J'ai retrouvé dans ce mini album l'esprit que j'aime bien le blog de Martin Vidberg. A commencer par ces petits bonshommes "patatoïdes" aux bouilles joviales. Je les trouve très fun et j'aime beaucoup la colorisation (bien plus que le noir et blanc du journal d'un remplaçant). Le thème du sport est également bien utilisé : quelle idée farfelue de vouloir organiser les jeux olympiques chez soi !
Les situations qui découlent de cette idée sont du coup bien originales et plutôt rigolotes. Attention à ne pas vous faire surprendre, c'est vraiment un mini album très court. J'aurais volontiers lu quelques pages de plus... Mais parfois plus c'est court plus c'est bon.
Eh bien, quelle claque, quel talent. Je suis tellement subjugué que je ne sais par où commencer ni quoi dire.
Alors je vais débuter par le dessin. C'est là l'occasion de faire quelques reproches d'ordre purement esthétique. La première fois que j'ai lu V pour Vendetta, j'ai eu un mal fou à distinguer les personnages. Je trouvais que les couleurs baveuses n'aidaient pas à la compréhension. Une relecture plus tard, ces défauts se sont estompés. Cependant, et puisque je parle du physique des personnages, je ne peux m'empêcher d'évoquer l'allure de V. En lisant l'interview de Moore à la fin de l'intégrale, on se rend compte que les auteurs ont accouché de V dans la douleur, que l'on est loin d'une vision subite. Quoiqu'il en soit, son masque lui confère une aura énigmatique qui aimante instantanément le regard vers sa personne.
D'ailleurs, Lloyd et Moore font tout pour attiser le suspens autour de sa personne. De sa vie, on en saura peu, mais ce peu est déjà énorme et sert à merveille le récit. Il prendra alors toute sa force lors du dernier acte. Mais le logis de V dévoile également sa personnalité. Ne serait-ce que par le nom, "Le Pays de fait ce qu'il te plait" ou encore "Le Musée des Ombres", accentue sa force de caractère, et le rendent ainsi plus attachant mais aussi plus complexe. Mais V ce n'est pas seulement un personnage haut en couleurs, c'est également l'incarnation d'une idée forte, difficile à porter, surtout lorsque l'on évolue dans un environnement liberticide. Cette idée c'est l'anarchie. Non pas l'anomie comme l'on pourrait si naïvement le croire, qui est comme le dit Moore le chaos, mais au contraire l'ordre sans maître. J'émettrais cependant un léger reproche sur cet engagement. Bien que je partage ses idées, Moore aurait pu approfondir un peu plus le concept qu'il défend, car il y a bien plus à dévoiler. Mais soit, passons sur ce fait mineur, qui est l'occasion pour moi de vous inciter à lire La Zone de Dehors d'Alain Damasio.
Mais le propos anarchisant de V pour Vendetta n'est pas tout ce qui fait le sel de cette histoire. J'en retiendrai également une aventure très prenante, construite avec minutie et ne laissant pas de place au hasard, une narration de haut vol, qui, avec une économie de moyens, parvient à dire le plus en exprimant le moins, et qui confère ainsi à certains passages un second niveau de lecture.
J'opposerai tout de même un bémol sur quelques points. Certaines scènes sont tout de même grossièrement exploitées, tout du moins pour un auteur tel que Moore. La forme du message est bien trop flagrante et loin de la subtilité d'une oeuvre telle que Watchmen. Mais à part quelques petites pertes de vitesses, parfois au niveau du rythme (livre 2) et les autres défauts évoqués plus haut, ne passez pas à côté de cette fabuleuse série.
Le phalanstère du bout du monde m’a fait penser à un court-métrage de Tim Burton (Vincent). Il se dégage de ce récit une poésie désespérée, une noirceur, un climat maladif qui devraient effrayer plus d’un claustrophobe. Cette ambiance est remarquable au point d’être palpable, et contribue grandement à mon appréciation de l’œuvre.
