Une belle claque ! Cette BD philosophico-historico-politique décante lentement après une première approche, puis se livre peu à peu. Que de symboles, de références dans ces deux tomes plus qu'étonnants et qui n'ont pas terminé de me surprendre ! J'admire la profondeur, la recherche, la réflexion, l'engagement et la construction de cet ouvrage. Et le graphisme d'Yslaire tellement adéquat au contenu. Hors normes, à tous les niveaux.
Avec la publication de ce genre d'album, on sent que Paquet a une réelle volonté de vouloir se démarquer de la production habituelle. Après avoir lu cette bd, je peux en conclure que l'éditeur suisse a vraiment fait le bon choix .
"Mariée par Correspondance" est une vraie réussite graphique et scénaristique. L'auteur, Mark Kalesniko, nous offre une histoire de toute beauté où on est touché par un scénario qui est développé sans fioriture mais non dénué de poésie. Kyung, une jeune coréenne, est venue au Canada pour se marier avec un illustre inconnu, Monthy.
A travers cette union, la jeune fille va découvrir la vie à l'occidentale. Ce couple aux relations houleuses est avant tout le centre d'intérêt du récit, et on suit leur parcours à travers leurs joies et surtout leurs disputes. Pas évident d'aimer quelqu'un que l'on connaît à peine. De plus, un manque d'affinité flagrant ne fera qu'accentuer l'ennui de leurs relations. Pourtant, nous, en tant que lecteur, on ne peut s'empêcher de les aimer, car leurs personnalités sont très attachantes. Monthy, un grand garçon timide qui refuse de vieillir et elle, qui est belle comme le jour et avide de connaissances et de découvertes. Pourtant, envers et contre tout, on se rend vite compte que nos deux héros ne font qu'un, et plus on avance dans l'histoire, plus ce sentiment se confirme. Les personnages secondaires dont certains sont assez proches de la caricature, sont également très convaincants. J'ai beaucoup aimé la manière subtile avec laquelle l'auteur nous décrit l'amitié entre Kyung et Eve. Cette dernière aura d'ailleurs un rôle important dans l'évolution de l'histoire.
Niveau dessin, le graphisme de Kalesniko est très convaincant. Je ne suis pas un connaisseur, mais je pense que l'auteur travaille à la plume et à l'encre.
Grâce à cela, les contrastes entre le noir et le blanc sont très beaux. Les traits des personnages sont très expressifs. J'ai adoré par exemple l'évolution du visage de Kyung quand Eve lui annonce qu'elle se marie (page 222 --> 225). Développé en trois étapes, on commence par l'étonnement, puis le désarroi, en terminant par la colère. Cette scène en question est remarquable. De plus, elle reflète très bien le potentiel graphique du dessinateur.
Grâce à ce one-shot, j'ai découvert un nouveau talent. J'en suis ravi.
Cet album est vraiment indispensable.
A lire sans hésitation !!!
Une BD qui mettra peut-être un peu de temps à trouver son public, mais qui vaut le détour.
C'est mon "coup de coeur" du moment. Une BD tout à fait attachante et originale.
Pourquoi ?
La gageure était de transposer en BD un scénario initialement écrit pour le cinéma.
Les auteurs y sont arrivés : le résultat est une BD tout à fait originale, attachante qui traverse l'histoire du 20ème siècle, mais surtout qui restitue remarquablement les caractères des personnages. Quelle lisibilité ! Quels dialogues ! Quelle précision dans les décors ! La recherche historique des détails et événements est remarquable.
Le classicisme du dessin est enrichi de multiples originalités qui enchantent tout au long de la lecture.
C'est une excellente BD : à lire, et pas uniquement pour les amateurs d'un bon "Lelouch".
Voilà un manga qui sort vraiment des sentiers battus. "Ki-itchi" est aussi original que dérangeant.
Une bonne série qui stigmatise la société japonaise. Déja vu ? Certes, mais pas sûr que ce soit aussi bien fait et abouti qu'ici. En effet "Ki-itchi" est un enfant que l'on peut à première vue qualifier de "normal", seulement problème : il ne parle quasiment jamais et sa seule manière d'expression est de s'opposer avec violence contre toute forme d'injustice.
