Voila le genre de bd (manga) qui donne au neuvième art ses véritables lettres de noblesse. On est en présence ici, d'un auteur sensible et subtil qui possède ce que beaucoup se cherchent parfois en vain ; un style. Et ce style, c'est dans l'art de créer une ambiance, un climat qu'il réside.
On suit en effet, le parcours du personnage principal en réussissant parfaitement à voir ce qu'il voit, à ressentir ce qu'il ressent, à être poursuivit par l'étrange sentiment d'être un intrus dans un univers autrefois familier. C'est puissant comme talent ; amener le lecteur à se sentir impliqué par ce qui ne pourrait qu'être une trame parmi d'autres, c'est tout simplement l'apanage des grands auteurs.
De toute évidence Taniguchi le possède ce talent d'auteur, et tandis que les pages nous conduisent lentement mais sûrement vers le dénouement de l'histoire, on est à la fois pressé d'en connaître les détails et frustré à l'avance de devoir quitter les personnages qui l'habitent. Voila en tous les cas, une belle manière d'explorer un thème éculé au possible, celui du voyage dans le temps. Comme quoi, quant on place l'homme au centre de l'histoire et non pas les effets en tout genre, on arrive à toucher le coeur.
Je conseille pour tout ceux que ça intéresse.
Ulysse ?... Une magnifique interprétation de l'oeuvre d'Homère ; oeuvre qui devient ici un récit moderne de science-fiction.
Elle débute dans "Linus" n° 38 de Mai 1968 et se termine dans le mensuel "Phénix" n° 38 de Juin 1974.
Aux commandes ?... Lob et Pichard, que je connaissais pour Submerman et Blanche Epiphanie.
Le postulat suit le récit d'Homère : Ulysse, un brave guerrier, se distingue pendant la guerre de Troie. Il s'apprête ensuite à rejoindre son épouse...
Mais à partir de là, tout bifurque : Ulysse va se trouver confronté à de sombres manigances menées par de fourbes extraterrestres ; lesquels détiennent une technologie fort avancée. Ces "choses" vont essayer de subordonner le héros, qui ne devra la vie sauve qu'à l'intervention d'Athéna...
J'ai été surpris, fort agréablement, par cette transformation de l'esprit originel de l'histoire d'Homère (et je suis aussi devenu -plus tard- fan de la série télé "Ulysse 31", par la même occasion !).
Cette série ci est un magnifique palimpeste. Le chef d'oeuvre de Lob et Pichard ?... Je ne sais... mais qu'est-ce que c'est drôlement bien réalisé !...
Eh bien, je trouve iannick bien sévère sur cet album ! Et c'est moi qui ne le comprends pas quand il dit qu'il ne comprend pas ce qui motive les personnages dans leurs actions...
Pour ma part, je n'attendais pas grand chose de génial en commençant ma lecture : autant je suis fan de Jean-Claude Tergal, Raymond Calbuth et autre Sacré Jésus, autant les récentes incursions de Tronchet hors du domaine de la BD d'humour pure et dure comme Là-bas ou Ma Vie en l'air ne m'avaient que moyennement convaincu (pour ne pas dire carrément déçu).
Mais j'ai été très agréablement surpris par cette histoire qui, un peu à la manière d'une série comme De Cape et de Crocs (ou des aventures d'Isaac le pirate avant qu'elles ne deviennent chiantes), mêle aventures historiques et humour (en moins fantaisiste et débridé que la BD d'Ayroles et Masbou, certes). Une virée en mer et une plongée dans les profondeurs, encore mystérieuses à l'époque, de l'Afrique noire, voilà qui ne se refuse pas en ces temps mornes.
Le livre doit beaucoup au personnage du Marquis de Dunan (que Tronchet a affublé d'une tronche impayable, sorte de version sympa d'Iznogoud, qui est pour beaucoup dans le charme du personnage), baratineur génial et pitoyable, coureur de jupons mythomane constamment entraîné dans une fuite en avant par ses bobards et ses frasques. Il porte le bouquin sur ses épaules, séduit et entraîne à l'aventure le lecteur comme il le fait avec Jean, le jeune héros du Peuple des endormis.
