Ah bah, je me suis bien amusé, là !
Basketful of heads a tout d’un polar classique, à un détail près qui fait toute la différence.
Polar classique : une jeune femme va se retrouver confrontée à une organisation criminelle dans un petit village coupé du monde. Venue rejoindre son fiancé qui officiait comme assistant de police dans le bled en question, elle va progressivement prendre conscience de la gravité de la situation tout en accumulant les meurtres (soit pour sauver sa peau, soit parce que les mecs commencent quand même tout doucement à lui casser les pieds). Ça, c’est le côté classique. Et déjà de ce point de vue, le scénario est bien fichu, les personnages sont parfois détournés des stéréotypes habituels, le récit est prenant.
Et à côté de ça, il y a tout un aspect épouvante et humour noir qui entraine le récit vers des territoires jamais explorés (du moins, je ne me souviens pas d’une idée similaire dans une autre de mes lectures). Je m’en voudrais de trop en dire car l’intrusion de cet élément fantastique et horrifique (et bien comique) a beaucoup joué dans mon appréciation (je pense que je me souviendrai longtemps de la séquence qui nous permet de découvrir le twist). En plus, cet élément apporte de nouvelles possibilités de développement à ce genre d’intrigue, permettant à l’héroïne de prendre rapidement connaissance de certains faits qu’il aurait été difficile pour le scénariste de justifier en l’absence de ce ‘pouvoir’.
Le dessin n’est pas des plus fins mais il dispose des qualités nécessaires pour illustrer le récit. Les personnages sont bien typés, leurs expressions faciales sont souvent caricaturales mais sans excès, les décors sont présents sans tout envahir. C’est agréable à lire mais sans jamais me distraire de ma lecture.
Au final, et comme dit en début d’avis, je me suis bien amusé. Vraiment une chouette lecture dans son genre, et cerise sur le gâteau, c’est un one-shot (donc pas de frustration à devoir attendre une suite éventuelle).
Si je devais résumer la très bonne série du couple Ferrier je dirais Fantastique, Humour et Fantaisie (ie pas y). J'ai vraiment apprécié chacun des six tomes de la série.
Si le tome 1 travaille comme de coutume sur la présentation des personnages et l'implantation de l'ambiance générale, les autres tomes proposent tous des thématiques différentes et d'un excellent niveau.
Les auteurs nous proposent une atmosphère fantastique où le gentil, flemmard et goinfre Kaki cohabite avec fantômes, poussières et troublions sous la direction bienveillante de Marietta qui doit faire tourner son hôtel du printemps à Noël.
Quand nos héros n'hibernent pas, ils vivent des aventures qui les mettent en face de problématique telles que le pouvoir, le droit et la liberté, la propriété et la solidarité. Les scénarii bien dynamiques et adaptés au plus jeunes (dès 7 ans à mon avis) cachent des références et des interrogations bien plus profondes.
"Il est interdit d'interdire" (article arc-en-ciel du code pénal, XLOL) découvrira notre bon Léclair pour se sortir légalement d'un bien mauvais pas. Je laisse aux plus jeunes le loisir de découvrir ce que cache ce très célèbre slogan, bien absurde et irréalisable par ailleurs.
Il y a donc un double niveau de lecture qui permet les échanges féconds.
J'ai beaucoup aimé le graphisme de Katherine Ferrier. L'autrice nous sert un trait fin et humoristique pour enfants. C'est d'un très bon goût sans blague vaseuse. Son bestiaire est vraiment bien travaillé et inventif. Il y a même une trouvaille reprise dans l'excellent Bergères Guerrières avec son Krockmonstre qui m'a fait penser à la Malbête.
Tout cela est soutenu par une formidable mise en couleur "arc-en ciel" qui donne une atmosphère très vive et chaleureuse.
Pour les apprenti-es patissier-es, il y a même une recette de gourmandises pour Kaki (et pour nous) à la fin de chaque histoire.
Pour finir un mot sur l'objet album. J'ai lu les deux premiers tomes via des occasions en albums classiques cartonnés. Puis j'ai découvert que Sarbacane venait (le 4 janvier 2023) de rééditer la série via sa collection "Les Petits Sarbac'".
