Cet album a été pour moi l'occasion d'en savoir un peu plus sur une pratique sexuelle dont j'avais un peu entendu parler, à savoir le bondage, qui porte aussi deux noms japonais, shibari et kunraku. Sans entrer dans les détails techniques, l'idée est de se ligoter soi-même ou de laisser son/sa partenaire le faire sur soi, afin de découvrir de nouvelles sensations, qui peuvent s'avérer érotiques. Alice Bienassis, autrice dont c'est là le premier album, a comme de nombreuses femmes (pour ne pas dire toutes) été bombardée depuis son enfance par de nombreuses images qui confortent une représentation objectivée, violentée, écrasée des représentantes de son sexe. Une représentation difficile à supporter, et qui l'a amenée en tant qu'artiste, à chercher d'autres voies. Elle a ainsi rencontré plusieurs personnes adeptes de bondage, et pas seulement des femmes, pour en savoir plus.
Il en ressort quatre témoignages, dont le sien, ponctués de paroles fortes, de prises de conscience qui peuvent renverser une vie. Une novice, une personne trans, un rigger qui réalise qu'il a abusé de sa partenaire, ou encore un exposé sur l'histoire du bondage, et en particulier ses origines nipponnes, voici en quelques traits le contenu de ce recueil d'histoires courtes. C'est très intéressant car le rapport entre celui (ou celle) qui manie les cordes et celui (ou celle) qui se retrouve attaché est ainsi mis à nu, pour ainsi dire, et que l'on nous expose la difficile mécanique de la communication au sein de cette relation particulière, la question critique du consentement, ou encore les limites physiques que l'on peut s'imposer à soi-même. C'est un album dont on ne peut pas sortir tout à fait indemne, car il invite à se questionner sur ses propres relations et la façon dont on gère la communication envers l'autre, ou encore le respect que l'on peut avoir par rapport à son corps.
Côté dessin je ne suis pas tout à fait amateur du style d'Alice Bienassis, que je trouve encore hésitant, maladroit, quelque part. Ceci dit il y a tout de même une vraie grâce qui se dégage de ses corps, qu'ils soient libres ou engoncés, et l'autrice utilise plusieurs astuces de mise en scène pour nous faire "ressentir" les vagues de désir, la pression des cordes qui peut devenir source de plaisir, etc. Sa voix, qu'elle soit narrative ou graphique, est intéressante, et je pense qu'elle va continuer sur ces sujets un peu hors des sentiers battus.
Une autrice qui ne m'a pas totalement convaincu, mais a su m'interpeller. A suivre, donc.
Cet album m'avait été présenté de belle manière par mon amie Lulu, et son enthousiasme m'avait intrigué, car cela sortait de ce qu'elle lit et aime habituellement.Du coup quand j'ai pu à mon tour aborder ce roman graphique se déroulant dans un decorum historique peu courant, je me suis mis à l'aise.
Ce qui m'a frappé, et plus de prime abord, c'est le niveau graphique, plutôt remarquable pour une autrice débutante. Bien sûr, même si nous sommes dans une ambiance hollandaise du seizième siècle, elle s'est évité des écueils importants comme les gréements de l'époque ou des scènes d'action, même s'il y a quelques "mouvements" dans l'album. J'ai beaucoup aimé la délicatesse du trait, qui garde un caractère asiatique affirmé mais a su se nourrir d'un certain classicisme européen.
Yudori se concentre sur ses personnages, en particulier des femmes de conditions et d'horizons différents, qui se retrouvent sous la coupe d'un marchand hollandais, autant dire qu'il avait quasiment droit de vie et de mort sur elles. Pourtant Amélie, Sahara et Yolente ne s'en laissent pas compter, et cultivent leurs jardins secrets, essayent de remplir leurs objectifs : voler ou faire voler pour l'une, survivre, quitte à devenir une esclave sexuelle pour l'autre, rencontrer un bel homme, honnête et gentil pour la troisième. Même si la servante est la moins présente dans l'histoire principale, elle n'est pas négligée pour autant. Et si Amélie, à la fin de l'histoire, parvient à ses fins, il y a quand même des choses qui me semblent manquantes dans celle-ci, sans que je puisse mettre le doigt dessus. C'est probablement dû au caractère débutant de l'autrice, mais c'est franchement très intéressant, surprenant... Je m'attendais presque à voir les deux rivales débuter une histoire charnelle, mais Yudori évite cet écueil-là également.
