Voilà une histoire tout à fait passionnante d'un homme condamné à tort, à mort puis gracié au bagne de Cayenne, pour un crime qu'il n'a pas commis. Il sera mis à l'épreuve dans des conditions de vie inhumaines. Laurent Maffre met en scène Albert Londres dans son enquête au bagne dont le journaliste tirera un livre alertant l'opinion publique de métropole sur l'enfer de ce lieu. Il va prôner son abolition et prend position en faveur du condamné Dieudonné.
La narration est bien menée, on ne s'ennuie pas de cette lecture d'un bout à l'autre, d'abord au bagne, puis à la recherche de "la belle", la grande évasion.
De plus je trouve le dessin de Laurent Maffre assez beau à regarder, avec des têtes très typées et différentes pour chacun des personnages. L'album relié est bien fini avec du papier de bonne qualité et une couverture agréable au toucher.
Bref c'est une lecture recommandée.
Léon la terreur, c’est un mélange totalement fracassant et improbable d’un type à l’allure de PDG mais à l’esprit punk, un genre de vieux lévrier un peu maniéré qui, à peine sorti de chez le toiletteur, va faire pipi direct sur les escarpins des vieilles dames à choucroutes et collets montés.
C’est totalement déjanté et souvent trash, les gags ne sont pas forcément toujours très drôles, mais c’est plutôt jouissif de voir le chaos poindre sous le bel ordonnancement d’une ville proprette et bien rangée (quelque part en Flandres), dès l’apparition du vieil anar excentrique en smoking, toujours là où on ne l’attend pas ! Et la bien sage ligne claire ne fait d’ailleurs que renforcer ce contraste.
Si cette série s’apparente graphiquement au style franco-belge, l’esprit est sans nul doute plus belge que « franco » !
Ce pavé est une petite merveille.
Une fois tournée la dernière page, on regrette que Trondheim se soit arrêté à 500 planches car il nous prive du final.
Mais à la rigueur on s'en passe. Avec Lapinot, on a l'opportunité de passer plusieurs heures de lecture sans prise de tête. Trondheim démontre avec cette première BD qu'il a un sens inné pour la narration et une imagination hors norme.
Certes le dessin n'est pas très technique, il semble même apprendre à dessiner avec ce one shot. Au fur et à mesure de la BD son trait s'affirme. L'ensemble reste minimaliste mais avec une personnalité qui permet depuis de reconnaitre son auteur dès le premier coup d'oeil.
L'histoire est visiblement improvisée mais n'en demeure pas moins cohérente et géniale.
Les personnages sont excellents, tous différents et admirablement utilisés pour donner au final un scénario excellent.
J'ai fractionné la lecture sur 2 jours à cause des 500 pages. A chaque fois que je reprenais la BD, je lisais des passages de plus en plus conséquents. J'ai eu l'impression d'une lecture exponentielle, les pages semblant défiler de plus en plus vite.
J'ai comblé un trou culturel et j'en ressors conforté sur l'immense talent de Trondheim.
J'ai acquis dernièrement dans un marché aux puces les deux exemplaires originaux qui composent l'une des premières histoires de Taniguchi publiées en Occident. J'étais un peu réticent car je n'avais pas vraiment aimé Au Temps de Botchan qui date de la même époque. Peu importe, je me devais d'essayer.
Je viens tout juste de finir de les lire et je suis plutôt très impressionné par le travail de l'artiste. C'est un peu différent de ce qu'on connaît mais il y a beaucoup de thèmes qui reviennent comme la nature ou encore l'amitié. Et toujours cette superbe capacité de raconter une histoire poignante. Cela pourrait paraître peut-être pour certains lecteurs un peu pesant et répétitif surtout vers la fin. Cependant, on pardonnera facilement devant autant de talent narratif.
