Parmi les nombreuses adaptations des romans de Jules Verne, celle-ci s’en tire très honorablement. En effet, Gianni a réussi en une cinquantaine de pages à bien restituer l’intrigue, les « coupures » n’ayant pas vraiment été dommageables (même si la puissance d’évocation, le merveilleux onirique qui imprègne le roman d’origine est difficilement transposable hors d’un livre – la version filmée de Disney, une fois n’est pas coutume, m’avais laissé de bons souvenirs).
Le récit est donc sans surprise pour qui connait la trame du roman, mais c’est une lecture agréable. D’autant plus que le dessin de Gianni accompagne très bien l’histoire. Il a fait le choix de coller un maximum au rendu des gravures des éditions Hetzel, ce qui est judicieux. Le côté un peu désuet, « vieillot » qui s’en dégage est raccord avec ce récit d’aventures d’un autre temps.
Un récit simple, mais efficace, qui plaira à un marge lectorat.
Je suis resté un chouia sur ma faim par rapport à mes attentes. Mais ne chipotons pas, cet album est d’une lecture agréable.
Le principal reproche que je pourrais lui faire est de ne pas avoir su choisir un angle d’attaque clair, entre humour et aventure, entre caricature loufoque et réalisme classique. Tiraillé entre ces influences, le scénario perd un peu le fil sur la fin je trouve.
Mais pour le reste, c’est vraiment une lecture sympathique. Des personnages assez typés, quelques répliques amusantes et/ou bien senties (sur le tourisme, l’aventure de bobos, la société américaine, le déboulonnage de certains héros de la conquête de l’Ouest, le sort des Indiens, etc.), on a là un petit cocktail prometteur.
La narration est assez fluide, même si, comme je l’ai dit, à partir de la prise d’otages dans le désert, j’ai trouvé que Duhamel laissait trop son scénario partir en vrille.
Le dessin est fluide et agréable, avec une colorisation un peu outrancière, mais l’ensemble rend bien les paysages de Monument Valley.
Une autre enquête issue de La revue dessinée. Si certains propos sont un peu datés (l'album est sorti avant les présidentielles de 2022), le sujet de l'extrême-droite qui s'installe durablement en France et qui influence les autres partis reste malheureusement un sujet d'actualité vu ce qui arrive depuis la réélection de Macron. Si ça continue comme ça, en 2027 la dédiabolisation de Marine Le Pen sera complète et on votera pour elle pour barrer la route à des gens qui ont un discours pire qu'elle.
On ne parlera pas seulement de la banalisation du discours de l'extrême-droite. Les auteurs montrent aussi que le parti de Le Pen est au final un parti comme les autres au niveau des magouilles financières, détruisant l'image de parti propre que le RN projette sur une partie de l'électorat. On voit aussi que malgré des succès électoraux, Le Pen a toujours du mal pour trouver des candidats (mention spéciale pour la femme noire avec laquelle Le Pen s'affiche pour montrer qu'elle est ouverte et moderne jusqu'à ce qu'on apprenne que la candidate en question est mythomane et avait bidonné son cv) et aussi à retenir les élus RN vu qu'une partie finissent leur mandat chez d'autres partis ! Bref, il y a encore de l'incompétence chez le RN et j'avoue que c'est ce qui m'a le plus surpris en lisant l'album.
Tout n'est pas parfait dans cet album. La narration manque vraiment de dynamisme. C'est pas très passionnant à lire même si le sujet me passionne ! Je trouve aussi que c'est un peu trop orienté politiquement. Je ne veux pas trop m'avancer sur le sujet pour ne pas que mon avis devienne un éditorial politique, mais je vais donner l'exemple qui m'a le plus choqué : on dit que le mouvement Black Live Matter a été créé en réaction à l'élection de Trump alors que le mouvement a été créé en 2013 sous le second mandat d'Obama.
Malgré quelques détails énervants, cela reste un documentaire à lire si on s'intéresse ne serait-ce qu'un peu à la politique.
Le type même de série qui ne pourra jamais faire concensus: un dessin d'exception pour un récit improvisé. Ce qu'offrait donc Métal Hurlant dans ses belles années.
On y trouve des éléments du futur L'Incal, on y retrouve des ambiances de Bilal façon Mémoires d'outre-espace, on y sent les postures qu'il développera chez Marvel, c'est hyper intéressant à feuilleter, j'ai remarqué un personnage en costume singulier repiqué dans Lastman. Et il y a sans aucun doute des dizaines d'autres détails ayant sans doute inspirés nombre d'illustrateurs.
