Une enquête policière suite à un drame qui lève le voile sur un secret de famille.
On commence la lecture en étant curieux de comprendre ce qu'il s'est passé lors de ce réveillon de Noël tragique, puis on la poursuit en étant fasciné et horrifié par le comportement de cette mère envers ses petites filles. La narration est claire et entraine le lecteur dans son rythme pour une lecture prenante. Le graphisme n'est pas le point qui me plait le plus ici, car je trouve la maîtrise technique limitée, le trait rigide et les anatomies parfois assez approximatives. Mais par contre, j'étais captivé par ce personnage de mère affreuse, vouant une haine viscérale à au moins l'une de ses filles mais en réalité blessant moralement autant l'une que les autres par ses manigances de perverse narcissique. Et j'étais curieux de voir où le récit allait nous mener, ce qui allait expliquer ce qu'il s'était passé lors du drame, et ce qui allait en ressortir. Cette révélation s'est révélée satisfaisante mais moins marquante ou touchante que je l'aurais espérée, et la conclusion de l'album m'a laissé un peu sur ma faim. Une bonne lecture malgré tout.
Une série qui montre bien les qualités et les défauts des scénarios de Morvan selon moi.
Le type a de l'imagination (même si ici c'est une relecture de Peter Pan en mode futuriste) et il y a de bonnes idées tout le long de ces trois albums, sauf que Morvan aime aussi un peu trop l'action et ça se voit trop dans cette série. Les scènes d'action sont bien faites, sauf qu'il y en a trop et par moment on dirait qu'il n'y a que ça. Du coup le scénario n'est pas aussi bien exploité et approfondi qu'il aurait pu l'être et au final j'ai pas retiré grand chose du récit hormis qu'il y a plein de courses poursuites. Ça se laisse lire sans problème parce que la narration est fluide, mais c'est pas une lecture marquante.
Sinon, le dessin est pas mal en dehors des visages que j'ai trouvés moches. J'ai même cru que c'était fait par un Français qui essayait de copier le style manga parce que c'est typique le style de visages moches qu'on retrouve souvent chez les dessinateurs occidentaux qui singent les dessinateurs japonais. Hormis ce détail, le reste du dessin est bon et notamment les scènes d'action qui sont bien mises en scène.
Arf ! Quelle déception ! Si Marcello Quintanilha compte parmi mes auteurs favoris, il faut reconnaitre qu'il manque parfois de constance.
Habituellement, j'apprécie sans retenue son trait virtuose, que ce soit le noir et blanc de Tungstène, le dessin ultra réaliste de Mes chers samedis ou la débauche colorée d'Ecoute, Jolie Márcia. J'aime son goût pour la description de scènes du quotidien, centrées sur des personnages hauts en couleurs et à la langue bien pendue. Ces âmes publiques, de ce point de vue, ne fait pas exception à la règle. Comme pour Mes chers samedis (que j'avais adoré), cette nouvelle BD alterne histoires en couleurs directes et récits en noir et blanc, découpages hyper dynamiques et structures narratives sophistiquées. Je trouve même que Quintanilha a franchit un cap. Son dessin est plus abouti que jamais et ses personnages plus vivants encore. Franchement, vues sous cet angle, les histoires de ce recueil sont un régal. Son univers si particulier se développe à plein régime.
La déception n'en est que plus forte. J'aurais vraiment aimé adorer cette BD. Ce n'est pas le cas. Dans Mes chers samedis, la BD la plus proche de celle-ci dans sa forme, je me souviens de fous rires lors de certaines chutes. Or ces fous rires ne m'ont ici pas assailli une seule seconde. Ce qui ne serait finalement pas un souci si ces histoires n'avaient pas ni queue ni tête. En réalité, je n'ai guère saisi l'intérêt de ces saynètes anodines. Exception faite, à la rigueur, de celle qui met en scène un joueur de troisième zone que, sur un quiproquo, la foule élève soudain au rang d'espoir du football à trente ans passés. Ici, pas de dénouement, pas de chute. On traverse ces morceaux d'histoires sans en saisir ni le sens ni la portée.
