"SOS bonheur" est vraiment cultissime ! Van Hamme nous propose un scénario original, très bien ficelé et qui fait parfois froid dans le dos. Imaginez une société où "l'Etat-providence" dirige toute votre vie en passant par les vacances nationalisées, la couverture maladie quasi-obligatoire, ultra dictatoriale (sous peine de crever dans votre coin sans aide possible), etc.
Tout d'abord composé de plusieurs récits indépendants, la force de Van Hamme est de nous proposer une fin riche et surprenante (correspondant au 3ème tome) qui recoupe habilement tous les récits précédents. Un album parlant d'une organisation de société possible qui, à bien des égards, n'est pas si éloignée que ça de la réalité.
Côté dessin, Griffo nous propose un style réaliste qui colle bien à l'histoire. Heureusement que ceux-ci s'améliorent au fil des planches car, la mise en couleur n'aidant pas, certains passages ont un peu mal vieilli (Griffo se montrant lui-même, dans la préface, assez critique sur son travail). Mais qu'importe, en réalité, je me suis fait la remarque pendant les toutes premières planches avant d'être totalement absorbé par l'histoire.
Albums à posséder (si le genre vous attire), si possible sous la forme d'intégrale car celle-ci nous propose des commentaires de Van Hamme non dénués d'intérêt et l'histoire prend tout son sens avec le 3ème tome.
Attention, OVNI ! Arthur Qwak nous offre une vraie claque graphique. C'est très original, l'album ne répond à aucune charte graphique prédéfinie... Parfois, c'est sublime, d'autres effets le sont moins, mais dans tous les cas, on ne peut rester indifférent au talent d'innovation de Qwak.
L'histoire est, tout comme les dessins, assez Rock'n Roll. L'histoire de Lola, prostituée professionnelle qui fût enlevée par des extra-terrestres, est intéressante, mais cette histoire est vraiment portée par le style graphique de l'album.
Vraiment, un très bon one-shot qui aurait pu être culte à mes yeux, mais à qui je ne mets que 4/5 pour l'utilisation d'une vulgarité qui ne sert parfois pas l'histoire (parfois, on dit bit., couil..., nich.. un peu gratuitement).
Quel vent de fraîcheur à la lecture de cette bande dessinée tragi-comique. Dans certaines scènes, j'ai retrouvé l'atmosphère du film d'Eric Rochan "un monde sans pitié" (dans les années 90).
Le héros Luc, à la fois pathétique et odieux, est un véritable égoïste romantique, parfaitement ancré dans notre époque. Le dessin simple mais expressif, et le mode narratif choisi, apportent à cette bd un côté très réaliste voire autobiographique.
Incompréhension d'un père et d'un fils, amour d'une mère, parcours d'un trentenaire paumé dans une société trop formatée à son goût, bref une superbe histoire éditée, une fois de plus, par "la boite à bulles". Une très belle découverte, pour moi, en tout cas.
L’histoire est tiré du roman de Tony Hillermann "Là où dansent les morts". Katou n'a fait qu'adapter ce dernier en BD et c'est très bien réussi.
Perso, j'ai eu du mal à me mettre dedans à cause du dessin très détaillé parfois même un peu lourd, mais l'histoire prend vite le dessus et on dévore les deux tomes en une aprem.
Mis à part la fin qui en décevra plus d'un, cette BD nous tient en haleine jusqu'au bout et ça c'est génial.
"Okko", le rônin sans maître …
Hub scénarise, dessine et colorise (aidé de Pelayo pour cette dernière étape). Et c’est franchement une réussite à chaque niveau.
La trame peut se résumer à une quête (chasse) du genre heroic fantasy. Jusque là, rien d’innovant, me direz vous ; mais l’originalité, vient pour moi, du fait que l’aventure se déroule dans un japon médiéval, ce qui met en scène des paysages, des gueules, des costumes, des objets, des coutumes,… encore inédits dans MA bdthèque et laisse donc entrevoir pas mal de singularités et de possibilités. Le petit groupe de chasseurs de démons est composé de Okko, le rônin (samouraï sans maître), de Noburo, le grand guerrier masqué, de Noshin, le moine alcoolique et de Tikku, le petit pêcheur. Le premier cycle (Cycle de l’eau) en deux tomes forme une histoire bien rythmée et très accrocheuse. La série est donc brillamment lancée et j’attends le second cycle (Cycle de la terre) avec impatience.
