Je ne suis pas très versé dans les bds religieuses en raison du mal profond que cela provoque sur la planète sur des choses invisibles à l'oeil nu. Cependant, je dois reconnaître que celle-ci est fort bien construite et qu'il se dégage une sorte de puissance. Je connais son auteur le peu prolifique auteur danois Peter Madsen qui m'avait fort séduit par L'Histoire d'une mère.
Je précise que je viens de lire une version plus actualisée que celle de Delcourt en 1995. Il s'agit d'une version de 2016 aux Editions Scriptura avec une couverture beaucoup plus belle car moins sombre.
On remarque tout de suite une belle richesse dans l'écriture et dans le dessin. L'originalité est que le narrateur est l'apôtre Pierre. Cette bd sera sans doute le moyen d'évangéliser certaines personnes. Pour ma part, j'estime qu'il n'y a sans doute rien de mal dans les valeurs chrétiennes qui ont bâti notre civilisation occidentale pour peu que l'utilisation soit conforme et non exploitable.
Quand Craig Thompson a publié Blankets - Manteau de neige en 2004, il était encore un génie qui s’ignorait, du moins c’est ce qui ressort de ce « Carnet de voyage », publié dans une version augmentée de quelques pages par rapport à la version originale de 2005, intitulée « Un Américain en balade ». C’est donc l’occasion de revenir sur cet ouvrage au charme immense.
L’auteur y relate sa tournée européenne pour la sortie de "Blankets", ce qui lui a permis, entre une interview et une séance de dédicaces, de revoir de vieux amis croisés ici et là dans les festivals de bande dessinée, notamment Blutch, Benoit Peeters et Lewis Trondheim. Il raconte aussi comment il traversé le Maroc, un pays qu’il ne connaissait qu’à travers la littérature ou le cinéma, un pays à mille lieues de sa personnalité introvertie d’Américain élevé dans la religion baptiste la plus stricte. Sans aucun doute, ce voyage a inspiré Habibi, son autre œuvre majeure, quelques années plus tard.
Et cet Américain-là, il serait difficile de ne pas le trouver singulièrement attachant. D’une humilité rare pour un citoyen issu de la « Great America », Craig Thompson se met véritablement à nu dans ce récit, se livrant avec sincérité, sans faux semblants. Il ne joue pas, ne triche pas, ne se fait pas de cadeau à lui-même, énonce ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas, de façon factuelle, sans aucune trace de mépris même quand il est au Maroc. Car le petit « péquenaud » de Traverse City reste un homme curieux du monde qui l’entoure, même si parfois certaines expériences s’avéraient pénibles à vivre en Afrique du nord. Se confronter à d’autres cultures, seul qui plus est, relevait pour lui du défi, celui de sortir de sa coquille de préjugés familiaux et castrateurs pour s’ouvrir au monde extérieur, ailleurs qu’aux seuls USA.
La rupture douloureuse avec sa petite amie, juste avant son voyage en Europe, n’arrangeait rien à l’affaire, mais Thompson, a pris son courage et ses pinceaux à deux mains, en allant jusqu’au bout de son « exil ». Cet artiste hypersensible, qui ne semble jamais se sentir vraiment à sa place, n’est d’ailleurs même pas né là où il aurait dû. En contemplant ses dessins si délicats, pourrait-on imaginer qu’il a grandi dans un trou perdu du Michigan, conduisant des tracteurs et nourrissant du bétail ? Craig Thompson est un dessinateur extrêmement doué, doublé d’un conteur hors-pair, mais sa timidité et son « background » ont longtemps obturé la prise de conscience de son talent.
La particularité de ce récit est qu’il révèle davantage l’homme avec ses faiblesses qu’avec ses forces, empreint d’une autodérision freinant toute velléité d’auto-apitoiement. Le dessin l’accompagne à merveille, rendant hommage avec finesse à la beauté du monde, ainsi qu'à la gente féminine avec de jolis portraits. Son pinceau fluide et gracieux est un plaisir des yeux, exprimant toujours le mouvement même dans des représentations figées, avec un sens du détail révélant chez son auteur une curiosité innée.
