Clara Chotil met en image une biographie écrite par sa maman journaliste sur Maria d’Apparecida, chanteuse d’opéra un peu oubliée, ayant pourtant connu un succès énorme, notamment dans les années 60. La vie de Maria est intéressante, des débuts modestes au Brésil jusqu’au succès à Paris, en passant par sa relation artistique avec le peintre Félix Labisse, son accident de voiture terrible en 1974, son retour après une longue période de convalescence… puis sa disparition de la scène publique.
La réalisation de l’album est bonne. L’autrice utilise plusieurs styles graphiques pour différencier les époques, et le dessin tout en esquisses déroute un peu au début mais sert parfaitement le récit.
Un album intéressant, que je recommande aux amateurs de biographies.
Une série qui frise entre le western classique (Etats-Unis) et le spaghetti (italo-espagnol).
Classique de par sa situation, fin de la guerre de sécession (seule ressemblance avec Blueberry), spaghetti pour les scènes d'action (plus irréalistes) et le clin d'œil au bon la brute et le truand, quand le croustillant méchant de l'histoire interroge le colonel sudiste.
On passe d'une classique chasse au trésor à la construction d'une voie ferrée, en passant par chasseurs de primes, mineurs, j'en passe, les péripéties sont nombreuses et correctement contées.
Une fin bien maitrisée, un épilogue complet, qui étanche notre soif de connaitre la fin de nos héros et héroïnes, car les femmes ont une place importante dans cette quadrilogie.
Petit bémol : j'ai trouvé les dessins inégaux. Côté paysage, plutôt complet et sympa. Mais les personnages ont des visages ressemblants, allongés, on a la sensation que cette partie du dessin n'est pas totalement maitrisée. cependant la lecture reste agréable.
en résumé, je conseillerais la lecture de cette bande dessinée.
bonne lecture
Même si à force, le concept devient répétitif, j’ai plutôt bien aimé ce recueil d’histoires courtes humoristiques. J’avais peur de tomber sur un album trop féministe, trop militant mais l’humour permet de dédramatiser la thématique tout poussant le lecteur à la réflexion. Certes, les hommes y sont souvent décrits comme de gros lourds mais c'est fait avec beaucoup de dérision, donc chez moi, ça passe.
Le dessin convient parfaitement à la série. Les personnages sont très expressifs et les décors sont des plus secondaires. Comme l’essentiel de l’humour passe justement par les propos et réactions des personnages, ce style est on ne peut plus adéquat.
J’ai bien apprécié le petit dossier en fin d’album qui permet de contextualiser certains des gags. Là aussi, c’est souvent drôle, instructif et interpellant.
Si le caractère répétitif des gags a fini par me lasser, je trouve tout de même que ce recueil mérite le coup d’œil.
Rien de mal fait mais je m’attendais à mieux.
Alyson Ford est un récit d’aventure qui lorgne clairement vers Indiana Jones. Le dessin est sympa, la narration est fluide, l’aventure est bien au rendez-vous et malgré le caractère très naïf de certains rebondissements, l’histoire tient la route…
Sauf que, d’une part, la surprise n’est jamais vraiment au rendez-vous et d’autre part, malgré un titre de série explicite, l’humour même parodique n’est pas présent. Du coup, ce premier tome n’a pas réussi à me passionner. Son caractère naïf a même fini par me fatiguer. Mais c’est du travail soigné et je ne voudrais pas condamner la série après un seul tome. Je lirai donc la suite (en bibliothèque) en espérant un peu plus d’originalité et d’humour à l’avenir. En l’état, je reste sur un petit « pas mal ».
Je connais ce duo de longue date. Rodolphe et Maucler sont en effet les coauteurs de plusieurs enquêtes du Commissaire Raffini, un héros qui ne peut que faire penser à un autre célèbre commissaire, Jules Maigret. Je n’ai donc pas été spécialement surpris d’apprendre qu’ils avaient dans l’idée de signer une biographie de Georges Simenon. Biographie qui m’intéressait d’autant plus que le romancier est une véritable légende à Liège (et fait donc en quelque sorte partie de mon patrimoine local).