Paradoxalement, je garde de cette lecture un bon souvenir, meilleur que le moment de lecture lui-même qui m'a, je l'avoue, un peu éreinté. Je serais presque enclin à remonter ma note. Mais je vais m'en tenir à ce vieux principe réac : qui aime bien châtie bien. Un gros 2/5 ou un petit 3/5, j'hésite.
C'est en lisant avec le fiston les éditaux de Spirou Magazine de Fabrice Erre que je viens de me souvenir de Coccobill, cette série extra-terrestre a le mérite d'exister.
C'est absurde mais Le Concombre Masqué ne lui lancera pas la pierre. C'est bourré de détails jusqu'au mal de crâne rendant parfois le bazar illisible mais c'est hilarant et unique. Il faut simplement se poser une limite: ne pas lire l'album d'une traite car sinon c'est l'overdose contrairement aux RAB de Gotlib par exemple.
Mais ça m'a marqué étant jeune. ces mouvements tourbillonnants prenant vie (les dégainages de flingues comme les découpages de nez en rondelles de sa parodie de Zorro dont je ne me rappelle plus le nom). Des éléments abscons traînent dans tous les coins (salamis, poissons...), ça rend l'œuvre encore plus ésotérique, j'apprécie les traits de caractère.
Célèbre pour ses posters et puzzles bourrés de détails que l'on déguste à faire ou à offrir (surtout qu'ils sont thématiques), je ne savais même pas que des albums de Mordillo sont cachés dans les bacs de bibliothèque.
J'ai apprécié des gags plus dépouillés que ces posters, laissant place au burlesque mais aussi à la rêverie, un peu comme "la linea" dans un autre style. Très old-school, le style et les couleurs les rendent intemporels.
En parcourant les avis, on aime ou on aime pas. Mais il y aura toujours un dessin qui vous fera de l'oeil tant les thématiques sont nombreuses.
Même si un fameux match de coupe du monde de football est au cœur de la seconde moitié de l’album, il n’est pas nécessaire de s’intéresser au foot et/ou de s’y connaitre pour apprécier cet album.
Car, au travers de la vie de deux frères (fictifs, mais tout à fait crédibles), c’est 30 ans de la vie de l’Allemagne, de la chute du IIIème Reich au cœur de la guerre froide, qui est mis en avant. Les deux frères intégrant les rangs de la Stasi (la police politique de la RDA), l’un travaillant à l’ouest, l’autre étant resté à l’est.
Le récit est équilibré entre petite et grande histoire, la narration est fluide, et le dessin est vraiment agréable, dans un style réaliste dynamique.
A part la fin, que j’ai trouvée brutale (j’aurais aimé en savoir plus sur le laps de temps écoulé), c’est une lecture que j’ai vraiment bien aimée, un album assez épais, mais que j’ai lu d’une traite.
Un récit muet et beau dans un univers de science-fiction étrange aux accents des récits de Métal Hurlant.
Cette BD marque avant tout par son graphisme, une belle peinture en teintes de gris, réaliste et envoutant. Puis elle marque par son univers exotique et original.
Le premier tome nous en donne un aperçu en suivant les errances d'un être silencieux, une sorte d'Arzach chevauchant ici un quadrupède bedonnant et sans tête. A ses côtés, nous découvrons un monde où organique et mécanique se mêlent dans une bizarre harmonie souvent cruelle. Il n'y a pas de réelle intrigue mais plus une ambiance, un récit évocateur que le lecteur suit autant pour la beauté des planches que pour la découverte de cet univers étrange et des émotions mêlées qu'il dégage.
Pour le second tome, l'auteur s'adjoint la collaboration du scénariste Marc Caro qui lui amène cette fois une véritable histoire avec un début, une fin et même une vraie action entre les deux. On retrouve le même monde et le même héros cette fois moins débonnaire mais nous sommes bien plongés dans une intrigue mouvementée, avec deux peuples qui s'affrontent, des dominés se rebellant contre leurs oppresseurs. Si sur le fond, cette intrigue reste basique, l'originalité de ce monde demeure et fascine encore le lecteur, avec toujours ce très beau graphisme et ses nombreux éléments rappelant les pérégrinations imaginaires de Moebius.
Il ne faut pas y chercher un scénario profond et captivant, mais c'est avant tout l'originalité de ce monde et la beauté du dessin qui font la force de cette série.
