Gaston Lagaffe (Delaf d'après Franquin)

Note: 3.7/5
(3.7/5 pour 10 avis)

La reprise de la saga culte de Franquin par Delaf.


Auteurs canadiens Autour de Gaston Lagaffe

Panique à la rédaction ! Gaston Lagaffe revient de vacances ! Et il apporte avec lui tout un lot de nouvelles inventions délirantes... Avec son lot d'intrigues au suspense brûlant : Cette signature que Mesmaeker appose au bas des contrats est-elle définitive ? Gaston arrivera-t-il au bout de la patience de Prunelle et de Fantasio ? L'ami insistant de Gaston réussira-t-il à publier ses planches atrocement laide dans Spirou ? Et surtout, que vont devenir les planches de Franquin que Gaston a malencontreusement égarées ?

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 22 Novembre 2023
Statut histoire Strips - gags 1 tome paru

Couverture de la série Gaston Lagaffe (Delaf d'après Franquin) © Dupuis 2023
Les notes
Note: 3.7/5
(3.7/5 pour 10 avis)
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22/11/2023 | Josq
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L'avatar du posteur Tomdelapampa

Difficile de passer à côté, un des événements (si ce n’est le) de la fin 2023, notre célèbre gaffeur qui reprend du service, je découvre pour l’occasion Delaf. Alors que j’attendais une belle bouse, on va pas se mentir c’est plutôt pas mal, voire réussi. Comme le trait, les gags dans l’ensemble respectent l’esprit Franquin (même si j’ai trouvé le tout plus inégal). Pour essayer de se démarquer un chouïa, l’auteur propose une histoire longue en fin d’album. Sinon rien de foncièrement nouveau, on retrouve les expériences, les animaux et tout le microcosme gravitant autour de Gaston, d’ailleurs ça m’a fait plaisir de revoir Fantasio au bureau. Bref une reprise plus qu’honnête qui évitera le scandale ou la levée de boucliers des aficionados, pari difficile mais relativement gagné sur ce point. Alors que je suis plutôt friand de reprise (enfin surtout les collections vu par … qui permettent le temps d’un album à des auteurs de jouer avec un personnage), celle de Gaston ne m’apparaît pas pour autant indispensable, en partie dû à la formule gag. Bizarrement je n’y vois pas de gros intérêt (un peu comme avec "Gai luron", Cubitus, Iznogoud…), une impression de redite qui singe l’œuvre originale. 3,5 que j’arrondis à l’inférieur pour ce manque de pertinence.

24/01/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

J’étais plus que circonspect lorsque j’ai appris que les éditions Dupuis tentaient de relancer Gaston Lagaffe. D’abord parce qu’à ma connaissance Franquin lui-même ne le souhaitait pas vraiment. Ensuite parce que, contrairement à Spirou, c’était vraiment une série « personnelle » (même si quelques potes comme Delporte l’avaient aidé pour « confectionner » quelques gags). Mais bon, je me suis quand même fendu d’un achat dès sa sortie, « pour voir », et aussi parce que le gag publié par Delaf dans La Galerie des Gaffes était franchement bluffant. Ce gag est d’ailleurs repris dans cet album, et se révèle sans doute l’un des plus fidèles au style d’humour de Franquin. Celui-là pourrait sans doute tromper beaucoup de spécialistes du génial belge, pour la montée en tension et la chute, et aussi pour le dessin. A propos du dessin justement, je dois dire que c’est là où Delaf réussit le plus son pari sur la durée. On peut certes déceler quelques raideurs, quelques petits détails un peu moins fluides, mais Delaf ne trahit clairement pas le modèle. Et se rapprocher à ce point du dessin de Franquin, c’est franchement épatant. Pour le reste, Delaf a conservé tous les personnages de Franquin. Il les a d’ailleurs tous convoqués dès les premières pages, que ce soit les collègues/souffres douleur de bureau, Longtarin, De Mesmaeker ou les copains d’en face ou d’ailleurs, ses animaux hystériques, son attirail improbable (la boule de bowling, la boîte de Petite chimie amusante, le Gaston-latex, le tacot antédiluvien, etc.). Et sa vision très très personnelle du travail, ainsi que sa passion pour les inventions (aussi innovantes qu’inutiles et désastreuses au final). Le lecteur amateur de l’univers imaginé par Franquin n'est pas dépaysé. Delaf alterne avec Fantasio et Prunelle pour diriger/subir Gaston (usant donc des deux « périodes » – il les fait même apparaitre en même temps sur la fin). Il ajoute même Spirou, Spip et le Marsupilami sur quelques pages : cet empilement pas forcément utile est un peu artificiel je trouve, comme le sont les références appuyées au génie de Franquin. Bon, ceci dit, reste la mécanique des gags, ultime défi à relever par Delaf. Et quel défi, tant « Gaston Lagaffe » est la série qui m’a fait le plus rire au cours des multiples relectures de cette série des plus cultes. Si je dois faire le bilan de cette lecture, je dirais que c’est un album plutôt réussi, avec pas mal de gags drôles, la lecture est globalement très agréable. Mais je trouve que la grande majorité des gags, même s’ils sont amusants, ne sont pas exactement sur la même longueur d’onde utilisée par Franquin en son temps. Il y a une rupture de ton par rapport au Gaston initial – même si cette rupture n’est pas énorme. Delaf a changé aussi le format de Franquin sur la fin, avec une histoire longue (qu’un gag ponctue sur chaque fin de page). Hérésie ? Je ne sais pas. Je dirais plutôt que c'est une fausse bonne idée, car ça casse le rythme habituel et la force qu’avaient les gags de Franquin, qui arrivaient très vite, très fort, avant qu’on ne passe à autre chose. Au final, c’est un album intéressant en lui-même. S’il ne trahit pas l’œuvre d’origine, il s’en écarte quand même, et se situe clairement en dessous de la création de Franquin. Note réelle 3,5/5.