La biographie se présente de manière très classique mais s’arrête au moment où Georges Simenon rencontre le succès avec ses premiers Maigret. La majeure partie du récit se déroule donc avant cette période et s’intéresse surtout à l’enfance, l’adolescence et les premiers pas d’écrivain de Georges Simenon. Le personnage étant assez haut en couleurs, sa trajectoire m’aura étonné et amusé. Les auteurs reviennent aussi sur certaines légendes entourant l’écrivain et ont l’habilité nécessaire pour laisser planer le doute quant à leur véracité.
Bien sûr, le fait que Georges Simenon soit issu de Liège a joué dans mon empathie mais pour une biographie à l’ancienne (la narration m’a parfois fait penser aux œuvres d’Yves Duval), c’est plus que plaisant. Et ceci est certainement dû aussi à la qualité du dessin de Christophe Maucler, dont j’aime beaucoup le style et la colorisation. Ce trait réaliste est d’une grande précision mais adouci par une palette de couleurs subtile alors que souvent dans des teintes ternes. L’emploi de couleurs plus franches -pour les visages notamment- permet de faire ressortir certains éléments du dessin, centrant ainsi naturellement l’attention du lecteur.
Pas la biographie du siècle, en rien révolutionnaire mais si Georges Simenon vous intéresse et si vous ne connaissez pas trop bien sa vie, cette bande dessinée a de quoi vous satisfaire.
Le dessin est assez basique (et a priori pas forcément mon truc), et la colorisation manque sans doute de nuances. Mais c’est quand même très lisible et efficace et fait très bien le travail, l’essentiel est ailleurs.
Noël Mamère (que l’on ne présente plus) et une jeune femme (qui joue au début le rôle de candide suivant Mamère, qui lui sert de guide) réalisent des reportages, partent à la rencontre de lieux de résistance (terme plus approprié à celui de résilience souvent utilisé dans les médias) et à la rencontre de ceux qui les animent et les incarnent : zadistes, altermondialistes de tous bords.
C’est l’occasion de faire découvrir aux lecteurs des idées, des actions, souvent minorées ou travesties dans les médias. Et ce de façon très simple. Pas de grands discours ou d’envolées théoriques, ni de catastrophisme démobilisateur. Le récit, comme le dessin et la « construction » du récit, tout joue sur une certaine simplicité de bon aloi.
Au lecteur de voir ce qu’il en fait, mais c’est un album qui donne à voir des modes de pensée et d’action qui méritent d’être connus – et comparés à d’autres plus médiatisés.
Une lecture intéressante en tout cas. A compléter, parmi l’importante bibliographie sur le sujet, et pour rester dans le média BD, avec les albums de Pignocchi (Petit traité d'écologie sauvage par exemple).
Un ouvrage intéressant si comme moi on s'intéresse à l'histoire.
On va traverser le Moyen-âge à travers 20 dates choisies. Même si les chapitres portent sur une date précise, les auteurs développent chaque sujet ou biographie d'un personnage historique sur plusieurs années, voire même siècles. Par exemple, le chapitre sur la prise de Constantinople par les Turcs explique le déclin de la ville au fil du temps, on ne voit pas juste sa fin. C'est un peu orienté sur la France, les autres pays qu'on voit surtout étant ceux d'Orient. Il y a pas la fin des états musulmans en Espagne ou la Magna Carta par exemple.
L'album est pas mal au niveau historique. Certains sujets sont trop connus (Jeanne d'Arc, les crimes de Gilles de Rais), mais j'ai aussi appris des choses sur des sujets dont je ne connaissais que les grandes lignes ou que je ne connaissais pas du tout. Toutefois, les chapitres sont courts alors il faut pas s'attendre à un album qui creuse en profondeur ses sujets. Aussi, l'humour n'a pas trop fonctionné sur moi, j'ai trouvé que ça tombait plutôt à plat. Sinon, le dessin est du pur Bercovici. J'aime bien son style, mais je trouve que ça manque un peu de dynamisme pour ce genre d'album.