Ce qui devait être initialement le second tome de la série Les Maléfices du Danthrakon a finalement été publié comme un one-shot par les éditions Drakoo. C'est l'occasion pour eux de l'éditer sous la forme d'un grand album cartonné à la belle couverture au toucher rugueux, comme un vieux livre de cuir. Bel objet.
Une fois de plus, Christophe Arleston et Olivier Gay nous plongent dans cet univers rappelant fortement celui de Lanfeust de Troy, un univers de light fantasy empli d'humour et de clins d'œil, nous amenant cette fois dans une ville de Parys, avatar sans fard de la ville lumière et de ses artistes vivant sous les toits. Lathan y est un écrivain en quête de succès qui va trouver sa chance le jour où il croisera la route du Danthrakon, grimoire magique amateur d'art et capable de l'aider à trouver l'inspiration et la gloire.
C'est une histoire légère, faite pour le divertissement et a fortiori sans grande surprise. Le graphisme d'Olivier Boiscommun s'apparente ici encore à celui de Didier Tarquin pour un résultat rappelant le monde de Troy dans une version paresseuse, s'attardant peu sur les détails pour un visuel globalement assez formaté. Les couleurs sont du même tonneau, très proches de celles de l'univers de Lanfeust et de facture correcte, mais là encore donnant l'air d'être expédiées, comme cette case où la main d'une créature verte devient subitement rose comme celle d'un humain.
L'album se lit agréablement et fait passer un plutôt bon moment, mais rien n'en ressort qui marquera la mémoire du lecteur.
Quand il n’écrit pas des BD, Lénaïc Vilain enchaine les petits boulots. Qui lui servent d’ailleurs à écrire des BD, fruits de ses expériences – la boucle est bouclée. Ainsi, après avoir été gardien de nuit d’un hôtel, agent de sécurité à la Tour Eiffel, il a un temps travaillé dans un entrepôt Amazon.
C’est cette dernière expérience, vécue au sortir des confinements liés au covid, qui nourrit cet album, à mi-chemin entre le roman graphique et le documentaire (c’est dans cette dernière catégorie que je l’ai rangé).
Ça se lit très vite, plutôt agréablement. Le ton est un peu amusant, léger. Mais c’est cette légèreté qui fait aussi la faiblesse de ce récit. Car, si certains travers du fonctionnement d’Amazon sont montrés et moqués, cela n’est pas assez « rentre dedans » ni assez développé. Les cadences infernales, le flicage systématique, la lutte contre toute forme de syndicat sont ici effleurés, mais pas suffisamment à mon goût.
Il est vrai que Lénaïc Vilain ne nous montre que ce qu’il a vécu et vu, sur une très courte période. Mais j’en attendais davantage.
Idem pour l’humour, pas forcément assez percutant à mon goût.
Un album qui se laisse lire sans problème donc, mais qui risque de se faire oublier tout aussi vite je le crains.
Note réelle 2,5/5.
Narration et style graphique de David Snug peuvent être clivants, mais moi, depuis que j’ai découvert cet auteur, j’aime bien ce qu’il publie. Il nous donne à voir une vision anar et décomplexée de la société. C’est très souvent militant, mais il y a toujours suffisamment de fraicheur pour faire passer le propos, jamais lénifiant.
Nous le retrouvons donc ici qui se met encore en scène, son alter-ego barbu à bonnet étant rejoint par lui-même jeune. Sa version jeune, directement débarquée des années 1980, joue le rôle d’un candide découvrant internet, les réseaux sociaux, les smartphones, le commerce en ligne, l’uberisation, etc. (et tout ce qui rend ceci possible et omniprésent), tout cet univers moderne actuel expliqué par la version « vieille » de Snug : des deux côtés la critique pointe le bout de son nez, de façon plus ou moins ironique, humoristique.
Avec un angle d’approche et surtout un style très différents, cet album est complémentaire du récent Saison brune 2.0 (Nos empreintes digitales).
La postface de Cédric Biagini apporte une très bonne mise au point et une très imposante bibliographie permet à tous ceux qui veulent en savoir plus sur le sujet d’aller plus loin.
Un album militant, une lecture agréable.
