si jolie…
Le dessin de Jérôme d’Aviau, alias Poipoipanda, vaut à lui seul le détour. Son personnage tout simple, avec ses bras en fils, son visage lunaire et ses yeux minimalistes est d’une poésie rare, que l’on ne retrouve que dans certains albums de Lewis Trondheim, et les personnages qui l’entourent sont également d’une grande efficacité dans leur simplicité. Les décors, s’ils ne sont pas forcément fouillés, ont le mérite d’être aussi vivants que les personnages : l’omniprésence des arbres procure un sentiment de sécurité, mais aussi des possibilités narratives alléchantes. Il y a pas mal de pleines pages, où l’on trouve Alphonse en train de marcher dans la forêt, et il n’y a rien de plus universel.
Il faut aussi associer Capucine à cette belle réussite, puisque son lettrage délicat permet de suivre les dialogues tout à la fois absurdes et redoutables entre Alphonse et les gens qu’il rencontre. Ce livre est chatoyant.
Avant d'aller plus loin, je tiens à préciser que cette note est subjective et personnelle.
J'ai adoré cette lecture mais il ne sera pas de même pour tout le monde. En fait cela dépend de ce que l'on attend d'une BD.
"Omni-Visibilis" est le fruit du travail collaboratif de deux grands auteurs.
Ils font un sans-faute sur ce pavé à l'édition de qualité, similaire à du Futuropolis avec son dos rond.
Le scénario part d'un postulat étrange bien résumé dans l'avis précédent de Ro. La suite est pour moi une merveille, le récit déborde d'ingéniosité, certains gags sont multipliés ou plutôt déclinés avec systématiquement des sourires voir des rires garantis. Les auteurs ne lésinent pas sur l'humour.
J'ai adhéré à l'histoire qui fonctionne bien sans tomber dans la facilité. Les situations sont bien réfléchies, on voit que le sujet a été creusé sérieusement et que le travail de synthèse qui en a découlé est très propre.
Le dessin est la cerise sur le gâteau : il est superbe et le choix de la bichromie le sublime.
Une telle production, j'en redemande tous les jours.
Bravo aux auteurs mais également à Dupuis.
Alors là je dis chapeau bas à Manu Larcenet pour cette œuvre toute en finesse et simplicité. Le combat ordinaire, c’est l’histoire de Marco, un homme ordinaire, avec ses défauts, ses failles, ses complexes, mais aussi ses envies, ses désirs. Marco est un éternel adolescent qui refuse de grandir, et pourtant la vie ne lui laissera pas forcément le choix. Tout au long des quatre tomes, qui couvrent pas loin d’une décennie, on suit son évolution, sa manière d’affronter la vie et les inéluctables changements qui l’accompagnent.
Le dessin, bien que très simple, sert parfaitement l’histoire. Les visages sont expressifs, et les paysages naturels sont réussis. Restent les couleurs qui sont bien choisies, avec un petit plus pour les ombrages des arbres.
J’ai passé en compagnie de Marco un moment très agréable, plein de sourires et d’émotions, et sans un dernier tome que j’ai trouvé un cran en-dessous des précédents (notamment vers la fin, le long monologue qui suit les élections m’a ennuyée), j’aurais mis sans hésiter 5 étoiles.
