D’habitude, je préfère Christin lorsqu’il laisse libre court à son côté « fantastique » (Le Vaisseau de Pierre, Valérian) mais cette longue course poursuite entre vétérans de la guerre d’Espagne m’a vraiment bien plu.
J’ai apprécié la perte des illusions de ce groupe de vieux Républicains (tendance communiste) au fil de l’histoire. Leur quête semble de plus en plus vaine au fur et à mesure que le temps passe. Les personnages sont bien typés et (presque) crédibles.
De plus, les péripéties ne manquent pas tout au long de cet album, et lorsqu’une accalmie se présente, Pierre Christin parvient à nous faire ressentir le sentiment d’ennui que partagent ses personnages.
Le dessin de Bilal est semblable à ses œuvres antérieures (Le Vaisseau de Pierre, La Ville qui n'existait pas). Son trait multiplie les hachures mais n’en pas moins fluide pour autant. Ce style est typique d’une époque et si l’artiste a fait mieux depuis (voir le graphiquement superbe Animal'z), il n’a pas à rougir de cet album.
Un très bon album, tout simplement.
C'est toujours une joie pour un lecteur de retrouver un récit de Taniguchi. Pour ma part, j'ai acheté un peu les yeux fermés. Il est vrai qu'il nous a offert deux des plus beaux chefs-d'oeuvres que comptent la bande dessinée à savoir Le Journal de mon père ainsi que Quartier lointain. Est-ce seulement un gage de qualité ? Les dernières productions n'étaient pas trop au top. Cela perdait en saveur à force de trop s'occidentaliser même dans la forme graphique.
Avec ce titre, il semble renouer avec son passé puisqu'il s'agit ni plus ni moins que d'une autobiographie. Jugez-en vous même : le jeune Hamugachi s'ennuie avec les gens de son âge qui fréquentent pour la plupart les clubs de sport. Non, lui, il préfère se tourner vers le dessin. Il va alors croiser la route d'une communauté de mangakas. L'aventure commence au détour de ce zoo de la vie où il va croquer sur le vif dans de magnifiques esquisses certains jolis "animaux".
C'est bien évidemment intéressant pour les fans que de suivre le parcours initiatique du grand maître notamment à ses débuts dans l'univers du manga. Il transmet parfaitement les sentiments de ses personnages. Chaque regard, chaque geste nous transmet une émotion. C'est presque sa marque de fabrique. Cependant, en l'espèce, il semble aller plus loin dans la réflexion en révélant des troubles qui peuvent habiter chacun de nous.
C'est à lire absolument car une fois de plus réalisé avec maestria !
Arawn, de part ces couvertures suggestives de violence, m'a de suite attiré, et, autant le dire de suite, je n'ai pas été déçu !
Le premier tome nous décrit les épreuves des quatre frères et leur futur devenir, alors que le tome deux est plus axé sur la conquête des terres par ces quatre guerriers.
Coté scénario, on nage en pleine épopée mythologique avec des soupçons de légendes celtiques et nordiques. A partir d'une prophétie guère joyeuse, on voit défiler le destin des quatre frères et leurs mésaventures.
La narration est très intéressante car celui qui raconte n'est autre qu'un des frères devenu le dieu des enfers. Du coup, il y très peu de dialogues et on trouve beaucoup de planches avec des descriptions, et pour le coup, c'est plutôt réussi !
Pour le dessin, c'est vraiment très bon. Le trait est nerveux tout comme la trame de la série et sied vraiment très bien à l'action et à la violence omniprésents. La coloration reste très bonne aussi, avec des aspects sombres et cela permet bien de ressentir l'ambiance générale guerrière et trouble de l'histoire.
Arawn fut pour moi une très bonne surprise tout comme Berserk dans un autre style graphique! Violent, sombre et mythologique avec des demi-dieux, du tout bon pour moi !
Je ne suis pas très sensible au style graphique de l’école Sfar/Trondheim, école à laquelle je raccrocherais Kerascoët. Toutefois, j’avais bien aimé le soin apporté au premier tome de cette série. Ce trait faussement naïf, mais fignolé, m’avait en tous les cas suffisamment séduit pour que je tente l’achat d’un album dont on me disait le plus grand bien.
