Le devenir de l’humanité semble être un thème cher à Pontarolo. Après Naciré et les machines, voici qu’il récidive avec "Sapiens". Il est aussi question ici d’une relation entre un homme et une femme singulière (mais pas une femme-machine). Toutefois, la comparaison s’arrête là. L’univers présenté ici est encore plus bizarroïde.
Notre infortuné écrivain a pour seuls compagnons des animaux aux formes humaines (dont la vache Pétula) et Eugénie, une fillette muette et insipide. L’auteur offre au lecteur une réflexion intéressante et nuancée sur la nature humaine qui n’aurait pas déplu à Pierre Boulle. Le lecteur s’identifie rapidement à "Sapiens" (surnom donné par Pétula à l’écrivain). Avec lui, on va découvrir peu à peu des réponses à notre présence en ce lieu étrange jusqu’au final implacable. Peut-on forcer l’avenir et changer celui-ci ? La réponse apportée par l’auteur est ouverte mais pas totalement défaitiste.
Côté graphisme, le format d’édition permet à Pontarolo de laisser exprimer son talent sans brides. Un travail qui mérite d’être vu !
C’est donc un album chaudement recommandé même si l’auteur a une vue plutôt pessimiste de notre l’avenir.
Après Le Codex angélique, voici une autre histoire de Thierry Gloris. Et, comme le codex, une histoire difficile à catégoriser.
Est-ce une histoire fantastique dans le monde réel ?
Ou une histoire réaliste dans un univers fantastique ?
Ou encore une libre adaptation teintée de fantastique d'une histoire réelle ?
La frontière n'est pas si facile à définir. Et c'est précisément ce qui fait le charme de cette BD : on ne sait pas où tout cela va nous mener... A suivre avec intérêt, donc...
Et, cerise sur le gâteau, le dessin et les couleurs ne sont pas en reste, loin s'en faut. Les détails foisonnent, le trait est net et les couleurs créent une bonne ambiance...
Vous l'aurez compris, l'ensemble donne donc une BD des plus prometteuses qu'il vous faut lire...
En attente du tome 2 !
Après la lecture du tome 2, toujours rien à redire. Une grande série en devenir...
Le scénariste, journaliste de formation, aime de toute évidence explorer les liens entre l'Histoire et l'histoire personnelle. Drame intime et enjeux politiques se mêlent dans cette quête africaine. René Caillié se lance dans un défi improbable : rallier Tombouctou à pied et être ainsi le premier Européen à établir une carte précise de ces contrées.
Le dessin de Pendanx, lumineux et coloré, est éblouissant et sert parfaitement le propos de Dabitch. La chaleur écrasante du soleil, les pas qui se font lourds, la fraîcheur du bivouac sont palpables dans ces pages qui se teintent de mysticisme. Les rencontres avec les peuplades locales sont autant de regards sur des cultures différentes, de réflexions sur les religions.
Avec pudeur et talent, les auteurs semblent suggérer qu'une blessure secrète guide les pas du héros et le pousse à aller toujours plus avant, malgré les pièges du désert, le découragement inévitable, la peur de renoncer...
Une bd où l'on prend son temps (ce qui pourra en rebuter certains), où le rythme de lecture se calque sur les pas obstinés et désespérés de René Caillié...
Au format Manga, MKM s'annonce comme une petite série bien poilante dont ce premier tome m'a, en tout cas, beaucoup amusé.
Mathieu Sapin et Frantico se relaient pour nous narrer leurs (més-)aventures, qui pour commencer, sont de simples anecdotes de choses marrantes vécues au quotidien, à la manière de ces nombreux blogs ou carnets sympathiques entretenus pas des auteurs comme Boulet, Sfar, Trondheim et bien d'autres.
Mais l'histoire dérive vite vers des aventures bien plus délirantes, bien que toujours traitées sur le même ton et avec la même forme... les tournants pris par l'histoire me font notamment penser au délire des Cosmonautes du futur de Manu Larcenet.
Bref, j'aime bien et j'en redemande.
