Nous sommes là de plain-pied dans un western crépusculaire, qui emprunte sa violence, un certain amoralisme, l’usage de personnages « à trogne » et de nombreux gros plans au genre spaghetti, mais qui n’en est pas finalement. On serait plus dans une bonne série B revue par Tarantino.
Le décor planté, le reste n’est pas forcément original : le héros fait un pacte avec le diable, et s’en mord les doigts au bout d’un moment.
Alors pourquoi ces quatre étoiles ? Eh bien parce que ces ingrédients relativement « communs » sont relevés par un visuel franchement décapant.
C’est le dessin de Griffon qui m’avait fait acheter l’intégrale après l’avoir feuilletée. Il use d’un Noir et Blanc très tranché. Tranchant serais-je tenté d’écrire, car on a l’impression d’ombres découpées au scalpel, d’incisions dans la page, avec des têtes, des corps déformés.
Ce traitement graphique accentue la violence de l’histoire – bien réelle ! – mais aussi le côté fantastique développé par la rencontre entre Hans Güt et Linus, qui lui permet de devenir le cow-boy invincible (au tableau de chasse impressionnant) qu’il rêvait d’être.
Une histoire violente (dont la fin n’est pas forcément claire, mais je ne m’en plains pas), magnifiée, dynamitée par le dessin.
Un western à découvrir.
Le journal du off va ravir ceux qui aiment la politique puisqu’il s’agit de retracer tout ce qui s’est passé lors de la dernière campagne des présidentielles en France sur la période août 2016 - mai 2017. C’est encore tout récent et assez frais dans nos esprits. Cela ne sera sans doute plus le cas dans quelques années. Il faut savoir que les auteurs se sont basés sur les faits et les phrases réellement prononcées par les différents hommes politiques que cela soit en off ou dans les différents médias. La part de fiction ne concerne que le journaliste qui couvre la campagne électorale. La bave d’Alain Juppé dans le débat était bien réelle.
Avec le recul, on se rend bien compte de l’énormité de certaines petites phrases prononcées dans les coulisses. Je me suis bien marré lorsque j’ai entendu le président Hollande qui indiquait que Bayrou était l’homme dangereux de cette élection à la fin de l’été 2016. Nul ne pouvait prédire les multiples retournements de cette élection qui sera certainement dans les annales. Des personnages se sont révélés et d’autres se sont littéralement écroulés.
La matière est là et on ne s’ennuiera pas bien au contraire. Pour le dessin, il est de celui que j’apprécie. Cependant, j’ai eu du mal à reconnaître la figure de certains hommes politiques comme François Baroin par exemple. D’autres figures sont un peu moins présentes malgré le rôle joué dans la campagne: on n’a pas parlé de l’hologramme de Jean-Luc Mélenchon par exemple. Certains faits sont ignorés également. Il est vrai que ceux qui ont suivi attentivement cette campagne n’apprendront rien de véritablement neuf. Cependant, je trouve que le format bd est bien adapté à ces off avec une lecture très agréable ponctuée de beaucoup d’humour.
A recommander à ceux qui s’intéressent à la politique et ses coulisses. C’est forcément féroce et savoureux s’agissant de nos hommes politiques bien aimés quelques soit le bord.
Petit bonus : qui imagine le Général de Gaulle mis en examen ? Je ne sais pas : il faudrait sans doute balayer devant sa porte. ;)
Bon ! On va essayer de faire ça bien. Parce que ce n’est pas évident de parler de cette série sans différencier les différentes époques, sans tenir compte du contexte, sans avoir un chat sur les genoux, une tasse de thé et des scones à portée de main et Pink Floyd en fond sonore.
Alors oui, cet avis est totalement partial. Pour la bonne et simple raison que le colonel Harold Wilberforce Clifton a une grande part de responsabilité dans le fait qu’aujourd’hui la bande dessinée constitue une passion chez moi, au point de consumer une bonne part de mon temps libre et de mon portefeuille. Depuis Alias Lord X (tome 4 de la série telle que connue aujourd’hui mais qui avait bénéficié d’une édition préalable dans la collection des albums brochés estampillés « les meilleurs récits du journal de Tintin ») et cette évasion réussie à coup de « God save the Queen » et de chaussures à ventouses, cette série occupe une place de choix dans mon cœur. Nostalgie ? Bien évidemment et je ne peux que me réjouir du retour au classicisme opéré par Zidrou et Turk qui ont décidé de replonger le personnage au cœur des années ’60, période qui lui sied le mieux, à mon humble (mais ferme) avis.
Mais je m'égare… Reprenons les choses dans l’ordre, si vous le voulez bien.
1ère époque : Raymond Macherot
Or donc, tout commença par une froide journée de juillet ‘59 (souviens-toi, Barbara, il pleuvait sans cesse ce jour-là) lorsque Raymond Macherot, inspiré par la félicité et le brouillard environnant croqua en deux coups de crayon un grand dadais affublé d’une casquette, d’une veste en tweed et d’un parapluie, arborant fièrement une moustache à faire pâlir Thomas Magnum de jalousie et un flegme sans égal. Bon, d’accord, ce n’était peut-être pas en juillet mais qu’importe. Ce qui compte, c’est de savoir que le personnage a été créé par Raymond Macherot alors que les folles sixties s’annonçaient seulement. En d’autres termes, à sa naissance, Clifton était un personnage presque moderne. Presque, car Raymond Macherot l’avait doté d’un caractère passé et de gadgets d’avant-garde (et ma foi fort farfelus). Les aventures tenaient alors de l’espionnage ou de l’enquête policière classique avec une dimension fantastique plus ou moins marquée en fonction des circonstances (ce qui n’a finalement jamais changé), une sorte de Chapeau melon et bottes de cuir mais sans chapeau melon ni bottes de cuir. Les récits étaient courts (nous n’étions pas encore dans un format de 46 pages) et servaient de bouche-trou dans le journal de Tintin.