C'est sympathique à lire, mais c'est pas un immanquable.
Dave McKean est un immense artiste, il l’a déjà prouvé à travers ses productions précédentes. Co-auteur du multiprimé « Sandman » (avec son pote Neil Gaiman) et de divers comics, dont un autour de Batman (« Arkham Asylum »), McKean est plutôt ancré dans la BD US indépendante. Son univers graphique est tout bonnement époustouflant, et ses planches s’admirent à la manière d’un tableau de maître. Selon les passages, le style diffère fortement, révélant une grande maîtrise de la composition. Si les premières pages évoquent un art contemporain lié à l’ « heroic fantasy », dans une tournure plus subtile, plus éthérée, on pense aussi pour les chapitres suivants à certains peintres de l’expressionnisme allemand comme Otto Dix ou George Grosz, ou au mouvement surréaliste, en particulier à l’un de ses éminents représentants, René Magritte. De même, on a droit à quelques digressions vers le genre abstrait, absolument splendides.
Quant à l’histoire en elle-même, elle est difficilement racontable, étant échafaudée à partir de deux axes narratifs — ou plutôt trois — qui semblent n’avoir aucun rapport entre eux. L’introduction nous amène sur une côte maritime enveloppée par la brume, où apparaît un mystérieux chasseur de monstres, masqué et encapuchonné, avec pour toute arme un rapace qu’il commande au doigt et à l’œil et qui va s’attaquer à une sorte d’écrevisse géante. Séquence suivante : un écrivain à l’air abattu contemple le portrait de sa chère et tendre dont les obsèques viennent d’avoir lieu. Son frère tente de le réconforter et lui propose d’assister à la prochaine cérémonie de son « Ordre hermétique », pour lui faire appréhender une réalité cachée, et peut-être « percer la membrane » entre le monde concret et l’imaginaire.
Plusieurs thèmes et univers s’enchevêtrent à la façon d’un puzzle ardu, où bien souvent la réalité se confond avec la rêverie, où il est question du deuil et de l’au-delà, de gnose et de mondes parallèles, de corruption du pouvoir et de domination, du bien et du mal, notions indissociables et parfaitement symbolisées par cette pièce d’argent éjectée par la monstrueuse créature…
L’ouvrage risque assurément d’en laisser certains à la porte. Il faut dire que McKean ne nous facilite pas la tâche et ne nous livre guère de clés, exigeant du lecteur une certaine érudition en matière d’ésotérisme, recourant à une poésie pour le moins sibylline, n’hésitant pas à employer un vocabulaire pointu voire du latin lors de la séquence de la cérémonie.
Malgré cela, « Raptor » fascine et captive à sa manière, laissant le lecteur curieux de découvrir ce qu’il y a « derrière » cette porte, de l’autre côté de ce mystérieux miroir. Pour apprécier pleinement cette œuvre atypique, indéniablement puissante, peut-être faut-il accepter de ne pas tout comprendre, et tout simplement se laisser porter par ce déroutant récit très onirique, un peu inquiétant et souvent abscons, admettre que sous la surface des choses se cache une autre réalité indicible. Plus que de la bande dessinée, le livre se rapproche davantage de l’objet d’art, dont la caractéristique est de pouvoir être apprécié par les sensations qu’il procure et le sens qu’on lui donne, sans disposer pour autant de notice explicative.
Le style graphique épuré, popularisé par Fabcaro, est celui d’un dessin statique usant d’une itération iconique (chaque strip/histoire n’utilisant qu’un seul dessin, reproduit plusieurs fois – ce dessin étant même souvent réutilisé pour un autre strip). De l’image de base n’est parfois présenté qu’un détail, ou alors on donne une sorte de zoom, ce qui permet de varier un peu, même artificiellement.
