Voilà une série qui pétille (Soda… pétille… Ah ah ah… Bon… Je sors et je reviens finir mon avis dans 2 minutes).
J’aime beaucoup cette série qui offre plusieurs niveaux de lecture.
Aussi bien dans le dessin -où le style s’apparente à des bd dont le ton est souvent plus « spirou spirit » alors que certains tomes développent une intrigue assez dure- que sur le postulat de base de ce flic qui vit des affaires à la limite glauques et qui rentre en faisant croire à sa mère qu’il est pasteur.
Ça peut paraitre léger d’un premier abord, mais plus la série avance et plus les scénarios sont complexes et proches du roman policier noir. Et Tome nous livre des histoires qui tiennent vraiment la route, nous menant à la perfection dans l’intrigue sans que cela ne deviennent incompréhensible et/ou indigeste.
D’une idée originale qui aurait pu facilement tourner à la série farce, Tome nous livre ici un personnage dont la personnalité tout en nuances et contradictions s’enrichit au fil des tomes.
Graphiquement, ce n’est certes pas une révolution, mais c’est agréable aux yeux, bien fait et surtout dynamique à l’image des aventures de Soda.
De Chauvel, je n'avais lu que deux séries : l'excellent Poisson-clown et le mauvais et incohérent Quarterback. Je ne savais donc pas à quoi m'attendre avec 'Les Enragés'. Allais-je trouver la série bonne ou mauvaise ? Après la lecture du tome 1, j'avais bien aimé, mais je m'étais dit 'Ouais, c'est bon, mais il reste encore 4 tomes. Il y a beaucoup de chance que la série soit étirée et donc devenu nulle.' Et j'ai continué la série jusqu'au bout.
Or, à aucun moment, je n'ai senti une baisse de qualité. Chauvel parvient à me captiver du début à la fin. Il mélange habilement les différents points de vue de la même histoire et parvient même à intégrer un ou deux récits n'ayant rapport avec l'intrigue sans pour autant la rendre lourd et chiante ! Une très bonne série policière que tous les amateurs du genre apprécieront sûrement.
Lupano et Augustin nous livrent ici une très belle série tout en nuances.
J’aime beaucoup le trait d’Augustin, fluide, léger et riche mettant parfaitement en valeur l’ambiance orientale garantissant le dépaysement. Les détails sont soignés.
L’histoire quant à elle nous fait quitter très rapidement l’insouciance de la vie quotidienne dans laquelle sont ancrés Alim et sa fille vers une existence plus rude, pleine d’expériences malheureuse, de fuyards.
Le ton évolue de tome en tome pour au final nous donner une histoire certes touchante mais aussi dure, avec un contexte inquisitoire de l’histoire n’y ait pas pour rien.
Au bout de trois tomes, on a une série avec un scénario prenant, bien mené et un dessin fort réussi, collant parfaitement à l‘histoire.
Je suis impatient de lire le tome 4.
J’avais été plutôt impressionné par le dessin de Gibrat dans ses précédents livres que ce soit Le Sursis ou Le Vol du Corbeau ; mais son scénario m’avait semblé un poil trop académique ou du moins trop classique. Cette fois, je dois bien admettre être resté particulièrement scotché par ce récit.
Ce livre n’est en fait que la première partie d’une histoire qui en comprendra 4 et qui devrait couvrir la période 1914 à 1939. Après s’être penché sur Seconde Guerre mondiale, Gibrat s’intéresse, cette fois, à LA Grande Boucherie de 14-18. On sent l’influence de Tardi ou bien sûr celle de Céline qui avaient fort bien dépeint cette gigantesque tuerie dans certains de leurs livres.
Mattéo, c’est l’histoire d’un fils d’anarchiste espagnol qui part à la guerre par amour d’une femme qui en aime un autre. Mattéo va donc être notre guide dans ce conflit. Les horreurs de la guerre y sont très bien dépeintes, tout comme cet incommensurable chaos que fut la vie dans les tranchées. L’homme est transformé comme chair à canons, dirigé par des officiers plus incompétents et insensibles les uns que les autres. La narration se fait par le personnage de Mattéo qui traîne son désespoir dans les tranchées, rencontrant de malheureux compagnons d’infortune.