Les enfants n'étant pas des êtres particulièrement retors, Ki-itchi s'expose souvent à des quolibets dûs à son comportement explosif. De ce fait, son entourage proche, ses parents, leurs amis et ses instituteurs(trices), est souvent désemparé, et l'on sent bien que tout le monde se demande à demi-mot si cet enfant est "normal".
J'en suis à quatre tomes de cette histoire et je vais laisser de nombreux évènements sous silence. Ce que je peux dire, c'est que Ki-itchi fait un sacré bout de chemin, a de nombreuses rencontres plus ou moins heureuses, et je conseille franchement de l'accompagner en lecture, ça vaut le détour. Certaines classes de la sociétée nippone, quasi occultées d'habitude, sont ici représentées avec justesse, et ça aussi c'est une valeur ajoutée non négligeable.
En ce qui concerne les dessins de cette série, ils sont corrects sans plus. Par contre, je pense qu'un effort de laideur a été accompli sur les personnages. Ki-itchi est par exemple d'une laideur repoussante mais il n'en est pas moins attachant...
Moi, en tout cas, j'ai adoré cette BD et je la recommande sans détours. Attention cependant, à réserver à un "vrai" public adulte.
C'est sûr que c'est pas évident de donner son avis ici.
Le dessin assez particulier donne beaucoup de mouvement et de vie au récit même s'il ne plaira certainement pas aux personnes qui préfèreront des dessins plus léchés. Néanmoins je l'ai trouvé bien réussi dans son genre, j'aime voir nettement les coups de crayons comme ici, c'est brut et c'est voulu.
Mais ce qui m'a beaucoup plus c'est l'atmosphère qui se dégage du récit. On sent la guerre, on ressent sa présence, mais au final on ne la voit presque pas, si ce n'est des immeubles détruits. Pas de morts, pas de fusillades, rien de tout cela. De l'humour, de l'amitié, une bonne fin, j'ai juste trouvé que les différents groupes armés étaient peut-être un peu caricaturés, mais bon avec le bordel que c'est au Liban c'est dur de retranscrire la situation avec précision.
Un beau témoignage d'une guerre trop vite oubliée.
Je lui mets quand même 4 étoiles, même si on ne peut pas dire que "Cauchemar américain" revisite le genre des thrillers. Ça m'a un peu fait penser à "Fargo", peut-être parce que je l'ai vu vendredi dernier.
L'histoire est en effet classique si on peut dire, avec un enlèvement suivi d'une demande de rançon et un rebondissement à la fin, plusieurs même.
Mais le tout est habilement construit, mettant en parallèle plusieurs personnages qui vont finir par se croiser. Les caractères sont pour certains volontairement caricaturaux de la société américaine, qui est loin d'être un rêve selon son auteur.
De plus, le dessin est plutôt bon, un beau noir et blanc, beaucoup d'encrages.
Un thriller efficace, et moi j'aime bien.
Dans la série "je-rattrape-mon-retard-de-lecture-de-plusieurs-mois", voici "Akira". Et c'est génial, comme il fallait s'y attendre.
On suit les aventures de Kaneda et Tetsuo, anciens amis devenus ennemis quand le deuxième développe ses pouvoirs et peut enfin s'affirmer. Et puis vient Akira, qui donne son nom à la série. C'est une espèce de gamin énigmatique qui doit dire trois mots en tout, mais capable de ravager la planète.
Bref l'histoire peut se résumer à une lutte entre le "bien" et le "mal", des pouvoirs, de l'amour, de la haine, des motos... :)
Même si le tout peut parfois paraître un peu longuet sur la fin, on suit la série avec plaisir et l'envie de voir la suite. Le tout amène quand même à réfléchir sur l'homme, la guerre ou encore le pouvoir de la science quand on joue à l'apprenti sorcier.