Ce « Carnet de voyage » reste un must du genre, Thompson réussissant à nous embarquer dans son périple sans forcer, sans promesses de découvertes extraordinaires ou de paysages splendides. A ce titre, le choix du noir et blanc est on ne peut plus adapté. Au final, aucun événement exceptionnel n’y est relaté, seulement le quotidien d’un homme peu enclin au voyage, lunaire et timoré, donc un peu à côté de ses pompes, davantage spectateur qu’acteur (il se plie à contrecœur à la tournée européenne d’interviews et de dédicaces), mais cet auteur attachant reste aussi ouvert aux rencontres et semble avoir le don de s’attirer des amis, ce qui nous le rend d’autant plus proche en tant que lecteur.
Là encore, c'est une réussite pour un récit post-médiéval qui nous conte l'histoire d'un roi pas comme les autres au temps du Roi Soleil. Il n'est point question de Versailles mais plutôt de la fameuse Cour des Miracles que l'on pouvait apercevoir étant jeune dans un épisode de la série des Angéliques ou encore dans l'oeuvre de Victor Hugo à savoir le Bossu de Notre-Dame. On se demande si le grand Coësre (ou le roi des Gueux) a réellement existé. Ce récit commence très bien et il est plutôt passionnant à souhait.
J'avoue avoir eu peur de cette descente dans les enfers de Paris avec un vocabulaire assez vieille France et plutôt du genre fripon et canaille. Mais non, on n'aura pas droit au langage de la cité de cette époque. Il y a également des jeux de pouvoirs pour assurer une succession. Cependant, il ne peut y avoir qu'un seul roi en France. La police est également assez corrompue. Bref, il y aura du grabuge et on ne s'ennuiera pas à cette lecture.
L'embellie me fait penser à un titre musical chanté par Calogero de l'album qui porte le même nom. C'est également le titre au pluriel de cette chronique un peu sentimentale. L'embellie vient généralement après de durs moments passés dans la vie. Cela peut arriver à tout le monde. C'est généralement une phase où les choses commencent à aller mieux mais pour cela, il faut prendre un peu l'air.
C'est ce que va faire cette parisienne Lily qui apprend qu'elle est enceinte alors que son compagnon part en tournée en la laissant toute seule pour s'occuper d'un petit neveu Balthazar qu'elle ne connait pas et qui vient du Québec. Ils vont aller en Auvergne dans les montagnes afin d'avoir un peu de neige car c'est bientôt Noël. Ils vont alors faire la connaissance d'un jeune marginal et d'un vieux berger par la suite. C'est la croisée de ces 5 personnages qui va nous offrir une bd qui remonte un peu le moral avec des personnages sympathiques assez solidaires dans un monde qui en manque cruellement. Oui, cela fait parfois du bien.
Cette oeuvre m'a fait penser à la bd Le Jour où... Pour trouver sa voie, il faut parfois faire un détour. Jean de la Fontaine le disait dans une célèbre maxime: "On rencontre sa destinée souvent par les chemins que l'on prend pour l'éviter". c'est certes une oeuvre gentillette pleine de bons sentiments mais il en faut parfois et je le troque volontiers contre toute la violence ambiante dans les oeuvres actuelles.
Au niveau du dessin, une véritable réussite pour la dessinatrice dont c'est seulement la première oeuvre. Je tenais à le souligner.
Le sous-titre de ce "one shot " est "le premier scandale de la France Afrique". Je ne suis par certain que cela corresponde véritablement à la réalité historique ce cette histoire.
La France - Afrique ca reste selon moi, la mainmise conservée par la France sur ses anciennes colonies après que celles ci eurent recouvré leur indépendance.
Or, cette histoire se déroule alors que la France reste le seul maître à bord au Congo.
On découvre en 1905 que certaines entreprises exploiteraient de manière éhontée les populations indigènes avec la complicité ouverte de l'Administration Française. On s'aperçoit que ce qui existait au Congo Belge s'est alors propagé dans la partie française du Congo.
