« Ne m’oublie pas » aborde la problématique de la maladie d’Alzheimer, c’est un sujet un peu casse-gueule où il faut trouver un bon compromis, le juste milieu entre le drame et le comique pour rendre le récit suffisamment sérieux et ludique pour ne pas « écœurer » les lecteurs.
Et il faut bien reconnaitre qu’Alix Garin, l’auteure de « Ne m’oublie pas » s’en sort –à mon avis- avec honneur.
Comment rendre la dignité à nos ainés sans que l’on se sente coupable contre leurs grés de les avoir placés dans une maison de retraite ? Comment faire en sorte qu’ils puissent encore profiter des instants de plénitude et de bonheur de vivre ? Ce sont des questions que se pose Alix Garin dans ce récit.
« Ne m’oublie pas » nous emmène dans un road-trip en compagnie de Clémence et de sa grand-mère. Cette cavalcade va être l’occasion de nous montrer les rapports très respectueux entre elles, les moments de complicité et de tendresse qui unissent ces deux êtres. Ces séquences sont touchantes, elles présentent bien l’affection de Clémence pour sa grand-mère. J’ai également apprécié les passages de folie entre elles, ils apportent un côté humoristique bienvenu au récit. L’auteure aurait peut-être dû insister davantage sur ces moments quitte à laisser tomber ce dénouement trop convenu à mon goût.
En parallèle à cette fuite, le lecteur découvrira les problèmes auxquels Clémence affronte quotidiennement. Ce parti-pris ne m’a pas vraiment convaincu car il n’apporte pas grand-chose de plus à la relation entre Clémence et sa grand-mère.
Par contre, les quelques passages entre l’héroïne et sa mère me sont apparu très représentatifs de la complexité du devenir de nos ainés, de la question entre la garde à domicile et placer son(ses) aïeuls en maison de retraite.
A titre personnel, c’est un aspect qui me taraude de plus en plus ; pour l’instant, ça va mais qu’en sera-t-il quand ce jour viendra (sûrement) où il faudra faire un choix ?
J’ai apprécié le coup de patte d’Alix Garin, sa mise en couleurs aux tons pastels qui apportent un réel plaisir de feuilletage à ce récit.
A noter que le découpage des scènes est très fluide, aucune incompréhension sur le plan graphique ne m’est apparu… C’est vraiment du bon boulot !
Au final, peut-être aurait-il fallu insister davantage sur la relation entre Clémence et sa grand-mère au lieu de nous conter des scènes centrées sur les problèmes de l’héroïne pour nous présenter un récit encore plus poignant qu’il ne l’est actuellement ? Mais cela ne m’empêche pas de vous conseiller la lecture de « Ne m’oublie pas » qui a su me toucher par sa tendresse, sa problématique sur le devenir de nos ainés surtout lorsque ceux-ci commencent par être atteints d’une grave maladie, et me convaincre par sa bonne narration et par sa belle qualité graphique.
La lecture de cet album est globalement sympa. En tout cas narration et dessin sont fluides, agréables, tous deux sans trop de fioritures.
Pas de grands voyages ou de belles batailles comme on pourrait l’imaginer au vu du sujet – et du début de l’histoire (un mari jaloux tue l’amant de sa femme, et le clan de celui-ci exige réparation). Non, au contraire, ça vire rapidement à un récit plus simple, autour de quelques personnages coincés sur un ilot.
Pourtant l’histoire ménage quelques rebondissements – jusqu’à la fin (que j’ai trouvée un chouia brouillonne et brutale dans son extrême).
Certes, ça reste quand même assez brute comme intrigue, mais on ne s’ennuie pas – même si le monde des vikings n’est finalement pas essentiel dans cette histoire, qui aurait presque pu – certains détails en début et en fin mis à part – se dérouler dans un autre cadre.
Un album à emprunter à l’occasion.
On a là une série SF plutôt classique, et pas dénuée d’intérêt.
Le dessin est relativement bon, dynamique. La colorisation est un peu criarde (un peu datée aussi). Le rendu est proche – univers de l’intrigue compris – de ce que pouvait faire Gimenez. En particulier sujet et dessin ont pas mal d’accointances avec Gangrène.
