Le dessin de couverture a attiré mon attention sur cette série que je ne connaissais pas. J'avoue tout de même que j'avais un peu peur de tomber dans du sous-De Cape et des crocs tant il y a des éléments similaires: pratiquement la même époque historique, de l'animalier, du langage châtié, une machine pour aller dans l'espace...même le dessin est similaire.
Le premier tome sympathique à lire sans être exceptionnel. On a donc droit à Voltaire, Newton et la nièce de ce dernier en mode animalier qui vont vivre des aventures dans un monde étrange. Ce premier tome met surtout en vedette Voltaire qui se retrouve dans un monde où on aime bien les joutes verbales, ce qui donne de bonnes scènes et de bons dialogues. Malheureusement, le reste de l'histoire est pour l'instant un peu trop cliché pour être passionnant à lire. La fin du premier album semble indiquer que le tome suivant va surtout suivre la nièce de Newton et le peu que j'ai vu de son intrigue me donne l'impression que là encore les péripéties vont être peu originales.
À emprunter à la bibliothèque.
Le titre est racoleur il est vrai, mais il ne faut pas se méprendre, il ne s'agit pas d'une Bd de cul, mais bien d'un polar dont la toile de fond est le tournage de films pornographiques ; il y a bien un peu de fesse, mais ça reste du nu de base qui apporte des éléments au déroulement du récit, ce n'est pas de la pornographie visuelle et active. Le sujet est bon car le cinéma porno est aussi vieux que le cinéma lui-même, il y avait déja au temps du muet des images très salaces qui circulaient sous le manteau ; ici, dans les années 30 à Hollywood, c'est encore pire.
Je connais surtout Noël Simsolo comme un historien réputé du 7ème art, je possède quelques ouvrages de lui dont une brillante analyse des films d'Hitchcock, il était donc tout désigné pour conter cette histoire qui tourne autour d'un réalisateur viré du studio Paramount parce qu'il avait trop de génie, et qui se recycle dans le porno en employant des sosies de stars. Cette idée rappelle celle vue dans le film L.A. Confidential d'après un bouquin d'Ellroy. J'aime bien l'ambiance insuflée par les auteurs dans ce panier de crabes qu'est Hollywood à cette époque, c'est un brassage violent et nerveux aux nombreuses références où se téléscopent les sosies de Gary Cooper et de Mae West, un tueur psychopathe, un maffieux sentimental, une riche héritière droguée, une belle jeune femme noire, Jim Jewsky le réalisateur troublé par celle-ci, auxquels s'ajoutent Marlène Dietrich ou Eric Von Stroheim alors qu'il menait une double carrière de réalisateur et d'acteur à l'époque, de même que le Ku Klux Klan vient s'immiscer dans tout ceci avec fracas.
La violence est sèche, les décors sont bien choisis, dans la tradition cinématographique des années 30, le tout sans temps mort, la bande permet d'étaler la crasse et le sordide qui sévissaient à tous les étages à Hollywood, monde interlope mêlé à celui des maffieux, des tueurs glauques et des party hollywoodiennes avec alcool, drogue et plans cul... bref tout cet univers n'est guère reluisant et donne de Hollywood une autre image, beaucoup moins glamour que celle qui était véhiculée dans les films.
Tout ceci est bien illustré par un dessin Ligne Claire, mais je ne reconnais pas du tout le dessin de Dominique Hé, ça change radicalement de Marc Mathieu et de Mémoires d'un aventurier où son trait était une Ligne Claire mais aux contours plus épais et parfois plus figés ; ici, il adopte un trait plus fin, et malgré quelques légers défauts de proportions anatomiques, c'est pas mal du tout. Il joue sur des aplats pour les ambiances qui ressemblent au Technicolor du cinéma, et opte pour des cadrages et des angles qui rappellent des plans cinématographiques.
Au final, c'est pas une lecture transcendante, mais ça se lit sans ennui en plongeant au coeur d'une faune insoupçonnée.