Mais à lire, c'est une autre paire de manches! On pense saisir quelque chose et quelques pages après, finalement non on capte rien. C'est un délire d'auteur sous stupéfiants qui le partage avec ses lecteurs et c'est effectivement stupéfiant. Une compilation d'excercies de style offerte au grand public.
En fait, ces histoires sont indigestes mais la magie opère: garage hermétique, major Grubert, le Ciguri... un univers incohérent vous ouvre ses portes pour mieux les claquer dans votre pif à votre arrivée.
Voilà un album relativement original, et un peu casse-gueule dans son procédé de narration. Mais finalement cela fonctionne, et finit par constituer le principal intérêt de l’histoire.
Le principe de base est pourtant assez simple. Nous suivons la circulation d’une information de bouches à oreilles, comment les rumeurs s’emballent, se nourrissent de vent, deviennent la réalité, et comment tout ça finit par tourner en boucle, chaque habitant de la petite ville dans laquelle se situe cette « intrigue » ayant forcément son ou ses mots à dire.
Au départ j’ai eu un peu de mal, car, outre le fait que c’est un peu statique (seuls les lieux changent), je trouvais un peu bizarre que les phrases se poursuivent d’une personne à l’autre (pourtant éloignées les unes des autres). Mais finalement ça passe, et on suit donc ce flot de paroles, dans lequel chacun des protagonistes glisse son fiel ou ses préjugés, sa curiosité mal placée, etc.
Une petite curiosité à découvrir – sans en attendre trop quand même.
Avis tardif après la lecture toute récente du tome 17 La Grande Aventure.
Titeuf était une série sympathique : grâce au style arrondi et dynamique de Zep (me plaisant autrement plus que le -selon moi- désagréable style visuel de Cédric), grâce à quelques tournures de langage amusantes, à des gags relativement modernes (Boule & Bill évoque un contexte moins concret aujourd'hui) sans être trop graveleux ou gras (au contraire du Petit Spirou tombant fréquemment dans ce travers).
Le charme s'estompe progressivement, les 6 premiers tomes se révélant indéniablement meilleurs que les suivants. Mais les précautions de Zep pour se renouveler (passage aux histoires complètes peu après), ou le souhait de ne pas se précipiter pour sortir un nouvel album par an quand bien même ceux-ci sont attendus et des succès en librairie, méritent d'être notés.
La redondance est présente au fur et à mesure des tomes, les expressions avec le mot "slip" étant trop régulières pour faire encore mouche, mais l'on apprécie toujours certains gags et l'on se remémore plaisamment ceux osés des premiers tomes sur des thématiques sociétales (chômage, racisme, homosexualité, sida...).
Exceptée la série Ernest & Rebecca, qui sur un ou peut-être deux tomes est parvenue à élever plus encore le niveau, il me semble possible de considérer Titeuf comme ce qui se fait de mieux sur la thématique encombrée de l'enfant faisant des bêtises.
Un petit 3/5 plutôt qu'un trop sévère 2/5.
Je commence à en avoir marre que Panini sorte des intégrales avec du matériel déjà vu dans d'autres intégrales. Je comprends qu'on mette la première apparition de Morbius dans Spider-Man afin que les lecteurs découvrent le personnage, mais est-ce bien nécessaire de mettre toutes ses apparitions dans d'autres titres ? J'ai même pas lu la seconde intégrale et pourtant on peut dire que j'ai déjà lu la moitié de cet album à cause des numéros de Spider-Man et She-Hulk qui sont disponibles dans leurs propres intégrales qui coûtent quand même cher. Un truc rigolo est que lorsque Morbius fait référence à ses origines, on nous dit d'aller voir l'intégrale Spider-Man de 1971. Ils sont même pas capable chez Panini de changer une note de bas de page.
Morbius est un personnage que j'avais surtout aperçu dans l'univers de Spider-Man (notamment dans le dessin animé des années 90) et j'avais une opinion neutre sur lui même si j'aime bien son design. Je le déteste pas, mais je l'adore pas non plus. En plus des apparitions dans d'autres titres, cette intégrale contient deux séries qui mettaient en vedette Morbius dans les années 70, lorsqu'il y a eu un petit retour des comics d'horreur. Ce qui est intéressant, c'est qu'une série est un comics book 'normal' alors qu'une autre paraissait dans un des magazines en noir et blanc que Marvel publiait à l'époque et comme les magazines n'étaient pas sous le coup du Comics Code Authority, le ton était plus adulte que ce que l'on voyait dans les comics.