Le chien Blanco fait un peu peur au début. On se dit qu'on a en face un monstre sanguinaire de par la violence de ses attaques. Petit à petit, on commence à comprendre et à véritablement aimer ce chien pas comme les autres pourchassé par des militaires sans vergognes. Les espaces nord-canadiens sont superbement retranscrits. C'est du pur bonheur... pour les fans de Taniguchi bien entendu. Je ne regrette absolument pas mon achat.
Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4/5
Il a souvent été dit que le style des œuvres de David Lapham rappelait celui d'Ellroy... Loin de moi l'idée d'établir ou soutenir ce genre de comparaison, mais il est vrai que dans les livres de David Lapham on trouve une espèce de noirceur brute et sans artifice, c'est aussi sombre que froid, c'est ce qui les rend si percutantes aux yeux de ceux qui aiment le genre.
Silverfish est une BD surprenante, avec son titre et l'homme en tête de poisson en quatrième de couverture on est en droit de penser au premier abord qu'il s'agit d'une œuvre faisant la part belle au fantastique, il n'en est rien, il s'agit d'un polar sans surprise mais Ô combien bien mené.
L'intrigue est simple et classique. Après un prologue intriguant nous montrant un meurtre, nous faisons un bond de trois années et sommes plongés dans l'histoire par une présentation de quelques uns des protagonistes. L'action se déroule en 1988, les personnages principaux sont des femmes, Mia et sa belle mère Suzanne. Elles ne s'apprécient guère.
Une fois le décor planté, David Lapham nous entraine dans une tragédie. Tout commence en montrant une famille heureuse mais le départ en week-end des parents de Mia est le début d'une fracture à ce bonheur. En fouillant dans les affaires et le passé de sa belle mère, Mia va déclencher une série d'évènements qu'il sera impossible d'arrêter. De manière maitrisée David Lapham fait ressurgir le passé sombre de la paisible Suzanne au travers des actions de Mia, c'est amené sans effets de style superflus, sans rebondissements inutiles, ça se déroule juste de façon logique et malheureusement inéluctable. Sous son masque de polar cette BD met un drame en scène, une histoire de vie manquée, de seconde chance qui vole en éclat à cause de pas grand chose. Et quelle fin !
Tout cela peut faire penser à une œuvre comme A History of Violence mais c'est tout de même bien moins lourd, plus élégant, plus réussi, plus poignant.
L'univers graphique que développe David Lapham contribue à la réussite de son œuvre, si le trait n'est pas parfait il est tout de même éclatant, l'époque est parfaitement retranscrite, les personnages presque trop expressifs, affublés d'yeux globuleux semble se situer quelque part entre le cartoon et le réalisme pur, cela donne curieusement des dessins très crédibles, des personnages qui sonnent vrais. C'est en noir et blanc bien évidemment. Très bien.
Avec Silverfish David Lapham offre une pépite noire de plus au catalogue Vertigo, une histoire belle et tragique au final splendide.
A lire !
JJJ
Voilà une bonne surprise ! Quand j’ai commencé la lecture je n’avais pas la moindre idée du genre d’histoire que j’allais trouver : un quelconque roman graphique, une farce plutôt comique ? Eh bien je dirais simplement que j’ai lu une belle histoire.
L’histoire est simple, fluide et la lecture très agréable. Pietro, le personnage principal, m’est tout de suite paru attachant. Son histoire m’a touché. Que se soit morale ou physique les différentes blessures qu’il va subir m’ont ému.
Un premier tome très prenant donc et c’est le genre de BD pour lequel je souhaiterai vraiment tomber sur un happy end dans le 2e tome.
Tome 2
Pas grand chose à rajouter. C'est très fort les émotions qui arrivent à passer juste au travers des regards des personnages... (chapeau au dessinateur).
C'est juste une belle BD, touchante, poétique, émouvante.
Vraiment.
Mais pourquoi j’ai relu ça ? J’en pleure de nostalgie !
« Jacky et Célestin » présente l’archétype de la série B de bande dessinée franco-belge traditionnelle des années ’60. L’esprit bon enfant qui y règne (même les vilains ne sont pas vraiment méchants) est un régal de naïveté.