Et il faut avouer que ce premier tome est vraiment très prenant ! Si l’idée de départ est assez classique (un tueur en série sévit dans le Paris des années ’30, et la sœur d’une des victimes décide de mener l’enquête), son traitement, très original, nous sort des sentiers battus pour nous conduire au bordel (dans le sens premier du terme, et en tout bien tout honneur, car c’est une vierge qui entend bien le rester qui nous sert de guide).
L’intrigue est rondement menée, les indices sont distillés avec soin, favorisant fausses pistes et supputations. Résultat : au terme de ce premier tome, je n’attendais qu’une seule chose : la suite !
Et là, bardaf, c’est l’embardée …
Déjà, la couverture m’avait fait tiquer. Et dès ouverture du présent objet, je ne peux que constater : Kerascoët n’apporte plus le même soin à ses planches. L’ensemble manque de finition, et ce trait qui avait fini par me séduire au terme du premier tome me rebute dès le début du deuxième.
Toutefois, la qualité du scénario suffit à maintenir mon attention. Je ne délaisserai l’objet qu’au terme de ce deuxième (et excellent) opus. Et (joie profonde), celui-ci se clôt sur une véritable fin. La série est à son terme, et je n’aurai donc pas à craindre un troisième tome au graphisme décevant …
… Un troisième tome est paru. Malgré tout le bien que je pense des deux premiers (au niveau du scénario, en tous les cas), j’ai préféré m’abstenir. La peur d’être déçu l’a emporté sur l’affection que je finis par éprouver pour cette charmante héroïne.
Je préfère donc rester sur une (très) bonne impression. 4/5 pour le premier cycle, malgré un dessin trop peu soigné à mon goût dans sa deuxième partie.
(achat conseillé pour les deux premiers tomes).
Voici une oeuvre qui ne paye pas de mine mais qui attire assez vite l'attention, il faut dire qu'une histoire d'apprentis héros losers dans une école spécialisée sent bon le recyclage papier d'une autre série peu connue : Harry Potter ! :)
On remplace donc les apprentis sorciers (2 garçons et 1 fille) par des apprentis super héros (2 filles et 1 garçon) disposés au dur apprentissage de la bravoure et des sorts aléatoires !
Rien ne manque : les rivalités, l'école concurrente, les passages dérobés dans l'université et les professeurs mystérieux...
Si on ajoute à cela un trait typiquement inspiré des mangas pour une oeuvre nationale, on peut à juste titre se demander quel peut être l'intérêt de lire Freaks' Squeele dans un marché de plus en plus saturé de copies et de bouquins de seconde zone...
Et on aura surement tort ! :(
Car en dépit de cette introduction fort peu élogieuse se cache une oeuvre qui entraine son lecteur dans un récit aux abords téléphonés mais qui ne manque pas de qualités...
D'abord le trait de l'auteur est tout à fait maitrisé et original. Si tous les personnages sont parfaitement dessinés et reconnaissables, alors que penser des décors aux crayonnés troubles et précis qui plantent un environnement à la fois poétique et familier ! Bref on y croit et le dépaysement est total !
Secundo le noir et blanc est parfaitement employé et cède parfois sa place à des couleurs cassant le rythme du récit ainsi que sa rupture comme s'y emploie également si bien Run et ses Mutafukaz !
La trame graphique est un véritable régal et nous change des mangas papier se faisant l'économie de décors au profit d'une productivité imposée, l'auteur impose de surcroit un découpage fluide et compréhensible lors des nombreuses scènes d'action comme des passages d'exposition, tous excellents !
Mais c'est justement dans le traitement de son histoire que Freaks' Squeele excèle car c'est très drôle sans être balourd ! Ce n'est jamais vulgaire, juste coquin et taquin ! Les bonnes idées succèdent aux bonnes idées et en soufflant de telle manière le chaud et le froid, on dévore les pages l'une après l'autre.
De la présentation des personnages aux différentes épreuves (le chapitre sur le vol de serviettes ou des fameux guerriers qui font "ni" vaut son pesant de cacahouètes en terme d'humour et de scènes d'action).