Bref, un bon moment de lecture, qui sort des sentiers battus.
Cet album vaut plus pour son évocation d’Ostende à la belle époque que pour une intrigue policière dont la résolution tient du miracle et les motivations de l’assassin sentent le déjà souvent lu.
En grand spécialiste de la famille royale, Patrick Weber nous offre dans ce récit un portrait de Léopold II assez intéressant. Nous découvrons le deuxième roi des Belges dans une période très délicate de son règne mais toujours porté par son assurance, voire sa suffisance. En arrière-plan, Ostende, la reine de plages dans toute la splendeur de son apparat, offre un cadre prestigieux à cette intrigue. Malheureusement, ces deux aspects positifs sont insuffisants à mes yeux pour oublier le caractère poussif du volet policier, et ce malgré un personnage de commissaire de police (Hendrikus Ansor) assez bien réussi. Ce commissaire va longuement subir les événements (autant de prétextes pour découvrir Ostende et sa population cosmopolite) avant de subitement sucer la solution de son pouce sans que l’on puisse comprendre ce qui a déclenché cette soudaine sagacité.
Au dessin, Olivier Wozniack œuvre dans un style ligne claire agréable à lire même si pas toujours des plus aboutis. C’est très lisible, bien adapté au sujet et j’ai particulièrement apprécié l’absence d’ombres aux pieds des personnages qui m’a rappelé un des grands principes édictés par Hergé et qui caractérisait sa ligne claire.
Pas un grand album mais agréable à lire pour son évocation d’un lieu et d’une époque que l’on voit rarement en bandes dessinées. Un petit 3/5 mais surtout dû à mon intérêt pour le cadre de ce récit.
Baru vers ses débuts, mais déjà mêlant souvenirs personnels et les milieux populaires dont il est issu, ici autour d’un rituel relevant à la fois de la farce paganiste, du charivari, et d’un machisme aujourd’hui enseveli sous les déferlantes mee too, à savoir le rite des conscrits qui, une fois déclarés aptes pour le service militaire, se voyaient accorder tacitement quelques libéralités en matière de comportement, le temps d’une bringue maousse. Et qui se croyaient pouvoir obtenir des filles sur lesquelles ils jetaient leur dévolu un accueil très chaleureux.
Par la présentation de la jeunesse ouvrière à l’entrée dans l’âge adulte, cet album est à rapprocher d’autres œuvres de Baru, comme La Piscine de Micheville ou Quéquette blues. De jeunes cons mal dégrossis, cherchant un exutoire dans une vie qui commence difficilement. Et qui cherchent à s’affirmer en « couchant ».
Le dessin est classique pour cet auteur (on aime ou pas). Je n’en suis pas fan, mais il est original et très lisible, efficace. La colorisation est un peu terne, comme délavée, c’est un peu bizarre parfois.
Dès le début, dans une introduction en forme de rappel historique, Baru place cet album sous le signe de l’ironie, d’une certaine rage contre le service militaire, et certains rites qui lui sont associés.
Le résultat est un album un peu daté par son traitement, mais aussi pour un sujet, qui ne parlera sans doute pas aux plus jeunes. Mais la lecture n’est pas désagréable.
Note réelle 2,5/5.
Une lecture sympathique, sans plus. Mais qui mérite un petit coup d’œil quand même.
Le grand format carré de la collection est toujours surprenant (Moynot y avait déjà goûté l’année précédente avec Monsieur Khol) – comme peut l’être le dessin de Moynot, très éloigné ici des histoires plutôt polar et noires auxquelles il est habitué.
Pas de vrai gaufrier, ni d’espace blanc entre les « cases », ce qui donne un aspect de collage à l’ensemble. Pas forcément mon truc, mais pas désagréable en tout cas.