Cette collection propose la série en trois petits albums (160 x 216 mm) souples qui regroupent les tomes 1 et 2, 3 et 4 puis 5 et 6. Chaque album au prix de 10,50 euros ce qui fait une série d'excellente qualité à un prix neuf très abordable (5,25 euros l'histoire).
Des esprits chagrins pourraient regretter cette économie de moyens au détriment de la qualité de lecture. Ce n'est pas mon cas. Je trouve que la qualité des cases et le plaisir de lecture ne souffrent pas de la réduction du format. De plus je trouve la couverture très attractive et très douce au toucher.
C'est une série que j'essaierai de promouvoir autour de moi avec grand plaisir.
Un peu comme les aviseurs précédents, j’ai bien aimé cette lecture. Il faut dire que je suis bien dans le public visé : le kayak, la nature, la randonnée, la nécessité de freiner l’impact des activités humaines sur l’environnement… tous ces sujets me parlent !
Le dessin n’est pas exempt de certaines maladresses, tout comme la composition de certaines planches qui me parait parfois perfectible. Cependant, a contrario, certaines planches sont de toute beauté et rendent à merveille l’immensité des paysages de ce passage intérieur et le pari fou de cette aventure humaine.
Il s’agit d’une première BD pour un dessinateur qui a de l’avenir devant lui : il n’est pas très loin parfois des BD reportages d’un Emmanuel Lepage.
J’arrondis au supérieur avec 4 étoiles.
J’ai adoré cette histoire de la Malinche. Une histoire romancée basée sur des faits réels mais l’autrice comble les zones d’ombres de la vie de ce personnage historique par une proposition très convaincante. Le Mexique de l’époque m’a semblé très bien rendu et ce périple de la Malinche, qui reste à taille humaine, est réellement passionnant. L’auteur nous invite à suivre cette aventure sur une carte de la région et l’on s’aperçoit que de Potonchan a Tenochtitlan, il y a peut-être 300 kilomètres...
Oui mais ces 300 kilomètres nous font traverser beaucoup de paysages et surtout de cultures amérindiennes et de langues ! Cette différence d’échelle par rapport à l’envahisseur espagnol est assez saisissante.
L’autrice le dit en postface : la Malinche est un personnage clivant, souvent considérée comme traîtresse à son peuple et la vision proposée ici est à la fois romancée et orientée. Mais j’ai Beaucoup apprécié cette idée que Celle qui parle, simple interprète, jeune femme amérindienne d’une culture dominée par les hommes, subissant une invasion espagnole, ait pu influencer par la parole, par la culture, par la communication, la grande histoire…
Un mot sur le dessin, qui n’est pas en reste, un dessin semi réaliste qui convient parfaitement à l’histoire et une colorisation très réussie, sachant rendre les ambiances. J’ai eu l’occasion d’échanger quelques mots avec l’autrice : il s’agit de sa première BD… de plus de 200 pages…pour un coup d’essai, c’est un coup de maître !
Très très joli album que celui-ci. J'avais flashé dessus depuis un petit moment et la lecture fut particulièrement savoureuse. Je n'ai encore lu aucun récit de Nadar, mais je sens ici une touche plus personnelle qui n'est pas pour me déplaire.
J'ai bien sur entendu parler de la crise économique espagnol, qui fit tant de ravages dans le pays. Le chômage des jeunes a explosé littéralement, donnant des scènes de milliers de jeunes dans les rues, désœuvrés et attendant de trouver un travail s'il en reste. C'est une vision assez dure dont je garde des souvenirs.
Ici, la BD se concentre sur trois personnages différents qui vivent cette crise de l'intérieur. Ou plutôt qui subissent un changement de société qui s'amorce en Espagne. Une façon de comprendre que désormais, il est possible que nos études deviennent inutiles, qu'on fasse des boulots alimentaires à la chaine sans passion, que l'on déménage du jour au lendemain pour correspondre au offres du marché, que l'on doive se couper de ses liens familiaux, amicaux, tout ça pour suivre l'emploi, le saint emploi.
