Peyraud aime bien ces personnages ordinaires, qui étalent leur vie et qui en font quelque chose d’intriguant pour le lecteur (voir Grain de beauté, Mine de rien ou Celles qu'on regrette), le plus souvent à partir d’histoires d’amour : des comédies sentimentales sans eau de rose en tout cas.
Ici, j’ai trouvé la narration bien fichue. A condition d’accepter la somme quand même importante de « hasards de la vie », qui unissent tous les personnages que nous allons suivre, qui vont se croiser, se retrouver, se perdre. Mais cela permet à Peyraud de préparer des chutes finales originales et un chouia surprenantes.
C’est léger, mais c’est finalement crédible et intéressant, la lecture est agréable, plaisante d’un bout à l’autre. Quelques bonnes réparties, et des personnages « ordinaires », que Peyraud dote d’une personnalité suffisante pour que l’on s’y attache.
Note réelle 3,5/5.
Voilà objectivement une bonne BD, même si l'on sait bien qu'il n'y a pas d'objectivité qui tienne. Mais on se laisse bien porter par le récit et ces personnages attachants. Le contexte, l'ambiance générale avec cette espèce de rite initiatique dont on ne saura rien : tout concourt à préserver une part de mystère tout en teintant l'histoire d'un soupçon de fantastique. De ce point de vue-là, c'est assez réussi.
S'il y a bien quelques longueurs, si le dessin à la serpe n'est pas nécessairement mon truc, il y a malgré tout du rythme, et certains passages assez poétiques permettent de souffler un peu. Il faut avouer que l'auteur sait encaser, mais également animer les visages avec l'expression adéquate. Les couleurs sont enfin bien choisies et efficaces.
Le grand large est une chouette métaphore sur le passage à l'âge adulte. Le grand large, bien entendu, c'est ce moment où l'ado, le jeune adulte, quitte le nid. Le grand large, c'est le grand bain, c'est la vie. Il y a de belles phrases qui résonnent, par exemple lorsque Agathe, la maman de substitution de nos deux héros, dit qu'elle préfère "rester en mouvement"... C'est donc un peu plus qu'un simple bon récit, ce qui ne serait déjà pas si mal.
En revanche, je réitère la remarque déjà faite pour Vague de froid, sa BD précédente : le lettrage est vraiment difficile à lire : trop fin, parfois de guingois. Sans lunette, avec une lumière un peu légère, il faut s'accrocher et déchiffrer. C'est assez pénible, et ça gâte clairement le plaisir de lecture.
N'empêche : Jean Cremers est un auteur à suivre...
Léger et plutôt sympa, un peu trop gentil à mon goût, traitant de sujets universels avec humour, cet album s’adresse peut-être plus particulièrement aux jeunes adolescentes mais je pense qu’un très large panel de lecteurs peut y trouver de l’intérêt.
Son sujet central est la mochophobie, manie profondément destructrice par laquelle les adolescent.e.s stigmatisent leurs congénères sur base de leur aspect physique. Le personnage principal du récit, qui en est victime, cache sa souffrance derrière une désinvolture de façade, façade d’autant plus solide qu’elle dispose d’une grande maturité pour son âge, d’esprit d’initiative, d’ouverture aux autres et d’une grande force de caractère. C’est un personnage auquel les lectrices (comme les lecteurs) peuvent facilement s’identifier, et en cela, c’est un des gros atouts de cet album.
Autre atout, le dessin vivant et spontané de Magali Le Huche. Il apporte toute la fraicheur nécessaire à cette histoire, avec un découpage moderne, des personnages bien typés (des moches pas trop moches auxquelles il est encore possible de s’identifier ou de s’attacher, mais pas assez belles pour ne pas comprendre qu’elles sont moches, notamment (exercice extrêmement délicat selon moi et très bien réussi dans le cas présent)), des décors présents sans être invasifs et des visages très expressifs.
Les sujets abordés tournent bien entendu autour du regard de l’autre qui finit par déteindre sur le regard que l’on se porte à soi-même. C’est un sujet universel que le phénomène des réseaux sociaux n’a fait qu’accentuer ces dernières années (et ce n’est pas fini). Outre nos trois boudins, un quatrième personnage, handicapé physique, apporte une variation sur le même thème (même si là, il est surtout question du regard que l’on se porte à soi-même).
Alors même qu’elle est hautement improbable, l’odyssée cycliste des quatre comparses devient crédible grâce au talent des autrices. L’histoire d’amitié qui va naitre entre elles permet de proposer différents profils et donc différentes manières de réagir face à un rejet dû à son apparence physique. Les rencontres avec différents personnages permettent de montrer la méchanceté, la bêtise mais aussi le respect et la compréhension dont peuvent faire montre les êtres humains.