Honnêtement, ces récits sont loin d’être des indispensables. Tout au plus, le lecteur âgé se plaira à y retrouver le parfum enivrant des bandes dessinées d’antan. Le jeune lecteur, lui, trouvera surtout que ça sent la salle de bain de vieux. On oublie, sauf si on est atteint de collectionnite aigüe, auquel cas le tome 1 de l’intégrale parue au Lombard est à ma connaissance la plus sûre manière d’acquérir les récits de cette époque (il y a bien eu des parutions en album de çà de là mais ça ne doit pas être évident de les retrouver de nos jours).
Après ce pittoresque préambule, passons aux choses sérieuses…
2ème époque : Turk & De Groot
De « Ce cher Wilkinson » à « Kidnapping », le duo composé de Turk et De Groot (par ailleurs créateurs de « Léonard ») va construire la légende de Clifton. « Ce cher Wilkinson » est encore fort influencé par Raymond Macherot (avec une dimension fantastique marquée) et l’on sent que les auteurs ne se sont pas encore pleinement emparés du personnage. « Le voleur qui rit » marque déjà une évolution mais la révolution s’opérera avec « 7 jours pour mourir », un récit drôle et rythmé aux références multiples (les Pig Floyds nous poussent la chansonnette avec un chat en guise de choriste, et les puristes comprendront directement l’allusion à Pink Floyd et à mademoiselle Nobs – pour les autres, un petit pèlerinage par You Tube ne vous sera pas inutile, bande de mécréants). Les aventures du colonel Clifton vont alors connaître un paroxysme qui durera le temps de 7 albums (avec, à titre personnel, une préférence pour les albums suivants : « 7 jours pour mourir », « Alias Lord X », « Sir Jason » et « Week-end à tuer ». Quatre albums auxquels j’accorderais un 5/5 dans mon classement subjectif des œuvres « jeunesse » qui ont marqué mon enfance). Toute cette période est pour moi une période culte. Les joutes verbales et les bons mots foisonnent, la dérision est partout tandis que les intrigues tiennent souvent la route. Les rôles secondaires sont essentiels à la réussite de la série et il n’est pas possible de parler de Clifton sans évoquer miss Partridge, John Haig ou le lieutenant Strawberry. Cette petite cours qui entoure le colonel Clifton favorise les dialogues vifs, les gags récurrents et les situations absurdes. Clifton sans miss Partridge, c’est comme du porridge sans œufs brouillés.
Cette belle période correspond à ma propre enfance et il est certain que c’est cette synchronisation qui a rendu la série si chère à mon cœur. En vieillissant, en entrant de plain-pied dans l’adolescence, j’ai commencé à chercher autre chose que ce que Clifton pouvait m’offrir. Il n’empêche, le changement d’auteurs va marquer la fin d’une époque.
3ème époque : Bédu & De Groot
Exit Turk, bienvenue à Bédu. Il me faudra un temps pour accepter ce changement de dessinateur. Pourtant, le style de Bédu n’est pas sans rappeler celui de Turk. Les personnages deviennent cependant plus trapus. Leurs mouvements sont moins fluides, leurs mimiques sonnent moins justes. Bédu est un très bon dessinateur mais après tant d’années passées avec le Clifton de Turk, je vais avoir du mal à accepter ce changement. D’autant plus de mal que si je considère « La Mémoire brisée » comme un bon album, les trois autres (« Passé composé », « Dernière séance » et « Matoutou Falaise ») sont clairement un cran en dessous, selon moi. Autre élément marquant de cette période, le fait que Clifton va progressivement sortir de la sienne (de période). Exit, les sixties et seventies, un album comme « Matoutou falaise » sonne clairement années ’80, une décennie bien moins intéressante (tant au niveau historique que culturel). Je perds mes repères et, progressivement, je lâche l’affaire.
4ème époque : Bédu
Pourtant « Le Clan Mc Grégor » n’est pas un mauvais album. Il souffre juste selon moi de ce modernisme, de ce jeunisme imposé au personnage. Le rôle central joué par la jeune sœur d’Iris est symptomatique de cette volonté de rajeunir le public de Clifton. Mais « Mortelle saison » et « Le Baiser du Cobra », eux, ne me séduiront absolument plus. En cause, principalement, cette cure de jouvence. Ce n’est plus le Clifton que j’aime, ce flegmatique et ronchon détective se voit affublé d’un statut d’athlétique agent secret qui ne lui sied pas. Je me rappelle alors avec nostalgie d’ « Alias Lord X » (on y revient) lorsqu’il suait sang et eau à faire des pompes sous la surveillance d’un ancien para. C’était celui-là, le Clifton que j’aimais. Pas un surhomme mais un détective inspiré, un homme juste… et doté d’un caractère bougon.
5ème époque : Rodrigue & De Groot
On oublie « Les Lutins diaboliques », recueil de courts récits issus de diverses époques dont l’intérêt est plus qu’aléatoire pour parler de ce qui, à mes yeux, constitue la plus mauvaise période de la série. Clifton n’y est plus que l’ombre de lui-même. La cure de jeunisme ne lui convient absolument pas. Les anciens lecteurs n’y trouvent pas leur compte tandis que les jeunes n’accrochent que moyennement à ce personnage d’un autre temps. C’est un peu comme si on avait voulu faire jouer au club des 5 un remake de Game of Thrones. Clifton n’est plus dans son époque, il n’est plus à sa place. A la limite, il devient presque un personnage secondaire de ses propres aventures. « Jade » et « Lune Noire » offrent des récits plus modernes mais tellement creux ! « Elémentaire, mon cher Clifton » est un peu plus original mais reste bien en deçà des débuts de la série. Michel Rodrigue (dont le trait est vraiment proche de celui de Turk) continuera l’aventure seul le temps d’un album sans grand intérêt à nouveau (« Balade irlandaise »). L’intrigue est extrêmement prévisible tandis que l’humour tombe le plus souvent à plat. Avec cet album j’ai réellement pensé que Clifton était mort et enterré. Trop démodé, trop « déjà-vu », ce genre de détective ne pouvait plus plaire qu’à de vieux cons nostalgiques… Et je me demande dans quelle mesure les éditions du Lombard n’ont pas suivi le même cheminement dans leurs cogitations.