Des deux séries j'ai surtout aimé le comics book Fear. La plupart des numéros présents dans la première intégrale sont écrits par un Steve Gerber en pleine forme. On retrouve son goût pour les personnages bizarres et il écrit une histoire en plusieurs numéros avec plein de concepts bien étranges et qui pourtant marchent. Il faut dire qu'il n'utilise pas l'humour lourd qu'il va employer par la suite avec Howard the duck. Tout est pris au sérieux et son imagination débordante rend le tout prenant. Dommage que ça soit pas lui qui conclut cette saga, qui se termine de manière un peu confuse. Une bonne idée est que dans ce récit Morbius se retrouve pris entre deux fractions qui ont toutes les deux des solutions horribles pour le sort de l'humanité alors qu'un scénariste plus paresseux aurait juste fait une histoire avec un camp de méchants et un autre un camp de gentils et l'anti-héros Morbius qui aide ces derniers.
Quant aux récits parus dans le magazine Vampire Tales, et ben pour mon plus gros malheur le scénariste de la majeure partie des récits est Don McGregor ! C'est pas que le scénariste soit nul pour trouver des bonnes idées (quoiqu'ici on dirait qu'il y a un méchant sataniste à chaque coin de rue, ça devient fatiguant à la longue), mais son style est très verbeux, même pour l'époque. Sa spécialité est la narration qui décrit tout ce que ressentent et pensent les personnages. Ça marche pour un roman, mais dans un médium avec du visuel, il me semble qu'une partie du travail du dessinateur est de montrer les émotions des personnages. J'ai rien contre les narrations descriptives, mais quand il y en a dans pratiquement chaque case cela devient juste lourd à lire. De plus, le récit est plus orienté dans du fantastique classique, il y a moins de surprise comme dans les récits de Gerber qui mélangeaient bien le fantastique et la science-fiction.
Pour ce qui est du personnage de Morbius lui-même, je suis toujours neutre à son sujet. Le fait qu'il soit devenu un vampire à cause d'une expérience scientifique le rend un peu intéressant car il n'a pas toutes les caractéristiques du vampire classique (par exemple si le soleil l'incommode, cela ne le tue pas) et il est une figure tragique, contrairement au Dracula de Marvel qui est juste méchant, sauf que Morbius marche moyennement comme figure tragique parce qu'il passe son temps à tuer ses victimes pour boire leur sang et le pire est qu'il n'a même pas besoin de tuer, c'est juste que le pauvre sait pas se retenir et il finit pas tuer des gens alors qu'il pouvait juste prendre un peu de leur sang, c'est trop triste.
Sinon, on va avoir droit à plein de dessinateurs et la plupart sont très bons, notamment ceux qui dessinent en noir et blanc. Le seul que je n'aime pas trop est Gil Kane. Je sais qu'il a des fans, mais je trouve son trait trop daté. Il y aussi le dessin de Frank Robbins qui est daté, mais son style bizarre (on dirait presque du cartoon) a un certain charme et va très bien pour illustrer les aventures plus étranges de Morbius.
Au final, une autre intégrale avec des récits inégaux et je propose plus un emprunt.
Ça c'est du spin off! D'un personnage secondaire de l'incontournable Incal, Jodorowski en a tiré une série faisant presque partie des incontournables SF. Sans doute grâce aux pinceaux de Gimenez qui nous a offert des couvertures magnifiques, des décors stellaires de toute beauté et des doubles-pages épiques.
Le récit est prenant mais malheureusement tourne en boucle au bout de quelques tomes. Oui c'est le principe même des passages de génération des Méta-Barons et puis les titres des albums annoncent (presque) clairement le nombre de tomes restants. Mais là on entend parfois le tiroir-caisse tinter pour le scénariste qui est en mode automatique pendant que le dessinateur s'échine à continuer de fournir un travail de qualité.
Attention aux âmes sensibles, tous les thèmes chers à Jodo y sont détaillés (sadisme, mutilations, inceste...), donc à ne pas mettre entre toutes les mains.