Il y a toutefois un aspect du scénario qui m’a dérangé : Clémentine Beauvais et Magali le Huche limitent les victimes uniquement aux personnes de sexe féminin et sous-entendent fortement que les garçons ne sont pas la cible de ce type de jugement de la part des filles, et moi qui ai été élu par l’ensemble des filles de ma classe deuxième mec le plus moche de la classe -à 15 ans, un âge similaire à celui des héroïnes de cet album- ça me fait quand même méchamment marrer. De plus, je suis convaincu que dans la société actuelle, dans laquelle l’image prime sur toute autre qualité, la tendance à la mochophobie a encore dû bien s’accentuer et touche encore plus les deux sexes qu’à mon époque.
Ce détail mis à part, j’ai bien aimé ce récit. Je l’aurais voulu plus mordant à l’occasion (le happy end est trop général à mon goût) mais les personnages m’ont touché autant par leur naïveté que par leur capacité à rebondir. Vraiment pas mal du tout !
Bon, j'avoue ! Je finis ma lecture et je ne sais pas trop quoi en penser. En fait, je trouve la narration agréable (le récit se lit très facilement) mais, paradoxalement, les auteurs n’ont absolument pas réussi à me montrer en quoi le personnage de Vivian Maier méritait que l’on s’intéresse à elle.
Commençons par les points positifs. En premier, je dirais le découpage des planches, qui leur donne une esthétique très personnelle (les cases sont très souvent carrées et ces carrés peuvent eux-mêmes être découpés en quatre carrés plus petits) tout en proposant une lisibilité sans faille. Ça, c’est vraiment très agréable ! Ensuite vient la fluidité de lecture : les textes sont peu envahissants mais suffisants pour garder mon attention tandis que le dessin, très simple d’aspect, ne me bloque pas dans ma lecture.
Malheureusement, pour le positif, ça s’arrête là pour ma part.
Côté négatif, le plus gros à mes yeux est le fait qu’alors que cet album est une biographie d’une photographe, il ne propose aucune reproduction de ces fameuses photographies (tout au plus des dessins qui semblent être la retranscription dessinée par Emilie Plateau, dans son style bien personnel, de photographies réalisées par Vivian Maier). Du coup, il m’est impossible de voir en quoi ces photographies sont d’une qualité telle qu’elles méritent que l’on s’extasie devant. Alors, certes, les auteurs insistent sur le fait que ce sont surtout les sujets choisis par Vivian Maier qui font tout l’intérêt de ses photographies mais j’aurais quand même eu le besoin de voir ces fameuses photographies pour pouvoir en juger par moi-même (et devoir faire une recherche par ailleurs me semble être peu pertinent dans le cas actuel).
Le deuxième point négatif vient du trait d’Emilie Plateau. Il est de qualité et très personnel… mais je n’y suis pas spécialement sensible. Ces personnages aux traits caricaturaux et simplifiés, souvent dessinés de face et semblant se déplacer en crabe (à la manière de ce que certains vieux jeux vidéo proposaient à une époque) me paraissent peu adaptés pour faire passer des émotions. Du coup, je trouve que cet album pêche dans la nécessité de créer une empathie entre le lecteur et les personnages (mais c’est peut-être un sentiment très personnel et d’autres lecteurs, eux, ressentiront cette empathie).
Enfin, le parcours même de Vivian Maier ne me semble en rien exceptionnel. Je perçois le fait que ses photographies, par leur nombre et leurs sujets, aient une valeur testimoniale indéniable (aujourd’hui, photographier tout et n’importe quoi est devenu la règle, mais c’était loin d’être le cas avant l’avènement de l’appareil numérique, lorsqu’il fallait ouvrir largement les cordons de la bourse pour acheter les pellicules puis faire développer celles-ci avec la crainte de payer pour des photographies floues, mal cadrées ou sans intérêt), mais je ne vois pas en quoi il s’agissait d’une femme et d’une photographe exceptionnelle. Là, je ne retiens que l’image d’une nounou, souvent appréciée par les enfants dont elle a eu la charge, qui aimait observer et photographier ceux et ce qui l’entouraient, surtout lorsque cela semblait anodin aux autres.
Donc voilà, je ne sais trop quoi penser de cet album. Il n’est pas désagréable à lire mais pour que je sois vraiment passionné par son sujet (Vivian Maier), il va me falloir faire des recherches par ailleurs. Je vais quand même dire « pas mal » malgré les différents défauts relevés parce que, après réflexion, je suis tenté d’en savoir plus sur cette photographe, mais c’est quand même très limite.