6ème époque : Zidrou et Turk
Car depuis deux albums, la série connait un renouveau. Enfin, renouveau… Il serait plus juste de parler d’un retour aux sources. Tout d’abord, la série salue le retour de Turk aux crayons. Le trait est devenu un peu moins fin qu’à la grande époque mais l’artiste possède toujours cet art de la caricature expressive. C’est celui qui, pour moi, a le mieux fait parler le visage de Clifton. Le retrouver au dessin est donc un réel plaisir.
Mais que vient faire Zidrou dans cette aventure ? C’est vraiment la question que je me suis posé dans un premier temps. Le gars multiplie les scénarios et j’avais peur qu’il ne consacre à Clifton trop peu de temps que pour le faire renaître. Après deux tomes, je me mets à croire au miracle. Tout d’abord, les auteurs ont eu l’intelligence de replacer Clifton dans l’Angleterre des années ’60. En jouant sur la corde de la nostalgie, les auteurs ont ainsi la possibilité d’exploiter une période des plus intéressantes pour le personnage mais aussi de séduire le public des débuts, les gamins boutonneux des années ’70 devenus vieux cons des années 2010 (et je sais de quoi je parle ! J’en fais partie).
Par ailleurs, les scénarios font montre d’une originalité que l’on n’avait plus vue depuis longtemps dans les pérégrinations du détective. « Les Gauchers contrariés » pèche encore un peu au niveau des dialogues. Mais les réparties fusent comme au bon vieux temps dans le tout frais, tout beau, tout propre « Just married » Un album digne de la grande époque avec des personnages secondaires solides, des références à la caricature de culture anglaise telle que nous aimons la véhiculer de ce côté de la Manche, de l’action et de l’humour. Il y a encore des axes d’amélioration tangibles (à commencer par un adversaire un peu moins irritant) mais je pense que les deux auteurs sont sur la bonne voie.
En tous les cas, je suis vraiment reparti pour un tour (en MG). Long live, sir Harold Wilberforce Clifton, puisse ce héron mélomane m’accompagner dans mon lent retour à la sénilité. Comme quoi, c’est avec les vieilles casseroles que l’on réussit le mieux les vieilles recettes.
Voilà, voilà, voilà… Pour moi la série est culte mais l’inégalité des périodes et son échelonnement dans le temps font que certains albums figurent dans mon panthéon tandis que d’autres ne sortiront sans doute plus jamais de la bibliothèque (sinon pour caler un meuble). Objectivement, ma note devrait être de 3/5 pour l’ensemble de la série mais voilà, je suis tout sauf objectif quand on me parle de Clifton.
Na !
Je suis de près la carrière d'Aurélien Ducoudray, scénariste qui met souvent un vernis, voire plus, de social dans ses récits. Ici le social sert de toile de fond à cette histoire d'héritage, de famille reconstituée et de nouveaux départs.
Enfin de nouveau départ il n'y en a pas le temps, l'intrigue se déroule sur seulement quelques jours, tout va très vite pour Amédée et ses amis. Ce qui est sûr c'est que le récit est vraiment prenant, on a envie de savoir ce qu'il va arriver à ces trois SDF qui se retrouvent avec Nicolas, pas forcément facile à gérer. Pas de misérabilisme chez Ducoudray, les personnages sont handicapés, sans le sou, sans éducation parfois, mais les plus à plaindre ne sont pas forcément ceux que l'on croit.
Dans le tome 2 les évènements s'accélèrent, nos SDF sont complètement dépassés par le déroulement des choses, et se retrouvent à nouveau démunis, au sens propre comme au sens figuré. Jusqu'à la résolution, peut-être un peu précipitée par rapport à l'ensemble, mais qui me fait dire que Ducoudray est un indécrottable optimiste-humaniste.
Côté graphisme, Anlor est une jeune dessinatrice que j'apprécie beaucoup depuis ses débuts sur Les Innocents coupables. Elle semble franchir encore un palier dans ce nouveau projet, accroissant sa maîtrise des expressions des personnages ; sa mise en scène est quant à elle impeccable.
Un diptyque vraiment sympa, pas aussi léger que certains semblent le croire.
Tronchet, même s’il n’a pas fait que cela, a souvent créé des personnages de loser. Avec ce Jean-Claude Tergal, on est plutôt servi !
En effet, avec son air ahuri, son blouson et sa personnalité molle, il a tout du mec qui va s’en prendre plein la gueule toute sa vie.
Comme un autre Jean-Claude, incarné par Michel Blanc dans les « Bronzés », Tergal se prend râteau sur râteau lorsqu’il drague les filles, et ses échecs sont le sel d’une bonne partie des gags. Après avoir été refoulé par une flopée de nanas dans les deux premiers albums (même si ça continue après), par la suite ce sont ses amis qui l’humilient ou le font souffrir, avant que Tronchet ne varie les plaisirs en nous narrant la jeunesse de son anti-héros.
Tout n’est pas drôle, et c’est même très inégal. Mais de nombreux gags sont vraiment bien fichus, et le fait même que Tergal continue d’y croire, apparemment insensible à l’échec et à la pauvreté de sa vie, optimiste malgré tout, peut amener le sourire.
Je suis toujours avec attention les scénarios de Pierre Boisserie, son niveau d'exigence au niveau de ses éditeurs mais aussi de celui des sujets me force au plus grand respect à son endroit.