Je dois avouer que je n'ai pas trop aimé la toute fin. J'ai trouvé ça en complet décalage avec les événements qui venaient de se produire à Néo-Tokyo.
Enfin, en tout cas, j'ai préféré cette histoire à Dômu - Rêves d'enfants, une autre oeuvre antérieure de l'auteur, un peu similaire dans l'idée, mais dans laquelle rien n'est expliqué. Un seul tome était peut-être un peu juste pour cette série.
Les dessins sont tout bonnement incroyablement détaillés, précis et réalistes, et de manière égale sur toute la série, sachant que c'est quand même une saga de plus de 2000 pages.
Un petit mot sur le sens de lecture à l'occidentale, ce qui provoque un problème de bras gauche/bras droit pour Tetsuo entre autres. C'est bien dommage, mais sinon l'édition - pour ma part en noir & blanc - me paraît de bonne facture (grand format, pages couleurs au début etc.).
Bref, une des grandes oeuvres de la bande dessinée de science-fiction, et maintenant je vais pouvoir regarder le film dans la semaine. :)
Je vais peut-être paraître généreux comparé aux BDs du même genre, mais j'ai trouvé Gibier de Potence vraiment excellent, et je m'étonne d'ailleurs un peu des précédents avis moyens.
Tout d'abord le scénario. Evidemment, il n'innove pas vraiment en la matière. Néanmoins, l'histoire des différents protagonistes est intéressante et s'approfondit au fur et à mesure qu'on avance et cela donne de la consistance à cette BD qui joue surtout sur cela (histoire entre Cooper et Granger, William l'adolescent, Lopeman que l'on découvre dans le tome 3...).
Evidemment, il y a un fil conducteur à cette pléthore de personnages, plutôt artificiel dans le premier cycle, mais déjà plus intéressant dans le premier album du second cycle, où le suspense est bien présent et où des alliances infortunées se créent... laissant augurer un quatrième tome des plus intéressants.
Pour ma part, j'ai adoré les graphismes de cette série, je trouve que c'est son point fort.
Delcourt nous livre une fois de plus une BD de très bonne qualité.
Le dessin, sans être exceptionnel, est assez particulier, "imprécis" et anguleux, il dégage une impression de réalisme pour les personnages. Les paysages sont eux magnifiquement représentés.
La colorisation fait une grosse partie du travail. Elle joue sur les ombres et lumières, les dégradés de couleurs et les camaïeux pour accentuer ce réalisme. Ainsi, les décors des Etats-Unis de l'époque sont vraiment, je trouve, magnifiques (notamment dans le tome 2).
Enfin, un cadrage et une mise en page qui collent bien : le découpage des cases, l'alternance des évènements, qui décrivent au mieux les nombreuses scènes d'action.
J'ai réellement été charmé par cette BD, autant par l'histoire que par le dessin, et je ne peux que vivement la conseiller. ;)
J'attends avec impatience le tome 4 !
Une BD violente (on se répète), mais qui a suffisamment d'avantages pour dépasser ce cadre.
Alors suivons donc l'histoire de Ryo Narushima. Le point de départ est brutal, il assassine ses propres parents. A ce moment là, il a 16 ans et est un adolescent plutôt calme, "tout ce qu'il y a de plus normal".
Entrée en maison de correction : pour un enfant plutôt frêle, brimades physiques et persécutions insoutenables vont, à défaut de tuer Ryo, le transformer en une machine à combattre, son outil sera le Karaté, "son Karaté".
Après bien des évènements, nous suivrons les traces de Ryo avec ses amis qu'on ne voudrait connaître pour rien au monde, mais aussi ses doutes, et ses erreurs aussi fréquentes qu'impardonables. Il ne trouvera ni paix ni rédemption, il ne les cherche d'ailleurs pas.
Ryo Narushima veut briller et son seul moyen d'y arriver : vaincre son anathème. Et là, on se pose des questions, car bien que Ryo soit incontestablement mauvais, il est loin d'être le seul, et même si ses motivations et surtout les moyens qu'il met en oeuvre pour arriver à ses fins ont de quoi révulser, il paraît presque sympathique et (il l'est incontestablement) attachant.