Tout est donc misé sur les textes, la surprise qu’ils peuvent insuffler, l’humour absurde, con, décalé, dominant.
Cerq s’attaque ici à un sujet largement rebattu, c’est le moins qu’on puisse dire (y compris dans la même maison d’édition), la geste christique, comme tout ce qui ressort de la culture populaire – mais ce sujet plus que beaucoup d’autres – étant propice à des détournements fumeux, donc potentiellement drôles.
Encore faut-il que ce soit drôle justement, et original (vu le nombre de séries ayant déjà utilisé le même créneau). Disons que ça se situe dans une honnête moyenne du genre. C’est inégal, il n’y a clairement rien d’hilarant, mais c’est globalement amusant.
Jésus et ses disciples, essayant de monter leur boite, avec les arguments très contemporains du marketing et des business plans, cela donne un côté décalé – mais finalement pas trop si l’on y songe ! – au développement du christianisme, Jésus étant parfois mal entouré par ses coworkers/apôtres, pas franchement fins ici.
Une petite connerie sans prétention, mais qui pourra contenter les amateurs de ce genre d’humour.
Une fois n'est pas coutume, Joann Sfar pose un thème bien précis pour cette BD et, malgré les nombreuses digressions dont il fait forcément preuve, il s'y tient du début à la fin. Le thème, c'est sa propre jeunesse à Nice, comment il a été confronté tout au long à l'antisémitisme et comment cela aurait pu endurcir son cœur.
A travers ses Carnets, Sfar s'est déjà beaucoup livré au jour le jour. Mais à ma connaissance, il n'avait jamais jusque là livré à l'œil public un autre Joann que celui de l'instant présent, il n'avait jamais raconté le Joann de son adolescence, plus de trente ans dans le passé, et il n'avait jamais vraiment parlé de son père. En cela, cet album sort des productions habituelles de l'auteur et se révèle aussi plus intime, plus réfléchi et plus structuré que nombre d'entre elles.
Graphiquement, il fait le choix d'utiliser ici le même style que dans Le Chat du Rabbin, un style heureusement moins lâché et brouillon que pas mal de ses albums les plus récents qui m'ont fortement déçu. Ce n'est toujours pas ma tasse de thé mais au moins je ne trouve pas ça repoussant.
La structure narrative reste propre à Sfar : elle n'est pas linéaire et suit davantage le fil de sa pensée, comme une conversation avec son lecteur. Comme à son habitude, il parle avant tout du monde juif et de sa propre personne, mais il mène ici plus intensément une réflexion sur son propre rapport à ce fameux monde juif et sur la période durant laquelle il a fait le choix de le défendre par une forme de violence plutôt que par les simples mots et images qu'il utilisera durant sa carrière d'artiste. Par le biais de nombreuses digressions sur sa famille, sur la ville de Nice et sur la politique, il nous présente le contexte de sa jeunesse niçoise dans les années 80 et début 90, et dresse un bilan assez rude de l'antisémitisme qu'il a côtoyé à l'époque, avec une quantité de skins et de racistes assez impressionnante pour quelqu'un qui n'a pas vécu ça. Et ce qui va devenir une forme de combat ou du moins d'endurcissement de sa part prend alors la forme d'une suite logique d'évènements, de rencontres et de dialogues, avec toujours le doute en toile de fond sur la bonne méthode à suivre et sur sa propre propension à la violence, quelque part entre la voie pacifique de son grand-père et celle bien plus hargneuse de son père, avocat célèbre mais aussi prompt à l'affrontement physique.
Il y a toujours ces petits tics narratifs et graphiques qui m'agacent chez Joann Sfar mais j'ai trouvé cet album sincère et intéressant. C'est en tout cas l'un des albums personnels de cet auteur qui m'a le plus touché depuis pas mal d'années.