Pour son deuxième projet aux Arènes, il a choisi de nous faire revivre l'un des épisodes les plus sombres de l'Histoire de France, à savoir le massacre de la Saint-Barthélémy... Le scénariste prend tout son temps, expliquant les enjeux des différents personnages, même s'ils sont parfois obscurs et sujets à discussion (la réaction du Roi de France par rapport à ce qu'il a ordonné, par exemple, n'est pas sûre).
Alors bien sûr, se cantonner au seul côté historique, avec les seuls "grands" protagonistes, aurait pu être barbant, il a donc rajouté des seconds couteaux, qui sont les héros de l'histoire dans l'Histoire. L'horreur a déjà commencé, mais la fin du premier tome -sur trois- laisse présager la véritable hécatombe, qui survient dans le second tome. Mais ce n'est pas terminé, loin de là, et Elie va avoir du mal à passer entre les balles ou les coups d'épée...
Dans le tome 3 il y parvient, mais l'inéluctable survient tout de même, et je n'en dirai pas plus. Pierre Boisserie parvient à bien conclure sa trilogie, alliant petit drame familial et grande Histoire.
C'est maîtrisé de bout en bout.
Côté dessin on ne présente plus Eric Stalner, auteur de nombreuses séries à costumes, mais aussi de séries contemporaines ou anticipatives, où la finesse de son trait s'est affirmée au fil des années. Il atteint ici, probablement, son apogée graphique, avec des visages et des décors d'une élégance jusqu'ici inédite.
Avec Saga Valta, j’ai exactement obtenu ce que j’attendais : une saga nordique avec de fiers guerriers, de séduisantes tentatrices, de cruels ennemis et des décors exotiques.
En ces périodes de disette où les déceptions s’accumulent, je trouve que c’est plus que bien ! Alors, d’accord, il n’y a pas de grosse surprise au rendez-vous mais faut avouer que c’est très bien foutu.
Le maître atout, selon moi, vient du dessin de Mohamed Aouamri. J’adore son style qui allie une grande lisibilité (grâce notamment à des personnages bien typés) et des décors détaillés. Son trait convient parfaitement à ce type d’univers. C’est élégant, très dynamique, habilement découpé avec les éléments essentiels toujours bien mis à l’avant-plan, une mise en page soignée et des personnages séduisants.
Honnêtement, rien qu’en regardant les couvertures, j’avais déjà envie de me plonger dans cette saga. Et lorsque le contenu se révèle fidèle aux couvertures, je ne peux qu’être séduit.
Au niveau du scénario, Dufaux nous livre un récit de qualité. Comme je disais plus haut, il n’y a pas grand-chose de franchement original. Le lecteur retrouvera un peu le même type d’univers que celui exploré dans la « Complainte des landes perdues » mais dans une ambiance un peu plus noire (l’influence de « Game of Thrones » ?) Sa narration en voix off est, je trouve, parfois un peu lourde mais donne un ton sinon unique du moins différent à la série, et l’action est au rendez-vous. Pas le temps de s’ennuyer entre les différents retournements de situation.
Donc voilà : si vous cherchez un récit d’heroïc fantasy classique, sombre et très bien dessiné, faites un crochet par cette Saga Valta. La série n’est pas trop longue (3 tomes) et propose une fin plaisante et susceptible de nous offrir une suite (ou, à tout le moins une autre saga dans le même univers). C’est à essayer (au minimum).
J'ai beaucoup apprécié cette BD : le dessin beau et touchant, l'intérêt du sujet (autisme) et son traitement avec beaucoup d'émotions mais tout en retenue. Je suis passée des larmes au rire, de la douceur et de la joie. Je recommande vivement la lecture de ce bel ouvrage!
Une bande dessinée avec un scénario bien ficelé et captivant, à caractère historique bien que imaginaire, avec des belles scènes érotiques et des graphismes de qualité (corps féminins et paysages, ...).
Les 13 tomes se lisent avidement ! À découvrir absolument !!
Il aura fallu 14 ans à Mathieu Lauffray pour venir au terme de cette série, "Prophet", débutée en 2000.
Quatorze années de péripéties, de changement d'éditeur (on passe des Humanoïdes Associés à Soleil pour le tome 4), de changement de scénariste (Xavier Dorison jette l'éponge à la fin du tome 1) et d'une autre série en chantier (Long John Silver) qui connait un succès critique et public amplement mérité.
Bref ces quatorze années s'achèvent enfin avec ce quatrième volume "De Profondis" qui conclue avec talent cette histoire apocalyptique.
Avec ce dernier volume, les éditions Soleil ont réédité l'ensemble des 3 premiers volumes, en corrigeant les anomalies chronologiques présentes dans les éditions originales où Lauffray s'emmêlait les pinceaux entre 2001 et 2006 ; il est d'ailleurs délicieux de constater que Lauffray, même dans le dernier volume, commet encore cet impair lors de la remise des prix (planche 26) alors que la scène se déroule en 2006, le prix est daté de 2001 !
Néanmoins, j'ai été enchanté de suivre les aventures de Jack Stanton, véritable détonateur de l'Apocalypse.
J'ai été assez surpris que cette conclusion trouve son terme dans un album plus intime, plus réaliste où contrairement aux autres, les scènes "titanesques" sont moins nombreuses.
A noter que j'ai lu ce dernier tome dans sa version grand format et en noir et blanc qui donne un cachet particulier à ce final.
La fin n'est peut-être pas à la hauteur de ce que certains attendaient mais au moins le lecteur n'aura pas une série inachevée dans sa bibliothèque.
Au niveau des dessins, même si Lauffray a fait appel à Eric Henninot et Patrick Pion pour l'aider, je suis toujours aussi bluffé par la qualité des planches, qui ressort encore plus en n&b (c'est la raison pour laquelle j'avais déjà craqué pour la version n&b du tome 3)
Pour ceux qui ont apprécié par exemple Sanctuaire de Christophe Bec, cette série est faite pour vous.
