Un été indien

Angoulême 1987 : Alfred du meilleur album étranger Will Eisner Award 2012 : Best U.S. Edition of International Material Dans le Massachusetts, vers 1625, le viol d'une jeune femme rompt l'entente entre colons et indiens.
1454 - 1643 : Du début de la Renaissance à Louis XIII Angoulême : récapitulatif des séries primées Auteurs italiens Cimoc Corto Maltese magazine Hurons, Iroquois et autres Indiens des forêts de l'Est de l'Amérique du nord. Indiens d'Amérique du nord Les années (A SUIVRE) Manara Nouveau Monde Pratt Will Eisner Awards [USA] - Nord Est
Abner, fils illégitime de la femme Lewis, est témoin du viol de la nièce du révérend Pilgrim Black par deux indiens.Il les tuera et ramènera la fille chez sa mère, qui fut bannie il y a des années par le village pour impureté. Cet évènement aura pour conséquence de rallumer la guerre entre les blancs et les indiens.La famille Lewis, dont les enfants furent élevés en parti par les indiens, se retrouve à combattre au côté de ceux qui les ont bannis. Une guerre bien stupide dont les ravages irrémédiables seront subit aussi bien par les Lewis, que les indiens et les villageois.
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Date de parution | Janvier 1987 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis


Et les fous sont sacrés car ils rêvent les yeux ouverts… - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Son édition originale date de 1987. Il a été réalisé par Hugo Pratt pour le scénario, et Milo Manara pour les dessins et les couleurs. Il s’agit de la première collaboration entre ces deux auteurs, qui sera suivi d’une seconde : El Gaucho (1995). Il comprend cent-quarante-quatre pages de bande dessinée. Avant d’être rassemblées en album publié par Casterman en 1987, les planches paraissent dans les numéros 1 à 5, puis 7 à 10 de la revue Corto Maltese entre mai 1985 et juillet 1986. Cette bande dessinée a reçu le prix du Meilleur album étranger du festival international de la bande dessinée d’Angoulême 1987. La baie de Massachusetts, début du XVIIe siècle, sur la côte de l’océan, des mouettes dans un ciel avec des nuages. Deux jeunes indiens, un Hollandais et le neveu de Squando, repèrent une jeune femme en contemplation immobile devant l’océan. Ils s’en approchent. Le Hollandais la plaque au sol, elle se débat. Ils finissent par la maîtriser et ils la violent. Ils vont ensuite s’ébattre dans l’eau, également pour se laver. Un coup de fusil retentit : le Hollandais est stoppé net dans son mouvement, et il s’écroule dans les bras de son ami. Dans l’eau, l’Indien se tient immobile, interdit. Sur la plage, la jeune femme s’est relevée et n’ose pas bouger, se demandant ce qui vient de se passer. Les mouettes volent toujours dans le ciel. Abner a rechargé son fils et un deuxième coup de feu retentit : l’Indien s’écroule dans les flots à son tour. Sortant de l’abri des dunes, Abner se montre à découvert. Il tire le corps du Hollandais des flots et il le scalpe sous les yeux de Shevah. Il lui remet le scalp et elle se met à hurler sans fin. Il la gifle pour qu’elle se calme et il l’emmène. Elle finit par dire qu’elle ne peut pas retourner au village. Il la regarde à nouveau, et il finit par lui dire d’avancer. Elle reste immobile. Il retourne sur ses pas et il l’embrasse à pleine bouche, elle lui rend son baiser alors que les mouettes virevoltent autour d’eux. Elle perd conscience, il la porte dans ses bras et l’emmène. Toujours portant Shevah, Abner parvient à la demeure isolée de la famille Lewis. La mère Abigail Lewis les voit arriver depuis la fenêtre. Elle se précipite pour ouvrir la porte. Abner indique à sa mère que des Indiens ont violé la jeune femme toujours inconsciente qu’il porte dans ses bras. Il ajoute qu’il s’agit de leurs voisins, la tribu de Squano. Elle réagit immédiatement : elle ordonne à Abner de faire chauffer de l’eau en quantité, puis de courir chercher sa sœur Phillis, pour lui demander de rapporter de la corne d’élan, il faut aussi qu’il prévienne ses frères. Il obéit promptement, après avoir déposé Shevah sur un lit. Puis il sort en courant à travers champ, faisant s’envoler les corbeaux. Il parvient au champ où Eliah appuie sur la charrue pendant que Jérémie tire le bœuf pour qu’il avance. Il leur annonce que leur mère leur demande de rentrer à la maison, et il continue en annonçant qu’il a tué deux Indiens pour défendre une fille du village, et qu’elle est à la maison. Eliah rétorque que le Hollandais lui devait deux peaux de renard, il veut savoir comment il va les récupérer maintenant. L’association de deux créateurs de très grand renom, une bande dessinée créée en plein dans une phase de maturation de ce médium, confirmant son accession à l’âge adulte, tant dans la façon de s’exprimer que pour son lectorat. Le lecteur peut partir avec l’a priori que cette œuvre va cumuler les caractéristiques caricaturales de l’un et l’autre auteur : une forme de poésie hermétique sur fond de faits historiques pointus et des jeunes femmes dans des poses lascives pour un oui pour un non. Il découvre la première séquence, enchanté : neuf pages dépourvues de tout mot, d’une lecture facile, avec des dessins magnifiques et une narration visuelle impeccable. Le lecteur est le témoin des violences physiques faites à Shevah, sans voyeurisme, le viol restant masqué par les dunes. Indubitablement, le récit est inscrit dans une époque et un lieu très précis : il est question de cohabitation entre les colons et les Amérindiens, de tensions entre les Yankees et les Britanniques, et de chasse aux sorcières. Abigail Lewis raconte à ses enfants le procès en sorcellerie de Dorothy Talbye, avec l’épreuve de vérité (le supplice) d’être immergée ligotée dans une rivière, puis d’être menée à la potence. Ils mettent également en scène les pasteurs puritains en habit noir, et la pratique de marquer au fer rouge, le visage d’une femme d’une lettre infâmante