Un roman graphique avec un fond de fantastique sur les femmes pêcheuses au Japon.
J'avoue que je ne suis pas certain où l'auteur voulait en venir avec son récit. Il y a plusieurs scènes dont je ne comprends pas la pertinence (notamment lorsqu'une des femmes pêcheuses va faire des trucs sexuels avec l'assistant du journaliste lorsqu'il est endormi !). En plus de parler de ce qu'elles font dans la vie, une des vieilles pêcheuses va parler d'une tragédie qui s'est passée il y a longtemps et c'est là que le côté fantastique débarque.
J'avoue que cette tragédie m'a un peu déçu parce qu'au final les péripéties sont un peu banales, une histoire de vengeance avec un animal fantastique comme on l'a déjà vu des centaines de fois. Au final, l'album se laisse lire sans problème, il faut dire que la narration est fluide et que les cases sont grandes, mais ce n'est pas très passionnant.
Le dessin est correct, même si je ne suis pas fan de la manière dont sont dessinés les visages.
« Les Tournesols d’Ukraine », c’est la petite histoire dans la grande Histoire. Bien qu’Italien mais marié à une Ukrainienne et vivant à Kiev, Pietro Zemelo a été impacté par l’ « opération spéciale » menée avec entêtement par la Russie contre l’Ukraine depuis bientôt deux ans, une guerre absurde et immonde qui ne s’est traduite jusqu’à présent que par la souffrance des populations civiles et la destruction des infrastructures du pays. L’auteur a ainsi décidé de raconter comment lui-même, son épouse et ses proches, qu’ils aient fui le conflit ou soient restés sur place, ont vécu les événements.
Si trouver refuge à l’étranger après avoir quitté son pays en guerre peut apparaître comme un soulagement pour quiconque n’a pas connu la guerre, cela est loin d’être aussi simple, comme nous le montre l’auteur qui se met en scène dans ce récit, aux côtés de son épouse. L’angoisse d’être loin de ses proches et de les savoir constamment menacés par les missiles ennemis, sans être certain de pouvoir les joindre en raison des coupures d’électricité, est sans doute ce qu’il y a de plus insupportable. La souffrance est bien réelle, et Pietro en fut témoin, quand avec sa femme Lisa il décida de rentrer en Italie, suivi peu après par sa sœur, son jeune frère et leur mère. Et la cohabitation pas toujours simple. Entre les monomanies de la mère, les impatiences de Lisa et le mutisme du gamin, la déprime guette, et les relations peuvent vite devenir toxiques.
On sent bien qu’il y avait nécessité pour Zemelo d’utiliser son art pour raconter son expérience, lui qui était plutôt habitué à dessiner des petits « mickeys » (outre l’expression amusante, l’auteur bosse réellement pour Disney !). Mais quand le contexte de tension prend le dessus, entraînant cette fameuse angoisse de la page blanche, il faut trouver une porte de sortie. C’est ainsi que prit naissance ce récit intime d’une famille en exil, sans portée politique particulière, si ce n’est pour dénoncer cette guerre à travers la souffrance de personnes réelles, celle de civils, échappant au moulinet anonymisant de l’info télévisée, et s’en prendre, sans excès d’acrimonie, à l’envahisseur russe, et d’ailleurs Poutine est à peine évoqué. Le propos ne vise ni à produire une analyse géopolitique ni à conjecturer l’issue de cette guerre, potentiellement menaçante pour la paix mondiale, il doit être seulement vu comme un exutoire impérieux.
Ce témoignage, tout à fait digne d’intérêt, pêche quelque peu dans sa narration. On comprend que l’ouvrage ait été réalisé dans l’urgence, mais on a un peu de mal à voir l’intérêt de ces va-et-vient temporels incessants qui n’apportent rien et nuisent en outre à la lisibilité du déroulé des événements. Chaque chapitre porte un numéro en se basant sur le début de l’invasion de l’Ukraine, le 24 février 2022. Ainsi, on commence avec le « Jour : -180 », où l’insouciance domine, pour bifurquer directement sur le « Jour : 33 », puis revenir au « Jour : -84 ». La chronologie se resserre ensuite entre le jour -6 et le jour 20, puis retombe au jour 4, puis 11, puis 12, et ainsi de suite… Bref, au bout d’un moment, le lecteur risque de ressentir une certaine saturation…
Difficile également de dire si le graphisme très lisse est des plus adaptés à ce type de contexte. De même, les personnages apparaissent assez peu expressifs, si bien que l’on peut avoir parfois du mal à les différencier. Le but était-il d’adoucir le cauchemar vécu par les protagonistes en produisant un dessin rond et inoffensif, si l’on excepte la page 149 qui représente, via un trait épais et irrégulier, des soudards russes ayant investi une demeure ukrainienne ? Un tel parti pris semble faire de l’objet un ouvrage destiné au jeune public, ce qui en soi n’est pas péjoratif (les enfants savent aussi ce qui est bien !), mais restera de l’ordre de l’anecdotique pour un lecteur plus adulte.
