L’année dernière Delcourt lançait la collection « 7 ». Sur le même concept voici « le casse ». 6 albums réalisés par 6 scénaristes et 6 dessinateurs différents, tous à paraître en 2010. Ils mettent en scène des braquages spectaculaires. Première escale en Sibérie dans une mine de diamant.
Le scénario est rondement mené. L’enchaînement de l’histoire est fluide, introduction, présentation des personnages, repérage, préparatifs pour le casse, et enfin le jour J. Le tempo va crescendo et évidement quelques évènements non prévus viennent pimenter le récit. Finalement une construction classique mais le récit est prenant et il fera le bonheur des amateurs de polar.
Coté dessin c’est également impeccable. Le style colle à merveille à ce genre d’histoire. Les planches sont détaillées, le trait est résolument moderne, avec un encrage assez net qui permet d’apprécier pleinement les décors et les personnages. L’ambiance glaciale est superbement rendue.
Du tout bon, je me suis régalé. Le casting annoncé pour les prochains albums (Chauvel, Guérineau, Duval, …) laissent espérer de belles perspectives. J’attends déjà impatiemment les titres suivants.
Un peu surpris par les avis précédents.
Je trouve au contraire cette BD différente des récits habituels de zombies, à cause du cadre. Ce n'est pas contemporain, ce n'est pas le début d'une invasion de zombies.
Bien sûr si l'on préfère les doubles pages de massacre sanglant aux intrigues...il faut choisir une autre BD, il y a en a mais ce n'est pas au coeur du récit.
Chose commune aux "bonnes" histoires de zombies, on y parle en fait d'humanité et c'est en ça que les personnages sont plus intéressants qu'une héroïne de Resident Evil tout juste bonne à défourailler en montrant ses cuisses. Moi je trouve ces personnages plutôt pas mal, mais on sent que ce n'est qu'une introduction.
Il y a un mystère sur l'origine des zombies, une conspiration et des relations naissantes entre les personnages principaux, pour moi ça présage des choses intéressantes.
Quand on ouvre un album de "Théodore Poussin", on pense immédiatement à Tintin... on imagine Franck Le Gall enfant lisant "Le lotus bleu", s'inventant aventures sur aventures en Asie du sud-est entre deux guerres, et créant le personnage de Théodore Poussin, aventurier malgré lui, jeune homme réservé mais courageux, cultivé et profondément humain.
C'est à un beau voyage, plein de mélancolie et d'amertume mais aussi d'émerveillement, que nous convie Franck Le Gall à travers cette série. Pourtant, j'ai mis du temps à rentrer vraiment dans l'histoire. Les 2-3 premiers tomes ont déjà une bonne intrigue et de bons personnages, mais la narration n'est pas encore au point : les péripéties font suite les unes aux autres, sans qu'on ait le temps de s'attacher aux personnages ou de ressentir l'ambiance du récit, le liant étant amené par de trop nombreux dialogues et des voix offs trop présentes.
Il est d'autant plus impressionnant dans les tomes suivants d'assister à la maturation de l'auteur, qui va se mettre petit à petit à exceller dans l'art de créer une ambiance ou des personnages attachants, intrigants ou mystérieux. Le point faible des premiers albums devient le point fort des albums suivants, et la série se dévore littéralement.
Théodore Poussin est un bande dessinée unique en son genre dans le monde de la BD. Elle possède un rythme et une atmosphère à part, celle du fameux poème de Baudelaire Le Voyage, que Le Gall cite d'ailleurs à plusieurs reprises...
Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes,
L’univers est égal à son vaste appétit.
Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !
Aux yeux du souvenir que le monde est petit !
Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
Le cœur gros de rancune et de désirs amers,
Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
Berçant notre infini sur le fini des mers
[...]
Amer savoir, celui qu’on tire du voyage !
Le monde, monotone et petit, aujourd’hui,
Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image :
Une oasis d’horreur dans un désert d’ennui !