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Nous sommes là de plain-pied dans un western crépusculaire, qui emprunte sa violence, un certain amoralisme, l’usage de personnages « à trogne » et de nombreux gros plans au genre spaghetti, mais qui n’en est pas finalement. On serait plus dans une bonne série B revue par Tarantino. Le décor planté, le reste n’est pas forcément original : le héros fait un pacte avec le diable, et s’en mord les doigts au bout d’un moment. Alors pourquoi ces quatre étoiles ? Eh bien parce que ces ingrédients relativement « communs » sont relevés par un visuel franchement décapant. C’est le dessin de Griffon qui m’avait fait acheter l’intégrale après l’avoir feuilletée. Il use d’un Noir et Blanc très tranché. Tranchant serais-je tenté d’écrire, car on a l’impression d’ombres découpées au scalpel, d’incisions dans la page, avec des têtes, des corps déformés. Ce traitement graphique accentue la violence de l’histoire – bien réelle ! – mais aussi le côté fantastique développé par la rencontre entre Hans Güt et Linus, qui lui permet de devenir le cow-boy invincible (au tableau de chasse impressionnant) qu’il rêvait d’être. Une histoire violente (dont la fin n’est pas forcément claire, mais je ne m’en plains pas), magnifiée, dynamitée par le dessin. Un western à découvrir.
Le Journal du Off
Le journal du off va ravir ceux qui aiment la politique puisqu’il s’agit de retracer tout ce qui s’est passé lors de la dernière campagne des présidentielles en France sur la période août 2016 - mai 2017. C’est encore tout récent et assez frais dans nos esprits. Cela ne sera sans doute plus le cas dans quelques années. Il faut savoir que les auteurs se sont basés sur les faits et les phrases réellement prononcées par les différents hommes politiques que cela soit en off ou dans les différents médias. La part de fiction ne concerne que le journaliste qui couvre la campagne électorale. La bave d’Alain Juppé dans le débat était bien réelle. Avec le recul, on se rend bien compte de l’énormité de certaines petites phrases prononcées dans les coulisses. Je me suis bien marré lorsque j’ai entendu le président Hollande qui indiquait que Bayrou était l’homme dangereux de cette élection à la fin de l’été 2016. Nul ne pouvait prédire les multiples retournements de cette élection qui sera certainement dans les annales. Des personnages se sont révélés et d’autres se sont littéralement écroulés. La matière est là et on ne s’ennuiera pas bien au contraire. Pour le dessin, il est de celui que j’apprécie. Cependant, j’ai eu du mal à reconnaître la figure de certains hommes politiques comme François Baroin par exemple. D’autres figures sont un peu moins présentes malgré le rôle joué dans la campagne: on n’a pas parlé de l’hologramme de Jean-Luc Mélenchon par exemple. Certains faits sont ignorés également. Il est vrai que ceux qui ont suivi attentivement cette campagne n’apprendront rien de véritablement neuf. Cependant, je trouve que le format bd est bien adapté à ces off avec une lecture très agréable ponctuée de beaucoup d’humour. A recommander à ceux qui s’intéressent à la politique et ses coulisses. C’est forcément féroce et savoureux s’agissant de nos hommes politiques bien aimés quelques soit le bord. Petit bonus : qui imagine le Général de Gaulle mis en examen ? Je ne sais pas : il faudrait sans doute balayer devant sa porte. ;)
Clifton
Bon ! On va essayer de faire ça bien. Parce que ce n’est pas évident de parler de cette série sans différencier les différentes époques, sans tenir compte du contexte, sans avoir un chat sur les genoux, une tasse de thé et des scones à portée de main et Pink Floyd en fond sonore. Alors oui, cet avis est totalement partial. Pour la bonne et simple raison que le colonel Harold Wilberforce Clifton a une grande part de responsabilité dans le fait qu’aujourd’hui la bande dessinée constitue une passion chez moi, au point de consumer une bonne part de mon temps libre et de mon portefeuille. Depuis Alias Lord X (tome 4 de la série telle que connue aujourd’hui mais qui avait bénéficié d’une édition préalable dans la collection des albums brochés estampillés « les meilleurs récits du journal de Tintin ») et cette évasion réussie à coup de « God save the Queen » et de chaussures à ventouses, cette série occupe une place de choix dans mon cœur. Nostalgie ? Bien évidemment et je ne peux que me réjouir du retour au classicisme opéré par Zidrou et Turk qui ont décidé de replonger le personnage au cœur des années ’60, période qui lui sied le mieux, à mon humble (mais ferme) avis. Mais je m'égare… Reprenons les choses dans l’ordre, si vous le voulez bien. 1ère époque : Raymond Macherot Or donc, tout commença par une froide journée de juillet ‘59 (souviens-toi, Barbara, il pleuvait sans cesse ce jour-là) lorsque Raymond Macherot, inspiré par la félicité et le brouillard environnant croqua en deux coups de crayon un grand dadais affublé d’une casquette, d’une veste en tweed et d’un parapluie, arborant fièrement une moustache à faire pâlir Thomas Magnum de jalousie et un flegme sans égal. Bon, d’accord, ce n’était peut-être pas en juillet mais qu’importe. Ce qui compte, c’est de savoir que le personnage a été créé par Raymond Macherot alors que les folles sixties s’annonçaient seulement. En d’autres termes, à sa naissance, Clifton était un personnage presque moderne. Presque, car Raymond Macherot l’avait doté d’un caractère passé et de gadgets d’avant-garde (et ma foi fort farfelus). Les aventures tenaient alors de l’espionnage ou de l’enquête policière classique avec une dimension fantastique plus ou moins marquée en fonction des