Concernant l’histoire, elle est assez simple dans son déroulé. Oscar, un jeune homme timide et maladroit, est accompagné de son double, quant à lui doué, déterminé et plus mur : c’est ce dernier qui aide notre héros à prendre confiance en lui – dans son travail d’artiste/illustrateur et face à celui qui exploite son travail, mais aussi avec les femmes (la jolie voisine en particulier).
Jusqu’à « l’émancipation » finale, que l’on devine très rapidement, tant le scénario est finalement assez linéaire.
Mais le dessin de Moynot, l’aspect un peu désuet du cadre (fin XIXème), et un récit assez frais font passer agréablement cette lecture. A emprunter à l’occasion.
J'ai toujours été un peu méfiant sur ce type de série à l'ambiance un peu "crade/gore". En lisant quelques albums je reconnais pas mal de qualités à la série même si je ne suis pas du tout la cible (ni jeune ni gamer).
J'ai trouvé que les gags se renouvellent plutôt bien. L'humour au second degré est très présent et je trouve les situations drôles.
Il y a souvent un décalage réussi entre l'univers enfantin auquel renvoie Kid et ses copains et l'univers "monstrueux" dans lequel la petite troupe baigne en toute rigolade.
Le graphisme est moderne et original avec ses personnages difformes mais sympathiques. La mise en couleur très chaude propose une ambiance confortable et humoristique.
À la croisée de plusieurs univers, enfant/ados/adulte une série qui propose un agréable moment de sourires.
Je ne savais pas que l'auteur de Gomorra vivait depuis plus de 15 ans sous haute protection au même titre qu'un Salman Rushdie par exemple. Et je ne savais pas non plus ce que cela signifiait concrètement. C'est la lecture de cette BD qui m'a permis de le découvrir et de découvrir aussi l'état d'esprit d'un homme tel que Roberto Saviano qui subit cet exil et enfermement forcé depuis si longtemps. J'avoue que depuis le temps, j'aurais cru que les choses se seraient tassés et que non seulement les mafieux qui voulaient sa peau seraient passés à autre chose, ou seraient morts, mais surtout aussi que le public aurait davantage oublié cet auteur et que celui-ci n'aurait pas eu à gérer les réactions disparates et parfois stupidement agressives des réseaux sociaux qui accentuent l'absurdité et la difficulté de son sort.
Asaf Hanuka a fait un chouette travail de mise en image du témoignage de l'auteur. J'aime la clarté de son trait et de son encrage, ainsi que la forme de dynamisme moderne dont il fait preuve. Il y a un peu de comics dans ce style, un genre qui s'apparente d'ordinaire davantage à des récits d'action qu'à des témoignages semi-documentaires. J'apprécie cela, ça me donne davantage envie de lire et éloigne l'aspect ennuyeux des documentaires ordinaires.
A ce sujet, j'étais assez intéressé par la première moitié de l'album : cette découverte des circonstances ayant amené à la rédaction de Gomorra, ses conséquences, et comment s'est ensuite transformée la vie de Roberto Saviano. Sur la dernière partie de l'album toutefois, mon attention est retombée car celui-ci s'épanche davantage en pensées philosophiques ou sociologiques qui m'ont un peu plus ennuyé.
Un début de lecture intéressant donc, mais pas une BD que j'achèterais personnellement.
J’ai retrouvé cette BD en faisant du rangement dans ma bibliothèque. Je n’ai aucun souvenir de l’avoir achetée ou de l’avoir reçue en cadeau, et je ne l’ai jamais lue… m’enfin.
Et bien ma foi les gags ne sont pas mal du tout. Oh, rien de révolutionnaire, il s’agit d’une BD humoristique « de supermarché » sur un thème bien précis (le VTT) comme il en existe des centaines. Mais si la qualité varie selon les histoires, je dois avouer avoir passé un bon moment de lecture, même si je ne m’identifie pas vraiment aux protagonistes casse-cous et flambeurs. J’ai en tout cas souvent souri.
Un album sympathique, que je recommande aux amateurs de VTT.
Premier contact avec cet auteur, un album qui m’a un peu déçu, j’en attendais sans doute un peu trop.
