Du Servais classique (mais toute son œuvre ne l’est-elle pas ?), qui se laisse lire sans problème, mais qui ne m’a pas enthousiasmé plus que ça.
Un peu rigide parfois, son dessin au trait très réaliste est vraiment agréable. Et la colorisation est elle aussi plutôt chouette.
L’intrigue semble s’inspirer de personnages réels (en tout cas celui du contrebandier), mais c’est tout à fait possible, tant cela a pu exister dans toutes les zones montagneuses et/ou frontalières, avec le trafic auquel participent pas mal de monde (ici un trafic de paquets de café, que des contrebandières camouflent dans leurs vêtements en gonflant leur poitrine – d’où le titre).
Le côté un peu fleur bleue de l’intrigue, un peu « gentil » parfois, dans le jeu de cache-cache entre les contrebandières (et le jeune homme déjà évoqué) et les douaniers, prend davantage de consistance – et d’intérêt, avec la dramatisation apportée par la guerre et l’occupation allemande durant la Première guerre mondiale.
Une histoire pas désagréable, pas inoubliable non plus.
Note réelle 2,5/5.
Rien d’extraordinaire dans cette série, mais elle n’en est pas moins une très honnête série de pirates, qui comblera les attentes des amateurs du genre.
Le dessin de Cassini est vraiment bon, dynamique, même s’il est parfois très chargé sur certaines cases. Et la colorisation (dont le maître d’œuvre change à chaque album, Cassini s’en chargeant sur le dernier) accentue souvent cet aspect. Elle aurait sans doute mérité d’être un peu moins franche.
L’histoire est relativement classique, avec des rivalités entre pirates pour récupérer un trésor « abandonné » sur une île peuplée de sauvage anthropophages… Par contre, situer l’intrigue en 1585 est assez original (généralement les auteurs choisissent une période postérieure).
Bouffe-Doublon est un personnage dynamique, fort en gueule et meneur d’hommes – sans être monolithique et caricatural. De la même façon, l’inévitable donzelle (aux belles formes) n’est pas que la vierge effarouchée que s’échangent les plus forts, elle a sa personnalité et j’ai même longtemps cru qu’elle allait seule tirer les marrons du feu.
En tout cas on ne s’ennuie pas du tout, c’est de l’aventure rythmée, agréable à suivre.
A noter que si le troisième album conclut une sorte de cycle, l’histoire semblait vouloir (et pouvoir) se poursuivre (avec « fin de l’épisode » en bas de page). Dommage, mais pas de frustration trop forte, le triptyque se suffit et est d’une lecture agréable.
Le sujet, la paléontologie reste un grand classique des questionnements de l'enfance, et c'est assez bienvenu de dépoussiérer notre imaginaire de ce coté-là. C'est une histoire de cette science, revue après metoo, après l'atroce abécédaire de Sfar, et avec Marion Montaigne qui s'est fait valoir avec sa série "tu mourras moins bête, mais tu mourras quand même" qui dit bien par son titre sa volonté de s'éloigner de la bienpensance habituelle.
Pas désagréable, toujours cet humour spécial, duquel je reste parfois exclue faute de références communes. Toujours ce trait pas très lisible à la Reiser, avec des taches bien disposées sur la page : ça respire, comme du dessin de presse.
Comme souvent dans les documentaires d'aujourd'hui en bande dessinée, l'auteure se met en scène, ici avec une autodérision assez grinçante, qui rend l'exercice attachant.
Pour le reste, je ne suis pas particulièrement excitée par les dinosaures. La découverte des nombreuses femmes scientifiques successives s'étant fait voler la vedette, au cours de l'histoire de la paléontologie, vient conforter la tonne de preuve décrivant un patriarcat absurde et contreproductif. Mais l'ouvrage n'ouvre pas réellement l'épineuse question de son déboulonnage.
Toute cette rancœur qui s'accumule contre le virilisme sans trouver vraiment ni d'exutoire, ni d'horizon désirable...
Théorie intéressante qui peut redonner d'une certaine manière ses lettres de noblesses au discours politique, qui est là pour réunir un peuple (un ensemble de sapiens) dans un discours commun (cosmogonie et horizon à construire) pour agir sur le monde.