Au dessin, Gibrat utilise l’aquarelle, ce qui donne des teintes tout à fait remarquables à son album ; celles-ci retranscrivent bien toute l’horreur de la période. Seul reproche, les personnages féminins ressemblent beaucoup à ceux des précédents albums de Gibrat, mais ceci n’est qu’un détail. Un beau livre, qui prouve, une nouvelle fois toute la qualité de la nouvelle collection Futuropolis (n’en déplaisent aux nostalgiques…).
Excellent diptyque d’un scénariste dont je n’apprécie pas toute la production et d’un illustrateur dont je trouve parfois qu’il utilise d’artifices faciles. Mais ici les reproches sont difficiles tant le scénario et le dessin tiennent leurs promesses. Pas d’ésotérique farfelu, de longueurs profitant à une série à rallonge, de retournements de situations en veux-tu en voilà,… On est donc en présence d’un western âpre, sombre, violent, qu’on pourrait croire véridique. Tout concorde à nous faire ressentir la chaleur, les odeurs, les bruits, les goûts, bref, ce qui donne un côté grand spectacle à cette bande dessinée.
J’apprécie le fait que les auteurs n’incluent que peu d’humour ou de dérision, construisant un récit prenant de bout en bout, donnant un regard dur sur cette Amérique en début d’expansion. Quasiment tous les personnages sont des êtres torturés, réagissant de manière brutale aux expériences qu’ils vivent. La sérénité de la ville du premier tome disparaît rapidement au profit d’un côté plus anarchique, sauvage, où bizarrement l’espace de liberté est aussi plus important.
C'est vrai que côté originalité, on repassera. Résumé basiquement, c'est l'histoire d'un homme qui recherche l'assassin de sa famille. Mais bon, le récit est de bonne facture. Et à partir d'une histoire simple, l'intérêt vient de son traitement, des choix de style narratif et graphique.
Marini fait preuve de sobriété dans son dessin, les couleurs pastelles conviennent mieux à son style. C’est marrant de constater le peu de cases qu’il utilise, au moins dans le premier tome. Ces pages sont composés de grandes cases lumineuses, où les détails sont présents, mais bien souvent d’avantages crayonnés que la scène principale. Cela rythme le scénario de manière différente et donne une attractivité à son graphisme.
Du bon western grand public. Par contre, voir Sean Connery dessiné, c’est pas trop ma tasse thé…
Sorti de prison où il purgeait sa peine après un hold-up, Marco Soudy revient à Toulouse, sur les traces de son passé. Pas facile quand on a la mémoire en morceaux. Atteint d’amnésie partielle, Marco est sujet à d’étranges visions. Elles le conduiront jusqu’à Ostende, à la recherche des répliques du fétiche Arumbaya, la célèbre statuette à l’oreille cassée créée par Hergé. Mais dans sa drôle de quête, Marco n’est pas seul. L’étrange Nadège s’accroche à ses pas et derrière lui, rôdent ses anciens complices.
Ca c'est une BD qui sort de l'ordinaire ! Déjà, le dessin est vraiment personnel et hors des sentiers battus. J'ai mis du temps à m'y faire, surtout avec la façon dont Jeff Pourquié réalise ses visages. Il y a un vrai contraste entre ces personnages qui paraissent approximatifs et ces décors vraiment chiadés et que j'ai adoré ! Mais plus que tout, plus que le trait particulier de l'auteur, c'est la mise en couleur indissociable du dessin qui fait la force de cette œuvre. Les couleurs sont souvent sombres, la palette volontairement réduite, les scènes souvent de nuit dans une ambiance bleutée ou dans des endroits fermés dans une ambiance marron. Ce dessin pose une ambiance lourde et vraiment oppressante qui colle au scénario.