Évidemment, vu mes convictions politiques, cette BD est dans l'axe que je connais déjà. Mais elle sait se faire intéressante en présentant trois façons différentes d'aborder ces soucis, mais aussi en nous représentant les diverses façons d'être coincé : question de couples, de reprises d'études, de personne à charge, de parents inquiets pour l'avenir de leurs enfants ... Tant de choses que je peux comprendre pour en avoir fait (ah, le management des centres d'appels ... horrible souvenirs) mais aussi que j'ai vu autour de moi. Les sur-diplômés qui vendent des sandwichs ou se retrouvent à marteler des chiffres sur un clavier jusqu'à l'abrutissement, j'en ai vu. Et je comprends tout les points soulevés par la BD : "je mérite mieux, enfin, je crois. Après tout, c'est pire ailleurs. Et qui me dit que demain ça sera pas encore pire ? J'ai déjà ça, c'est bien." Cette situation provoque des colères, des envies envers ceux qui ont plus, du ressenti envers soi-même. Mais rien n'est question de mérite ou de travail, surtout de chance, comme le dit si bien la fin de la BD. Une stupide chance que certains ont et d'autre non, tout simplement.
Je n'en ai pas tant parlé, mais les histoires sont très sympathique. Des tranches de vie mais qui sont toutes avec une fin, ce que j'apprécie, et une sorte d’optimisme final qui prédomine. C'est aussi très lisible au niveau du dessin, qui exploite peu le format à l'italienne mais qui utilise surtout des très grandes cases assez aérés, une façon de faire que je n'avais pas vu depuis très longtemps.
C'est le genre de BD qui n’intéressera que des gens déjà intéressés par le roman graphique de base, mais reste dans les bons crus du genre. Lisible, clair, au propos très sympathique, assez bavard aussi, mais avec de la tendresse. C'est un bon aperçu de ce que peut être la vie de jeunes gens d'aujourd'hui, une vie ni ratée ni réussie, une vie ordinaire. J'ai beaucoup aimé !
L'ambition de Théo Grosjean avec cette série est de suivre la jeunesse d'un garçon année après année, à raison d'un tome par an, en commençant à son entrée au collège et en allant aussi loin que le monde de l'édition le lui permettra, en changeant si possible de format d'album selon l'âge du garçon pour mieux s'approcher des goûts des lecteurs selon leur âge. Ce garçon, c'est Elliott, alter ego de l'auteur qui raconte à travers lui une partie de ses propres souvenirs de jeunesse. Et avec le tome 1, c'est en particulier la difficile adaptation au collège qui est mise en scène, notamment l'angoisse des jeunes pré-ados qui ont du mal à s'intégrer aux différentes bandes déjà formées et menées par des leaders charismatiques.
Cette angoisse prend vie sous la forme d'une sorte d'animal, ami imaginaire d'Elliott qui lui soufflera en permanence les innombrables raisons de ne pas avoir confiance en lui. L'effet est réaliste puisqu'on ressent bien à quel point ces messages insidieux viennent parasiter le comportement de l'ado et décourager les rares moments où il pensait pouvoir s'en sortir correctement. En même temps, le jeune Elliott ne se laisse pas faire et cherche autant que possible à faire taire cette angoisse et à passer outre ses mauvais présages permanents.
Le tout est raconté sur le ton de l'humour. Le trait est une ligne claire très propre et agréablement colorisée. L'album est structuré en gags en une page qui forment une histoire sur la longueur. Les souvenirs de collège jaillissent naturellement de cette lecture qui pourra parler autant aux adultes qu'aux jeunes lecteurs directement concernés. Les dialogues et situations sont régulièrement cocasses tout en dégageant une réelle authenticité. On s'attache assez vite au jeune héros mais le point de vue n'est pas strictement masculin pour autant puisqu'une fille fera son apparition aux deux tiers de l'album, avec là aussi ses propres problématiques très justement racontées.
C'est drôle et touchant et ça donne envie de lire la suite.
Un bon moment de détente où on ne se prend pas le chou, ça fait plaisir.
De la fantasy pour de rire dans cet univers rural moyenâgeux. Les mages sont les puissants de ce monde et leurs guerres intestines provoquent des catastrophes chez les paysans. Quoi de plus normal que de se révolter lorsque l’on est un petit fromager qui a presque tout perdu.
