Si Foerster fera ensuite quelques tentatives dans d’autres genres (comme le western), c’est rapidement dans le fantastique qu’il va se spécialiser. Ce « Certains l’aiment noir » est l’un de ses premiers (et meilleurs) recueils du genre.
Et c’est une réussite ! En effet, les histoires regroupées dans cet album sont souvent de petites perles du genre fantastique. Avec, parfois un arrière-plan d’humour, de poésie. Et la capacité à créer une ambiance étrange que Foerster utilise à la perfection.
Les décors sont souvent brinquebalants, avec des intérieurs défiant la perspective, des couloirs qui appellent une angoisse sourde, souvent disproportionnés, gigantesques (ceci étant accentué par des vues en contre-plongée), etc. Idem pour les personnages, au corps soit difforme, soit allongé et biscornu, avec de nombreux personnages hydrocéphales : un univers bien étrange donc !
Le dessin est très chouette, avec un Noir et Blanc adapté à l’univers développé.
Toutes les histoires sont sympas. Une belle réussite du genre, à redécouvrir !
Ah ah ah ! La belle poilade que procure la lecture de cet album !
Parodiant au départ les histoires de la bibliothèque verte du Club des Cinq (le nom déjà, mais aussi certains textes d’introduction, ici surjoués et débilement creux), Bouzard réussit à produire une série d’histoires plus ou moins courtes, qui exploitent toutes quasi jusqu’au bout ses délires.
Seules les deux dernières m’ont moins convaincu (en fait surtout l’avant dernière, « Le père à Mickey »). Mais pour le reste, c’est souvent bien vu. Le scénario de chaque histoire importe peu, on s’en rend compte rapidement, c’est surtout les dialogues, et les situations absurdes dans lesquelles se trouvent embarqués les quatre copains qui font le sel de ce recueil.
Le ton est clairement à l’humour déconne, à l’absurde, avec un humour parfois seulement débile, mais qui peut aussi s’avérer un chouïa trash. Dans le club des quatre, Anita sert souvent de défouloir pour Bouzard, qui la fait souffrir ! Quant aux trois autres, chacun est assez typé (mention spéciale à celui qui, fan de hard rock, voit des zombies partout).
Pour amateur d’humour con.
Etienne Lécroart (très souvent et avec maestria), Jean-Paul Eid dans son très réussi Le Fond du Trou avaient déjà usé de ce stratagème consistant à jouer sur les cases d’une planche de bande dessinée, et à faire intervenir un personnage d’une case à l’autre, avec des effets comiques évidents.
Imbattable est donc un super héros, qui déjoue les plans des méchants (souvent une caricature de savant fou, mais pas que), ou se joue des difficultés de la vie quotidienne en agissant sur les cases de la planche, et donc en « changeant » futur et passé.
Bien sûr, les histoires s’adressent peut-être davantage à un public jeune (mais j’y ai largement trouvé mon compte !). Mais, comme les deux auteurs précédemment cités, Pascal Jousselin n’a pas sacrifié l’histoire au challenge technique : c’est le plus souvent drôle et réussi.
Le plus souvent, mais pas toujours. En particulier, lorsque les histoires s’étendent (plusieurs pages), je le trouve moins à l’aise. Et j’ai aussi l’impression qu’il a fait le tour de cette idée. A moins que je ne me trompe, une suite n’est alors pas forcément souhaitable.
Toujours est-il que c’est un album sympathique, dont je vous recommande la lecture, avec vos bambins pourquoi pas…
Note réelle 3,5/5.
Quand il s'agit d'un Shonen Nekketsu, je me fais toujours avoir ! Le cadre a beau être déjà vu, le fond de l'intrigue banal et d'une grande simplicité et le récit se contenter en grande partie d'aligner les péripéties et les combats où le héros et ses amis finissent pas gagner, dès que c'est bien fait, je me fais prendre au jeu et je reste accroché à la lecture avec une forte envie de connaitre la suite.