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La Fée Assassine
Une enquête policière suite à un drame qui lève le voile sur un secret de famille. On commence la lecture en étant curieux de comprendre ce qu'il s'est passé lors de ce réveillon de Noël tragique, puis on la poursuit en étant fasciné et horrifié par le comportement de cette mère envers ses petites filles. La narration est claire et entraine le lecteur dans son rythme pour une lecture prenante. Le graphisme n'est pas le point qui me plait le plus ici, car je trouve la maîtrise technique limitée, le trait rigide et les anatomies parfois assez approximatives. Mais par contre, j'étais captivé par ce personnage de mère affreuse, vouant une haine viscérale à au moins l'une de ses filles mais en réalité blessant moralement autant l'une que les autres par ses manigances de perverse narcissique. Et j'étais curieux de voir où le récit allait nous mener, ce qui allait expliquer ce qu'il s'était passé lors du drame, et ce qui allait en ressortir. Cette révélation s'est révélée satisfaisante mais moins marquante ou touchante que je l'aurais espérée, et la conclusion de l'album m'a laissé un peu sur ma faim. Une bonne lecture malgré tout.
Le Petit Monde
Une série qui montre bien les qualités et les défauts des scénarios de Morvan selon moi. Le type a de l'imagination (même si ici c'est une relecture de Peter Pan en mode futuriste) et il y a de bonnes idées tout le long de ces trois albums, sauf que Morvan aime aussi un peu trop l'action et ça se voit trop dans cette série. Les scènes d'action sont bien faites, sauf qu'il y en a trop et par moment on dirait qu'il n'y a que ça. Du coup le scénario n'est pas aussi bien exploité et approfondi qu'il aurait pu l'être et au final j'ai pas retiré grand chose du récit hormis qu'il y a plein de courses poursuites. Ça se laisse lire sans problème parce que la narration est fluide, mais c'est pas une lecture marquante. Sinon, le dessin est pas mal en dehors des visages que j'ai trouvés moches. J'ai même cru que c'était fait par un Français qui essayait de copier le style manga parce que c'est typique le style de visages moches qu'on retrouve souvent chez les dessinateurs occidentaux qui singent les dessinateurs japonais. Hormis ce détail, le reste du dessin est bon et notamment les scènes d'action qui sont bien mises en scène.
Âmes publiques
Arf ! Quelle déception ! Si Marcello Quintanilha compte parmi mes auteurs favoris, il faut reconnaitre qu'il manque parfois de constance. Habituellement, j'apprécie sans retenue son trait virtuose, que ce soit le noir et blanc de Tungstène, le dessin ultra réaliste de Mes chers samedis ou la débauche colorée d'Ecoute, Jolie Márcia. J'aime son goût pour la description de scènes du quotidien, centrées sur des personnages hauts en couleurs et à la langue bien pendue. Ces âmes publiques, de ce point de vue, ne fait pas exception à la règle. Comme pour Mes chers samedis (que j'avais adoré), cette nouvelle BD alterne histoires en couleurs directes et récits en noir et blanc, découpages hyper dynamiques et structures narratives sophistiquées. Je trouve même que Quintanilha a franchit un cap. Son dessin est plus abouti que jamais et ses personnages plus vivants encore. Franchement, vues sous cet angle, les histoires de ce recueil sont un régal. Son univers si particulier se développe à plein régime. La déception n'en est que plus forte. J'aurais vraiment aimé adorer cette BD. Ce n'est pas le cas. Dans Mes chers samedis, la BD la plus proche de celle-ci dans sa forme, je me souviens de fous rires lors de certaines chutes. Or ces fous rires ne m'ont ici pas assailli une seule seconde. Ce qui ne serait finalement pas un souci si ces histoires n'avaient pas ni queue ni tête. En réalité, je n'ai guère saisi l'intérêt de ces saynètes anodines. Exception faite, à la rigueur, de celle qui met en scène un joueur de troisième zone que, sur un quiproquo, la foule élève soudain au rang d'espoir du football à trente ans passés. Ici, pas de dénouement, pas de chute. On traverse ces morceaux d'histoires sans en saisir ni le sens ni la portée. Paradoxalement, je garde de cette lecture un bon souvenir, meilleur que le moment de lecture lui-même qui m'a, je l'avoue, un peu éreinté. Je serais presque enclin à remonter ma note. Mais je vais m'en tenir à ce vieux principe réac : qui aime bien châtie bien. Un gros 2/5 ou un petit 3/5, j'hésite.