Selon M Harari, c'est la faculté du sapiens de convaincre de travailler à plusieurs, en grand nombre, qui lui assure une persévérance et une ampleur d'impact beaucoup plus grande que les autres humains qui ont du laisser la place (Néandertal, Florès, Denissov, Luzon). Mais en compensation, nous devenons individuellement chaque jour moins compétents. Nous avons créé des systèmes de productions très compartimentés et aujourd'hui autant notre intelligence collective est devenue hyper puissante, autant nos capacités de survie, seul, sont réduites à zéro.
Par ailleurs les discours qui ont permis la confiance réciproque (politiques ou religieux) sont en train de perdre de leur légitimité face à la destruction de l'environnement (dés -50 000 ans par la destruction des grands mammifères en Australie, puis en Amérique (vers -12000 ans) en passant par la déforestation par les romains autour de la méditerranée, la pollution de l'air, le pillage des mers, jusqu'à destruction des insectes et des oiseaux aujourd'hui. )
L'enjeu est bien de construire un nouveau discours qui puisse convaincre d'aller au travail et de renouveler notre contribution à la société en perdant notre capacité individuelle ou bien de chercher une autre voie vers plus d'équilibre entre les deux...
Bref ça m'a fait réfléchir et pour cela je vous le conseille .
En revanche coté BD, je ne suis pas très fan du dessin et de la colorisation, ou alors le format est peut-être un peu grand. Si on prend Le Monde sans fin avec Blain au dessin, les taches de couleurs sont bien plus composées et dynamiques, ici ça reste engoncé dans des cases trop grandes, même quand on n'a que l'orateur de pied. La mise en scène m'a semblé un peu infantilisante en comparaison du sujet, comme une sorte de grand écart entre l'un et l'autre ; On prend une petite fille comme interlocutrice, et M Harari qui nous instruit ; mais j'admets que ce n'est pas facile...
Sympathique histoire, bien construite, qui imagine une vieille bique raciste qui reçoit des leçons de la vie qui lui font comprendre que "les coloniaux" seraient bien restés chez eux si on n'était pas venu piller leur environnement et leur faire miroiter des splendeurs imaginaires.
Le dessin m'a paru un peu grossier au départ, comme si le format final avait été augmenté au dernier moment, mais le scénario étant suffisamment haletant on s'habitue à ce filtre gras, et ces visages caricaturaux deviennent familiers et prennent une expressivité touchante.
Les rebondissements se suivent sans se ressembler, les alliés inattendus, les ennemis déjà bien identifiés et la généalogie de Mamie Denis finissent par faire une belle toile de fond pleine de bons sentiments. Le comique de situation (badaboom/patatras) finit par laisser place à une certaine finesse psychologique, voire une fraternité des peuples.
Un bon cadeau d'étrennes pour un ado !
Je vais commencer par la fin en donnant ma conclusion : alors que je suis un fan complet de Franquin et que l'idée que la série Gaston soit reprise un jour me hérissait au plus haut point car c'est une oeuvre très personnelle de l'auteur, eh bien après lecture je ne serais finalement pas choqué de voir d'autres albums ainsi réalisés par Delaf.
Mais ce n'est pas parfait pour autant.
Le gag que Delaf avait réalisé pour le collectif La Galerie des Gaffes (et qui est repris ici) m'avait déjà convaincu qu'il était capable de restituer non seulement le graphisme mais aussi l'esprit et l'humour de Gaston. Il y a la même recherche d'un gag de situation qui se combine aux dialogues pour des chutes en trois temps : la mise en place amusante en elle-même, puis le gag, et enfin ces petites phrases de conclusion, avec parfois un ou deux jeux de mots, qui accentuent encore l'humour.
Quant au dessin, au premier coup d'oeil, on croirait vraiment des planches des albums de Franquin. Certes, quand on regarde de près, il n'y a pas le même génie des pleins et déliés, et il y a quelques modernités et simplifications ça et là qui détonnent avec le style devenu classique de Franquin. Concrètement, le trait parait plus lisse, et j'ai aussi ce sentiment que les personnages s'intègrent moins bien dans leur décor, comme s'ils étaient dessinés à part puis ensuite posés sur la planche. Mais c'est tout de même du beau boulot et ces pages ne choqueraient pas vraiment si elles étaient intégrées à la série originelle.
