Les derniers avis (31435 avis)

Couverture de la série Les Petits Monarques
Les Petits Monarques

On a là un road-trip post-apocalypse, c’est-à-dire a priori quelque chose qui arrive sur du déjà-vu, un truc pas mal balisé. Le plaisir de lecture – bien réel – vient avant tout de la façon dont le thème est traité, sans esbroufe d’une part, et avec un angle d’attaque assez original. Le scénario est globalement assez léger. Avare de personnages (on ne croise pas grand-chose de vivant dans cette histoire !), centré sur une jeune chercheuse accompagnée d’une gamine, qui traversent une partie des États-Unis du tout début du XXIIème siècle, après une catastrophe qui a anéanti la quasi-totalité de la vie. Avare d’action aussi. L’intrigue prend son temps, on flâne avec notre gamine qui remplit une sorte de « cahier de vacances ». Obsédés de séries d’action s’abstenir ! On n’est pas dans la veine de séries comme Hombre. Et pourtant (ou alors grâce à tout ça), c’est une lecture agréable, jamais ennuyeuse. La narration est fluide, la gamine est attachante (même si je l’ai trouvé un chouia trop « adulte », mature, dans certaines de ses réactions). Même fluidité pour le dessin (quelques airs de Peeters, avec quelques personnages aux traits un peu plus rondouillards). Surtout, j’ai trouvé original et équilibré l’utilisation de données scientifiques (qui ne tombe jamais dans le charabia ou le n’importe quoi), en particulier autour des papillons monarques, des données de géolocalisation, le côté « science pour s’amuser » développée par notre jeune héroïne, le tout s’insérant très bien dans le déroulé global de l’intrigue. Quelques montées de tensions – ça reste le plus souvent sous-jacent – mais c’est quand même, dans un univers pourtant mortifère avec une menace latente (communautés d’enfouis, séisme, etc) quelque chose d’apaisé qui nous est présenté. Sans trop spoiler, le choix de l’auteur pour sa conclusion est quelque peu original, mais pas trop frustrant. Après tout, c’est le voyage qui nous a intéressé. Chouette lecture en tout cas.

10/01/2023 (modifier)
Couverture de la série L'Enfant cachée
L'Enfant cachée

J’ai vraiment bien aimé cette lecture. Je lui aurais personnellement attribué trois étoiles. Mais, même si les adultes comme moi peuvent y trouver leur bonheur, elle s’adresse avant tout à un lectorat plus jeune, et c’est à cette aune que je l’évalue finalement au cran supérieur. Traiter de la shoah, des rafles, et plus généralement de l’horreur vécue par de nombreuses personnes durant l’occupation nazie est difficile, lorsque l’on s’adresse à des jeunes. Où placer le curseur ? Comment dire et montrer les choses sans trop en dire ou en montrer ? Tout en restant intelligible. C’est un équilibre fragile, que Dauvillier est parvenu à atteindre ici, sans mièvrerie, avec des ellipses nécessaires, mais laissent deviner suffisamment les choses (c’est une grand-mère, qui raconte sa triste expérience à sa petite-fille – qui a donc le même âge qu’elle lorsqu’elle a vécu ces événements). Le parti-pris de montrer davantage certains aspects positifs (le courage de certains qui ont « caché » cette gamine juive) rend la lecture plus digérable pour les jeunes lecteurs. Jeunes lecteurs qui trouveront, avec le dessin de Lizano (personnages aux traits simples, avec une bonne grosse tête), quelque chose d’accrocheur. Lizano remettra d’ailleurs ensuite le couvert sur le même thème et pour le même public jeune, avec Un Grand-père tombé du ciel, lui aussi globalement réussi. Note réelle 3,5/5.