Le dessin et couleurs sont agréables et contribuent à créer une certaine atmosphère. Malheureusement l’ambiance ne m’a pas emporté et la quête proposée ne m’a qu’à moitié conquis, on suit une expédition partie à la recherche de 2 navires Anglais perdus en Arctique. C’est un peu trop mou à mon goût et le fantastique amené bien qu’original ne m’a pas touché. Le petit pied de nez final, bien que hors propos, lui m’a bien plu.
Un petit pas mal, je retiendrai la patte graphique de l’auteur et l’histoire de ces 2 navires ayant fait l’objet de bien des mystères avant d’être retrouvés en 2014.
Je possède la première version, publiée chez un tout petit éditeur. C’était je crois la première publication de F’murr. Si l’on y trouve déjà un petit côté absurde et légèrement déjanté, c’est bien moins poussé que dans ses productions suivantes, Le Génie des alpages en tête.
Si le loup est bien présent, dans des histoires courtes singeant surtout les contes de Perrault, c’est plutôt le Petit Chaperon rouge le personnage principal, celui qui a le plus beau rôle (le loup est même absent d’une ou deux histoires). Autour gravitent, au hasard d’une histoire, Perrault lui-même, le renard, le corbeau, les 3 cochons.
Rien d’hilarant, mais un ensemble de bonne tenue, gentiment caricatural et amusant. C’est assez frais. Une lecture pas inoubliable, mais sympathique.
Dans ce que je lis de certains avis, quelques pages en couleurs ont été ajoutées dans les éditions suivantes. Dans mon album, tout est en Noir et Blanc, et je trouve que ce n’est pas plus mal, le trait fin, un peu crobar jeté sur une feuille, dans un style mi-caricature mi -dessin de presse, passe très bien et une colorisation n’apporterait rien d’intéressant je pense. Je regrette juste un encrage parfois insuffisant.
En tout cas, ce dessin est efficace, dynamique, même s’il est relativement minimaliste (pour les personnages, croqués rapidement, mais aussi pour les décors, peu développés – même si F’murr glisse régulièrement quelques petits détails loufoques dans les coins).
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Cet album a été pour moi l'occasion d'en savoir un peu plus sur une pratique sexuelle dont j'avais un peu entendu parler, à savoir le bondage, qui porte aussi deux noms japonais, shibari et kunraku. Sans entrer dans les détails techniques, l'idée est de se ligoter soi-même ou de laisser son/sa partenaire le faire sur soi, afin de découvrir de nouvelles sensations, qui peuvent s'avérer érotiques. Alice Bienassis, autrice dont c'est là le premier album, a comme de nombreuses femmes (pour ne pas dire toutes) été bombardée depuis son enfance par de nombreuses images qui confortent une représentation objectivée, violentée, écrasée des représentantes de son sexe. Une représentation difficile à supporter, et qui l'a amenée en tant qu'artiste, à chercher d'autres voies. Elle a ainsi rencontré plusieurs personnes adeptes de bondage, et pas seulement des femmes, pour en savoir plus. Il en ressort quatre témoignages, dont le sien, ponctués de paroles fortes, de prises de conscience qui peuvent renverser une vie. Une novice, une personne trans, un rigger qui réalise qu'il a abusé de sa partenaire, ou encore un exposé sur l'histoire du bondage, et en particulier ses origines nipponnes, voici en quelques traits le contenu de ce recueil d'histoires courtes. C'est très intéressant car le rapport entre celui (ou celle) qui manie les cordes et celui (ou celle) qui se retrouve attaché est ainsi mis à nu, pour ainsi dire, et que l'on nous expose la difficile mécanique de la communication au sein de cette relation particulière, la question critique du consentement, ou encore les limites physiques que l'on peut s'imposer à soi-même. C'est un album dont on ne peut pas sortir tout à fait indemne, car il invite à se questionner sur ses propres relations et la façon dont on gère la communication envers l'autre, ou encore le respect que l'on peut avoir par rapport à son corps. Côté dessin je ne suis pas tout à fait amateur du style d'Alice Bienassis, que je trouve encore hésitant, maladroit, quelque part. Ceci dit il y a tout de même une vraie grâce qui se dégage de ses corps, qu'ils soient libres ou engoncés, et l'autrice utilise plusieurs astuces de mise en scène pour nous faire "ressentir" les vagues de désir, la pression des cordes qui peut devenir source de plaisir, etc. Sa voix, qu'elle soit narrative ou graphique, est intéressante, et je pense qu'elle va continuer sur ces sujets un peu hors des sentiers battus. Une autrice qui ne m'a pas totalement convaincu, mais a su m'interpeller. A suivre, donc.