Côté humour, c'est un peu inégal.
Globalement, j'ai aimé la majorité des gags en une page. Parmi ceux-là, il y en a de vraiment excellents, des gags tout à fait du niveau de Franquin et qui m'ont fait bien rire. D'autres sont moins bons, qu'ils soient plus déjà vus comme celui du téléphone qui fonce dans les couloirs, ou qui m'ont paru forcés, un peu lourds, comme celui des animaux sous vitamines ou du vélo électrique qui décolle. Mais même les gags de Franquin n'ont pas tous été aussi formidables les uns que les autres.
Puis vient la dizaine de pages en fin d'album qui forment une sorte d'histoire à suivre. Je salue l'audace de Delaf de ne pas se limiter au carcan imposé par l'oeuvre originelle de Franquin et de proposer une forme un peu neuve. Toutefois je n'ai pas été vraiment convaincu par cet essai. L'histoire en elle-même n'est pas des meilleures et surtout c'est nettement moins drôle et plus poussif que les gags en une page bien structurés et percutants.
Malgré mes grosses réticences à l'idée de voir la série Gaston reprise, j'ai pris plaisir à lire cet album, à retrouver Gaston et son univers, et à rire à pas mal de très bons gags imaginés par Delaf avec un dessin très respectueux de Franquin, tout en répétant que j'y ai nettement préféré les gags en une planche que la tentative d'histoire à suivre.
C’est l’avis de Mac Arthur qui m’a titillé. En effet, la description qu’il faisait de ce tout petit album (par la taille, car il est finalement assez épais) en faisait une curiosité originale – ce qu’il est en fait !
En feuilletant rapidement « l’objet », j’ai un temps cru que Manuel était le vrai titre de l’album, tant celui-ci s’apparente presque, avec son dessin réalisé par ordinateur (probablement au stylo électronique, comme Panchaud avec son album La Couleur des choses). Et il est vrai qu’il ne faut pas être rétif à ce style graphique minimaliste et sec, pour apprécier ce genre de production.
L’histoire (ou les histoires, mais j’avoue ne pas forcément avoir tout compris) est difficile à résumer. C’est presque un exercice de style, même s’il y a bien des (més)aventures, de bonhommes dessinés de façon géométrique et simpliste, bonhommes qui semblent participer à des constructions improbables, se suivant comme des lemmings, s’emboîtant comme au Tétris (les bonhommes sont généralement à la fois briques et ouvriers), avec quelques chutes et autres empilement (un certain humour perce parfois).
Le dessin minimaliste, l’absence de paroles font qu’on peut presque lire certaines parties comme un flip-book, même s’il y a bien une narration BD.
Une curiosité donc, qui m’a certes un peu laissé sur ma faim (l’humour, évoqué plus haut, aurait sans doute pu être davantage appuyé), mais que je ne regrette pas d’avoir achetée.
A réserver aux lecteurs curieux et ne jurant pas que par un dessin franco-belge classique !
Je ne connaissais pas cet auteur, et j’ai emprunté l’album sur le nom de son éditeur, Le Lézard Noir ayant une politique éditoriale assez originale et atypique.
L’album est un gros recueil d’histoires assez disparates, d’un auteur qui affiche une grande culture, que ce soit au niveau des mangas (il a été nourri par la revue Garo de la grande époque, puis s’en est éloigné), et s’inspire souvent dans ses productions de romanciers japonais. Il affiche aussi une grande attirance (et une belle connaissance) pour la culture européenne, qu’elle soit cinématographique ou BD. Son travail se rapproche fortement du genre roman graphique européen. En tout cas l’album est accompagné d’une longue interview de l’auteur, qui par ailleurs analyse lui-même ses histoires.
Le style graphique peut énormément varier d’une histoire à l’autre. J’ai préféré celui du premier ensemble, qui use bien des hachures, certaines histoires m’ont paru un peu moins travaillées à ce niveau, avec un dessin plus proche du manga « traditionnel », mais surtout avec un trait clairement plus brouillon. Enfin, pour le dernier ensemble (qui donne son titre au recueil), s’il reste toujours sur le Noir et Blanc présent dans toutes les histoires (seules quelques pages ont droit à de la couleur – rouge – au milieu de l’album), c’est un travail plus surprenant, avec une sorte de lavis ou d’aquarelle, virant parfois à l’épure (un peu de Fior ou de Gipi dans le rendu), loin du trait fourni et précis des premières histoires de l’album.