L'auteur et sa petite équipe d'assistants met en scène un royaume magique où tout le monde ou presque est doté de pouvoirs mais seuls les plus doués en magie deviennent des Chevaliers-Mages. Le héros, un jeune orphelin plein d'énergie, est bien décidé à devenir le plus puissant d'entre eux, sauf que, cas exceptionnel, il est complètement dépourvu de pouvoir. Et c'est bien pour ça qu'il va hériter d'un grimoire d'anti-magie qui lui permettra de se lancer à l'aventure et contrer les sorts des plus puissants adversaires. Avec différents membres du groupe de Chevaliers-Mages qu'il va rejoindre, il va réaliser des missions qui vont finalement l'amener à se confronter aux manigances et attaques du dangereux royaume voisin.
Par bien des aspects, la série rappelle Fairy tail, notamment avec ces groupes de sorciers, chacun doté de ses propres capacités et de sa personnalité bien distincte. Le ton est également à l'aventure, aux combats magiques et à un soupçon de légèreté et d'humour. C'est le schéma classique des Nekketsu où l'on a hâte de voir le héros progresser, affronter des adversaires de plus en plus puissants et faire triompher sa vision lumineuse de la justice et de l'honneur.
Au départ, j'ai cru que j'aurais beaucoup de mal à supporter ce jeune personnage trop caricatural par son côté exubérant et hyper-actif, mais j'ai fini par m'y faire et à trouver qu'il se fondait bien dans la masse. Ceci dit, c'est surtout la diversité, le charme et l'intérêt des différents personnages qu'il côtoie et affronte que j'ai préféré.
Le dessin est de bonne qualité. L'auteur a su s'entourer de suffisamment d'aides pour offrir des planches soignées et agréables. La mise en page est bien faite et permet une narration claire, ce qui est essentiel pour ne pas s'y perdre dans les nombreuses scènes d'action et sorts de magie.
Cette série ne brille pas son originalité ou par la profondeur de son scénario. Mais elle remplit parfaitement son contrat de divertissement et offre une lecture légère mais prenante qui fait très agréablement passer le temps et donne envie de lire la suite.
Bon, le pitch est relativement classique, avec ce lycéen qui se croise plus vieux, et qui essaie de modifier son futur. On est dans un manga, donc forcément le personnage est tenté d'aller vers des choses négatives au départ ; mais par la suite, il découvre que ce sont de smembres de son entourage qui vont disparaître, il va donc tenter d'infléchir le destin...
C'est plutôt bien fichu, on a beaucoup de curiosité par rapport au déroulement des évènements. Masatoki gère bien les tenants et les aboutissants, et les actions de Shôhei deviennent de plus en plus complexes au fil de l'histoire.
Une complexité qui contraste pas mal avec le dessin, plutôt rond, un brin naïf, même s'il y a de belles ambiances dans les forêts et en milieu urbain.
Je suis curieux, très curieux, de lire la suite, d'autant plus que la série se termine en trois tomes.
Un manga bien sympathique et captivant.
L'histoire est un mélange de shônen et d'histoires d'horreur avec tous ces monstres issus de la mythologie japonaise. Cela m'a fait un peu penser à Inu yasha, mais en bien mieux. On retrouve des codes du shônen comme le héros qui rencontre un mystérieux mentor, mais cela ne me dérange pas car j'ai adoré l'ambiance de l'histoire et le récit est plutôt prenant. Les deux personnages principaux sont attachants et j'aime bien le coté fantastique et historique de ce manga.
Donc, pour l'instant, j'aime bien ce manga et j'attends la suite avec impatience. J'espère toutefois que cela ne va pas durer des dizaines de tomes.
Après Nuit Noire, c’est la deuxième série policière de Chauvel que je lis en peu de temps, et c’est encore une belle réussite ! Dans un univers très différent, puisqu’après la dérive de deux loubards de banlieue française de Nuit Noire, lui succède ici un scénario se déroulant dans les Etats-Unis des années 1950, avec un scénario très retors et hollywoodien, en tout cas bien huilé !
Là encore Chauvel alterne histoire linéaire et flash-back, pour nous montrer les suites d’un hold-up, avec moult rebondissements. Même si certains aspects ne sont pas forcément toujours très originaux, c’est une histoire bien fichue, qui captive le lecteur sans problème – ni temps mort. Avec beaucoup de méchants – plus ou moins, peu de gentils (le personnage principal l’est un peu trop d’ailleurs). Je trouve juste la fin un peu trop gentille justement, mais bon, j’ai vraiment globalement apprécié ma lecture.