« Les Tournesols d’Ukraine » auront au moins ce mérite : accroître notre empathie pour un peuple atrocement puni par son voisin pour avoir revendiqué le « droit à disposer de lui-même », un droit figurant dans la Charte des Nations unies, mais que la Russie a toujours rechigné à reconnaître quand elle s’appelait encore « Union soviétique ».
eBonjour,
Dessin intéressant, bonne colorisation, un sujet intéressant et ouvrant des portes dont certaines ne sont pas refermées à la fin...Interrogent le lecteur... Le sujet est vaste, et son historique est semé embûches...Et de poutres dans l’œil, parfois la même poutre dans les deux yeux...
Un seul exemple : Tous les documentaires français parlant de la fin de la guerre 1944/45, pour illustrer la dénazification/épuration, montre à Cusset, un jour de marché, la foule pendant un collabo...Rien de plus faux cette pendaison à eu lieu en 1946 à Cusset, soit 1 an après la guerre, donc pas sur le coup de la colère dite légitime de la fin de la guerre...Et il s'agit d'un certain Pierre P....... , ancien flic de la répression à bordeaux puis dans la région de Vichy, et ce qui est "marrant", si l'on peut dire c'est que c'est un autre Pierre ..... qui entraîne la foule à aller le chercher en prison pour le lyncher et ainsi cacher lui-aussi sa collaboration; tandis qu'un autre Pierre ancien flic devenu administrateur et responsable éphémère en attendant nouvelle affectation, donc responsable de la prison et des prisonniers laisse faire et le livre à la foule qui va le lyncher par les pieds après moult bastonnades...Il est intéressant de savoir que des 3 Pierre le pendu et décédé était "le moins coupable des 3"...Et que la colère de la foule de ce jour de marché est une colère sourde exacerbée par le fait que les prisonniers français ont du mal à rentrer en France et ne rentrent au pays qu'au compte-goutte, en plus de la colère et de la tâche de cette région qui aura eu l'honneur d'avoir le régime de Vichy transformé alors en déshonneur...L'histoire n'est pas que des mots et de l'encre; c'est aussi des sentiments et des ressentiments en accords ou pas avec leurs temps ainsi que l'information comme la désinformation, croyances et espoirs aussi de leur époque, ect.
Souvent l'histoire est fille de rien...Ou de si peu, prise en compte de son époque...On peut tout lui faire dire à cette fille de rien, la cantonner, la violer, la trousser, la tondre à la libération...en faire une Pun-up pour GI venus avec des livres expliquant aux soldat que la France est un pays de gouailleurs, d'alcool et de sexe...Et après s'étonner du nombre de viols en Normandie après le débarquement du 6 juin 44; ensuite vient la fille de rien de la justice qui condamne 29 GI à la pendaison sur plus de 580 procès pour plus de 3000 viols...Et ensuite s'abat le bras de la fille sentence qui pends 25 noirs pour 4 blancs sur les 29 GI...C'est aussi cela la fille de l'histoire
courdialemen
Bonjour,
Quelle bonne idée de traiter le sujet de juste, mais en un seul album, même pour 6 justes cela ressemble à de l'économie de moyens, de lecteurs, et de l'histoire...Vraiment dommage de ne pas avoir traité un album par personne. Ce qui fait autant d'oublis à chaque personne, et non personnage, même s'ils appartiennent à l'histoire, restent des personnes. Déjà que le choix de 6 personnes est court, le choix en est tout autant tranchant et peu sorti de la norme acceptable...Vraiment dommage aussi.