Pour ce qui est des histoires, c’est très inégal, et je suis un peu resté sur ma faim. Les premières ont un peu de poésie pour les dynamiser, les dernières sont plus évanescentes et intrigantes. Mais plusieurs histoires m’ont laissé de marbre, m’ont un peu ennuyé. La mélancolie prédomine très souvent en tout cas.
A découvrir à l’occasion, et à réserver aux amateurs de romans graphiques peu dynamiques.
Note réelles 2,5/5.
En lisant le pitch de cette série, j’ai tout de suite pensé à Sweet Tooth, que je n’ai pas lu, je me suis contenté de voir son adaptation en série télévisuelle, et j’avais beaucoup aimé.
Séraphine je ne la connais que très peu, j’ai lu France de Riga qui ne m’avais franchement pas plus.
Si j’ai bien compris comment sont crédités les albums (en fonction de ce qui est noté en première page), le premier tome est écrit et dessiné par Séraphine seule. Les 3 suivants, Thierry Smolderen collabore au scénario. Ce qui est une bonne chose, car le 1 er album est vraiment creux, tant par les dialogues que par l’action qui ce passe, c’est vide et moue. Smolderen va redonner un petit coup de fouet à la série. (Smolderen : Ghost money, Gipsy, Dans l'ombre du soleil pour ne citer qu’elles).
On est donc sur un futur post apocalyptique, chouette, j’adore ce genre d’histoire, où le monde est divisé entre humain, et leurs descendants les hybrides. Ils ne s’aiment pas et sont en conflit.
L'idée de départ à mes yeux est très bonne, mais le manque d’empathie pour les personnages, et la pauvreté du scénario (il ne ce passe vraiment pas grand chose, j’ai lu les 4 albums en à peine 1h30, et en prenant mon temps de petites pauses entre chaque) ne m’ont pas aidé à vraiment apprécier l’histoire.
Pourtant je suis rentré dans l’univers, il est bien fait, et j’avais plaisir à voyager dans ce monde, il aurait eu besoin d’être plus développé, plus dense.
Les dessins, eux, bien qu’assez hésitant sur le premier album, s’améliorent sans cesse jusqu’à la fin.
Dans un style claire et épuré, avec des couleurs assez chatoyantes. En tout cas ils s’adaptent parfaitement au scénario.
Au final, je suis content d’avoir lu cette série, j’ai passé un bon moment, mais j’en ressors frustré, j’aurais aimé en avoir beaucoup plus, et en 4 albums, il aurait été tout à fait possible d’étoffer ça vu le peu qu’il y a en scénario.
La couverture m’a tout de suite tapé dans l’œil et j’ai eu envie de l’acheter après un rapide feuilletage.
Je ne connais pas les auteurs, j’y allais donc au hasard même si le peu que j’ai lu de cette maison d’édition Sarbacane a tendance à me rassurer.
On suit donc Julius Crèvecoeur, détective, qui va mener une enquête sur un paquebot.
J’ai trouvé l’album sympathique à lire, mais il ne m’a pas vraiment passionné pour autant. J’y ai ressenti pas mal de longueur, et le sentiment que l’album a été beaucoup meublé avec des choses inutiles pour augmenter le nombre de planches. J’ai eu le sentiment que les auteurs savaient très bien vers quel final ils allaient, mais qu’avant le final, il fallait combler, et soit je n’ai pas saisi certains liens, références, importances pour le final, soit c’est juste du vide de comblé un peu au hasard.
La fin, originale, m'a surpris en revanche. Peut être devrais-je le relire en ayant la fin en tête, et là alors je comprendrais beaucoup de choses ?
Le dessin m’a beaucoup plu, et m’a permis de rentrer tout de suite dans l’ambiance.
Un joli One Shot, avec lequel j’ai passé un bon moment, mais que j’oublierai assez vite, il manque ce petit truc pour que cela me marque vraiment.