Quel trio improbable, le berger pas bien futé, sa biquette déjantée seule rescapée du massacre, et la fée toujours pompette ! Leurs tribulations pour occire tous les mages de la contrée, sont sacrément plaisantes à suivre.
J’ai trouvé le premier tome pas tout à fait convaincant, le héros passablement antipathique au départ, un peu imbu de sa personne, dénigrant l’aide des villageois mais la fée et la biquette valent le déplacement. Dans le deuxième tome les choses s’emballent et j’ai beaucoup aimé la rencontre avec ce premier mage. La confrontation est haute en couleurs. Notre héros se laisse bercer par les sirènes de l’ultralibéralisme… jouissif. À propos de sirènes, elles sont à croquer d’ailleurs !
Le tome trois ne m’a pas déçue, au contraire. Mention spéciale pour Dieu en personne.
Vous l’aurez compris, à lire juste pour le plaisir. Le dessin n’est pas en reste, beaux décors et trognes au petit poil, surtout la biquette !
Ram V nous propose un album d’une profondeur inouïe, où la musique, et plus particulièrement le jazz, occupe une place centrale (« Blue in green » est d’ailleurs le nom d’une chanson de Miles Davis).
L’histoire débute comme une fable familiale assez classique, mais « dérape » assez rapidement avec l’apparition d’un spectre mystérieux qui va changer le cours de la vie du protagoniste. Sa quête d’identité nous fera réfléchir sur rôle de la musique (et de l’art de manière plus générale) dans nos vies... une thématique par ailleurs chère à Dave McKean, un auteur que j’adore (voir Cages par exemple). Le lecteur se fera sa propre interprétation sur la nature du spectre : j’y ai personnellement vu une métaphore de la souffrance et de la dépression de l’artiste, de la difficulté à créer.
La réalisation est impeccable. La narration est parfaite, alors que les auteurs expliquent avoir improvisé le scenario, ce qui est quand même fort ! Et la mise en image de Anand RK et John Pearson est exemplaire, dans un style cauchemardesque qui lorgne lui aussi vers Dave McKean ou encore Martin Simmonds dans The Department of Truth. En tout cas les planches ont de la gueule.
Un coup de maître(s), et un album que je recommande aux amateurs de ce genre de thèmes.
Un bel album que ce 1er tome.
Déjà il m’aura fait connaître le football gaélique ;)
Je ne connaissais que la partie Fantasy de la carrière de Vincent Bailly qui m’avait moyennement emballé. Ici une impression de le découvrir véritablement, j’ai beaucoup aimé son trait et ses couleurs, le rendu fait lâché et vivant. Le genre contemporain lui va à ravir, il amène pas mal d’ambiance et de poésie au récit de Kris.
L’histoire n’est pas en reste, j’ai particulièrement savouré la construction de ce premier couplet, il faut dire que je m’y suis lancé en aveugle même si je m’attendais aux ingrédients proposés, Irlande oblige.
Des personnages intéressants, de bons dialogues pour une montée en puissance du récit.
Le charme a opéré sur moi, je suivrai ces partitions.
Oh la chouette balade !!
Un beau duo que cette association d’auteurs.
Peyraud que j’apprécie beaucoup nous sert un western atypique, une promenade dans le grand ouest via le parcours d’un rocking-chair. Les transitions sont très bien amenées et donnent un récit très riche au ton doux amer, avec en fil rouge la fameuse chaise qui passe dans de nombreuses mains. Le récit n’oublie pas de retomber sur ses pattes, la fin m’a beaucoup plu, ainsi que nos 2 principaux personnages.
Le trait de Kokor ne m’a jamais vraiment attiré mais je réparerai cette erreur, la qualité de l’album lui est également dû. Une narration et un dessin maîtrisés qui vous attrapent en peu de temps. J’ai adoré la planche avec les loups et cette façon dont l’auteur arrive à faire « respirer » le récit.
Un nombre conséquent de pages mais c’est super fluide et plaisant à suivre. Vraiment du bon boulot pour un super moment de lecture.