Manara a un sacré coup de crayon, on le sait, pour dessiner les femmes, bien sûr, mais pas seulement. Il n’a par contre pas souvent eu un bon scénario pour l’accompagner.
Ici, c’est à partir d’un projet de film de Fellini – projet d’abord prépublié avec quelques dessins de Manara dans une revue – que les deux bonhommes (qui s’admirent mutuellement) vont construire une « histoire ».
Je mets des guillemets, car l’histoire en question est assez foutraque, loufoque, fait la part belle au rêve et à une certaine forme de poésie improvisée.
Il faut dire que l’idée de départ (transformée pour le passage en album) était venue à Fellini à partir du travail de Carlos Castaneda. On ne sera donc pas étonné de voir apparaitre à un moment Moebius et Jodorowsky !
Résumer l’histoire est impossible, on y entre ou pas, on accepte ou pas de se laisser bercer, affaire de goût. Il faut juste être réceptif à ce genre de récit qui flirte avec un certain surréalisme, parfois simple suite de scènes, sans qu’un fil très clair les dirige.
A cela s’ajoute quelques incohérences (une jeune femme se balade sur la plage en bas blancs, plonge et ressort nue, la scène d’après elle porte bas noirs et porte-jarretelles, puis alterne sur plusieurs scènes string et totale nudité).
Le tout est traversé d’hommages plus ou moins visibles. A la BD (voir les auteurs cités plus hauts, mais Windsor Mac Cay n’est pas loin), au cinéma (l’histoire commence à Cinecitta). Mais c’est aussi et surtout bourré de clins d’œil au cinéma de Fellini, admiré par Manara : le personnage principal a les traits de Mastroianni. Et l’histoire est précédée de divers travaux de Manara qui justement s’inspiraient de Fellini.
Un ouvrage qui peut être hermétique, pour ceux qui sont allergiques à ce type de récit sans queue ni tête, et/ou à l’univers de Fellini. Le dessin de Manara est égal à lui-même, très classique, froid, mais superbe.
Note réelle 2,5/5.
Le titre de l'ouvrage d'Anselme Razafindrainibe n'est pas innocent. Il fait référence à un ouvrage publié en 1998 par Didier Folléas et qui reprend des clichés pris par Albert Londres en Afrique coloniale en 1928 et tombés dans l'oubli.
Ainsi Anselme Razafindrainibe se place dans les pas du célèbre reporter pour nous fournir cinq clichés à charge de l'Afrique contemporaine. Le ton est bien proche de celui de Ptiluc dans "Jeux sans Frontières" mais en plus violent encore.
Les mafias, le racket des check-points routiers, les pasteurs évangélistes douteux, les profiteurs Africains ou Blancs, tous y trouvent leur compte sur le dos d'une population laissée de côté avec une éducation et des soins a-minima.
La mise en scène du récit ne va-t-elle pas du moindre vers le plus grave des maux ? C'est comme cela que je comprends la construction du livre. Car des mafias ou des Eglises dévoyées il en existe partout dans le monde et malgré cela le développement existe.
Alors quoi ? Anselme propose sa réponse.
Le graphisme N&B est aussi brutal que la charge de l'auteur. Si les photos d'Albert Londres cachaient la misère du colonialisme derrière un esthétisme trompeur, le dessin d'Anselme pourrait sans rougir remplir les pages d'un journal satirique.
Anselme Razafindrainibe ne prend pas de gant pour ses caricatures. Le souci, à mon avis, est que l'on est un peu trop dans une critique d'ordre général.
Une lecture un peu sombre et qui fait plus grincer des dents que sourire.
Oh ! Un nouvel album de Nicolas Dumontheuil, avec en prime Aurélien Ducoudray au scénario ! Un bel album réalisé par deux des auteurs que j'ai toujours plaisir à retrouver, voilà de quoi rendre heureux le lecteur assidu que je suis !