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Les Seins de Café
Du Servais classique (mais toute son œuvre ne l’est-elle pas ?), qui se laisse lire sans problème, mais qui ne m’a pas enthousiasmé plus que ça. Un peu rigide parfois, son dessin au trait très réaliste est vraiment agréable. Et la colorisation est elle aussi plutôt chouette. L’intrigue semble s’inspirer de personnages réels (en tout cas celui du contrebandier), mais c’est tout à fait possible, tant cela a pu exister dans toutes les zones montagneuses et/ou frontalières, avec le trafic auquel participent pas mal de monde (ici un trafic de paquets de café, que des contrebandières camouflent dans leurs vêtements en gonflant leur poitrine – d’où le titre). Le côté un peu fleur bleue de l’intrigue, un peu « gentil » parfois, dans le jeu de cache-cache entre les contrebandières (et le jeune homme déjà évoqué) et les douaniers, prend davantage de consistance – et d’intérêt, avec la dramatisation apportée par la guerre et l’occupation allemande durant la Première guerre mondiale. Une histoire pas désagréable, pas inoubliable non plus. Note réelle 2,5/5.
Bouffe-Doublon
Rien d’extraordinaire dans cette série, mais elle n’en est pas moins une très honnête série de pirates, qui comblera les attentes des amateurs du genre. Le dessin de Cassini est vraiment bon, dynamique, même s’il est parfois très chargé sur certaines cases. Et la colorisation (dont le maître d’œuvre change à chaque album, Cassini s’en chargeant sur le dernier) accentue souvent cet aspect. Elle aurait sans doute mérité d’être un peu moins franche. L’histoire est relativement classique, avec des rivalités entre pirates pour récupérer un trésor « abandonné » sur une île peuplée de sauvage anthropophages… Par contre, situer l’intrigue en 1585 est assez original (généralement les auteurs choisissent une période postérieure). Bouffe-Doublon est un personnage dynamique, fort en gueule et meneur d’hommes – sans être monolithique et caricatural. De la même façon, l’inévitable donzelle (aux belles formes) n’est pas que la vierge effarouchée que s’échangent les plus forts, elle a sa personnalité et j’ai même longtemps cru qu’elle allait seule tirer les marrons du feu. En tout cas on ne s’ennuie pas du tout, c’est de l’aventure rythmée, agréable à suivre. A noter que si le troisième album conclut une sorte de cycle, l’histoire semblait vouloir (et pouvoir) se poursuivre (avec « fin de l’épisode » en bas de page). Dommage, mais pas de frustration trop forte, le triptyque se suffit et est d’une lecture agréable.
Nos Mondes perdus
Le sujet, la paléontologie reste un grand classique des questionnements de l'enfance, et c'est assez bienvenu de dépoussiérer notre imaginaire de ce coté-là. C'est une histoire de cette science, revue après metoo, après l'atroce abécédaire de Sfar, et avec Marion Montaigne qui s'est fait valoir avec sa série "tu mourras moins bête, mais tu mourras quand même" qui dit bien par son titre sa volonté de s'éloigner de la bienpensance habituelle. Pas désagréable, toujours cet humour spécial, duquel je reste parfois exclue faute de références communes. Toujours ce trait pas très lisible à la Reiser, avec des taches bien disposées sur la page : ça respire, comme du dessin de presse. Comme souvent dans les documentaires d'aujourd'hui en bande dessinée, l'auteure se met en scène, ici avec une autodérision assez grinçante, qui rend l'exercice attachant. Pour le reste, je ne suis pas particulièrement excitée par les dinosaures. La découverte des nombreuses femmes scientifiques successives s'étant fait voler la vedette, au cours de l'histoire de la paléontologie, vient conforter la tonne de preuve décrivant un patriarcat absurde et contreproductif. Mais l'ouvrage n'ouvre pas réellement l'épineuse question de son déboulonnage. Toute cette rancœur qui s'accumule contre le virilisme sans trouver vraiment ni d'exutoire, ni d'horizon désirable...