comme Hester Pryne dans La Lettre écarlate (1850) de Nathaniel Hawthorne (1804-1864). En effet, la narration visuelle est enchanteresse de bout en bout, et l’artiste restreint son inclination à dénuder les femmes dans des pratiques avilissantes. Il s’investit dans la reconstitution historique et le lecteur en savoure chaque détail. Cela commence doucement avec la tenue des Amérindiens, puis la robe et les bas de Shevah, la tenue de pionnier d’Abner Lewis et le modèle de son fusil. Puis le lecteur pénètre dans la maison des Lewis, : il en regarde son architecture, les poutres, l’âtre en pierre, le mobilier simple en bois, les ustensiles de cuisine, etc. Il fait de même dans les autres intérieurs : les fortifications de New Canaan avec les canons sur les tours, la demeure de Black père, la demeure de Pilgrim Black, la maison dans laquelle se sont réfugiés les Lewis pour se défendre contre l’attaque des Amérindiens, etc. Il prête la même attention aux costumes, c’est-à-dire les tenues vestimentaires aussi bien des Lewis, que des soldats à New Canaan, et celles des Amérindiens, y compris leurs parures. Ou encore le mécanisme des fusils. Manara semble prendre un grand plaisir à représenter chaque détail, avec son trait fin et élégant. Les paysages réjouissent tout autant la rétine du lecteur. D’abord, les dunes, les vagues calmes de l’océan, la rare végétation, et le vol des mouettes. Puis les champs de maïs avec les corbeaux, l’étendue d’eau en pleine forêt avec l’écorce marquée des arbres, les racines apparentes, les feuilles tombant doucement, les champignons abondants et mêmes un cygne. Une prairie avec des papillons. Une nouvelle séquence en forêt dense, sur la rive d’une rivière, avec une vue du ciel sur les méandres du cours d’eau et la cime des arbres. Les flammes qui ravagent le champ de maïs. Le magnifique arbre à l’intérieur du mur d’enceinte de New Canaan. Bon, c’est vrai, les personnages féminins sont superbes comme à l’habitude de cet artiste, leurs expressions de visage peuvent paraître décalées quand elles sont soumises à la contrainte et la violence sous toutes ses formes. D’un autre côté, la nudité se trouve restreinte à un minimum, deux séquences faisant ressortir le regard masculin qui considère d’une part Phillis, de l’autre Shevah, comme des objets de plaisir. Comme à son habitude, il joue sur l’ambiguïté de montrer tout en condamnant ou en mettant en avant la perversité éhontée du personnage masculin. C’est d’ailleurs plutôt cette façon de voir que retient le lecteur dans le contexte d’un récit avec des personnages au comportement malsain, et des scènes complexes et impressionnantes. Le dessinateur parvient à donner à voir des scènes d’affrontement avec plusieurs points de vue des événements ponctuels, avec une clarté exemplaire. Des personnages malsains : le scénariste s’attache à une cellule familiale assez déconcertante. Dans un premier temps, l’empathie du lecteur est tout acquise à la jeune femme violée, également à son sauveur Abner, toutefois dans une moindre mesure. Pour quelle raison a-t-il scalpé les deux violeurs après les avoir tués ? Côté de la famille des Lewis, une aide inconditionnelle est apportée à la victime. Côté village de New Canaan, le capitaine Brewster a l’air normal et animé de bonnes intentions, surtout par opposition au pasteur Pilgrim Black pervers assouvissant ses pulsions sur sa nièce, en toute impunité. Rapidement, les auteurs laissent sous-entendre des secrets par des paroles chargées d’implicite, par des attitudes légèrement décalées par rapport à la normale. En effet, le comportement d’Abner acquiert une dimension obsessionnelle, et il est révélé qu’il a eu des relations avec un autre membre de la famille. Suite à l’assaut donné par les Amérindiens, Abigail Lewis révèle l’histoire de famille à ses enfants, dévoilant ses aspects sordides. C’est pas mal non plus dans la famille Black. Au cours de cette aventure de grande ampleur, avec attaque d’Amérindiens, incendie, charge contre le village fortifié, les auteurs mettent en scène la violence de la société faite aux femmes, souvent utilisées comme étant soumises à la volonté et aux caprices des hommes. Or cet asservissement occasionne des contrecoups pour tous : la maltraitance et les viols marquent durablement les femmes et leurs familles, sans oublier ceux qui les commettent. D’un côté, les hommes trouvent que c’est la voie de la nature que d’assouvir leurs envies printanières, de l’autre le consentement est inexistant. D’un côté le désir sexuel est mis en scène comme une pulsion irrépressible ; de l’autre côté la violence provoque des dommages irréparables et durables, brisant les individus. Le lecteur finit par mettre en parallèle cette violence des rapports imposés par les hommes aux femmes, avec la violence des affrontements entre les colons et les Amérindiens, comme deux expressions d’une unique force de destruction. Dans le même temps, il se souvient de son sourire en découvrant un Amérindien déclarer que : L‘amitié dure tant qu’on ne la brise pas. Une phrase faussement profonde qui semble contenir une dose d’autodérision, comme si les auteurs ne prenaient pas entièrement leur récit au sérieux, et qu’ils suggéraient qu’il s’agit avant tout d’une aventure. L’union d’Hugo Pratt et Milo Manara fait hésiter le lecteur : va-t-il trouver deux puissances créatrices qui se neutralisent, ou un récit tellement ambitieux que le sens risque de lui en échapper ou que la forme soit trop absconse ? La première séquence le rassure d’entrée : une dizaine de pages muettes et magnifiques, et un acte immonde. Il s’immerge dans un récit historique, un conflit entre colons et Amérindiens, une narration visuelle formidable, superbe. L’association de ces deux créateurs semble avoir neutralisé leurs tendances les plus idiosyncrasiques, au profit d’un récit d’aventure élégant, et de thèmes sous-jacents adultes et provocateurs. Belle réussite.