Dans une cité en déliquescence, sous la domination d’une oligarchie religieuse (obligée d’utilisée de plus en plus la violence pour maintenir l’obéissance des masses à son credo et aux sacrifices demandés), nous suivons des aventures, qui se déroulent le plus souvent dans des égouts, ou dans des paysages mêlant friches industrielles, assemblages de tuyauteries et marécages. Société et décors semblent unis dans une putréfaction latente, donnant à l’ensemble des airs d’apocalypse en train d’advenir. Et ce d’autant plus que l’intrigue devient de plus en plus sombre, violente.
Alors que régulièrement d’inévitables bestioles dangereuses, des tensions entre catégories sociales (ici rassemblées sous divers « écussons ») font monter la tension, une jeune femme, Ylang, issue des basses classes, avec une mère prostituée, tente d’intégrer le corps d’élite des Dragons.
L’extrémisme religieux, les vexations endurées par l’héroïne Ylang – par ailleurs douée et courageuse – sont les ressorts de ces aventures. C’est rythmé, on ne s’ennuie pas, même si ce n’est pas forcément très original. A noter qu’un lieu où sont « soumis à la question » des présumés infidèles porte le nom de Guantanamo… Quant à tous ceux qui sont suspectés d’être malades, atteints de fièvres incurables (ou simples opposants), ils sont « pyrolisés » par une sorte de police politique.
J’ai trouvé la transition entre les tomes trois et quatre un peu brutale, Ylang changeant trop de personnalité, elle qui avait su garder un regard critique s’est transformée en zélatrice aveugle de la foi (avant de revenir à plus de pondération sur la fin). C’est d’ailleurs cet ultime album en son entier que j’ai trouvé différent du reste : l’accélération brutale de l’intrigue, dans une sorte d’Armageddon, est assez surprenant, comme si les auteurs avaient ressenti le besoin de conclure plus vite qu’ils ne l’avaient prévu au départ. Et, dans le maelstrom de certaines cases, le dessin est souvent moins lisible que dans les albums précédents.
Enfin, je n’ai pas été convaincu par la toute fin de l’histoire.
Mais, malgré ces bémols, cette série n’en reste pas moins intéressante et lisible, les amateurs de SF pouvant tout à fait y trouver leur compte.
Stassen s’attaque ici à un sujet douloureux, à savoir le génocide perpétré au Rwanda dans les années 1990.
La particularité de sa présentation est qu’il va parler de ce drame en creux, sans trop le « montrer » (si ce n’est dans les dernières pages, où l’on découvre le sort réservé à quelques personnages féminins que nous avons suivis dans le récit).
Récit qui mêle moment « avant » et moments « après ». Une certaine pudeur donc, mais aussi la possibilité ainsi de montrer à la fois l’absurdité de cette horreur (futurs bourreaux et victimes auraient très bien pu continuer à vivre en bonne entente – malgré la propagande de quelques fanatiques, montrée ici au travers d’émissions de radio, ou d’un cours d’histoire franchement raciste), et aussi les conséquences, les séquelles quasi irréversibles laissées derrière les charniers.
Déogratias en est un parfait exemple, lui qui s’est retrouvé embarqué dans le génocide et qui erre, comme une bête (un chien), cherchant à oublier dans l’urwagwa (alcool de banane) le traumatisme.
Le personnage du soldat français, raciste et hautain, amateur de jeunes filles est une sorte de condensé des faces noires de la colonisation (mention spéciale aussi au prêtre qui oublie ses vœux de chasteté – et ses devoirs de père – dans tous les sens du terme !). Le rôle de la France (qui n’est intervenue que tardivement, et surtout pour protéger la fuite des tueurs) n’est évoqué qu’au travers de ce soldat, c’est dommage. Mais ce n’était pas le propos de Stassen.
L’album se laisse lire, sur un rythme lent. Sa lecture est en tout cas recommandable.
Note réelle 3,5/5.
Plus que les amateurs purs et durs d’horreur et de fantastique, ce recueil d’histoire courte ravira avant tout les nostalgiques de ce type de récits à l’ancienne.