Sapiens (Albin Michel)
Théorie intéressante qui peut redonner d'une certaine manière ses lettres de noblesses au discours politique, qui est là pour réunir un peuple (un ensemble de sapiens) dans un discours commun (cosmogonie et horizon à construire) pour agir sur le monde. Selon M Harari, c'est la faculté du sapiens de convaincre de travailler à plusieurs, en grand nombre, qui lui assure une persévérance et une ampleur d'impact beaucoup plus grande que les autres humains qui ont du laisser la place (Néandertal, Florès, Denissov, Luzon). Mais en compensation, nous devenons individuellement chaque jour moins compétents. Nous avons créé des systèmes de productions très compartimentés et aujourd'hui autant notre intelligence collective est devenue hyper puissante, autant nos capacités de survie, seul, sont réduites à zéro. Par ailleurs les discours qui ont permis la confiance réciproque (politiques ou religieux) sont en train de perdre de leur légitimité face à la destruction de l'environnement (dés -50 000 ans par la destruction des grands mammifères en Australie, puis en Amérique (vers -12000 ans) en passant par la déforestation par les romains autour de la méditerranée, la pollution de l'air, le pillage des mers, jusqu'à destruction des insectes et des oiseaux aujourd'hui. ) L'enjeu est bien de construire un nouveau discours qui puisse convaincre d'aller au travail et de renouveler notre contribution à la société en perdant notre capacité individuelle ou bien de chercher une autre voie vers plus d'équilibre entre les deux... Bref ça m'a fait réfléchir et pour cela je vous le conseille . En revanche coté BD, je ne suis pas très fan du dessin et de la colorisation, ou alors le format est peut-être un peu grand. Si on prend Le Monde sans fin avec Blain au dessin, les taches de couleurs sont bien plus composées et dynamiques, ici ça reste engoncé dans des cases trop grandes, même quand on n'a que l'orateur de pied. La mise en scène m'a semblé un peu infantilisante en comparaison du sujet, comme une sorte de grand écart entre l'un et l'autre ; On prend une petite fille comme interlocutrice, et M Harari qui nous instruit ; mais j'admets que ce n'est pas facile...
Mamie Denis évadée de la maison de retraite
Sympathique histoire, bien construite, qui imagine une vieille bique raciste qui reçoit des leçons de la vie qui lui font comprendre que "les coloniaux" seraient bien restés chez eux si on n'était pas venu piller leur environnement et leur faire miroiter des splendeurs imaginaires. Le dessin m'a paru un peu grossier au départ, comme si le format final avait été augmenté au dernier moment, mais le scénario étant suffisamment haletant on s'habitue à ce filtre gras, et ces visages caricaturaux deviennent familiers et prennent une expressivité touchante. Les rebondissements se suivent sans se ressembler, les alliés inattendus, les ennemis déjà bien identifiés et la généalogie de Mamie Denis finissent par faire une belle toile de fond pleine de bons sentiments. Le comique de situation (badaboom/patatras) finit par laisser place à une certaine finesse psychologique, voire une fraternité des peuples. Un bon cadeau d'étrennes pour un ado !
Gaston Lagaffe (Delaf d'après Franquin)
Je vais commencer par la fin en donnant ma conclusion : alors que je suis un fan complet de Franquin et que l'idée que la série Gaston soit reprise un jour me hérissait au plus haut point car c'est une oeuvre très personnelle de l'auteur, eh bien après lecture je ne serais finalement pas choqué de voir d'autres albums ainsi réalisés par Delaf. Mais ce n'est pas parfait pour autant. Le gag que Delaf avait réalisé pour le collectif La Galerie des Gaffes (et qui est repris ici) m'avait déjà convaincu qu'il était capable de restituer non seulement le graphisme mais aussi l'esprit et l'humour de Gaston. Il y a la même recherche d'un gag de situation qui se combine aux dialogues pour des chutes en trois temps : la mise en place amusante en elle-même, puis le gag, et enfin ces petites phrases de conclusion, avec parfois un ou deux jeux de mots, qui accentuent encore l'humour. Quant au dessin, au premier coup d'oeil, on croirait vraiment des planches des albums de Franquin. Certes, quand on regarde de près, il n'y a pas le même génie des pleins et déliés, et il y a quelques modernités et simplifications ça et là qui détonnent avec le style devenu classique de Franquin. Concrètement, le trait parait plus lisse, et j'ai aussi ce sentiment que les personnages s'intègrent moins bien dans leur décor, comme s'ils étaient dessinés à part puis ensuite posés sur la planche. Mais c'est tout de même du beau boulot et ces pages ne choqueraient pas vraiment si elles étaient intégrées à la série originelle. Côté humour, c'est un peu inégal. Globalement, j'ai