Le scénario est un poil Kafkaïen, avec un héros psychologiquement torturé par une amnésie contractée suite à un passage ''en force'' dans un commissariat après un Hold-Up raté… Il sort de prison après 6 ans et doit refaire sa vie. Un petit ange, lui rappelle alors son devoir. Pour une raison inconnue, le héros doit alors récupérer 3 statuettes Arumbaya (les connaisseurs verront sans difficulté le clin d'œil à Hergé !) en France et en Belgique (pays d'origine d'Hergé) Problème, durant tout ce road-movie ni le héros ni nous ne savons quel est cette conscience qui le guide. Toujours est-il que les divers évènements qui sèment son chemin ne nous laissent aucun moment de répit et nous arrivons au bout de la route sans même nous en rendre compte. Je me suis laissé happer par ce scénario original et bien mené, par cette façon particulière de conter cette histoire.
Et au milieu de ce scénario oppressant, l'auteur glisse quelques pointes d'humour, quelques clins d'œil bien venus qui aèrent de manière douce cette œuvre.
J'ai aimé ce délire de l'auteur avec ces méduses, j'ai aimé le ton de l'album, j'ai aimé ce côté Kafkaïen de ce récit. J'ai aimé ce dessin et son style caractéristique, ces couleurs particulières et l'ambiance rendue.
Une belle découverte tardive.
N'ayant pas beaucoup de choix dans mes lectures en ce moment, je prends un peu ce qui passe au hasard de mes séjours en grande surface…
Ghost money avec sa couverture ultra sobre, discrète et plutôt classe est loin d'être l'exemple typique de ce qui attire mon regard.
En ouvrant l'ouvrage, mon regard a subi un peu le même effet. Le trait assez gras de Dominique Bertail paraît maladroit dans un premier temps et dépouillé. L'épaisseur de son trait l'empêche de donner du détail dès que l'image se réduit, accentuant l'impression de simplicité.
Pourtant, au fil des pages on découvre, tout comme pour la couverture, un style sobre mais pur et élégant. Au final, toutes les petites maladresses qui parsèment les images passent rapidement au second plan devant l'esthétique (trop) sage de Bertail. La mise en couleur y est sûrement pour quelque chose aussi, mélangeant a priori la couleur directe remaniée d'une pointe d'informatique, le mélange est là encore discret mais d'une belle efficacité.
Pour conclure ce chapitre dessin, Bertail nous livre une belle vision de notre futur proche. Sans excès, sans dérive dans son imagination, il propose un environnement tout à fait crédible. Son type architectural comme automobile est là encore racé mais sobre. Classe, en somme.
Mais c'est l'histoire qui m'a le plus surpris.
Deux trames se mélangent étrangement. Les premiers comparatifs qui me viennent à l'esprit sont un mélange de Shojo pour la trame principale et de Shonen pour la trame de fond. Nous avons en effet droit à l'idylle romantique et amicale de deux amies, faisant appel à des sentiments profonds d'amour et d'amitié, surfant innocemment sur une trame beaucoup plus sombre et violente basée sur le trésor de guerre d'Al Quaida gagné lors de l'effondrement des tours le 11 septembre 2001.
En fait, le début et la fin de l'album font appel à l'action, pendant que toute la partie centrale nous fait découvrir le monde merveilleux et fantastique de Chamza, richissime personnage dont l'origine de la fortune reste bien mystérieuse…
Je me méfiais de cette opposition de style entre cette "déesse" vivant dans des cercles hyper fermés, disposant d'avion suborbitaux et cette jeune fille timide, modeste. Un grand classique souvent annonciateur d'un scénario conventionnel.
Je pense qu'enquiquiner méchamment avec ces histoires de lèche-vitrine autour du monde, avec ces histoires de piscines entre copines…
Je me méfiais de ce scénario basé sur une énième supposition concernant les raisons de l'effondrement des twin towers…
Et bien non, la narration hyper fluide, le fond de mystère constamment entretenu, tout un tas de petits trucs qui créent des perturbations à chaque page, ont su garder mon attention de bout en bout.
Bref une belle surprise élégante.
C'est à l'occasion de la sortie du triptyque que j'ai décidé d'acheter Berceuse Assassine (BA).