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Les Gens honnêtes
Tome Tome 1 : J’ai longuement hésité avant d'acheter cet album. Pourquoi ? Pour deux raisons: - c'était signé Gibrat mais le dessin n'était pas de lui (or j'adore le dessin de Gibrat) - c'était signé Durieux et le dessin de Durieux me rebutait un peu. Finalement, au vu des critiques lues dans divers magazines, j'ai sauté le pas et j'ai acquis ce premier opus, qui, au demeurant, peut se lire comme un one shot. Autant le thème principal peut rapidement tomber vers la tragédie (un homme perd son boulot du jour au lendemain), autant Gibrat a choisit une voie complètement différente, en tournant en dérision cette situation, qui nous arrache, en passant, de nombreux sourires. Pas de larmes, pas de rires non plus mais une vision satirique et féroce du chômage, de la déchéance d'un homme, qui, paradoxalement, nous fait du bien, beaucoup de bien et nous émeut, en cette période où la morosité semble dominer. Loin du dessin réaliste de Gibrat, le trait de Durieux oscille entre la caricature et le dessin de presse, avec un coup de crayon toujours vif, ce qui évite à l'histoire de tomber dans le côté patho... bref Gibrat, finalement, a fait le bon choix en confiant les pinceaux à Christian Durieux. On sent une immense tendresse des deux auteurs dans les personnages... tendresse oui, c'est le maître mot que je retiens de la lecture de ce livre. Tome 2 : Deuxième et dernier volume consacré à Philippe, un honnête homme. Pourtant je ne l'attendais pas, cette suite, tant le premier opus se suffisait à lui-même. Alors qu'est-ce que Gibrat et Durieux allaient inventer pour "allonger la sauce" ? Eh bien, les auteurs ont tout bonnement mis en avant un personnage truculent et bon vivant, "Robert Vitaly", libraire et œnologue convaincu. Ah ! Ces incipit lancés par ce diable d'homme, qui m'ont enchanté, tant ils me rappelaient des souvenirs. Certains incipit restent inoubliables (celui de Vivant Denon est d'une beauté...), d'autres passages (Victor Hugo ou Proust) sont certes classiques mais Robert Vitaly en fait des livres indissociables d'un Sauterne 1989, par exemple. Car le talent des auteurs réside dans le fait de placer des gens ordinaires dans des situations extraordinaires : Philippe garçon coiffeur dans le TGV ; Robert, libraire atypique ; et Camille, barmaid par hasard. Même si cette bd n'est pas inoubliable, elle m' a fait passer un agréable moment. Une petite bouffée d'oxygène. Bref, un régal.
Achille Talon
Plus je relis les albums d'Achille Talon, plus je me rends compte à quel point j'aime cette série. Les personnages sont attachants tellement ils sont pitoyables et l'humour est très bien recherché. Je peux comprendre que certains n'accrochent pas, mais moi j'aime ces longs dialogues qui me font hurler de rire. De plus, le dessin est dynamique et la lecture n'est donc pas alourdie par ces longues bulles. Pour ce qui est des longues aventures, elles sont inégales. J'aime bien plusieurs d'entre elles, mais certaines sont moyennes voir même médiocres. Le point fort de ses aventures c'est que Greg sait comment inventer des personnages mémorables et des situations hilarantes.
DMZ
Je trouve cela fascinant (et un peu lugubre, certes) d’imaginer ce que notre vie de tous les jours deviendrait si notre société s’effondrait et sombrait dans le chaos et la guerre civile. J’avais à ce titre beaucoup aimé la série Guerres civiles de Morvan. Mais avec DMZ, le genre atteint des sommets ! Je trouve le background incroyablement riche : Manhattan, zone neutre car militairement imprenable, se situe en plein sur la ligne de front, coincée entre deux factions surarmées et prêtes à tout… une ville dévastée, complètement coupée du monde et où se retrouvent piégés des milliers de civils. Le tome 1, qui nous présente la façon dont ces derniers s’organisent et survivent, est plaisant, mais finalement assez léger au niveau scenario. Par contre les tomes 2 et 3 passent la vitesse supérieure, et proposent des intrigues complexes et dénonciatrices de tout ce qui fait vomir en temps de guerre : manipulation des medias et de l’opinion public, coups fourrés pour justifier l’utilisation de la force, torture, politiciens pourris par le fric, fanatiques suicidaires, etc… Le 2eme tome m’a vraiment tenu en haleine, quelle histoire ! Le 3eme s’intéresse aux contrats juteux de reconstruction d’après guerre (ce qui n’est pas sans rappeler le conflit en Irak) et à la place de l’ONU dans ce foutoire. Tout un programme ! Les tomes 4, 6 et 7 sont dans la lignée du 3eme (peut-être un poil en retrait, et encore), mais le tome 5 ressemble plutôt au 1er, et regroupe des histoires courtes sur le thème de la survie dans la DMZ... agréable, mais pas vraiment marquant. Une BD intelligente, cynique, rythmée et bien dessinée… tous les tomes ne sont pas aussi marquants, mais dans l’ensemble, j’adore ! Tome 1 :