Alors évidemment, si Dunan ne vous amuse ou fascine pas, il y a de fortes chances que vous n'accrochiez pas du tout à l'intrigue, dont il est le moteur (Jean lui-même, bien qu'étant le narrateur et le "héros", se contente de suivre docilement), et qui suit ses caprices. Ce qui serait dommage, car vous passeriez à côté de ce qui s'annonce comme un excellent diptyque.
Une série unique en son genre.
M-A. M exploite de façon optimale le média BD en mettant à contribution le langage de la BD et le support papier (découpage, “boucle temporelle” grâce à une astuce matérielle, etc...) dans le déroulement du scénario.
D’ailleurs, je trouve dommage que certains avis précédant le mien dévoilent la surprise que M-A. M nous réserve à chaque tome. En effet, pour ma part j’ai eu la chance de découvrir chacune d’entre elles, au cours de ma lecture, au détour d’une page, et ce fut toujours un vrai bonheur de bédéphile.
M-A. M illustre son exercice de style d’un noir et blanc assez classe, mais d’une rare froideur, avec une prédilection pour les effets d’ombre et de perspective.
Quel est son propos, au fond ? Nous parler de la déshumanisation et de la solitude dans les grands centres urbains ? de la dictature générée par une bureaucratie toute-puissante ? Ou tout simplement, nous dire que la bande dessinée est un média merveilleux dont on n’exploite pas tout le potentiel expressif ?
C’est donc une lecture parfois assez aride, parce que les personnages sont traités de façon minimaliste, ce sont plus des archétypes que de réels êtres de fiction, mais c’est surtout une démonstration d’une intelligence rare. C’est peut-être un plaisir d’intello, en tous cas c’est de la BD expérimentale comme je l’aime !
Pourquoi un Lone Sloane à part de la série initialement avisée ?
Parce que je l'aime beaucoup, ce gars-là, et j'estime -humble avis personnel- que Sloane a "deux vies", deux périodes bien distinctes.
La seconde est celle qui a débuté dans l'hebdo Pilote, dès 1970, et qui connaîtra la grande carrière que vous savez.
Puis il y a celle-ci, la vie quasi inconnue de Sloane, parue presque "en douce" aux Editions Losfeld en 1966. Cet album est une réelle rareté et est quasi introuvable sur le "marché". J'ai donc préféré aviser ce "Lone Sloane 66", paru en 1977 aux Humanoïdes ; album qui reprend même deux inédits (et dont la couverture est vraiment très belle).
Cet album, que j'aime beaucoup, reprend le début d'une incroyable aventure dotée d'un graphisme novateur ; ce dans le milieu des années 60. Druillet conte ici, de bien belle façon, la geste d'un aventurier de l'espace plus souvent victime de faits que décideur.
Ses aventures vont révolutionner l'art de la mise en scène, du découpage, des couleurs, du lettrage. Mais tout cela n'éclatera qu'au début des années 70.
Druillet en est ici à ses débuts. Le trait est haché, simple, les personnages -bien campés pourtant- ont des positions corporelles malhabiles, des expressions simplifiées. Le tout est en bicolore bleu et blanc.
Mais j'ai déjà ressenti l'incroyable richesse des personnages et décors qui vont se sublimer dans les années à venir.
Le début d'une très longue saga qui fera que la BD de science-fiction française ne sera plus jamais la même.
Si vous devez avoir un album de science-fiction, c'est celui-ci ! Non pas pour ses qualités graphiques -Druillet se "cherche" encore- mais parce qu'il représente l'explosion d'un nouveau style dont nombre de dessinateurs et scénaristes s'inspireront...
Lucky Luke est une belle et grande série.
Lucky Luke est une BD aux personnages extraordinaires et attachants, une BD qui présente une histoire par tome, bien souvent amusante et divertissante, une BD qui parvient à allier avec brio humour et aventure. Une BD qui réussit à offrir une grande majorité de très bons albums sur son ensemble.