aimé la majorité des gags en une page. Parmi ceux-là, il y en a de vraiment excellents, des gags tout à fait du niveau de Franquin et qui m'ont fait bien rire. D'autres sont moins bons, qu'ils soient plus déjà vus comme celui du téléphone qui fonce dans les couloirs, ou qui m'ont paru forcés, un peu lourds, comme celui des animaux sous vitamines ou du vélo électrique qui décolle. Mais même les gags de Franquin n'ont pas tous été aussi formidables les uns que les autres. Puis vient la dizaine de pages en fin d'album qui forment une sorte d'histoire à suivre. Je salue l'audace de Delaf de ne pas se limiter au carcan imposé par l'oeuvre originelle de Franquin et de proposer une forme un peu neuve. Toutefois je n'ai pas été vraiment convaincu par cet essai. L'histoire en elle-même n'est pas des meilleures et surtout c'est nettement moins drôle et plus poussif que les gags en une page bien structurés et percutants. Malgré mes grosses réticences à l'idée de voir la série Gaston reprise, j'ai pris plaisir à lire cet album, à retrouver Gaston et son univers, et à rire à pas mal de très bons gags imaginés par Delaf avec un dessin très respectueux de Franquin, tout en répétant que j'y ai nettement préféré les gags en une planche que la tentative d'histoire à suivre.
Au travail (Manuel)
C’est l’avis de Mac Arthur qui m’a titillé. En effet, la description qu’il faisait de ce tout petit album (par la taille, car il est finalement assez épais) en faisait une curiosité originale – ce qu’il est en fait ! En feuilletant rapidement « l’objet », j’ai un temps cru que Manuel était le vrai titre de l’album, tant celui-ci s’apparente presque, avec son dessin réalisé par ordinateur (probablement au stylo électronique, comme Panchaud avec son album La Couleur des choses). Et il est vrai qu’il ne faut pas être rétif à ce style graphique minimaliste et sec, pour apprécier ce genre de production. L’histoire (ou les histoires, mais j’avoue ne pas forcément avoir tout compris) est difficile à résumer. C’est presque un exercice de style, même s’il y a bien des (més)aventures, de bonhommes dessinés de façon géométrique et simpliste, bonhommes qui semblent participer à des constructions improbables, se suivant comme des lemmings, s’emboîtant comme au Tétris (les bonhommes sont généralement à la fois briques et ouvriers), avec quelques chutes et autres empilement (un certain humour perce parfois). Le dessin minimaliste, l’absence de paroles font qu’on peut presque lire certaines parties comme un flip-book, même s’il y a bien une narration BD. Une curiosité donc, qui m’a certes un peu laissé sur ma faim (l’humour, évoqué plus haut, aurait sans doute pu être davantage appuyé), mais que je ne regrette pas d’avoir achetée. A réserver aux lecteurs curieux et ne jurant pas que par un dessin franco-belge classique !
Tokyo Blues
Je ne connaissais pas cet auteur, et j’ai emprunté l’album sur le nom de son éditeur, Le Lézard Noir ayant une politique éditoriale assez originale et atypique. L’album est un gros recueil d’histoires assez disparates, d’un auteur qui affiche une grande culture, que ce soit au niveau des mangas (il a été nourri par la revue Garo de la grande époque, puis s’en est éloigné), et s’inspire souvent dans ses productions de romanciers japonais. Il affiche aussi une grande attirance (et une belle connaissance) pour la culture européenne, qu’elle soit cinématographique ou BD. Son travail se rapproche fortement du genre roman graphique européen. En tout cas l’album est accompagné d’une longue interview de l’auteur, qui par ailleurs analyse lui-même ses histoires. Le style graphique peut énormément varier d’une histoire à l’autre. J’ai préféré celui du premier ensemble, qui use bien des hachures, certaines histoires m’ont paru un peu moins travaillées à ce niveau, avec un dessin plus proche du manga « traditionnel », mais surtout avec un trait clairement plus brouillon. Enfin, pour le dernier ensemble (qui donne son titre au recueil), s’il reste toujours sur le Noir et Blanc présent dans toutes les histoires (seules quelques pages ont droit à de la couleur – rouge – au milieu de l’album), c’est un travail plus surprenant, avec une sorte de lavis ou d’aquarelle, virant parfois à l’épure (un peu de Fior ou de Gipi dans le rendu), loin du trait fourni et précis des premières histoires de l’album. Pour ce qui est des histoires, c’est très inégal, et je suis un peu resté sur ma faim. Les premières ont un peu de poésie pour les dynamiser, les dernières sont plus évanescentes et intrigantes. Mais plusieurs histoires m’ont laissé de marbre, m’ont un peu ennuyé. La mélancolie prédomine très souvent en tout cas. A découvrir à l’occasion, et à réserver aux amateurs de romans graphiques peu dynamiques. Note réelles 2,5/5.