Malheureusement, Corbeyran n’évite pas certaines longueurs dans son récit. Mon attention s’est de temps à autre égarée, s’attardant plutôt sur le trait (magnifique) de Bouillez que sur l’histoire en elle-même. Mais, bon, le trait de Bouillez, ce noir et blanc sans concession, cet incessant subtil jeu d’ombre et de (rares) lumières, il est tellement beau que m’y attarder de temps à autre ne fut certainement pas de nature à me déplaire !
De plus, bien vite, l’histoire me happe à nouveau. Le mystère est là, bien présent. J’imagine la fin sombre, à l’image de tout ce récit … et je veux la connaître.
Un album réussi tant dans son ambiance que dans son esthétique ! Et les quelques longueurs s’oublient finalement très vite devant l’originalité du récit.
A découvrir absolument !
Je vais vous expliquer pourquoi il faut absolument posséder cette BD :
- si tu es une fille qui aime les trucs de filles, tu trouveras cet album hilarant
- si tu es un mec qui rêve de comprendre ce qui se passe dans la tête de ta moitié, cette BD est pour toi
Margaux Motin, après un blog a succès, a parfaitement réussi ce sympathique album.
Cette jeune femme dans l'air du temps y décrit sa vie : sa passion pour les chaussures à talons et les soldes, son amoureux passionné de foot et de Playstation, les discussions cul avec ses copines, les jeux avec sa fille Poupette, sa sale tête du matin, les reproches de sa mère, les lendemains de cuite ... une nana moderne quoi !
J'ai trouvé cette BD vraiment drôle car je me suis retrouvée à de nombreuses reprises dans ces pages.
Le dessin est léger, aérien, féminin, qui rend encore plus savoureux son humour parfois un peu trash. On peut dire qu'elle ne manque pas d'autodérision !
Ce livre ne quittera pas ma table de chevet de sitôt : je suis certaine de quelques instants de rire en ouvrant l'album à n'importe qu'elle page ! Mon coup de coeur du moment.
Excellent album dans sa catégorie, à savoir celle du portrait d’une jeune femme à une période charnière de sa vie.
Pour être tout à fait franc, j’ai laissé tomber ce livre après six planches, tant le début me fut pénible. Je ne l’ai ressaisi que le lendemain, et il me fallut encore m’accrocher durant huit ou neuf planches avant … d’être complètement scotché. Je ne l’ai, alors, plus lâché avant son terme (110 pages, tout de même, et riches en dialogues).
J’ai trouvé l’héroïne attachante, mais surtout incroyablement féminine dans sa façon d’être, d’agir et de penser … au point que j’ai parfois eu bien du mal à la comprendre … et que, à d’autres moments, une furieuse envie de lui coller une bonne paire de baffes m’a démangé … tout en ayant envie de la serrer dans mes bras. On ne peut plus réaliste pour le portrait d’une jeune femme de 19 ans.
Les personnages entourant notre héroïne sont également bien réussis, même si certains d’entre eux sont assez caricaturaux dans leurs comportements. Ils constituent en fait la galerie parfaite, qui permet à Elisa de s’exprimer dans toute sa complexité, et avec toutes ses contradictions.
L’intrigue ? Il n’y en a pas vraiment. On se retrouve juste devant une jeune femme partagée entre regrets et remords, entre passion et raison, entre rêves et réalité, entre enfance et âge adulte, … et finalement entre deux hommes. L’élément déclencheur de cette prise de conscience apparaît assez tôt dans le récit, et c’est heureux car ce n’est qu’à partir de ce moment là que j’ai trouvé cet album irrésistible.
Les dialogues, par lesquels la majeure partie des informations nous sont livrées, m’ont paru très réalistes et très vivants. Chacun parle, personne ne dit jamais vraiment ce qu’il (ou elle) pense, et il nous faut souvent démêler le vrai du faux. La fanfaronnade permet aux acteurs de cacher certaines faiblesses, certains sentiments. L’artiste a une belle écriture, omniprésente mais agréable à lire.