J'ai lu les trois volets le temps d'un trajet en train, un vrai régal !
Ce qui frappe de prime abord c'est la mise en couleur (avant même le dessin à proprement parlé), délibérément sombre, les tons marrons/sépia dominent avec une touche de jaune "flashi" qui frôlerait le mauvais goût dans un autre genre de BD.
Mais ici, la sauce prend admirablement bien, ce taxi jaune (presque fluo - j'insiste !) dans ces décors lugubres rappelle qu'il est le trait d'union entre les trois autres principaux protagonistes.
La mise en scène et la construction globale de la BD est à la hauteur du scénario.
On retrouve dans la découpe de cette BD des façons de faire de certains cinéastes que j'affectionne (Snatch de Guy Richie pour ne citer que lui). La manière de raconter la même histoire selon plusieurs points de vue est admirablement bien gérée.
Ce qui semble de prime abord une histoire assez manichéenne avec des partis pris bien tranchés, glisse au fur et a mesure dans les nuances ou chacun des personnages à ses raisons et ses motivations propres que le lecteur ne peut que comprendre.
Enfin, le dessin au trait précis et presque rugueux de MEYER a un parfum de comics qui sied parfaitement à l'affaire, la gestion des jeux d'ombres et de lumière fait ressortir encore plus cruellement la dureté de l'univers proposé ici.
Nous avons là une BD qui ne fait aucune concession que ce soit dans le scénario ou dans le dessin, on aime ou on n’aime pas, personnellement j'adore !
J'ai été assez agréablement surpris par cette série qui ressemble un peu dans le thème à Sanctuaire. On est dans un milieu clos au fin fond de l'Océan Atlantique dans une station scientifique également occupée par des militaires.
L'histoire se met en place tout doucement dans une atmosphère de conflit permanent entre géologues et militaires. On pourra reprocher certaines longueurs mais j'ai envie de dire que les auteurs ont voulu prendre leur temps pour ne pas que privilégier l'action pure.
Pourtant, au début, il y a deux choses qui me rebutaient. La première est que la série est signée par la collection Soleil qui n'est pas toujours synonyme de grande qualité. Cependant, cette série n'est pas dans le formatage des éditions Soleil car elle accorde une grande place à l'aspect psychologique des différents personnages.
Par ailleurs, je trouve que le nom de la série est une faute de goût. Aquanautes, cela rappelle "internautes". Cela fait jeu de mots humoristique alors que cette série est un véritable drame.
Lorsque l'action se passe sous l'eau, le fond de la page est noir. Il reste blanc quand l'action a lieu dans la station. J'aime bien cette trouvaille qui a été exploité de façon régulière et cohérente rendant un peu plus une ambiance inquiétante.
Cette série claustrophobique est non seulement mésestimée mais également sous-évaluée au regard d'autres productions. C'est dommage !
Autant l'avouer d'entrée, je ne suis vraiment pas fan de l'héroic fantasy. J'ai les Thorgal, mais je n'ai pas accroché dans l'ensemble, et c'est à peu près tout ce que je possède dans ce style.
Et pourtant, je me suis laissé tenter il y a quelques années par cette série, et je ne le regrette absolument pas :
L'histoire se décompose en 2 cycles pour le moment, le 1er de 4 tomes ici présent et le second en cours avec 2 tomes sortis pour le moment : La Complainte des landes perdues - Les chevaliers du pardon.
Le 1er cycle peut se diviser en 2 également. Les 2 premiers tomes sont excellents, l'histoire mi-celtique, mi-fantasy est très prenante, les personnages sont très attachants, les dessins sont dans l'ensemble de très bonne facture. Une réussite.
Les 2 tomes suivants sont légèrement en-dessous au niveau de l'intrigue avec une histoire plus convenue, mais ça se lit sans problème.
Les protagonistes ne sont pas aussi simples qu'en apparence (Lady O'mara par exemple), même si les scènes finales sont effectivement un peu courtes.
Bref, une excellente série que je recommande à ceux qui comme moi ne sont pas tentés par ce genre.