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Basketful of heads
Ah bah, je me suis bien amusé, là ! Basketful of heads a tout d’un polar classique, à un détail près qui fait toute la différence. Polar classique : une jeune femme va se retrouver confrontée à une organisation criminelle dans un petit village coupé du monde. Venue rejoindre son fiancé qui officiait comme assistant de police dans le bled en question, elle va progressivement prendre conscience de la gravité de la situation tout en accumulant les meurtres (soit pour sauver sa peau, soit parce que les mecs commencent quand même tout doucement à lui casser les pieds). Ça, c’est le côté classique. Et déjà de ce point de vue, le scénario est bien fichu, les personnages sont parfois détournés des stéréotypes habituels, le récit est prenant. Et à côté de ça, il y a tout un aspect épouvante et humour noir qui entraine le récit vers des territoires jamais explorés (du moins, je ne me souviens pas d’une idée similaire dans une autre de mes lectures). Je m’en voudrais de trop en dire car l’intrusion de cet élément fantastique et horrifique (et bien comique) a beaucoup joué dans mon appréciation (je pense que je me souviendrai longtemps de la séquence qui nous permet de découvrir le twist). En plus, cet élément apporte de nouvelles possibilités de développement à ce genre d’intrigue, permettant à l’héroïne de prendre rapidement connaissance de certains faits qu’il aurait été difficile pour le scénariste de justifier en l’absence de ce ‘pouvoir’. Le dessin n’est pas des plus fins mais il dispose des qualités nécessaires pour illustrer le récit. Les personnages sont bien typés, leurs expressions faciales sont souvent caricaturales mais sans excès, les décors sont présents sans tout envahir. C’est agréable à lire mais sans jamais me distraire de ma lecture. Au final, et comme dit en début d’avis, je me suis bien amusé. Vraiment une chouette lecture dans son genre, et cerise sur le gâteau, c’est un one-shot (donc pas de frustration à devoir attendre une suite éventuelle).
Hôtel étrange
Si je devais résumer la très bonne série du couple Ferrier je dirais Fantastique, Humour et Fantaisie (ie pas y). J'ai vraiment apprécié chacun des six tomes de la série. Si le tome 1 travaille comme de coutume sur la présentation des personnages et l'implantation de l'ambiance générale, les autres tomes proposent tous des thématiques différentes et d'un excellent niveau. Les auteurs nous proposent une atmosphère fantastique où le gentil, flemmard et goinfre Kaki cohabite avec fantômes, poussières et troublions sous la direction bienveillante de Marietta qui doit faire tourner son hôtel du printemps à Noël. Quand nos héros n'hibernent pas, ils vivent des aventures qui les mettent en face de problématique telles que le pouvoir, le droit et la liberté, la propriété et la solidarité. Les scénarii bien dynamiques et adaptés au plus jeunes (dès 7 ans à mon avis) cachent des références et des interrogations bien plus profondes. "Il est interdit d'interdire" (article arc-en-ciel du code pénal, XLOL) découvrira notre bon Léclair pour se sortir légalement d'un bien mauvais pas. Je laisse aux plus jeunes le loisir de découvrir ce que cache ce très célèbre slogan, bien absurde et irréalisable par ailleurs. Il y a donc un double niveau de lecture qui permet les échanges féconds. J'ai beaucoup aimé le graphisme de Katherine Ferrier. L'autrice nous sert un trait fin et humoristique pour enfants. C'est d'un très bon goût sans blague vaseuse. Son bestiaire est vraiment bien travaillé et inventif. Il y a même une trouvaille reprise dans l'excellent Bergères Guerrières avec son Krockmonstre qui m'a fait penser à la Malbête. Tout cela est soutenu par une formidable mise en couleur "arc-en ciel" qui donne une atmosphère très vive et chaleureuse. Pour les apprenti-es patissier-es, il y a même une recette de gourmandises pour Kaki (et pour nous) à la fin de chaque histoire. Pour finir un mot sur l'objet album. J'ai lu les deux premiers tomes via des occasions en albums classiques cartonnés. Puis j'ai découvert que Sarbacane venait (le 4 janvier 2023) de rééditer la série via sa collection "Les Petits Sarbac'". Cette collection propose la série en trois petits albums (160 x 216 mm) souples qui regroupent les tomes 1 et 2, 3 et 4 puis 5 et 6. Chaque album au prix de 10,50 euros ce qui fait une série d'excellente qualité à un prix neuf très abordable (5,25 euros l'histoire). Des esprits chagrins pourraient regretter cette économie de moyens au détriment de la qualité de lecture. Ce n'est pas mon cas. Je trouve que la qualité des cases et le plaisir de lecture ne souffrent pas de la réduction du format. De plus je trouve la couverture très attractive et très douce au toucher. C'est une série que j'essaierai de promouvoir autour de moi avec grand plaisir.