Le Ciel pour conquête
Cet album m'avait été présenté de belle manière par mon amie Lulu, et son enthousiasme m'avait intrigué, car cela sortait de ce qu'elle lit et aime habituellement.Du coup quand j'ai pu à mon tour aborder ce roman graphique se déroulant dans un decorum historique peu courant, je me suis mis à l'aise. Ce qui m'a frappé, et plus de prime abord, c'est le niveau graphique, plutôt remarquable pour une autrice débutante. Bien sûr, même si nous sommes dans une ambiance hollandaise du seizième siècle, elle s'est évité des écueils importants comme les gréements de l'époque ou des scènes d'action, même s'il y a quelques "mouvements" dans l'album. J'ai beaucoup aimé la délicatesse du trait, qui garde un caractère asiatique affirmé mais a su se nourrir d'un certain classicisme européen. Yudori se concentre sur ses personnages, en particulier des femmes de conditions et d'horizons différents, qui se retrouvent sous la coupe d'un marchand hollandais, autant dire qu'il avait quasiment droit de vie et de mort sur elles. Pourtant Amélie, Sahara et Yolente ne s'en laissent pas compter, et cultivent leurs jardins secrets, essayent de remplir leurs objectifs : voler ou faire voler pour l'une, survivre, quitte à devenir une esclave sexuelle pour l'autre, rencontrer un bel homme, honnête et gentil pour la troisième. Même si la servante est la moins présente dans l'histoire principale, elle n'est pas négligée pour autant. Et si Amélie, à la fin de l'histoire, parvient à ses fins, il y a quand même des choses qui me semblent manquantes dans celle-ci, sans que je puisse mettre le doigt dessus. C'est probablement dû au caractère débutant de l'autrice, mais c'est franchement très intéressant, surprenant... Je m'attendais presque à voir les deux rivales débuter une histoire charnelle, mais Yudori évite cet écueil-là également. Bref, un bon moment de lecture, qui sort des sentiers battus.
Ostende 1905
Cet album vaut plus pour son évocation d’Ostende à la belle époque que pour une intrigue policière dont la résolution tient du miracle et les motivations de l’assassin sentent le déjà souvent lu. En grand spécialiste de la famille royale, Patrick Weber nous offre dans ce récit un portrait de Léopold II assez intéressant. Nous découvrons le deuxième roi des Belges dans une période très délicate de son règne mais toujours porté par son assurance, voire sa suffisance. En arrière-plan, Ostende, la reine de plages dans toute la splendeur de son apparat, offre un cadre prestigieux à cette intrigue. Malheureusement, ces deux aspects positifs sont insuffisants à mes yeux pour oublier le caractère poussif du volet policier, et ce malgré un personnage de commissaire de police (Hendrikus Ansor) assez bien réussi. Ce commissaire va longuement subir les événements (autant de prétextes pour découvrir Ostende et sa population cosmopolite) avant de subitement sucer la solution de son pouce sans que l’on puisse comprendre ce qui a déclenché cette soudaine sagacité. Au dessin, Olivier Wozniack œuvre dans un style ligne claire agréable à lire même si pas toujours des plus aboutis. C’est très lisible, bien adapté au sujet et j’ai particulièrement apprécié l’absence d’ombres aux pieds des personnages qui m’a rappelé un des grands principes édictés par Hergé et qui caractérisait sa ligne claire. Pas un grand album mais agréable à lire pour son évocation d’un lieu et d’une époque que l’on voit rarement en bandes dessinées. Un petit 3/5 mais surtout dû à mon intérêt pour le cadre de ce récit.
Vive la classe !