Nos deux auteurs nous propulsent sous l'Ancien Régime sur les pas du comte François de Dardille placé en très mauvaise posture. Sa femme lui impose l'épreuve du Congrès. Cette pratique qui a réellement existé permettait a une femme de faire annuler son mariage et d'obtenir la moitié des biens du triste sir si son impuissance était constatée, l'épreuve se déroulant en public ! Le comte François de Dardille fait donc appel à son fidèle ami le marquis pour le sortir de cette situation. Ce dernier, plutôt au fait de la bagatelle, embarque ainsi notre comte par monts et par vaux pour essayer de comprendre l'origine de ce "petit coup de mou" et lui permettre de repartir sabre au clair face à sa mie.
J'ai trouvé grand plaisir à retrouver ce trait et cette mise en couleur si singulière qui font la patte si particulière de Dumontheuil. J'ai également pris plaisir à découvrir Aurélien Ducoudray dans un registre dans lequel on a pas vraiment l'habitude de le voir évoluer, l'humour. Mais malgré quelques bons mots et quelques pages bien hilarantes, j'ai trouvé l'album sympa mais sans plus... Quelques longueurs avant d'enfin arriver à cette épreuve du Congrès, des dialogues rimés que j'ai trouvé par moment un peu pompeux, des personnages auxquels je n'ai pas réussi à m'attacher... Bref, ça n'a pas pris malgré une réelle volonté d'apprécier cet album.
Dommage car voilà deux auteurs que j'apprécie vraiment... mais la magie n'a pas opéré.
(2.5/5)
2.5
Je me retrouve dans l'avis de Noirdésir.
Le scénario est trop cliché pour que je le trouve passionnant à lire. Certes, le récit est bien construit et ça se laisse lire, mais j'ai lu ça sans enthousiasme et rien n'a retenu mon attention. L'histoire est trop linéaire pour moi et l'évolution des personnages est sans surprise. Les gentils jouent leurs rôles de gentils, les méchants jouent leurs rôles de méchants, les pauvres victimes de la guerre jouent les pauvres victimes, sauf que j'ai pas trop envie de pleurer sur leur sort tellement j'étais indifférent à tous les personnages.
Le dessin est correct sans plus. Une série qui ne sort pas du tout du lot.
Blockbuster de la BD franco-belge, Largo Winch fait partie de ce genre d’œuvres foutrement efficaces et tout de même addictives... Si les diptyques, puisque les tomes vont par deux (ce qui est d'ailleurs frustrant au niveau de l'attente entre deux parutions, assez longue tout de même), ne sont pas tous au même niveau, tous se laissent lire facilement et les scenarii de Van Hamme, très fouillés sur la finance de haute-voltige et les trafics en tout genre, sont assez prenants, comme je l'ai déjà laissé entendre plus haut. Le dessin est efficace, rien de transcendant mais honnête. J'en conseille l'achat car c'est bien foutu et une fois que l'on rentre dedans, on a envie de continuer de suivre les aventures de ce bon Largo, même s'il est quelque peu caricatural. Toutefois, les histoires (2 tomes donc) peuvent se lire indépendamment les unes des autres car, même si l'ensemble des tomes est lié et raconte l'évolution du héros et de sa compagnie, les aventures de LW sont à chaque fois différentes et ne demandent pas forcément une connaissance obtus de l'univers.
Cela faisait un moment que je lorgnais sur cette BD et son concept "et si... ?" plutôt attirant. Et si je dois dire que j'ai pris du plaisir à faire défiler les pages, ma lecture de ce Red Son me laisse un peu sur la faim même si j'ai bien aimé la fin.
Le dessin est chouette, les couleurs aussi. Le changement de dessinateur en cours de route n'est pas trop visible, il ne gêne pas la lecture.