Le Passage intérieur
Un peu comme les aviseurs précédents, j’ai bien aimé cette lecture. Il faut dire que je suis bien dans le public visé : le kayak, la nature, la randonnée, la nécessité de freiner l’impact des activités humaines sur l’environnement… tous ces sujets me parlent ! Le dessin n’est pas exempt de certaines maladresses, tout comme la composition de certaines planches qui me parait parfois perfectible. Cependant, a contrario, certaines planches sont de toute beauté et rendent à merveille l’immensité des paysages de ce passage intérieur et le pari fou de cette aventure humaine. Il s’agit d’une première BD pour un dessinateur qui a de l’avenir devant lui : il n’est pas très loin parfois des BD reportages d’un Emmanuel Lepage. J’arrondis au supérieur avec 4 étoiles.
Celle qui parle
J’ai adoré cette histoire de la Malinche. Une histoire romancée basée sur des faits réels mais l’autrice comble les zones d’ombres de la vie de ce personnage historique par une proposition très convaincante. Le Mexique de l’époque m’a semblé très bien rendu et ce périple de la Malinche, qui reste à taille humaine, est réellement passionnant. L’auteur nous invite à suivre cette aventure sur une carte de la région et l’on s’aperçoit que de Potonchan a Tenochtitlan, il y a peut-être 300 kilomètres... Oui mais ces 300 kilomètres nous font traverser beaucoup de paysages et surtout de cultures amérindiennes et de langues ! Cette différence d’échelle par rapport à l’envahisseur espagnol est assez saisissante. L’autrice le dit en postface : la Malinche est un personnage clivant, souvent considérée comme traîtresse à son peuple et la vision proposée ici est à la fois romancée et orientée. Mais j’ai Beaucoup apprécié cette idée que Celle qui parle, simple interprète, jeune femme amérindienne d’une culture dominée par les hommes, subissant une invasion espagnole, ait pu influencer par la parole, par la culture, par la communication, la grande histoire… Un mot sur le dessin, qui n’est pas en reste, un dessin semi réaliste qui convient parfaitement à l’histoire et une colorisation très réussie, sachant rendre les ambiances. J’ai eu l’occasion d’échanger quelques mots avec l’autrice : il s’agit de sa première BD… de plus de 200 pages…pour un coup d’essai, c’est un coup de maître !