Le dessin de Fred Simon est très bon. Un style semi réaliste qui rend la lecture fluide, personnages et décors (ah, les bagnoles américaines des fifties !) étant tous réussis.
Un scénario finalement classique pour le genre, des types de personnages sans doute déjà vus (c’est peut-être là qu’il aurait fallu plus de nouveauté…), mais le tout est vraiment bien ficelé, et les amateurs du genre apprécieront sûrement ces quatre albums.
Note réelle 3,5/5.
Présentée en tant que série terminée en 2 tomes, « Les aventures de Bob Leclerc » semblent pourtant comporter un volume précédent intitulé « Vers les Mondes Lointains », paru en 2008 chez Paquet. L’histoire se lit quand même en deux tomes, malgré un début un peu abrupt. Je me suis permis de rajouter l’album original à la fiche. Cet avis porte sur les deux tomes aux éditions Mosquito.
L’histoire est assez classique (les humains contre les Martiens), et se pose clairement en hommage à la science-fiction « classique » : Jules Verne (De la Terre à la Lune), Arthur C. Clarke (2001, l'Odyssée de l'espace), etc. On y retrouve le même rythme lent, les explications scientifiques méticuleuses (voire laborieuses), et de manière générale l’histoire ne plaira guère aux amateurs d’action ou de récits haletants. D’autant plus que les albums sont très longs (208 pages pour le tome 1 et 176 pages pour le second).
Le tout baigne dans une ambiance très « vintage », que cela soit au niveau du contexte (les années 50), de la forme (le dessin, sur lequel je reviendrai, la narration textuelle un peu lourde), et même sur le faux racisme d’époque à la Tintin au Congo (on y parle des « jaunes »). Le tout fait qu’on a vraiment l’impression que la BD à été écrite dans les années 50 ou 60.
Ajoutons à cela un humour surprenant, au travers des détails rigolos dans certaines cases, des personnages et des répliques cocasses (ah, le scientifique alcoolique), et de manière générale une surenchère technologique exagérée (voir le trajet vers la base secrète en tout début de tome 1).
Je finirai par le dessin, qui est magnifique, et vraiment unique. Les visages des personnages sont très particuliers (avec ces regards souvent vides), et les décors fourmillent de mille détails. Certaines vues du cockpit sont à tomber par terre (voir la galerie).
Un OVNI, qui m’a beaucoup plu, même si j’imagine que ce ne sera pas la tasse de thé de tout le monde.
Dufaux publie beaucoup – beaucoup trop serais-je tenté d’écrire, eu égard à l’inégalité de sa production. Avec cette « Impératrice rouge », on est plutôt dans le haut du panier des séries de cet auteur.
Il utilise plutôt intelligemment la trame historique de la Russie, qu’il transpose dans un futur indéfini (y sont mélangés certains éléments du passé, du présent, et d’autres clairement futuristes – d’où le classement en Science-Fiction : le personnage de Rostan est caractéristique de cet aspect).
La Grande Catherine de Russie, bien sûr, le XVIIIe siècle russe, avec les cosaques zaporogues (qu’Apollinaire avait joliment mis en vers), les intrigues de cour, tout y est. Dufaux y ajoute des personnages clés de l’histoire postérieure de la Russie (Staline, Lenine, Trotsky, etc), des éléments de la culture russe (Jivago est évoqué, des auteurs russes apparaissent dans des expressions ou jurons, comme Lermontov, etc), et bien des choses font référence à la fin de l’URSS (comme le cimetière de navires et sous-marins militaires des « Grandes catacombes » entre autres).
Toutes ces références n’alourdissent pas l’intrigue, et ne sont utilisées que comme des clins d’œil, amusants. En tout cas l’histoire, sans être des plus originales, se laisse lire agréablement.
Le dessin d’Adamov est lui aussi réussi, avec les têtes de certains personnages qui ressemble parfois à ce que faisait Bilal dans la trilogie « Nikopol ».