Le parlement décide alors de nommer une Commission présidée par un certain Brazza afin d'éclaircir tout cela. Une fois sur place la Commission ne peut que constater que les populations locales sont réduites en esclavage, que les femmes et les enfants sont prises en otage afin que les maris se soumettent aux compagnies exploitant le caoutchouc.
En réalité l'Administration Française se trouve en sous effectif, et les Compagnies à qui ont a concédé des pans entiers de territoires afin qu'elles réalisent des infrastructures ( ce qu'elles ne feront jamais ou peu), font la pluie et le beau temps sur place. Mais l'Administration coloniale n'est pas seulement passive, elle est également complice, ses agents corrompus. Le scandale est tellement énorme que des condamnations interviendront. Mais a minima, les principaux responsable étant déplacés. D'ailleurs tout est fait pour que la mission ne puisse mener l'enquête. Au final, un rapport circonstancié sera bien rédigé. Mais comme à l'époque contemporaine, celui ci finira dans un placard. Autre temps, même mœurs chez notre classe politique.
Cette histoire tirée d'un livre récent est une véritable réussite, bien écrite, bien charpentée et le dessin de Bailly est toujours aussi agréable. Je remarque toutefois qu'avec le temps il devient moins précis qu'à l'époque de Coupures irlandaises ou d'Un sac de billes, virant souvent à la simple esquisse. Cela n'enlève rien à la qualité de ce récit que les passionnés d'histoire contemporaine apprécieront à sa juste valeur.
3.5
Un bon survival qui mets en vedette deux joueuses de jeux vidéos qui se retrouvent prisonniers dans un monde qui ressemble à un jeu vidéo.
Le manga est prenant avec une bonne intrigue quoique certains lecteurs risquent de trouver que ça tombe parfois dans le n'importe quoi, surtout dans le deuxième tome. Le mystère autour de ce mystérieux monde est intéressant et bien maîtrisé.
Personnellement, je pense que j'ai surtout aimé cette série à cause des deux héroïnes qui sont attachantes. J'ai bien aimé leurs interactions et comment elles utilisaient leurs cerveaux pour ce sortir des pires situations. C'est peut-être pas le manga le plus crédible de tous les temps, mais j'ai passé un bon moment de lecture.
L’histoire de la fuite en avant de ce garçon qui va croiser le chemin d’un vieux berger solitaire est prégnante.
Les dialogues sont effacés pour laisser parler le trait de Javi Ray. Un trait simple, précis et incroyablement vivant. On peut d’ailleurs y déceler quelques similitudes avec celui de Mathieu Bonhomme. Le récit met donc bien en évidence la peur et les tourments qui tenaillent ce jeune fugueur dans l’aridité des plaines espagnoles. Pas beaucoup d’endroits pour se cacher et la quête de l’eau devient vite vitale. Tout cela, on le ressent, tout comme la pression mise par ses poursuivants.
Un récit dur et implacable.
Mélanger l'Alsace au Grand Est est une véritable hérésie assez mal vécu par les citoyens (67% veulent quitter cette région selon un récent sondage ifop). Il est d'ailleurs question de faire marche arrière avec la création d'un grand département nommé Alsace. Il faut dire que l'Alsace a une histoire bien à elle qui est différente de la Lorraine voisine.
C'est d'abord le Rhin qui coule depuis des millénaires reliant la Suisse à la mer du Nord. Les romains ont choisi de bâtir une ville au bord du Rhin afin de prévenir les invasions barbares. Ce fut Argentoratum. Le castrum attire tout de suite pas mal de monde et notamment des marchands venus de toute l'Europe. Elle gagne en importance militaire, administrative et économique au point de devenir une charnière de la frontière. Elle va le rester au cours des siècles.