Au niveau du scénario, je trouve l'idée de départ plutôt bonne et le premier chapitre se lit avec beaucoup de plaisir et d'envie. Mais, le début du deuxième chapitre m'a un peu gêné. L'apparition de Brainiac est, me semble-t-il, trop sèche. J'avoue avoir eu du mal à continuer la lecture à partir de ce moment-là car je ne comprenais pas ce que cette apparition venait apporter à l'histoire. Et en fait, ce problème dans ma lecture est, à mon avis, le gros point faible de cette BD : il faut une connaissance aiguë de l'univers DC pour suivre le scénario de Millar. Il revisite presque tout l'univers : Brainiac donc, mais aussi Batman, Wonder-Woman, Green Lantern, etc. Et si ce mélange des genres n'est pas forcément pour me déplaire, ici, cela a gêné ma compréhension de l'histoire car cela se fait au détriment du synopsis de base. Millar se concentre donc plus à faire resurgir les héros ou vilains de DC qu'à exploiter une idée de départ franchement pertinente ! Dommage, à mon goût...
Néanmoins, l'ensemble du comics est tout de même plaisant par la transposition d'un univers dans un autre et plusieurs idées sont franchement bien amenées : la mort des parents du futur Batman, tellement proche finalement de la mort des parents de beaucoup d'opposants au régime soviétique, la fin assez inattendue et plutôt bien imaginée, le manichéisme de Sup' poussé à l'extrême et jusqu'à l'idiotie...
En résumé, ce comics est un bon comics mais à ne pas mettre entre toutes les mains. Il faut une connaissance assez pointue de DC pour, je pense, prendre du plaisir à lire toutes les ficelles scénaristiques de Millar. Et l'on peut regretter - peut-être parce que nous sommes avant tout des Européens un peu coincés entre les deux idéologies (capitalisme vs communisme) - le parti pris de Millar concernant la dichotomie politique des deux blocs et sur, au contraire, sa volonté de transposer un univers très ricain en URSS, pour finalement en arriver à une conclusion un peu orientée tout de même. Mais encore une fois, l'épilogue vaut le coup d'aller au bout du bouquin.
Comme beaucoup de lecteurs de cet album je suppose, j’ai découvert l’existence de cette dame en lisant cette biographie. Queenie (de son vrai nom Stéphanie Saint Clair) a dirigé un clan mafieux puissant dans le Harlem des années 1930, qui avait réussi à se faire une place au milieu d’autres gangsters, Lucky Luciano par exemple. Mais, femme, qui plus est noire, elle a ensuite été effacée des mémoires.
Cet album permet de réparer cette anomalie, en montrant les origines de cette forte personnalité (issue des quartiers pauvres des Antilles françaises).
L’album se laisse lire agréablement, le dessin est classique, avec un trait fin, plutôt léché.
Je suis juste resté un peu sur ma faim, pour plusieurs raisons. D’abord ce dessin, justement, un peu trop « raide » à mon goût (mais bon, il fait largement le job).
Surtout, je trouve que certains aspects de la vie de Queenie nous restent mystérieux. La façon dont elle a monté son affaire par exemple, et les moyens, forcément brutaux, de se maintenir au pouvoir face aux « concurrents » et pour s’imposer à Harlem.
Du coup, ça reste un peu trop sage, et un chouia frustrant.
Reste la découverte d’un personnage qui a toute sa place dans le « hall of fame » du banditisme, et qui a aussi joué un rôle « social » non négligeable dans cette partie de New-York.
Dan Christensen nous propose un récit noir dans une ville fantasmée des USA. Le scénario joue sur la peur et le fantasme de l'insécurité omniprésente dès que le soleil se couche.
Je trouve que ce type de récit est un peu malsain car il permet de propager les peurs plus que nécessaire. Incontestablement c'est efficace et l'ambiance graphique que peint Christensen suinte le mal-être et l'angoisse du coin de la rue sombre et déserte.
Le scénario de départ est un peu bancal à mon avis car la position de la gentille Sara est assez peu crédible. Par contre d'autres passages sont plus intéressants. La fin en forme de rédemption ajoute à la noirceur du récit mais est aussi assez improbable.
Graphiquement c'est bien réussi et l'expression de méchanceté des voyous est bien réalisée. La mise en couleur faite de gris, de bruns ou de verts de gris ajoute à l'ambiance dérangeante du récit.
Un récit honnête mais sans plus. Une lecture rapide.