Le dessin limpide de l’apprenti (!) Walthéry est un exemple de lisibilité et de pureté (le maître Peyo, secondé par le très doué Will, a un scalpel en guise d’œil, et chaque imperfection est sévèrement réprimandée). Pourtant, les impératifs de la publication dans le journal de Spirou sont contraignants. Jugez plutôt : Walthéry reçoit une page de scénario le samedi soir et doit remettre sa planche fignolée le lundi matin. Certes, il bénéficiera d’un peu plus de temps durant son… service militaire (son supérieur étant amateur de bandes dessinées), mais la performance demeure. D’autant plus que les décors sont souvent soignés et que la qualité est stable (seules quelques planches semblent réellement manquer de soin, mais même celles-ci sont d’une belle qualité, comparées à certaines productions actuelles).
Mais, hormis François Walthéry, bien des élèves de Peyo vont se succéder sur la série (sans toutefois bénéficier, à ma connaissance, d’une publication sous la forme d’album). Parmi eux : Will (déjà cité), Gos, Vicq, Derib, Jo El Azara, Francis mais aussi un certain Roger Leloup. Celui-ci créera, pour les besoins d’un album, un personnage bien connu, une petite Yoko. Leloup tombera sous le charme de sa création et Yoko Tsuno (un changement de nom de famille judicieux, car, à l’origine, elle s’appelait Yoko Shirushi) bénéficiera ensuite de sa propre série, épaulée par deux acolytes (Vic et Pol) qui ressembleront furieusement à… Jacky et Célestin.
Mais pour en revenir à nos deux compères, les aventures qu’ils vivent ne sont pas dénuées d’intérêt. Mêlant habilement humour, fantastique (ou, plus exactement, fantaisie, à la manière d’un Spirou et Fantasio ou d’un Benoit Brisefer) et enquêtes policières (au suspense tout relatif), les histoires sont très accrocheuses et les personnages ne manquent pas de charisme (et certains rôles secondaires non plus, avec, par exemple, ce charmant scientifique présent dans « Vous êtes trop bon ! » ou le commissaire Boursu).
Je conseillerais ces albums à n’importe quel lecteur amateur du style franco belge de la grande époque, mais plus encore, je lui recommanderai la publication en noir et blanc parue aux éditions Noir Dessin Production (une intégrale comprenant les quatre albums de la période Walthéry). En effet, le seul défaut de la série, à mes yeux, est sa colorisation. Parfois inadéquate, souvent terne, elle abime le beau travail du talentueux dessinateur plutôt que de le magnifier.
Un très bon 3/5 dans sa version couleur, et un mérité 4/5 dans sa version en noir et blanc, Jacky et Célestin est, dans tous les cas, une série à découvrir.
Une très belle série, qui fait partie des classiques.
Très poétique, elle nous emmène à la fois sur le territoire des rêves, mais aussi au sein de l'univers si particulier du cirque, de la foire... J'aime beaucoup la façon dont le récit est découpé, cela dénote une belle maîtrise technique de Mathieu Gallié.
Sur le plan du dessin, comment ne pas tomber sous le charme du trait d'Andreae ? Malgré ses quinze ans, cette série n'a pas vieilli, ses couleurs n'ont pas de côté "passé". Et quelle maturité dans le trait !
Bref, une série qu'il faut avoir lue.
Je ne suis pas un grand spécialiste de la BD historique, pour tout dire j’en avais même une image assez pompeuse et ennuyeuse. En feuilletant le premier tome en librairie et ayant souvenir des bonnes critiques lues sur BD-Theque, je me suis laissé tenté.
Grand bien m’en a pris, j’ai dévoré ce premier tome et me suis vite procuré les deux suivants. Cette série historique est loin d’être ennuyeuse, bien au contraire, les différentes intrigues et complots se jouant autour du trône de France sont vraiment captivants. Pour ma part je suis complètement happé par ce récit, à la narration fluide et aux dialogues travaillés, mais je le répète, jamais pompeux.