Son envie irrépressible de vaincre lui fait même oublier ses priorités (Il avait une jeune soeur au moment où il a tué ses parents), et le fait que nombre de gens se dévouent à sa cause, même si tous ne sont pas désintéressés, lui semble naturel ou pire : acquis.
Bon, tout ça pour dire que « Coq de combat » ne se limite pas à être un truc ultraviolent ou une BD de baston débile, où le type s'entraîne un volume entier pour foutre une rouste à son adversaire grâce à une super technique cachée dont tout le monde se fout (genre « Tough »).
En plus, l'auteur est pervers avec son personnage. Ici, pas question de se dire « oui mais Ryo même si c'est un pourri et bien il s'entraîne dur et à l'ancienne ». Chose qui pourrait lui apporter certes un coté honorable. Mais non, Ryo s'entraîne dur c'est vrai, mais il ne respecte aucune règle, n'hésite pas à tricher, insulte copieusement son maître, et, cerise sur le gâteau : il va même jusqu'à prendre certains produits...
Bref, pour l'instant, je suis plutôt pour « Coq de combat », d'autant plus que le dessin s'améliore au fil des tomes (même si pour les visages il y a de nombreux sosies) et que les scènes de combats sont pures et sans artifices.
Je finis quand même avec mes réserves : une petite vingtaine de volumes au Japon, il y en a 9 en France et l'histoire est à son apogée... Alors faudrait pas tomber dans le remplissage inutile non plus. Autre contrariété : les volumes sont très vite lus et ont des fins bien frustrantes. De plus, les compléments d'infos à la fin ont disparu au profit de la réclame.
A acheter en étant conscient(e) que ce n'est pas une BD tout public et qu'elle n'est pas exempte de défauts. A suivre...
19/09/05:
Je viens de lire le tome 12 et franchement je ne suis pas déçu, la baisse d'intêret que j'avais senti dans les tomes 6 à 8 est bel et bien oubliée. Ryo retrouve du mordant et un vrai but, à partir du tome 10 l'interêt redecolle et le "dépassement de soi" redevient le moteur de l'histoire. Le coq de combat nous frappe au ventre et devient grand. Ryo a réussi à briser les normes!
Cet album fait ressortir de façon étonnante la différence entre une autobiographie et un carnet de voyages. Là où l'un est (de façon caricaturale) très introspectif ("centré sur le nombril de l'auteur" diront certains), l'autre est nettement plus tourné vers l'extérieur. C'est en quelque sorte le monde qui agit sur la personne pour la changer, et le récit de ce changement n'est nullement égocentrique.
"Clichés Beyrouth 1990", non seulement c'est un carnet de voyages, mais en plus c'est raconté de telle sorte qu'à chaque instant on se croit presque dans un récit de pure fiction. On est balloté entre la véracité de l'histoire et sa dimension franchement ludique. Car le sujet a beau être assez grave (Beyrouth, la guerre, le malheur des gens qui subissent cette guerre), les passages humoristiques sont assez nombreux.
Le traitement de l'histoire est en fait réellement original, et particulièrement prenant. Difficile de décrire cette impression, mais cet album est assez unique parmi ce que j'ai pu lire jusqu'à présent, et il est littéralement envoutant ! L'équilibre de la narration est proprement incroyable, et le dessin de Christophe Gaultier (qui ne plaira sûrement pas à tout le monde au premier abord) est un petit bijou de justesse.
Il ressemble par certains côtés au Photographe, même si le traitement n'a rien à voir. Mais si vous avez apprécié l'un, vous risquez fort de complètement succomber sous le charme de l'autre.
Ca fait des jours que je me demande quoi dire sur cet album et je n'ai toujours pas trouvé les mots, à part "Lisez-le" évidemment. :) Sérieusement, c'est un des meilleurs albums que j'ai lu depuis longtemps, ce serait vraiment dommage de passer à côté.