Coccobill
C'est en lisant avec le fiston les éditaux de Spirou Magazine de Fabrice Erre que je viens de me souvenir de Coccobill, cette série extra-terrestre a le mérite d'exister. C'est absurde mais Le Concombre Masqué ne lui lancera pas la pierre. C'est bourré de détails jusqu'au mal de crâne rendant parfois le bazar illisible mais c'est hilarant et unique. Il faut simplement se poser une limite: ne pas lire l'album d'une traite car sinon c'est l'overdose contrairement aux RAB de Gotlib par exemple. Mais ça m'a marqué étant jeune. ces mouvements tourbillonnants prenant vie (les dégainages de flingues comme les découpages de nez en rondelles de sa parodie de Zorro dont je ne me rappelle plus le nom). Des éléments abscons traînent dans tous les coins (salamis, poissons...), ça rend l'œuvre encore plus ésotérique, j'apprécie les traits de caractère.
Mordillo
Célèbre pour ses posters et puzzles bourrés de détails que l'on déguste à faire ou à offrir (surtout qu'ils sont thématiques), je ne savais même pas que des albums de Mordillo sont cachés dans les bacs de bibliothèque. J'ai apprécié des gags plus dépouillés que ces posters, laissant place au burlesque mais aussi à la rêverie, un peu comme "la linea" dans un autre style. Très old-school, le style et les couleurs les rendent intemporels. En parcourant les avis, on aime ou on aime pas. Mais il y aura toujours un dessin qui vous fera de l'oeil tant les thématiques sont nombreuses.
La Patrie des frères Werner
Même si un fameux match de coupe du monde de football est au cœur de la seconde moitié de l’album, il n’est pas nécessaire de s’intéresser au foot et/ou de s’y connaitre pour apprécier cet album. Car, au travers de la vie de deux frères (fictifs, mais tout à fait crédibles), c’est 30 ans de la vie de l’Allemagne, de la chute du IIIème Reich au cœur de la guerre froide, qui est mis en avant. Les deux frères intégrant les rangs de la Stasi (la police politique de la RDA), l’un travaillant à l’ouest, l’autre étant resté à l’est. Le récit est équilibré entre petite et grande histoire, la narration est fluide, et le dessin est vraiment agréable, dans un style réaliste dynamique. A part la fin, que j’ai trouvée brutale (j’aurais aimé en savoir plus sur le laps de temps écoulé), c’est une lecture que j’ai vraiment bien aimée, un album assez épais, mais que j’ai lu d’une traite.
Tremen
Un récit muet et beau dans un univers de science-fiction étrange aux accents des récits de Métal Hurlant. Cette BD marque avant tout par son graphisme, une belle peinture en teintes de gris, réaliste et envoutant. Puis elle marque par son univers exotique et original. Le premier tome nous en donne un aperçu en suivant les errances d'un être silencieux, une sorte d'Arzach chevauchant ici un quadrupède bedonnant et sans tête. A ses côtés, nous découvrons un monde où organique et mécanique se mêlent dans une bizarre harmonie souvent cruelle. Il n'y a pas de réelle intrigue mais plus une ambiance, un récit évocateur que le lecteur suit autant pour la beauté des planches que pour la découverte de cet univers étrange et des émotions mêlées qu'il dégage. Pour le second tome, l'auteur s'adjoint la collaboration du scénariste Marc Caro qui lui amène cette fois une véritable histoire avec un début, une fin et même une vraie action entre les deux. On retrouve le même monde et le même héros cette fois moins débonnaire mais nous sommes bien plongés dans une intrigue mouvementée, avec deux peuples qui s'affrontent, des dominés se rebellant contre leurs oppresseurs. Si sur le fond, cette intrigue reste basique, l'originalité de ce monde demeure et fascine encore le lecteur, avec toujours ce très beau graphisme et ses nombreux éléments rappelant les pérégrinations imaginaires de Moebius. Il ne faut pas y chercher un scénario profond et captivant, mais c'est avant tout l'originalité de ce monde et la beauté du dessin qui font la force de cette série.