Florent Maudoux n'hésite pas de surcroit à empiler les références par de subtils hommages tels que les films de Tsui Hark (The Blade avec le professeur sabreur manchot) ou même Carpenter (et un fantôme chinois par là). On sent l'amour des oeuvres bis, ces fameux films de série B ou Z n'ayant aucun autre but que de nous divertir et c'est ce que cet auteur s'est évertué à faire avec talent.
Freaks' Squeele mérite donc bien plus d'attentions que son postulat ne le laisse croire car il donne de jolis atouts à une bande dessinée se réclamant à la fois de la fantasy, du comics ou du manga sans oublier d'offrir le fun sans le toc.
Très fort.. A emprunter, à voler ou à se faire offrir mais à lire sans prétentions. Freaks' Squeele est inclassable comme son grand cousin Mutafukaz mais peut être plus accessible car moins référencé.
Pour ma part j'ai choisi de les acquérir et attends avec impatience le prochain opus en espérant que l'auteur gardera les pieds sur terre afin de poursuivre et de conclure dignement son oeuvre !
PS : à noter une édition de grande qualité et des pages de l'auteur plutôt poilantes qu'il faudra lire pour comprendre la ruse du mot "SQUEELE" :)
Enfin ! Voilà un excellent album digne de la collection « Aire Libre » ! Cela fait des mois que j’attendais ça ! En effet, les dernières bd de ce label ne m’avaient pas vraiment convaincu !
« L’Encre du passé » se déroule au XIXème siècle (il me semble) et se situe au Japon. Un homme se rend dans un village et se fait une halte dans une teinturerie. Dans cette boutique, il est aussitôt fasciné par les dessins du paravent, ces derniers ont été réalisés par une jeune fille qui s’occupe de la colorisation des vêtements. Etant calligraphe de renom et décelant à la gamine un don pour la peinture, l’homme va lui proposer de l’accompagner à Edo, une grande ville du Japon en pleine expansion, où elle fera l’apprentissage de cet art…
C’est une histoire universelle que nous proposent Antoine Bauza (au scénario) et Maël (au dessin). Un récit où un maître reconnu par tous va essayer de transmettre son savoir à son apprenti en espérant qu’un jour, il le surpassera.
Ce que j’ai aimé dans cette bd, c’est sa simplicité dans les rapports entre l’homme et la jeune fille fondés sur le respect. J’y ai adoré aussi la narration : j’ai lu ce livre d’une traite sans avoir ressenti de l’ennui ou éprouvé des difficultés de compréhension. J’y ai apprécié ensuite les passages silencieux que ce soit pour admirer les paysages ou pour marquer des moments importants de la vie des deux principaux personnages. J’y ai affectionné enfin la beauté du dessin de Maël !
Les planches sont vraiment de toute beauté ! A l’heure où le coloriage par logiciels informatiques prend de plus en plus de la place dans la bd, il est heureux de constater lorsqu’un auteur possède un minimum de talent, rien ne pourra surpasser la mise en couleurs directe ! Ce don, comme la fille figurant dans cette bd, Maël doit l’avoir assurément ! J’ai aimé sa façon de représenter ses paysages et autres décors (richement détaillés sans que ça en deviennent trop fouillés). J’ai adoré également son excellent choix des couleurs qui me sont apparues très agréables à l’œil (mélange de gris, jaunes et de marrons qui donnent un aspect pastel) et qui me semblent parfaitement adaptées à l’intensité dramatique de chaque scène.
Au final, le lecteur découvrira –à mon avis- un album riche en émotions. « L’encre du passé » présente un scénario simple mais très attachant. Il est clair que les fans de bd d’action s’ennuieront à sa lecture mais pour tous les autres, laissez-vous emporter par l’ambiance et la légèreté des relations entre les deux protagonistes.
« L’Encre du passé » est –à mon avis- une très belle bd qui mérite amplement sa place dans l’excellente collection « Aire Libre » !
Je trouvais Safari Monseigneur original mais avec "Panier de singe" on passe plusieurs crans au dessus. Techniquement, on est vraiment dans l'oubapo. C'est expérimental voir déconcertant tant c'est innovant.