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XXe ciel.com
Une belle claque ! Cette BD philosophico-historico-politique décante lentement après une première approche, puis se livre peu à peu. Que de symboles, de références dans ces deux tomes plus qu'étonnants et qui n'ont pas terminé de me surprendre ! J'admire la profondeur, la recherche, la réflexion, l'engagement et la construction de cet ouvrage. Et le graphisme d'Yslaire tellement adéquat au contenu. Hors normes, à tous les niveaux.
Mariée par correspondance
Avec la publication de ce genre d'album, on sent que Paquet a une réelle volonté de vouloir se démarquer de la production habituelle. Après avoir lu cette bd, je peux en conclure que l'éditeur suisse a vraiment fait le bon choix . "Mariée par Correspondance" est une vraie réussite graphique et scénaristique. L'auteur, Mark Kalesniko, nous offre une histoire de toute beauté où on est touché par un scénario qui est développé sans fioriture mais non dénué de poésie. Kyung, une jeune coréenne, est venue au Canada pour se marier avec un illustre inconnu, Monthy. A travers cette union, la jeune fille va découvrir la vie à l'occidentale. Ce couple aux relations houleuses est avant tout le centre d'intérêt du récit, et on suit leur parcours à travers leurs joies et surtout leurs disputes. Pas évident d'aimer quelqu'un que l'on connaît à peine. De plus, un manque d'affinité flagrant ne fera qu'accentuer l'ennui de leurs relations. Pourtant, nous, en tant que lecteur, on ne peut s'empêcher de les aimer, car leurs personnalités sont très attachantes. Monthy, un grand garçon timide qui refuse de vieillir et elle, qui est belle comme le jour et avide de connaissances et de découvertes. Pourtant, envers et contre tout, on se rend vite compte que nos deux héros ne font qu'un, et plus on avance dans l'histoire, plus ce sentiment se confirme. Les personnages secondaires dont certains sont assez proches de la caricature, sont également très convaincants. J'ai beaucoup aimé la manière subtile avec laquelle l'auteur nous décrit l'amitié entre Kyung et Eve. Cette dernière aura d'ailleurs un rôle important dans l'évolution de l'histoire. Niveau dessin, le graphisme de Kalesniko est très convaincant. Je ne suis pas un connaisseur, mais je pense que l'auteur travaille à la plume et à l'encre. Grâce à cela, les contrastes entre le noir et le blanc sont très beaux. Les traits des personnages sont très expressifs. J'ai adoré par exemple l'évolution du visage de Kyung quand Eve lui annonce qu'elle se marie (page 222 --> 225). Développé en trois étapes, on commence par l'étonnement, puis le désarroi, en terminant par la colère. Cette scène en question est remarquable. De plus, elle reflète très bien le potentiel graphique du dessinateur. Grâce à ce one-shot, j'ai découvert un nouveau talent. J'en suis ravi. Cet album est vraiment indispensable. A lire sans hésitation !!!
Toute une vie
Une BD qui mettra peut-être un peu de temps à trouver son public, mais qui vaut le détour. C'est mon "coup de coeur" du moment. Une BD tout à fait attachante et originale. Pourquoi ? La gageure était de transposer en BD un scénario initialement écrit pour le cinéma. Les auteurs y sont arrivés : le résultat est une BD tout à fait originale, attachante qui traverse l'histoire du 20ème siècle, mais surtout qui restitue remarquablement les caractères des personnages. Quelle lisibilité ! Quels dialogues ! Quelle précision dans les décors ! La recherche historique des détails et événements est remarquable. Le classicisme du dessin est enrichi de multiples originalités qui enchantent tout au long de la lecture. C'est une excellente BD : à lire, et pas uniquement pour les amateurs d'un bon "Lelouch".