Le dessin m’a vraiment bien plu malgré quelques rares approximations. Le trait de Nathalie Ferlut est simple et pur. Il apparaît relativement brut également, puisque les travaux préparatoires ne sont pas totalement effacés. Mais la colorisation lui apporte un plus incontestable. Le dessin devient peinture, aquarelle. Une grande douceur, une belle fragilité se dégage de l’ensemble, auquel je n’ai pas été insensible, et qui cadre parfaitement avec l’esprit du livre.
Un bien bel album, donc. Sans doute plus orienté vers un public féminin friand de portrait intime réaliste, mais le vieil ours que je suis a quand même fort apprécié …
J'avais de vagues souvenirs d'un premier tome totalement déjanté, où un héros stupide gérait le bon déroulement des histoires que l'on lit dans les livres, ou que l'on regarde au cinéma. À la lecture de l'intégrale en petit format, j'ai vite compris que ma mémoire ne me faisait point défaut : c'est effectivement déjanté, le héros est lui aussi bien crétin, et le scénariste a fait preuve d'une imagination débordante pour nous raconter les aventures trépidantes et loufoques de Raoul Fulgurex.
Le dessin à la fois caricatural et très travaillé (le souci du détail est assez impressionnant) donne un cachet certain à l'œuvre, rendant ainsi hommage à l'histoire. On s'amuse à suivre les aventures de ce looser de Mr T. (Tintin !!), de cet obsédé de King Kong et d'autres personnages fictifs renommés. Heureusement, Raoul est là pour leur éviter de trop dériver du script !
En bref : c'est con, mais qu'est-ce que c'est bon !
Histoire : 3,5/5
Dessin : 4,5/5.
Je viens de découvrir Massimo Mattioli avec cette petite production comme je les aime, trash et cyniques, bien que dans le genre cela reste finalement assez gentillet mais c'est suffisamment noir pour en apprécier toute la méchanceté qu'elle distille.
L'histoire est chapitrée et accompagnée d'une voix off au ton assez naïf qui détonne avec les scènes assez gores qui parsèment le récit de bout en bout. Il y a profusion de personnages, pour une petite bd de 38 planches c'est un vrai défi, d'autant qu'ils ont tous des personnalités très différentes et étant issus de races animalières ou extraterrestres variées cela implique des situations très diversifiées qui enrichissent l'histoire pour notre plus grand plaisir.
Le récit est toujours alerte et ne s'accorde aucune pause, on est englué dans cet univers jusqu'à son terme et arrivée à ce stade mon seul regret est qu'il n'y ait pas plus de tomes et d'autres aventures de Bam Boum.
Le dessin se passe de décors et met en avant les personnages qui eux seuls font l'histoire, d'ailleurs avec tout ce déluge de bulles et son petit format bd il aurait été difficile de faire autrement, ce qui est aussi bien car la lecture ne se fait pas en coup de vent et on lit ce récit avec le sourire et avec parfois un éclat de sadisme dans les yeux.
Comme le dit Miranda avant moi, si vous n'avez pas aimé Krän le Barbare passez votre chemin, car Jérôme fils de Crom est pire que le 1er abruti précité...
Mais là ou Kran joue la carte du 1er degré bourrin, les chroniques de Chair et d'acier se distinguent par ses décalages entre le dessin et la narration d'une même case, l'auteur jouant davantage sur un 2d degré et sur l'absurde, ce qui est à mon goût encore plus drôle.
En effet lorsqu'il décide par exemple que le héros se bat contre une horde de loups sanguinaires, mais qu'il ne sait pas dessiner ces animaux mais dessine par contre très bien les lapins, la scène de combat est mémorablement épique !!
D'autant plus que l'humour est relativement du même niveau sur tout le bouquin.
Une très bonne surprise donc, car je ne connaissais cet auteur que de nom, jusqu'à Jérôme fils de Crom !!
J'ai acheté le premier tome à sa sortie et n'ai complété la collection que récemment. Pour moi c'est une série intemporelle, que je pourrais lire et relire, un peu comme les Blake et Mortimer que l'on relit sans se lasser.