Certes, il y a eu les invasions des Alamans qui s'imposent en l'an 407. Par la suite, les mérovingiens et les carolingiens. En 640, naquit le duché qui se nomme Alesacius. Ainsi, l'Alsace est née avant la Champagne ou la Lorraine. Les évêques vont s'emparer de cette ville mais ils seront obligés avec le temps de partager leur pouvoir avec les notables puis les bourgeois et les artisans dans une espèce de statut municipal. Va naître une sorte de République corporatiste qui va durer au moins 4 siècles.
Il y aura la construction de la Cathédrale qui du haut de ses 142 mètres va demeurer pendant mille an le plus haut édifice jamais construit dans le monde. Qui peut se targuer d'un tel record à une époque où les records sont éphémères ? En 1388, il y aura également la construction du premier pont enjambant le Rhin ce qui en fera le lieu obligé de passage.
Parmi les malheurs de cette région: la peste, les guerres de religion notamment et les prises de pouvoir successive de deux pays à savoir la France et l'Allemagne dans un conflit sans merci. A noter que les débuts de l'imprimerie et de la réforme sont nés à Strasbourg. Ainsi à la fin du XVème siècle, Strasbourg avait une production de 80000 livres qui vont inonder le marché européen. Bref, avec tout cela, on ne pourra pas dire que Strasbourg n'est pas la clé de l'Europe ce qu'a bien compris Winston Churchill quand il a choisi Strasbourg pour y établir le siège du Conseil de l'Europe.
En 1633, le dicton local qui dit "méfiez vous des Lorrains" ne sera jamais aussi vrai puisque des prisonniers lorrains de la bataille de Pfaffenhoffen amène la peste à Strasbourg ce qui fera près de 10000 morts. Je précise tout de suite que je suis alsacien et j'ai quand même épousé une Lorraine. Ce que je relate ne sont que des faits historiques traités dans cette oeuvre qui livre pas mal d'informations mais de manière assez ludique ce que j'ai bien aimé.
Maintenant, il est vrai que je suis un grand admirateur de Strasbourg puisque j'y vis depuis de nombreuses années. Cette bd régionale est certainement l'une des plus réussie que j'ai lu jusqu'à présent. Cette bd souhaite rappeler que Strasbourg est la capitale des valeurs européennes et que son histoire n’est pas le résultat des conflits, mais de la lutte pour une certaine idée de la liberté.
Oui, il fait bon vivre de nos jours à Strasbourg qui a un patrimoine exceptionnel sans compter son excellente gastronomie. Ses traditions sont résumées en 5 C: Cathédrale, Coiffe, Colombage, Cigogne et Choucroute.
Voici mon auteur italien préféré qui livre sa version de Batman. Je dois dire que c'est très intéressant par divers aspects. Il y a une bonne dose d'humour un peu noir par rapport à la relation qu'entretienne Batman ou le Joker avec leur compagne respective.
Il y a également cette histoire de mise en cause liée à la paternité du célèbre milliardaire de Gotham City. Pour autant, on ne tombe pas dans le burlesque. C'est intelligemment construit dans le scénario. L'histoire en effet n'est point farfelue. Elle tient debout.
C'est toujours intéressant de voir un auteur là où l'on ne l'attendait pas. Pour le reste, il a la maîtrise du graphisme toujours excellent et de la mise en page. Point de problème de compréhension dans la lisibilité avec lui. C'est le gage d'un grand auteur qui va droit au but.
Prenez une bande de détrousseurs Us Army, des indiens, une milice, secouez le tout et vous obtenez un récit vraiment palpitant. L'action se déroule sans encombre et la solidarité qui semblait inébranlable au début de cette aventure s’étiole au fil des pages.
L'Or De Morisson est un récit dense, pas forcément riche en rebondissements mais qui nous tiens en haleine durant les 2 tomes.
Pour moi c'est un gros coup de cœur. Le dessin m'a paru étrange de prime abord mais en avançant dans ce périple je l'ai trouvé plutôt bon et tout cela m'a donné envie de lire Death Mountains du même dessinateur.