Placé sous le patronage de Georges Romero et Stephen King (je n’ai pas vu le film ayant précédé cette version BD), avec Wrightson au dessin, on est dans du classique du genre, mais en mode old school. Tout ceci est renforcé par le dessin de Wrightson lui-même – pas exempt de défauts, pas son meilleur c’est clair – même s’il fait largement le travail – et la colorisation, qui fait assez datée.
Bourrées de clins d’œil et de clichés du genre, les histoires regroupées ici se laissent lire. Mais, comme je l’ai dit, plus que leurs qualités intrinsèques (je ne les ai pas forcément trouvées extraordinaires), c’est la petite bouffée de nostalgie qui les bonifient, l’impression de lire un vieux magazine US déniché dans un vide grenier, qui les rend intéressantes.
Bref, une lecture sympa, sans plus. A emprunter à l’occasion, en s’imaginant regarder ces histoires via une bonne vieille VHS.
Note réelle 2,5/5.
Cher Corps est un très beau projet, le témoignage en dessins de plusieurs femmes qui témoignent sur leur rapport à leur corps. Il me semble qu'il s'agit en premier lieu d'une chaine youtube, qui a ici été mise sur papier par différentes dessinatrices.
C'est toujours le problème avec les compilations, les récits sont assez inégaux, notamment au niveau du dessin. De même, certains témoignages sont plus marquants que d'autres, même si pour le coup ils m'ont tous touché, et je reconnais la force qu'il faut pour accepter de témoigner sur ce sujet qui peut être ultra sensible. J'ai beaucoup apprécié certains récits, et certains dessins en particulier, dont celui qui est sur la couverture, que j'ai trouvé très stylé. Globalement j'ai donc apprécié ma lecture, même si certaines histoires m'ont un peu laissé de marbre et moins intéressé.
Mais de façon générale, c'est un sujet qui me touche et que je trouve très intéressant. Rien d'incroyablement original certes, puisqu'il s'agit de témoignages de femmes qui prônent l'acceptation de leur corps, et l'acceptation du corps pour toustes, mais je trouve que c'est toujours rafraichissant et important d'avoir ce genre d'oeuvre. Et l'avantage d'avoir plusieurs histoires est que l'on peut rapidement passer sur celles qui sont moins prenantes.
2.5
Cet album fait suite à "Solitude d’un autre genre". Ici, l'autrice montre comment est sa vie depuis le succès de son livre. On va donc voir les répercutions sur son entourage, comment elle essaie de devenir indépendante et de se trouver une copine, les réflexions qu'elle a eu en réfléchissant sur son vécu, etc et etc.
Il y a encore des réflexions intéressantes qui m'ont fait un peu réfléchir, mais j'ai tout de même moins accroché à cet album qu'au précédent de l'autrice. La faute vient en partie au fait qu'à force de voir l'autrice se plaindre et essayer d'aller mieux, ben à un moment cela finit par être un peu lassant et par tourner en rond. Et j'ai rien contre les auteurs qui montrent leurs défauts, mais par moment ça vire presque à l'auto-flagellation masochiste, mais je pense que c'est dû à la société japonaise qui est encore plus dure et stricte que la vie en occident et brise facilement le mental des laissées pour compte comme c'est le cas avec l'autrice. J'ai tout de même été touché par ses problèmes psychologiques.
Le dessin est bon. Je le trouve expressif. Il faut pas être allergique à l'absence de décors parce qu'une bonne majorité des cases c'est juste un ou des personnages avec rien en arrière-plan sauf du blanc.
Même si je serai un chouia moins généreux pour le moment que Mac Arthur pour ma notation, j’ai comme lui apprécié cet album inaugural.
Et, comme lui, j’ai trouvé pas mal de points communs entre le personnage principal et celui de Gomont dans Malaterre. Père égoïste, flambeur, hâbleur, qui se paye de mots et sacrifie sa « famille » (femme et gamin) au profit d’une vie de noceur, dans les nuits alcoolisées du Munich branché des années 1970. Un naufrage annoncé qu’on découvre au fil de nombreux flash-backs.