Un été indien est une œuvre à la fois séduisante et frustrante. Comme à son habitude, le dessin de Manara est d'une grande beauté et d'une finesse incomparable, particulièrement lorsqu'il met en lumière les courbes des personnages et les paysages. Son trait, très élégant, fait clairement honneur à la sensualité du récit, tout en étant adapté au contexte historique. Les scènes érotiques, bien que présentes comme si souvent chez lui, ne sont pas gratuites et servent le récit, ce qui est une belle surprise pour un auteur souvent associé à de l'érotisme pur. L'histoire de Pratt est intéressante, bien qu'elle reste assez classique dans son genre. L'intrigue se déroule autour de tensions entre colons et Indiens, et bien que la trame ne soit pas révolutionnaire, elle permet de découvrir un aspect peu traité de l'histoire des États-Unis. La manière dont les personnages sont présentés, avec leurs passions et leurs contradictions, donne au récit une bonne intensité émotionnelle. Cependant, j'ai trouvé que l'ensemble manquait de profondeur, notamment en ce qui concerne le développement des personnages, dont les motivations restent parfois floues. Le rythme de l'album est également un peu inégal : l’introduction est très réussie, avec des planches muettes d'une belle puissance narrative, mais la fin est, à mon sens, un peu précipitée et trop textuelle. Cela aurait mérité un meilleur équilibre entre l'action et la narration. Si l'on excepte la série plus récente, Le Caravage, Un été indien est peut-être la meilleure BD de Manara, pour profiter de son dessin tout en ayant droit à un scénario de bonne qualité, même s'il manque un peu de complexité. L'association avec Pratt est réussie, et cette BD, même si elle ne révolutionne pas le genre, propose un moment agréable, même s'il ne m'a que peu touché.