Certes elle est sans prétention, un peu naïve parfois, mais le graphisme reste plaisant et l'histoire suffisante pour distraire agréablement.
Rural ne m'attirait pas trop car je ne suis pas un fan des documentaires sous forme de bd, mais au vu des bonnes notations du BDT et parce que je suis dans une phase Davodeau (où je lis tout ce que je trouve de cet auteur que j'ai découvert récemment), je me le suis procuré.
J'ai tout d'abord eu du mal à entrer dans le scénario car je préfère largement les histoires type roman au documentaire, mais la façon narrative de Davodeau qui se met en scène façon reportage (en se dessinant) et la manière typique de l'auteur de raconter m'a assez plu. On prend ensuite un peu part aux malheurs de ces villageois avec cette autoroute qui va se construire près de chez eux (surtout en sachant que cette histoire est réelle). Et enfin, j'ai vraiment apprécié toutes les informations apprises sur l'agriculture bio, la façon dont ça fonctionne, et le fait d'être intégré tout au long d'une année (voir toutes les étapes agricoles) via le regard et les questions « naïves » de l'auteur (qu'un lecteur lambda comme moi peut se poser) est originale et riche en apprentissage.
En ce qui concerne le contenu, c'est certain que l'auteur a un parti pris et présente ainsi sa vision des choses, sans réelle neutralité, ce qui peut certainement gêner les avis opposés à ses idées. Mais, pour le défendre, je pense que presque tous les reportages sont un peu impartiaux et orientent souvent dans une direction ou une autre. Ensuite c'est au lecteur de prendre du recul et de juger.
Et pour couronner le tout, j'aime beaucoup le crayonné de Davodeau, le détail des paysages et des maisons qui donne une bonne image de la campagne, et pour le citadin que je suis, des relents de nostalgie.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
J.O. 2012
J'ai retrouvé dans ce mini album l'esprit que j'aime bien le blog de Martin Vidberg. A commencer par ces petits bonshommes "patatoïdes" aux bouilles joviales. Je les trouve très fun et j'aime beaucoup la colorisation (bien plus que le noir et blanc du journal d'un remplaçant). Le thème du sport est également bien utilisé : quelle idée farfelue de vouloir organiser les jeux olympiques chez soi ! Les situations qui découlent de cette idée sont du coup bien originales et plutôt rigolotes. Attention à ne pas vous faire surprendre, c'est vraiment un mini album très court. J'aurais volontiers lu quelques pages de plus... Mais parfois plus c'est court plus c'est bon.
V pour Vendetta
Eh bien, quelle claque, quel talent. Je suis tellement subjugué que je ne sais par où commencer ni quoi dire. Alors je vais débuter par le dessin. C'est là l'occasion de faire quelques reproches d'ordre purement esthétique. La première fois que j'ai lu V pour Vendetta, j'ai eu un mal fou à distinguer les personnages. Je trouvais que les couleurs baveuses n'aidaient pas à la compréhension. Une relecture plus tard, ces défauts se sont estompés. Cependant, et puisque je parle du physique des personnages, je ne peux m'empêcher d'évoquer l'allure de V. En lisant l'interview de Moore à la fin de l'intégrale, on se rend compte que les auteurs ont accouché de V dans la douleur, que l'on est loin d'une vision subite. Quoiqu'il en soit, son masque lui confère une aura énigmatique qui aimante instantanément le regard vers sa personne. D'ailleurs, Lloyd et Moore font tout pour attiser le suspens autour de sa personne. De sa vie, on en saura peu, mais ce peu est déjà énorme et sert à merveille le récit. Il prendra alors toute sa force lors du dernier acte. Mais le logis de V dévoile également sa personnalité. Ne serait-ce que par le nom, "Le Pays de fait ce qu'il te plait" ou encore "Le Musée des Ombres", accentue sa force de caractère, et le rendent ainsi