Car l’histoire se déroule en deux temps parallèle. Le fils du héros redécouvre son père au moment de sa mort, lui qui l’avait abandonné trente ans plus tôt. Un fils qui semble reproduire le même gâchis, ratant son mariage et ne s’entendant pas avec son fils.
La narration est dynamique, le dessin (qui joue sur diverses bichromies) est lui aussi agréable. C’est d’ailleurs cette série (d’un auteur allemand que je ne connaissais pas) qui s’engage sur de très bonnes bases.
A suivre donc.
L'idée initiale de cette histoire, des enfants nés le même jour qui se retrouvent dotés de super pouvoirs, a un petit coté Umbrella Academy. Mais la ressemblance s'arrête là et les histoires n'ont rien à voir. Il est ici question de 220 000 enfants nés le jour de l'Aurore. Il s'agit d'une journée très particulière où on a pu observer dans le ciel des phénomènes très étranges. Des sortes d'aurores boréales rouges envahissant le ciel terrestre. Et tous les enfants nés ce jour là seront des humains à part, liés par des comportement et des pouvoirs inexplicables.
Tout commence avec des nourrissons qui ne pleurent pas, qui vont montrer une précocité jamais vue auparavant. On découvrira également qu'ils ont un QI incroyablement élevé et une force surhumaine. Au delà ce pitch interessant, ce premier tome ne nous en dira pas beaucoup plus pour le moment. Tout ça est très introductif, trop peut-être. On suit quelques uns de ces enfants, de leur naissance jusqu'à leur dix-douze ans. Au travers de quelques journées de leur vie, on découvre par petites touches leurs particularités et leurs pouvoirs. Mais après 60 pages on attend encore un peu qu'un évènement viennent lancer la machine et que le récit décolle.
Les auteurs ont démontrés dans leurs collaborations précédentes (Pandemonium, Sarah) qu'ils maitrisaient l'horreur en bande dessinée. Il est trop tôt pour dire que ce récit prend ce chemin, mais on sent bien que les enfants ne vont pas faire des câlins et des bisous à tout le monde. Intriguant mais il faudra vraiment juger sur les prochains tomes de la série pour ce faire une idée plus précise de Aurora.
Section de recherches a pour héros des équipes de la section de recherche de la Gendarmerie de l'Air. Leur rôle : enquêter sur toutes les affaires relatives à l'armée de l'Air française, qu'il s'agisse des circonstances d'un crash ou de crimes liés de près ou de loin au domaine des bases aériennes. Pour ce qui est du premier tome de cette série, on y suit notamment en parallèle les analyses du crash d'un Mirage 2000 sur une plage normande et l'enquête sur un serial-killer tuant des femmes dans des circonstances très étudiées aux abords de la base de Nancy. Le rapport avec l'aviation est finalement ténu et on pourrait se croire dans une série policière classique.
Le graphisme de Gerardo Balsa est soigné et réaliste. Si l'aspect d'ensemble est agréable et la lecture fluide, on peut toutefois lui reprocher un trait assez figé qui, additionné à des décors visiblement dessinés sur la base de photographies, donnent parfois des légers airs de romans-photos aux planches. Toutefois, si cela m'a un peu gêné sur les premières pages, je m'y suis rapidement fait car on est facilement plongé dans l'histoire et parce que cela ne se remarque plus vraiment dans le second tome.
Comme indiqué plus haut, c'est un pur polar. Le fait que les héros soient des gendarmes et donc des militaires n'y change que peu de choses, on y suit le début de deux enquêtes qui tiennent l'une de la police scientifique et l'autre de la chasse au serial-killer à l'américaine. Le rythme est bon, les personnages sympathiques et la lecture assez facilement prenante. Seul aspect un peu surprenant, l'abondance de personnages avec parfois des scènes annexes qui n'apportent pas grand chose à l'intrigue de base. Mais au final, c'est une bonne histoire qui tient bien la route, avec une fin crédible et satisfaisante.
A noter que même si le premier tome fait 72 pages, il ne contient en réalité que 48 planches de BD, la dernière quinzaine de pages étant dédié à un documentaire intéressant sur la gendarmerie dans son ensemble et celle de l'Air en particulier.