Les planches sont de vraies petites merveilles pour les yeux et les personnages sont formidablement biens maîtrisés. Les couleurs (informatiques) se marient parfaitement aux dessins, j’aime beaucoup les tons utilisés qui reflètent convenablement l’ambiance en toute simplicité sans non plus tomber dans le côté vulgaire aplat.
Okko est une excellente série qui n’est pas loin de mériter ces 5 étoiles, affaire à suivre…
C’est sous une couverture inédite que j’ai découvert le testament de Sibérie, initialement paru en 1974 et réédité par les éditions « des ronds dans l’O » et par François Boudet.
On a souvent reproché à René Follet de ne pas s’attacher les services d’un scénariste digne de son talent. On a vu précédemment le malheureux désastre du tome 2 de Terreur (avec André- Paul Duchâteau au scénario) et plus récemment Shelena de Jéromine Pasteur, qui ne m’a guère convaincu non plus. Pourtant en aucun cas le dessin de René Follet était en cause, au contraire, il était le principal atout de ces bandes-dessinées.
Ici, un scénario simple mais efficace, une course poursuite dans les steppes enneigées de Sibérie, une histoire d’amitié de vengeance, un monde viril dans une nature hostile, le tout magnifiquement mis en image par René Follet.
Tout au long de l’histoire, des personnages tout en couleur (je pense notamment à Stepim), assez stéréotypés tout de même (par exemple, Vassili, l’archétype du méchant) mais qui viennent apporter une touche d’humour à cette histoire (voir l’épisode de la réserve de viande).
Le dessin et l’intrigue sont certes datés voire un peu désuets mais j’ai aimé retrouver l’ambiance des petits formats, en noir et blanc, de mon enfance. Cet opus possède certes un charme désuet mais dans cette expression il ne faut pas oublier le mot « charme ».
Un petit bémol, c’est l’erreur sur le quatrième de couverture concernant la recherche du testament : il ne s’agit pas du testament du père d’Ivan Zourine mais celui du père de Mickaël Mistirine.
Une réédition de qualité, une histoire qui nous entraîne dans l’hiver Sibérien, le tout servi par un beau dessin de René Follet... Que demander de mieux ?
Si ! A quand la prochaine aventure ? ( les aventures d’Ivan Zourine ont fait auparavant l’objet de deux albums chez Magic Strip en 1979)
Je n’ai pas été fort emballé en commencant la lecture. Luc, l’acteur principal est un type odieux, déprimé et déprimant, cynique, insupportable, empoisonnant la vie de son entourage – le tout balancé avec des monologues introspectifs bavards indigestes. Je croyais que ca allait continuer sur le mode de «tous pourris, et je ne vaux pas beaucoup mieux» quand l’histoire a commencé à faire des flash-back sur sa vie. On commence alors à comprendre pourquoi Luc se déteste autant qu’il rejette les autres, avec quels démons il est en train de lutter – un père étouffant, un sentiment de culpabilité vis à vis de sa mère qu’il a abandonnée à son sort, une belle-mère détraquée, et c’est à ce moment que l’album prend une tournure universelle, dans laquelle chacun de nous se reconnaîtra un peu. Un album fort et touchant.
La citation de l'auteur dans la présentation de l'album résume admirablement le livre : une enquête sur Saint Nicolas, ses représentations, sa signification, et à travers cela, sur une région (la Lorraine), son passé, ses structures économiques et sociales, son identité. Je ne connais pas bien la Lorraine, mais j'ai retrouvé beaucoup de choses similaires à ce qu'on trouve au borinage. Gerner a presque réussi à saisir l'esprit particulier d'une région et des gens qui y habitent, rien qu'en suivant le fil conducteur du Saint Patron. Il repousse par conséquent encore un peu plus loin la frontière de ce que peut faire la Bande Dessinée. Rien que pour ca, il mérite au moins 4 étoiles, malgré son style particulier (une planche est composée d'une multitude de petits "clichés" avec commentaires) qui m'a paru rébarbatif et lourd - mais néanmoins efficace. Cet album plaira certainement aux Lorrains et aux habitants des régions limitrophes (y compris les Belges) qui fêtent Saint Nicolas et partagent la même histoire industrielle, à condition qu'ils fassent l'effort de passer outre leurs préjugés en feuilletant le livre en librairie.