Quel plaisir de relire du « Enfin Libre ». Si vous ne connaissez pas encore les deux talentueux auteurs qui se cachent derrière ce mystérieux pseudo, je vous invite à découvrir leurs albums Le Fluink et La Rumeur (des perles d’originalité), et notre chouette interview réalisée en 2008, où ils nous parlaient d’ailleurs déjà du « Songe de Siwel ».
Un nouvel album très onirique et poétique, qui nous prend par la main et nous emmène vers des aventures un peu loufoques, rendant au passage hommage à des grosses pointures de la littérature (Shakespeare, Dumas, Stevenson). Je ne suis pas très calé en littérature classique, et de nombreuses références ont du me passer au-dessus de la tête, mais ça n’a pas gâché mon plaisir pour autant (surtout qu’un petit dossier en fin d’album éclaire un peu les incultes dans mon genre). A noter aussi un clin d’œil à un auteur beaucoup récent ;)
J’ai trouvé la fin très belle... mais je n’en dis pas plus !
Le dessin est absolument magnifique. « Enfin Libre » nous avaient habités au noir et blanc dans leurs BDs précédentes (ce qui n’est pas un reproche !), quelle surprise donc de découvrir des couleurs aquarelles du plus bel effet, qui siéent parfaitement à l’histoire et permettent de nombreux changements d’ambiance d’un chapitre à l’autre. Je vous ai mis pleins d’images dans la galerie pour que vous puissiez vous faire une idée.
Voilà, un coup de cœur bien mérité pour un album rempli de poésie et bourré de clins d’oeil en tout genre, que je vous invite à découvrir urgemment !
Tout est dans le titre ! Un poing. Une rage de vivre.
Alessandro Crippa nous propose une histoire noire et crue qui prend racine dans les favelas brésiliennes. Sans fioritures, mais en jouant plutôt sur la triste réalité de cette misère quotidienne, nous suivons le parcours mouvementé de Paulhino, le "Manchot". Car la vie de Pulhino n'est que combat. D'abord pour dépasser la rage due à son handicap. Puis pour se reconstruire et la canaliser. L'enjeu sera alors de savoir maitriser cette rage...
Un scénario bien ficelé avec de bons rebondissements, même si la planque finale du magot est un peu facile à mon goût...
Au crayon, c'est Alberto Ponticelli qui s'y colle. Et ça colle ! Un dessin très personnel et marqué, très réaliste, qui colle parfaitement au sujet. Quelques imperfections par moment dans les proportions, mais la narration étant très bonne, rien de bien grave au final. Ses découpages bien choisis ajoutent encore à la fluidité du récit. Bref, ça cogne !
Un one shot percutant et efficace qui ne fait pas dans la dentelle, et qui fleure bon le Tarentino sur les bords !
En effet, très sympa cette petite histoire sur la vie d'ECO à Saïgon...
Il n'y a pas vraiment de scénario. C'est juste son histoire étalée sur 3 ans (environ) depuis son départ là-bas pour s'installer avec sa copine (vietnamienne).
On y découvre ainsi la ville sous différentes facettes (le quartier où il habite, le quartier des étrangers, ..) ainsi que les moeurs différentes de cette partie du monde (interdiction de loger ensemble sans être marié, le moine qui médite le long du boulevard, ...).
On y découvre ainsi une partie des étrangers qui, comme lui, résident à Saïgon (principalement l'américain aux prises avec la mafia).
Il nous parle aussi des codes graphiques à appliquer si on veut percer dans le comics là-bas.
Bref, différentes facettes de cette culture que je ne connaissais pas vraiment.
Et en plus, lecture est facile, agréable et parsemée d'humour...
Au niveau graphique, on retrouve le style ECO en noir et blanc. Perso, j'accroche bien.
A vous de voir...
C'est donc un chouette moment rafraîchissant de lecture que ce one-shot !
Alpha ..