Très grand respect à Riad Sattouf qui a le coup d'oeil pertinent, sait garder le recul nécessaire et a le talent de croquer de manière simple et précise tout personnage ou situation. Vraiment remarquable.
Le principe est un peu celui de Les Cahiers d'Esther mais c'est la vie du dessinateur lui-même qui est mise en image donc avec beaucoup plus de réflexion et un cadre géographique beaucoup plus vaste. Comme j'adore les cahiers d'Esther, j'aime l'Arabe du futur. Mais j'ai du mal à supporter la mentalité intransigeante de pas mal de personnages. Riad Sattouf détaille très bien le problème de l'enracinement profond de mentalités et arrive à se mettre dans la tête de l'autre. Mais rien à faire, les fondamentalismes et la bêtise humaine ça ne passe pas du tout chez moi lorsqu'ils sont ancrés dans le réel et gâchent toute lecture.
Je pense que la série vaut 4 mais en raison du malaise évoqué, je lui donnerais 2. Poire coupée en 2, cela fait 3.
Un énième album sur Jack L’Éventreur et ses crimes, qui choisit de balancer un coupable original (il faut dire que le nombre de suspects plus ou moins fantaisistes est plutôt important, ne serait-ce qu’en BD !). Un suspect déjà répertorié à l’époque, mais sans suite réelle.
Pour le reste, c’est moins original, mais ça se laisse lire facilement et agréablement. Les décors sont bien reconstitués, la narration est bien menée, et le dessin de Blasco-Martinez est plutôt chouette (et j’ai aussi bien aimé sa colorisation) : tout ceci fait que sur un canevas déjà-vu, on ne s’ennuie pas, et on a plaisir à suivre cette affaire (si le terme plaisir n’est pas maladroit ici).
Le départ et la chute de l’intrigue, se déroulant à notre époque, pour expliquer comment sont retrouvés les indices qui mènent vers le coupable désigné, sont eux-aussi plutôt bien construits, ça ne fait pas trop artificiel.
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20 000 lieues sous les mers
Parmi les nombreuses adaptations des romans de Jules Verne, celle-ci s’en tire très honorablement. En effet, Gianni a réussi en une cinquantaine de pages à bien restituer l’intrigue, les « coupures » n’ayant pas vraiment été dommageables (même si la puissance d’évocation, le merveilleux onirique qui imprègne le roman d’origine est difficilement transposable hors d’un livre – la version filmée de Disney, une fois n’est pas coutume, m’avais laissé de bons souvenirs). Le récit est donc sans surprise pour qui connait la trame du roman, mais c’est une lecture agréable. D’autant plus que le dessin de Gianni accompagne très bien l’histoire. Il a fait le choix de coller un maximum au rendu des gravures des éditions Hetzel, ce qui est judicieux. Le côté un peu désuet, « vieillot » qui s’en dégage est raccord avec ce récit d’aventures d’un autre temps. Un récit simple, mais efficace, qui plaira à un marge lectorat.
Fausses pistes
Je suis resté un chouia sur ma faim par rapport à mes attentes. Mais ne chipotons pas, cet album est d’une lecture agréable. Le principal reproche que je pourrais lui faire est de ne pas avoir su choisir un angle d’attaque clair, entre humour et aventure, entre caricature loufoque et réalisme classique. Tiraillé entre ces influences, le scénario perd un peu le fil sur la fin je trouve. Mais pour le reste, c’est vraiment une lecture sympathique. Des personnages assez typés, quelques répliques amusantes et/ou bien senties (sur le tourisme, l’aventure de bobos, la société américaine, le déboulonnage de certains héros de la conquête de l’Ouest, le sort des Indiens, etc.), on a là un petit cocktail prometteur. La narration est assez fluide, même si, comme je l’ai dit, à partir de la prise d’otages dans le désert, j’ai trouvé que Duhamel laissait trop son scénario partir en vrille. Le dessin est fluide et agréable, avec une colorisation un peu outrancière, mais l’ensemble rend bien les paysages de Monument Valley.