Le dessin est toujours du même style.
Il y a beaucoup d'histoires mais avec des liens redondants.
Les auteurs ne semblent pas s'être mis de limites pour cette BD.
Je pense qu'il cherche à faire réagir les lecteurs sur le fond et la forme.
Et pour ça, ils font dans le non conventionnel et le trash.
L'insolence est reine dans les propos, les personnages sont souvent des "branleurs".
Le résultat est à mon goût. J'ai adoré les histoires avec les portraitistes.
L'ensemble est dense et demandera plusieurs lectures pour bien comprendre le contenu.
Ces auteurs sont à suivre de très prêt. Ils semblent être en avance sur leur temps.
Il est a remarqué que pour les besoins des expériences oubapiennes et surtout pour les résultats visuels, il y a un site à visiter.
Avec Ruppert et Mulot, on passe dans une autre dimension !!!
Le dessin est déjà original, très fin et dépouillé mais très expressif.
Mais ensuite les récits apportent un lot de nouveautés dans le monde de la BD.
La narration est particulière et dynamique. Les auteurs jouent avec le média et provoquent à tout va. C'est à ce niveau que ça passe ou ça casse....
Personnellement, j'ai vraiment apprécié cette BD.
C'est une question de ressenti car il est très difficile de décrire ce one shot.
J’aime bien l’humour de Planchon. Il met (gentiment) mal à l’aise. Ses personnages sont cons, sans aucuns repères idéologiques ou politiques valables et ils vivent dans un monde médiatique rempli d’icones de papier-mâché au discours indigent (Dabi Doubane, la personnalité préférée des Français). Satire de notre époque morose ? C’est peut-être aller trop loin. Album rigolo ? Certainement.
Ce qui m’a attiré au premier abord, c’est la couverture, que je trouve somptueuse. L’ouvrage est également très soigné et les planches agréablement coloriées, ce qui fournit au moins un argument en faveur de l’achat.
Ce qui frappe ici dès les premières pages, c’est le contraste entre le graphisme enfantin des personnages et la radicalité du propos. D’emblée, le malaise s’installe à la vue du cadavre de la fillette et de toutes ces petites créatures orphelines qui semblent en sortir, sans se poser la question sur leur situation. Tels des naufragés débarqués dans un monde inconnu et trop grand pour elles, elles vont pourtant s’adapter avec une facilité incroyable, mais toujours dans l’improvisation et hors de toute rationalité. Toutes ont une personnalité différente mais agissent avec l’innocence de l’enfance, capables de commettre en toute insouciance les actes les plus cruels, inconscientes de leur portée.
Spectateur de cette micro-société en formation qui produira ses lois et ses chefs, notre œil d’adulte est souvent interloqué, fasciné... Un peu comme si l’on observait une immense cour d’école sans surveillant, sans pouvoir d’intervention aucun, l’histoire se déroulant au rythme incohérent des humeurs de ces lutins diaboliques, avec souvent des épisodes monstrueux.
Et du coup, on ne sait plus ce qui nous met le plus mal à l’aise dans ce conte étrange : le cadavre en décomposition de la fillette ou le comportement brutal des enfants livrés à eux-mêmes qui pourraient presque être humains, abstraction faite de leur taille ?
C’est peut-être à cet effet que les auteurs nous rappellent, avec quelques références bien placées (Peau d’âne notamment) que les contes pour enfants comportent plus ou moins leur part d’immoralité et de cruauté.
Cette histoire absolument pas banale se lit très vite, presque trop vite. J’aurais apprécié un récit plus long, plus élaboré, et du coup, je suis resté un peu sur ma faim. Peut-être faut-il considérer cela non pas comme une œuvre « sérieuse », juste comme une comptine légère et morbide distillant sa petite musique lancinante qui ne s’oublie pas si vite... OVNI graphique sulfureux, ces « Jolies Ténèbres » charment autant qu’elles révulsent, mais en tous cas ne laisseront personne indifférent. En tout état de cause, nul ne pourra nier l’originalité et l’audace à partir d’une base narrative aussi risquée...