Il s'agit bien de remonter à l'origine, au tout début, au big bang.
Directions ...
Et de nous expliquer comment on en est arrivé là, et par où il a fallu passer.
La magie d'Alpha, c'est d'abord l'ambition du projet donc : 3 tomes prévus, il me semble, pour retracer tout l'Histoire, il s'agit d'une genèse. :o
Ce qui est admirable dans Alpha au delà du graphisme, c'est la facilité avec laquelle les phénomènes scientifiques sont illustrés, vulgarisés.
Beaucoup de science donc, darwinisme oblige, mais l'auteur n'est pas là pour défendre une thèse. Il tire simplement le fil conducteur et c'est peu à peu tous les chapitres de notre histoire qui prennent forme.
Le plus étonnant est sa capacité à unifier le discours scientifique, mais aussi les approches culturelles, religieuses etc...
Au final c'est une Genèse graphique, presque muette.
Un chef d'œuvre de narration.
Au moment du festival d'Angoulême 2009, j'avais suivi la parution de ce blog BD en ligne et j'avais adoré. L'idée de base était osée : inviter une trentaine d'auteurs de BD, des très connus à des beaucoup plus discrets, à se mettre en scène, eux-mêmes ou leurs personnages, dans une maison close et de les laisser improviser tous ensemble.
A la base, les filles devaient jouer les "femmes de joie" proposées par la maison close, tandis que les hommes devaient être les clients, les organisateurs en ce qui concerne Ruppert et Mulot ou encore le service de sécurité dans le cas précis de Trondheim. Au final, chacun a tourné les faits à sa sauce, les femmes acceptant bien rarement de prendre le rôle de femmes soumises ou "à louer".
Le résultat est vraiment frais et novateur. Les styles de chaque auteur forment un étonnant cocktail où chacun apporte sa patte et son ambiance bien reconnaissable et en même temps en mesure de se fondre dans les univers des autres.
Les décors sont de Ruppert et Mulot, dessinés dans leur style semi-réaliste : la rue, la porte d'entrée, la façade, le hall, la salle d'attente, le bar, l'escalier, le couloir, la chambre, etc...
Chaque invité met ensuite en scène, avec son propre style graphique, son personnage sur la base de ces décors. Il est ainsi amusant de voir se côtoyer la caricature animale de Trondheim, le personnage ultra-soigné de Killofer, le trait plus manga de Boulet ou encore les ours à l'encrage épais de Nadja. Certains auteurs jouent d'ailleurs précisément sur ces différences de styles comme Killofer qui a bien du mal à... faire l'amour au personnage de nounours enfantin d'Anouk Ricard.
Le récit se structure en sections où se regroupent un nombre limité d'auteurs qui vont initier ensemble de petites aventures individuelles, en couple, en trio ou avec l'intervention d'autres auteurs/personnages qui évoluent d'une "section" à une "autre". Les relations entre ces sections sont nombreuses et il faudra les avoir toutes lues pour bien comprendre l'ensemble des évènements transverses qui ont lieu dans chacune d'entre elles.
J'ai trouvé l'exercice excellent et surtout très drôle.
On sent l'imagination à l'oeuvre chez chacun de ces auteurs.
Imagination pour se représenter spirituellement dans ce décor de maison close, avec les implications morales que ça implique, entre ceux qui assument totalement, ceux qui n'osent pas y aller, ceux qui veulent en profiter, ceux qui viennent là par curiosité ou font semblant, etc...
Mais aussi imagination pour mettre en scène des histoires souvent improvisées où les idées des uns répondent aux idées des autres et où les univers des uns se mélangent à ceux des autres. Certains en profitent d'ailleurs pour tâtonner la voie des fantasmes sexuels que le thème de la maison close et du mélange de personnages masculins et féminins ne manque pas d'entraîner.
La structure en matrice avec sections linéaires et interactions transverses donne une grande profondeur à la narration et permet de mettre en place des récits multiples et interactifs.