Aux portes du palais - Comment les idées d'extrême droite s'installent en France
Une autre enquête issue de La revue dessinée. Si certains propos sont un peu datés (l'album est sorti avant les présidentielles de 2022), le sujet de l'extrême-droite qui s'installe durablement en France et qui influence les autres partis reste malheureusement un sujet d'actualité vu ce qui arrive depuis la réélection de Macron. Si ça continue comme ça, en 2027 la dédiabolisation de Marine Le Pen sera complète et on votera pour elle pour barrer la route à des gens qui ont un discours pire qu'elle. On ne parlera pas seulement de la banalisation du discours de l'extrême-droite. Les auteurs montrent aussi que le parti de Le Pen est au final un parti comme les autres au niveau des magouilles financières, détruisant l'image de parti propre que le RN projette sur une partie de l'électorat. On voit aussi que malgré des succès électoraux, Le Pen a toujours du mal pour trouver des candidats (mention spéciale pour la femme noire avec laquelle Le Pen s'affiche pour montrer qu'elle est ouverte et moderne jusqu'à ce qu'on apprenne que la candidate en question est mythomane et avait bidonné son cv) et aussi à retenir les élus RN vu qu'une partie finissent leur mandat chez d'autres partis ! Bref, il y a encore de l'incompétence chez le RN et j'avoue que c'est ce qui m'a le plus surpris en lisant l'album. Tout n'est pas parfait dans cet album. La narration manque vraiment de dynamisme. C'est pas très passionnant à lire même si le sujet me passionne ! Je trouve aussi que c'est un peu trop orienté politiquement. Je ne veux pas trop m'avancer sur le sujet pour ne pas que mon avis devienne un éditorial politique, mais je vais donner l'exemple qui m'a le plus choqué : on dit que le mouvement Black Live Matter a été créé en réaction à l'élection de Trump alors que le mouvement a été créé en 2013 sous le second mandat d'Obama. Malgré quelques détails énervants, cela reste un documentaire à lire si on s'intéresse ne serait-ce qu'un peu à la politique.
Le Garage hermétique (Major Fatal)
Le type même de série qui ne pourra jamais faire concensus: un dessin d'exception pour un récit improvisé. Ce qu'offrait donc Métal Hurlant dans ses belles années. On y trouve des éléments du futur L'Incal, on y retrouve des ambiances de Bilal façon Mémoires d'outre-espace, on y sent les postures qu'il développera chez Marvel, c'est hyper intéressant à feuilleter, j'ai remarqué un personnage en costume singulier repiqué dans Lastman. Et il y a sans aucun doute des dizaines d'autres détails ayant sans doute inspirés nombre d'illustrateurs. Mais à lire, c'est une autre paire de manches! On pense saisir quelque chose et quelques pages après, finalement non on capte rien. C'est un délire d'auteur sous stupéfiants qui le partage avec ses lecteurs et c'est effectivement stupéfiant. Une compilation d'excercies de style offerte au grand public. En fait, ces histoires sont indigestes mais la magie opère: garage hermétique, major Grubert, le Ciguri... un univers incohérent vous ouvre ses portes pour mieux les claquer dans votre pif à votre arrivée.
Tu sais ce qu'on raconte...
Voilà un album relativement original, et un peu casse-gueule dans son procédé de narration. Mais finalement cela fonctionne, et finit par constituer le principal intérêt de l’histoire. Le principe de base est pourtant assez simple. Nous suivons la circulation d’une information de bouches à oreilles, comment les rumeurs s’emballent, se nourrissent de vent, deviennent la réalité, et comment tout ça finit par tourner en boucle, chaque habitant de la petite ville dans laquelle se situe cette « intrigue » ayant forcément son ou ses mots à dire. Au départ j’ai eu un peu de mal, car, outre le fait que c’est un peu statique (seuls les lieux changent), je trouvais un peu bizarre que les phrases se poursuivent d’une personne à l’autre (pourtant éloignées les unes des autres). Mais finalement ça passe, et on suit donc ce flot de paroles, dans lequel chacun des protagonistes glisse son fiel ou ses préjugés, sa curiosité mal placée, etc. Une petite curiosité à découvrir – sans en attendre trop quand même.