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Voltaire & Newton
Le dessin de couverture a attiré mon attention sur cette série que je ne connaissais pas. J'avoue tout de même que j'avais un peu peur de tomber dans du sous-De Cape et des crocs tant il y a des éléments similaires: pratiquement la même époque historique, de l'animalier, du langage châtié, une machine pour aller dans l'espace...même le dessin est similaire. Le premier tome sympathique à lire sans être exceptionnel. On a donc droit à Voltaire, Newton et la nièce de ce dernier en mode animalier qui vont vivre des aventures dans un monde étrange. Ce premier tome met surtout en vedette Voltaire qui se retrouve dans un monde où on aime bien les joutes verbales, ce qui donne de bonnes scènes et de bons dialogues. Malheureusement, le reste de l'histoire est pour l'instant un peu trop cliché pour être passionnant à lire. La fin du premier album semble indiquer que le tome suivant va surtout suivre la nièce de Newton et le peu que j'ai vu de son intrigue me donne l'impression que là encore les péripéties vont être peu originales. À emprunter à la bibliothèque.
Pornhollywood
Le titre est racoleur il est vrai, mais il ne faut pas se méprendre, il ne s'agit pas d'une Bd de cul, mais bien d'un polar dont la toile de fond est le tournage de films pornographiques ; il y a bien un peu de fesse, mais ça reste du nu de base qui apporte des éléments au déroulement du récit, ce n'est pas de la pornographie visuelle et active. Le sujet est bon car le cinéma porno est aussi vieux que le cinéma lui-même, il y avait déja au temps du muet des images très salaces qui circulaient sous le manteau ; ici, dans les années 30 à Hollywood, c'est encore pire. Je connais surtout Noël Simsolo comme un historien réputé du 7ème art, je possède quelques ouvrages de lui dont une brillante analyse des films d'Hitchcock, il était donc tout désigné pour conter cette histoire qui tourne autour d'un réalisateur viré du studio Paramount parce qu'il avait trop de génie, et qui se recycle dans le porno en employant des sosies de stars. Cette idée rappelle celle vue dans le film L.A. Confidential d'après un bouquin d'Ellroy. J'aime bien l'ambiance insuflée par les auteurs dans ce panier de crabes qu'est Hollywood à cette époque, c'est un brassage violent et nerveux aux nombreuses références où se téléscopent les sosies de Gary Cooper et de Mae West, un tueur psychopathe, un maffieux sentimental, une riche héritière droguée, une belle jeune femme noire, Jim Jewsky le réalisateur troublé par celle-ci, auxquels s'ajoutent Marlène Dietrich ou Eric Von Stroheim alors qu'il menait une double carrière de réalisateur et d'acteur à l'époque, de même que le Ku Klux Klan vient s'immiscer dans tout ceci avec fracas. La violence est sèche, les décors sont bien choisis, dans la tradition cinématographique des années 30, le tout sans temps mort, la bande permet d'étaler la crasse et le sordide qui sévissaient à tous les étages à Hollywood, monde interlope mêlé à celui des maffieux, des tueurs glauques et des party hollywoodiennes avec alcool, drogue et plans cul... bref tout cet univers n'est guère reluisant et donne de Hollywood une autre image, beaucoup moins glamour que celle qui était véhiculée dans les films. Tout ceci est bien illustré par un dessin Ligne Claire, mais je ne reconnais pas du tout le dessin de Dominique Hé, ça change radicalement de Marc Mathieu et de Mémoires d'un aventurier où son trait était une Ligne Claire mais aux contours plus épais et parfois plus figés ; ici, il adopte un trait plus fin, et malgré quelques légers défauts de proportions anatomiques, c'est pas mal du tout. Il joue sur des aplats pour les ambiances qui ressemblent au Technicolor du cinéma, et opte pour des cadrages et des angles qui rappellent des plans cinématographiques. Au final, c'est pas une lecture transcendante, mais ça se lit sans ennui en plongeant au coeur d'une faune insoupçonnée.