A noter que les aventure sont accessibles sur le blog de la série (http://www.megakravmaga.com), bien qu'il semble que la publication "blog" de la série soit en retard par rapport à l'édition papier.
Franchement bien !
Ce qui est agréable c'est la maitrise du dessin et la beauté de l'édition qui lui rend bien.
Alors oui les histoires sont très courtes, et se finissent souvent sans véritable chute, mais le but n'était pas de faire des gags ou des morales systématiques.
On a plutôt affaire a des idées, des concepts, dont l'auteur tire le fil pendant quelques pages, puis s'arrête, pour passer à autre chose.
C'est à la fois magique ...
car il y a chez Otomo une facilité à produire en 2 pages un univers de qualité, tant au niveau du dessin que du concept.
C'est aussi un peu frustrant c'est vrai, car certaines histoires pourraient aisément être le début d'un ouvrage complet.
Il y a du Moebius enfin dans cet ouvrage dans le sens ou l'on sent une écriture spontanée mais dont la magie est d'être crédible comme une idée réfléchie et scénarisée.
C'est fort donc, et c'est du bel Otomo.
Que rajouter à tous les avis précédents ?
Cette BD est excellente. Je ne lui ai trouvé qu'un défaut : les visages de la famille au centre de l'histoire. Ils ont un côté extraterrestres avec leurs têtes ovales.
Pour le reste le dessin est très réussi. J'aime ce genre de noir et blanc, simple et puissant.
Le scénario est maitrisé, l'histoire est bien dosée et le final bien amené et en phase avec l'histoire.
Cette BD mérite amplement d'être dans les immanquables car plus de 25 ans après sa sortie, elle offre toujours une lecture de qualité.
"La Belette" est l'exemple de la BD universelle en passe de devenir une référence.
L'histoire commence par une amitié entre deux étudiants en droit qui deviendront ensuite avocats. Adversaires dans un procès fort médiatique, l'un obtient l'acquittement de son client au grand désespoir de son ami qui pensait obtenir gain de cause. Ce dernier ne l'acceptera pas et se souviendra alors que celui qui a triomphé aux assises est de confession juive.
Dénoncé, il sera arrêté et expédié dans les camps.
Cette antagonisme entre les deux familles se poursuivra pendant trois générations et donnera lieu a une lutte entre deux cabinets d'avocats, l'un Français, l'autre Américain.
Richard Malka qui est avocat, nous livre une histoire palpitante, crédible, faite de rebondissements et qui évite tout manichéisme.
On attend le quatrième et dernier volume avec impatience. On espère que Paul Gillon
qui est malade parviendra à achever cette série qui restera comme une des meilleures qu'il ait pu nous proposer.
Matsumoto il faut aimer, moi j'adore ...
Ping Pong c'est 5 tomes pour passer à travers 5 personnages sur fond de ping pong bien sur !!!
... mais aussi de compétition entre les écoles, de techniques, de caractères, de tournois.
Le ping pong, comme la raquette, porte une dualité chère à Matsumoto (rappelez vous les 2 gamins d'Amer Béton ?!).
Cette dualité se retrouve chez les hommes qui le pratiquent : il y a les attaquants, les défenseurs... les gagnants, les perdants.
Cette BD reste un beau parcours initiatique où chacun va se révéler. Comme si les hommes avaient toujours un envers et un endroit, un côté pile, un côté face.
Le parcours, le combat, l'épreuve, agit comme un révélateur, et chacun va au bout de sa démarche et devenir quelqu'un, ou plutôt enfin devenir soi même.
Comme tout Matsumoto cette BD a quelque chose de magique, on est happé par l'univers graphique et plongé dans la dynamique des matchs. Matsumoto pousse les perspective à l'extrème et on a enfin un sujet capable d'exploiter la puissance de son dessin.
La narration est très intense. Le papier de l'édition est superbe.
A relire sans doute, pour y voir encore plus clair.