A noter une grossière erreur sur la couverture du troisième tome : Adamov s’est trompé de côté pour la jambe de bois de Rostan…
Une série sympathique, que j’ai lue avec plaisir.
Note réelle 3,5/5.
Ce récit est extrêmement touchant mais a failli ne pas connaître d’épilogue. Son scénariste, Luc Brunschwig aura effectivement beaucoup de peine à le terminer puisque l’histoire fictionnelle qu’il raconte ici aura fait remonter dans sa mémoire des souvenirs bien réels d’où découlera une dépression profonde. Il nous aura donc fallu faire montre de patience pour pouvoir enfin lire le dernier opus. Mais qu’à cela ne tienne ! Si l’émotion est au rendez-vous, qu’importe l’attente.
Avec ce genre de préambule, je vous soupçonne de craindre un récit sordide, d’une noirceur profonde dont la lecture ne vous incitera à rien d’autre qu’à vous mettre la tête dans le four, thermostat réglé sur 180° (de préférence avec des brownies, ça pourra toujours servir à l’enterrement). Il n’en est rien !
D’ailleurs, tout débute avec un premier tome étonnant, amusant à plus d’un titre, touchant par ses personnages (tant les principaux que les secondaires), en résumé, incroyablement accrocheur. Imaginez un vieux monsieur débarquant dans un café d’habitués un bébé dans les bras. Le vieillard est confus mais, grâce à des aide-mémoires blottis au fond de ses poches, se révèle conteur hors pairs. Le gaillard ne semble plus avoir toute sa tête et, à l’instar de son auditoire, on se demande ce qui dans ses propos tient de la fabulation et de la vérité. Quoiqu’il en soit, j’ai été fasciné par ce premier tome qui nous conte une histoire simple et humaine, avec des acteurs qui essayent de bien faire et qui, parfois, font les mauvais choix.
J’attendais alors le deuxième tome avec beaucoup d’impatience… et sans doute en attendais-je trop. Car l’histoire prend alors un virage, non pas à 180° mais tout de même suffisamment marqué pour que le centre d’intérêt se déplace de l’histoire de ce bébé et de sa maman à celle du vieil homme. Un vieil homme qui, de figure marquante en narrateur fantasque du premier tome, va se transformer en une ombre difficile à cerner. C’est tout l’intérêt de ce tome mais c’est aussi ce qui a fait que, lors de ma première lecture, j’ai moins apprécié ce deuxième volet.
Vient avec le troisième tome le temps des révélations… et celui des grandes émotions. Cette dernière partie offre des passages poignants, dans lesquels les démons de la communauté juive d’Europe refont surface. Il y est beaucoup question de déportation, de déracinement, de souffrance mais Luc Brunschwig combine ces lourds passages à des notes d’espoir et d’humanité. Humanité, tout au long du récit, ce terme m’est revenu à l’esprit. L’histoire qui nous est contée ici en est remplie, avec des personnages simples, qui commettent des erreurs, essaient de faire pour le mieux, et touchent le lecteur par ce simple fait. Ils ne sont pas parfaits, et cela les rend proches de nous.
Le dessin d’Etienne Le Roux convient parfaitement à ce scénario. Ce style semi-réaliste permet d’ancrer des personnages bien typés (et donc facilement reconnaissables malgré les différentes époques) dans des décors réalistes. La colorisation dans laquelle le brun domine ne pourra que plaire à notre webmaster (Alix, si tu m’entends… ) et confère à ce récit un climat nostalgique qui lui sied bien. J’ai bien remarqué une petite différence au niveau du trait entre le deuxième et le troisième tome, conséquence logique du grand laps de temps qui a séparé ces deux albums, mais c’est vite oublié et l’histoire reprend rapidement le dessus.
Un récit très touchant, en tous les cas, même si le sujet central semble changer en cours de récit (alors que je ne doute pas que l’intention de Luc Brunschwig a toujours été de nous raconter l’histoire de ce vieux monsieur). Avis aux amateurs.