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Les Phalanges de l'ordre noir
D’habitude, je préfère Christin lorsqu’il laisse libre court à son côté « fantastique » (Le Vaisseau de Pierre, Valérian) mais cette longue course poursuite entre vétérans de la guerre d’Espagne m’a vraiment bien plu. J’ai apprécié la perte des illusions de ce groupe de vieux Républicains (tendance communiste) au fil de l’histoire. Leur quête semble de plus en plus vaine au fur et à mesure que le temps passe. Les personnages sont bien typés et (presque) crédibles. De plus, les péripéties ne manquent pas tout au long de cet album, et lorsqu’une accalmie se présente, Pierre Christin parvient à nous faire ressentir le sentiment d’ennui que partagent ses personnages. Le dessin de Bilal est semblable à ses œuvres antérieures (Le Vaisseau de Pierre, La Ville qui n'existait pas). Son trait multiplie les hachures mais n’en pas moins fluide pour autant. Ce style est typique d’une époque et si l’artiste a fait mieux depuis (voir le graphiquement superbe Animal'z), il n’a pas à rougir de cet album. Un très bon album, tout simplement.
Un zoo en hiver
C'est toujours une joie pour un lecteur de retrouver un récit de Taniguchi. Pour ma part, j'ai acheté un peu les yeux fermés. Il est vrai qu'il nous a offert deux des plus beaux chefs-d'oeuvres que comptent la bande dessinée à savoir Le Journal de mon père ainsi que Quartier lointain. Est-ce seulement un gage de qualité ? Les dernières productions n'étaient pas trop au top. Cela perdait en saveur à force de trop s'occidentaliser même dans la forme graphique. Avec ce titre, il semble renouer avec son passé puisqu'il s'agit ni plus ni moins que d'une autobiographie. Jugez-en vous même : le jeune Hamugachi s'ennuie avec les gens de son âge qui fréquentent pour la plupart les clubs de sport. Non, lui, il préfère se tourner vers le dessin. Il va alors croiser la route d'une communauté de mangakas. L'aventure commence au détour de ce zoo de la vie où il va croquer sur le vif dans de magnifiques esquisses certains jolis "animaux". C'est bien évidemment intéressant pour les fans que de suivre le parcours initiatique du grand maître notamment à ses débuts dans l'univers du manga. Il transmet parfaitement les sentiments de ses personnages. Chaque regard, chaque geste nous transmet une émotion. C'est presque sa marque de fabrique. Cependant, en l'espèce, il semble aller plus loin dans la réflexion en révélant des troubles qui peuvent habiter chacun de nous. C'est à lire absolument car une fois de plus réalisé avec maestria !
Arawn
Arawn, de part ces couvertures suggestives de violence, m'a de suite attiré, et, autant le dire de suite, je n'ai pas été déçu ! Le premier tome nous décrit les épreuves des quatre frères et leur futur devenir, alors que le tome deux est plus axé sur la conquête des terres par ces quatre guerriers. Coté scénario, on nage en pleine épopée mythologique avec des soupçons de légendes celtiques et nordiques. A partir d'une prophétie guère joyeuse, on voit défiler le destin des quatre frères et leurs mésaventures. La narration est très intéressante car celui qui raconte n'est autre qu'un des frères devenu le dieu des enfers. Du coup, il y très peu de dialogues et on trouve beaucoup de planches avec des descriptions, et pour le coup, c'est plutôt réussi ! Pour le dessin, c'est vraiment très bon. Le trait est nerveux tout comme la trame de la série et sied vraiment très bien à l'action et à la violence omniprésents. La coloration reste très bonne aussi, avec des aspects sombres et cela permet bien de ressentir l'ambiance générale guerrière et trouble de l'histoire. Arawn fut pour moi une très bonne surprise tout comme Berserk dans un autre style graphique! Violent, sombre et mythologique avec des demi-dieux, du tout bon pour moi !