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Ne m'oublie pas
« Ne m’oublie pas » aborde la problématique de la maladie d’Alzheimer, c’est un sujet un peu casse-gueule où il faut trouver un bon compromis, le juste milieu entre le drame et le comique pour rendre le récit suffisamment sérieux et ludique pour ne pas « écœurer » les lecteurs. Et il faut bien reconnaitre qu’Alix Garin, l’auteure de « Ne m’oublie pas » s’en sort –à mon avis- avec honneur. Comment rendre la dignité à nos ainés sans que l’on se sente coupable contre leurs grés de les avoir placés dans une maison de retraite ? Comment faire en sorte qu’ils puissent encore profiter des instants de plénitude et de bonheur de vivre ? Ce sont des questions que se pose Alix Garin dans ce récit. « Ne m’oublie pas » nous emmène dans un road-trip en compagnie de Clémence et de sa grand-mère. Cette cavalcade va être l’occasion de nous montrer les rapports très respectueux entre elles, les moments de complicité et de tendresse qui unissent ces deux êtres. Ces séquences sont touchantes, elles présentent bien l’affection de Clémence pour sa grand-mère. J’ai également apprécié les passages de folie entre elles, ils apportent un côté humoristique bienvenu au récit. L’auteure aurait peut-être dû insister davantage sur ces moments quitte à laisser tomber ce dénouement trop convenu à mon goût. En parallèle à cette fuite, le lecteur découvrira les problèmes auxquels Clémence affronte quotidiennement. Ce parti-pris ne m’a pas vraiment convaincu car il n’apporte pas grand-chose de plus à la relation entre Clémence et sa grand-mère. Par contre, les quelques passages entre l’héroïne et sa mère me sont apparu très représentatifs de la complexité du devenir de nos ainés, de la question entre la garde à domicile et placer son(ses) aïeuls en maison de retraite. A titre personnel, c’est un aspect qui me taraude de plus en plus ; pour l’instant, ça va mais qu’en sera-t-il quand ce jour viendra (sûrement) où il faudra faire un choix ? J’ai apprécié le coup de patte d’Alix Garin, sa mise en couleurs aux tons pastels qui apportent un réel plaisir de feuilletage à ce récit. A noter que le découpage des scènes est très fluide, aucune incompréhension sur le plan graphique ne m’est apparu… C’est vraiment du bon boulot ! Au final, peut-être aurait-il fallu insister davantage sur la relation entre Clémence et sa grand-mère au lieu de nous conter des scènes centrées sur les problèmes de l’héroïne pour nous présenter un récit encore plus poignant qu’il ne l’est actuellement ? Mais cela ne m’empêche pas de vous conseiller la lecture de « Ne m’oublie pas » qui a su me toucher par sa tendresse, sa problématique sur le devenir de nos ainés surtout lorsque ceux-ci commencent par être atteints d’une grave maladie, et me convaincre par sa bonne narration et par sa belle qualité graphique.
La Saga des brumes
La lecture de cet album est globalement sympa. En tout cas narration et dessin sont fluides, agréables, tous deux sans trop de fioritures. Pas de grands voyages ou de belles batailles comme on pourrait l’imaginer au vu du sujet – et du début de l’histoire (un mari jaloux tue l’amant de sa femme, et le clan de celui-ci exige réparation). Non, au contraire, ça vire rapidement à un récit plus simple, autour de quelques personnages coincés sur un ilot. Pourtant l’histoire ménage quelques rebondissements – jusqu’à la fin (que j’ai trouvée un chouia brouillonne et brutale dans son extrême). Certes, ça reste quand même assez brute comme intrigue, mais on ne s’ennuie pas – même si le monde des vikings n’est finalement pas essentiel dans cette histoire, qui aurait presque pu – certains détails en début et en fin mis à part – se dérouler dans un autre cadre. Un album à emprunter à l’occasion.