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Soda
Voilà une série qui pétille (Soda… pétille… Ah ah ah… Bon… Je sors et je reviens finir mon avis dans 2 minutes). J’aime beaucoup cette série qui offre plusieurs niveaux de lecture. Aussi bien dans le dessin -où le style s’apparente à des bd dont le ton est souvent plus « spirou spirit » alors que certains tomes développent une intrigue assez dure- que sur le postulat de base de ce flic qui vit des affaires à la limite glauques et qui rentre en faisant croire à sa mère qu’il est pasteur. Ça peut paraitre léger d’un premier abord, mais plus la série avance et plus les scénarios sont complexes et proches du roman policier noir. Et Tome nous livre des histoires qui tiennent vraiment la route, nous menant à la perfection dans l’intrigue sans que cela ne deviennent incompréhensible et/ou indigeste. D’une idée originale qui aurait pu facilement tourner à la série farce, Tome nous livre ici un personnage dont la personnalité tout en nuances et contradictions s’enrichit au fil des tomes. Graphiquement, ce n’est certes pas une révolution, mais c’est agréable aux yeux, bien fait et surtout dynamique à l’image des aventures de Soda.
Les Enragés
De Chauvel, je n'avais lu que deux séries : l'excellent Poisson-clown et le mauvais et incohérent Quarterback. Je ne savais donc pas à quoi m'attendre avec 'Les Enragés'. Allais-je trouver la série bonne ou mauvaise ? Après la lecture du tome 1, j'avais bien aimé, mais je m'étais dit 'Ouais, c'est bon, mais il reste encore 4 tomes. Il y a beaucoup de chance que la série soit étirée et donc devenu nulle.' Et j'ai continué la série jusqu'au bout. Or, à aucun moment, je n'ai senti une baisse de qualité. Chauvel parvient à me captiver du début à la fin. Il mélange habilement les différents points de vue de la même histoire et parvient même à intégrer un ou deux récits n'ayant rapport avec l'intrigue sans pour autant la rendre lourd et chiante ! Une très bonne série policière que tous les amateurs du genre apprécieront sûrement.
Alim le tanneur
Lupano et Augustin nous livrent ici une très belle série tout en nuances. J’aime beaucoup le trait d’Augustin, fluide, léger et riche mettant parfaitement en valeur l’ambiance orientale garantissant le dépaysement. Les détails sont soignés. L’histoire quant à elle nous fait quitter très rapidement l’insouciance de la vie quotidienne dans laquelle sont ancrés Alim et sa fille vers une existence plus rude, pleine d’expériences malheureuse, de fuyards. Le ton évolue de tome en tome pour au final nous donner une histoire certes touchante mais aussi dure, avec un contexte inquisitoire de l’histoire n’y ait pas pour rien. Au bout de trois tomes, on a une série avec un scénario prenant, bien mené et un dessin fort réussi, collant parfaitement à l‘histoire. Je suis impatient de lire le tome 4.
Mattéo
J’avais été plutôt impressionné par le dessin de Gibrat dans ses précédents livres que ce soit Le Sursis ou Le Vol du Corbeau ; mais son scénario m’avait semblé un poil trop académique ou du moins trop classique. Cette fois, je dois bien admettre être resté particulièrement scotché par ce récit. Ce livre n’est en fait que la première partie d’une histoire qui en comprendra 4 et qui devrait couvrir la période 1914 à 1939. Après s’être penché sur Seconde Guerre mondiale, Gibrat s’intéresse, cette fois, à LA Grande Boucherie de 14-18. On sent l’influence de Tardi ou bien sûr celle de Céline qui avaient fort bien dépeint cette gigantesque tuerie dans certains de leurs livres. Mattéo, c’est l’histoire d’un fils d’anarchiste espagnol qui part à la guerre par amour d’une femme qui en aime un autre. Mattéo va donc être notre guide dans ce conflit. Les horreurs de la guerre y sont très bien dépeintes, tout comme cet incommensurable chaos que fut la vie dans les tranchées. L’homme est transformé comme chair à canons, dirigé par des officiers plus incompétents et insensibles les uns que les autres. La narration se fait par le personnage de Mattéo qui traîne son désespoir dans les tranchées, rencontrant de malheureux compagnons d’infortune. Au dessin, Gibrat utilise l’aquarelle, ce qui donne des teintes tout à fait remarquables à son album ; celles-ci retranscrivent bien toute l’horreur de la période. Seul reproche, les personnages féminins ressemblent beaucoup à ceux des précédents albums de Gibrat, mais ceci n’est qu’un détail. Un beau livre, qui prouve, une nouvelle fois toute la qualité de la nouvelle collection Futuropolis (n’en déplaisent aux nostalgiques…).