02/01/2024 (modifier)
Par Cleck
Note: 2/5
L'avatar du posteur Cleck

Je suis fan de Franquin et donc assez circonspect à l'idée qu'un légitime hommage se transforme en une nouvelle et juteuse déclinaison en série. Pour autant, je n'estime pas fondamentalement que Gaston soit intouchable. J'ai récemment applaudi L'Espoir malgré tout et la transposition du marsupilami dans la Belgique d'après guerre dans La Bête. J'ai par ailleurs offert cette BD durant les fêtes. Concrètement, les dessins de Delaf sont assez bons et en parcourant ces pages, on retombe bien dans l'univers si familier et apprécié de la rédaction de Spirou. On note néanmoins, comme toujours dans ce type de reprise, que la patte du nouvel illustrateur se ressent dans certaines postures/attitudes nouvelles des personnages, via certains nouveaux personnages créés... faisant, certes à la marge, perdre à l'ensemble son homogénéité visuelle. Rien de scandaleux, ce point-là, si décrié lors du procès pour plagiat, est plutôt une réussite. C'est sur l'aspect gag que le bât blesse. Pourtant, Delaf respecte les "consignes" de départ : ne pas moderniser l'institution, procéder à quelqu'ingénieux clins d’œil contemporains, contextualiser ce retour, naviguer au sein de figures imposées (boîte Chimie facile, le gaffophone, la voiture, Jules de chez Smith en face, etc.). Tout est correctement respecté, ou presque (M'amezelle Jeanne est devenue une quasi nympho, misogynie évidente aussi côté attitudes des personnages féminins de la rédaction). Le retour de Fantasio pour suppléer un Prunelle en dépression, transformant l'ensemble en un quasi récit et non plus une suite de gags, est même une idée assez aventureuse plutôt convaincante en théorie. Mais la sauce ne prend globalement pas : les gags sont tout simplement médiocres et passée la joie de revoir Gaston en des pages inconnues, force est d'admettre que l'on sourit vaguement, mais ne rit jamais. Un échec humoristique, mais une réussite visuelle... atteinte via de bien discutables procédés.