Ce Ping Pong a tout du coup de coeur. Il est méconnu et très attachant
Pratt et Manara collaborant le temps d’un one shot ayant pour cadre l’histoire de la frontière américaine. Quel alléchant menu ! Et après lecture, je confirme : 140 pages de plaisir. Certes... Toutefois, et ce malgré la qualité notable de ses divers ingrédients, ‘Un été indien’ ne tient pas toutes ses promesses…
Aucun reproche relatif au dessin. Le trait de Manara est toujours aussi sensuel et… évocateur ! Dans cet album, les belles de l’auteur, leurs positions scabreuses et leur manque flagrant de pudeur servent joliment le récit. Il s’agit là d’un fait suffisamment rare pour que l’on le salue ! En effet, exception faite des aventures de Giuseppe Bergman et d’El gaucho (et sans me prononcer sur la série Borgia que je n'ai pas encore abordée), les scénarios sur lesquels planche généralement Manara se résument malheureusement à très peu de choses…
Les couleurs, quant à elles, semblent quelque peu fades, mais ça reste très satisfaisant.
C’est donc le scénario qui ne m’a pas totalement convaincu. Tout d’abord, les personnages auraient, j’estime, gagner à être davantage développés. Ensuite, de nombreux passages sont purement contemplatifs. Aussi ai-je eu, à quelques occasions, l’impression d’un manque de rythme. Mais entendons-nous bien : l’ensemble demeure de très bonne facture ! Une grande histoire mêlant, entre autres, famille marginale, indiens revanchards et prêtres dévorés par la luxure. Sans doute en attendais-je simplement un peu trop…
Difficile et parfois cruel de juger 17 ans de travail presque continu de Turf sur sa Nef. Mais puisqu'il faut émettre une critique et attribuer une note, je m'exécute sans coup férir.
Ce qui choque, ou émerveille c'est au choix, avec le recul, c'est que contrairement à d'autres séries qui ont vu leur durée s'étaler sur parfois moins de temps, on ne constate pas d'évolution au niveau du dessin. Dès le départ, Turf a fait preuve d'un talent graphique indéniable, surtout si l'on considère que tout est fait main, sans aucune assistance informatique. La maîtrise graphique est telle que l'on ne peut s'empêcher d'éprouver une sorte d'admiration pour l'auteur à chaque fois que nos pupilles effleurent délicieusement les cases et planches de chaque album. Bref, c'est une réussite totale au niveau graphique.
A l'inverse du dessin, je trouve l'histoire un peu moins convaincante. Il m'aura fallu aborder le troisième tome pour rentrer complètement dans l'histoire et y trouver un certain intérêt. Bien qu'arrivé au Terminus des points en suspens demeurent, j'ai été satisfait de ma lecture. Nonobstant le fait que l'histoire comporte quelques longueurs, j'ai pris un certain plaisir à suivre les aventures de ces personnages, un peu moins les aventures extérieures d'Arthur et Chlorenthe, un peu plus celles d'Ambroise, le méchant que je n'ai pu m'empêcher de trouver malgré tout sympathique. Il manque à mon avis un fil d'Ariane à tout ceci. J'ai parfois eu l'impression que les personnages s'en allaient courir leurs aventures au petit bonheur la chance. Mais la qualité des dialogues et la narration très fluide de Turf comblent ce léger vide.
Car il est vrai que les personnages, même s'ils manquent quelquefois d'épaisseur, sont dans le fond attachants. Leur naïveté, et leur exotisme en général, les rendent très différents de notre époque. Le dépaysement fait effet, que ce soit au niveau psychologique ou visuel. En effet, Turf a composé pour sa nef un univers très étrange, mélange de steampunk et de médiéval dans lequel il n'hésite pas à introduire quelques références, et pour l'extérieur une terre dévastée, apparemment en proie au chaos.
Somme toute, c'est avec plaisir que j'ai parcouru La Nef des fous. Le trait de Turf est véritablement enchanteur, fourmillant parfois de détails. L'histoire ne m'a cependant pas autant enflammé qu'elle aurait du, ne m'instillant jamais ce suspens me dévorant de l'intérieur. Pour cette raison, la série ne décroche pas le culte.