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Jésus de Nazareth (Madsen)
Je ne suis pas très versé dans les bds religieuses en raison du mal profond que cela provoque sur la planète sur des choses invisibles à l'oeil nu. Cependant, je dois reconnaître que celle-ci est fort bien construite et qu'il se dégage une sorte de puissance. Je connais son auteur le peu prolifique auteur danois Peter Madsen qui m'avait fort séduit par L'Histoire d'une mère. Je précise que je viens de lire une version plus actualisée que celle de Delcourt en 1995. Il s'agit d'une version de 2016 aux Editions Scriptura avec une couverture beaucoup plus belle car moins sombre. On remarque tout de suite une belle richesse dans l'écriture et dans le dessin. L'originalité est que le narrateur est l'apôtre Pierre. Cette bd sera sans doute le moyen d'évangéliser certaines personnes. Pour ma part, j'estime qu'il n'y a sans doute rien de mal dans les valeurs chrétiennes qui ont bâti notre civilisation occidentale pour peu que l'utilisation soit conforme et non exploitable.
Carnet de voyage (Un américain en balade)
Quand Craig Thompson a publié Blankets - Manteau de neige en 2004, il était encore un génie qui s’ignorait, du moins c’est ce qui ressort de ce « Carnet de voyage », publié dans une version augmentée de quelques pages par rapport à la version originale de 2005, intitulée « Un Américain en balade ». C’est donc l’occasion de revenir sur cet ouvrage au charme immense. L’auteur y relate sa tournée européenne pour la sortie de "Blankets", ce qui lui a permis, entre une interview et une séance de dédicaces, de revoir de vieux amis croisés ici et là dans les festivals de bande dessinée, notamment Blutch, Benoit Peeters et Lewis Trondheim. Il raconte aussi comment il traversé le Maroc, un pays qu’il ne connaissait qu’à travers la littérature ou le cinéma, un pays à mille lieues de sa personnalité introvertie d’Américain élevé dans la religion baptiste la plus stricte. Sans aucun doute, ce voyage a inspiré Habibi, son autre œuvre majeure, quelques années plus tard. Et cet Américain-là, il serait difficile de ne pas le trouver singulièrement attachant. D’une humilité rare pour un citoyen issu de la « Great America », Craig Thompson se met véritablement à nu dans ce récit, se livrant avec sincérité, sans faux semblants. Il ne joue pas, ne triche pas, ne se fait pas de cadeau à lui-même, énonce ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas, de façon factuelle, sans aucune trace de mépris même quand il est au Maroc. Car le petit « péquenaud » de Traverse City reste un homme curieux du monde qui l’entoure, même si parfois certaines expériences s’avéraient pénibles à vivre en Afrique du nord. Se confronter à d’autres cultures, seul qui plus est, relevait pour lui du défi, celui de sortir de sa coquille de préjugés familiaux et castrateurs pour s’ouvrir au monde extérieur, ailleurs qu’aux seuls USA. La rupture douloureuse avec sa petite amie, juste avant son voyage en Europe, n’arrangeait rien à l’affaire, mais Thompson, a pris son courage et ses pinceaux à deux mains, en allant jusqu’au bout de son « exil ». Cet artiste hypersensible, qui ne semble jamais se sentir vraiment à sa place, n’est d’ailleurs même pas né là où il aurait dû. En contemplant ses dessins si délicats, pourrait-on imaginer qu’il a grandi dans un trou perdu du Michigan, conduisant des tracteurs et nourrissant du bétail ? Craig Thompson est un dessinateur extrêmement doué, doublé d’un conteur hors-pair, mais sa timidité et son « background » ont longtemps obturé la prise de conscience de son talent. La particularité de ce récit est qu’il révèle davantage l’homme avec ses faiblesses qu’avec ses forces, empreint d’une autodérision freinant toute velléité d’auto-apitoiement. Le dessin l’accompagne à merveille, rendant hommage avec finesse à la beauté du monde, ainsi qu'à la gente féminine avec de jolis portraits. Son pinceau fluide et gracieux est un plaisir des yeux, exprimant toujours le mouvement même dans des représentations figées, avec un sens du détail révélant chez son auteur une curiosité innée. Ce « Carnet de voyage » reste un must du genre, Thompson réussissant à nous embarquer dans son périple sans forcer, sans promesses de découvertes extraordinaires ou de paysages splendides. A ce titre, le choix du noir et blanc est on ne peut plus adapté. Au final, aucun événement exceptionnel n’y est relaté, seulement le quotidien d’un homme peu enclin au voyage, lunaire et timoré, donc un peu à côté de ses pompes, davantage spectateur qu’acteur (il se plie à contrecœur à la tournée européenne d’interviews et de dédicaces), mais cet auteur attachant reste aussi ouvert aux rencontres et semble avoir le don de s’attirer des amis, ce qui nous le rend d’autant plus proche en tant que lecteur.