Manara qui déjà montrait son admiration pour Pratt dans Giuseppe Bergman, finit par travailler avec son idole en 1983 pour une oeuvre exemplaire et dense de 140 pages qui fait référence à La Lettre écarlate de Nathaniel Hawthorne. Cette collaboration entre les 2 grands auteurs italiens a fait figure de chef-d'oeuvre en son temps, mais n'allons pas trop vite ; parce que ce sont des pointures, ils ne peuvent pas se planter ? Nul n'est à l'abri de l'échec, mais ici, heureusement, ce n'est ni un échec, ni un chef-d'oeuvre, seulement une bonne Bd, rien de plus. L'histoire est simple finalement, banale même, tout réside dans la façon de la raconter. Sa gravité pèse dans cette façon lente et contemplative de raconter cette histoire qui n'a rien d'érotique, ou si peu ; Manara y dessine bien sûr de jolies femmes, avec quelques scènes sexe, mais dictées par le scénario, qui lui donnent d'ailleurs une acuité plus grande, en évitant justement cette trop courante facilité et cette gratuité qui parsèment habituellement ses Bd. Il travaille aussi ses couleurs délicates d'aquarelles pour peindre celles de l'automne. La fresque conte un épisode dramatique de la colonisation anglaise en Amérique vers 1660, au Massachussets, au sein des familles puritaines de colons qui doivent vivre en paix avec les Indiens, et qui doivent faire face aux rivalités familiales, aux querelles religieuses et à leurs pulsions sexuelles refoulées. Pratt restitue crûment ces événements qui finiront en tragédie, tandis que Manara soigne les décors, les costumes et les aspects de la vie quotidienne de cette époque. A travers ses beaux spécimen d'Indiens, on perçoit les prémices de l'Histoire d'une jeune nation qui grandira sur des fondements brassant la haine, le racisme, l'intolérance, la violence et la religion exacerbée. Une vraie réussite pour les 2 auteurs, qui remettront le couvert avec El Gaucho.