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Opera Negra
Clara Chotil met en image une biographie écrite par sa maman journaliste sur Maria d’Apparecida, chanteuse d’opéra un peu oubliée, ayant pourtant connu un succès énorme, notamment dans les années 60. La vie de Maria est intéressante, des débuts modestes au Brésil jusqu’au succès à Paris, en passant par sa relation artistique avec le peintre Félix Labisse, son accident de voiture terrible en 1974, son retour après une longue période de convalescence… puis sa disparition de la scène publique. La réalisation de l’album est bonne. L’autrice utilise plusieurs styles graphiques pour différencier les époques, et le dessin tout en esquisses déroute un peu au début mais sert parfaitement le récit. Un album intéressant, que je recommande aux amateurs de biographies.
Gibier de potence
Une série qui frise entre le western classique (Etats-Unis) et le spaghetti (italo-espagnol). Classique de par sa situation, fin de la guerre de sécession (seule ressemblance avec Blueberry), spaghetti pour les scènes d'action (plus irréalistes) et le clin d'œil au bon la brute et le truand, quand le croustillant méchant de l'histoire interroge le colonel sudiste. On passe d'une classique chasse au trésor à la construction d'une voie ferrée, en passant par chasseurs de primes, mineurs, j'en passe, les péripéties sont nombreuses et correctement contées. Une fin bien maitrisée, un épilogue complet, qui étanche notre soif de connaitre la fin de nos héros et héroïnes, car les femmes ont une place importante dans cette quadrilogie. Petit bémol : j'ai trouvé les dessins inégaux. Côté paysage, plutôt complet et sympa. Mais les personnages ont des visages ressemblants, allongés, on a la sensation que cette partie du dessin n'est pas totalement maitrisée. cependant la lecture reste agréable. en résumé, je conseillerais la lecture de cette bande dessinée. bonne lecture
Si les hommes avaient leurs règles
Même si à force, le concept devient répétitif, j’ai plutôt bien aimé ce recueil d’histoires courtes humoristiques. J’avais peur de tomber sur un album trop féministe, trop militant mais l’humour permet de dédramatiser la thématique tout poussant le lecteur à la réflexion. Certes, les hommes y sont souvent décrits comme de gros lourds mais c'est fait avec beaucoup de dérision, donc chez moi, ça passe. Le dessin convient parfaitement à la série. Les personnages sont très expressifs et les décors sont des plus secondaires. Comme l’essentiel de l’humour passe justement par les propos et réactions des personnages, ce style est on ne peut plus adéquat. J’ai bien apprécié le petit dossier en fin d’album qui permet de contextualiser certains des gags. Là aussi, c’est souvent drôle, instructif et interpellant. Si le caractère répétitif des gags a fini par me lasser, je trouve tout de même que ce recueil mérite le coup d’œil.
Alyson Ford
Rien de mal fait mais je m’attendais à mieux. Alyson Ford est un récit d’aventure qui lorgne clairement vers Indiana Jones. Le dessin est sympa, la narration est fluide, l’aventure est bien au rendez-vous et malgré le caractère très naïf de certains rebondissements, l’histoire tient la route… Sauf que, d’une part, la surprise n’est jamais vraiment au rendez-vous et d’autre part, malgré un titre de série explicite, l’humour même parodique n’est pas présent. Du coup, ce premier tome n’a pas réussi à me passionner. Son caractère naïf a même fini par me fatiguer. Mais c’est du travail soigné et je ne voudrais pas condamner la série après un seul tome. Je lirai donc la suite (en bibliothèque) en espérant un peu plus d’originalité et d’humour à l’avenir. En l’état, je reste sur un petit « pas mal ».