10/01/2023 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Avaler la terre
Avaler la terre

Avec la réédition, j'ai enfin eu le plaisir de lire cette série que je convoitais depuis un moment mais dont les tomes en occasion faisaient claquer un PEL à eux seuls. Ce qui m'intéressait surtout, c'est ce pitch de base qui semble ô combien moderne alors qu'il accuse l'âge honorable de 54 ans. Pour le resituer, il faut se dire qu'il sort en 1968, et pourtant semble déjà bien en avance : une femme victime de la société humaine et des hommes veut abolir l'argent, les lois, la morale et faire payer aux hommes. Ça sent le récit anti-capitaliste et féministe, non ? Et c'est ce que j'ai trouvé dedans. Même si, comme l'a souligné très justement Gaston, le récit semble un peu décousu et manque parfois de liens directs. C'est une caractéristique qu'on retrouve souvent chez Tezuka, dû notamment à des impératifs de production. Mais malgré cette sensation de naviguer entre différents épisodes de séries, je trouve que l'ensemble se tient et reste cohérent. C'est une prouesse, vis-à-vis de ce qu'il nous détaille, mais c'est souvent très juste. Les épisodes intercalés, présentant simplement des moments de vide dans un monde qui change brutalement, sont déchirants et bouleversant. Je reste encore touché par l'une de ces histoires, à la fois belle et tragique. Je suis souvent très positif sur les BD de Tezuka, que j'aime énormément. Ce n'est pas pour autant que je suis fermé sur les défauts bien réels qu'il a : le dessin peut aujourd'hui rebuter, la façon dont ses personnages se déforment, les passages très cartoonesques qui font parfois tâche au milieu. Personnellement j'y suis habitué et je vois ça comme un souci de communiquer au plus vite et au plus efficace. Par les déformations, il permets de comprendre tout les enjeux et les émotions rapidement. Un autre reproche que je peux entendre concerne les personnages qui sont parfois caricaturaux et stéréotypés. Ici, le personnage principal est défini comme un alcoolique peu intéressé par la gente féminine. Ce qui ne me gêne pas non plus, puisque je vois le procédé comme un usage narratif : on représente un personnage hédoniste qui n'aime que boire, dans une simplicité de vie totale. Bref, même si je comprends les critiques que peuvent soulever les récits de Tezuka, je dois bien le dire : je passe largement outre. Car ce récit dépasse son simple pitch pour nous proposer une histoire de vengeance qui ne se finit pas bien (comme souvent) mais pas pour ceux qu'on imaginait. C'est une dénonciation du capitalisme sauvage et globalisé, de l'attrait de l'argent, du racisme et de l'absurdité du genre humain, toujours plus prompt à descendre son voisin qu'à l'aider. Là où le récit fait vraiment mouche, c'est qu'en dehors de grosses ficelles scénaristiques nécessaire (l'or extrait du continent, par exemple, où le matériel qui permets de faire une seconde peau), le récit ne fait que développer ce qu'il fournit de base, sans jamais ajouter à outrance pour relancer la machine. L'exemple de cette peau qui permets de se faire passer pour n'importe qui permets de montrer à la fois la propension de l'humain à la criminalité lorsque les conséquences disparaissent, parler de racisme, mais aussi montrer une superbe et émouvante histoire de famille qui remet en question le modèle classique (ce que l'auteur refera à la fin du livre d'ailleurs). Comme si l'auteur voulait montrer que le capitalisme qui se fait abattre dans le récit est aussi une question de société et de domination permanente. A cet égard, le traitement des femmes est remarquable : la violence sexiste omniprésente, les conventions sociales qui nécessitent de toujours être plus belle, la violence sexuelle (suggérée très fortement à plusieurs reprise dans le récit) servent à mettre en lumière l'origine de cette vengeance. Même si Tezuka semble condamner les actes de ces femmes qui vont tout faire imploser, il ne condamne pas pour autant ce qu'elle font. Les motivations sont mauvaises, mais le combat semble louable. Encore une fois, il ne se contente pas d'un récit manichéen et l'étire en tout sens pour montrer les limites de chaque chose. C'est intelligent et menée de façon assez crédible (je n'ai pas dit réaliste). En fin de compte, je dois dire que la lecture m'a perturbée. Déjà par la façon d'aborder ce sabotage en règle du capitalisme qui est présenté. Mais aussi par la violence qui baigne l’œuvre. Que ce soit autour du sexe, des femmes, de l'argent, des militaires ... Une violence que l'auteur condamne à chaque fois. Mais qui reviendra pourtant sans cesse. Je suis toujours ébahi par ce que l'auteur peut nous proposer. Autant de beauté et de noirceur dans une seule œuvre, autant de dégout de l'humanité et autant d'amour en même temps. Je sais que l'auteur à vécu la guerre et en est très clairement ressorti traumatisé, ce qui se sent dans toutes ses œuvres. Mais comment fait-il pour faire d'aussi belles histoires aussi violentes et aussi tristes ? Vraiment, Tezuka, j'ai beau essayer, je ne m'en remets pas.