Il semble que les faits énoncés dans cette série soient entièrement conforme à la réalité historique. Il est vraiment agréable de prendre plaisir à suivre cette épopée de la guerre de cent ans, tout en apprenant plus sur l’histoire de notre pays. Cette B.D est l’amalgame parfait entre plaisir et culture, elle se veut véridique et intelligente, sans jamais être rébarbative.
L’aspect graphique n’est pas en reste, le dessin réaliste est vraiment superbe et les couleurs chaudes des deux premiers tomes sont du plus bel effet. La colorisation du troisième tome est beaucoup plus terne et je ne comprends pas bien le pourquoi de ce changement.
J’attends donc la suite avec impatience, le prochain tome devant à priori nous en apprendre plus sur une certaine Jeanne d’Arc…
Une magnifique série, bourrée d'humanité. Touchante et poignante.
Voilà une BD touchante de simplicité dans le traitement. Derib n'a pas cherché à réaliser une fresque épique et enjolivée. Non, on sent que l'auteur a cherché avant tout à être fidèle à l'esprit des indiens et à leur rendre un vibrant hommage sans tomber ni dans la caricature mais sans non plus se voiler la face.
Chez les indiens, comme les "l'homme blanc", tout n'est pas rose. Il y a des guerres, des morts et la faim. Il y a une lutte pour la survit de chaque instant. La trilogie rend admirablement cette époque et ces coutumes. Après avoir commencé à dessiner Yakari, Derib, voulu réaliser une approche plus adulte, plus réaliste de la vie des amérindiens. Derrière son scénario, on sent un gros travail de renseignements et de documentation. C'est une vision agréable et quasi dénouée de jugement, un regard juste sur un peuple massacré et sacrifié. Les hommes blancs en revanche, sont clairement identifiés comme des méchants. Pas LES méchants, mais DES méchants qui n'ont pas tenu compte des besoins et des ressources naturelles propres aux autochtones.
Pourtant dans certains passages de la série, j'ai trouvé le ton moins aventure et plus didactique, se rapprochant presque trop d'un format reportage. Ce n'est pas désagréable tant on sent la recherche qui a eut lieu pour la réalisation de cette série. Mais dans le format dont je dispose, les premières pages sont justement consacrées sous texte pure avec quelques illustrations d'époque à replacer l'histoire dans son contexte. Du coup, ce passage de lecture très scolaire, fait double emploi avec l'histoire elle-même. Et la lecture qui suit ne présente plus de surprise ni de rebondissements…
Nous sommes loin ici d'une vision classique et nunuche de la vie des indiens. Une fois encore, pour moi, c'est ce réalisme, cette crédibilité et cette simplicité du scénario qui font la force et la puissance de cette œuvre.
Dans le troisième tome la lecture est tellement facile, l'histoire si bien contée, que l'on arrive à la fin de ces 40 pages avec une vraie sensation de manque et de trop vite, de trop court. 40 pages, c'est déjà court, mais ici, Derib réussit à nous le faire regretter encore plus !
Le trait de Derib pour l'occasion est un vrai régal. Il sait retranscrire ces visages burinés, il sait retranscrire les émotions et donner la sagesse aux visages ridés. Les poses, les expressions sont parfaitement maitrisée. Il y a une justesse dans la retranscription des décors et paysages rares. Les couleurs sont-elles aussi impressionnantes. Tout est criant de réalisme sans dénaturer l'âme de la bande dessinée.
Les cadrages ne sont jamais faits dans la simplicité, et surtout le découpage des cases est superbe. Derib utilise toutes les astuces possibles afin de donner de la puissance à son imagination. Pas mal de Hors case et d'utilisation du cercle aussi afin de centrer notre attention !
Je suis loin d'être sur qu'elle est toujours publiée et c'est bien dommage !