Il y a même quelques vrais chefs-d'oeuvre comme: Le Juge, Les rivaux de Painful Gulch, Calamity Jane, En remontant le Mississipi, La Dilligence, Dalton city, Le pied Tendre, Billy the Kid, Des Barbelés sur la Prairie, L'Empereur Smith, Jesse James... La liste n'est pas exhaustive, j'en ai peut-être oublié un ou deux mais c'est mes titres préférés.
Je trouve aussi que même les tous premiers albums ne sont pas déplaisants, certains sont même très bons, comme Lucky Luke contre Joss Jamon, Hors la loi, Phil Defer ou l'Elixir du Docteur Doxey entre autres.
Evidemment j'ai une nette préférence pour l'age d'or de Lucky Luke, la période scénarisée par le grand René Goscinny, il me semble inutile d'expliquer pourquoi.
J'adore Lucky Luke, j'en possède tous les albums de: Sous le ciel de l'ouest au Daily Star... Je les relis toujours avec le même plaisir depuis ma petite enfance.
Lucky Luke est une série formidable, à découvrir particulièrement par tous les enfants qui s'intéressent un tant soi peu à la BD.
I'm poor lonesome cow boy...
And a long long way from home...
I'm poor lonesome cow boy...
JJJ
Je suis fan de Davodeau et donc on pourrait croire que cet auteur aurait difficile de me surprendre.
Et bien non, j'ai été carrément bluffé par cet album. La lecture de cette bd est un pur régal sur le plan graphique et scénaristique (merci Kris). Nous avons droit, ici, a beaucoup de pudeur et de justesse. Malgré le contexte dramatique, le ton est léger et on plonge dans l'histoire avec beaucoup de facilité.
Si je devais choisir entre Les Mauvaises gens et "Un Homme est Mort", (choix difficile car de qualité égale), je pense que mon coeur balancerait vers ce dernier car Les Mauvaises gens met plus en valeur l'aspect politique, ce qui peut parfois être saoûlant.
Incontestablement, "Un Homme est mort" est un album à lire.
Cette page d'histoire, peu connue du grand public, est vraiment intéressante.
Sans parler des protagonistes du récit qui sont souvent bouleversants.
PS : Dommage que les auteurs n'aient pas eu la possibilité de retrouver la trace de Désiré et de P'tit Zef.
Que sont-ils devenus ? Sont-ils encore de ce monde ?
Des questions qui, je l'espère, trouveront, un jour, des réponses.
Indispensable !!!!
Un terrible album témoignage...
L'épouse de Philippe Druillet, hospitalisée, meurt au début de 1976, emportée par un cancer...
Druillet ne s'en remettra pas et déclare sa haine envers les médecins, envers cette "médecine de riches" (relisez donc sa préface dans la fenêtre "histoire").
Résumer cet album est impossible. Je l'ai encaissé comme un violent coup de point dans la gueule...
"La Nuit" est -pour moi- l'oeuvre de Druillet la plus personnelle, la plus forte ; celle qui pose le plus de questions au lecteur...
Qu'en dire ?... Il faut lire cet album noir et rouge comme la mort et le sang.
Ces "laissés-pour-compte" qui envahissent le coeur de la ville sont-ils les stigmates de ce cancer qui se développe ?... Les "polars" qui les tuent et mangent sont-ils des globules ?... Cette aube qui se lève et qui anéantit tout est-elle la piqûre ultime avant le "grand passage" ?...
A vous de décider, si vous le pouvez...
Un album-témoignage... un album-testament...
Chaud... et glacial...
Yragaël ?... Un fantastique diptyque...
Druillet m'a emmené "voir" l'histoire du tout dernier empire sur la Terre, de l'ultime domaine à encore porter l'empreinte des dieux créateurs.
J'ai assisté à l'histoire d'Yragaël, héritier du trône de Spharaïn, et de sa lutte effrayante et triste contre son frère fou, Saber d'Irismonde.
J'ai vécu la balade du plus fragile et terrifiant amour que jamais un mâle noble porta à une magicienne.
Et j'ai aussi vécu le récit de la fin des hommes...