Les premiers tomes décrivent une lente descente aux enfers qui atteint son paroxisme dans le dernier tome. Dans le dernier, une petite lueur d’espoir commence à apparaître : les acteurs survivants apprennent à vivre avec leur dégénérescence physique et sociale; ils apprennent à vivre avec la mort.
Black Hole est déjà devenu une série culte, incarnant le mal-être adolescent, la remise en cause des valeurs, la difficile maîtrise de toute une gamme de sentiments nouveaux, l’angoisse de devenir adulte, de devenir un con parmi d’autres. Avec en toile de fond une maladie sexuellement transmissible qui n’est pas sans faire penser au sida, ne fût-ce que concernant les stigmates dont les personnes atteintes font l’objet. J'abonde dans le sens des des avis très favorables ci-dessous, et j’ajoute mes louanges à la liste. Je ne connais aucune autre série dont la qualité aura autant fait l’unanimité parmi certains amateurs de BD.
Alors autant j'ai mis 5 étoiles à Cercle vicieux et Le Cycle du même auteur, autant ici je mets bah... 5 aussi.
Du pur génie, Etienne Lécroart s'interroge sur le support même de la bd, sa narration et son interprétation, les raisons du succès. Qu'est ce qui peut attirer le lecteur ? Des bonnes têtes, du sexe, du manga avec des personnages aux grands yeux... L'album renferme une foule de contraintes oubapiennes : palindrome, itération iconique etc.
Je mets 5/5 par l'intérêt bdéesque que ça peut avoir plus que pour l'histoire et je concède que ce n'est pas un album qu'on va relire très souvent (en même temps j'ai du relire qu'une poignée d'albums sur ces 4 dernières années).
J'adore ce genre d'albums qui exploite à fond le support bande dessinée et se pose des questions. A 10 000 lieues d'une lecture pour adolescents aux couleurs photoshop et clichés éculés (je ne citerai pas de nom, on en connait tous)
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S.O.S. Bonheur
"SOS bonheur" est vraiment cultissime ! Van Hamme nous propose un scénario original, très bien ficelé et qui fait parfois froid dans le dos. Imaginez une société où "l'Etat-providence" dirige toute votre vie en passant par les vacances nationalisées, la couverture maladie quasi-obligatoire, ultra dictatoriale (sous peine de crever dans votre coin sans aide possible), etc. Tout d'abord composé de plusieurs récits indépendants, la force de Van Hamme est de nous proposer une fin riche et surprenante (correspondant au 3ème tome) qui recoupe habilement tous les récits précédents. Un album parlant d'une organisation de société possible qui, à bien des égards, n'est pas si éloignée que ça de la réalité. Côté dessin, Griffo nous propose un style réaliste qui colle bien à l'histoire. Heureusement que ceux-ci s'améliorent au fil des planches car, la mise en couleur n'aidant pas, certains passages ont un peu mal vieilli (Griffo se montrant lui-même, dans la préface, assez critique sur son travail). Mais qu'importe, en réalité, je me suis fait la remarque pendant les toutes premières planches avant d'être totalement absorbé par l'histoire. Albums à posséder (si le genre vous attire), si possible sous la forme d'intégrale car celle-ci nous propose des commentaires de Van Hamme non dénués d'intérêt et l'histoire prend tout son sens avec le 3ème tome.
Apocalypse selon Lola (Lola Cordova)
Attention, OVNI ! Arthur Qwak nous offre une vraie claque graphique. C'est très original, l'album ne répond à aucune charte graphique prédéfinie... Parfois, c'est sublime, d'autres effets le sont moins, mais dans tous les cas, on ne peut rester indifférent au talent d'innovation de Qwak. L'histoire est, tout comme les dessins, assez Rock'n Roll. L'histoire de Lola, prostituée professionnelle qui fût enlevée par des extra-terrestres, est intéressante, mais cette histoire est vraiment portée par le style graphique de l'album. Vraiment, un très bon one-shot qui aurait pu être culte à mes yeux, mais à qui je ne mets que 4/5 pour l'utilisation d'une vulgarité qui ne sert parfois pas l'histoire (parfois, on dit bit., couil..., nich.. un peu gratuitement).