(histoires courtes)
Tome 2 :
Tome 3 :
Tome 4 :
Tome 5 :
(histoires courtes)
Tome 6 :
Tome 7 : 
Entre les ombres
Un album de toute beauté, esthétiquement cohérent et inspiré. J'ai vraiment apprécié l'ambiance qui se dégage de cette histoire. Silencieux, posé voire apaisé, cet album très poétique propose une réflexion sur la solitude que peu de bd peuvent se targuer de présenter. Contrairement à Pol à l'avis tranché sur les rêveurs et la mélancolie, j'ai perçu la progression de cet homme solitaire comme un accomplissement, qui permet de le libérer de la ville et de ses fantômes. Certes, l'histoire ne donne pas la réponse à la question "pourquoi vivre quand il n'y a plus rien ?" mais aucun philosophe n'y a jamais vraiment répondu, et attendre d'une bd qu'elle vous propose sérieusement les réponses aux énigmes de l'univers me semble un peu puéril. ;-) Je préfère voir dans ce Robinson post moderne qui déambule dans la ville comme dans ses souvenirs une plongée dans notre propre intimité. De quoi serions nous capable en de telles circonstances ? Car, après tout, si une réponse est valable elle est personnelle à chacun. Et c'est bien la qualité de cet album, au delà de la poésie, et de la mélancolie, il nous ramène à notre propre vécu, et nous permet de réfléchir à notre propre réponse. Une lecture que je recommande à tous ceux qui réfléchissent en marchant, et à tous ceux qui se changent les idées en lisant de bonnes bd.
L'Oeil Voyeur
« L’Œil voyeur » c’est un regard sur notre monde, un regard simple, il ne juge pas, il constate, s’interroge, fait des remarques justes et pertinentes. « L’Œil Voyeur » c’est un hommage à la bd, un petit voyage de planche en planche, case après case, tout en noir et blanc et tout en simplicité. « L’Œil Voyeur », ce sont des lettres et des mots, des jeux de mots, avec lesquels l’auteur jongle, s’amuse et nous amuse. « L’Œil Voyeur » c’est aussi de l’absurde, un petit n’importe quoi, un grand fourre-tout, un bordel toutefois bien orquestré, bien rangé, bien pensé. « L’Œil Voyeur » c’est un voyage, à travers le temps, à travers les pages, une recherche de l’inconnu et un retour aux sources, aux racines, au vital. « L’Œil Voyeur » est attachant, c’est vous, c’est moi, c’est beaucoup et c’est rien et c’est déjà bien.
Braise
Ce qui m'a d'abord frappé en commençant cette série, c'est le dessin, dont je suis devenu fan ! En effet les personnages sont très expressifs et j'ai adoré l'ambiance inquiétante et mystèrieuse qui ressort de ce joli coup de crayon. Le scénario est lui aussi captivant, bien qu'il fût (à mon avis) légèrement inspiré de celui de Pinocchio (les enfants attirés dans un parc d'attraction qui cache de bien sombres mystères). Je trouve que l'histoire s'accorde harmonieusement avec les dessins (à moins que ce ne soit l'inverse). En tout cas, on ne s'ennuie pas en lisant cette BD. En espérant que les talentueux auteurs de cette série la finisse dans la lignée des deux premiers tomes et en fassent d'autres aussi intéressantes !
Murena
Je ne poste ce 5/5 que pour faire grimper la note globale en espérant que cela incitera une maximum de monde à lire cette formidable série ! Tout est dit dans les commentaires déjà présents, je ne reviendrais donc pas sur la qualité du dessin, des couleurs, du scénario, du style.... C'est tout simplement une série remarquable dont on regrette presque qu'elle ne soit pas encore au programme scolaire. Pour autant que je sache, la réalité historique est correctement respectée dans les grandes lignes et cela est déjà plus que ce que nos chères têtes blondes sont susceptibles de découvrir au cours d'une scolarité normale. Mais surtout, c'est une série qui de mon point de vue confirme sans équivoque le statut d'Art que revendique avec plus ou moins de bonheur la bande dessinée. A lire et à faire lire donc, sans la moindre réserve.