plus attachant mais aussi plus complexe. Mais V ce n'est pas seulement un personnage haut en couleurs, c'est également l'incarnation d'une idée forte, difficile à porter, surtout lorsque l'on évolue dans un environnement liberticide. Cette idée c'est l'anarchie. Non pas l'anomie comme l'on pourrait si naïvement le croire, qui est comme le dit Moore le chaos, mais au contraire l'ordre sans maître. J'émettrais cependant un léger reproche sur cet engagement. Bien que je partage ses idées, Moore aurait pu approfondir un peu plus le concept qu'il défend, car il y a bien plus à dévoiler. Mais soit, passons sur ce fait mineur, qui est l'occasion pour moi de vous inciter à lire La Zone de Dehors d'Alain Damasio. Mais le propos anarchisant de V pour Vendetta n'est pas tout ce qui fait le sel de cette histoire. J'en retiendrai également une aventure très prenante, construite avec minutie et ne laissant pas de place au hasard, une narration de haut vol, qui, avec une économie de moyens, parvient à dire le plus en exprimant le moins, et qui confère ainsi à certains passages un second niveau de lecture. J'opposerai tout de même un bémol sur quelques points. Certaines scènes sont tout de même grossièrement exploitées, tout du moins pour un auteur tel que Moore. La forme du message est bien trop flagrante et loin de la subtilité d'une oeuvre telle que Watchmen. Mais à part quelques petites pertes de vitesses, parfois au niveau du rythme (livre 2) et les autres défauts évoqués plus haut, ne passez pas à côté de cette fabuleuse série.
Le Phalanstère du bout du monde
Le phalanstère du bout du monde m’a fait penser à un court-métrage de Tim Burton (Vincent). Il se dégage de ce récit une poésie désespérée, une noirceur, un climat maladif qui devraient effrayer plus d’un claustrophobe. Cette ambiance est remarquable au point d’être palpable, et contribue grandement à mon appréciation de l’œuvre. Malheureusement, Corbeyran n’évite pas certaines longueurs dans son récit. Mon attention s’est de temps à autre égarée, s’attardant plutôt sur le trait (magnifique) de Bouillez que sur l’histoire en elle-même. Mais, bon, le trait de Bouillez, ce noir et blanc sans concession, cet incessant subtil jeu d’ombre et de (rares) lumières, il est tellement beau que m’y attarder de temps à autre ne fut certainement pas de nature à me déplaire ! De plus, bien vite, l’histoire me happe à nouveau. Le mystère est là, bien présent. J’imagine la fin sombre, à l’image de tout ce récit … et je veux la connaître. Un album réussi tant dans son ambiance que dans son esthétique ! Et les quelques longueurs s’oublient finalement très vite devant l’originalité du récit. A découvrir absolument !
J'aurais adoré être ethnologue
Je vais vous expliquer pourquoi il faut absolument posséder cette BD : - si tu es une fille qui aime les trucs de filles, tu trouveras cet album hilarant - si tu es un mec qui rêve de comprendre ce qui se passe dans la tête de ta moitié, cette BD est pour toi Margaux Motin, après un blog a succès, a parfaitement réussi ce sympathique album. Cette jeune femme dans l'air du temps y décrit sa vie : sa passion pour les chaussures à talons et les soldes, son amoureux passionné de foot et de Playstation, les discussions cul avec ses copines, les jeux avec sa fille Poupette, sa sale tête du matin, les reproches de sa mère, les lendemains de cuite ... une nana moderne quoi ! J'ai trouvé cette BD vraiment drôle car je me suis retrouvée à de nombreuses reprises dans ces pages. Le dessin est léger, aérien, féminin, qui rend encore plus savoureux son humour parfois un peu trash. On peut dire qu'elle ne manque pas d'autodérision ! Ce livre ne quittera pas ma table de chevet de sitôt : je suis certaine de quelques instants de rire en ouvrant l'album à n'importe qu'elle page ! Mon coup de coeur du moment.