L'Etoile du Désert
Excellent diptyque d’un scénariste dont je n’apprécie pas toute la production et d’un illustrateur dont je trouve parfois qu’il utilise d’artifices faciles. Mais ici les reproches sont difficiles tant le scénario et le dessin tiennent leurs promesses. Pas d’ésotérique farfelu, de longueurs profitant à une série à rallonge, de retournements de situations en veux-tu en voilà,… On est donc en présence d’un western âpre, sombre, violent, qu’on pourrait croire véridique. Tout concorde à nous faire ressentir la chaleur, les odeurs, les bruits, les goûts, bref, ce qui donne un côté grand spectacle à cette bande dessinée. J’apprécie le fait que les auteurs n’incluent que peu d’humour ou de dérision, construisant un récit prenant de bout en bout, donnant un regard dur sur cette Amérique en début d’expansion. Quasiment tous les personnages sont des êtres torturés, réagissant de manière brutale aux expériences qu’ils vivent. La sérénité de la ville du premier tome disparaît rapidement au profit d’un côté plus anarchique, sauvage, où bizarrement l’espace de liberté est aussi plus important. C'est vrai que côté originalité, on repassera. Résumé basiquement, c'est l'histoire d'un homme qui recherche l'assassin de sa famille. Mais bon, le récit est de bonne facture. Et à partir d'une histoire simple, l'intérêt vient de son traitement, des choix de style narratif et graphique. Marini fait preuve de sobriété dans son dessin, les couleurs pastelles conviennent mieux à son style. C’est marrant de constater le peu de cases qu’il utilise, au moins dans le premier tome. Ces pages sont composés de grandes cases lumineuses, où les détails sont présents, mais bien souvent d’avantages crayonnés que la scène principale. Cela rythme le scénario de manière différente et donne une attractivité à son graphisme. Du bon western grand public. Par contre, voir Sean Connery dessiné, c’est pas trop ma tasse thé…
Des méduses plein la tête
Sorti de prison où il purgeait sa peine après un hold-up, Marco Soudy revient à Toulouse, sur les traces de son passé. Pas facile quand on a la mémoire en morceaux. Atteint d’amnésie partielle, Marco est sujet à d’étranges visions. Elles le conduiront jusqu’à Ostende, à la recherche des répliques du fétiche Arumbaya, la célèbre statuette à l’oreille cassée créée par Hergé. Mais dans sa drôle de quête, Marco n’est pas seul. L’étrange Nadège s’accroche à ses pas et derrière lui, rôdent ses anciens complices. Ca c'est une BD qui sort de l'ordinaire ! Déjà, le dessin est vraiment personnel et hors des sentiers battus. J'ai mis du temps à m'y faire, surtout avec la façon dont Jeff Pourquié réalise ses visages. Il y a un vrai contraste entre ces personnages qui paraissent approximatifs et ces décors vraiment chiadés et que j'ai adoré ! Mais plus que tout, plus que le trait particulier de l'auteur, c'est la mise en couleur indissociable du dessin qui fait la force de cette œuvre. Les couleurs sont souvent sombres, la palette volontairement réduite, les scènes souvent de nuit dans une ambiance bleutée ou dans des endroits fermés dans une ambiance marron. Ce dessin pose une ambiance lourde et vraiment oppressante qui colle au scénario. Le scénario est un poil Kafkaïen, avec un héros psychologiquement torturé par une amnésie contractée suite à un passage ''en force'' dans un commissariat après un Hold-Up raté… Il sort de prison après 6 ans et doit refaire sa vie. Un petit ange, lui rappelle alors son devoir. Pour une raison inconnue, le héros doit alors récupérer 3 statuettes Arumbaya (les connaisseurs verront sans difficulté le clin d'œil à Hergé !) en France et en Belgique (pays d'origine d'Hergé) Problème, durant tout ce road-movie ni le héros ni nous ne savons quel est cette conscience qui le guide. Toujours est-il que les divers évènements qui sèment son chemin ne nous laissent aucun moment de répit et nous arrivons au bout de la route sans même nous en rendre compte. Je me suis laissé happer par ce scénario original et bien mené, par cette façon particulière de conter cette histoire. Et au milieu de ce scénario oppressant, l'auteur glisse quelques pointes d'humour, quelques clins d'œil bien venus qui aèrent de manière douce cette œuvre. J'ai aimé ce délire de l'auteur avec ces méduses, j'ai aimé le ton de l'album, j'ai aimé ce côté Kafkaïen de ce récit. J'ai aimé ce dessin et son style caractéristique, ces couleurs particulières et l'ambiance rendue. Une belle découverte tardive.