Succès Damné
Ce qui devait être initialement le second tome de la série Les Maléfices du Danthrakon a finalement été publié comme un one-shot par les éditions Drakoo. C'est l'occasion pour eux de l'éditer sous la forme d'un grand album cartonné à la belle couverture au toucher rugueux, comme un vieux livre de cuir. Bel objet. Une fois de plus, Christophe Arleston et Olivier Gay nous plongent dans cet univers rappelant fortement celui de Lanfeust de Troy, un univers de light fantasy empli d'humour et de clins d'œil, nous amenant cette fois dans une ville de Parys, avatar sans fard de la ville lumière et de ses artistes vivant sous les toits. Lathan y est un écrivain en quête de succès qui va trouver sa chance le jour où il croisera la route du Danthrakon, grimoire magique amateur d'art et capable de l'aider à trouver l'inspiration et la gloire. C'est une histoire légère, faite pour le divertissement et a fortiori sans grande surprise. Le graphisme d'Olivier Boiscommun s'apparente ici encore à celui de Didier Tarquin pour un résultat rappelant le monde de Troy dans une version paresseuse, s'attardant peu sur les détails pour un visuel globalement assez formaté. Les couleurs sont du même tonneau, très proches de celles de l'univers de Lanfeust et de facture correcte, mais là encore donnant l'air d'être expédiées, comme cette case où la main d'une créature verte devient subitement rose comme celle d'un humain. L'album se lit agréablement et fait passer un plutôt bon moment, mais rien n'en ressort qui marquera la mémoire du lecteur.
Dans la boîte
Quand il n’écrit pas des BD, Lénaïc Vilain enchaine les petits boulots. Qui lui servent d’ailleurs à écrire des BD, fruits de ses expériences – la boucle est bouclée. Ainsi, après avoir été gardien de nuit d’un hôtel, agent de sécurité à la Tour Eiffel, il a un temps travaillé dans un entrepôt Amazon. C’est cette dernière expérience, vécue au sortir des confinements liés au covid, qui nourrit cet album, à mi-chemin entre le roman graphique et le documentaire (c’est dans cette dernière catégorie que je l’ai rangé). Ça se lit très vite, plutôt agréablement. Le ton est un peu amusant, léger. Mais c’est cette légèreté qui fait aussi la faiblesse de ce récit. Car, si certains travers du fonctionnement d’Amazon sont montrés et moqués, cela n’est pas assez « rentre dedans » ni assez développé. Les cadences infernales, le flicage systématique, la lutte contre toute forme de syndicat sont ici effleurés, mais pas suffisamment à mon goût. Il est vrai que Lénaïc Vilain ne nous montre que ce qu’il a vécu et vu, sur une très courte période. Mais j’en attendais davantage. Idem pour l’humour, pas forcément assez percutant à mon goût. Un album qui se laisse lire sans problème donc, mais qui risque de se faire oublier tout aussi vite je le crains. Note réelle 2,5/5.
Ni web ni master
Narration et style graphique de David Snug peuvent être clivants, mais moi, depuis que j’ai découvert cet auteur, j’aime bien ce qu’il publie. Il nous donne à voir une vision anar et décomplexée de la société. C’est très souvent militant, mais il y a toujours suffisamment de fraicheur pour faire passer le propos, jamais lénifiant. Nous le retrouvons donc ici qui se met encore en scène, son alter-ego barbu à bonnet étant rejoint par lui-même jeune. Sa version jeune, directement débarquée des années 1980, joue le rôle d’un candide découvrant internet, les réseaux sociaux, les smartphones, le commerce en ligne, l’uberisation, etc. (et tout ce qui rend ceci possible et omniprésent), tout cet univers moderne actuel expliqué par la version « vieille » de Snug : des deux côtés la critique pointe le bout de son nez, de façon plus ou moins ironique, humoristique. Avec un angle d’approche et surtout un style très différents, cet album est complémentaire du récent Saison brune 2.0 (Nos empreintes digitales). La postface de Cédric Biagini apporte une très bonne mise au point et une très imposante bibliographie permet à tous ceux qui veulent en savoir plus sur le sujet d’aller plus loin. Un album militant, une lecture agréable.