Et surtout, il y a beaucoup d'humour. J'ai régulièrement ri de bon coeur, la drôlerie des uns répondant à la finesse des autres tandis qu'on sent une grande complicité entre les auteurs.
Cette expérience de BD en ligne venant d'être éditée en albums, j'avais quelque appréhension. Les récits sont en effet parus sur la page web avec une mise en page toute en hauteur, les images se lisant de haut en bas avec parfois près de 200 cases d'affilée pour une unique section narrative. Comment mettre cela en page dans un album papier ?
L'éditeur a fait le choix de présenter de 5 à 9 "cases" par planche, dans un grand format carré. La taille des cases varie parfois, certaines plus importantes étant présentées à une taille supérieure aux autres pour plus d'impact. Ce type de mise en page n'est pas toujours idéal pour la fluidité de la lecture mais cela se révèle un très bon compromis et permet de retrouver sur papier ce qu'on avait pu découvrir en ligne. Le plaisir de lecture est vraiment retrouvé avec en plus la joie d'avoir ce récit multiple "immortalisé" dans un bel album.
Cette nouvelle série dans l'excellente collection Poisson pilote propose une version politiquement incorrecte de petites fables modernes. Disons-le tout de suite : cela ne devrait pas plaire à tout le monde. Par contre les amateurs de cynisme et d'humour noir et décalé vont se régaler !
Sous forme d'histoires courtes, on assiste à un véritable défilé de personnages infâmes, cruels, parfois idiots, souvent méchants. En vrac, on croisera un Cloclo (ou plutôt ce qu'il en reste) se retournant dans sa tombe lorsque un ch'ti gars massacre une de ses chansons dans un karaoké, un baba cool pas si cool, ou encore 2 cowboys texans particulièrement stupides. Liste non exhaustive...
Ces personnages, hauts en couleurs, sont tous au service d'histoires où le cynisme règne. Il y a vraiment de la matière à bien se marrer. Le dessin très simple est également bien réussi. Là encore il faut aimer ce style, ce qui n'est pas forcément mon cas à la base, mais, là, ça contribue bien à l'ambiance trash qui se dégage de cet album.
Marc Malès est un auteur que j'aime beaucoup. Depuis qu'il travaille seul au scénario comme au dessin, il nous offre véritablement des chefs d'oeuvre à la hauteur de son talent. Des titres comme L'Autre Laideur l'Autre Folie ou encore Katharine Cornwell m'ont séduit au plus haut point. "Sous son regard" ne déroge pas à la règle. Nous avons là un auteur d'exception.
Cela sera une lecture difficile pour le grand public un peu à la manière de From Hell. De cette pénibilité et perséverance, vous découvrirez l'âme d'une bd au travers d'un album oppressant. Il s'agit ni plus ni moins que d'un thriller psychologique qui oppose un flic à un ancien braqueur.
Il n'y aura pas beaucoup d'action pour les amateurs du genre. C'est plutôt une véritable plongée dans l'âme humaine. Où se situe le bien ? Où se situe le mal ? Chez le policier qui a résolu une enquête difficile qui revient le hanter obstinément ? Où chez le meurtrier en quête d'une rédemption une bible à la main et une épouse charmante de l'autre ? On va s'interroger au fil des pages.
Il n'existe pas beaucoup de bd qui à partir de très peu d'éléments peuvent nous offrir une telle variation de richesse. On est emporté par l'ingéniosité du scénario, la maîtrise de la narration, des personnages charismatiques, les cadrages sublimes ainsi que le dessin en noir et blanc aux encrages contrastés. Mais quel bijou, mes amis ! J'hésite encore à choisir entre une montée en puissance ou une véritable descente aux enfers. C'est un véritable coup de foudre. Dieu qu'il est bon d'être ainsi foudroyé !