La Cour des Miracles
Là encore, c'est une réussite pour un récit post-médiéval qui nous conte l'histoire d'un roi pas comme les autres au temps du Roi Soleil. Il n'est point question de Versailles mais plutôt de la fameuse Cour des Miracles que l'on pouvait apercevoir étant jeune dans un épisode de la série des Angéliques ou encore dans l'oeuvre de Victor Hugo à savoir le Bossu de Notre-Dame. On se demande si le grand Coësre (ou le roi des Gueux) a réellement existé. Ce récit commence très bien et il est plutôt passionnant à souhait. J'avoue avoir eu peur de cette descente dans les enfers de Paris avec un vocabulaire assez vieille France et plutôt du genre fripon et canaille. Mais non, on n'aura pas droit au langage de la cité de cette époque. Il y a également des jeux de pouvoirs pour assurer une succession. Cependant, il ne peut y avoir qu'un seul roi en France. La police est également assez corrompue. Bref, il y aura du grabuge et on ne s'ennuiera pas à cette lecture.
Nos embellies
L'embellie me fait penser à un titre musical chanté par Calogero de l'album qui porte le même nom. C'est également le titre au pluriel de cette chronique un peu sentimentale. L'embellie vient généralement après de durs moments passés dans la vie. Cela peut arriver à tout le monde. C'est généralement une phase où les choses commencent à aller mieux mais pour cela, il faut prendre un peu l'air. C'est ce que va faire cette parisienne Lily qui apprend qu'elle est enceinte alors que son compagnon part en tournée en la laissant toute seule pour s'occuper d'un petit neveu Balthazar qu'elle ne connait pas et qui vient du Québec. Ils vont aller en Auvergne dans les montagnes afin d'avoir un peu de neige car c'est bientôt Noël. Ils vont alors faire la connaissance d'un jeune marginal et d'un vieux berger par la suite. C'est la croisée de ces 5 personnages qui va nous offrir une bd qui remonte un peu le moral avec des personnages sympathiques assez solidaires dans un monde qui en manque cruellement. Oui, cela fait parfois du bien. Cette oeuvre m'a fait penser à la bd Le Jour où... Pour trouver sa voie, il faut parfois faire un détour. Jean de la Fontaine le disait dans une célèbre maxime: "On rencontre sa destinée souvent par les chemins que l'on prend pour l'éviter". c'est certes une oeuvre gentillette pleine de bons sentiments mais il en faut parfois et je le troque volontiers contre toute la violence ambiante dans les oeuvres actuelles. Au niveau du dessin, une véritable réussite pour la dessinatrice dont c'est seulement la première oeuvre. Je tenais à le souligner.