Elisa
Excellent album dans sa catégorie, à savoir celle du portrait d’une jeune femme à une période charnière de sa vie. Pour être tout à fait franc, j’ai laissé tomber ce livre après six planches, tant le début me fut pénible. Je ne l’ai ressaisi que le lendemain, et il me fallut encore m’accrocher durant huit ou neuf planches avant … d’être complètement scotché. Je ne l’ai, alors, plus lâché avant son terme (110 pages, tout de même, et riches en dialogues). J’ai trouvé l’héroïne attachante, mais surtout incroyablement féminine dans sa façon d’être, d’agir et de penser … au point que j’ai parfois eu bien du mal à la comprendre … et que, à d’autres moments, une furieuse envie de lui coller une bonne paire de baffes m’a démangé … tout en ayant envie de la serrer dans mes bras. On ne peut plus réaliste pour le portrait d’une jeune femme de 19 ans. Les personnages entourant notre héroïne sont également bien réussis, même si certains d’entre eux sont assez caricaturaux dans leurs comportements. Ils constituent en fait la galerie parfaite, qui permet à Elisa de s’exprimer dans toute sa complexité, et avec toutes ses contradictions. L’intrigue ? Il n’y en a pas vraiment. On se retrouve juste devant une jeune femme partagée entre regrets et remords, entre passion et raison, entre rêves et réalité, entre enfance et âge adulte, … et finalement entre deux hommes. L’élément déclencheur de cette prise de conscience apparaît assez tôt dans le récit, et c’est heureux car ce n’est qu’à partir de ce moment là que j’ai trouvé cet album irrésistible. Les dialogues, par lesquels la majeure partie des informations nous sont livrées, m’ont paru très réalistes et très vivants. Chacun parle, personne ne dit jamais vraiment ce qu’il (ou elle) pense, et il nous faut souvent démêler le vrai du faux. La fanfaronnade permet aux acteurs de cacher certaines faiblesses, certains sentiments. L’artiste a une belle écriture, omniprésente mais agréable à lire. Le dessin m’a vraiment bien plu malgré quelques rares approximations. Le trait de Nathalie Ferlut est simple et pur. Il apparaît relativement brut également, puisque les travaux préparatoires ne sont pas totalement effacés. Mais la colorisation lui apporte un plus incontestable. Le dessin devient peinture, aquarelle. Une grande douceur, une belle fragilité se dégage de l’ensemble, auquel je n’ai pas été insensible, et qui cadre parfaitement avec l’esprit du livre. Un bien bel album, donc. Sans doute plus orienté vers un public féminin friand de portrait intime réaliste, mais le vieil ours que je suis a quand même fort apprécié …
Raoul Fulgurex
J'avais de vagues souvenirs d'un premier tome totalement déjanté, où un héros stupide gérait le bon déroulement des histoires que l'on lit dans les livres, ou que l'on regarde au cinéma. À la lecture de l'intégrale en petit format, j'ai vite compris que ma mémoire ne me faisait point défaut : c'est effectivement déjanté, le héros est lui aussi bien crétin, et le scénariste a fait preuve d'une imagination débordante pour nous raconter les aventures trépidantes et loufoques de Raoul Fulgurex. Le dessin à la fois caricatural et très travaillé (le souci du détail est assez impressionnant) donne un cachet certain à l'œuvre, rendant ainsi hommage à l'histoire. On s'amuse à suivre les aventures de ce looser de Mr T. (Tintin !!), de cet obsédé de King Kong et d'autres personnages fictifs renommés. Heureusement, Raoul est là pour leur éviter de trop dériver du script ! En bref : c'est con, mais qu'est-ce que c'est bon ! Histoire : 3,5/5 Dessin : 4,5/5.