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L'Homme qui s'évada
Voilà une histoire tout à fait passionnante d'un homme condamné à tort, à mort puis gracié au bagne de Cayenne, pour un crime qu'il n'a pas commis. Il sera mis à l'épreuve dans des conditions de vie inhumaines. Laurent Maffre met en scène Albert Londres dans son enquête au bagne dont le journaliste tirera un livre alertant l'opinion publique de métropole sur l'enfer de ce lieu. Il va prôner son abolition et prend position en faveur du condamné Dieudonné. La narration est bien menée, on ne s'ennuie pas de cette lecture d'un bout à l'autre, d'abord au bagne, puis à la recherche de "la belle", la grande évasion. De plus je trouve le dessin de Laurent Maffre assez beau à regarder, avec des têtes très typées et différentes pour chacun des personnages. L'album relié est bien fini avec du papier de bonne qualité et une couverture agréable au toucher. Bref c'est une lecture recommandée.
Léon-la-Terreur (Léon Van Oukel)
Léon la terreur, c’est un mélange totalement fracassant et improbable d’un type à l’allure de PDG mais à l’esprit punk, un genre de vieux lévrier un peu maniéré qui, à peine sorti de chez le toiletteur, va faire pipi direct sur les escarpins des vieilles dames à choucroutes et collets montés. C’est totalement déjanté et souvent trash, les gags ne sont pas forcément toujours très drôles, mais c’est plutôt jouissif de voir le chaos poindre sous le bel ordonnancement d’une ville proprette et bien rangée (quelque part en Flandres), dès l’apparition du vieil anar excentrique en smoking, toujours là où on ne l’attend pas ! Et la bien sage ligne claire ne fait d’ailleurs que renforcer ce contraste. Si cette série s’apparente graphiquement au style franco-belge, l’esprit est sans nul doute plus belge que « franco » !
Lapinot et les Carottes de Patagonie
Ce pavé est une petite merveille. Une fois tournée la dernière page, on regrette que Trondheim se soit arrêté à 500 planches car il nous prive du final. Mais à la rigueur on s'en passe. Avec Lapinot, on a l'opportunité de passer plusieurs heures de lecture sans prise de tête. Trondheim démontre avec cette première BD qu'il a un sens inné pour la narration et une imagination hors norme. Certes le dessin n'est pas très technique, il semble même apprendre à dessiner avec ce one shot. Au fur et à mesure de la BD son trait s'affirme. L'ensemble reste minimaliste mais avec une personnalité qui permet depuis de reconnaitre son auteur dès le premier coup d'oeil. L'histoire est visiblement improvisée mais n'en demeure pas moins cohérente et géniale. Les personnages sont excellents, tous différents et admirablement utilisés pour donner au final un scénario excellent. J'ai fractionné la lecture sur 2 jours à cause des 500 pages. A chaque fois que je reprenais la BD, je lisais des passages de plus en plus conséquents. J'ai eu l'impression d'une lecture exponentielle, les pages semblant défiler de plus en plus vite. J'ai comblé un trou culturel et j'en ressors conforté sur l'immense talent de Trondheim.