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Certains l'aiment noir
Si Foerster fera ensuite quelques tentatives dans d’autres genres (comme le western), c’est rapidement dans le fantastique qu’il va se spécialiser. Ce « Certains l’aiment noir » est l’un de ses premiers (et meilleurs) recueils du genre. Et c’est une réussite ! En effet, les histoires regroupées dans cet album sont souvent de petites perles du genre fantastique. Avec, parfois un arrière-plan d’humour, de poésie. Et la capacité à créer une ambiance étrange que Foerster utilise à la perfection. Les décors sont souvent brinquebalants, avec des intérieurs défiant la perspective, des couloirs qui appellent une angoisse sourde, souvent disproportionnés, gigantesques (ceci étant accentué par des vues en contre-plongée), etc. Idem pour les personnages, au corps soit difforme, soit allongé et biscornu, avec de nombreux personnages hydrocéphales : un univers bien étrange donc ! Le dessin est très chouette, avec un Noir et Blanc adapté à l’univers développé. Toutes les histoires sont sympas. Une belle réussite du genre, à redécouvrir !
Le Club des Quatre
Ah ah ah ! La belle poilade que procure la lecture de cet album ! Parodiant au départ les histoires de la bibliothèque verte du Club des Cinq (le nom déjà, mais aussi certains textes d’introduction, ici surjoués et débilement creux), Bouzard réussit à produire une série d’histoires plus ou moins courtes, qui exploitent toutes quasi jusqu’au bout ses délires. Seules les deux dernières m’ont moins convaincu (en fait surtout l’avant dernière, « Le père à Mickey »). Mais pour le reste, c’est souvent bien vu. Le scénario de chaque histoire importe peu, on s’en rend compte rapidement, c’est surtout les dialogues, et les situations absurdes dans lesquelles se trouvent embarqués les quatre copains qui font le sel de ce recueil. Le ton est clairement à l’humour déconne, à l’absurde, avec un humour parfois seulement débile, mais qui peut aussi s’avérer un chouïa trash. Dans le club des quatre, Anita sert souvent de défouloir pour Bouzard, qui la fait souffrir ! Quant aux trois autres, chacun est assez typé (mention spéciale à celui qui, fan de hard rock, voit des zombies partout). Pour amateur d’humour con.
Imbattable
Etienne Lécroart (très souvent et avec maestria), Jean-Paul Eid dans son très réussi Le Fond du Trou avaient déjà usé de ce stratagème consistant à jouer sur les cases d’une planche de bande dessinée, et à faire intervenir un personnage d’une case à l’autre, avec des effets comiques évidents. Imbattable est donc un super héros, qui déjoue les plans des méchants (souvent une caricature de savant fou, mais pas que), ou se joue des difficultés de la vie quotidienne en agissant sur les cases de la planche, et donc en « changeant » futur et passé. Bien sûr, les histoires s’adressent peut-être davantage à un public jeune (mais j’y ai largement trouvé mon compte !). Mais, comme les deux auteurs précédemment cités, Pascal Jousselin n’a pas sacrifié l’histoire au challenge technique : c’est le plus souvent drôle et réussi. Le plus souvent, mais pas toujours. En particulier, lorsque les histoires s’étendent (plusieurs pages), je le trouve moins à l’aise. Et j’ai aussi l’impression qu’il a fait le tour de cette idée. A moins que je ne me trompe, une suite n’est alors pas forcément souhaitable. Toujours est-il que c’est un album sympathique, dont je vous recommande la lecture, avec vos bambins pourquoi pas… Note réelle 3,5/5.