02/01/2024 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Je vais commencer par la fin en donnant ma conclusion : alors que je suis un fan complet de Franquin et que l'idée que la série Gaston soit reprise un jour me hérissait au plus haut point car c'est une oeuvre très personnelle de l'auteur, eh bien après lecture je ne serais finalement pas choqué de voir d'autres albums ainsi réalisés par Delaf. Mais ce n'est pas parfait pour autant. Le gag que Delaf avait réalisé pour le collectif La Galerie des Gaffes (et qui est repris ici) m'avait déjà convaincu qu'il était capable de restituer non seulement le graphisme mais aussi l'esprit et l'humour de Gaston. Il y a la même recherche d'un gag de situation qui se combine aux dialogues pour des chutes en trois temps : la mise en place amusante en elle-même, puis le gag, et enfin ces petites phrases de conclusion, avec parfois un ou deux jeux de mots, qui accentuent encore l'humour. Quant au dessin, au premier coup d'oeil, on croirait vraiment des planches des albums de Franquin. Certes, quand on regarde de près, il n'y a pas le même génie des pleins et déliés, et il y a quelques modernités et simplifications ça et là qui détonnent avec le style devenu classique de Franquin. Concrètement, le trait parait plus lisse, et j'ai aussi ce sentiment que les personnages s'intègrent moins bien dans leur décor, comme s'ils étaient dessinés à part puis ensuite posés sur la planche. Mais c'est tout de même du beau boulot et ces pages ne choqueraient pas vraiment si elles étaient intégrées à la série originelle. Côté humour, c'est un peu inégal. Globalement, j'ai aimé la majorité des gags en une page. Parmi ceux-là, il y en a de vraiment excellents, des gags tout à fait du niveau de Franquin et qui m'ont fait bien rire. D'autres sont moins bons, qu'ils soient plus déjà vus comme celui du téléphone qui fonce dans les couloirs, ou qui m'ont paru forcés, un peu lourds, comme celui des animaux sous vitamines ou du vélo électrique qui décolle. Mais même les gags de Franquin n'ont pas tous été aussi formidables les uns que les autres. Puis vient la dizaine de pages en fin d'album qui forment une sorte d'histoire à suivre. Je salue l'audace de Delaf de ne pas se limiter au carcan imposé par l'oeuvre originelle de Franquin et de proposer une forme un peu neuve. Toutefois je n'ai pas été vraiment convaincu par cet essai. L'histoire en elle-même n'est pas des meilleures et surtout c'est nettement moins drôle et plus poussif que les gags en une page bien structurés et percutants. Malgré mes grosses réticences à l'idée de voir la série Gaston reprise, j'ai pris plaisir à lire cet album, à retrouver Gaston et son univers, et à rire à pas mal de très bons gags imaginés par Delaf avec un dessin très respectueux de Franquin, tout en répétant que j'y ai nettement préféré les gags en une planche que la tentative d'histoire à suivre.

31/12/2023 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
L'avatar du posteur Alix

J’ai moi aussi beaucoup aimé ce nouvel album de Gaston Lagaffe, avec qui j’avais appris à lire (en compagnie de Boule & Bill également). J’y ai retrouvé tous les ingrédients de l’époque : la galerie de personnages inoubliables, les expériences qui tournent mal, les contrats de Mesmaeker, les inventions débiles, la boule de bowling rouge… Je trouve que l’humour fait presque toujours mouche, et que Delaf a réussi à capturer l’essence de l’univers de Franquin (même si j’ai moins apprécié l’histoire plus longue en fin d’album). J’ai passé un excellent moment de lecture. Vivement le prochain tome.

29/12/2023 (modifier)
Par karibou79
Note: 4/5
L'avatar du posteur karibou79

Après Les Aventures de Lucky Luke d'après Morris , les derniers Blake et Mortimer ou Astérix un autre monstre sacré revient pour nous faire vivre de nouvelles histoires, Gaston Lagaffe! Oui, personne n'y croyait mais il est sorti, désormais entre les mains de jeunes et de moins jeunes, constatatant les catstrophes du serial gaffeur. Comme beaucoup, j'ai senti le coup de marketing, pour surfer sur un nom qui parle à tout le monde et livrant du fan service. Et puis Delaf = Les Nombrils , la série qui doit faire d'jeun... Mais sachant que cela sera lu par pas mal d'enfants ou adultes de passage chez moi, hop je l'embarque et le lis... et me retrouve des décennies en arrière, je crois entendre l'accordéon de Giscard derrière ma porte. Le sourire s'élargit et les ricanements débutent et les rires s'enchaînent. C'est génial, il a remporté le pari! Le temps est resté figé, les parcmètres, les cendars au bureau... back to the future. Et pourtant l'auteur glisse discrétement des référence aux tendances actuelles (comme l'aïe-phone ou le vélo électrique) moins pointées en gros comme les charettes lutéçoises du dernier Asterix par exemple. Et puis arrivent en scène l'un après l'autre tous les personnages de la série, emblématiques ou secondaires, tous ayant droit à leurs 3 cases de gloire. Chapeau l'artiste! Bref un sans faute pour la première partie. Car il y a la deuxième, sous forme de mini-histoire sur une douzaine de pages, séquencée par page pour respecter le quto de gag de fin de page. C'est intéressant... mais ça ne colle pas, à mon sens, à l'univers de Gaston. Gaston, c'est le bordel, le changement permanent, les choses n'y ont ni queue ni tête donc ni début ni fin. Mais la fin est heureusement belle et relativise la frustration. Et puis, cela renforce le respect que j'ai pour Delaf: reprendre une série iconique en respectant ses codes pour en faire une copie parfaite tout en y greffant ensuite une nouvelle manière de lecture, ça en impose.