Congo 1905 - Le Rapport Brazza
Le sous-titre de ce "one shot " est "le premier scandale de la France Afrique". Je ne suis par certain que cela corresponde véritablement à la réalité historique ce cette histoire. La France - Afrique ca reste selon moi, la mainmise conservée par la France sur ses anciennes colonies après que celles ci eurent recouvré leur indépendance. Or, cette histoire se déroule alors que la France reste le seul maître à bord au Congo. On découvre en 1905 que certaines entreprises exploiteraient de manière éhontée les populations indigènes avec la complicité ouverte de l'Administration Française. On s'aperçoit que ce qui existait au Congo Belge s'est alors propagé dans la partie française du Congo. Le parlement décide alors de nommer une Commission présidée par un certain Brazza afin d'éclaircir tout cela. Une fois sur place la Commission ne peut que constater que les populations locales sont réduites en esclavage, que les femmes et les enfants sont prises en otage afin que les maris se soumettent aux compagnies exploitant le caoutchouc. En réalité l'Administration Française se trouve en sous effectif, et les Compagnies à qui ont a concédé des pans entiers de territoires afin qu'elles réalisent des infrastructures ( ce qu'elles ne feront jamais ou peu), font la pluie et le beau temps sur place. Mais l'Administration coloniale n'est pas seulement passive, elle est également complice, ses agents corrompus. Le scandale est tellement énorme que des condamnations interviendront. Mais a minima, les principaux responsable étant déplacés. D'ailleurs tout est fait pour que la mission ne puisse mener l'enquête. Au final, un rapport circonstancié sera bien rédigé. Mais comme à l'époque contemporaine, celui ci finira dans un placard. Autre temps, même mœurs chez notre classe politique. Cette histoire tirée d'un livre récent est une véritable réussite, bien écrite, bien charpentée et le dessin de Bailly est toujours aussi agréable. Je remarque toutefois qu'avec le temps il devient moins précis qu'à l'époque de Coupures irlandaises ou d'Un sac de billes, virant souvent à la simple esquisse. Cela n'enlève rien à la qualité de ce récit que les passionnés d'histoire contemporaine apprécieront à sa juste valeur.
Dédale
3.5 Un bon survival qui mets en vedette deux joueuses de jeux vidéos qui se retrouvent prisonniers dans un monde qui ressemble à un jeu vidéo. Le manga est prenant avec une bonne intrigue quoique certains lecteurs risquent de trouver que ça tombe parfois dans le n'importe quoi, surtout dans le deuxième tome. Le mystère autour de ce mystérieux monde est intéressant et bien maîtrisé. Personnellement, je pense que j'ai surtout aimé cette série à cause des deux héroïnes qui sont attachantes. J'ai bien aimé leurs interactions et comment elles utilisaient leurs cerveaux pour ce sortir des pires situations. C'est peut-être pas le manga le plus crédible de tous les temps, mais j'ai passé un bon moment de lecture.
Intempérie
L’histoire de la fuite en avant de ce garçon qui va croiser le chemin d’un vieux berger solitaire est prégnante. Les dialogues sont effacés pour laisser parler le trait de Javi Ray. Un trait simple, précis et incroyablement vivant. On peut d’ailleurs y déceler quelques similitudes avec celui de Mathieu Bonhomme. Le récit met donc bien en évidence la peur et les tourments qui tenaillent ce jeune fugueur dans l’aridité des plaines espagnoles. Pas beaucoup d’endroits pour se cacher et la quête de l’eau devient vite vitale. Tout cela, on le ressent, tout comme la pression mise par ses poursuivants. Un récit dur et implacable.