Black Clover
Quand il s'agit d'un Shonen Nekketsu, je me fais toujours avoir ! Le cadre a beau être déjà vu, le fond de l'intrigue banal et d'une grande simplicité et le récit se contenter en grande partie d'aligner les péripéties et les combats où le héros et ses amis finissent pas gagner, dès que c'est bien fait, je me fais prendre au jeu et je reste accroché à la lecture avec une forte envie de connaitre la suite. L'auteur et sa petite équipe d'assistants met en scène un royaume magique où tout le monde ou presque est doté de pouvoirs mais seuls les plus doués en magie deviennent des Chevaliers-Mages. Le héros, un jeune orphelin plein d'énergie, est bien décidé à devenir le plus puissant d'entre eux, sauf que, cas exceptionnel, il est complètement dépourvu de pouvoir. Et c'est bien pour ça qu'il va hériter d'un grimoire d'anti-magie qui lui permettra de se lancer à l'aventure et contrer les sorts des plus puissants adversaires. Avec différents membres du groupe de Chevaliers-Mages qu'il va rejoindre, il va réaliser des missions qui vont finalement l'amener à se confronter aux manigances et attaques du dangereux royaume voisin. Par bien des aspects, la série rappelle Fairy tail, notamment avec ces groupes de sorciers, chacun doté de ses propres capacités et de sa personnalité bien distincte. Le ton est également à l'aventure, aux combats magiques et à un soupçon de légèreté et d'humour. C'est le schéma classique des Nekketsu où l'on a hâte de voir le héros progresser, affronter des adversaires de plus en plus puissants et faire triompher sa vision lumineuse de la justice et de l'honneur. Au départ, j'ai cru que j'aurais beaucoup de mal à supporter ce jeune personnage trop caricatural par son côté exubérant et hyper-actif, mais j'ai fini par m'y faire et à trouver qu'il se fondait bien dans la masse. Ceci dit, c'est surtout la diversité, le charme et l'intérêt des différents personnages qu'il côtoie et affronte que j'ai préféré. Le dessin est de bonne qualité. L'auteur a su s'entourer de suffisamment d'aides pour offrir des planches soignées et agréables. La mise en page est bien faite et permet une narration claire, ce qui est essentiel pour ne pas s'y perdre dans les nombreuses scènes d'action et sorts de magie. Cette série ne brille pas son originalité ou par la profondeur de son scénario. Mais elle remplit parfaitement son contrat de divertissement et offre une lecture légère mais prenante qui fait très agréablement passer le temps et donne envie de lire la suite.
Man in the window
Bon, le pitch est relativement classique, avec ce lycéen qui se croise plus vieux, et qui essaie de modifier son futur. On est dans un manga, donc forcément le personnage est tenté d'aller vers des choses négatives au départ ; mais par la suite, il découvre que ce sont de smembres de son entourage qui vont disparaître, il va donc tenter d'infléchir le destin... C'est plutôt bien fichu, on a beaucoup de curiosité par rapport au déroulement des évènements. Masatoki gère bien les tenants et les aboutissants, et les actions de Shôhei deviennent de plus en plus complexes au fil de l'histoire. Une complexité qui contraste pas mal avec le dessin, plutôt rond, un brin naïf, même s'il y a de belles ambiances dans les forêts et en milieu urbain. Je suis curieux, très curieux, de lire la suite, d'autant plus que la série se termine en trois tomes.
Demon Slayer (Les Rôdeurs de la nuit)
Un manga bien sympathique et captivant. L'histoire est un mélange de shônen et d'histoires d'horreur avec tous ces monstres issus de la mythologie japonaise. Cela m'a fait un peu penser à Inu yasha, mais en bien mieux. On retrouve des codes du shônen comme le héros qui rencontre un mystérieux mentor, mais cela ne me dérange pas car j'ai adoré l'ambiance de l'histoire et le récit est plutôt prenant. Les deux personnages principaux sont attachants et j'aime bien le coté fantastique et historique de ce manga. Donc, pour l'instant, j'aime bien ce manga et j'attends la suite avec impatience. J'espère toutefois que cela ne va pas durer des dizaines de tomes.