Titeuf
Avis tardif après la lecture toute récente du tome 17 La Grande Aventure. Titeuf était une série sympathique : grâce au style arrondi et dynamique de Zep (me plaisant autrement plus que le -selon moi- désagréable style visuel de Cédric), grâce à quelques tournures de langage amusantes, à des gags relativement modernes (Boule & Bill évoque un contexte moins concret aujourd'hui) sans être trop graveleux ou gras (au contraire du Petit Spirou tombant fréquemment dans ce travers). Le charme s'estompe progressivement, les 6 premiers tomes se révélant indéniablement meilleurs que les suivants. Mais les précautions de Zep pour se renouveler (passage aux histoires complètes peu après), ou le souhait de ne pas se précipiter pour sortir un nouvel album par an quand bien même ceux-ci sont attendus et des succès en librairie, méritent d'être notés. La redondance est présente au fur et à mesure des tomes, les expressions avec le mot "slip" étant trop régulières pour faire encore mouche, mais l'on apprécie toujours certains gags et l'on se remémore plaisamment ceux osés des premiers tomes sur des thématiques sociétales (chômage, racisme, homosexualité, sida...). Exceptée la série Ernest & Rebecca, qui sur un ou peut-être deux tomes est parvenue à élever plus encore le niveau, il me semble possible de considérer Titeuf comme ce qui se fait de mieux sur la thématique encombrée de l'enfant faisant des bêtises. Un petit 3/5 plutôt qu'un trop sévère 2/5.
Morbius - L'intégrale
Je commence à en avoir marre que Panini sorte des intégrales avec du matériel déjà vu dans d'autres intégrales. Je comprends qu'on mette la première apparition de Morbius dans Spider-Man afin que les lecteurs découvrent le personnage, mais est-ce bien nécessaire de mettre toutes ses apparitions dans d'autres titres ? J'ai même pas lu la seconde intégrale et pourtant on peut dire que j'ai déjà lu la moitié de cet album à cause des numéros de Spider-Man et She-Hulk qui sont disponibles dans leurs propres intégrales qui coûtent quand même cher. Un truc rigolo est que lorsque Morbius fait référence à ses origines, on nous dit d'aller voir l'intégrale Spider-Man de 1971. Ils sont même pas capable chez Panini de changer une note de bas de page. Morbius est un personnage que j'avais surtout aperçu dans l'univers de Spider-Man (notamment dans le dessin animé des années 90) et j'avais une opinion neutre sur lui même si j'aime bien son design. Je le déteste pas, mais je l'adore pas non plus. En plus des apparitions dans d'autres titres, cette intégrale contient deux séries qui mettaient en vedette Morbius dans les années 70, lorsqu'il y a eu un petit retour des comics d'horreur. Ce qui est intéressant, c'est qu'une série est un comics book 'normal' alors qu'une autre paraissait dans un des magazines en noir et blanc que Marvel publiait à l'époque et comme les magazines n'étaient pas sous le coup du Comics Code Authority, le ton était plus adulte que ce que l'on voyait dans les comics. Des deux séries j'ai surtout aimé le comics book Fear. La plupart des numéros présents dans la première intégrale sont écrits par un Steve Gerber en pleine forme. On retrouve son goût pour les personnages bizarres et il écrit une histoire en plusieurs numéros avec plein de concepts bien étranges et qui pourtant marchent. Il faut dire qu'il n'utilise pas l'humour lourd qu'il va employer par la suite avec Howard the duck. Tout est pris au sérieux et son imagination débordante rend le tout prenant. Dommage que ça soit pas lui qui conclut cette saga, qui se termine de manière un peu confuse. Une bonne idée est que dans ce récit Morbius se retrouve pris entre deux fractions qui ont toutes les deux des solutions horribles pour le sort de l'humanité alors qu'un scénariste plus paresseux aurait juste fait une histoire avec un camp de méchants et un autre un camp de gentils et l'anti-héros Morbius qui aide ces derniers. Quant aux récits parus dans le magazine Vampire Tales, et ben pour mon plus gros malheur le scénariste de la majeure partie des récits est Don McGregor ! C'est pas que le scénariste soit nul pour trouver des bonnes idées (quoiqu'ici on dirait qu'il y a un méchant sataniste à chaque coin de rue, ça devient fatiguant à la longue), mais son style est très verbeux, même pour l'époque. Sa spécialité est la narration qui décrit tout ce que ressentent et pensent les personnages. Ça marche pour un roman, mais dans un médium avec du visuel, il me semble qu'une partie du travail