Dérives (Schmitt)
Quel vent de fraîcheur à la lecture de cette bande dessinée tragi-comique. Dans certaines scènes, j'ai retrouvé l'atmosphère du film d'Eric Rochan "un monde sans pitié" (dans les années 90). Le héros Luc, à la fois pathétique et odieux, est un véritable égoïste romantique, parfaitement ancré dans notre époque. Le dessin simple mais expressif, et le mode narratif choisi, apportent à cette bd un côté très réaliste voire autobiographique. Incompréhension d'un père et d'un fils, amour d'une mère, parcours d'un trentenaire paumé dans une société trop formatée à son goût, bref une superbe histoire éditée, une fois de plus, par "la boite à bulles". Une très belle découverte, pour moi, en tout cas.
Là où dansent les morts
L’histoire est tiré du roman de Tony Hillermann "Là où dansent les morts". Katou n'a fait qu'adapter ce dernier en BD et c'est très bien réussi. Perso, j'ai eu du mal à me mettre dedans à cause du dessin très détaillé parfois même un peu lourd, mais l'histoire prend vite le dessus et on dévore les deux tomes en une aprem. Mis à part la fin qui en décevra plus d'un, cette BD nous tient en haleine jusqu'au bout et ça c'est génial.
Okko
"Okko", le rônin sans maître … Hub scénarise, dessine et colorise (aidé de Pelayo pour cette dernière étape). Et c’est franchement une réussite à chaque niveau. La trame peut se résumer à une quête (chasse) du genre heroic fantasy. Jusque là, rien d’innovant, me direz vous ; mais l’originalité, vient pour moi, du fait que l’aventure se déroule dans un japon médiéval, ce qui met en scène des paysages, des gueules, des costumes, des objets, des coutumes,… encore inédits dans MA bdthèque et laisse donc entrevoir pas mal de singularités et de possibilités. Le petit groupe de chasseurs de démons est composé de Okko, le rônin (samouraï sans maître), de Noburo, le grand guerrier masqué, de Noshin, le moine alcoolique et de Tikku, le petit pêcheur. Le premier cycle (Cycle de l’eau) en deux tomes forme une histoire bien rythmée et très accrocheuse. La série est donc brillamment lancée et j’attends le second cycle (Cycle de la terre) avec impatience. Les planches sont de vraies petites merveilles pour les yeux et les personnages sont formidablement biens maîtrisés. Les couleurs (informatiques) se marient parfaitement aux dessins, j’aime beaucoup les tons utilisés qui reflètent convenablement l’ambiance en toute simplicité sans non plus tomber dans le côté vulgaire aplat. Okko est une excellente série qui n’est pas loin de mériter ces 5 étoiles, affaire à suivre…
Ivan Zourine
C’est sous une couverture inédite que j’ai découvert le testament de Sibérie, initialement paru en 1974 et réédité par les éditions « des ronds dans l’O » et par François Boudet. On a souvent reproché à René Follet de ne pas s’attacher les services d’un scénariste digne de son talent. On a vu précédemment le malheureux désastre du tome 2 de Terreur (avec André- Paul Duchâteau au scénario) et plus récemment Shelena de Jéromine Pasteur, qui ne m’a guère convaincu non plus. Pourtant en aucun cas le dessin de René Follet était en cause, au contraire, il était le principal atout de ces bandes-dessinées. Ici, un scénario simple mais efficace, une course poursuite dans les steppes enneigées de Sibérie, une histoire d’amitié de vengeance, un monde viril dans une nature hostile, le tout magnifiquement mis en image par René Follet. Tout au long de l’histoire, des personnages tout en couleur (je pense notamment à Stepim), assez stéréotypés tout de même (par exemple, Vassili, l’archétype du méchant) mais qui viennent apporter une touche d’humour à cette histoire (voir l’épisode de la réserve de viande). Le dessin et l’intrigue sont certes datés voire un peu désuets mais j’ai aimé retrouver l’ambiance des petits formats, en noir et blanc, de mon enfance. Cet opus possède certes un charme désuet mais dans cette expression il ne faut pas oublier le mot « charme ». Un petit bémol, c’est l’erreur sur le quatrième de couverture concernant la recherche du testament : il ne s’agit pas du testament du père d’Ivan Zourine mais celui du père de Mickaël Mistirine. Une réédition de qualité, une histoire qui nous entraîne dans l’hiver Sibérien, le tout servi par un beau dessin de René Follet... Que demander de mieux ? Si ! A quand la prochaine aventure ? ( les aventures d’Ivan Zourine ont fait auparavant l’objet de deux albums chez Magic Strip en 1979)
Dérives (Schmitt)
Je n’ai pas été fort emballé en commencant la lecture. Luc, l’acteur principal est un type odieux, déprimé et déprimant, cynique, insupportable, empoisonnant la vie de son entourage – le tout balancé avec des monologues introspectifs bavards indigestes. Je croyais que ca allait continuer sur le mode de «tous pourris, et je ne vaux pas beaucoup mieux» quand l’histoire a commencé à faire des flash-back sur sa vie. On commence alors à comprendre pourquoi Luc se déteste autant qu’il rejette les autres, avec quels démons il est en train de lutter – un père étouffant, un sentiment de culpabilité vis à vis de sa mère qu’il a abandonnée à son sort, une belle-mère détraquée, et c’est à ce moment que l’album prend une tournure universelle, dans laquelle chacun de nous se reconnaîtra un peu. Un album fort et touchant.
