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Chroniques aléatoires
Georges Bess dessine vraiment bien. La parenté de son style avec celui de Giraud est certes évidente, mais il a suffisamment d'aisance et de personnalité pour dépasser largement le stade de la pâle copie. Et dans ces "chroniques aléatoires" on sent qu'il se fait plaisir, et c'est un régal pour les yeux. Certes, ces chroniques ne vont jamais bien loin... mais j'ai pris grand plaisir à me laisser embarquer dans les états d'âmes de l'auteur et dans son univers loufoque. Son humour me fait sourire, son trait me fait baver, et bien que tout cela soit certes relativement insignifiant je me suis laissée charmer. C'est un excellent album pour les amoureux du beau dessin, mais je conseillerais cependant aux néophytes de commencer par Leela et Krishna, du même auteur, qui, en plus de bénéficier de son trait exceptionnel, a un scénario pour le coup franchement emballant !
Les penseurs
Excellent volume de la collection mimolette. Il ne fait que confirmer tout le bien que je pense du travail de François Ayroles qui est un auteur à suivre au même titre que Ruppert et Mulot. La lecture de cet opus est un vrai régal. Les strips sont suggérés par le biais de quelques bulles uniques (bière, cigarette, briquet, amour et les mêmes en barrées). Il n'y a aucun dialogue mais le dessin parle de lui même. On a l'impression d'avoir un rubix cube au format BD entre les mains. Dans tous les cas de figures, l'auteur fournit une histoire à la logique implacable. Il décortique par ce biais les difficultés de communication des contemporains. J'ai franchement ri mais certains strips sont plus dramatiques. Je retiens l'intelligence du propos et la mise en image simple mais terriblement efficace de Ayroles. En 32 pages, il semble faire le tour complet du sujet !!!! Une vrai petite merveille qui ne se limite pas à la technique narrative unique mais propose bien une réflexion poussée et sensée.
Vidéo Girl Aï
Video Girl est l'un des premiers mangas que j'ai lu, il y a longtemps. Le dessin de Katsura est mignon comme tout, les aventures romantico-fantastiques sont bien menées et l'histoire n'est pas "gnan-gnan", comme beaucoup trop d'histoires d'amour entre ados savent l'être. Certes, 15 ans plus tard, et après plusieurs relectures, l'enthousiasme n'est plus le même, mais j'envie ceux qui peuvent aujourd'hui découvrir et aborder le manga via une œuvre telle que Video Girl (même s'il y a peu de chance que cela arrive, vu l'énorme production actuelle). À noter que Video Girl Aï compte 13 tomes et que les deux derniers, Video Girl Len, sont bien moins originaux.
Le Der des ders
Très bonne BD qui mêle plusieurs thèmes. L'intrigue policière nous dévoile en parallèle un contexte d'après première guerre relativement noir où les cicatrices ne sont pas guéries, loin de là... La BD se lit facilement d'une traite malgré les dialogues étoffés. Un fois rentré dans le récit il devient difficile d'en ressortir. Les auteurs ont fourni un travail de grande qualité et vont dans le même sens. Le dessin est très détaillé, il aurait été mis en valeur avec des nuances grisâtres. Cette histoire sans compromis aux personnages sans valeurs est un régal à lire malgré son contenu difficile.
Barry Lan
Cette série est peu connue et mériterait meilleur sort. Au niveau des dessins, les traits sont marqués mais fluides, présents mais agréables, la colorisation est classique des anciennes éditions où les retouches informatiques n’étaient pas loi. Le tout n’a pas vieilli et se lit aujourd’hui de façon très agréable : gage de qualité ! Niveau scénario les trois tomes sont des one shot qui peuvent se lire indépendamment et n’ont pas le même intérêt. Le premier tome est une pépite : c’est le meilleur des trois. Dans cet opus nous découvrons les personnages dans une histoire de trésor très agréable, adroitement menée. Les composantes culturelles de cette région au cœur d’influences si diverses sont adroitement transcrites, on croit réellement en l’histoire que l’on lit. Les personnages sont d’emblée complexes et arrivent tous à exister sous un scénario maintenant le mystère. La chute du scénario est magistrale.
Le second tome est une réussite : l’idée est le sauvetage dans ces zones naturelles hostiles d’un dirigeable. Evidemment se cachent des enjeux politiques dans cette zone géographique aux multiples influences et voisins belliqueux ! Si certaines questions laissées en suspens dans le premier tome trouvent une réponse, ce tome est moins équilibré au niveau des personnages : certains ne sont pas développés et interviennent un peu comme un cheveu sur la soupe. L’aventure est néanmoins toujours bien présente, construite et agréable.
Le dernier tome est sensé répondre aux interrogations de Barry toujours partagé entre occident et tradition locale. Il va découvrir de façon fantastique un village fantôme ou l’accueillent différents rites initiatiques. Ce tome se rapproche dans le style de Mû (Corto Maltese) de Pratt avec moins de références culturelles et moins de poésie. Si les autres étaient des purs récits d’aventure, celui-ci est plus intériorisé et permet à Barry de répondre aux questions qui le rongent depuis le tome 1. 
Des trois tomes le 1 est clairement le plus réussi, je mettrais pour ma part le 3 en second même s’il ne faut pas y chercher de la pure aventure, il s’agit plutôt d’un rite initiatique pour des questions existentielles posées dans les autres tomes. Le 2 me paraît le moins bon à cause de personnages un peu légers.