du dessinateur est de montrer les émotions des personnages. J'ai rien contre les narrations descriptives, mais quand il y en a dans pratiquement chaque case cela devient juste lourd à lire. De plus, le récit est plus orienté dans du fantastique classique, il y a moins de surprise comme dans les récits de Gerber qui mélangeaient bien le fantastique et la science-fiction. Pour ce qui est du personnage de Morbius lui-même, je suis toujours neutre à son sujet. Le fait qu'il soit devenu un vampire à cause d'une expérience scientifique le rend un peu intéressant car il n'a pas toutes les caractéristiques du vampire classique (par exemple si le soleil l'incommode, cela ne le tue pas) et il est une figure tragique, contrairement au Dracula de Marvel qui est juste méchant, sauf que Morbius marche moyennement comme figure tragique parce qu'il passe son temps à tuer ses victimes pour boire leur sang et le pire est qu'il n'a même pas besoin de tuer, c'est juste que le pauvre sait pas se retenir et il finit pas tuer des gens alors qu'il pouvait juste prendre un peu de leur sang, c'est trop triste. Sinon, on va avoir droit à plein de dessinateurs et la plupart sont très bons, notamment ceux qui dessinent en noir et blanc. Le seul que je n'aime pas trop est Gil Kane. Je sais qu'il a des fans, mais je trouve son trait trop daté. Il y aussi le dessin de Frank Robbins qui est daté, mais son style bizarre (on dirait presque du cartoon) a un certain charme et va très bien pour illustrer les aventures plus étranges de Morbius. Au final, une autre intégrale avec des récits inégaux et je propose plus un emprunt.
La Caste des Méta-barons
Ça c'est du spin off! D'un personnage secondaire de l'incontournable Incal, Jodorowski en a tiré une série faisant presque partie des incontournables SF. Sans doute grâce aux pinceaux de Gimenez qui nous a offert des couvertures magnifiques, des décors stellaires de toute beauté et des doubles-pages épiques. Le récit est prenant mais malheureusement tourne en boucle au bout de quelques tomes. Oui c'est le principe même des passages de génération des Méta-Barons et puis les titres des albums annoncent (presque) clairement le nombre de tomes restants. Mais là on entend parfois le tiroir-caisse tinter pour le scénariste qui est en mode automatique pendant que le dessinateur s'échine à continuer de fournir un travail de qualité. Attention aux âmes sensibles, tous les thèmes chers à Jodo y sont détaillés (sadisme, mutilations, inceste...), donc à ne pas mettre entre toutes les mains.
L'Arabe du futur
Très grand respect à Riad Sattouf qui a le coup d'oeil pertinent, sait garder le recul nécessaire et a le talent de croquer de manière simple et précise tout personnage ou situation. Vraiment remarquable. Le principe est un peu celui de Les Cahiers d'Esther mais c'est la vie du dessinateur lui-même qui est mise en image donc avec beaucoup plus de réflexion et un cadre géographique beaucoup plus vaste. Comme j'adore les cahiers d'Esther, j'aime l'Arabe du futur. Mais j'ai du mal à supporter la mentalité intransigeante de pas mal de personnages. Riad Sattouf détaille très bien le problème de l'enracinement profond de mentalités et arrive à se mettre dans la tête de l'autre. Mais rien à faire, les fondamentalismes et la bêtise humaine ça ne passe pas du tout chez moi lorsqu'ils sont ancrés dans le réel et gâchent toute lecture. Je pense que la série vaut 4 mais en raison du malaise évoqué, je lui donnerais 2. Poire coupée en 2, cela fait 3.
L'Homme de l'Année - 1888
Un énième album sur Jack L’Éventreur et ses crimes, qui choisit de balancer un coupable original (il faut dire que le nombre de suspects plus ou moins fantaisistes est plutôt important, ne serait-ce qu’en BD !). Un suspect déjà répertorié à l’époque, mais sans suite réelle. Pour le reste, c’est moins original, mais ça se laisse lire facilement et agréablement. Les décors sont bien reconstitués, la narration est bien menée, et le dessin de Blasco-Martinez est plutôt chouette (et j’ai aussi bien aimé sa colorisation) : tout ceci fait que sur un canevas déjà-vu, on ne s’ennuie pas, et on a plaisir à suivre cette affaire (si le terme plaisir n’est pas maladroit ici). Le départ et la chute de l’intrigue, se déroulant à notre époque, pour expliquer comment sont retrouvés les indices qui mènent vers le coupable désigné, sont eux-aussi plutôt bien construits, ça ne fait pas trop artificiel. Un bon millésime de cette collection globalement inégale.