Simenon - Le Roman d'une vie
Je connais ce duo de longue date. Rodolphe et Maucler sont en effet les coauteurs de plusieurs enquêtes du Commissaire Raffini, un héros qui ne peut que faire penser à un autre célèbre commissaire, Jules Maigret. Je n’ai donc pas été spécialement surpris d’apprendre qu’ils avaient dans l’idée de signer une biographie de Georges Simenon. Biographie qui m’intéressait d’autant plus que le romancier est une véritable légende à Liège (et fait donc en quelque sorte partie de mon patrimoine local). La biographie se présente de manière très classique mais s’arrête au moment où Georges Simenon rencontre le succès avec ses premiers Maigret. La majeure partie du récit se déroule donc avant cette période et s’intéresse surtout à l’enfance, l’adolescence et les premiers pas d’écrivain de Georges Simenon. Le personnage étant assez haut en couleurs, sa trajectoire m’aura étonné et amusé. Les auteurs reviennent aussi sur certaines légendes entourant l’écrivain et ont l’habilité nécessaire pour laisser planer le doute quant à leur véracité. Bien sûr, le fait que Georges Simenon soit issu de Liège a joué dans mon empathie mais pour une biographie à l’ancienne (la narration m’a parfois fait penser aux œuvres d’Yves Duval), c’est plus que plaisant. Et ceci est certainement dû aussi à la qualité du dessin de Christophe Maucler, dont j’aime beaucoup le style et la colorisation. Ce trait réaliste est d’une grande précision mais adouci par une palette de couleurs subtile alors que souvent dans des teintes ternes. L’emploi de couleurs plus franches -pour les visages notamment- permet de faire ressortir certains éléments du dessin, centrant ainsi naturellement l’attention du lecteur. Pas la biographie du siècle, en rien révolutionnaire mais si Georges Simenon vous intéresse et si vous ne connaissez pas trop bien sa vie, cette bande dessinée a de quoi vous satisfaire.
Les Terrestres
Le dessin est assez basique (et a priori pas forcément mon truc), et la colorisation manque sans doute de nuances. Mais c’est quand même très lisible et efficace et fait très bien le travail, l’essentiel est ailleurs. Noël Mamère (que l’on ne présente plus) et une jeune femme (qui joue au début le rôle de candide suivant Mamère, qui lui sert de guide) réalisent des reportages, partent à la rencontre de lieux de résistance (terme plus approprié à celui de résilience souvent utilisé dans les médias) et à la rencontre de ceux qui les animent et les incarnent : zadistes, altermondialistes de tous bords. C’est l’occasion de faire découvrir aux lecteurs des idées, des actions, souvent minorées ou travesties dans les médias. Et ce de façon très simple. Pas de grands discours ou d’envolées théoriques, ni de catastrophisme démobilisateur. Le récit, comme le dessin et la « construction » du récit, tout joue sur une certaine simplicité de bon aloi. Au lecteur de voir ce qu’il en fait, mais c’est un album qui donne à voir des modes de pensée et d’action qui méritent d’être connus – et comparés à d’autres plus médiatisés. Une lecture intéressante en tout cas. A compléter, parmi l’importante bibliographie sur le sujet, et pour rester dans le média BD, avec les albums de Pignocchi (Petit traité d'écologie sauvage par exemple).
La Véritable Histoire du Moyen Âge - En 20 dates clés
Un ouvrage intéressant si comme moi on s'intéresse à l'histoire. On va traverser le Moyen-âge à travers 20 dates choisies. Même si les chapitres portent sur une date précise, les auteurs développent chaque sujet ou biographie d'un personnage historique sur plusieurs années, voire même siècles. Par exemple, le chapitre sur la prise de Constantinople par les Turcs explique le déclin de la ville au fil du temps, on ne voit pas juste sa fin. C'est un peu orienté sur la France, les autres pays qu'on voit surtout étant ceux d'Orient. Il y a pas la fin des états musulmans en Espagne ou la Magna Carta par exemple. L'album est pas mal au niveau historique. Certains sujets sont trop connus (Jeanne d'Arc, les crimes de Gilles de Rais), mais j'ai aussi appris des choses sur des sujets dont je ne connaissais que les grandes lignes ou que je ne connaissais pas du tout. Toutefois, les chapitres sont courts alors il faut pas s'attendre à un album qui creuse en profondeur ses sujets. Aussi, l'humour n'a pas trop fonctionné sur moi, j'ai trouvé que ça tombait plutôt à plat. Sinon, le dessin est du pur Bercovici. J'aime bien son style, mais je trouve que ça manque un peu de dynamisme pour ce genre d'album. C'est sympathique à lire, mais c'est pas un immanquable.