Strasbourg - Clé de l'Europe
Mélanger l'Alsace au Grand Est est une véritable hérésie assez mal vécu par les citoyens (67% veulent quitter cette région selon un récent sondage ifop). Il est d'ailleurs question de faire marche arrière avec la création d'un grand département nommé Alsace. Il faut dire que l'Alsace a une histoire bien à elle qui est différente de la Lorraine voisine. C'est d'abord le Rhin qui coule depuis des millénaires reliant la Suisse à la mer du Nord. Les romains ont choisi de bâtir une ville au bord du Rhin afin de prévenir les invasions barbares. Ce fut Argentoratum. Le castrum attire tout de suite pas mal de monde et notamment des marchands venus de toute l'Europe. Elle gagne en importance militaire, administrative et économique au point de devenir une charnière de la frontière. Elle va le rester au cours des siècles. Certes, il y a eu les invasions des Alamans qui s'imposent en l'an 407. Par la suite, les mérovingiens et les carolingiens. En 640, naquit le duché qui se nomme Alesacius. Ainsi, l'Alsace est née avant la Champagne ou la Lorraine. Les évêques vont s'emparer de cette ville mais ils seront obligés avec le temps de partager leur pouvoir avec les notables puis les bourgeois et les artisans dans une espèce de statut municipal. Va naître une sorte de République corporatiste qui va durer au moins 4 siècles. Il y aura la construction de la Cathédrale qui du haut de ses 142 mètres va demeurer pendant mille an le plus haut édifice jamais construit dans le monde. Qui peut se targuer d'un tel record à une époque où les records sont éphémères ? En 1388, il y aura également la construction du premier pont enjambant le Rhin ce qui en fera le lieu obligé de passage. Parmi les malheurs de cette région: la peste, les guerres de religion notamment et les prises de pouvoir successive de deux pays à savoir la France et l'Allemagne dans un conflit sans merci. A noter que les débuts de l'imprimerie et de la réforme sont nés à Strasbourg. Ainsi à la fin du XVème siècle, Strasbourg avait une production de 80000 livres qui vont inonder le marché européen. Bref, avec tout cela, on ne pourra pas dire que Strasbourg n'est pas la clé de l'Europe ce qu'a bien compris Winston Churchill quand il a choisi Strasbourg pour y établir le siège du Conseil de l'Europe. En 1633, le dicton local qui dit "méfiez vous des Lorrains" ne sera jamais aussi vrai puisque des prisonniers lorrains de la bataille de Pfaffenhoffen amène la peste à Strasbourg ce qui fera près de 10000 morts. Je précise tout de suite que je suis alsacien et j'ai quand même épousé une Lorraine. Ce que je relate ne sont que des faits historiques traités dans cette oeuvre qui livre pas mal d'informations mais de manière assez ludique ce que j'ai bien aimé. Maintenant, il est vrai que je suis un grand admirateur de Strasbourg puisque j'y vis depuis de nombreuses années. Cette bd régionale est certainement l'une des plus réussie que j'ai lu jusqu'à présent. Cette bd souhaite rappeler que Strasbourg est la capitale des valeurs européennes et que son histoire n’est pas le résultat des conflits, mais de la lutte pour une certaine idée de la liberté. Oui, il fait bon vivre de nos jours à Strasbourg qui a un patrimoine exceptionnel sans compter son excellente gastronomie. Ses traditions sont résumées en 5 C: Cathédrale, Coiffe, Colombage, Cigogne et Choucroute.
Batman - The Dark Prince Charming
Voici mon auteur italien préféré qui livre sa version de Batman. Je dois dire que c'est très intéressant par divers aspects. Il y a une bonne dose d'humour un peu noir par rapport à la relation qu'entretienne Batman ou le Joker avec leur compagne respective. Il y a également cette histoire de mise en cause liée à la paternité du célèbre milliardaire de Gotham City. Pour autant, on ne tombe pas dans le burlesque. C'est intelligemment construit dans le scénario. L'histoire en effet n'est point farfelue. Elle tient debout. C'est toujours intéressant de voir un auteur là où l'on ne l'attendait pas. Pour le reste, il a la maîtrise du graphisme toujours excellent et de la mise en page. Point de problème de compréhension dans la lisibilité avec lui. C'est le gage d'un grand auteur qui va droit au but.
L'Or de Morrison
Prenez une bande de détrousseurs Us Army, des indiens, une milice, secouez le tout et vous obtenez un récit vraiment palpitant. L'action se déroule sans encombre et la solidarité qui semblait inébranlable au début de cette aventure s’étiole au fil des pages. L'Or De Morisson est un récit dense, pas forcément riche en rebondissements mais qui nous tiens en haleine durant les 2 tomes. Pour moi c'est un gros coup de cœur. Le dessin m'a paru étrange de prime abord mais en avançant dans ce périple je l'ai trouvé plutôt bon et tout cela m'a donné envie de lire Death Mountains du même dessinateur.