Blanco (Le Chien Blanco)
J'ai acquis dernièrement dans un marché aux puces les deux exemplaires originaux qui composent l'une des premières histoires de Taniguchi publiées en Occident. J'étais un peu réticent car je n'avais pas vraiment aimé Au Temps de Botchan qui date de la même époque. Peu importe, je me devais d'essayer. Je viens tout juste de finir de les lire et je suis plutôt très impressionné par le travail de l'artiste. C'est un peu différent de ce qu'on connaît mais il y a beaucoup de thèmes qui reviennent comme la nature ou encore l'amitié. Et toujours cette superbe capacité de raconter une histoire poignante. Cela pourrait paraître peut-être pour certains lecteurs un peu pesant et répétitif surtout vers la fin. Cependant, on pardonnera facilement devant autant de talent narratif. Le chien Blanco fait un peu peur au début. On se dit qu'on a en face un monstre sanguinaire de par la violence de ses attaques. Petit à petit, on commence à comprendre et à véritablement aimer ce chien pas comme les autres pourchassé par des militaires sans vergognes. Les espaces nord-canadiens sont superbement retranscrits. C'est du pur bonheur... pour les fans de Taniguchi bien entendu. Je ne regrette absolument pas mon achat. Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4/5
Silverfish
Il a souvent été dit que le style des œuvres de David Lapham rappelait celui d'Ellroy... Loin de moi l'idée d'établir ou soutenir ce genre de comparaison, mais il est vrai que dans les livres de David Lapham on trouve une espèce de noirceur brute et sans artifice, c'est aussi sombre que froid, c'est ce qui les rend si percutantes aux yeux de ceux qui aiment le genre. Silverfish est une BD surprenante, avec son titre et l'homme en tête de poisson en quatrième de couverture on est en droit de penser au premier abord qu'il s'agit d'une œuvre faisant la part belle au fantastique, il n'en est rien, il s'agit d'un polar sans surprise mais Ô combien bien mené. L'intrigue est simple et classique. Après un prologue intriguant nous montrant un meurtre, nous faisons un bond de trois années et sommes plongés dans l'histoire par une présentation de quelques uns des protagonistes. L'action se déroule en 1988, les personnages principaux sont des femmes, Mia et sa belle mère Suzanne. Elles ne s'apprécient guère. Une fois le décor planté, David Lapham nous entraine dans une tragédie. Tout commence en montrant une famille heureuse mais le départ en week-end des parents de Mia est le début d'une fracture à ce bonheur. En fouillant dans les affaires et le passé de sa belle mère, Mia va déclencher une série d'évènements qu'il sera impossible d'arrêter. De manière maitrisée David Lapham fait ressurgir le passé sombre de la paisible Suzanne au travers des actions de Mia, c'est amené sans effets de style superflus, sans rebondissements inutiles, ça se déroule juste de façon logique et malheureusement inéluctable. Sous son masque de polar cette BD met un drame en scène, une histoire de vie manquée, de seconde chance qui vole en éclat à cause de pas grand chose. Et quelle fin ! Tout cela peut faire penser à une œuvre comme A History of Violence mais c'est tout de même bien moins lourd, plus élégant, plus réussi, plus poignant. L'univers graphique que développe David Lapham contribue à la réussite de son œuvre, si le trait n'est pas parfait il est tout de même éclatant, l'époque est parfaitement retranscrite, les personnages presque trop expressifs, affublés d'yeux globuleux semble se situer quelque part entre le cartoon et le réalisme pur, cela donne curieusement des dessins très crédibles, des personnages qui sonnent vrais. C'est en noir et blanc bien évidemment. Très bien. Avec Silverfish David Lapham offre une pépite noire de plus au catalogue Vertigo, une histoire belle et tragique au final splendide. A lire ! JJJ
Pietrolino
Voilà une bonne surprise ! Quand j’ai commencé la lecture je n’avais pas la moindre idée du genre d’histoire que j’allais trouver : un quelconque roman graphique, une farce plutôt comique ? Eh bien je dirais simplement que j’ai lu une belle histoire. L’histoire est simple, fluide et la lecture très agréable. Pietro, le personnage principal, m’est tout de suite paru attachant. Son histoire m’a touché. Que se soit morale ou physique les différentes blessures qu’il va subir m’ont ému. Un premier tome très prenant donc et c’est le genre de BD pour lequel je souhaiterai vraiment tomber sur un happy end dans le 2e tome. Tome 2 Pas grand chose à rajouter. C'est très fort les émotions qui arrivent à passer juste au travers des regards des personnages... (chapeau au dessinateur). C'est juste une belle BD, touchante, poétique, émouvante. Vraiment.