Ki-itchi
Voilà un manga qui sort vraiment des sentiers battus. "Ki-itchi" est aussi original que dérangeant. Une bonne série qui stigmatise la société japonaise. Déja vu ? Certes, mais pas sûr que ce soit aussi bien fait et abouti qu'ici. En effet "Ki-itchi" est un enfant que l'on peut à première vue qualifier de "normal", seulement problème : il ne parle quasiment jamais et sa seule manière d'expression est de s'opposer avec violence contre toute forme d'injustice. Les enfants n'étant pas des êtres particulièrement retors, Ki-itchi s'expose souvent à des quolibets dûs à son comportement explosif. De ce fait, son entourage proche, ses parents, leurs amis et ses instituteurs(trices), est souvent désemparé, et l'on sent bien que tout le monde se demande à demi-mot si cet enfant est "normal". J'en suis à quatre tomes de cette histoire et je vais laisser de nombreux évènements sous silence. Ce que je peux dire, c'est que Ki-itchi fait un sacré bout de chemin, a de nombreuses rencontres plus ou moins heureuses, et je conseille franchement de l'accompagner en lecture, ça vaut le détour. Certaines classes de la sociétée nippone, quasi occultées d'habitude, sont ici représentées avec justesse, et ça aussi c'est une valeur ajoutée non négligeable. En ce qui concerne les dessins de cette série, ils sont corrects sans plus. Par contre, je pense qu'un effort de laideur a été accompli sur les personnages. Ki-itchi est par exemple d'une laideur repoussante mais il n'en est pas moins attachant... Moi, en tout cas, j'ai adoré cette BD et je la recommande sans détours. Attention cependant, à réserver à un "vrai" public adulte.
Clichés Beyrouth 1990
C'est sûr que c'est pas évident de donner son avis ici. Le dessin assez particulier donne beaucoup de mouvement et de vie au récit même s'il ne plaira certainement pas aux personnes qui préfèreront des dessins plus léchés. Néanmoins je l'ai trouvé bien réussi dans son genre, j'aime voir nettement les coups de crayons comme ici, c'est brut et c'est voulu. Mais ce qui m'a beaucoup plus c'est l'atmosphère qui se dégage du récit. On sent la guerre, on ressent sa présence, mais au final on ne la voit presque pas, si ce n'est des immeubles détruits. Pas de morts, pas de fusillades, rien de tout cela. De l'humour, de l'amitié, une bonne fin, j'ai juste trouvé que les différents groupes armés étaient peut-être un peu caricaturés, mais bon avec le bordel que c'est au Liban c'est dur de retranscrire la situation avec précision. Un beau témoignage d'une guerre trop vite oubliée.
Cauchemar américain
Je lui mets quand même 4 étoiles, même si on ne peut pas dire que "Cauchemar américain" revisite le genre des thrillers. Ça m'a un peu fait penser à "Fargo", peut-être parce que je l'ai vu vendredi dernier. L'histoire est en effet classique si on peut dire, avec un enlèvement suivi d'une demande de rançon et un rebondissement à la fin, plusieurs même. Mais le tout est habilement construit, mettant en parallèle plusieurs personnages qui vont finir par se croiser. Les caractères sont pour certains volontairement caricaturaux de la société américaine, qui est loin d'être un rêve selon son auteur. De plus, le dessin est plutôt bon, un beau noir et blanc, beaucoup d'encrages. Un thriller efficace, et moi j'aime bien.