Baru vers ses débuts, mais déjà mêlant souvenirs personnels et les milieux populaires dont il est issu, ici autour d’un rituel relevant à la fois de la farce paganiste, du charivari, et d’un machisme aujourd’hui enseveli sous les déferlantes mee too, à savoir le rite des conscrits qui, une fois déclarés aptes pour le service militaire, se voyaient accorder tacitement quelques libéralités en matière de comportement, le temps d’une bringue maousse. Et qui se croyaient pouvoir obtenir des filles sur lesquelles ils jetaient leur dévolu un accueil très chaleureux. Par la présentation de la jeunesse ouvrière à l’entrée dans l’âge adulte, cet album est à rapprocher d’autres œuvres de Baru, comme La Piscine de Micheville ou Quéquette blues. De jeunes cons mal dégrossis, cherchant un exutoire dans une vie qui commence difficilement. Et qui cherchent à s’affirmer en « couchant ». Le dessin est classique pour cet auteur (on aime ou pas). Je n’en suis pas fan, mais il est original et très lisible, efficace. La colorisation est un peu terne, comme délavée, c’est un peu bizarre parfois. Dès le début, dans une introduction en forme de rappel historique, Baru place cet album sous le signe de l’ironie, d’une certaine rage contre le service militaire, et certains rites qui lui sont associés. Le résultat est un album un peu daté par son traitement, mais aussi pour un sujet, qui ne parlera sans doute pas aux plus jeunes. Mais la lecture n’est pas désagréable. Note réelle 2,5/5.
Oscar & Monsieur O
Une lecture sympathique, sans plus. Mais qui mérite un petit coup d’œil quand même. Le grand format carré de la collection est toujours surprenant (Moynot y avait déjà goûté l’année précédente avec Monsieur Khol) – comme peut l’être le dessin de Moynot, très éloigné ici des histoires plutôt polar et noires auxquelles il est habitué. Pas de vrai gaufrier, ni d’espace blanc entre les « cases », ce qui donne un aspect de collage à l’ensemble. Pas forcément mon truc, mais pas désagréable en tout cas. Concernant l’histoire, elle est assez simple dans son déroulé. Oscar, un jeune homme timide et maladroit, est accompagné de son double, quant à lui doué, déterminé et plus mur : c’est ce dernier qui aide notre héros à prendre confiance en lui – dans son travail d’artiste/illustrateur et face à celui qui exploite son travail, mais aussi avec les femmes (la jolie voisine en particulier). Jusqu’à « l’émancipation » finale, que l’on devine très rapidement, tant le scénario est finalement assez linéaire. Mais le dessin de Moynot, l’aspect un peu désuet du cadre (fin XIXème), et un récit assez frais font passer agréablement cette lecture. A emprunter à l’occasion.
Kid Paddle
J'ai toujours été un peu méfiant sur ce type de série à l'ambiance un peu "crade/gore". En lisant quelques albums je reconnais pas mal de qualités à la série même si je ne suis pas du tout la cible (ni jeune ni gamer). J'ai trouvé que les gags se renouvellent plutôt bien. L'humour au second degré est très présent et je trouve les situations drôles. Il y a souvent un décalage réussi entre l'univers enfantin auquel renvoie Kid et ses copains et l'univers "monstrueux" dans lequel la petite troupe baigne en toute rigolade. Le graphisme est moderne et original avec ses personnages difformes mais sympathiques. La mise en couleur très chaude propose une ambiance confortable et humoristique. À la croisée de plusieurs univers, enfant/ados/adulte une série qui propose un agréable moment de sourires.