Jacky et Célestin
Mais pourquoi j’ai relu ça ? J’en pleure de nostalgie ! « Jacky et Célestin » présente l’archétype de la série B de bande dessinée franco-belge traditionnelle des années ’60. L’esprit bon enfant qui y règne (même les vilains ne sont pas vraiment méchants) est un régal de naïveté. Le dessin limpide de l’apprenti (!) Walthéry est un exemple de lisibilité et de pureté (le maître Peyo, secondé par le très doué Will, a un scalpel en guise d’œil, et chaque imperfection est sévèrement réprimandée). Pourtant, les impératifs de la publication dans le journal de Spirou sont contraignants. Jugez plutôt : Walthéry reçoit une page de scénario le samedi soir et doit remettre sa planche fignolée le lundi matin. Certes, il bénéficiera d’un peu plus de temps durant son… service militaire (son supérieur étant amateur de bandes dessinées), mais la performance demeure. D’autant plus que les décors sont souvent soignés et que la qualité est stable (seules quelques planches semblent réellement manquer de soin, mais même celles-ci sont d’une belle qualité, comparées à certaines productions actuelles). Mais, hormis François Walthéry, bien des élèves de Peyo vont se succéder sur la série (sans toutefois bénéficier, à ma connaissance, d’une publication sous la forme d’album). Parmi eux : Will (déjà cité), Gos, Vicq, Derib, Jo El Azara, Francis mais aussi un certain Roger Leloup. Celui-ci créera, pour les besoins d’un album, un personnage bien connu, une petite Yoko. Leloup tombera sous le charme de sa création et Yoko Tsuno (un changement de nom de famille judicieux, car, à l’origine, elle s’appelait Yoko Shirushi) bénéficiera ensuite de sa propre série, épaulée par deux acolytes (Vic et Pol) qui ressembleront furieusement à… Jacky et Célestin. Mais pour en revenir à nos deux compères, les aventures qu’ils vivent ne sont pas dénuées d’intérêt. Mêlant habilement humour, fantastique (ou, plus exactement, fantaisie, à la manière d’un Spirou et Fantasio ou d’un Benoit Brisefer) et enquêtes policières (au suspense tout relatif), les histoires sont très accrocheuses et les personnages ne manquent pas de charisme (et certains rôles secondaires non plus, avec, par exemple, ce charmant scientifique présent dans « Vous êtes trop bon ! » ou le commissaire Boursu). Je conseillerais ces albums à n’importe quel lecteur amateur du style franco belge de la grande époque, mais plus encore, je lui recommanderai la publication en noir et blanc parue aux éditions Noir Dessin Production (une intégrale comprenant les quatre albums de la période Walthéry). En effet, le seul défaut de la série, à mes yeux, est sa colorisation. Parfois inadéquate, souvent terne, elle abime le beau travail du talentueux dessinateur plutôt que de le magnifier. Un très bon 3/5 dans sa version couleur, et un mérité 4/5 dans sa version en noir et blanc, Jacky et Célestin est, dans tous les cas, une série à découvrir.
MangeCoeur
Une très belle série, qui fait partie des classiques. Très poétique, elle nous emmène à la fois sur le territoire des rêves, mais aussi au sein de l'univers si particulier du cirque, de la foire... J'aime beaucoup la façon dont le récit est découpé, cela dénote une belle maîtrise technique de Mathieu Gallié. Sur le plan du dessin, comment ne pas tomber sous le charme du trait d'Andreae ? Malgré ses quinze ans, cette série n'a pas vieilli, ses couleurs n'ont pas de côté "passé". Et quelle maturité dans le trait ! Bref, une série qu'il faut avoir lue.