06/12/2023 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
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Comme beaucoup, je suis assez réticent à la reprise de séries par d'autres auteurs, ce qui semble se multiplier ces dernières années. On dirait une sorte de crise de nécromancie par des éditeurs toujours avide de traire la vache jusqu'au bout. Je suis bien plus client de la démarche prise avec Spirou, où chaque auteur est d'une totale liberté tant qu'on ne touche pas à la série-mère, ce qui permets d'avoir droit à de belles propositions. Gaston, donc, est repris. Un monument de l'humour qui me fait littéralement pleurer de rire rien qu'à repenser à des gags. Qu'on y touche et je hurle ! Mais la reprise s'est faite, et je l'ai lu. Et j'ai ... bien aimé. Franchement, ça m'a plu. Pas au point de le considérer comme immanquable, culte ou inégalable, mais ça m'a vraiment plu. Et même ... Ca m'a frustré. Tout comme voir des personnes tenter de rentrer dans le moule d'une série culte, j'ai eu l'impression que l'auteur aurait pu aller plus loin si on lui avait laissé la possibilité de faire ce qu'il veut. S'il n'était pas tenu de faire simplement du Gaston Lagaffe. A la lecture de la BD, après les quelques gags qui avaient déjà fuités, j'ai trouvé le tout franchement bien. J'ai éclaté de rire sur plusieurs gags, je l'avoue, je le confesse. Oui, c'est drôle et bien trouvé (le gag du hamac est particulièrement savoureux), c'est inventif et on retrouve une ambiance qui rappelle très fortement la série d'origine. Quelques ajouts supplémentaires sont excellents : le psy, notamment, qui m'a aussi beaucoup fait rire. Simple mais efficace, ponctué de bons mots dans des situations parfaites. Il y a bien quelques écueils : la relation avec Mademoiselle Jeanne m'a paru un peu trop unilatérale (et pas très en phase avec les albums de Franquin qui allaient plus loin dans leur couple), le fait de nouer une trame sur l'ensemble qui ne m'a pas semblé indispensable, et la fin qui est certes un bel hommage à Franquin, mais m'a semblé trop verser dans l'hommage. J'avais apprécié les petits clins d’œil simple, notamment lorsque Lebrac refait une planche détruite et que tout le monde souligne que Franquin aurait fait mieux. C'est parfaitement bien dosé dans l'humour, l'hommage et l'univers de Gaston. La fin est une belle idée, montrant presque un lien de tout ceux que Franquin a inspiré, mais je pense que je l'aurais préféré plus subtile. J'ajouterais que l'humour cartoonesque est parfois trop présent, notamment en gag final qui fait forcé. Mais voila, c'est des détails et je retiens de l'ensemble quelques bons fous rires et des bons mots qui m'ont vraiment plu. Le dessin reste dans la veine de Franquin, même si le trait est plus rond que la plume qu'il utilisait dans les derniers albums. En fin de compte, c'est de l'excellent boulot que je ne peux que saluer. Dans l'idée, je serais tenté de mettre un 3.5 que j'arrondis au-dessus parce que l'exercice était diablement périlleux et que Delaf s'en est admirablement sorti ! Alors fallait-il le faire ? Je ne suis toujours pas sur. Est-ce une BD que je recommande ? Oui, je pense que c'est le cas. Simple non ?