Voyage à Tulum
Manara a un sacré coup de crayon, on le sait, pour dessiner les femmes, bien sûr, mais pas seulement. Il n’a par contre pas souvent eu un bon scénario pour l’accompagner. Ici, c’est à partir d’un projet de film de Fellini – projet d’abord prépublié avec quelques dessins de Manara dans une revue – que les deux bonhommes (qui s’admirent mutuellement) vont construire une « histoire ». Je mets des guillemets, car l’histoire en question est assez foutraque, loufoque, fait la part belle au rêve et à une certaine forme de poésie improvisée. Il faut dire que l’idée de départ (transformée pour le passage en album) était venue à Fellini à partir du travail de Carlos Castaneda. On ne sera donc pas étonné de voir apparaitre à un moment Moebius et Jodorowsky ! Résumer l’histoire est impossible, on y entre ou pas, on accepte ou pas de se laisser bercer, affaire de goût. Il faut juste être réceptif à ce genre de récit qui flirte avec un certain surréalisme, parfois simple suite de scènes, sans qu’un fil très clair les dirige. A cela s’ajoute quelques incohérences (une jeune femme se balade sur la plage en bas blancs, plonge et ressort nue, la scène d’après elle porte bas noirs et porte-jarretelles, puis alterne sur plusieurs scènes string et totale nudité). Le tout est traversé d’hommages plus ou moins visibles. A la BD (voir les auteurs cités plus hauts, mais Windsor Mac Cay n’est pas loin), au cinéma (l’histoire commence à Cinecitta). Mais c’est aussi et surtout bourré de clins d’œil au cinéma de Fellini, admiré par Manara : le personnage principal a les traits de Mastroianni. Et l’histoire est précédée de divers travaux de Manara qui justement s’inspiraient de Fellini. Un ouvrage qui peut être hermétique, pour ceux qui sont allergiques à ce type de récit sans queue ni tête, et/ou à l’univers de Fellini. Le dessin de Manara est égal à lui-même, très classique, froid, mais superbe. Note réelle 2,5/5.
Putain d'Afrique
Le titre de l'ouvrage d'Anselme Razafindrainibe n'est pas innocent. Il fait référence à un ouvrage publié en 1998 par Didier Folléas et qui reprend des clichés pris par Albert Londres en Afrique coloniale en 1928 et tombés dans l'oubli. Ainsi Anselme Razafindrainibe se place dans les pas du célèbre reporter pour nous fournir cinq clichés à charge de l'Afrique contemporaine. Le ton est bien proche de celui de Ptiluc dans "Jeux sans Frontières" mais en plus violent encore. Les mafias, le racket des check-points routiers, les pasteurs évangélistes douteux, les profiteurs Africains ou Blancs, tous y trouvent leur compte sur le dos d'une population laissée de côté avec une éducation et des soins a-minima. La mise en scène du récit ne va-t-elle pas du moindre vers le plus grave des maux ? C'est comme cela que je comprends la construction du livre. Car des mafias ou des Eglises dévoyées il en existe partout dans le monde et malgré cela le développement existe. Alors quoi ? Anselme propose sa réponse. Le graphisme N&B est aussi brutal que la charge de l'auteur. Si les photos d'Albert Londres cachaient la misère du colonialisme derrière un esthétisme trompeur, le dessin d'Anselme pourrait sans rougir remplir les pages d'un journal satirique. Anselme Razafindrainibe ne prend pas de gant pour ses caricatures. Le souci, à mon avis, est que l'on est un peu trop dans une critique d'ordre général. Une lecture un peu sombre et qui fait plus grincer des dents que sourire.