Yragaël -et sa suite "Urm le Fou"- ?... C'est un scénario "en béton" de Michel Demuth, dans une mise en page de Druillet alors à l'apogée de son art. C'est une longue histoire, forte, noire, faite de questions, de sang, d'amours impossibles magistralement mise en images.
Druillet arrive encore à m'étonner dans une mise en page baroque, chaotique... ou très sobre. Des dessins pleine page, très fouillés, me révèlent toute la richesse de son immense talent.
Rêves et mystères s'entremêlent dans une sorte d'apocalypse mystique. A nouveau des architectures démentielles, démesurées, gigantesques ; des couleurs chaudes ou froides mêlées dans des entrelacs d'un superbe lettrage créé par Dom.
Ces deux livres ne se lisent pas ; ils se dégustent, doucement, page après page, comme un excellent dessert... parfois trop copieux.
Druillet : j'aime !
C'est l'histoire de Zoé, une histoire sombre et désespérée comme Chabouté sait si bien les conter.
C'est dans un univers rural, que l'auteur creuse une fois de plus son noir sillon, le drame qu'est Zoé se déroule à la campagne, loin de la ville et son agitation.
L'intrigue suante de pessimisme se déroule de façon simple, une histoire tragique et émouvante de laquelle toute forme d'humour est exclue. L'ambiance est tendue, il est inutile d'attendre une séquence douce désamorçant un peu la tristesse qui se dégage de ces pages car elle ne viendra pas. Zoé garde sa noirceur d'un bout à l'autre du récit, forçant le lecteur à rester sur le fil du rasoir du début à la fin, Zoé est une lecture éprouvante.
Les dessins de Chabouté, d'un pur noir et blanc éclatant et sans nuances, subliment cette histoire. C'est tout simplement magnifique.
Zoé est une lecture marquante, une lecture qui donne froid... Un de ces albums puissants que l'on n'oublie pas de sitôt quand on l'a lu.
Mon Chabouté préféré.
JJJ
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Quartier lointain
Voila le genre de bd (manga) qui donne au neuvième art ses véritables lettres de noblesse. On est en présence ici, d'un auteur sensible et subtil qui possède ce que beaucoup se cherchent parfois en vain ; un style. Et ce style, c'est dans l'art de créer une ambiance, un climat qu'il réside. On suit en effet, le parcours du personnage principal en réussissant parfaitement à voir ce qu'il voit, à ressentir ce qu'il ressent, à être poursuivit par l'étrange sentiment d'être un intrus dans un univers autrefois familier. C'est puissant comme talent ; amener le lecteur à se sentir impliqué par ce qui ne pourrait qu'être une trame parmi d'autres, c'est tout simplement l'apanage des grands auteurs. De toute évidence Taniguchi le possède ce talent d'auteur, et tandis que les pages nous conduisent lentement mais sûrement vers le dénouement de l'histoire, on est à la fois pressé d'en connaître les détails et frustré à l'avance de devoir quitter les personnages qui l'habitent. Voila en tous les cas, une belle manière d'explorer un thème éculé au possible, celui du voyage dans le temps. Comme quoi, quant on place l'homme au centre de l'histoire et non pas les effets en tout genre, on arrive à toucher le coeur. Je conseille pour tout ceux que ça intéresse.
Ulysse
Ulysse ?... Une magnifique interprétation de l'oeuvre d'Homère ; oeuvre qui devient ici un récit moderne de science-fiction. Elle débute dans "Linus" n° 38 de Mai 1968 et se termine dans le mensuel "Phénix" n° 38 de Juin 1974. Aux commandes ?... Lob et Pichard, que je connaissais pour Submerman et Blanche Epiphanie. Le postulat suit le récit d'Homère : Ulysse, un brave guerrier, se distingue pendant la guerre de Troie. Il s'apprête ensuite à rejoindre son épouse... Mais à partir de là, tout bifurque : Ulysse va se trouver confronté à de sombres manigances menées par de fourbes extraterrestres ; lesquels détiennent une technologie fort avancée. Ces "choses" vont essayer de subordonner le héros, qui ne devra la vie sauve qu'à l'intervention d'Athéna... J'ai été surpris, fort agréablement, par cette transformation de l'esprit originel de l'histoire d'Homère (et je suis aussi devenu -plus tard- fan de la série télé "Ulysse 31", par la même occasion !). Cette série ci est un magnifique palimpeste. Le chef d'oeuvre de Lob et Pichard ?... Je ne sais... mais qu'est-ce que c'est drôlement bien réalisé !...