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Le casse - Diamond
L’année dernière Delcourt lançait la collection « 7 ». Sur le même concept voici « le casse ». 6 albums réalisés par 6 scénaristes et 6 dessinateurs différents, tous à paraître en 2010. Ils mettent en scène des braquages spectaculaires. Première escale en Sibérie dans une mine de diamant. Le scénario est rondement mené. L’enchaînement de l’histoire est fluide, introduction, présentation des personnages, repérage, préparatifs pour le casse, et enfin le jour J. Le tempo va crescendo et évidement quelques évènements non prévus viennent pimenter le récit. Finalement une construction classique mais le récit est prenant et il fera le bonheur des amateurs de polar. Coté dessin c’est également impeccable. Le style colle à merveille à ce genre d’histoire. Les planches sont détaillées, le trait est résolument moderne, avec un encrage assez net qui permet d’apprécier pleinement les décors et les personnages. L’ambiance glaciale est superbement rendue. Du tout bon, je me suis régalé. Le casting annoncé pour les prochains albums (Chauvel, Guérineau, Duval, …) laissent espérer de belles perspectives. J’attends déjà impatiemment les titres suivants.
Les Légions de la Haine
Un peu surpris par les avis précédents. Je trouve au contraire cette BD différente des récits habituels de zombies, à cause du cadre. Ce n'est pas contemporain, ce n'est pas le début d'une invasion de zombies. Bien sûr si l'on préfère les doubles pages de massacre sanglant aux intrigues...il faut choisir une autre BD, il y a en a mais ce n'est pas au coeur du récit. Chose commune aux "bonnes" histoires de zombies, on y parle en fait d'humanité et c'est en ça que les personnages sont plus intéressants qu'une héroïne de Resident Evil tout juste bonne à défourailler en montrant ses cuisses. Moi je trouve ces personnages plutôt pas mal, mais on sent que ce n'est qu'une introduction. Il y a un mystère sur l'origine des zombies, une conspiration et des relations naissantes entre les personnages principaux, pour moi ça présage des choses intéressantes.
Théodore Poussin
Quand on ouvre un album de "Théodore Poussin", on pense immédiatement à Tintin... on imagine Franck Le Gall enfant lisant "Le lotus bleu", s'inventant aventures sur aventures en Asie du sud-est entre deux guerres, et créant le personnage de Théodore Poussin, aventurier malgré lui, jeune homme réservé mais courageux, cultivé et profondément humain. C'est à un beau voyage, plein de mélancolie et d'amertume mais aussi d'émerveillement, que nous convie Franck Le Gall à travers cette série. Pourtant, j'ai mis du temps à rentrer vraiment dans l'histoire. Les 2-3 premiers tomes ont déjà une bonne intrigue et de bons personnages, mais la narration n'est pas encore au point : les péripéties font suite les unes aux autres, sans qu'on ait le temps de s'attacher aux personnages ou de ressentir l'ambiance du récit, le liant étant amené par de trop nombreux dialogues et des voix offs trop présentes. Il est d'autant plus impressionnant dans les tomes suivants d'assister à la maturation de l'auteur, qui va se mettre petit à petit à exceller dans l'art de créer une ambiance ou des personnages attachants, intrigants ou mystérieux. Le point faible des premiers albums devient le point fort des albums suivants, et la série se dévore littéralement. Théodore Poussin est un bande dessinée unique en son genre dans le monde de la BD. Elle possède un rythme et une atmosphère à part, celle du fameux poème de Baudelaire Le Voyage, que Le Gall cite d'ailleurs à plusieurs reprises... Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes, L’univers est égal à son vaste appétit. Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes ! Aux yeux du souvenir que le monde est petit ! Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme, Le cœur gros de rancune et de désirs amers, Et nous allons, suivant le rythme de la lame, Berçant notre infini sur le fini des mers [...] Amer savoir, celui qu’on tire du voyage ! Le monde, monotone et petit, aujourd’hui, Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image : Une oasis d’horreur dans un désert d’ennui !