Akira
Dans la série "je-rattrape-mon-retard-de-lecture-de-plusieurs-mois", voici "Akira". Et c'est génial, comme il fallait s'y attendre. On suit les aventures de Kaneda et Tetsuo, anciens amis devenus ennemis quand le deuxième développe ses pouvoirs et peut enfin s'affirmer. Et puis vient Akira, qui donne son nom à la série. C'est une espèce de gamin énigmatique qui doit dire trois mots en tout, mais capable de ravager la planète. Bref l'histoire peut se résumer à une lutte entre le "bien" et le "mal", des pouvoirs, de l'amour, de la haine, des motos... :) Même si le tout peut parfois paraître un peu longuet sur la fin, on suit la série avec plaisir et l'envie de voir la suite. Le tout amène quand même à réfléchir sur l'homme, la guerre ou encore le pouvoir de la science quand on joue à l'apprenti sorcier. Je dois avouer que je n'ai pas trop aimé la toute fin. J'ai trouvé ça en complet décalage avec les événements qui venaient de se produire à Néo-Tokyo. Enfin, en tout cas, j'ai préféré cette histoire à Dômu - Rêves d'enfants, une autre oeuvre antérieure de l'auteur, un peu similaire dans l'idée, mais dans laquelle rien n'est expliqué. Un seul tome était peut-être un peu juste pour cette série. Les dessins sont tout bonnement incroyablement détaillés, précis et réalistes, et de manière égale sur toute la série, sachant que c'est quand même une saga de plus de 2000 pages. Un petit mot sur le sens de lecture à l'occidentale, ce qui provoque un problème de bras gauche/bras droit pour Tetsuo entre autres. C'est bien dommage, mais sinon l'édition - pour ma part en noir & blanc - me paraît de bonne facture (grand format, pages couleurs au début etc.). Bref, une des grandes oeuvres de la bande dessinée de science-fiction, et maintenant je vais pouvoir regarder le film dans la semaine. :)
Gibier de potence
Je vais peut-être paraître généreux comparé aux BDs du même genre, mais j'ai trouvé Gibier de Potence vraiment excellent, et je m'étonne d'ailleurs un peu des précédents avis moyens. Tout d'abord le scénario. Evidemment, il n'innove pas vraiment en la matière. Néanmoins, l'histoire des différents protagonistes est intéressante et s'approfondit au fur et à mesure qu'on avance et cela donne de la consistance à cette BD qui joue surtout sur cela (histoire entre Cooper et Granger, William l'adolescent, Lopeman que l'on découvre dans le tome 3...). Evidemment, il y a un fil conducteur à cette pléthore de personnages, plutôt artificiel dans le premier cycle, mais déjà plus intéressant dans le premier album du second cycle, où le suspense est bien présent et où des alliances infortunées se créent... laissant augurer un quatrième tome des plus intéressants. Pour ma part, j'ai adoré les graphismes de cette série, je trouve que c'est son point fort. Delcourt nous livre une fois de plus une BD de très bonne qualité. Le dessin, sans être exceptionnel, est assez particulier, "imprécis" et anguleux, il dégage une impression de réalisme pour les personnages. Les paysages sont eux magnifiquement représentés. La colorisation fait une grosse partie du travail. Elle joue sur les ombres et lumières, les dégradés de couleurs et les camaïeux pour accentuer ce réalisme. Ainsi, les décors des Etats-Unis de l'époque sont vraiment, je trouve, magnifiques (notamment dans le tome 2). Enfin, un cadrage et une mise en page qui collent bien : le découpage des cases, l'alternance des évènements, qui décrivent au mieux les nombreuses scènes d'action. J'ai réellement été charmé par cette BD, autant par l'histoire que par le dessin, et je ne peux que vivement la conseiller. ;) J'attends avec impatience le tome 4 !