Le Monde à tes pieds
Très très joli album que celui-ci. J'avais flashé dessus depuis un petit moment et la lecture fut particulièrement savoureuse. Je n'ai encore lu aucun récit de Nadar, mais je sens ici une touche plus personnelle qui n'est pas pour me déplaire. J'ai bien sur entendu parler de la crise économique espagnol, qui fit tant de ravages dans le pays. Le chômage des jeunes a explosé littéralement, donnant des scènes de milliers de jeunes dans les rues, désœuvrés et attendant de trouver un travail s'il en reste. C'est une vision assez dure dont je garde des souvenirs. Ici, la BD se concentre sur trois personnages différents qui vivent cette crise de l'intérieur. Ou plutôt qui subissent un changement de société qui s'amorce en Espagne. Une façon de comprendre que désormais, il est possible que nos études deviennent inutiles, qu'on fasse des boulots alimentaires à la chaine sans passion, que l'on déménage du jour au lendemain pour correspondre au offres du marché, que l'on doive se couper de ses liens familiaux, amicaux, tout ça pour suivre l'emploi, le saint emploi. Évidemment, vu mes convictions politiques, cette BD est dans l'axe que je connais déjà. Mais elle sait se faire intéressante en présentant trois façons différentes d'aborder ces soucis, mais aussi en nous représentant les diverses façons d'être coincé : question de couples, de reprises d'études, de personne à charge, de parents inquiets pour l'avenir de leurs enfants ... Tant de choses que je peux comprendre pour en avoir fait (ah, le management des centres d'appels ... horrible souvenirs) mais aussi que j'ai vu autour de moi. Les sur-diplômés qui vendent des sandwichs ou se retrouvent à marteler des chiffres sur un clavier jusqu'à l'abrutissement, j'en ai vu. Et je comprends tout les points soulevés par la BD : "je mérite mieux, enfin, je crois. Après tout, c'est pire ailleurs. Et qui me dit que demain ça sera pas encore pire ? J'ai déjà ça, c'est bien." Cette situation provoque des colères, des envies envers ceux qui ont plus, du ressenti envers soi-même. Mais rien n'est question de mérite ou de travail, surtout de chance, comme le dit si bien la fin de la BD. Une stupide chance que certains ont et d'autre non, tout simplement. Je n'en ai pas tant parlé, mais les histoires sont très sympathique. Des tranches de vie mais qui sont toutes avec une fin, ce que j'apprécie, et une sorte d’optimisme final qui prédomine. C'est aussi très lisible au niveau du dessin, qui exploite peu le format à l'italienne mais qui utilise surtout des très grandes cases assez aérés, une façon de faire que je n'avais pas vu depuis très longtemps. C'est le genre de BD qui n’intéressera que des gens déjà intéressés par le roman graphique de base, mais reste dans les bons crus du genre. Lisible, clair, au propos très sympathique, assez bavard aussi, mais avec de la tendresse. C'est un bon aperçu de ce que peut être la vie de jeunes gens d'aujourd'hui, une vie ni ratée ni réussie, une vie ordinaire. J'ai beaucoup aimé !
Elliot au collège
L'ambition de Théo Grosjean avec cette série est de suivre la jeunesse d'un garçon année après année, à raison d'un tome par an, en commençant à son entrée au collège et en allant aussi loin que le monde de l'édition le lui permettra, en changeant si possible de format d'album selon l'âge du garçon pour mieux s'approcher des goûts des lecteurs selon leur âge. Ce garçon, c'est Elliott, alter ego de l'auteur qui raconte à travers lui une partie de ses propres souvenirs de jeunesse. Et avec le tome 1, c'est en particulier la difficile adaptation au collège qui est mise en scène, notamment l'angoisse des jeunes pré-ados qui ont du mal à s'intégrer aux différentes bandes déjà formées et menées par des leaders charismatiques. Cette angoisse prend vie sous la forme d'une sorte d'animal, ami imaginaire d'Elliott qui lui soufflera en permanence les innombrables raisons de ne pas avoir confiance en lui. L'effet est réaliste puisqu'on ressent bien à quel point ces messages insidieux viennent parasiter le comportement de l'ado et décourager les rares moments où il pensait pouvoir s'en sortir correctement. En même temps, le jeune Elliott ne se laisse pas faire et cherche autant que possible à faire taire cette angoisse et à passer outre ses mauvais présages permanents. Le tout est raconté sur le ton de l'humour. Le trait est une ligne claire très propre et agréablement colorisée. L'album est structuré en gags en une page qui forment une histoire sur la longueur. Les souvenirs de collège jaillissent naturellement de cette lecture qui pourra parler autant aux adultes qu'aux jeunes lecteurs directement concernés. Les dialogues et situations sont régulièrement cocasses tout en dégageant une réelle authenticité. On s'attache assez vite au jeune héros mais le point de vue n'est pas strictement masculin pour autant puisqu'une fille fera son apparition aux deux tiers de l'album, avec là aussi ses propres problématiques très justement racontées. C'est drôle et touchant et ça donne envie de lire la suite.