circonstances (ce qui n’a finalement jamais changé), une sorte de Chapeau melon et bottes de cuir mais sans chapeau melon ni bottes de cuir. Les récits étaient courts (nous n’étions pas encore dans un format de 46 pages) et servaient de bouche-trou dans le journal de Tintin. Honnêtement, ces récits sont loin d’être des indispensables. Tout au plus, le lecteur âgé se plaira à y retrouver le parfum enivrant des bandes dessinées d’antan. Le jeune lecteur, lui, trouvera surtout que ça sent la salle de bain de vieux. On oublie, sauf si on est atteint de collectionnite aigüe, auquel cas le tome 1 de l’intégrale parue au Lombard est à ma connaissance la plus sûre manière d’acquérir les récits de cette époque (il y a bien eu des parutions en album de çà de là mais ça ne doit pas être évident de les retrouver de nos jours). Après ce pittoresque préambule, passons aux choses sérieuses… 2ème époque : Turk & De Groot De « Ce cher Wilkinson » à « Kidnapping », le duo composé de Turk et De Groot (par ailleurs créateurs de « Léonard ») va construire la légende de Clifton. « Ce cher Wilkinson » est encore fort influencé par Raymond Macherot (avec une dimension fantastique marquée) et l’on sent que les auteurs ne se sont pas encore pleinement emparés du personnage. « Le voleur qui rit » marque déjà une évolution mais la révolution s’opérera avec « 7 jours pour mourir », un récit drôle et rythmé aux références multiples (les Pig Floyds nous poussent la chansonnette avec un chat en guise de choriste, et les puristes comprendront directement l’allusion à Pink Floyd et à mademoiselle Nobs – pour les autres, un petit pèlerinage par You Tube ne vous sera pas inutile, bande de mécréants). Les aventures du colonel Clifton vont alors connaître un paroxysme qui durera le temps de 7 albums (avec, à titre personnel, une préférence pour les albums suivants : « 7 jours pour mourir », « Alias Lord X », « Sir Jason » et « Week-end à tuer ». Quatre albums auxquels j’accorderais un 5/5 dans mon classement subjectif des œuvres « jeunesse » qui ont marqué mon enfance). Toute cette période est pour moi une période culte. Les joutes verbales et les bons mots foisonnent, la dérision est partout tandis que les intrigues tiennent souvent la route. Les rôles secondaires sont essentiels à la réussite de la série et il n’est pas possible de parler de Clifton sans évoquer miss Partridge, John Haig ou le lieutenant Strawberry. Cette petite cours qui entoure le colonel Clifton favorise les dialogues vifs, les gags récurrents et les situations absurdes. Clifton sans miss Partridge, c’est comme du porridge sans œufs brouillés. Cette belle période correspond à ma propre enfance et il est certain que c’est cette synchronisation qui a rendu la série si chère à mon cœur. En vieillissant, en entrant de plain-pied dans l’adolescence, j’ai commencé à chercher autre chose que ce que Clifton pouvait m’offrir. Il n’empêche, le changement d’auteurs va marquer la fin d’une époque. 3ème époque : Bédu & De Groot Exit Turk, bienvenue à Bédu. Il me faudra un temps pour accepter ce changement de dessinateur. Pourtant, le style de Bédu n’est pas sans rappeler celui de Turk. Les personnages deviennent cependant plus trapus. Leurs mouvements sont moins fluides, leurs mimiques sonnent moins justes. Bédu est un très bon dessinateur mais après tant d’années passées avec le Clifton de Turk, je vais avoir du mal à accepter ce changement. D’autant plus de mal que si je considère « La Mémoire brisée » comme un bon album, les trois autres (« Passé composé », « Dernière séance » et « Matoutou Falaise ») sont clairement un cran en dessous, selon moi. Autre élément marquant de cette période, le fait que Clifton va progressivement sortir de la sienne (de période). Exit, les sixties et seventies, un album comme « Matoutou falaise » sonne clairement années ’80, une décennie bien moins intéressante (tant au niveau historique que culturel). Je perds mes repères et, progressivement, je lâche l’affaire. 4ème époque : Bédu Pourtant « Le Clan Mc Grégor » n’est pas un mauvais album. Il souffre juste selon moi de ce modernisme, de ce jeunisme imposé au personnage. Le rôle central joué par la jeune sœur d’Iris est symptomatique de cette volonté de rajeunir le public de Clifton. Mais « Mortelle saison » et « Le Baiser du Cobra », eux, ne me séduiront absolument plus. En cause, principalement, cette cure de jouvence. Ce n’est plus le Clifton que j’aime, ce flegmatique et ronchon détective se voit affublé d’un statut d’athlétique agent secret qui ne lui sied pas. Je me rappelle alors avec nostalgie d’ « Alias Lord X » (on y revient) lorsqu’il suait sang et eau à faire des pompes sous la surveillance d’un ancien para. C’était celui-là, le Clifton que j’aimais. Pas un surhomme mais un détective inspiré, un homme juste… et doté d’un caractère bougon. 5ème époque : Rodrigue & De Groot On oublie « Les Lutins diaboliques », recueil de courts récits issus de diverses époques dont l’intérêt est plus qu’aléatoire pour parler de ce qui, à mes yeux, constitue la plus mauvaise période de la série. Clifton n’y est plus que l’ombre de lui-même. La cure de jeunisme ne lui convient absolument pas. Les anciens lecteurs n’y trouvent pas leur compte tandis que les jeunes n’accrochent que moyennement à ce personnage d’un autre temps. C’est un peu comme si on avait voulu faire jouer au club des 5 un remake de Game of Thrones. Clifton n’est plus dans son époque, il n’est plus à sa place. A la limite, il devient presque un personnage secondaire de ses propres aventures. « Jade » et « Lune Noire » offrent des récits plus modernes mais tellement creux ! « Elémentaire, mon cher Clifton » est un peu plus original mais reste bien en deçà des débuts de la série. Michel Rodrigue (dont le trait est vraiment proche de celui de Turk) continuera l’aventure seul le temps d’un album sans grand intérêt à nouveau (« Balade irlandaise »). L’intrigue est extrêmement prévisible tandis que l’humour tombe le plus souvent à plat. Avec cet album j’ai réellement pensé que Clifton était mort et enterré. Trop démodé, trop « déjà-vu », ce genre de détective ne pouvait plus plaire qu’à de vieux cons nostalgiques… Et je me demande dans quelle mesure les éditions du Lombard n’ont pas suivi le même cheminement dans leurs cogitations. 