Le Trône d'argile
Je ne suis pas un grand spécialiste de la BD historique, pour tout dire j’en avais même une image assez pompeuse et ennuyeuse. En feuilletant le premier tome en librairie et ayant souvenir des bonnes critiques lues sur BD-Theque, je me suis laissé tenté. Grand bien m’en a pris, j’ai dévoré ce premier tome et me suis vite procuré les deux suivants. Cette série historique est loin d’être ennuyeuse, bien au contraire, les différentes intrigues et complots se jouant autour du trône de France sont vraiment captivants. Pour ma part je suis complètement happé par ce récit, à la narration fluide et aux dialogues travaillés, mais je le répète, jamais pompeux. Il semble que les faits énoncés dans cette série soient entièrement conforme à la réalité historique. Il est vraiment agréable de prendre plaisir à suivre cette épopée de la guerre de cent ans, tout en apprenant plus sur l’histoire de notre pays. Cette B.D est l’amalgame parfait entre plaisir et culture, elle se veut véridique et intelligente, sans jamais être rébarbative. L’aspect graphique n’est pas en reste, le dessin réaliste est vraiment superbe et les couleurs chaudes des deux premiers tomes sont du plus bel effet. La colorisation du troisième tome est beaucoup plus terne et je ne comprends pas bien le pourquoi de ce changement. J’attends donc la suite avec impatience, le prochain tome devant à priori nous en apprendre plus sur une certaine Jeanne d’Arc…
Celui qui est né deux fois
Une magnifique série, bourrée d'humanité. Touchante et poignante. Voilà une BD touchante de simplicité dans le traitement. Derib n'a pas cherché à réaliser une fresque épique et enjolivée. Non, on sent que l'auteur a cherché avant tout à être fidèle à l'esprit des indiens et à leur rendre un vibrant hommage sans tomber ni dans la caricature mais sans non plus se voiler la face. Chez les indiens, comme les "l'homme blanc", tout n'est pas rose. Il y a des guerres, des morts et la faim. Il y a une lutte pour la survit de chaque instant. La trilogie rend admirablement cette époque et ces coutumes. Après avoir commencé à dessiner Yakari, Derib, voulu réaliser une approche plus adulte, plus réaliste de la vie des amérindiens. Derrière son scénario, on sent un gros travail de renseignements et de documentation. C'est une vision agréable et quasi dénouée de jugement, un regard juste sur un peuple massacré et sacrifié. Les hommes blancs en revanche, sont clairement identifiés comme des méchants. Pas LES méchants, mais DES méchants qui n'ont pas tenu compte des besoins et des ressources naturelles propres aux autochtones. Pourtant dans certains passages de la série, j'ai trouvé le ton moins aventure et plus didactique, se rapprochant presque trop d'un format reportage. Ce n'est pas désagréable tant on sent la recherche qui a eut lieu pour la réalisation de cette série. Mais dans le format dont je dispose, les premières pages sont justement consacrées sous texte pure avec quelques illustrations d'époque à replacer l'histoire dans son contexte. Du coup, ce passage de lecture très scolaire, fait double emploi avec l'histoire elle-même. Et la lecture qui suit ne présente plus de surprise ni de rebondissements… Nous sommes loin ici d'une vision classique et nunuche de la vie des indiens. Une fois encore, pour moi, c'est ce réalisme, cette crédibilité et cette simplicité du scénario qui font la force et la puissance de cette œuvre. Dans le troisième tome la lecture est tellement facile, l'histoire si bien contée, que l'on arrive à la fin de ces 40 pages avec une vraie sensation de manque et de trop vite, de trop court. 40 pages, c'est déjà court, mais ici, Derib réussit à nous le faire regretter encore plus ! Le trait de Derib pour l'occasion est un vrai régal. Il sait retranscrire ces visages burinés, il sait retranscrire les émotions et donner la sagesse aux visages ridés. Les poses, les expressions sont parfaitement maitrisée. Il y a une justesse dans la retranscription des décors et paysages rares. Les couleurs sont-elles aussi impressionnantes. Tout est criant de réalisme sans dénaturer l'âme de la bande dessinée. Les cadrages ne sont jamais faits dans la simplicité, et surtout le découpage des cases est superbe. Derib utilise toutes les astuces possibles afin de donner de la puissance à son imagination. Pas mal de Hors case et d'utilisation du cercle aussi afin de centrer notre attention ! Je suis loin d'être sur qu'elle est toujours publiée et c'est bien dommage !