Une journée d’été indien se produit généralement durant l’automne où le temps se radoucit considérablement avec un bel ensoleillement. Une saison qui n'existe que dans le Nord de l'Amérique. La nature nous émerveille de ses couleurs rougeâtres à l'image de ses feuilles d'érables. L’origine de l’expression se situe dans les raids que menaient les indiens contre les premiers colons européen dans les états de New-York, de la Nouvelle-Angleterre et de la Pennsylvanie à la fin du XVIIIème siècle. C’est justement le titre de cette œuvre qui trouve tout son sens dans la période traitée. L’œuvre est d’ailleurs signé par deux des plus grands auteurs italiens à savoir Hugo Pratt et Milo Manara. Bien entendu, c’est empreint d’un certain érotisme pourtant absent des oeuvres de Pratt. Bref, c’est beaucoup plus adulte ce qui n’est pas pour me déplaire. En effet, nous avons droit à un récit sensuel et violent dans un climat de tension entre les indiens et les premiers colons qui menaient jusqu’alors une coexistence pacifique. Il aura fallu que deux jeunes gens commettent l’irréparable sur une belle jeune fille qui visiblement aurait apprécié. C’est parfois à la limite du malsain. On voit également où peut conduire le fanatisme religieux. Les siècles passent et la problématique reste la même… Le dessin est toujours aussi magnifique avec des planches qui nous feront frissonner. Une lecture toujours aussi agréable avec un épilogue assez bavard en contraste avec l’ensemble. C’est plutôt différent de ce qu’on a l’habitude de lire car ce duo d’auteurs a réussi quelque chose d’originale et de particulier. Il reste comme une atmosphère d'été indien.


Sensation mitigée après la lecture de cet Été indien... D'abord, le très beau coup de crayon de Manara, ce qu'on sait par ailleurs, et pas seulement pour les courbes féminines ! Il n' y a d'ailleurs pas là trop de scènes où il puisse s'y coller (quelques-unes tout de même, ce n'est pas un album jeunesse...), et elles sont au service du scénario. C'est d'ailleurs le scénario qui me laisse un peu sur ma faim et me pousse à ne donner que 3 étoiles. Pour Manara, il faut dire que c'est agréable de le voir travailler sur un scénario, et qui tient la route ! Une partie non négligeable de son œuvre relevant plus de l'illustration étant donnés les mauvais scénarii qu'il se confectionnait. Mais pour Pratt, je trouve ce scénario un brin décevant. Le dessin de Manara renouvelle l'univers de Pratt, mais sur un thème et une période qu'il a déjà abondamment traités (Fort Wheeling, Ticonderoga par exemple), je le trouve ici moins habité par les grands espaces. Leur autre collaboration (El Gaucho) m'a davantage plu. Ces remarques et réserves mises à part, cela reste un album à lire.


Quand deux grands noms de la BD se rencontrent on n'a pas toujours droit à un chef d'oeuvre. Un été indien est une bonne histoire et je trouve la représentation bien faîte. Après c'est un peu gros comme scénario. Niveau dessin et bien c'est du Manara et l'on reconnaît sa patte tout de suite. C'est joli mais les couleurs ont un peu vieilli. Une histoire à lire une fois mais je ne recommande pas l'achat.


2.5 Seconde collaboration de Pratt et Manara que je lis et j'ai moins aimé que la première. Un truc amusant c'est que dans El Gaucho je préférais le scénario au dessin (même s'il était bien) alors qu'ici c'est l'inverse. Le trait de Manara est vraiment mieux en couleurs et ses femmes me semblent plus attirantes comme ça. Le scénario contient des bonnes choses, mais au final c'est peu passionnant. Pourtant, ça commence pas mal avec plusieurs pages muettes bien faites qui montrent clairement la situation sans avoir besoin de paroles. Ensuite, j'aime un peu moins. On dirait que les personnages ne pensent qu'à la violence ou au sexe et cela devient caricatural. Le plus décevant, c'est qu'on a droit à un flashback bien plus captivant que l'intrigue principale.