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Sapiens
Le devenir de l’humanité semble être un thème cher à Pontarolo. Après Naciré et les machines, voici qu’il récidive avec "Sapiens". Il est aussi question ici d’une relation entre un homme et une femme singulière (mais pas une femme-machine). Toutefois, la comparaison s’arrête là. L’univers présenté ici est encore plus bizarroïde. Notre infortuné écrivain a pour seuls compagnons des animaux aux formes humaines (dont la vache Pétula) et Eugénie, une fillette muette et insipide. L’auteur offre au lecteur une réflexion intéressante et nuancée sur la nature humaine qui n’aurait pas déplu à Pierre Boulle. Le lecteur s’identifie rapidement à "Sapiens" (surnom donné par Pétula à l’écrivain). Avec lui, on va découvrir peu à peu des réponses à notre présence en ce lieu étrange jusqu’au final implacable. Peut-on forcer l’avenir et changer celui-ci ? La réponse apportée par l’auteur est ouverte mais pas totalement défaitiste. Côté graphisme, le format d’édition permet à Pontarolo de laisser exprimer son talent sans brides. Un travail qui mérite d’être vu ! C’est donc un album chaudement recommandé même si l’auteur a une vue plutôt pessimiste de notre l’avenir.
Saint-Germain
Après Le Codex angélique, voici une autre histoire de Thierry Gloris. Et, comme le codex, une histoire difficile à catégoriser. Est-ce une histoire fantastique dans le monde réel ? Ou une histoire réaliste dans un univers fantastique ? Ou encore une libre adaptation teintée de fantastique d'une histoire réelle ? La frontière n'est pas si facile à définir. Et c'est précisément ce qui fait le charme de cette BD : on ne sait pas où tout cela va nous mener... A suivre avec intérêt, donc... Et, cerise sur le gâteau, le dessin et les couleurs ne sont pas en reste, loin s'en faut. Les détails foisonnent, le trait est net et les couleurs créent une bonne ambiance... Vous l'aurez compris, l'ensemble donne donc une BD des plus prometteuses qu'il vous faut lire... En attente du tome 2 ! Après la lecture du tome 2, toujours rien à redire. Une grande série en devenir...
Abdallahi
Le scénariste, journaliste de formation, aime de toute évidence explorer les liens entre l'Histoire et l'histoire personnelle. Drame intime et enjeux politiques se mêlent dans cette quête africaine. René Caillié se lance dans un défi improbable : rallier Tombouctou à pied et être ainsi le premier Européen à établir une carte précise de ces contrées. Le dessin de Pendanx, lumineux et coloré, est éblouissant et sert parfaitement le propos de Dabitch. La chaleur écrasante du soleil, les pas qui se font lourds, la fraîcheur du bivouac sont palpables dans ces pages qui se teintent de mysticisme. Les rencontres avec les peuplades locales sont autant de regards sur des cultures différentes, de réflexions sur les religions. Avec pudeur et talent, les auteurs semblent suggérer qu'une blessure secrète guide les pas du héros et le pousse à aller toujours plus avant, malgré les pièges du désert, le découragement inévitable, la peur de renoncer... Une bd où l'on prend son temps (ce qui pourra en rebuter certains), où le rythme de lecture se calque sur les pas obstinés et désespérés de René Caillié...
MKM - Mega-Krav-Maga
Au format Manga, MKM s'annonce comme une petite série bien poilante dont ce premier tome m'a, en tout cas, beaucoup amusé. Mathieu Sapin et Frantico se relaient pour nous narrer leurs (més-)aventures, qui pour commencer, sont de simples anecdotes de choses marrantes vécues au quotidien, à la manière de ces nombreux blogs ou carnets sympathiques entretenus pas des auteurs comme Boulet, Sfar, Trondheim et bien d'autres. Mais l'histoire dérive vite vers des aventures bien plus délirantes, bien que toujours traitées sur le même ton et avec la même forme... les tournants pris par l'histoire me font notamment penser au délire des Cosmonautes du futur de Manu Larcenet. Bref, j'aime bien et j'en redemande. A noter que les aventure sont accessibles sur le blog de la série (http://www.megakravmaga.com), bien qu'il semble que la publication "blog" de la série soit en retard par rapport à l'édition papier.