Les Ames d'Hélios
On a là une série SF plutôt classique, et pas dénuée d’intérêt. Le dessin est relativement bon, dynamique. La colorisation est un peu criarde (un peu datée aussi). Le rendu est proche – univers de l’intrigue compris – de ce que pouvait faire Gimenez. En particulier sujet et dessin ont pas mal d’accointances avec Gangrène. Dans une cité en déliquescence, sous la domination d’une oligarchie religieuse (obligée d’utilisée de plus en plus la violence pour maintenir l’obéissance des masses à son credo et aux sacrifices demandés), nous suivons des aventures, qui se déroulent le plus souvent dans des égouts, ou dans des paysages mêlant friches industrielles, assemblages de tuyauteries et marécages. Société et décors semblent unis dans une putréfaction latente, donnant à l’ensemble des airs d’apocalypse en train d’advenir. Et ce d’autant plus que l’intrigue devient de plus en plus sombre, violente. Alors que régulièrement d’inévitables bestioles dangereuses, des tensions entre catégories sociales (ici rassemblées sous divers « écussons ») font monter la tension, une jeune femme, Ylang, issue des basses classes, avec une mère prostituée, tente d’intégrer le corps d’élite des Dragons. L’extrémisme religieux, les vexations endurées par l’héroïne Ylang – par ailleurs douée et courageuse – sont les ressorts de ces aventures. C’est rythmé, on ne s’ennuie pas, même si ce n’est pas forcément très original. A noter qu’un lieu où sont « soumis à la question » des présumés infidèles porte le nom de Guantanamo… Quant à tous ceux qui sont suspectés d’être malades, atteints de fièvres incurables (ou simples opposants), ils sont « pyrolisés » par une sorte de police politique. J’ai trouvé la transition entre les tomes trois et quatre un peu brutale, Ylang changeant trop de personnalité, elle qui avait su garder un regard critique s’est transformée en zélatrice aveugle de la foi (avant de revenir à plus de pondération sur la fin). C’est d’ailleurs cet ultime album en son entier que j’ai trouvé différent du reste : l’accélération brutale de l’intrigue, dans une sorte d’Armageddon, est assez surprenant, comme si les auteurs avaient ressenti le besoin de conclure plus vite qu’ils ne l’avaient prévu au départ. Et, dans le maelstrom de certaines cases, le dessin est souvent moins lisible que dans les albums précédents. Enfin, je n’ai pas été convaincu par la toute fin de l’histoire. Mais, malgré ces bémols, cette série n’en reste pas moins intéressante et lisible, les amateurs de SF pouvant tout à fait y trouver leur compte.
Déogratias
Stassen s’attaque ici à un sujet douloureux, à savoir le génocide perpétré au Rwanda dans les années 1990. La particularité de sa présentation est qu’il va parler de ce drame en creux, sans trop le « montrer » (si ce n’est dans les dernières pages, où l’on découvre le sort réservé à quelques personnages féminins que nous avons suivis dans le récit). Récit qui mêle moment « avant » et moments « après ». Une certaine pudeur donc, mais aussi la possibilité ainsi de montrer à la fois l’absurdité de cette horreur (futurs bourreaux et victimes auraient très bien pu continuer à vivre en bonne entente – malgré la propagande de quelques fanatiques, montrée ici au travers d’émissions de radio, ou d’un cours d’histoire franchement raciste), et aussi les conséquences, les séquelles quasi irréversibles laissées derrière les charniers. Déogratias en est un parfait exemple, lui qui s’est retrouvé embarqué dans le génocide et qui erre, comme une bête (un chien), cherchant à oublier dans l’urwagwa (alcool de banane) le traumatisme. Le personnage du soldat français, raciste et hautain, amateur de jeunes filles est une sorte de condensé des faces noires de la colonisation (mention spéciale aussi au prêtre qui oublie ses vœux de chasteté – et ses devoirs de père – dans tous les sens du terme !). Le rôle de la France (qui n’est intervenue que tardivement, et surtout pour protéger la fuite des tueurs) n’est évoqué qu’au travers de ce soldat, c’est dommage. Mais ce n’était pas le propos de Stassen. L’album se laisse lire, sur un rythme lent. Sa lecture est en tout cas recommandable. Note réelle 3,5/5.