Le Peuple des endormis
Eh bien, je trouve iannick bien sévère sur cet album ! Et c'est moi qui ne le comprends pas quand il dit qu'il ne comprend pas ce qui motive les personnages dans leurs actions... Pour ma part, je n'attendais pas grand chose de génial en commençant ma lecture : autant je suis fan de Jean-Claude Tergal, Raymond Calbuth et autre Sacré Jésus, autant les récentes incursions de Tronchet hors du domaine de la BD d'humour pure et dure comme Là-bas ou Ma Vie en l'air ne m'avaient que moyennement convaincu (pour ne pas dire carrément déçu). Mais j'ai été très agréablement surpris par cette histoire qui, un peu à la manière d'une série comme De Cape et de Crocs (ou des aventures d'Isaac le pirate avant qu'elles ne deviennent chiantes), mêle aventures historiques et humour (en moins fantaisiste et débridé que la BD d'Ayroles et Masbou, certes). Une virée en mer et une plongée dans les profondeurs, encore mystérieuses à l'époque, de l'Afrique noire, voilà qui ne se refuse pas en ces temps mornes. Le livre doit beaucoup au personnage du Marquis de Dunan (que Tronchet a affublé d'une tronche impayable, sorte de version sympa d'Iznogoud, qui est pour beaucoup dans le charme du personnage), baratineur génial et pitoyable, coureur de jupons mythomane constamment entraîné dans une fuite en avant par ses bobards et ses frasques. Il porte le bouquin sur ses épaules, séduit et entraîne à l'aventure le lecteur comme il le fait avec Jean, le jeune héros du Peuple des endormis. Alors évidemment, si Dunan ne vous amuse ou fascine pas, il y a de fortes chances que vous n'accrochiez pas du tout à l'intrigue, dont il est le moteur (Jean lui-même, bien qu'étant le narrateur et le "héros", se contente de suivre docilement), et qui suit ses caprices. Ce qui serait dommage, car vous passeriez à côté de ce qui s'annonce comme un excellent diptyque.
Julius Corentin Acquefacques
Une série unique en son genre. M-A. M exploite de façon optimale le média BD en mettant à contribution le langage de la BD et le support papier (découpage, “boucle temporelle” grâce à une astuce matérielle, etc...) dans le déroulement du scénario. D’ailleurs, je trouve dommage que certains avis précédant le mien dévoilent la surprise que M-A. M nous réserve à chaque tome. En effet, pour ma part j’ai eu la chance de découvrir chacune d’entre elles, au cours de ma lecture, au détour d’une page, et ce fut toujours un vrai bonheur de bédéphile. M-A. M illustre son exercice de style d’un noir et blanc assez classe, mais d’une rare froideur, avec une prédilection pour les effets d’ombre et de perspective. Quel est son propos, au fond ? Nous parler de la déshumanisation et de la solitude dans les grands centres urbains ? de la dictature générée par une bureaucratie toute-puissante ? Ou tout simplement, nous dire que la bande dessinée est un média merveilleux dont on n’exploite pas tout le potentiel expressif ? C’est donc une lecture parfois assez aride, parce que les personnages sont traités de façon minimaliste, ce sont plus des archétypes que de réels êtres de fiction, mais c’est surtout une démonstration d’une intelligence rare. C’est peut-être un plaisir d’intello, en tous cas c’est de la BD expérimentale comme je l’aime !