Le Poisson-clown
Après Nuit Noire, c’est la deuxième série policière de Chauvel que je lis en peu de temps, et c’est encore une belle réussite ! Dans un univers très différent, puisqu’après la dérive de deux loubards de banlieue française de Nuit Noire, lui succède ici un scénario se déroulant dans les Etats-Unis des années 1950, avec un scénario très retors et hollywoodien, en tout cas bien huilé ! Là encore Chauvel alterne histoire linéaire et flash-back, pour nous montrer les suites d’un hold-up, avec moult rebondissements. Même si certains aspects ne sont pas forcément toujours très originaux, c’est une histoire bien fichue, qui captive le lecteur sans problème – ni temps mort. Avec beaucoup de méchants – plus ou moins, peu de gentils (le personnage principal l’est un peu trop d’ailleurs). Je trouve juste la fin un peu trop gentille justement, mais bon, j’ai vraiment globalement apprécié ma lecture. Le dessin de Fred Simon est très bon. Un style semi réaliste qui rend la lecture fluide, personnages et décors (ah, les bagnoles américaines des fifties !) étant tous réussis. Un scénario finalement classique pour le genre, des types de personnages sans doute déjà vus (c’est peut-être là qu’il aurait fallu plus de nouveauté…), mais le tout est vraiment bien ficelé, et les amateurs du genre apprécieront sûrement ces quatre albums. Note réelle 3,5/5.
Bob Leclerc (Les Aventures de)
Présentée en tant que série terminée en 2 tomes, « Les aventures de Bob Leclerc » semblent pourtant comporter un volume précédent intitulé « Vers les Mondes Lointains », paru en 2008 chez Paquet. L’histoire se lit quand même en deux tomes, malgré un début un peu abrupt. Je me suis permis de rajouter l’album original à la fiche. Cet avis porte sur les deux tomes aux éditions Mosquito. L’histoire est assez classique (les humains contre les Martiens), et se pose clairement en hommage à la science-fiction « classique » : Jules Verne (De la Terre à la Lune), Arthur C. Clarke (2001, l'Odyssée de l'espace), etc. On y retrouve le même rythme lent, les explications scientifiques méticuleuses (voire laborieuses), et de manière générale l’histoire ne plaira guère aux amateurs d’action ou de récits haletants. D’autant plus que les albums sont très longs (208 pages pour le tome 1 et 176 pages pour le second). Le tout baigne dans une ambiance très « vintage », que cela soit au niveau du contexte (les années 50), de la forme (le dessin, sur lequel je reviendrai, la narration textuelle un peu lourde), et même sur le faux racisme d’époque à la Tintin au Congo (on y parle des « jaunes »). Le tout fait qu’on a vraiment l’impression que la BD à été écrite dans les années 50 ou 60. Ajoutons à cela un humour surprenant, au travers des détails rigolos dans certaines cases, des personnages et des répliques cocasses (ah, le scientifique alcoolique), et de manière générale une surenchère technologique exagérée (voir le trajet vers la base secrète en tout début de tome 1). Je finirai par le dessin, qui est magnifique, et vraiment unique. Les visages des personnages sont très particuliers (avec ces regards souvent vides), et les décors fourmillent de mille détails. Certaines vues du cockpit sont à tomber par terre (voir la galerie). Un OVNI, qui m’a beaucoup plu, même si j’imagine que ce ne sera pas la tasse de thé de tout le monde.
L'Impératrice rouge
Dufaux publie beaucoup – beaucoup trop serais-je tenté d’écrire, eu égard à l’inégalité de sa production. Avec cette « Impératrice rouge », on est plutôt dans le haut du panier des séries de cet auteur. Il utilise plutôt intelligemment la trame historique de la Russie, qu’il transpose dans un futur indéfini (y sont mélangés certains éléments du passé, du présent, et d’autres clairement futuristes – d’où le classement en Science-Fiction : le personnage de Rostan est caractéristique de cet aspect). La Grande Catherine de Russie, bien sûr, le XVIIIe siècle russe, avec les cosaques zaporogues (qu’Apollinaire avait joliment mis en vers), les intrigues de cour, tout y est. Dufaux y ajoute des personnages clés de l’histoire postérieure de la Russie (Staline, Lenine, Trotsky, etc), des éléments de la culture russe (Jivago est évoqué, des auteurs russes apparaissent dans des expressions ou jurons, comme Lermontov, etc), et bien des choses font référence à la fin de l’URSS (comme le cimetière de navires et sous-marins militaires des « Grandes catacombes » entre autres). Toutes ces références n’alourdissent pas l’intrigue, et ne sont utilisées que comme des clins d’œil, amusants. En tout cas l’histoire, sans être des plus originales, se laisse lire agréablement. Le dessin d’Adamov est lui aussi réussi, avec les têtes de certains personnages qui ressemble parfois à ce que faisait Bilal dans la trilogie « Nikopol ». A noter une grossière erreur sur la couverture du troisième tome : Adamov s’est trompé de côté pour la jambe de bois de Rostan… Une série sympathique, que j’ai lue avec plaisir. Note réelle 3,5/5.