Je suis toujours vivant
Je ne savais pas que l'auteur de Gomorra vivait depuis plus de 15 ans sous haute protection au même titre qu'un Salman Rushdie par exemple. Et je ne savais pas non plus ce que cela signifiait concrètement. C'est la lecture de cette BD qui m'a permis de le découvrir et de découvrir aussi l'état d'esprit d'un homme tel que Roberto Saviano qui subit cet exil et enfermement forcé depuis si longtemps. J'avoue que depuis le temps, j'aurais cru que les choses se seraient tassés et que non seulement les mafieux qui voulaient sa peau seraient passés à autre chose, ou seraient morts, mais surtout aussi que le public aurait davantage oublié cet auteur et que celui-ci n'aurait pas eu à gérer les réactions disparates et parfois stupidement agressives des réseaux sociaux qui accentuent l'absurdité et la difficulté de son sort. Asaf Hanuka a fait un chouette travail de mise en image du témoignage de l'auteur. J'aime la clarté de son trait et de son encrage, ainsi que la forme de dynamisme moderne dont il fait preuve. Il y a un peu de comics dans ce style, un genre qui s'apparente d'ordinaire davantage à des récits d'action qu'à des témoignages semi-documentaires. J'apprécie cela, ça me donne davantage envie de lire et éloigne l'aspect ennuyeux des documentaires ordinaires. A ce sujet, j'étais assez intéressé par la première moitié de l'album : cette découverte des circonstances ayant amené à la rédaction de Gomorra, ses conséquences, et comment s'est ensuite transformée la vie de Roberto Saviano. Sur la dernière partie de l'album toutefois, mon attention est retombée car celui-ci s'épanche davantage en pensées philosophiques ou sociologiques qui m'ont un peu plus ennuyé. Un début de lecture intéressant donc, mais pas une BD que j'achèterais personnellement.
Histoires de VTT
J’ai retrouvé cette BD en faisant du rangement dans ma bibliothèque. Je n’ai aucun souvenir de l’avoir achetée ou de l’avoir reçue en cadeau, et je ne l’ai jamais lue… m’enfin. Et bien ma foi les gags ne sont pas mal du tout. Oh, rien de révolutionnaire, il s’agit d’une BD humoristique « de supermarché » sur un thème bien précis (le VTT) comme il en existe des centaines. Mais si la qualité varie selon les histoires, je dois avouer avoir passé un bon moment de lecture, même si je ne m’identifie pas vraiment aux protagonistes casse-cous et flambeurs. J’ai en tout cas souvent souri. Un album sympathique, que je recommande aux amateurs de VTT.
Adlivun
Premier contact avec cet auteur, un album qui m’a un peu déçu, j’en attendais sans doute un peu trop. Le dessin et couleurs sont agréables et contribuent à créer une certaine atmosphère. Malheureusement l’ambiance ne m’a pas emporté et la quête proposée ne m’a qu’à moitié conquis, on suit une expédition partie à la recherche de 2 navires Anglais perdus en Arctique. C’est un peu trop mou à mon goût et le fantastique amené bien qu’original ne m’a pas touché. Le petit pied de nez final, bien que hors propos, lui m’a bien plu. Un petit pas mal, je retiendrai la patte graphique de l’auteur et l’histoire de ces 2 navires ayant fait l’objet de bien des mystères avant d’être retrouvés en 2014.
Au loup !
Je possède la première version, publiée chez un tout petit éditeur. C’était je crois la première publication de F’murr. Si l’on y trouve déjà un petit côté absurde et légèrement déjanté, c’est bien moins poussé que dans ses productions suivantes, Le Génie des alpages en tête. Si le loup est bien présent, dans des histoires courtes singeant surtout les contes de Perrault, c’est plutôt le Petit Chaperon rouge le personnage principal, celui qui a le plus beau rôle (le loup est même absent d’une ou deux histoires). Autour gravitent, au hasard d’une histoire, Perrault lui-même, le renard, le corbeau, les 3 cochons. Rien d’hilarant, mais un ensemble de bonne tenue, gentiment caricatural et amusant. C’est assez frais. Une lecture pas inoubliable, mais sympathique. Dans ce que je lis de certains avis, quelques pages en couleurs ont été ajoutées dans les éditions suivantes. Dans mon album, tout est en Noir et Blanc, et je trouve que ce n’est pas plus mal, le trait fin, un peu crobar jeté sur une feuille, dans un style mi-caricature mi -dessin de presse, passe très bien et une colorisation n’apporterait rien d’intéressant je pense. Je regrette juste un encrage parfois insuffisant. En tout cas, ce dessin est efficace, dynamique, même s’il est relativement minimaliste (pour les personnages, croqués rapidement, mais aussi pour les décors, peu développés – même si F’murr glisse régulièrement quelques petits détails loufoques dans les coins).