6ème époque : Zidrou et Turk Car depuis deux albums, la série connait un renouveau. Enfin, renouveau… Il serait plus juste de parler d’un retour aux sources. Tout d’abord, la série salue le retour de Turk aux crayons. Le trait est devenu un peu moins fin qu’à la grande époque mais l’artiste possède toujours cet art de la caricature expressive. C’est celui qui, pour moi, a le mieux fait parler le visage de Clifton. Le retrouver au dessin est donc un réel plaisir. Mais que vient faire Zidrou dans cette aventure ? C’est vraiment la question que je me suis posé dans un premier temps. Le gars multiplie les scénarios et j’avais peur qu’il ne consacre à Clifton trop peu de temps que pour le faire renaître. Après deux tomes, je me mets à croire au miracle. Tout d’abord, les auteurs ont eu l’intelligence de replacer Clifton dans l’Angleterre des années ’60. En jouant sur la corde de la nostalgie, les auteurs ont ainsi la possibilité d’exploiter une période des plus intéressantes pour le personnage mais aussi de séduire le public des débuts, les gamins boutonneux des années ’70 devenus vieux cons des années 2010 (et je sais de quoi je parle ! J’en fais partie). Par ailleurs, les scénarios font montre d’une originalité que l’on n’avait plus vue depuis longtemps dans les pérégrinations du détective. « Les Gauchers contrariés » pèche encore un peu au niveau des dialogues. Mais les réparties fusent comme au bon vieux temps dans le tout frais, tout beau, tout propre « Just married » Un album digne de la grande époque avec des personnages secondaires solides, des références à la caricature de culture anglaise telle que nous aimons la véhiculer de ce côté de la Manche, de l’action et de l’humour. Il y a encore des axes d’amélioration tangibles (à commencer par un adversaire un peu moins irritant) mais je pense que les deux auteurs sont sur la bonne voie. En tous les cas, je suis vraiment reparti pour un tour (en MG). Long live, sir Harold Wilberforce Clifton, puisse ce héron mélomane m’accompagner dans mon lent retour à la sénilité. Comme quoi, c’est avec les vieilles casseroles que l’on réussit le mieux les vieilles recettes. Voilà, voilà, voilà… Pour moi la série est culte mais l’inégalité des périodes et son échelonnement dans le temps font que certains albums figurent dans mon panthéon tandis que d’autres ne sortiront sans doute plus jamais de la bibliothèque (sinon pour caler un meuble). Objectivement, ma note devrait être de 3/5 pour l’ensemble de la série mais voilà, je suis tout sauf objectif quand on me parle de Clifton. Na !
À coucher dehors
Je suis de près la carrière d'Aurélien Ducoudray, scénariste qui met souvent un vernis, voire plus, de social dans ses récits. Ici le social sert de toile de fond à cette histoire d'héritage, de famille reconstituée et de nouveaux départs. Enfin de nouveau départ il n'y en a pas le temps, l'intrigue se déroule sur seulement quelques jours, tout va très vite pour Amédée et ses amis. Ce qui est sûr c'est que le récit est vraiment prenant, on a envie de savoir ce qu'il va arriver à ces trois SDF qui se retrouvent avec Nicolas, pas forcément facile à gérer. Pas de misérabilisme chez Ducoudray, les personnages sont handicapés, sans le sou, sans éducation parfois, mais les plus à plaindre ne sont pas forcément ceux que l'on croit. Dans le tome 2 les évènements s'accélèrent, nos SDF sont complètement dépassés par le déroulement des choses, et se retrouvent à nouveau démunis, au sens propre comme au sens figuré. Jusqu'à la résolution, peut-être un peu précipitée par rapport à l'ensemble, mais qui me fait dire que Ducoudray est un indécrottable optimiste-humaniste. Côté graphisme, Anlor est une jeune dessinatrice que j'apprécie beaucoup depuis ses débuts sur Les Innocents coupables. Elle semble franchir encore un palier dans ce nouveau projet, accroissant sa maîtrise des expressions des personnages ; sa mise en scène est quant à elle impeccable. Un diptyque vraiment sympa, pas aussi léger que certains semblent le croire.
Jean-Claude Tergal
Tronchet, même s’il n’a pas fait que cela, a souvent créé des personnages de loser. Avec ce Jean-Claude Tergal, on est plutôt servi ! En effet, avec son air ahuri, son blouson et sa personnalité molle, il a tout du mec qui va s’en prendre plein la gueule toute sa vie. Comme un autre Jean-Claude, incarné par Michel Blanc dans les « Bronzés », Tergal se prend râteau sur râteau lorsqu’il drague les filles, et ses échecs sont le sel d’une bonne partie des gags. Après avoir été refoulé par une flopée de nanas dans les deux premiers albums (même si ça continue après), par la suite ce sont ses amis qui l’humilient ou le font souffrir, avant que Tronchet ne varie les plaisirs en nous narrant la jeunesse de son anti-héros. Tout n’est pas drôle, et c’est même très inégal. Mais de nombreux gags sont vraiment bien fichus, et le fait même que Tergal continue d’y croire, apparemment insensible à l’échec et à la pauvreté de sa vie, optimiste malgré tout, peut amener le sourire.