Lone Sloane 66
Pourquoi un Lone Sloane à part de la série initialement avisée ? Parce que je l'aime beaucoup, ce gars-là, et j'estime -humble avis personnel- que Sloane a "deux vies", deux périodes bien distinctes. La seconde est celle qui a débuté dans l'hebdo Pilote, dès 1970, et qui connaîtra la grande carrière que vous savez. Puis il y a celle-ci, la vie quasi inconnue de Sloane, parue presque "en douce" aux Editions Losfeld en 1966. Cet album est une réelle rareté et est quasi introuvable sur le "marché". J'ai donc préféré aviser ce "Lone Sloane 66", paru en 1977 aux Humanoïdes ; album qui reprend même deux inédits (et dont la couverture est vraiment très belle). Cet album, que j'aime beaucoup, reprend le début d'une incroyable aventure dotée d'un graphisme novateur ; ce dans le milieu des années 60. Druillet conte ici, de bien belle façon, la geste d'un aventurier de l'espace plus souvent victime de faits que décideur. Ses aventures vont révolutionner l'art de la mise en scène, du découpage, des couleurs, du lettrage. Mais tout cela n'éclatera qu'au début des années 70. Druillet en est ici à ses débuts. Le trait est haché, simple, les personnages -bien campés pourtant- ont des positions corporelles malhabiles, des expressions simplifiées. Le tout est en bicolore bleu et blanc. Mais j'ai déjà ressenti l'incroyable richesse des personnages et décors qui vont se sublimer dans les années à venir. Le début d'une très longue saga qui fera que la BD de science-fiction française ne sera plus jamais la même. Si vous devez avoir un album de science-fiction, c'est celui-ci ! Non pas pour ses qualités graphiques -Druillet se "cherche" encore- mais parce qu'il représente l'explosion d'un nouveau style dont nombre de dessinateurs et scénaristes s'inspireront...
Lucky Luke
Lucky Luke est une belle et grande série. Lucky Luke est une BD aux personnages extraordinaires et attachants, une BD qui présente une histoire par tome, bien souvent amusante et divertissante, une BD qui parvient à allier avec brio humour et aventure. Une BD qui réussit à offrir une grande majorité de très bons albums sur son ensemble. Il y a même quelques vrais chefs-d'oeuvre comme: Le Juge, Les rivaux de Painful Gulch, Calamity Jane, En remontant le Mississipi, La Dilligence, Dalton city, Le pied Tendre, Billy the Kid, Des Barbelés sur la Prairie, L'Empereur Smith, Jesse James... La liste n'est pas exhaustive, j'en ai peut-être oublié un ou deux mais c'est mes titres préférés. Je trouve aussi que même les tous premiers albums ne sont pas déplaisants, certains sont même très bons, comme Lucky Luke contre Joss Jamon, Hors la loi, Phil Defer ou l'Elixir du Docteur Doxey entre autres. Evidemment j'ai une nette préférence pour l'age d'or de Lucky Luke, la période scénarisée par le grand René Goscinny, il me semble inutile d'expliquer pourquoi. J'adore Lucky Luke, j'en possède tous les albums de: Sous le ciel de l'ouest au Daily Star... Je les relis toujours avec le même plaisir depuis ma petite enfance. Lucky Luke est une série formidable, à découvrir particulièrement par tous les enfants qui s'intéressent un tant soi peu à la BD. I'm poor lonesome cow boy... And a long long way from home... I'm poor lonesome cow boy... JJJ
Un homme est mort
Je suis fan de Davodeau et donc on pourrait croire que cet auteur aurait difficile de me surprendre. Et bien non, j'ai été carrément bluffé par cet album. La lecture de cette bd est un pur régal sur le plan graphique et scénaristique (merci Kris). Nous avons droit, ici, a beaucoup de pudeur et de justesse. Malgré le contexte dramatique, le ton est léger et on plonge dans l'histoire avec beaucoup de facilité. Si je devais choisir entre Les Mauvaises gens et "Un Homme est Mort", (choix difficile car de qualité égale), je pense que mon coeur balancerait vers ce dernier car Les Mauvaises gens met plus en valeur l'aspect politique, ce qui peut parfois être saoûlant. Incontestablement, "Un Homme est mort" est un album à lire. Cette page d'histoire, peu connue du grand public, est vraiment intéressante. Sans parler des protagonistes du récit qui sont souvent bouleversants. PS : Dommage que les auteurs n'aient pas eu la possibilité de retrouver la trace de Désiré et de P'tit Zef. Que sont-ils devenus ? Sont-ils encore de ce monde ? Des questions qui, je l'espère, trouveront, un jour, des réponses. Indispensable !!!!