Miss Pas Touche
Je ne suis pas très sensible au style graphique de l’école Sfar/Trondheim, école à laquelle je raccrocherais Kerascoët. Toutefois, j’avais bien aimé le soin apporté au premier tome de cette série. Ce trait faussement naïf, mais fignolé, m’avait en tous les cas suffisamment séduit pour que je tente l’achat d’un album dont on me disait le plus grand bien. Et il faut avouer que ce premier tome est vraiment très prenant ! Si l’idée de départ est assez classique (un tueur en série sévit dans le Paris des années ’30, et la sœur d’une des victimes décide de mener l’enquête), son traitement, très original, nous sort des sentiers battus pour nous conduire au bordel (dans le sens premier du terme, et en tout bien tout honneur, car c’est une vierge qui entend bien le rester qui nous sert de guide). L’intrigue est rondement menée, les indices sont distillés avec soin, favorisant fausses pistes et supputations. Résultat : au terme de ce premier tome, je n’attendais qu’une seule chose : la suite ! Et là, bardaf, c’est l’embardée … Déjà, la couverture m’avait fait tiquer. Et dès ouverture du présent objet, je ne peux que constater : Kerascoët n’apporte plus le même soin à ses planches. L’ensemble manque de finition, et ce trait qui avait fini par me séduire au terme du premier tome me rebute dès le début du deuxième. Toutefois, la qualité du scénario suffit à maintenir mon attention. Je ne délaisserai l’objet qu’au terme de ce deuxième (et excellent) opus. Et (joie profonde), celui-ci se clôt sur une véritable fin. La série est à son terme, et je n’aurai donc pas à craindre un troisième tome au graphisme décevant … … Un troisième tome est paru. Malgré tout le bien que je pense des deux premiers (au niveau du scénario, en tous les cas), j’ai préféré m’abstenir. La peur d’être déçu l’a emporté sur l’affection que je finis par éprouver pour cette charmante héroïne. Je préfère donc rester sur une (très) bonne impression. 4/5 pour le premier cycle, malgré un dessin trop peu soigné à mon goût dans sa deuxième partie. (achat conseillé pour les deux premiers tomes).
Freaks' Squeele
Voici une oeuvre qui ne paye pas de mine mais qui attire assez vite l'attention, il faut dire qu'une histoire d'apprentis héros losers dans une école spécialisée sent bon le recyclage papier d'une autre série peu connue : Harry Potter ! :) On remplace donc les apprentis sorciers (2 garçons et 1 fille) par des apprentis super héros (2 filles et 1 garçon) disposés au dur apprentissage de la bravoure et des sorts aléatoires ! Rien ne manque : les rivalités, l'école concurrente, les passages dérobés dans l'université et les professeurs mystérieux... Si on ajoute à cela un trait typiquement inspiré des mangas pour une oeuvre nationale, on peut à juste titre se demander quel peut être l'intérêt de lire Freaks' Squeele dans un marché de plus en plus saturé de copies et de bouquins de seconde zone... Et on aura surement tort ! :( Car en dépit de cette introduction fort peu élogieuse se cache une oeuvre qui entraine son lecteur dans un récit aux abords téléphonés mais qui ne manque pas de qualités... D'abord le trait de l'auteur est tout à fait maitrisé et original. Si tous les personnages sont parfaitement dessinés et reconnaissables, alors que penser des décors aux crayonnés troubles et précis qui plantent un environnement à la fois poétique et familier ! Bref on y croit et le dépaysement est total ! Secundo le noir et blanc est parfaitement employé et cède parfois sa place à des couleurs cassant le rythme du récit ainsi que sa rupture comme s'y emploie également si bien Run et ses Mutafukaz ! La trame graphique est un véritable régal et nous change des mangas papier se faisant l'économie de décors au profit d'une productivité imposée, l'auteur impose de surcroit un découpage fluide et compréhensible lors des nombreuses scènes d'action comme des passages d'exposition, tous excellents ! Mais c'est justement dans le traitement de son histoire que Freaks' Squeele excèle car c'est très drôle sans être balourd ! Ce n'est jamais vulgaire, juste coquin et taquin ! Les bonnes idées succèdent aux bonnes idées et