Raptor
Dave McKean est un immense artiste, il l’a déjà prouvé à travers ses productions précédentes. Co-auteur du multiprimé « Sandman » (avec son pote Neil Gaiman) et de divers comics, dont un autour de Batman (« Arkham Asylum »), McKean est plutôt ancré dans la BD US indépendante. Son univers graphique est tout bonnement époustouflant, et ses planches s’admirent à la manière d’un tableau de maître. Selon les passages, le style diffère fortement, révélant une grande maîtrise de la composition. Si les premières pages évoquent un art contemporain lié à l’ « heroic fantasy », dans une tournure plus subtile, plus éthérée, on pense aussi pour les chapitres suivants à certains peintres de l’expressionnisme allemand comme Otto Dix ou George Grosz, ou au mouvement surréaliste, en particulier à l’un de ses éminents représentants, René Magritte. De même, on a droit à quelques digressions vers le genre abstrait, absolument splendides. Quant à l’histoire en elle-même, elle est difficilement racontable, étant échafaudée à partir de deux axes narratifs — ou plutôt trois — qui semblent n’avoir aucun rapport entre eux. L’introduction nous amène sur une côte maritime enveloppée par la brume, où apparaît un mystérieux chasseur de monstres, masqué et encapuchonné, avec pour toute arme un rapace qu’il commande au doigt et à l’œil et qui va s’attaquer à une sorte d’écrevisse géante. Séquence suivante : un écrivain à l’air abattu contemple le portrait de sa chère et tendre dont les obsèques viennent d’avoir lieu. Son frère tente de le réconforter et lui propose d’assister à la prochaine cérémonie de son « Ordre hermétique », pour lui faire appréhender une réalité cachée, et peut-être « percer la membrane » entre le monde concret et l’imaginaire. Plusieurs thèmes et univers s’enchevêtrent à la façon d’un puzzle ardu, où bien souvent la réalité se confond avec la rêverie, où il est question du deuil et de l’au-delà, de gnose et de mondes parallèles, de corruption du pouvoir et de domination, du bien et du mal, notions indissociables et parfaitement symbolisées par cette pièce d’argent éjectée par la monstrueuse créature… L’ouvrage risque assurément d’en laisser certains à la porte. Il faut dire que McKean ne nous facilite pas la tâche et ne nous livre guère de clés, exigeant du lecteur une certaine érudition en matière d’ésotérisme, recourant à une poésie pour le moins sibylline, n’hésitant pas à employer un vocabulaire pointu voire du latin lors de la séquence de la cérémonie. Malgré cela, « Raptor » fascine et captive à sa manière, laissant le lecteur curieux de découvrir ce qu’il y a « derrière » cette porte, de l’autre côté de ce mystérieux miroir. Pour apprécier pleinement cette œuvre atypique, indéniablement puissante, peut-être faut-il accepter de ne pas tout comprendre, et tout simplement se laisser porter par ce déroutant récit très onirique, un peu inquiétant et souvent abscons, admettre que sous la surface des choses se cache une autre réalité indicible. Plus que de la bande dessinée, le livre se rapproche davantage de l’objet d’art, dont la caractéristique est de pouvoir être apprécié par les sensations qu’il procure et le sens qu’on lui donne, sans disposer pour autant de notice explicative.