10/01/2023 (modifier)
Couverture de la série Babybox
Babybox

C'est la première oeuvre de Jung que je lis et j'ai beaucoup apprécié son style graphique et narratif. Si la double recherche de ses origines (familiales et nationale) est assez classique, j'ai beaucoup aimé la façon dont Jung a traité ces sujets. Claire en tant qu'immigrée de la deuxième génération sans beaucoup de racines au pays se sent bien plus française que coréenne. Comme il n'y a pas de passif historique entre les deux pays son intégration est vraiment assez facile. C'est la découverte malheureuse de son abandon et de son adoption qui provoque un traumatisme qui remet tout en cause. J'ai trouvé le scénario très touchant capable d'induire de nombreuses questions sur la problématique de l'abandon. D'autant plus que Claire est abandonnée en 1982, époque où la Corée n'est plus le pays misérable des années 60. Jung n'apporte pas de réponse approfondie à cette problématique. C'est la reconstruction de Claire qui l'intéresse à travers la fin du récit. Cette reconstruction passe forcément par un deuil dans son passé. Jung nous propose une fin sous forme de réconciliation entre son passé et son présent qui peut paraître simpliste mais que je trouve porteuse d'avenir et qui me plait bien. J'ai découvert le graphisme de Jung qui m'a conquis immédiatement. Son trait est précis, fin et donne beaucoup de personnalité aux personnages. Ses extérieurs de Paris et surtout de Séoul créent une ambiance qui porte la dramaturgie du récit. J'aime beaucoup l'utilisation de ses gris et de ses noirs avec cette pointe de rouge qui renforce le tragique de la situation. Ses personnages sont vraiment attachants et la relation entre la soeur et le petit frère est très bien mise en image tout en lui donnant de la profondeur émotionnelle. Une superbe lecture qui me donne envie de poursuivre avec cet auteur.

10/01/2023 (modifier)
Par lazino
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Contrapaso
Contrapaso

Par où commencer? Bon, je me lance... Prix des "Bulles de Sang d'Encre 2022", récompense que je suis attentivement depuis 4 ans, je ne pouvais faire autrement que de m'approprier cette oeuvre. Amateur de romans historiques avant de m'intéresser à la bande dessinée, j'ai eu l'immense plaisir de découvrir que les deux genres étaient réunis dans Contrapaso. Nous sommes plongés dans l'Espagne franquiste des années 50, où le journalisme doit travailler pour servir le gouvernement d'un régime répressif. C'est là que nous faisons connaissance d'Emilio Sanz et Léon Lenoir, deux hommes que tout oppose mais qui fera un duo très attachant. L'enquête commence par la découverte du corps sans vie d'une femme près d'un lac. Le scénario complexe et passionnant nous plonge dans le milieu médical psychiatrique et obstétrique afin de nous peindre un tableau noir de l'Espagne franquiste. Sans vouloir en dévoiler d'avantage, l'histoire s'achève en livrant les prémices du second volet de la série. Le dessin est juste remarquable. Une richesse dans les détails et les couleurs nous laisse le temps d'observer chacune des vignettes de cette bande dessinée. Teresa Valero nous explique à la fin du livre l'application dans son travail des planches où le moindre élément de dessin est recherché. C'est une bande dessinée absolument essentielle pour tous les adeptes de l'Histoire. Étant d'origine espagnole, j'ai certainement eu une lecture plus passionnée qu'elle n'aurait dû l'être. Je m'incline face au travail impressionnant de madame Valero. Mon petit bémol viendrait peut être de la complexité un peu poussée du scénario. En effet, j'ai dû plusieurs fois faire demi tour pour comprendre certains liens. La note maximale n'est pas loin.