Chambon sur Lignon; village titré juste parmi les juste. Dieulefit aurait dû et pu l'être qui en fit pratiquement autant et surtout aura vu naître des alliances toutes aussi improbables qu'à Chambon sur Lignon...Seul point commun aux deux lieux: être des régions protestantes. Mais Chambon aura vu passer un certain Albert Camus venu reposer ses bronches pendant cette période, mais qui n'a pas participé au sauvetage des enfants, ne le savait pas lui-même, étant en repos et écrivant en partie "La Peste". A Chambon il y a à l'origine un pasteur qui instille cela et Israël voulait montrer au Pape de l'époque que le juste ne connait de religion...A Dieulefit c'est un maire, une assistante de mairie, des villageois, et une tenancière d'auberge...Mais à Dieulefit est née de cette histoire la démocratie des enfants, qui reste une façon démocratique de faire cours et d'élever des enfants en les plaçant devant des choix qui sont ou peuvent être mis en balance devant une assemblée des autres enfants; et ça c'est révolutionnaire et toujours pas accepté aujourd'hui car hors cadre national, et international...Mais uniquement utile en temps de guerre pour se révolter, ou combattre...
Le dessin m'est apparu encore plus terne. Dommage, je m'étais intéressé à cet album pour l'offrir à mon Pitchoun, à fin de transmission...Il se contentera des paroles de son Paigran; faudra trouver autre chose pour lui.
C'est ainsi que je note sévère puisqu'il faut noter; tel est le but de ce site...Même si je déteste mettre des notes qui sont l'anti-thèse de toute intelligence ou point de vu.
Cordialement.
Bonjour,
Dessin solide, belles couleurs d'un album s'inspirant du séjour du comte de Tocqueville, ce qui déjà range le personnage autrement que de le nommer : Alexis-Charles-Henri Clérel.
Il est beaucoup dit sur le Sieur de Tocqueville, mais surtout il est surtout le plus souvent simplifier sa pensée mais surtout ses écrits, ce qui par analogie est revenu et revient surtout à ne pas donner la véracité d'images mais mettre des images à sa propre réalité ou propos. Ceci est valable pour beaucoup de penseurs et, beaucoup de ceux qui pour démontrer une vérité et tenter de l'installer prêchent "Untel" a dit ou "Untel" a écrit. Et de Tocqueville n'échappe à la règle.
Non "De la démocratie en Amérique" n'est pas le récit d'une vision politique mais bien le récit d'une vision réelle de ce qu'il a vu en cette nation devenant un pays : esclavagisme, populations de 2ème catégorie ôtées de leurs droits civiques et autres, enfermement des enfants et adultes réfractaires ou jugés secondaires, etc. Récit froid et réel, et c'est cela qu'il ramènera en France et en Europe. Et c'est cela qui fut emprunté comme chemin politique en France...Bien sûr il dénonce certains faits mais surtout il donne une ampleur politique à ces agissements faits volontairement et certains induits en expliquant qu'il faut en passer par là pour réussir à s'élever en tant que pays au-dessus des autres pays concurrents et permettre à la France de réussir...
La naïveté de l'Indien n'est que son reflet de n'être non en concurrence, ou plus qu'être en concurrence d'avec l'homme blanc surtout par le fait qu'il faille une notion de propriété, ce que l'Indien n'a pas dans sa culture; aujourd'hui les USA sont toujours en procès depuis 40 ans pour la restitution des terres des Black-Hills, et les USA refusent et rendent inconstitutionnel toute attaque au tribunal des plus de 400 traités de paix non-respectés par les différents gouvernements "seulement 371 répertoriés dans les archives du congrès tant certains parchemins sur peau animale n'ont résisté à la dégradation temporelle"...Les peuples indiens ne pouvant pas mettre devant les nations unies les faits de guerre; crimes contre l'humanité, génocides, etc. Pour le simple fait qu'il n'y a que dans les westerns et littérature que l'on parle de guerres contre les indiens... Devant les tribunaux cela n'est pas recevable tant il n'y a jamais eu aucune déclaration de guerre des gouvernements des USA contre une ou plusieurs nations indiennes quelles qu'elles soient. Au mieux peut-on parler de guerres d'extermination, ce qui n'est pas recevable juridiquement. Chaque fois qu'une nation ou peuple indien a gagné au tribunal cela aura été en tant que spoliation de propriété privée. Tout autre jugement remettrait en cause le Traité d'Utrecht qui permet aux pays de se répartir les territoires et mains mises sur ceux-ci.
L'album se laisse lire, églogue et, sympathique déroule son fil...dont il aurait été bienvenu un opuscule à la fin du tome une certaine mise au point générique mais aussi de références renvoyant à Monsieur le conte de Tocqueville afin de gommer les convenus et croyances entre ses écrits et la réalité.
Il me semble qu'il est dommage, alors que de plus en plus la BD offre des avancées vers les trames de, et dans, l'histoire, qu'elle ne se donne les moyens de diffusion de plus de véracité ou n'effleure que celle-ci et celles-ci.