Ghost money
N'ayant pas beaucoup de choix dans mes lectures en ce moment, je prends un peu ce qui passe au hasard de mes séjours en grande surface… Ghost money avec sa couverture ultra sobre, discrète et plutôt classe est loin d'être l'exemple typique de ce qui attire mon regard. En ouvrant l'ouvrage, mon regard a subi un peu le même effet. Le trait assez gras de Dominique Bertail paraît maladroit dans un premier temps et dépouillé. L'épaisseur de son trait l'empêche de donner du détail dès que l'image se réduit, accentuant l'impression de simplicité. Pourtant, au fil des pages on découvre, tout comme pour la couverture, un style sobre mais pur et élégant. Au final, toutes les petites maladresses qui parsèment les images passent rapidement au second plan devant l'esthétique (trop) sage de Bertail. La mise en couleur y est sûrement pour quelque chose aussi, mélangeant a priori la couleur directe remaniée d'une pointe d'informatique, le mélange est là encore discret mais d'une belle efficacité. Pour conclure ce chapitre dessin, Bertail nous livre une belle vision de notre futur proche. Sans excès, sans dérive dans son imagination, il propose un environnement tout à fait crédible. Son type architectural comme automobile est là encore racé mais sobre. Classe, en somme. Mais c'est l'histoire qui m'a le plus surpris. Deux trames se mélangent étrangement. Les premiers comparatifs qui me viennent à l'esprit sont un mélange de Shojo pour la trame principale et de Shonen pour la trame de fond. Nous avons en effet droit à l'idylle romantique et amicale de deux amies, faisant appel à des sentiments profonds d'amour et d'amitié, surfant innocemment sur une trame beaucoup plus sombre et violente basée sur le trésor de guerre d'Al Quaida gagné lors de l'effondrement des tours le 11 septembre 2001. En fait, le début et la fin de l'album font appel à l'action, pendant que toute la partie centrale nous fait découvrir le monde merveilleux et fantastique de Chamza, richissime personnage dont l'origine de la fortune reste bien mystérieuse… Je me méfiais de cette opposition de style entre cette "déesse" vivant dans des cercles hyper fermés, disposant d'avion suborbitaux et cette jeune fille timide, modeste. Un grand classique souvent annonciateur d'un scénario conventionnel. Je pense qu'enquiquiner méchamment avec ces histoires de lèche-vitrine autour du monde, avec ces histoires de piscines entre copines… Je me méfiais de ce scénario basé sur une énième supposition concernant les raisons de l'effondrement des twin towers… Et bien non, la narration hyper fluide, le fond de mystère constamment entretenu, tout un tas de petits trucs qui créent des perturbations à chaque page, ont su garder mon attention de bout en bout. Bref une belle surprise élégante.