L'Impudence des chiens
Oh ! Un nouvel album de Nicolas Dumontheuil, avec en prime Aurélien Ducoudray au scénario ! Un bel album réalisé par deux des auteurs que j'ai toujours plaisir à retrouver, voilà de quoi rendre heureux le lecteur assidu que je suis ! Nos deux auteurs nous propulsent sous l'Ancien Régime sur les pas du comte François de Dardille placé en très mauvaise posture. Sa femme lui impose l'épreuve du Congrès. Cette pratique qui a réellement existé permettait a une femme de faire annuler son mariage et d'obtenir la moitié des biens du triste sir si son impuissance était constatée, l'épreuve se déroulant en public ! Le comte François de Dardille fait donc appel à son fidèle ami le marquis pour le sortir de cette situation. Ce dernier, plutôt au fait de la bagatelle, embarque ainsi notre comte par monts et par vaux pour essayer de comprendre l'origine de ce "petit coup de mou" et lui permettre de repartir sabre au clair face à sa mie. J'ai trouvé grand plaisir à retrouver ce trait et cette mise en couleur si singulière qui font la patte si particulière de Dumontheuil. J'ai également pris plaisir à découvrir Aurélien Ducoudray dans un registre dans lequel on a pas vraiment l'habitude de le voir évoluer, l'humour. Mais malgré quelques bons mots et quelques pages bien hilarantes, j'ai trouvé l'album sympa mais sans plus... Quelques longueurs avant d'enfin arriver à cette épreuve du Congrès, des dialogues rimés que j'ai trouvé par moment un peu pompeux, des personnages auxquels je n'ai pas réussi à m'attacher... Bref, ça n'a pas pris malgré une réelle volonté d'apprécier cet album. Dommage car voilà deux auteurs que j'apprécie vraiment... mais la magie n'a pas opéré. (2.5/5)
Clivages
2.5 Je me retrouve dans l'avis de Noirdésir. Le scénario est trop cliché pour que je le trouve passionnant à lire. Certes, le récit est bien construit et ça se laisse lire, mais j'ai lu ça sans enthousiasme et rien n'a retenu mon attention. L'histoire est trop linéaire pour moi et l'évolution des personnages est sans surprise. Les gentils jouent leurs rôles de gentils, les méchants jouent leurs rôles de méchants, les pauvres victimes de la guerre jouent les pauvres victimes, sauf que j'ai pas trop envie de pleurer sur leur sort tellement j'étais indifférent à tous les personnages. Le dessin est correct sans plus. Une série qui ne sort pas du tout du lot.
Largo Winch
Blockbuster de la BD franco-belge, Largo Winch fait partie de ce genre d’œuvres foutrement efficaces et tout de même addictives... Si les diptyques, puisque les tomes vont par deux (ce qui est d'ailleurs frustrant au niveau de l'attente entre deux parutions, assez longue tout de même), ne sont pas tous au même niveau, tous se laissent lire facilement et les scenarii de Van Hamme, très fouillés sur la finance de haute-voltige et les trafics en tout genre, sont assez prenants, comme je l'ai déjà laissé entendre plus haut. Le dessin est efficace, rien de transcendant mais honnête. J'en conseille l'achat car c'est bien foutu et une fois que l'on rentre dedans, on a envie de continuer de suivre les aventures de ce bon Largo, même s'il est quelque peu caricatural. Toutefois, les histoires (2 tomes donc) peuvent se lire indépendamment les unes des autres car, même si l'ensemble des tomes est lié et raconte l'évolution du héros et de sa compagnie, les aventures de LW sont à chaque fois différentes et ne demandent pas forcément une connaissance obtus de l'univers.