La Nuit
Un terrible album témoignage... L'épouse de Philippe Druillet, hospitalisée, meurt au début de 1976, emportée par un cancer... Druillet ne s'en remettra pas et déclare sa haine envers les médecins, envers cette "médecine de riches" (relisez donc sa préface dans la fenêtre "histoire"). Résumer cet album est impossible. Je l'ai encaissé comme un violent coup de point dans la gueule... "La Nuit" est -pour moi- l'oeuvre de Druillet la plus personnelle, la plus forte ; celle qui pose le plus de questions au lecteur... Qu'en dire ?... Il faut lire cet album noir et rouge comme la mort et le sang. Ces "laissés-pour-compte" qui envahissent le coeur de la ville sont-ils les stigmates de ce cancer qui se développe ?... Les "polars" qui les tuent et mangent sont-ils des globules ?... Cette aube qui se lève et qui anéantit tout est-elle la piqûre ultime avant le "grand passage" ?... A vous de décider, si vous le pouvez... Un album-témoignage... un album-testament... Chaud... et glacial...
Yragael / Urm le Fou
Yragaël ?... Un fantastique diptyque... Druillet m'a emmené "voir" l'histoire du tout dernier empire sur la Terre, de l'ultime domaine à encore porter l'empreinte des dieux créateurs. J'ai assisté à l'histoire d'Yragaël, héritier du trône de Spharaïn, et de sa lutte effrayante et triste contre son frère fou, Saber d'Irismonde. J'ai vécu la balade du plus fragile et terrifiant amour que jamais un mâle noble porta à une magicienne. Et j'ai aussi vécu le récit de la fin des hommes... Yragaël -et sa suite "Urm le Fou"- ?... C'est un scénario "en béton" de Michel Demuth, dans une mise en page de Druillet alors à l'apogée de son art. C'est une longue histoire, forte, noire, faite de questions, de sang, d'amours impossibles magistralement mise en images. Druillet arrive encore à m'étonner dans une mise en page baroque, chaotique... ou très sobre. Des dessins pleine page, très fouillés, me révèlent toute la richesse de son immense talent. Rêves et mystères s'entremêlent dans une sorte d'apocalypse mystique. A nouveau des architectures démentielles, démesurées, gigantesques ; des couleurs chaudes ou froides mêlées dans des entrelacs d'un superbe lettrage créé par Dom. Ces deux livres ne se lisent pas ; ils se dégustent, doucement, page après page, comme un excellent dessert... parfois trop copieux. Druillet : j'aime !
Zoé
C'est l'histoire de Zoé, une histoire sombre et désespérée comme Chabouté sait si bien les conter. C'est dans un univers rural, que l'auteur creuse une fois de plus son noir sillon, le drame qu'est Zoé se déroule à la campagne, loin de la ville et son agitation. L'intrigue suante de pessimisme se déroule de façon simple, une histoire tragique et émouvante de laquelle toute forme d'humour est exclue. L'ambiance est tendue, il est inutile d'attendre une séquence douce désamorçant un peu la tristesse qui se dégage de ces pages car elle ne viendra pas. Zoé garde sa noirceur d'un bout à l'autre du récit, forçant le lecteur à rester sur le fil du rasoir du début à la fin, Zoé est une lecture éprouvante. Les dessins de Chabouté, d'un pur noir et blanc éclatant et sans nuances, subliment cette histoire. C'est tout simplement magnifique. Zoé est une lecture marquante, une lecture qui donne froid... Un de ces albums puissants que l'on n'oublie pas de sitôt quand on l'a lu. Mon Chabouté préféré. JJJ