en soufflant de telle manière le chaud et le froid, on dévore les pages l'une après l'autre. De la présentation des personnages aux différentes épreuves (le chapitre sur le vol de serviettes ou des fameux guerriers qui font "ni" vaut son pesant de cacahouètes en terme d'humour et de scènes d'action). Florent Maudoux n'hésite pas de surcroit à empiler les références par de subtils hommages tels que les films de Tsui Hark (The Blade avec le professeur sabreur manchot) ou même Carpenter (et un fantôme chinois par là). On sent l'amour des oeuvres bis, ces fameux films de série B ou Z n'ayant aucun autre but que de nous divertir et c'est ce que cet auteur s'est évertué à faire avec talent. Freaks' Squeele mérite donc bien plus d'attentions que son postulat ne le laisse croire car il donne de jolis atouts à une bande dessinée se réclamant à la fois de la fantasy, du comics ou du manga sans oublier d'offrir le fun sans le toc. Très fort.. A emprunter, à voler ou à se faire offrir mais à lire sans prétentions. Freaks' Squeele est inclassable comme son grand cousin Mutafukaz mais peut être plus accessible car moins référencé. Pour ma part j'ai choisi de les acquérir et attends avec impatience le prochain opus en espérant que l'auteur gardera les pieds sur terre afin de poursuivre et de conclure dignement son oeuvre ! PS : à noter une édition de grande qualité et des pages de l'auteur plutôt poilantes qu'il faudra lire pour comprendre la ruse du mot "SQUEELE" :)
L'Encre du Passé
Enfin ! Voilà un excellent album digne de la collection « Aire Libre » ! Cela fait des mois que j’attendais ça ! En effet, les dernières bd de ce label ne m’avaient pas vraiment convaincu ! « L’Encre du passé » se déroule au XIXème siècle (il me semble) et se situe au Japon. Un homme se rend dans un village et se fait une halte dans une teinturerie. Dans cette boutique, il est aussitôt fasciné par les dessins du paravent, ces derniers ont été réalisés par une jeune fille qui s’occupe de la colorisation des vêtements. Etant calligraphe de renom et décelant à la gamine un don pour la peinture, l’homme va lui proposer de l’accompagner à Edo, une grande ville du Japon en pleine expansion, où elle fera l’apprentissage de cet art… C’est une histoire universelle que nous proposent Antoine Bauza (au scénario) et Maël (au dessin). Un récit où un maître reconnu par tous va essayer de transmettre son savoir à son apprenti en espérant qu’un jour, il le surpassera. Ce que j’ai aimé dans cette bd, c’est sa simplicité dans les rapports entre l’homme et la jeune fille fondés sur le respect. J’y ai adoré aussi la narration : j’ai lu ce livre d’une traite sans avoir ressenti de l’ennui ou éprouvé des difficultés de compréhension. J’y ai apprécié ensuite les passages silencieux que ce soit pour admirer les paysages ou pour marquer des moments importants de la vie des deux principaux personnages. J’y ai affectionné enfin la beauté du dessin de Maël ! Les planches sont vraiment de toute beauté ! A l’heure où le coloriage par logiciels informatiques prend de plus en plus de la place dans la bd, il est heureux de constater lorsqu’un auteur possède un minimum de talent, rien ne pourra surpasser la mise en couleurs directe ! Ce don, comme la fille figurant dans cette bd, Maël doit l’avoir assurément ! J’ai aimé sa façon de représenter ses paysages et autres décors (richement détaillés sans que ça en deviennent trop fouillés). J’ai adoré également son excellent choix des couleurs qui me sont apparues très agréables à l’œil (mélange de gris, jaunes et de marrons qui donnent un aspect pastel) et qui me semblent parfaitement adaptées à l’intensité dramatique de chaque scène. Au final, le lecteur découvrira –à mon avis- un album riche en émotions. « L’encre du passé » présente un scénario simple mais très attachant. Il est clair que les fans de bd d’action s’ennuieront à sa lecture mais pour tous les autres, laissez-vous emporter par l’ambiance et la légèreté des relations entre les deux protagonistes. « L’Encre du passé » est –à mon avis- une très belle bd qui mérite amplement sa place dans l’excellente collection « Aire Libre » !