Hybrides
En lisant le pitch de cette série, j’ai tout de suite pensé à Sweet Tooth, que je n’ai pas lu, je me suis contenté de voir son adaptation en série télévisuelle, et j’avais beaucoup aimé. Séraphine je ne la connais que très peu, j’ai lu France de Riga qui ne m’avais franchement pas plus. Si j’ai bien compris comment sont crédités les albums (en fonction de ce qui est noté en première page), le premier tome est écrit et dessiné par Séraphine seule. Les 3 suivants, Thierry Smolderen collabore au scénario. Ce qui est une bonne chose, car le 1 er album est vraiment creux, tant par les dialogues que par l’action qui ce passe, c’est vide et moue. Smolderen va redonner un petit coup de fouet à la série. (Smolderen : Ghost money, Gipsy, Dans l'ombre du soleil pour ne citer qu’elles). On est donc sur un futur post apocalyptique, chouette, j’adore ce genre d’histoire, où le monde est divisé entre humain, et leurs descendants les hybrides. Ils ne s’aiment pas et sont en conflit. L'idée de départ à mes yeux est très bonne, mais le manque d’empathie pour les personnages, et la pauvreté du scénario (il ne ce passe vraiment pas grand chose, j’ai lu les 4 albums en à peine 1h30, et en prenant mon temps de petites pauses entre chaque) ne m’ont pas aidé à vraiment apprécier l’histoire. Pourtant je suis rentré dans l’univers, il est bien fait, et j’avais plaisir à voyager dans ce monde, il aurait eu besoin d’être plus développé, plus dense. Les dessins, eux, bien qu’assez hésitant sur le premier album, s’améliorent sans cesse jusqu’à la fin. Dans un style claire et épuré, avec des couleurs assez chatoyantes. En tout cas ils s’adaptent parfaitement au scénario. Au final, je suis content d’avoir lu cette série, j’ai passé un bon moment, mais j’en ressors frustré, j’aurais aimé en avoir beaucoup plus, et en 4 albums, il aurait été tout à fait possible d’étoffer ça vu le peu qu’il y a en scénario.
L’Extraordinaire Traversée de Julius Crèvecoeur
La couverture m’a tout de suite tapé dans l’œil et j’ai eu envie de l’acheter après un rapide feuilletage. Je ne connais pas les auteurs, j’y allais donc au hasard même si le peu que j’ai lu de cette maison d’édition Sarbacane a tendance à me rassurer. On suit donc Julius Crèvecoeur, détective, qui va mener une enquête sur un paquebot. J’ai trouvé l’album sympathique à lire, mais il ne m’a pas vraiment passionné pour autant. J’y ai ressenti pas mal de longueur, et le sentiment que l’album a été beaucoup meublé avec des choses inutiles pour augmenter le nombre de planches. J’ai eu le sentiment que les auteurs savaient très bien vers quel final ils allaient, mais qu’avant le final, il fallait combler, et soit je n’ai pas saisi certains liens, références, importances pour le final, soit c’est juste du vide de comblé un peu au hasard. La fin, originale, m'a surpris en revanche. Peut être devrais-je le relire en ayant la fin en tête, et là alors je comprendrais beaucoup de choses ? Le dessin m’a beaucoup plu, et m’a permis de rentrer tout de suite dans l’ambiance. Un joli One Shot, avec lequel j’ai passé un bon moment, mais que j’oublierai assez vite, il manque ce petit truc pour que cela me marque vraiment.