Saint-Barthélémy
Je suis toujours avec attention les scénarios de Pierre Boisserie, son niveau d'exigence au niveau de ses éditeurs mais aussi de celui des sujets me force au plus grand respect à son endroit. Pour son deuxième projet aux Arènes, il a choisi de nous faire revivre l'un des épisodes les plus sombres de l'Histoire de France, à savoir le massacre de la Saint-Barthélémy... Le scénariste prend tout son temps, expliquant les enjeux des différents personnages, même s'ils sont parfois obscurs et sujets à discussion (la réaction du Roi de France par rapport à ce qu'il a ordonné, par exemple, n'est pas sûre). Alors bien sûr, se cantonner au seul côté historique, avec les seuls "grands" protagonistes, aurait pu être barbant, il a donc rajouté des seconds couteaux, qui sont les héros de l'histoire dans l'Histoire. L'horreur a déjà commencé, mais la fin du premier tome -sur trois- laisse présager la véritable hécatombe, qui survient dans le second tome. Mais ce n'est pas terminé, loin de là, et Elie va avoir du mal à passer entre les balles ou les coups d'épée... Dans le tome 3 il y parvient, mais l'inéluctable survient tout de même, et je n'en dirai pas plus. Pierre Boisserie parvient à bien conclure sa trilogie, alliant petit drame familial et grande Histoire. C'est maîtrisé de bout en bout. Côté dessin on ne présente plus Eric Stalner, auteur de nombreuses séries à costumes, mais aussi de séries contemporaines ou anticipatives, où la finesse de son trait s'est affirmée au fil des années. Il atteint ici, probablement, son apogée graphique, avec des visages et des décors d'une élégance jusqu'ici inédite.
Saga Valta
Avec Saga Valta, j’ai exactement obtenu ce que j’attendais : une saga nordique avec de fiers guerriers, de séduisantes tentatrices, de cruels ennemis et des décors exotiques. En ces périodes de disette où les déceptions s’accumulent, je trouve que c’est plus que bien ! Alors, d’accord, il n’y a pas de grosse surprise au rendez-vous mais faut avouer que c’est très bien foutu. Le maître atout, selon moi, vient du dessin de Mohamed Aouamri. J’adore son style qui allie une grande lisibilité (grâce notamment à des personnages bien typés) et des décors détaillés. Son trait convient parfaitement à ce type d’univers. C’est élégant, très dynamique, habilement découpé avec les éléments essentiels toujours bien mis à l’avant-plan, une mise en page soignée et des personnages séduisants. Honnêtement, rien qu’en regardant les couvertures, j’avais déjà envie de me plonger dans cette saga. Et lorsque le contenu se révèle fidèle aux couvertures, je ne peux qu’être séduit. Au niveau du scénario, Dufaux nous livre un récit de qualité. Comme je disais plus haut, il n’y a pas grand-chose de franchement original. Le lecteur retrouvera un peu le même type d’univers que celui exploré dans la « Complainte des landes perdues » mais dans une ambiance un peu plus noire (l’influence de « Game of Thrones » ?) Sa narration en voix off est, je trouve, parfois un peu lourde mais donne un ton sinon unique du moins différent à la série, et l’action est au rendez-vous. Pas le temps de s’ennuyer entre les différents retournements de situation. Donc voilà : si vous cherchez un récit d’heroïc fantasy classique, sombre et très bien dessiné, faites un crochet par cette Saga Valta. La série n’est pas trop longue (3 tomes) et propose une fin plaisante et susceptible de nous offrir une suite (ou, à tout le moins une autre saga dans le même univers). C’est à essayer (au minimum).
Les Petites Victoires
J'ai beaucoup apprécié cette BD : le dessin beau et touchant, l'intérêt du sujet (autisme) et son traitement avec beaucoup d'émotions mais tout en retenue. Je suis passée des larmes au rire, de la douceur et de la joie. Je recommande vivement la lecture de ce bel ouvrage!
Djinn
Une bande dessinée avec un scénario bien ficelé et captivant, à caractère historique bien que imaginaire, avec des belles scènes érotiques et des graphismes de qualité (corps féminins et paysages, ...). Les 13 tomes se lisent avidement ! À découvrir absolument !!
Prophet
Il aura fallu 14 ans à Mathieu Lauffray pour venir au terme de cette série, "Prophet", débutée en 2000. Quatorze années de péripéties, de changement d'éditeur (on passe des Humanoïdes Associés à Soleil pour le tome 4), de changement de scénariste (Xavier Dorison jette l'éponge à la fin du tome 1) et d'une autre série en chantier (Long John Silver) qui connait un succès critique et public amplement mérité. Bref ces quatorze années s'achèvent enfin avec ce quatrième volume "De Profondis" qui conclue avec talent cette histoire apocalyptique. Avec ce dernier volume, les éditions Soleil ont réédité l'ensemble des 3 premiers volumes, en corrigeant les anomalies chronologiques présentes dans les éditions originales où Lauffray s'emmêlait les pinceaux entre 2001 et 2006 ; il est d'ailleurs délicieux de constater que Lauffray, même dans le dernier volume, commet encore cet impair lors de la remise des prix (planche 26) alors que la scène se déroule en 2006, le prix est daté de 2001 ! Néanmoins, j'ai été enchanté de suivre les aventures de Jack Stanton, véritable détonateur de l'Apocalypse. J'ai été assez surpris que cette conclusion trouve son terme dans un album plus intime, plus réaliste où contrairement aux autres, les scènes "titanesques" sont moins nombreuses. A noter que j'ai lu ce dernier tome dans sa version grand format et en noir et blanc qui donne un cachet particulier à ce final. La fin n'est peut-être pas à la hauteur de ce que certains attendaient mais au moins le lecteur n'aura pas une série inachevée dans sa bibliothèque. Au niveau des dessins, même si Lauffray a fait appel à Eric Henninot et Patrick Pion pour l'aider, je suis toujours aussi bluffé par la qualité des planches, qui ressort encore plus en n&b (c'est la raison pour laquelle j'avais déjà craqué pour la version n&b du tome 3) Pour ceux qui ont apprécié par exemple Sanctuaire de Christophe Bec, cette série est faite pour vous.