Traquemage
Un bon moment de détente où on ne se prend pas le chou, ça fait plaisir. De la fantasy pour de rire dans cet univers rural moyenâgeux. Les mages sont les puissants de ce monde et leurs guerres intestines provoquent des catastrophes chez les paysans. Quoi de plus normal que de se révolter lorsque l’on est un petit fromager qui a presque tout perdu. Quel trio improbable, le berger pas bien futé, sa biquette déjantée seule rescapée du massacre, et la fée toujours pompette ! Leurs tribulations pour occire tous les mages de la contrée, sont sacrément plaisantes à suivre. J’ai trouvé le premier tome pas tout à fait convaincant, le héros passablement antipathique au départ, un peu imbu de sa personne, dénigrant l’aide des villageois mais la fée et la biquette valent le déplacement. Dans le deuxième tome les choses s’emballent et j’ai beaucoup aimé la rencontre avec ce premier mage. La confrontation est haute en couleurs. Notre héros se laisse bercer par les sirènes de l’ultralibéralisme… jouissif. À propos de sirènes, elles sont à croquer d’ailleurs ! Le tome trois ne m’a pas déçue, au contraire. Mention spéciale pour Dieu en personne. Vous l’aurez compris, à lire juste pour le plaisir. Le dessin n’est pas en reste, beaux décors et trognes au petit poil, surtout la biquette !
Blue in green
Ram V nous propose un album d’une profondeur inouïe, où la musique, et plus particulièrement le jazz, occupe une place centrale (« Blue in green » est d’ailleurs le nom d’une chanson de Miles Davis). L’histoire débute comme une fable familiale assez classique, mais « dérape » assez rapidement avec l’apparition d’un spectre mystérieux qui va changer le cours de la vie du protagoniste. Sa quête d’identité nous fera réfléchir sur rôle de la musique (et de l’art de manière plus générale) dans nos vies... une thématique par ailleurs chère à Dave McKean, un auteur que j’adore (voir Cages par exemple). Le lecteur se fera sa propre interprétation sur la nature du spectre : j’y ai personnellement vu une métaphore de la souffrance et de la dépression de l’artiste, de la difficulté à créer. La réalisation est impeccable. La narration est parfaite, alors que les auteurs expliquent avoir improvisé le scenario, ce qui est quand même fort ! Et la mise en image de Anand RK et John Pearson est exemplaire, dans un style cauchemardesque qui lorgne lui aussi vers Dave McKean ou encore Martin Simmonds dans The Department of Truth. En tout cas les planches ont de la gueule. Un coup de maître(s), et un album que je recommande aux amateurs de ce genre de thèmes.
Partitions irlandaises
Un bel album que ce 1er tome. Déjà il m’aura fait connaître le football gaélique ;) Je ne connaissais que la partie Fantasy de la carrière de Vincent Bailly qui m’avait moyennement emballé. Ici une impression de le découvrir véritablement, j’ai beaucoup aimé son trait et ses couleurs, le rendu fait lâché et vivant. Le genre contemporain lui va à ravir, il amène pas mal d’ambiance et de poésie au récit de Kris. L’histoire n’est pas en reste, j’ai particulièrement savouré la construction de ce premier couplet, il faut dire que je m’y suis lancé en aveugle même si je m’attendais aux ingrédients proposés, Irlande oblige. Des personnages intéressants, de bons dialogues pour une montée en puissance du récit. Le charme a opéré sur moi, je suivrai ces partitions.
Rocking chair
Oh la chouette balade !! Un beau duo que cette association d’auteurs. Peyraud que j’apprécie beaucoup nous sert un western atypique, une promenade dans le grand ouest via le parcours d’un rocking-chair. Les transitions sont très bien amenées et donnent un récit très riche au ton doux amer, avec en fil rouge la fameuse chaise qui passe dans de nombreuses mains. Le récit n’oublie pas de retomber sur ses pattes, la fin m’a beaucoup plu, ainsi que nos 2 principaux personnages. Le trait de Kokor ne m’a jamais vraiment attiré mais je réparerai cette erreur, la qualité de l’album lui est également dû. Une narration et un dessin maîtrisés qui vous attrapent en peu de temps. J’ai adoré la planche avec les loups et cette façon dont l’auteur arrive à faire « respirer » le récit. Un nombre conséquent de pages mais c’est super fluide et plaisant à suivre. Vraiment du bon boulot pour un super moment de lecture.