Le Songe de Siwel
Quel plaisir de relire du « Enfin Libre ». Si vous ne connaissez pas encore les deux talentueux auteurs qui se cachent derrière ce mystérieux pseudo, je vous invite à découvrir leurs albums Le Fluink et La Rumeur (des perles d’originalité), et notre chouette interview réalisée en 2008, où ils nous parlaient d’ailleurs déjà du « Songe de Siwel ». Un nouvel album très onirique et poétique, qui nous prend par la main et nous emmène vers des aventures un peu loufoques, rendant au passage hommage à des grosses pointures de la littérature (Shakespeare, Dumas, Stevenson). Je ne suis pas très calé en littérature classique, et de nombreuses références ont du me passer au-dessus de la tête, mais ça n’a pas gâché mon plaisir pour autant (surtout qu’un petit dossier en fin d’album éclaire un peu les incultes dans mon genre). A noter aussi un clin d’œil à un auteur beaucoup récent ;) J’ai trouvé la fin très belle... mais je n’en dis pas plus ! Le dessin est absolument magnifique. « Enfin Libre » nous avaient habités au noir et blanc dans leurs BDs précédentes (ce qui n’est pas un reproche !), quelle surprise donc de découvrir des couleurs aquarelles du plus bel effet, qui siéent parfaitement à l’histoire et permettent de nombreux changements d’ambiance d’un chapitre à l’autre. Je vous ai mis pleins d’images dans la galerie pour que vous puissiez vous faire une idée. Voilà, un coup de cœur bien mérité pour un album rempli de poésie et bourré de clins d’oeil en tout genre, que je vous invite à découvrir urgemment !
La Rage au poing
Tout est dans le titre ! Un poing. Une rage de vivre. Alessandro Crippa nous propose une histoire noire et crue qui prend racine dans les favelas brésiliennes. Sans fioritures, mais en jouant plutôt sur la triste réalité de cette misère quotidienne, nous suivons le parcours mouvementé de Paulhino, le "Manchot". Car la vie de Pulhino n'est que combat. D'abord pour dépasser la rage due à son handicap. Puis pour se reconstruire et la canaliser. L'enjeu sera alors de savoir maitriser cette rage... Un scénario bien ficelé avec de bons rebondissements, même si la planque finale du magot est un peu facile à mon goût... Au crayon, c'est Alberto Ponticelli qui s'y colle. Et ça colle ! Un dessin très personnel et marqué, très réaliste, qui colle parfaitement au sujet. Quelques imperfections par moment dans les proportions, mais la narration étant très bonne, rien de bien grave au final. Ses découpages bien choisis ajoutent encore à la fluidité du récit. Bref, ça cogne ! Un one shot percutant et efficace qui ne fait pas dans la dentelle, et qui fleure bon le Tarentino sur les bords !
Yêu Yêu Saïgon
En effet, très sympa cette petite histoire sur la vie d'ECO à Saïgon... Il n'y a pas vraiment de scénario. C'est juste son histoire étalée sur 3 ans (environ) depuis son départ là-bas pour s'installer avec sa copine (vietnamienne). On y découvre ainsi la ville sous différentes facettes (le quartier où il habite, le quartier des étrangers, ..) ainsi que les moeurs différentes de cette partie du monde (interdiction de loger ensemble sans être marié, le moine qui médite le long du boulevard, ...). On y découvre ainsi une partie des étrangers qui, comme lui, résident à Saïgon (principalement l'américain aux prises avec la mafia). Il nous parle aussi des codes graphiques à appliquer si on veut percer dans le comics là-bas. Bref, différentes facettes de cette culture que je ne connaissais pas vraiment. Et en plus, lecture est facile, agréable et parsemée d'humour... Au niveau graphique, on retrouve le style ECO en noir et blanc. Perso, j'accroche bien. A vous de voir... C'est donc un chouette moment rafraîchissant de lecture que ce one-shot !