Beau; Paul Valéry, défini que ce mot ne veut rien dire, et dit rien lorsqu'il est prononcé tant il est aisé à le dire pour tout et rien, tout sujet l'embaume de quelques onques; c'est très bien défini, poétique et d'une acuité pointue et précise; ce qui n'est pas le cas de cet album, et est dommage comme dommageable, me semble-t-il. Un bel album...!...?
Lorsque je veux lire une BD qui tire son jus de la réalité mais ne se veut réaliste, par exemple sur la guerre de sécession, j'ouvre un de mes 67 albums des "Tuniques bleues" et si je veux en savoir plus sur le fait historique précis servant de prétexte à l'aventure du duo protagonistes, je le fais à côté; mais le trait du dessin, le rocambolesque situationnel, déjà me le disent dès le départ. Et même dès la couverture. Et, ainsi le rappel du fait souvent unique et historique, dans certains albums est court; et n'a l'acuité du précis...Mais ce n'est pas ce que l'on demande à ce genre de BD. Tandis que lorsque le dessin se fait cohérent et précis, le texte aussi, on serait, il me semble, en-droit de s'attendre à plus de précision du récit...!...?
Tel le "beau" coquillage que l'on ramasse sur la grève de la crique en revenant d'une sortie en apnée; lorsqu'on le pose contre son oreille il semble produire le bruit de la mer, ce qui est faut en réalité, mais il nous plait de le dire, et le croire, mais forme d’allitération de notre vouloir, ce coquillage n'a le goût de la mer, ni ne nous permet l'immersion en elle...Seulement d'entendre ce que nous prenons pour le bruit de la mer. Tel me fait l'effet de cet album dont la lecture est fluide tant elle ne dit pas grand chose mais reste agréable, et tant à l’œil.
PS : pour ceux qui cherchent des informations sur l'histoire, et surtout sur les guerres voilà ce qu'il faut faire en 1er : chercher l'argent, chercher dans les archives militaires le nombre de morts et surtout les nationalité des morts de chaque pays en cette guerre, les décrets et lois promulguées en amont de cette guerre, ceux pendant,et aléatoirement ceux juste après. Là déjà vous avez une bonne base permettant une champ de vision plus large et plus pércis pour entreprendre chaque fait, épopée, fait d'arme, bataille...
ma note réelle serait plutôt de 2,5 à 2,8
Courdialemen
La collection se développant, elle commence à piocher dans des batailles moins connues – en tout cas de moi. Même si celle-ci, au déroulé rapide, a pu avoir des conséquences importantes sur le long terme, durant cette guerre de Sept ans qui va redistribuer quasi définitivement les cartes des possessions européennes en Amérique. Au détriment de la France.
Car, comme souvent lorsque l’adversaire est la marine anglaise, c’est une défaite française qui est ici présentée. Une défaite presque aussi humiliante dans son déroulé que dans ses conséquences. En effet, elle illustre certains travers de l’époque, où ceux qui prennent des décisions sont ceux qui sont bien en cours, même s'ils ne sont pas des « spécialistes ». La marine française paye sans doute là le fait d’être reléguée loin derrière l’armée de terre, la cavalerie, en termes de prestige.
Comme souvent la bataille elle-même est précédée d’une longue exposition qui, contrairement à certains albums de la collection, fait un peu moins remplissage. Car les tergiversations des courtisans, comme les erreurs des commandants sur le terrain, donnent un petit air de « perdu d’avance » à cette bataille. Bataille qui dure peu, et qui est un peu vite expédiée. Même si Delitte prend quand même le temps de nous présenter quelques superbes planches (il est ici dans son élément, avec ces navires de ligne du XVIIIème siècle).
Un album dans l’honnête moyenne de la collection, avec un petit dossier final assez concis, mais bien fait. Manque une bibliographie quand même…
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L'Inversion de la Courbe des Sentiments
Peyraud aime bien ces personnages ordinaires, qui étalent leur vie et qui en font quelque chose d’intriguant pour le lecteur (voir Grain de beauté, Mine de rien ou Celles qu'on regrette), le plus souvent à partir d’histoires d’amour : des comédies sentimentales sans eau de rose en tout cas. Ici, j’ai trouvé la narration bien fichue. A condition d’accepter la somme quand même importante de « hasards de la vie », qui unissent tous les personnages que nous allons suivre, qui vont se croiser, se retrouver, se perdre. Mais cela permet à Peyraud de préparer des chutes finales originales et un chouia surprenantes. C’est léger, mais c’est finalement crédible et intéressant, la lecture est agréable, plaisante d’un bout à l’autre. Quelques bonnes réparties, et des personnages « ordinaires », que Peyraud dote d’une personnalité suffisante pour que l’on s’y attache. Note réelle 3,5/5.