Katsuhiro Otomo Anthology
Franchement bien ! Ce qui est agréable c'est la maitrise du dessin et la beauté de l'édition qui lui rend bien. Alors oui les histoires sont très courtes, et se finissent souvent sans véritable chute, mais le but n'était pas de faire des gags ou des morales systématiques. On a plutôt affaire a des idées, des concepts, dont l'auteur tire le fil pendant quelques pages, puis s'arrête, pour passer à autre chose. C'est à la fois magique ... car il y a chez Otomo une facilité à produire en 2 pages un univers de qualité, tant au niveau du dessin que du concept. C'est aussi un peu frustrant c'est vrai, car certaines histoires pourraient aisément être le début d'un ouvrage complet. Il y a du Moebius enfin dans cet ouvrage dans le sens ou l'on sent une écriture spontanée mais dont la magie est d'être crédible comme une idée réfléchie et scénarisée. C'est fort donc, et c'est du bel Otomo.
La Belette
Que rajouter à tous les avis précédents ? Cette BD est excellente. Je ne lui ai trouvé qu'un défaut : les visages de la famille au centre de l'histoire. Ils ont un côté extraterrestres avec leurs têtes ovales. Pour le reste le dessin est très réussi. J'aime ce genre de noir et blanc, simple et puissant. Le scénario est maitrisé, l'histoire est bien dosée et le final bien amené et en phase avec l'histoire. Cette BD mérite amplement d'être dans les immanquables car plus de 25 ans après sa sortie, elle offre toujours une lecture de qualité. "La Belette" est l'exemple de la BD universelle en passe de devenir une référence.
L'Ordre de Cicéron
L'histoire commence par une amitié entre deux étudiants en droit qui deviendront ensuite avocats. Adversaires dans un procès fort médiatique, l'un obtient l'acquittement de son client au grand désespoir de son ami qui pensait obtenir gain de cause. Ce dernier ne l'acceptera pas et se souviendra alors que celui qui a triomphé aux assises est de confession juive. Dénoncé, il sera arrêté et expédié dans les camps. Cette antagonisme entre les deux familles se poursuivra pendant trois générations et donnera lieu a une lutte entre deux cabinets d'avocats, l'un Français, l'autre Américain. Richard Malka qui est avocat, nous livre une histoire palpitante, crédible, faite de rebondissements et qui évite tout manichéisme. On attend le quatrième et dernier volume avec impatience. On espère que Paul Gillon qui est malade parviendra à achever cette série qui restera comme une des meilleures qu'il ait pu nous proposer.
Ping Pong
Matsumoto il faut aimer, moi j'adore ... Ping Pong c'est 5 tomes pour passer à travers 5 personnages sur fond de ping pong bien sur !!! ... mais aussi de compétition entre les écoles, de techniques, de caractères, de tournois. Le ping pong, comme la raquette, porte une dualité chère à Matsumoto (rappelez vous les 2 gamins d'Amer Béton ?!). Cette dualité se retrouve chez les hommes qui le pratiquent : il y a les attaquants, les défenseurs... les gagnants, les perdants. Cette BD reste un beau parcours initiatique où chacun va se révéler. Comme si les hommes avaient toujours un envers et un endroit, un côté pile, un côté face. Le parcours, le combat, l'épreuve, agit comme un révélateur, et chacun va au bout de sa démarche et devenir quelqu'un, ou plutôt enfin devenir soi même. Comme tout Matsumoto cette BD a quelque chose de magique, on est happé par l'univers graphique et plongé dans la dynamique des matchs. Matsumoto pousse les perspective à l'extrème et on a enfin un sujet capable d'exploiter la puissance de son dessin. La narration est très intense. Le papier de l'édition est superbe. A relire sans doute, pour y voir encore plus clair. Ce Ping Pong a tout du coup de coeur. Il est méconnu et très attachant
Un été indien