10/01/2023 (modifier)
Par Jeïrhk
Note: 4/5
Couverture de la série Namibia
Namibia

Je trouve certaines critiques assez dures. Cette 2eme saison Namibia est légèrement en dessous de Kenya mais ça reste très bien. Je ne me suis pas ennuyé, ayant lu les critiques avant ma lecture je m'attendais au pire mais au final j'ai passé un bon moment. Les tomes 3-4-5 sont justement ce qui fait que j'aime une lecture. C'est à dire un scénario qui nous embarque loin de ce qu'on aurait pu s'imaginer. Note réel 3.5 mais je préfère trancher à 4 plutôt qu'à 3. Un conseil, lisez cette 2eme saison sans comparer aux autres histoires et ça devrait bien se passer :).

10/01/2023 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
Couverture de la série Poisson à pattes
Poisson à pattes

Tiens, cet album est passé totalement inaperçu dans nos contrées, alors qu'il est sorti il y a plus d'un an, et qu'il est pétri de qualités. Commençons par le dessin. Se plaçant dans une large veine graphique inspirée par les premiers "Donjon", on y décèle un style particulier, avec des personnages en forme d'obus, sans épaules et sans cou. C'est très étrange de prime abord, mais le génie de la mise en page de Blonk, et ses jolis décors, font vite oublier ce sentiment d'étrangeté. Le récit nous plonge dans un Moyen-Âge "moyen", en un lieu indéterminé, et cette imprécision n'a pas vraiment d'importance car l'histoire pourrait en effet se passe n'importe où en Europe pendant cette grande époque d'obscurantisme. La seule incongruité étant que les personnages parlent le français du Québec, patrie de l'auteur. Mais là encore, pas vraiment gênant pour les lecteurs francophones du Vieux Continent, si certains termes sont éloignés des nôtres, le contexte permet de les comprendre dans effort. Nous voilà donc dans une communauté médiévale "classique", confrontée à ce qu'elle n'aime pas, à savoir la différence. laquelle est représentée par Bastien, réellement différent, et Sidonie, qui sait seulement se servir de ce qu'il y a autour d'elle, dans la nature. En vérité elle est un peu plus que cela, mais elle met ses connaissances et ses pouvoirs au service des autres. Mais cette différence gêne, et l'action conjuguée de deux ou trois personnages malveillants va obliger ce couple improbable à devoir agir pour sauver sa vie. L'issue ne va pas être très heureuse, hélas, mais elle est presque inéluctable. Malgré la présence -discrète- d'éléments fantastiques, c'est cette vraisemblance qui m'a séduit dans le récit, cette cruauté qui faisait rage il y a 500, 800 ou 1 000 ans, et qui cause encore des ravages aujourd'hui. Les dialogues et les situations sont extrêmement travaillés, et pour cause, puisque Blonk a mis 7 ans à faire cet album, après le premier, "23h72", chez le même éditeur. Une belle découverte.

09/01/2023 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Slava
Slava

Ce n’est pas moi qui vais faire baisser la moyenne de cet excellent album. Pierre-Henry Gomont nous propose une histoire au background diablement intéressant, à savoir la période qui a immédiatement suivi l’effondrement du bloc soviétique. Intéressant car extrêmement instructif et plus pertinent que jamais aujourd’hui, pour quiconque essaye de comprendre un peu l’ogre Russe. Intéressant pour moi plus personnellement aussi : étant franco-bulgare, j’ai passé pas mal de temps derrière le rideau de fer, puis vu (et partiellement compris) la transition vers le capitalisme de mes propres yeux. Il greffe sur ce background une histoire enjouée, des personnages hauts en couleurs, et un humour vraiment efficace (j’adore ces phylactères qui contiennent une unique image). J’ai en tout cas passé un excellent moment de lecture. Voilà, un premier tome réussi, qui se lit d’ailleurs presque comme un one-shot. Je suis en tout cas impatient de retrouver Slava et sa clique.

09/01/2023 (modifier)
Par iannick
Note: 4/5
Couverture de la série Déogratias
Déogratias