Berceuse assassine
C'est à l'occasion de la sortie du triptyque que j'ai décidé d'acheter Berceuse Assassine (BA). J'ai lu les trois volets le temps d'un trajet en train, un vrai régal ! Ce qui frappe de prime abord c'est la mise en couleur (avant même le dessin à proprement parlé), délibérément sombre, les tons marrons/sépia dominent avec une touche de jaune "flashi" qui frôlerait le mauvais goût dans un autre genre de BD. Mais ici, la sauce prend admirablement bien, ce taxi jaune (presque fluo - j'insiste !) dans ces décors lugubres rappelle qu'il est le trait d'union entre les trois autres principaux protagonistes. La mise en scène et la construction globale de la BD est à la hauteur du scénario. On retrouve dans la découpe de cette BD des façons de faire de certains cinéastes que j'affectionne (Snatch de Guy Richie pour ne citer que lui). La manière de raconter la même histoire selon plusieurs points de vue est admirablement bien gérée. Ce qui semble de prime abord une histoire assez manichéenne avec des partis pris bien tranchés, glisse au fur et a mesure dans les nuances ou chacun des personnages à ses raisons et ses motivations propres que le lecteur ne peut que comprendre. Enfin, le dessin au trait précis et presque rugueux de MEYER a un parfum de comics qui sied parfaitement à l'affaire, la gestion des jeux d'ombres et de lumière fait ressortir encore plus cruellement la dureté de l'univers proposé ici. Nous avons là une BD qui ne fait aucune concession que ce soit dans le scénario ou dans le dessin, on aime ou on n’aime pas, personnellement j'adore !
Les Aquanautes
J'ai été assez agréablement surpris par cette série qui ressemble un peu dans le thème à Sanctuaire. On est dans un milieu clos au fin fond de l'Océan Atlantique dans une station scientifique également occupée par des militaires. L'histoire se met en place tout doucement dans une atmosphère de conflit permanent entre géologues et militaires. On pourra reprocher certaines longueurs mais j'ai envie de dire que les auteurs ont voulu prendre leur temps pour ne pas que privilégier l'action pure. Pourtant, au début, il y a deux choses qui me rebutaient. La première est que la série est signée par la collection Soleil qui n'est pas toujours synonyme de grande qualité. Cependant, cette série n'est pas dans le formatage des éditions Soleil car elle accorde une grande place à l'aspect psychologique des différents personnages. Par ailleurs, je trouve que le nom de la série est une faute de goût. Aquanautes, cela rappelle "internautes". Cela fait jeu de mots humoristique alors que cette série est un véritable drame. Lorsque l'action se passe sous l'eau, le fond de la page est noir. Il reste blanc quand l'action a lieu dans la station. J'aime bien cette trouvaille qui a été exploité de façon régulière et cohérente rendant un peu plus une ambiance inquiétante. Cette série claustrophobique est non seulement mésestimée mais également sous-évaluée au regard d'autres productions. C'est dommage !
Complainte des landes perdues
Autant l'avouer d'entrée, je ne suis vraiment pas fan de l'héroic fantasy. J'ai les Thorgal, mais je n'ai pas accroché dans l'ensemble, et c'est à peu près tout ce que je possède dans ce style. Et pourtant, je me suis laissé tenter il y a quelques années par cette série, et je ne le regrette absolument pas : L'histoire se décompose en 2 cycles pour le moment, le 1er de 4 tomes ici présent et le second en cours avec 2 tomes sortis pour le moment : La Complainte des landes perdues - Les chevaliers du pardon. Le 1er cycle peut se diviser en 2 également. Les 2 premiers tomes sont excellents, l'histoire mi-celtique, mi-fantasy est très prenante, les personnages sont très attachants, les dessins sont dans l'ensemble de très bonne facture. Une réussite. Les 2 tomes suivants sont légèrement en-dessous au niveau de l'intrigue avec une histoire plus convenue, mais ça se lit sans problème. Les protagonistes ne sont pas aussi simples qu'en apparence (Lady O'mara par exemple), même si les scènes finales sont effectivement un peu courtes. Bref, une excellente série que je recommande à ceux qui comme moi ne sont pas tentés par ce genre.