29/11/2023 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
L'avatar du posteur Gaston

3.5 Lorsque j'ai appris que Gaston revenait sous la plume de Delaf, j'avais peur parce que même si j'aime bien cet auteur, Gaston Lagaffe est selon moi l'exemple type d'une création très personnelle et je ne voyais pas un autre auteur que Franquin faire du Gaston. En plus, l'action se passe dans les années 70, figeant Gaston dans les héros du passés (procédé à la mode depuis la reprise de Blake et Mortimer) alors qu'il a toujours vécu dans le présent. J'étais tout de même curieux de voir le résultat et après avoir des planches sur internet, je trouvais que certains gags marchaient bien et d'autres moins. Finalement, après avoir lu des critiques positifs sur internet, l'album m'a intéressé et je l'ai acheté après un feuilletage à librairie et que je suis tombé sur des gags que je ne connaissais pas et qui m'ont fait bien rire, je l'ai acheté. En fait, je dois dire que la communication chez Dupuis est pas terrible parce que la plupart des gags que je ne trouve pas terrible ont fait parti des premières planches qu'ils ont montré lorsque la nouvelle de la reprise est sortie ! J'ai donc globalement passé un bon moment. L'univers est bien respecté avec notamment des bons jeux de mots. Bon, il y a des gags qui sentent le réchauffé et parfois je me disais des trucs comme 'Franquin aurait mieux écrit ce dialogue', mais je pense que c'est normal que le résultat soit moins bon que ce que faisait le maitre avec sa plus grande œuvre. Delaf a adapté son trait à celui de Franquin et le travail est réussit de ce côté-là. Les seuls vrai reproches que j'ai maintenant contre la reprise est que Dupuis aurait du sortir ce tome comme le premier tome d'une nouvelle série, comme ce fut le cas avec Lucky Luke après la mort de Morris, ou alors comme un 'Gaston Lagaffe vu par Delaf'. Aussi, le fait que ça se situe dans le passé alors que Delaf finit par faire évoluer certains personnages donnent un résultat étrange. Ainsi Gaston est redevenu un niais qui ne remarque pas les sentiments de Jeanne comme c'était le cas dans quelques vieux gags alors que leur relation avait évolué au fil du temps et en même temps il y a de la nouveauté comme Prunelle qui va chez le psy. Je pense que cela aurait mieux de laisser directement Delaf faire son propre truc sur l'univers de Gaston comme d'autre l'ont fait avec d'autres personnages de BD connus.

28/11/2023 (modifier)
Par Hervé
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Hervé

Annoncé par surprise lors du dernier festival d'Angoulême,en janvier 2022, sort enfin le Gaston Lagaffe signé Delaf. Je passe sous silence les aventures éditoriales et procès, dont j'avoue ne pas avoir compris grand chose, et la controverse sur la reprise par Delaf, dans mon avis, pour ne retenir que l'album à proprement dit. Et bien, je dois dire que j'ai été assez bluffé par ces nouvelles aventures de Gaston. On retrouve évidement le style de Franquin (et pour cause ajouteraient certains...), et l'effet madeleine de Proust joue à plein dans cette reprise. Nous retrouvons ici l'ensemble des personnages de la rédaction de Spirou : Mlle Jeanne, M.Boulier, Prunelle évidemment toujours tendu comme la ficelle d'un string, mais aussi M. de Mesmaeker, Longtarin et Ducran et Lapoigne. J'avais le regret au fil des pages de ne pas revoir Fantasio, mais Delaf le fait apparaitre sur plusieurs pages, ce qui m'a ravi. Certains gags sont très bien amenés, d'autres plus faibles et on peut regretter peut-être l'abondance de jeux de mots un peu forcés. Mais je dois avouer avoir bien ri plus d'une fois en lisant cet album. J'ai juste été surpris par les dernières planches qui forment une petite aventure de Gaston, sur une dizaine de pages, un format dont nous n'avions pas l'habitude de lire pour cette série. N'en plaise aux gardiens du temple de Franquin et de Gaston, cette reprise est une réussite et atteint parfaitement son but, celui de divertir et de retrouver un personnage qui m' a accompagné depuis que j'achetais le journal Spirou lorsque j'avais à peine 10 ans, soit plus de 40 ans ! Par contre, n'aurait-il pas fallu faire l'impasse sur la numérotation (n°22) ? En effet, vu la pagaille dans la numérotation des éditions et rééditions des Gaston Lagaffe, je ne connais pas un lecteur qui posséderait la série dans cet ordre.