Creepshow
Plus que les amateurs purs et durs d’horreur et de fantastique, ce recueil d’histoire courte ravira avant tout les nostalgiques de ce type de récits à l’ancienne. Placé sous le patronage de Georges Romero et Stephen King (je n’ai pas vu le film ayant précédé cette version BD), avec Wrightson au dessin, on est dans du classique du genre, mais en mode old school. Tout ceci est renforcé par le dessin de Wrightson lui-même – pas exempt de défauts, pas son meilleur c’est clair – même s’il fait largement le travail – et la colorisation, qui fait assez datée. Bourrées de clins d’œil et de clichés du genre, les histoires regroupées ici se laissent lire. Mais, comme je l’ai dit, plus que leurs qualités intrinsèques (je ne les ai pas forcément trouvées extraordinaires), c’est la petite bouffée de nostalgie qui les bonifient, l’impression de lire un vieux magazine US déniché dans un vide grenier, qui les rend intéressantes. Bref, une lecture sympa, sans plus. A emprunter à l’occasion, en s’imaginant regarder ces histoires via une bonne vieille VHS. Note réelle 2,5/5.
Cher corps
Cher Corps est un très beau projet, le témoignage en dessins de plusieurs femmes qui témoignent sur leur rapport à leur corps. Il me semble qu'il s'agit en premier lieu d'une chaine youtube, qui a ici été mise sur papier par différentes dessinatrices. C'est toujours le problème avec les compilations, les récits sont assez inégaux, notamment au niveau du dessin. De même, certains témoignages sont plus marquants que d'autres, même si pour le coup ils m'ont tous touché, et je reconnais la force qu'il faut pour accepter de témoigner sur ce sujet qui peut être ultra sensible. J'ai beaucoup apprécié certains récits, et certains dessins en particulier, dont celui qui est sur la couverture, que j'ai trouvé très stylé. Globalement j'ai donc apprécié ma lecture, même si certaines histoires m'ont un peu laissé de marbre et moins intéressé. Mais de façon générale, c'est un sujet qui me touche et que je trouve très intéressant. Rien d'incroyablement original certes, puisqu'il s'agit de témoignages de femmes qui prônent l'acceptation de leur corps, et l'acceptation du corps pour toustes, mais je trouve que c'est toujours rafraichissant et important d'avoir ce genre d'oeuvre. Et l'avantage d'avoir plusieurs histoires est que l'on peut rapidement passer sur celles qui sont moins prenantes.
Journal de ma solitude
2.5 Cet album fait suite à "Solitude d’un autre genre". Ici, l'autrice montre comment est sa vie depuis le succès de son livre. On va donc voir les répercutions sur son entourage, comment elle essaie de devenir indépendante et de se trouver une copine, les réflexions qu'elle a eu en réfléchissant sur son vécu, etc et etc. Il y a encore des réflexions intéressantes qui m'ont fait un peu réfléchir, mais j'ai tout de même moins accroché à cet album qu'au précédent de l'autrice. La faute vient en partie au fait qu'à force de voir l'autrice se plaindre et essayer d'aller mieux, ben à un moment cela finit par être un peu lassant et par tourner en rond. Et j'ai rien contre les auteurs qui montrent leurs défauts, mais par moment ça vire presque à l'auto-flagellation masochiste, mais je pense que c'est dû à la société japonaise qui est encore plus dure et stricte que la vie en occident et brise facilement le mental des laissées pour compte comme c'est le cas avec l'autrice. J'ai tout de même été touché par ses problèmes psychologiques. Le dessin est bon. Je le trouve expressif. Il faut pas être allergique à l'absence de décors parce qu'une bonne majorité des cases c'est juste un ou des personnages avec rien en arrière-plan sauf du blanc.
Le Lait paternel
Même si je serai un chouia moins généreux pour le moment que Mac Arthur pour ma notation, j’ai comme lui apprécié cet album inaugural. Et, comme lui, j’ai trouvé pas mal de points communs entre le personnage principal et celui de Gomont dans Malaterre. Père égoïste, flambeur, hâbleur, qui se paye de mots et sacrifie sa « famille » (femme et gamin) au profit d’une vie de noceur, dans les nuits alcoolisées du Munich branché des années 1970. Un naufrage annoncé qu’on découvre au fil de nombreux flash-backs. Car l’histoire se déroule en deux temps parallèle. Le fils du héros redécouvre son père au moment de sa mort, lui qui l’avait abandonné trente ans plus tôt. Un fils qui semble reproduire le même gâchis, ratant son mariage et ne s’entendant pas avec son fils. La narration est dynamique, le dessin (qui joue sur diverses bichromies) est lui aussi agréable. C’est d’ailleurs cette série (d’un auteur allemand que je ne connaissais pas) qui s’engage sur de très bonnes bases. A suivre donc.