Superman - Red Son
Cela faisait un moment que je lorgnais sur cette BD et son concept "et si... ?" plutôt attirant. Et si je dois dire que j'ai pris du plaisir à faire défiler les pages, ma lecture de ce Red Son me laisse un peu sur la faim même si j'ai bien aimé la fin. Le dessin est chouette, les couleurs aussi. Le changement de dessinateur en cours de route n'est pas trop visible, il ne gêne pas la lecture. Au niveau du scénario, je trouve l'idée de départ plutôt bonne et le premier chapitre se lit avec beaucoup de plaisir et d'envie. Mais, le début du deuxième chapitre m'a un peu gêné. L'apparition de Brainiac est, me semble-t-il, trop sèche. J'avoue avoir eu du mal à continuer la lecture à partir de ce moment-là car je ne comprenais pas ce que cette apparition venait apporter à l'histoire. Et en fait, ce problème dans ma lecture est, à mon avis, le gros point faible de cette BD : il faut une connaissance aiguë de l'univers DC pour suivre le scénario de Millar. Il revisite presque tout l'univers : Brainiac donc, mais aussi Batman, Wonder-Woman, Green Lantern, etc. Et si ce mélange des genres n'est pas forcément pour me déplaire, ici, cela a gêné ma compréhension de l'histoire car cela se fait au détriment du synopsis de base. Millar se concentre donc plus à faire resurgir les héros ou vilains de DC qu'à exploiter une idée de départ franchement pertinente ! Dommage, à mon goût... Néanmoins, l'ensemble du comics est tout de même plaisant par la transposition d'un univers dans un autre et plusieurs idées sont franchement bien amenées : la mort des parents du futur Batman, tellement proche finalement de la mort des parents de beaucoup d'opposants au régime soviétique, la fin assez inattendue et plutôt bien imaginée, le manichéisme de Sup' poussé à l'extrême et jusqu'à l'idiotie... En résumé, ce comics est un bon comics mais à ne pas mettre entre toutes les mains. Il faut une connaissance assez pointue de DC pour, je pense, prendre du plaisir à lire toutes les ficelles scénaristiques de Millar. Et l'on peut regretter - peut-être parce que nous sommes avant tout des Européens un peu coincés entre les deux idéologies (capitalisme vs communisme) - le parti pris de Millar concernant la dichotomie politique des deux blocs et sur, au contraire, sa volonté de transposer un univers très ricain en URSS, pour finalement en arriver à une conclusion un peu orientée tout de même. Mais encore une fois, l'épilogue vaut le coup d'aller au bout du bouquin.
Queenie - La Marraine de Harlem
Comme beaucoup de lecteurs de cet album je suppose, j’ai découvert l’existence de cette dame en lisant cette biographie. Queenie (de son vrai nom Stéphanie Saint Clair) a dirigé un clan mafieux puissant dans le Harlem des années 1930, qui avait réussi à se faire une place au milieu d’autres gangsters, Lucky Luciano par exemple. Mais, femme, qui plus est noire, elle a ensuite été effacée des mémoires. Cet album permet de réparer cette anomalie, en montrant les origines de cette forte personnalité (issue des quartiers pauvres des Antilles françaises). L’album se laisse lire agréablement, le dessin est classique, avec un trait fin, plutôt léché. Je suis juste resté un peu sur ma faim, pour plusieurs raisons. D’abord ce dessin, justement, un peu trop « raide » à mon goût (mais bon, il fait largement le job). Surtout, je trouve que certains aspects de la vie de Queenie nous restent mystérieux. La façon dont elle a monté son affaire par exemple, et les moyens, forcément brutaux, de se maintenir au pouvoir face aux « concurrents » et pour s’imposer à Harlem. Du coup, ça reste un peu trop sage, et un chouia frustrant. Reste la découverte d’un personnage qui a toute sa place dans le « hall of fame » du banditisme, et qui a aussi joué un rôle « social » non négligeable dans cette partie de New-York.
Un goût de cendres
Dan Christensen nous propose un récit noir dans une ville fantasmée des USA. Le scénario joue sur la peur et le fantasme de l'insécurité omniprésente dès que le soleil se couche. Je trouve que ce type de récit est un peu malsain car il permet de propager les peurs plus que nécessaire. Incontestablement c'est efficace et l'ambiance graphique que peint Christensen suinte le mal-être et l'angoisse du coin de la rue sombre et déserte. Le scénario de départ est un peu bancal à mon avis car la position de la gentille Sara est assez peu crédible. Par contre d'autres passages sont plus intéressants. La fin en forme de rédemption ajoute à la noirceur du récit mais est aussi assez improbable. Graphiquement c'est bien réussi et l'expression de méchanceté des voyous est bien réalisée. La mise en couleur faite de gris, de bruns ou de verts de gris ajoute à l'ambiance dérangeante du récit. Un récit honnête mais sans plus. Une lecture rapide.