La Mémoire dans les poches
Ce récit est extrêmement touchant mais a failli ne pas connaître d’épilogue. Son scénariste, Luc Brunschwig aura effectivement beaucoup de peine à le terminer puisque l’histoire fictionnelle qu’il raconte ici aura fait remonter dans sa mémoire des souvenirs bien réels d’où découlera une dépression profonde. Il nous aura donc fallu faire montre de patience pour pouvoir enfin lire le dernier opus. Mais qu’à cela ne tienne ! Si l’émotion est au rendez-vous, qu’importe l’attente. Avec ce genre de préambule, je vous soupçonne de craindre un récit sordide, d’une noirceur profonde dont la lecture ne vous incitera à rien d’autre qu’à vous mettre la tête dans le four, thermostat réglé sur 180° (de préférence avec des brownies, ça pourra toujours servir à l’enterrement). Il n’en est rien ! D’ailleurs, tout débute avec un premier tome étonnant, amusant à plus d’un titre, touchant par ses personnages (tant les principaux que les secondaires), en résumé, incroyablement accrocheur. Imaginez un vieux monsieur débarquant dans un café d’habitués un bébé dans les bras. Le vieillard est confus mais, grâce à des aide-mémoires blottis au fond de ses poches, se révèle conteur hors pairs. Le gaillard ne semble plus avoir toute sa tête et, à l’instar de son auditoire, on se demande ce qui dans ses propos tient de la fabulation et de la vérité. Quoiqu’il en soit, j’ai été fasciné par ce premier tome qui nous conte une histoire simple et humaine, avec des acteurs qui essayent de bien faire et qui, parfois, font les mauvais choix. J’attendais alors le deuxième tome avec beaucoup d’impatience… et sans doute en attendais-je trop. Car l’histoire prend alors un virage, non pas à 180° mais tout de même suffisamment marqué pour que le centre d’intérêt se déplace de l’histoire de ce bébé et de sa maman à celle du vieil homme. Un vieil homme qui, de figure marquante en narrateur fantasque du premier tome, va se transformer en une ombre difficile à cerner. C’est tout l’intérêt de ce tome mais c’est aussi ce qui a fait que, lors de ma première lecture, j’ai moins apprécié ce deuxième volet. Vient avec le troisième tome le temps des révélations… et celui des grandes émotions. Cette dernière partie offre des passages poignants, dans lesquels les démons de la communauté juive d’Europe refont surface. Il y est beaucoup question de déportation, de déracinement, de souffrance mais Luc Brunschwig combine ces lourds passages à des notes d’espoir et d’humanité. Humanité, tout au long du récit, ce terme m’est revenu à l’esprit. L’histoire qui nous est contée ici en est remplie, avec des personnages simples, qui commettent des erreurs, essaient de faire pour le mieux, et touchent le lecteur par ce simple fait. Ils ne sont pas parfaits, et cela les rend proches de nous. Le dessin d’Etienne Le Roux convient parfaitement à ce scénario. Ce style semi-réaliste permet d’ancrer des personnages bien typés (et donc facilement reconnaissables malgré les différentes époques) dans des décors réalistes. La colorisation dans laquelle le brun domine ne pourra que plaire à notre webmaster (Alix, si tu m’entends… ) et confère à ce récit un climat nostalgique qui lui sied bien. J’ai bien remarqué une petite différence au niveau du trait entre le deuxième et le troisième tome, conséquence logique du grand laps de temps qui a séparé ces deux albums, mais c’est vite oublié et l’histoire reprend rapidement le dessus. Un récit très touchant, en tous les cas, même si le sujet central semble changer en cours de récit (alors que je ne doute pas que l’intention de Luc Brunschwig a toujours été de nous raconter l’histoire de ce vieux monsieur). Avis aux amateurs.