Alpha... directions / Beta... civilisations/Gamma... visions
Alpha .. Il s'agit bien de remonter à l'origine, au tout début, au big bang. Directions ... Et de nous expliquer comment on en est arrivé là, et par où il a fallu passer. La magie d'Alpha, c'est d'abord l'ambition du projet donc : 3 tomes prévus, il me semble, pour retracer tout l'Histoire, il s'agit d'une genèse. :o Ce qui est admirable dans Alpha au delà du graphisme, c'est la facilité avec laquelle les phénomènes scientifiques sont illustrés, vulgarisés. Beaucoup de science donc, darwinisme oblige, mais l'auteur n'est pas là pour défendre une thèse. Il tire simplement le fil conducteur et c'est peu à peu tous les chapitres de notre histoire qui prennent forme. Le plus étonnant est sa capacité à unifier le discours scientifique, mais aussi les approches culturelles, religieuses etc... Au final c'est une Genèse graphique, presque muette. Un chef d'œuvre de narration.
La Maison Close
Au moment du festival d'Angoulême 2009, j'avais suivi la parution de ce blog BD en ligne et j'avais adoré. L'idée de base était osée : inviter une trentaine d'auteurs de BD, des très connus à des beaucoup plus discrets, à se mettre en scène, eux-mêmes ou leurs personnages, dans une maison close et de les laisser improviser tous ensemble. A la base, les filles devaient jouer les "femmes de joie" proposées par la maison close, tandis que les hommes devaient être les clients, les organisateurs en ce qui concerne Ruppert et Mulot ou encore le service de sécurité dans le cas précis de Trondheim. Au final, chacun a tourné les faits à sa sauce, les femmes acceptant bien rarement de prendre le rôle de femmes soumises ou "à louer". Le résultat est vraiment frais et novateur. Les styles de chaque auteur forment un étonnant cocktail où chacun apporte sa patte et son ambiance bien reconnaissable et en même temps en mesure de se fondre dans les univers des autres. Les décors sont de Ruppert et Mulot, dessinés dans leur style semi-réaliste : la rue, la porte d'entrée, la façade, le hall, la salle d'attente, le bar, l'escalier, le couloir, la chambre, etc... Chaque invité met ensuite en scène, avec son propre style graphique, son personnage sur la base de ces décors. Il est ainsi amusant de voir se côtoyer la caricature animale de Trondheim, le personnage ultra-soigné de Killofer, le trait plus manga de Boulet ou encore les ours à l'encrage épais de Nadja. Certains auteurs jouent d'ailleurs précisément sur ces différences de styles comme Killofer qui a bien du mal à... faire l'amour au personnage de nounours enfantin d'Anouk Ricard. Le récit se structure en sections où se regroupent un nombre limité d'auteurs qui vont initier ensemble de petites aventures individuelles, en couple, en trio ou avec l'intervention d'autres auteurs/personnages qui évoluent d'une "section" à une "autre". Les relations entre ces sections sont nombreuses et il faudra les avoir toutes lues pour bien comprendre l'ensemble des évènements transverses qui ont lieu dans chacune d'entre elles. J'ai trouvé l'exercice excellent et surtout très drôle. On sent l'imagination à l'oeuvre chez chacun de ces auteurs. Imagination pour se représenter spirituellement dans ce décor de maison close, avec les implications morales que ça implique, entre ceux qui assument totalement, ceux qui n'osent pas y aller, ceux qui veulent en profiter, ceux qui viennent là par curiosité ou font semblant, etc... Mais aussi imagination pour mettre en scène des histoires souvent improvisées où les idées des uns répondent aux idées des autres et où les univers des uns se mélangent à ceux des autres. Certains en profitent d'ailleurs pour tâtonner la voie des fantasmes sexuels que le thème de la maison close et du mélange de personnages masculins et féminins ne manque pas d'entraîner. La structure en matrice avec sections linéaires et interactions transverses donne une grande profondeur à la narration et permet de mettre en place des récits multiples et interactifs. Et surtout, il y a beaucoup d'humour. J'ai régulièrement ri de bon coeur, la drôlerie des uns répondant à la finesse des autres tandis qu'on sent une grande complicité entre les auteurs. Cette expérience de BD en ligne venant d'être éditée en albums, j'avais quelque appréhension. Les récits sont en effet parus sur la page web avec une mise en page toute en hauteur, les images se lisant de haut en bas avec parfois près de 200 cases d'affilée pour une unique section narrative. Comment mettre cela en page dans un album papier ? L'éditeur a fait le choix de présenter de 5 à 9 "cases" par planche, dans un grand format carré. La taille des cases varie parfois, certaines plus importantes étant présentées à une taille supérieure aux autres pour plus d'impact. Ce type de mise en page n'est pas toujours idéal pour la fluidité de la lecture mais cela se révèle un très bon compromis et permet de retrouver sur papier ce qu'on avait pu découvrir en ligne. Le plaisir de lecture est vraiment retrouvé avec en plus la joie d'avoir ce récit multiple "immortalisé" dans un bel album.