Panier de singe
Je trouvais Safari Monseigneur original mais avec "Panier de singe" on passe plusieurs crans au dessus. Techniquement, on est vraiment dans l'oubapo. C'est expérimental voir déconcertant tant c'est innovant. Le dessin est toujours du même style. Il y a beaucoup d'histoires mais avec des liens redondants. Les auteurs ne semblent pas s'être mis de limites pour cette BD. Je pense qu'il cherche à faire réagir les lecteurs sur le fond et la forme. Et pour ça, ils font dans le non conventionnel et le trash. L'insolence est reine dans les propos, les personnages sont souvent des "branleurs". Le résultat est à mon goût. J'ai adoré les histoires avec les portraitistes. L'ensemble est dense et demandera plusieurs lectures pour bien comprendre le contenu. Ces auteurs sont à suivre de très prêt. Ils semblent être en avance sur leur temps. Il est a remarqué que pour les besoins des expériences oubapiennes et surtout pour les résultats visuels, il y a un site à visiter.
Safari Monseigneur
Avec Ruppert et Mulot, on passe dans une autre dimension !!! Le dessin est déjà original, très fin et dépouillé mais très expressif. Mais ensuite les récits apportent un lot de nouveautés dans le monde de la BD. La narration est particulière et dynamique. Les auteurs jouent avec le média et provoquent à tout va. C'est à ce niveau que ça passe ou ça casse.... Personnellement, j'ai vraiment apprécié cette BD. C'est une question de ressenti car il est très difficile de décrire ce one shot.
Blaise
J’aime bien l’humour de Planchon. Il met (gentiment) mal à l’aise. Ses personnages sont cons, sans aucuns repères idéologiques ou politiques valables et ils vivent dans un monde médiatique rempli d’icones de papier-mâché au discours indigent (Dabi Doubane, la personnalité préférée des Français). Satire de notre époque morose ? C’est peut-être aller trop loin. Album rigolo ? Certainement.
Jolies ténèbres
Ce qui m’a attiré au premier abord, c’est la couverture, que je trouve somptueuse. L’ouvrage est également très soigné et les planches agréablement coloriées, ce qui fournit au moins un argument en faveur de l’achat. Ce qui frappe ici dès les premières pages, c’est le contraste entre le graphisme enfantin des personnages et la radicalité du propos. D’emblée, le malaise s’installe à la vue du cadavre de la fillette et de toutes ces petites créatures orphelines qui semblent en sortir, sans se poser la question sur leur situation. Tels des naufragés débarqués dans un monde inconnu et trop grand pour elles, elles vont pourtant s’adapter avec une facilité incroyable, mais toujours dans l’improvisation et hors de toute rationalité. Toutes ont une personnalité différente mais agissent avec l’innocence de l’enfance, capables de commettre en toute insouciance les actes les plus cruels, inconscientes de leur portée. Spectateur de cette micro-société en formation qui produira ses lois et ses chefs, notre œil d’adulte est souvent interloqué, fasciné... Un peu comme si l’on observait une immense cour d’école sans surveillant, sans pouvoir d’intervention aucun, l’histoire se déroulant au rythme incohérent des humeurs de ces lutins diaboliques, avec souvent des épisodes monstrueux. Et du coup, on ne sait plus ce qui nous met le plus mal à l’aise dans ce conte étrange : le cadavre en décomposition de la fillette ou le comportement brutal des enfants livrés à eux-mêmes qui pourraient presque être humains, abstraction faite de leur taille ? C’est peut-être à cet effet que les auteurs nous rappellent, avec quelques références bien placées (Peau d’âne notamment) que les contes pour enfants comportent plus ou moins leur part d’immoralité et de cruauté. Cette histoire absolument pas banale se lit très vite, presque trop vite. J’aurais apprécié un récit plus long, plus élaboré, et du coup, je suis resté un peu sur ma faim. Peut-être faut-il considérer cela non pas comme une œuvre « sérieuse », juste comme une comptine légère et morbide distillant sa petite musique lancinante qui ne s’oublie pas si vite... OVNI graphique sulfureux, ces « Jolies Ténèbres » charment autant qu’elles révulsent, mais en tous cas ne laisseront personne indifférent. En tout état de cause, nul ne pourra nier l’originalité et l’audace à partir d’une base narrative aussi risquée...