Aurora
L'idée initiale de cette histoire, des enfants nés le même jour qui se retrouvent dotés de super pouvoirs, a un petit coté Umbrella Academy. Mais la ressemblance s'arrête là et les histoires n'ont rien à voir. Il est ici question de 220 000 enfants nés le jour de l'Aurore. Il s'agit d'une journée très particulière où on a pu observer dans le ciel des phénomènes très étranges. Des sortes d'aurores boréales rouges envahissant le ciel terrestre. Et tous les enfants nés ce jour là seront des humains à part, liés par des comportement et des pouvoirs inexplicables. Tout commence avec des nourrissons qui ne pleurent pas, qui vont montrer une précocité jamais vue auparavant. On découvrira également qu'ils ont un QI incroyablement élevé et une force surhumaine. Au delà ce pitch interessant, ce premier tome ne nous en dira pas beaucoup plus pour le moment. Tout ça est très introductif, trop peut-être. On suit quelques uns de ces enfants, de leur naissance jusqu'à leur dix-douze ans. Au travers de quelques journées de leur vie, on découvre par petites touches leurs particularités et leurs pouvoirs. Mais après 60 pages on attend encore un peu qu'un évènement viennent lancer la machine et que le récit décolle. Les auteurs ont démontrés dans leurs collaborations précédentes (Pandemonium, Sarah) qu'ils maitrisaient l'horreur en bande dessinée. Il est trop tôt pour dire que ce récit prend ce chemin, mais on sent bien que les enfants ne vont pas faire des câlins et des bisous à tout le monde. Intriguant mais il faudra vraiment juger sur les prochains tomes de la série pour ce faire une idée plus précise de Aurora.
Section de recherches
Section de recherches a pour héros des équipes de la section de recherche de la Gendarmerie de l'Air. Leur rôle : enquêter sur toutes les affaires relatives à l'armée de l'Air française, qu'il s'agisse des circonstances d'un crash ou de crimes liés de près ou de loin au domaine des bases aériennes. Pour ce qui est du premier tome de cette série, on y suit notamment en parallèle les analyses du crash d'un Mirage 2000 sur une plage normande et l'enquête sur un serial-killer tuant des femmes dans des circonstances très étudiées aux abords de la base de Nancy. Le rapport avec l'aviation est finalement ténu et on pourrait se croire dans une série policière classique. Le graphisme de Gerardo Balsa est soigné et réaliste. Si l'aspect d'ensemble est agréable et la lecture fluide, on peut toutefois lui reprocher un trait assez figé qui, additionné à des décors visiblement dessinés sur la base de photographies, donnent parfois des légers airs de romans-photos aux planches. Toutefois, si cela m'a un peu gêné sur les premières pages, je m'y suis rapidement fait car on est facilement plongé dans l'histoire et parce que cela ne se remarque plus vraiment dans le second tome. Comme indiqué plus haut, c'est un pur polar. Le fait que les héros soient des gendarmes et donc des militaires n'y change que peu de choses, on y suit le début de deux enquêtes qui tiennent l'une de la police scientifique et l'autre de la chasse au serial-killer à l'américaine. Le rythme est bon, les personnages sympathiques et la lecture assez facilement prenante. Seul aspect un peu surprenant, l'abondance de personnages avec parfois des scènes annexes qui n'apportent pas grand chose à l'intrigue de base. Mais au final, c'est une bonne histoire qui tient bien la route, avec une fin crédible et satisfaisante. A noter que même si le premier tome fait 72 pages, il ne contient en réalité que 48 planches de BD, la dernière quinzaine de pages étant dédié à un documentaire intéressant sur la gendarmerie dans son ensemble et celle de l'Air en particulier.