Awop Bop Aloobop Alop Bam Boom
Je viens de découvrir Massimo Mattioli avec cette petite production comme je les aime, trash et cyniques, bien que dans le genre cela reste finalement assez gentillet mais c'est suffisamment noir pour en apprécier toute la méchanceté qu'elle distille. L'histoire est chapitrée et accompagnée d'une voix off au ton assez naïf qui détonne avec les scènes assez gores qui parsèment le récit de bout en bout. Il y a profusion de personnages, pour une petite bd de 38 planches c'est un vrai défi, d'autant qu'ils ont tous des personnalités très différentes et étant issus de races animalières ou extraterrestres variées cela implique des situations très diversifiées qui enrichissent l'histoire pour notre plus grand plaisir. Le récit est toujours alerte et ne s'accorde aucune pause, on est englué dans cet univers jusqu'à son terme et arrivée à ce stade mon seul regret est qu'il n'y ait pas plus de tomes et d'autres aventures de Bam Boum. Le dessin se passe de décors et met en avant les personnages qui eux seuls font l'histoire, d'ailleurs avec tout ce déluge de bulles et son petit format bd il aurait été difficile de faire autrement, ce qui est aussi bien car la lecture ne se fait pas en coup de vent et on lit ce récit avec le sourire et avec parfois un éclat de sadisme dans les yeux.
Les Chroniques de Chair et d'Acier
Comme le dit Miranda avant moi, si vous n'avez pas aimé Krän le Barbare passez votre chemin, car Jérôme fils de Crom est pire que le 1er abruti précité... Mais là ou Kran joue la carte du 1er degré bourrin, les chroniques de Chair et d'acier se distinguent par ses décalages entre le dessin et la narration d'une même case, l'auteur jouant davantage sur un 2d degré et sur l'absurde, ce qui est à mon goût encore plus drôle. En effet lorsqu'il décide par exemple que le héros se bat contre une horde de loups sanguinaires, mais qu'il ne sait pas dessiner ces animaux mais dessine par contre très bien les lapins, la scène de combat est mémorablement épique !! D'autant plus que l'humour est relativement du même niveau sur tout le bouquin. Une très bonne surprise donc, car je ne connaissais cet auteur que de nom, jusqu'à Jérôme fils de Crom !!
Le Cycle de Taï-Dor
J'ai acheté le premier tome à sa sortie et n'ai complété la collection que récemment. Pour moi c'est une série intemporelle, que je pourrais lire et relire, un peu comme les Blake et Mortimer que l'on relit sans se lasser. Certes elle est sans prétention, un peu naïve parfois, mais le graphisme reste plaisant et l'histoire suffisante pour distraire agréablement.
Rural !
Rural ne m'attirait pas trop car je ne suis pas un fan des documentaires sous forme de bd, mais au vu des bonnes notations du BDT et parce que je suis dans une phase Davodeau (où je lis tout ce que je trouve de cet auteur que j'ai découvert récemment), je me le suis procuré. J'ai tout d'abord eu du mal à entrer dans le scénario car je préfère largement les histoires type roman au documentaire, mais la façon narrative de Davodeau qui se met en scène façon reportage (en se dessinant) et la manière typique de l'auteur de raconter m'a assez plu. On prend ensuite un peu part aux malheurs de ces villageois avec cette autoroute qui va se construire près de chez eux (surtout en sachant que cette histoire est réelle). Et enfin, j'ai vraiment apprécié toutes les informations apprises sur l'agriculture bio, la façon dont ça fonctionne, et le fait d'être intégré tout au long d'une année (voir toutes les étapes agricoles) via le regard et les questions « naïves » de l'auteur (qu'un lecteur lambda comme moi peut se poser) est originale et riche en apprentissage. En ce qui concerne le contenu, c'est certain que l'auteur a un parti pris et présente ainsi sa vision des choses, sans réelle neutralité, ce qui peut certainement gêner les avis opposés à ses idées. Mais, pour le défendre, je pense que presque tous les reportages sont un peu impartiaux et orientent souvent dans une direction ou une autre. Ensuite c'est au lecteur de prendre du recul et de juger. Et pour couronner le tout, j'aime beaucoup le crayonné de Davodeau, le détail des paysages et des maisons qui donne une bonne image de la campagne, et pour le citadin que je suis, des relents de nostalgie.