Jésus & associés
Le style graphique épuré, popularisé par Fabcaro, est celui d’un dessin statique usant d’une itération iconique (chaque strip/histoire n’utilisant qu’un seul dessin, reproduit plusieurs fois – ce dessin étant même souvent réutilisé pour un autre strip). De l’image de base n’est parfois présenté qu’un détail, ou alors on donne une sorte de zoom, ce qui permet de varier un peu, même artificiellement. Tout est donc misé sur les textes, la surprise qu’ils peuvent insuffler, l’humour absurde, con, décalé, dominant. Cerq s’attaque ici à un sujet largement rebattu, c’est le moins qu’on puisse dire (y compris dans la même maison d’édition), la geste christique, comme tout ce qui ressort de la culture populaire – mais ce sujet plus que beaucoup d’autres – étant propice à des détournements fumeux, donc potentiellement drôles. Encore faut-il que ce soit drôle justement, et original (vu le nombre de séries ayant déjà utilisé le même créneau). Disons que ça se situe dans une honnête moyenne du genre. C’est inégal, il n’y a clairement rien d’hilarant, mais c’est globalement amusant. Jésus et ses disciples, essayant de monter leur boite, avec les arguments très contemporains du marketing et des business plans, cela donne un côté décalé – mais finalement pas trop si l’on y songe ! – au développement du christianisme, Jésus étant parfois mal entouré par ses coworkers/apôtres, pas franchement fins ici. Une petite connerie sans prétention, mais qui pourra contenter les amateurs de ce genre d’humour.
La Synagogue
Une fois n'est pas coutume, Joann Sfar pose un thème bien précis pour cette BD et, malgré les nombreuses digressions dont il fait forcément preuve, il s'y tient du début à la fin. Le thème, c'est sa propre jeunesse à Nice, comment il a été confronté tout au long à l'antisémitisme et comment cela aurait pu endurcir son cœur. A travers ses Carnets, Sfar s'est déjà beaucoup livré au jour le jour. Mais à ma connaissance, il n'avait jamais jusque là livré à l'œil public un autre Joann que celui de l'instant présent, il n'avait jamais raconté le Joann de son adolescence, plus de trente ans dans le passé, et il n'avait jamais vraiment parlé de son père. En cela, cet album sort des productions habituelles de l'auteur et se révèle aussi plus intime, plus réfléchi et plus structuré que nombre d'entre elles. Graphiquement, il fait le choix d'utiliser ici le même style que dans Le Chat du Rabbin, un style heureusement moins lâché et brouillon que pas mal de ses albums les plus récents qui m'ont fortement déçu. Ce n'est toujours pas ma tasse de thé mais au moins je ne trouve pas ça repoussant. La structure narrative reste propre à Sfar : elle n'est pas linéaire et suit davantage le fil de sa pensée, comme une conversation avec son lecteur. Comme à son habitude, il parle avant tout du monde juif et de sa propre personne, mais il mène ici plus intensément une réflexion sur son propre rapport à ce fameux monde juif et sur la période durant laquelle il a fait le choix de le défendre par une forme de violence plutôt que par les simples mots et images qu'il utilisera durant sa carrière d'artiste. Par le biais de nombreuses digressions sur sa famille, sur la ville de Nice et sur la politique, il nous présente le contexte de sa jeunesse niçoise dans les années 80 et début 90, et dresse un bilan assez rude de l'antisémitisme qu'il a côtoyé à l'époque, avec une quantité de skins et de racistes assez impressionnante pour quelqu'un qui n'a pas vécu ça. Et ce qui va devenir une forme de combat ou du moins d'endurcissement de sa part prend alors la forme d'une suite logique d'évènements, de rencontres et de dialogues, avec toujours le doute en toile de fond sur la bonne méthode à suivre et sur sa propre propension à la violence, quelque part entre la voie pacifique de son grand-père et celle bien plus hargneuse de son père, avocat célèbre mais aussi prompt à l'affrontement physique. Il y a toujours ces petits tics narratifs et graphiques qui m'agacent chez Joann Sfar mais j'ai trouvé cet album sincère et intéressant. C'est en tout cas l'un des albums personnels de cet auteur qui m'a le plus touché depuis pas mal d'années.