22/11/2023 (modifier)
Par Josq
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Josq

J'aime Franquin. Je l'aime vraiment, j'ai lu tous ses Gaston Lagaffe, tous ses Spirou et Fantasio (les meilleurs de la saga) et j'en suis évidemment fan, mais je ne suis pas un adorateur non plus. Si j'ai usé les Gaston jusqu'à la corde dans ma jeunesse, je ne considère par l'œuvre de Franquin comme intouchable, et je suis prêt à voir d'autres auteurs s'y essayer, quitte à assister à quelques ratages dans le lot. Après tout, j'ai vu des échecs dans les reprises de Spirou et Fantasio ou d'Astérix, et cela n'a jamais entaché ces séries cultes à mes yeux. Vous l'avez compris, ce nouveau tome écrit par Delaf, qui s'insère parfaitement dans la continuité de ce qu'a fait Franquin, m'a passionné au plus haut point. Il est d'ailleurs appréciable à mon sens que le tome s'intitule "tome 22" et non "tome 1" d'une nouvelle série. En effet, le Gaston de Delaf est à l'œuvre de Franquin ce qu'est L'Affaire Francis Blake à l'œuvre de Jacobs. Une reprise en tous points exemplaires, qui sait manier avec une dextérité inattendue les codes et la mythologie du matériau initial, tout en y faisant quelques ajouts aussi subtils que discrets qui créent à cette suite une identité affirmée, habilement différente de celle du père fondateur sans que ces différences ne lui soient un affront. En effet, on ne pouvait pas imaginer plus bel hommage au génial Franquin que cette bande dessinée signée Delaf. Ses gags sont souvent d'une précision chirurgicale. On y retrouve le génie de Franquin pour les petites répliques "à côté", celles qui ne font pas avancer l'action mais sont prononcées par un personnage spectateur impuissant de la tragédie à venir, avec toujours un calembour ou une remarque gentiment décalée qui rehausse le gag de manière prodigieuse. On y retrouve également le génie pour la chute à double ou triple rebondissements, ce qui fait que, même en voyant venir la chute principale du gag, on est agréablement surpris car elle nous amène quelques détails savoureux inattendus. Ainsi, Delaf déploie toute sa maîtrise d'une mythologie qu'il n'a pas créée, dans des gags proprement hilarants, et je confesse m'être surpris plus d'une fois à éclater de rire tout seul dans mon canapé. De cette mythologie, l'auteur-dessinateur a quasiment repris l'ensemble des personnages. Pas de Labévue en vue, me semble-t-il, mais en-dehors de lui, tout le monde est là ! Jusqu'à Spirou, Spip et le Marsupilami, qui accompagnent Fantasio le temps de deux planches, laissant l'espoir fou que Delaf s'empare un jour de l'autre série emblématique de Franquin pour la redresser enfin. Jusqu'à Freddy-les-doigts-de-fée et Cloclo-l'acrobate, même, que l'auteur remet en scène, donnant à Cloclo le rôle de sa vie ! En effet, le cambrioleur, acolyte de Freddy, déjà rencontré plus que brièvement chez Franquin, a le droit ici à une vraie intrigue, amorçant le réel changement apporté par Delaf. Ne brisant jamais la sacro-sainte règle "un gag par page", l'auteur commence toutefois dans la dernière partie du récit à amorcer une succession de gags d'une page formant une histoire cohérente. Pas d'inquiétude, chaque page termine sur une chute réelle, mais l'enchaînement narratif offre à Delaf l'occasion du meilleur hommage qu'il pouvait fournir à son gigantesque prédécesseur. N'hésitant pas à intégrer Franquin lui-même en personnage systématiquement hors-champ et sans dialogues, l'auteur s'amuse comme un petit fou autour d'un MacGuffin parfaitement trouvé pour offrir à Gaston une intrigue non dénuée de noblesse... et même - si j'osais ! - d'un soupçon d'émotion pour les lecteurs, dont le ravissement à la lecture de l'apothéose de ce tome 22 ne pourra qu'être proportionnel à l'amour qu'ils portent au personnage. Et s'il existe un paradis pour les auteurs-dessinateurs-sales gosses, un qui doit bien se marrer là-haut, c'est l'ami André ! D'un rire humble mais fier, et surtout légèrement contrit d'avoir voulu nous enlever Gaston pour l'entraîner avec lui dans la tombe. Mais Gaston a bien appris de son papa, et plus sale gosse que jamais, dans un élan de saine désobéissance, il est revenu pour nous embêter ! Pire, on espère que ça va durer !

22/11/2023 (modifier)