Pratt et Manara collaborant le temps d’un one shot ayant pour cadre l’histoire de la frontière américaine. Quel alléchant menu ! Et après lecture, je confirme : 140 pages de plaisir. Certes... Toutefois, et ce malgré la qualité notable de ses divers ingrédients, ‘Un été indien’ ne tient pas toutes ses promesses… Aucun reproche relatif au dessin. Le trait de Manara est toujours aussi sensuel et… évocateur ! Dans cet album, les belles de l’auteur, leurs positions scabreuses et leur manque flagrant de pudeur servent joliment le récit. Il s’agit là d’un fait suffisamment rare pour que l’on le salue ! En effet, exception faite des aventures de Giuseppe Bergman et d’El gaucho (et sans me prononcer sur la série Borgia que je n'ai pas encore abordée), les scénarios sur lesquels planche généralement Manara se résument malheureusement à très peu de choses… Les couleurs, quant à elles, semblent quelque peu fades, mais ça reste très satisfaisant. C’est donc le scénario qui ne m’a pas totalement convaincu. Tout d’abord, les personnages auraient, j’estime, gagner à être davantage développés. Ensuite, de nombreux passages sont purement contemplatifs. Aussi ai-je eu, à quelques occasions, l’impression d’un manque de rythme. Mais entendons-nous bien : l’ensemble demeure de très bonne facture ! Une grande histoire mêlant, entre autres, famille marginale, indiens revanchards et prêtres dévorés par la luxure. Sans doute en attendais-je simplement un peu trop…


Grand fan de Pratt : c’est avec cette garantie que je me lançais dans une lecture de Manara. Et force est de constater que malgré sa propension à placer des scènes équivoques là où il n’est pas forcément nécessaires : avec un scénario qui tient la route les dessins deviennent de suite agréable à suivre et non plus seulement à regarder ! Niveau scénario donc, l’histoire se passe au Canada en ces endroits ou trois protagonistes principaux se croisent : les Anglais grande force navale et tenant les côtes du nouveau monde, les Français ayant loupé le coche des côtes mais dominant dès que l’on rentre dans les terres ayant noué avec de nombreux autochtones, et les autochtones de tribus aussi diverses que les états européens avec leurs rites et leurs accointances. Généralement les autochtones sont plutôt favorables aux français avec qui ils ont noué des relations commerciales de confiance sauf les Iroquois (peuple assez belliqueux) qui après de longues années de revirements se sont rangés du côté anglais. Il faut également voir que nombre des autochtones sont morts par cette maladie importée du vieux continent. La situation se passe dans une bourgade en bord de mer, là cohabitent les colons européens et des autochtones. L’histoire commence pas une tentative de viol par des autochtones sur une jeune colon, un jeune colon faisant partie d’une ferme hors du village la sauve en tuant les deux violeurs. Va s’en suivre une guerre entre autochtones et colons au cours du quel nous allons découvrir les différents protagonistes, leurs vies et leurs blessures. Niveau dessin, il s’agit du pur Manara, trait fluide courbe et clair donnant des formes magnifiques aux sujets traités. Son trait fait frissonner les galbes et luire les forces mâles. Dans ce récit à fleur de peau aux protagonistes au passé trouble son dessin fait mouche. Du pasteur père qui n’assume pas au jeune fou en passant par les belles chacun est croqué avec justesse. On croit au scénario comme on croit en ces personnages. Le scénario part d’un point intéressant, il est développé autant que possible avec chaque situation complexe des protagonistes. Pourtant même si les situations sont bien vues, la scénarisation passe par des combats souvent longs et qui ne font guère avancer l’histoire. Bref à force de voir un joli dessin, on en vient à trouver que tout cela souffre de longueurs. Et alors que l’histoire n’a pas beaucoup avancé, le récit s’achève avec du texte illustré qui en dit trois fois plus sur l’histoire que ce qu’on a lu jusqu’à présent ! En fait on a lu l’introduction et toute la suite est racontée en fin de livre très rapidement. Dommage, mais au moins on trouvera ici un scénario réel qui n’est pas un subterfuge pour que Manara dessine des femmes en situations érotiques incongrues. A lire.

La force narrative du scénario d'Hugo Pratt associée à l'excellence du trait de Manara font d'un été Indien une œuvre incontournable à mon sens. L'ouverture de l'œuvre est majestueuse, muette, elle laisse la place intégrale au dessin de Manara. Et l'histoire de Pratt est chouette, humaniste et bien documentée. Si la fin est un peu lourde, la BD se lit quand même très bien. Le scénario laisse Manara s'exprimer. Célèbre pour ses femmes souvent nues aux poses lascives, Manara réussit le pari d'illustrer ce western des origines et à glisser quelques une de ses obsessions. Voilà un western bien écrit bien dessiné et très sensuel. Un ravissement.
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