Jusqu’à présent, je n’ai jamais lu les récits de Jean-Philippe Stassen car je n’aimais pas son style graphique… J’ai donc reporté à maintes fois la lecture d’un de ses ouvrages et finalement, la présence d’albums réalisés par cet auteur à la bibliothèque universitaire de ma ville m’a encouragé à les découvrir. Premier album de Jean-Philippe Stassen : « Déogratias »… et une petite claque… mais une claque quand même ! Comme d’habitude sur les albums de la collection « Aire libre » serais-je tenté de dire. C’est un récit fort que nous propose l’auteur sur la guerre civile au Rwanda… On y voit comment ça s’est arrivé, pourquoi ce fut un génocide. On y découvre comment la folie et la haine qui habitaient inexorablement et durablement le cœur des femmes et des hommes se sont mises tel une cocote minute à exploser d’un seul coup avec l’extrême violence qui accompagna les tortionnaires envers leurs victimes. Et moi qui ait assisté avec une relative indifférence à cette horreur devant les actualités télévisées de mon époque… Trop jeune, trop loin de la France, trop compliqué… Je n’étais pas assez mûr pour comprendre ou plutôt essayer de saisir ce qui se passait là-bas… Et au milieu de tout ça, Déogratias, un jeune rwandais avec ses défauts et qualités mais surtout avec ses rêves d’adolescents et la naïveté qui le caractérisent, qui perd ses certitudes et ses repères… Un choc émotionnel dont il ne se remettra certainement jamais… Et au milieu de tout ça, des occidentaux qui se croient supérieurs et qui profitent de leur soi-disant richesse pour exploiter cette population… heureusement, ils ne sont pas tous comme ça mais bon… Et le dessin ? Ben, il s’avère finalement extrêmement lisible et adapté à ce genre de récit. Seule la narration n’est pas exempte de tout reproche car il faut suivre avec tous ces allers-retours sur le passé et le présent. Alors, oui, merci à Jean-Philippe Stassen d’avoir réalisé ce livre qui sonne comme un témoignage historique et hautement tragique du Rwanda… Pour ne pas oublier ce qui se passa là-bas…

09/01/2023 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série L'une d'elles
L'une d'elles

Attention, livre très lourd à lire. Et je dois dire que j'ai du mal à savoir quoi dire, tout comme Alix. Cette BD est une claque dans la gueule, même si elle est très bavarde et que le dessin est avant tout un support du texte. Niveau BD, nous sommes dans les limites flous de ce média. Mais pour autant, et malgré les difficultés que j'ai eu parfois à lire le texte qui épouse la forme des objets présentés, c'est une lecture qui aspire très vite et dont j'ai eu du mal à décrocher. Parce que c'est une lecture brutale, très violente, qui met mal à l'aise. Alors oui, c'est une BD qui parle de viols et de violence sexuelles, le tout mélangé à cette affaire de l'éventreur du Yorkshire. Une affaire dont je n'avais jamais eu connaissance mais qui est ... Diablement terrifiante. Elle expose à la fois la violence sociétale dont les femmes sont victimes dans nos belles démocraties occidentales (et qu'on ne me fasse pas dire ce que je n'ai pas dit, je n'ai aucun doute que c'est pire ailleurs), mais surtout elle met en lumière le sexisme inhérent à nos société. L'histoire est anglaise, mais universelle, la France n'a sans doute pas de leçon à donner la-dessus. Quand on voit la police agir, la lenteur de la justice et les erreurs qui furent commises sur cette enquête, il y a de quoi hurler. Un homme tue des femmes ? C'est parce que ce sont des prostituées, voila tout. Quand bien même les enquêtes semblent démontrer l'inverse. Une jeune femme témoigne ? Elle est jeune, c'est une femme. Personne ne l'écoute. Quand je vois ce livre, je me dis qu'il faudrait faire un film sur cette affaire. Un film ou le tueur serait absent, mais l'on verrait les victimes. Les 35 enfants ayant grandis sans mère, les 13 mortes et les 9 autres agressées violemment. On devrait montrer plus encore à la face du monde le souci que ce livre soulève : le sexisme partout, tout le temps, à tout les niveaux. Dans nos écoles, lorsqu'une fille se fait ostraciser et traiter de tout les noms pour avoir été abusée, dans nos journaux, lorsqu'une femme est exposée en place publique pour atteinte aux mœurs, dans le foyer, lorsqu'on laisse les petites filles apprendre à faire la vaisselle quand les garçons retournent jouer ... C'est un livre qui donne envie de hurler pour tout changer, même si la colère et la violence n'y changeront rien. Il faut du temps, et de l'apprentissage. En commençant par s'instruire, et ce livre le fait très bien. Salutaire et à mettre dans toutes les mains.

09/01/2023 (modifier)