Le Trop Grand Vide d'Alphonse Tabouret
Quand j’ai eu le bouquin dans les mains, et que j’ai vu cette couverture, j’ai eu peur. Peur de quitter cette image magnifique, ce petit être tout simple en creux et en relief à la fois, entouré par un grand vide (celui du titre ?) et ces créatures étranges qui semblent l’attendre dans la forêt alentour. Et puis j’avais trop envie de voir ce qu’était cette petite fille aux longs bras, ce reflet seul dans une mare, à qui appartenaient ces pieds géants derrière la futaie… Embarqué dans le TGV d’Alphonse Tabouret, je me suis retrouvé à suivre les aventures de ce personnage naïf, mais si attachant, intelligent mais si seul… Car c’est là le vide d’Alphonse. Il se sent seul, il s’ennuie, il sait à peine qui il est… alors il se promène, il rencontre des gens, qui lui apprennent des choses… ou pas. Il y a des jeux de mots, des situations qui sont vraiment bien trouvés ; j’ai bien aimé par exemple l’histoire du saule pleureur, un fil narratif qui ne se dévoile qu’à sa toute fin ; ou encore un inventaire à la Prévert sur une certaine couleur, véritable trouvaille… Et puis cette langue si particulière à Sibylline, que vous ne pouvez connaître qu’en discutant avec elle, si unique, si déroutante et si jolie… Le dessin de Jérôme d’Aviau, alias Poipoipanda, vaut à lui seul le détour. Son personnage tout simple, avec ses bras en fils, son visage lunaire et ses yeux minimalistes est d’une poésie rare, que l’on ne retrouve que dans certains albums de Lewis Trondheim, et les personnages qui l’entourent sont également d’une grande efficacité dans leur simplicité. Les décors, s’ils ne sont pas forcément fouillés, ont le mérite d’être aussi vivants que les personnages : l’omniprésence des arbres procure un sentiment de sécurité, mais aussi des possibilités narratives alléchantes. Il y a pas mal de pleines pages, où l’on trouve Alphonse en train de marcher dans la forêt, et il n’y a rien de plus universel. Il faut aussi associer Capucine à cette belle réussite, puisque son lettrage délicat permet de suivre les dialogues tout à la fois absurdes et redoutables entre Alphonse et les gens qu’il rencontre. Ce livre est chatoyant.
Omni-Visibilis
Avant d'aller plus loin, je tiens à préciser que cette note est subjective et personnelle. J'ai adoré cette lecture mais il ne sera pas de même pour tout le monde. En fait cela dépend de ce que l'on attend d'une BD. "Omni-Visibilis" est le fruit du travail collaboratif de deux grands auteurs. Ils font un sans-faute sur ce pavé à l'édition de qualité, similaire à du Futuropolis avec son dos rond. Le scénario part d'un postulat étrange bien résumé dans l'avis précédent de Ro. La suite est pour moi une merveille, le récit déborde d'ingéniosité, certains gags sont multipliés ou plutôt déclinés avec systématiquement des sourires voir des rires garantis. Les auteurs ne lésinent pas sur l'humour. J'ai adhéré à l'histoire qui fonctionne bien sans tomber dans la facilité. Les situations sont bien réfléchies, on voit que le sujet a été creusé sérieusement et que le travail de synthèse qui en a découlé est très propre. Le dessin est la cerise sur le gâteau : il est superbe et le choix de la bichromie le sublime. Une telle production, j'en redemande tous les jours. Bravo aux auteurs mais également à Dupuis.
Le Combat ordinaire
Alors là je dis chapeau bas à Manu Larcenet pour cette œuvre toute en finesse et simplicité. Le combat ordinaire, c’est l’histoire de Marco, un homme ordinaire, avec ses défauts, ses failles, ses complexes, mais aussi ses envies, ses désirs. Marco est un éternel adolescent qui refuse de grandir, et pourtant la vie ne lui laissera pas forcément le choix. Tout au long des quatre tomes, qui couvrent pas loin d’une décennie, on suit son évolution, sa manière d’affronter la vie et les inéluctables changements qui l’accompagnent. Le dessin, bien que très simple, sert parfaitement l’histoire. Les visages sont expressifs, et les paysages naturels sont réussis. Restent les couleurs qui sont bien choisies, avec un petit plus pour les ombrages des arbres. J’ai passé en compagnie de Marco un moment très agréable, plein de sourires et d’émotions, et sans un dernier tome que j’ai trouvé un cran en-dessous des précédents (notamment vers la fin, le long monologue qui suit les élections m’a ennuyée), j’aurais mis sans hésiter 5 étoiles.