Pratt et Manara collaborant le temps d’un one shot ayant pour cadre l’histoire de la frontière américaine. Quel alléchant menu ! Et après lecture, je confirme : 140 pages de plaisir. Certes... Toutefois, et ce malgré la qualité notable de ses divers ingrédients, ‘Un été indien’ ne tient pas toutes ses promesses… Aucun reproche relatif au dessin. Le trait de Manara est toujours aussi sensuel et… évocateur ! Dans cet album, les belles de l’auteur, leurs positions scabreuses et leur manque flagrant de pudeur servent joliment le récit. Il s’agit là d’un fait suffisamment rare pour que l’on le salue ! En effet, exception faite des aventures de Giuseppe Bergman et d’El gaucho (et sans me prononcer sur la série Borgia que je n'ai pas encore abordée), les scénarios sur lesquels planche généralement Manara se résument malheureusement à très peu de choses… Les couleurs, quant à elles, semblent quelque peu fades, mais ça reste très satisfaisant. C’est donc le scénario qui ne m’a pas totalement convaincu. Tout d’abord, les personnages auraient, j’estime, gagner à être davantage développés. Ensuite, de nombreux passages sont purement contemplatifs. Aussi ai-je eu, à quelques occasions, l’impression d’un manque de rythme. Mais entendons-nous bien : l’ensemble demeure de très bonne facture ! Une grande histoire mêlant, entre autres, famille marginale, indiens revanchards et prêtres dévorés par la luxure. Sans doute en attendais-je simplement un peu trop…
La Nef des fous
Difficile et parfois cruel de juger 17 ans de travail presque continu de Turf sur sa Nef. Mais puisqu'il faut émettre une critique et attribuer une note, je m'exécute sans coup férir. Ce qui choque, ou émerveille c'est au choix, avec le recul, c'est que contrairement à d'autres séries qui ont vu leur durée s'étaler sur parfois moins de temps, on ne constate pas d'évolution au niveau du dessin. Dès le départ, Turf a fait preuve d'un talent graphique indéniable, surtout si l'on considère que tout est fait main, sans aucune assistance informatique. La maîtrise graphique est telle que l'on ne peut s'empêcher d'éprouver une sorte d'admiration pour l'auteur à chaque fois que nos pupilles effleurent délicieusement les cases et planches de chaque album. Bref, c'est une réussite totale au niveau graphique. A l'inverse du dessin, je trouve l'histoire un peu moins convaincante. Il m'aura fallu aborder le troisième tome pour rentrer complètement dans l'histoire et y trouver un certain intérêt. Bien qu'arrivé au Terminus des points en suspens demeurent, j'ai été satisfait de ma lecture. Nonobstant le fait que l'histoire comporte quelques longueurs, j'ai pris un certain plaisir à suivre les aventures de ces personnages, un peu moins les aventures extérieures d'Arthur et Chlorenthe, un peu plus celles d'Ambroise, le méchant que je n'ai pu m'empêcher de trouver malgré tout sympathique. Il manque à mon avis un fil d'Ariane à tout ceci. J'ai parfois eu l'impression que les personnages s'en allaient courir leurs aventures au petit bonheur la chance. Mais la qualité des dialogues et la narration très fluide de Turf comblent ce léger vide. Car il est vrai que les personnages, même s'ils manquent quelquefois d'épaisseur, sont dans le fond attachants. Leur naïveté, et leur exotisme en général, les rendent très différents de notre époque. Le dépaysement fait effet, que ce soit au niveau psychologique ou visuel. En effet, Turf a composé pour sa nef un univers très étrange, mélange de steampunk et de médiéval dans lequel il n'hésite pas à introduire quelques références, et pour l'extérieur une terre dévastée, apparemment en proie au chaos. Somme toute, c'est avec plaisir que j'ai parcouru La Nef des fous. Le trait de Turf est véritablement enchanteur, fourmillant parfois de détails. L'histoire ne m'a cependant pas autant enflammé qu'elle aurait du, ne m'instillant jamais ce suspens me dévorant de l'intérieur. Pour cette raison, la série ne décroche pas le culte.