Le Saint Patron
La citation de l'auteur dans la présentation de l'album résume admirablement le livre : une enquête sur Saint Nicolas, ses représentations, sa signification, et à travers cela, sur une région (la Lorraine), son passé, ses structures économiques et sociales, son identité. Je ne connais pas bien la Lorraine, mais j'ai retrouvé beaucoup de choses similaires à ce qu'on trouve au borinage. Gerner a presque réussi à saisir l'esprit particulier d'une région et des gens qui y habitent, rien qu'en suivant le fil conducteur du Saint Patron. Il repousse par conséquent encore un peu plus loin la frontière de ce que peut faire la Bande Dessinée. Rien que pour ca, il mérite au moins 4 étoiles, malgré son style particulier (une planche est composée d'une multitude de petits "clichés" avec commentaires) qui m'a paru rébarbatif et lourd - mais néanmoins efficace. Cet album plaira certainement aux Lorrains et aux habitants des régions limitrophes (y compris les Belges) qui fêtent Saint Nicolas et partagent la même histoire industrielle, à condition qu'ils fassent l'effort de passer outre leurs préjugés en feuilletant le livre en librairie.
Black Hole
Les premiers tomes décrivent une lente descente aux enfers qui atteint son paroxisme dans le dernier tome. Dans le dernier, une petite lueur d’espoir commence à apparaître : les acteurs survivants apprennent à vivre avec leur dégénérescence physique et sociale; ils apprennent à vivre avec la mort. Black Hole est déjà devenu une série culte, incarnant le mal-être adolescent, la remise en cause des valeurs, la difficile maîtrise de toute une gamme de sentiments nouveaux, l’angoisse de devenir adulte, de devenir un con parmi d’autres. Avec en toile de fond une maladie sexuellement transmissible qui n’est pas sans faire penser au sida, ne fût-ce que concernant les stigmates dont les personnes atteintes font l’objet. J'abonde dans le sens des des avis très favorables ci-dessous, et j’ajoute mes louanges à la liste. Je ne connais aucune autre série dont la qualité aura autant fait l’unanimité parmi certains amateurs de BD.
L'Elite à la portée de tous
Alors autant j'ai mis 5 étoiles à Cercle vicieux et Le Cycle du même auteur, autant ici je mets bah... 5 aussi. Du pur génie, Etienne Lécroart s'interroge sur le support même de la bd, sa narration et son interprétation, les raisons du succès. Qu'est ce qui peut attirer le lecteur ? Des bonnes têtes, du sexe, du manga avec des personnages aux grands yeux... L'album renferme une foule de contraintes oubapiennes : palindrome, itération iconique etc. Je mets 5/5 par l'intérêt bdéesque que ça peut avoir plus que pour l'histoire et je concède que ce n'est pas un album qu'on va relire très souvent (en même temps j'ai du relire qu'une poignée d'albums sur ces 4 dernières années). J'adore ce genre d'albums qui exploite à fond le support bande dessinée et se pose des questions. A 10 000 lieues d'une lecture pour adolescents aux couleurs photoshop et clichés éculés (je ne citerai pas de nom, on en connait tous)