Coq de combat
Une BD violente (on se répète), mais qui a suffisamment d'avantages pour dépasser ce cadre. Alors suivons donc l'histoire de Ryo Narushima. Le point de départ est brutal, il assassine ses propres parents. A ce moment là, il a 16 ans et est un adolescent plutôt calme, "tout ce qu'il y a de plus normal". Entrée en maison de correction : pour un enfant plutôt frêle, brimades physiques et persécutions insoutenables vont, à défaut de tuer Ryo, le transformer en une machine à combattre, son outil sera le Karaté, "son Karaté". Après bien des évènements, nous suivrons les traces de Ryo avec ses amis qu'on ne voudrait connaître pour rien au monde, mais aussi ses doutes, et ses erreurs aussi fréquentes qu'impardonables. Il ne trouvera ni paix ni rédemption, il ne les cherche d'ailleurs pas. Ryo Narushima veut briller et son seul moyen d'y arriver : vaincre son anathème. Et là, on se pose des questions, car bien que Ryo soit incontestablement mauvais, il est loin d'être le seul, et même si ses motivations et surtout les moyens qu'il met en oeuvre pour arriver à ses fins ont de quoi révulser, il paraît presque sympathique et (il l'est incontestablement) attachant. Son envie irrépressible de vaincre lui fait même oublier ses priorités (Il avait une jeune soeur au moment où il a tué ses parents), et le fait que nombre de gens se dévouent à sa cause, même si tous ne sont pas désintéressés, lui semble naturel ou pire : acquis. Bon, tout ça pour dire que « Coq de combat » ne se limite pas à être un truc ultraviolent ou une BD de baston débile, où le type s'entraîne un volume entier pour foutre une rouste à son adversaire grâce à une super technique cachée dont tout le monde se fout (genre « Tough »). En plus, l'auteur est pervers avec son personnage. Ici, pas question de se dire « oui mais Ryo même si c'est un pourri et bien il s'entraîne dur et à l'ancienne ». Chose qui pourrait lui apporter certes un coté honorable. Mais non, Ryo s'entraîne dur c'est vrai, mais il ne respecte aucune règle, n'hésite pas à tricher, insulte copieusement son maître, et, cerise sur le gâteau : il va même jusqu'à prendre certains produits... Bref, pour l'instant, je suis plutôt pour « Coq de combat », d'autant plus que le dessin s'améliore au fil des tomes (même si pour les visages il y a de nombreux sosies) et que les scènes de combats sont pures et sans artifices. Je finis quand même avec mes réserves : une petite vingtaine de volumes au Japon, il y en a 9 en France et l'histoire est à son apogée... Alors faudrait pas tomber dans le remplissage inutile non plus. Autre contrariété : les volumes sont très vite lus et ont des fins bien frustrantes. De plus, les compléments d'infos à la fin ont disparu au profit de la réclame. A acheter en étant conscient(e) que ce n'est pas une BD tout public et qu'elle n'est pas exempte de défauts. A suivre... 19/09/05: Je viens de lire le tome 12 et franchement je ne suis pas déçu, la baisse d'intêret que j'avais senti dans les tomes 6 à 8 est bel et bien oubliée. Ryo retrouve du mordant et un vrai but, à partir du tome 10 l'interêt redecolle et le "dépassement de soi" redevient le moteur de l'histoire. Le coq de combat nous frappe au ventre et devient grand. Ryo a réussi à briser les normes!
Clichés Beyrouth 1990
Cet album fait ressortir de façon étonnante la différence entre une autobiographie et un carnet de voyages. Là où l'un est (de façon caricaturale) très introspectif ("centré sur le nombril de l'auteur" diront certains), l'autre est nettement plus tourné vers l'extérieur. C'est en quelque sorte le monde qui agit sur la personne pour la changer, et le récit de ce changement n'est nullement égocentrique. "Clichés Beyrouth 1990", non seulement c'est un carnet de voyages, mais en plus c'est raconté de telle sorte qu'à chaque instant on se croit presque dans un récit de pure fiction. On est balloté entre la véracité de l'histoire et sa dimension franchement ludique. Car le sujet a beau être assez grave (Beyrouth, la guerre, le malheur des gens qui subissent cette guerre), les passages humoristiques sont assez nombreux. Le traitement de l'histoire est en fait réellement original, et particulièrement prenant. Difficile de décrire cette impression, mais cet album est assez unique parmi ce que j'ai pu lire jusqu'à présent, et il est littéralement envoutant ! L'équilibre de la narration est proprement incroyable, et le dessin de Christophe Gaultier (qui ne plaira sûrement pas à tout le monde au premier abord) est un petit bijou de justesse. Il ressemble par certains côtés au Photographe, même si le traitement n'a rien à voir. Mais si vous avez apprécié l'un, vous risquez fort de complètement succomber sous le charme de l'autre. Ca fait des jours que je me demande quoi dire sur cet album et je n'ai toujours pas trouvé les mots, à part "Lisez-le" évidemment. :) Sérieusement, c'est un des meilleurs albums que j'ai lu depuis longtemps, ce serait vraiment dommage de passer à côté.