Les Fables de la poubelle
Cette nouvelle série dans l'excellente collection Poisson pilote propose une version politiquement incorrecte de petites fables modernes. Disons-le tout de suite : cela ne devrait pas plaire à tout le monde. Par contre les amateurs de cynisme et d'humour noir et décalé vont se régaler ! Sous forme d'histoires courtes, on assiste à un véritable défilé de personnages infâmes, cruels, parfois idiots, souvent méchants. En vrac, on croisera un Cloclo (ou plutôt ce qu'il en reste) se retournant dans sa tombe lorsque un ch'ti gars massacre une de ses chansons dans un karaoké, un baba cool pas si cool, ou encore 2 cowboys texans particulièrement stupides. Liste non exhaustive... Ces personnages, hauts en couleurs, sont tous au service d'histoires où le cynisme règne. Il y a vraiment de la matière à bien se marrer. Le dessin très simple est également bien réussi. Là encore il faut aimer ce style, ce qui n'est pas forcément mon cas à la base, mais, là, ça contribue bien à l'ambiance trash qui se dégage de cet album.
Sous son regard
Marc Malès est un auteur que j'aime beaucoup. Depuis qu'il travaille seul au scénario comme au dessin, il nous offre véritablement des chefs d'oeuvre à la hauteur de son talent. Des titres comme L'Autre Laideur l'Autre Folie ou encore Katharine Cornwell m'ont séduit au plus haut point. "Sous son regard" ne déroge pas à la règle. Nous avons là un auteur d'exception. Cela sera une lecture difficile pour le grand public un peu à la manière de From Hell. De cette pénibilité et perséverance, vous découvrirez l'âme d'une bd au travers d'un album oppressant. Il s'agit ni plus ni moins que d'un thriller psychologique qui oppose un flic à un ancien braqueur. Il n'y aura pas beaucoup d'action pour les amateurs du genre. C'est plutôt une véritable plongée dans l'âme humaine. Où se situe le bien ? Où se situe le mal ? Chez le policier qui a résolu une enquête difficile qui revient le hanter obstinément ? Où chez le meurtrier en quête d'une rédemption une bible à la main et une épouse charmante de l'autre ? On va s'interroger au fil des pages. Il n'existe pas beaucoup de bd qui à partir de très peu d'éléments peuvent nous offrir une telle variation de richesse. On est emporté par l'ingéniosité du scénario, la maîtrise de la narration, des personnages charismatiques, les cadrages sublimes ainsi que le dessin en noir et blanc aux encrages contrastés. Mais quel bijou, mes amis ! J'hésite encore à choisir entre une montée en puissance ou une véritable descente aux enfers. C'est un véritable coup de foudre. Dieu qu'il est bon d'être ainsi foudroyé !