Le Grand Large (Jean Cremers)
Voilà objectivement une bonne BD, même si l'on sait bien qu'il n'y a pas d'objectivité qui tienne. Mais on se laisse bien porter par le récit et ces personnages attachants. Le contexte, l'ambiance générale avec cette espèce de rite initiatique dont on ne saura rien : tout concourt à préserver une part de mystère tout en teintant l'histoire d'un soupçon de fantastique. De ce point de vue-là, c'est assez réussi. S'il y a bien quelques longueurs, si le dessin à la serpe n'est pas nécessairement mon truc, il y a malgré tout du rythme, et certains passages assez poétiques permettent de souffler un peu. Il faut avouer que l'auteur sait encaser, mais également animer les visages avec l'expression adéquate. Les couleurs sont enfin bien choisies et efficaces. Le grand large est une chouette métaphore sur le passage à l'âge adulte. Le grand large, bien entendu, c'est ce moment où l'ado, le jeune adulte, quitte le nid. Le grand large, c'est le grand bain, c'est la vie. Il y a de belles phrases qui résonnent, par exemple lorsque Agathe, la maman de substitution de nos deux héros, dit qu'elle préfère "rester en mouvement"... C'est donc un peu plus qu'un simple bon récit, ce qui ne serait déjà pas si mal. En revanche, je réitère la remarque déjà faite pour Vague de froid, sa BD précédente : le lettrage est vraiment difficile à lire : trop fin, parfois de guingois. Sans lunette, avec une lumière un peu légère, il faut s'accrocher et déchiffrer. C'est assez pénible, et ça gâte clairement le plaisir de lecture. N'empêche : Jean Cremers est un auteur à suivre...
Les Petites Reines
Léger et plutôt sympa, un peu trop gentil à mon goût, traitant de sujets universels avec humour, cet album s’adresse peut-être plus particulièrement aux jeunes adolescentes mais je pense qu’un très large panel de lecteurs peut y trouver de l’intérêt. Son sujet central est la mochophobie, manie profondément destructrice par laquelle les adolescent.e.s stigmatisent leurs congénères sur base de leur aspect physique. Le personnage principal du récit, qui en est victime, cache sa souffrance derrière une désinvolture de façade, façade d’autant plus solide qu’elle dispose d’une grande maturité pour son âge, d’esprit d’initiative, d’ouverture aux autres et d’une grande force de caractère. C’est un personnage auquel les lectrices (comme les lecteurs) peuvent facilement s’identifier, et en cela, c’est un des gros atouts de cet album. Autre atout, le dessin vivant et spontané de Magali Le Huche. Il apporte toute la fraicheur nécessaire à cette histoire, avec un découpage moderne, des personnages bien typés (des moches pas trop moches auxquelles il est encore possible de s’identifier ou de s’attacher, mais pas assez belles pour ne pas comprendre qu’elles sont moches, notamment (exercice extrêmement délicat selon moi et très bien réussi dans le cas présent)), des décors présents sans être invasifs et des visages très expressifs. Les sujets abordés tournent bien entendu autour du regard de l’autre qui finit par déteindre sur le regard que l’on se porte à soi-même. C’est un sujet universel que le phénomène des réseaux sociaux n’a fait qu’accentuer ces dernières années (et ce n’est pas fini). Outre nos trois boudins, un quatrième personnage, handicapé physique, apporte une variation sur le même thème (même si là, il est surtout question du regard que l’on se porte à soi-même). Alors même qu’elle est hautement improbable, l’odyssée cycliste des quatre comparses devient crédible grâce au talent des autrices. L’histoire d’amitié qui va naitre entre elles permet de proposer différents profils et donc différentes manières de réagir face à un rejet dû à son apparence physique. Les rencontres avec différents personnages permettent de montrer la méchanceté, la bêtise mais aussi le respect et la compréhension dont peuvent faire montre les êtres humains. Il y a toutefois un aspect du scénario qui m’a dérangé : Clémentine Beauvais et Magali le Huche limitent les victimes uniquement aux personnes de sexe féminin et sous-entendent fortement que les garçons ne sont pas la cible de ce type de jugement de la part des filles, et moi qui ai été élu par l’ensemble des filles de ma classe deuxième mec le plus moche de la classe -à 15 ans, un âge similaire à celui des héroïnes de cet album- ça me fait quand même méchamment marrer. De plus, je suis convaincu que dans la société actuelle, dans laquelle l’image prime sur toute autre qualité, la tendance à la mochophobie a encore dû bien s’accentuer et touche encore plus les deux sexes qu’à mon époque. Ce détail mis à part, j’ai bien aimé ce récit. Je l’aurais voulu plus mordant à l’occasion (le happy end est trop général à mon goût) mais les personnages m’ont touché autant par leur naïveté que par leur capacité à rebondir. Vraiment pas mal du tout !