Bref la série est très agréable, se lit très bien malgré l’âge. Certes l’ensemble est un chouia naïf pour un lecteur contemporain, mais relisez des BD d’aventures de 20 ans d’âge, je doute que beaucoup aient résisté au temps comme celle-ci (ou alors elles sont devenues cultes et connues) !
A connaître à minima. (j’ai les 3 à la maison et je ne compte pas m’en séparer !)
Batman - Année Un (Year One)
Sans aucun doute le meilleur Batman que j'ai lu jusqu'à présent. Au début, je n'étais pas très captivé à cause du dessin que je trouvais moche, mais au fil des pages j'ai commencé à trouver que le dessin n'était pas si mal. Il donne une atmosphère sombre à l'histoire ce qui n'est pas pour me déplaire. Le scénario est lui aussi très bon. Avec une idée qui aurait pu être ennuyante (raconter comment Bruce Wayne est devenu Batman), Frank Miller fait quelque chose de grand. Il y a eu la bonne idée d'intégrer les débuts du (futur) commissaire Gordon. On voit donc l'évolution psychologique de deux hommes face à la délinquance et la corruption de la police. Tout ceci est réellement captivant. Je ne pouvais plus lâcher les deux albums (j'ai lu l'édition de Comics USA) ! En revanche, je ne comprends pas l'utilité de Catwoman dans l'histoire. Elle ne sert à rien.
From Hell
From Hell, gros pavé de 500 pages reste assez ambigu pour moi. Je m'explique : Le style graphique, bien que particulier de par ses traits noirs, ses espèces de gribouillages et la ressemblance entre certains personnages, reste une référence car il colle parfaitement avec le scénario et l'ambiance du Londres de 1888. Donc, de ce point de vue-là, même s'il paraît déroutant, on sent une symbiose avec le scénario et que derrière il y a eu un boulot monstrueux d'harmonisation et de recherche ! Niveau scénario, j'ai appris beaucoup de choses, et notamment sur la légende de Jack l'éventreur qui était pour moi un mystère jusqu'alors. Néanmoins, le chapitre concernant les rues de Londres avec les légendes urbaines et historiques sur le pouvoir des femmes et sur le culte de la lune reste obscur et relativement peu intéressant, à moins d'habiter à Londres et de pouvoir visiter ces différents lieux. Sinon, on ressent à travers cette œuvre, le boulot titanesque qu'à fait Alan Moore au niveau documentaire et historique. Au final, on arrive avec une œuvre totalement à part dans le monde du comics, peu d'action, beaucoup de faits historiques et un trait psychologique (qui, j'ai oublié de le notifier, ne m'a pas plu, surtout le dernier chapitre qui ne sert à rien), bref on détient quelque chose de totalement inédit. Du coup, soit on aime, soit on déteste, pour ma part, j'ai bien aimé !
L'été 63
Nouvelle série dans la très belle collection « Terres d’origine ». Encore une fois la maquette est une réussite et les dessins très colorés apportent un bol d’air frais dès qu’on ouvre cette BD. Il est ici question des relations difficiles entre un père et son fils. Celui-ci vit très mal l’irruption dans sa vie d’une demi-sœur fraîchement débarquée du Viet Nam. Il supporte encore moins que son père lui ait caché son existence pendant tant d’années. Le ton employé pour décrire ces relations familiales délicates est vraiment juste. L’ado fâché qui ne parle plus à son père, ou encore la petite fugue de colère, tous les éléments de cette crise d’adolescence tardive sont maîtrisés et très crédibles. L’incompréhension entre le père et le fils s’accentue au fil des pages. Tout cela nous donne une BD fluide. En fin de compte c’est une histoire simple, presque une histoire quelconque comme il doit en arriver assez souvent, mais en tout cas c'est une histoire bien plaisante à lire.
Gunnm Other stories
Bon, c'est pas sur un tome qu'on pourrait le cataloguer de culte, surtout quand ce tome est subdivisé en plusieurs petites histoires... Néanmoins la mise en scène étant identique à la série de Gunnm, il ne faut pas vous attendre à un niveau d'excellence inférieur ! Non c'est tout pareil, donc absolument génial ! D'ailleurs, je l'ai acheté pour prolonger le plaisir après la lecture de Gunnm, car faut avouer que c'est tellement bien, on a vraiment du mal à se dire "non c'est fini..." Ce manga a pleinement rempli son rôle, c'est-à-dire faire descendre l'envie de retrouver Gunnm en douceur, tout du moins jusqu'à ce que j'achète Last Order ! Et aussi, nous donner des informations sur le passé d'Ido, etc... très intéressant à lire donc ! Mais à n'acheter que si on a lu au moins la première série !
AD. Police
Un manga que j'ai découvert il y a plus de 10 ans, suite au visionnage des magnifiques OAV animées du début des années 90. Une œuvre cyberpunk qu'on on n'en trouve plus maintenant, noire et désespérée, nous présentant un futur peu glorieux. Le dessin de Takezaki est expressif et détaillé à souhait, l'histoire est prenante. Un One Shot intelligent qui, grâce à l'animé qui en a été dérivé l'année suivante de sa parution, a permis de marquer les esprits de tous les fans d'animation.