Vivian Maier claire-obscure
Bon, j'avoue ! Je finis ma lecture et je ne sais pas trop quoi en penser. En fait, je trouve la narration agréable (le récit se lit très facilement) mais, paradoxalement, les auteurs n’ont absolument pas réussi à me montrer en quoi le personnage de Vivian Maier méritait que l’on s’intéresse à elle. Commençons par les points positifs. En premier, je dirais le découpage des planches, qui leur donne une esthétique très personnelle (les cases sont très souvent carrées et ces carrés peuvent eux-mêmes être découpés en quatre carrés plus petits) tout en proposant une lisibilité sans faille. Ça, c’est vraiment très agréable ! Ensuite vient la fluidité de lecture : les textes sont peu envahissants mais suffisants pour garder mon attention tandis que le dessin, très simple d’aspect, ne me bloque pas dans ma lecture. Malheureusement, pour le positif, ça s’arrête là pour ma part. Côté négatif, le plus gros à mes yeux est le fait qu’alors que cet album est une biographie d’une photographe, il ne propose aucune reproduction de ces fameuses photographies (tout au plus des dessins qui semblent être la retranscription dessinée par Emilie Plateau, dans son style bien personnel, de photographies réalisées par Vivian Maier). Du coup, il m’est impossible de voir en quoi ces photographies sont d’une qualité telle qu’elles méritent que l’on s’extasie devant. Alors, certes, les auteurs insistent sur le fait que ce sont surtout les sujets choisis par Vivian Maier qui font tout l’intérêt de ses photographies mais j’aurais quand même eu le besoin de voir ces fameuses photographies pour pouvoir en juger par moi-même (et devoir faire une recherche par ailleurs me semble être peu pertinent dans le cas actuel). Le deuxième point négatif vient du trait d’Emilie Plateau. Il est de qualité et très personnel… mais je n’y suis pas spécialement sensible. Ces personnages aux traits caricaturaux et simplifiés, souvent dessinés de face et semblant se déplacer en crabe (à la manière de ce que certains vieux jeux vidéo proposaient à une époque) me paraissent peu adaptés pour faire passer des émotions. Du coup, je trouve que cet album pêche dans la nécessité de créer une empathie entre le lecteur et les personnages (mais c’est peut-être un sentiment très personnel et d’autres lecteurs, eux, ressentiront cette empathie). Enfin, le parcours même de Vivian Maier ne me semble en rien exceptionnel. Je perçois le fait que ses photographies, par leur nombre et leurs sujets, aient une valeur testimoniale indéniable (aujourd’hui, photographier tout et n’importe quoi est devenu la règle, mais c’était loin d’être le cas avant l’avènement de l’appareil numérique, lorsqu’il fallait ouvrir largement les cordons de la bourse pour acheter les pellicules puis faire développer celles-ci avec la crainte de payer pour des photographies floues, mal cadrées ou sans intérêt), mais je ne vois pas en quoi il s’agissait d’une femme et d’une photographe exceptionnelle. Là, je ne retiens que l’image d’une nounou, souvent appréciée par les enfants dont elle a eu la charge, qui aimait observer et photographier ceux et ce qui l’entouraient, surtout lorsque cela semblait anodin aux autres. Donc voilà, je ne sais trop quoi penser de cet album. Il n’est pas désagréable à lire mais pour que je sois vraiment passionné par son sujet (Vivian Maier), il va me falloir faire des recherches par ailleurs. Je vais quand même dire « pas mal » malgré les différents défauts relevés parce que, après réflexion, je suis tenté d’en savoir plus sur cette photographe, mais c’est quand même très limite.
Dérives (Bacci)
Un roman graphique avec un fond de fantastique sur les femmes pêcheuses au Japon. J'avoue que je ne suis pas certain où l'auteur voulait en venir avec son récit. Il y a plusieurs scènes dont je ne comprends pas la pertinence (notamment lorsqu'une des femmes pêcheuses va faire des trucs sexuels avec l'assistant du journaliste lorsqu'il est endormi !). En plus de parler de ce qu'elles font dans la vie, une des vieilles pêcheuses va parler d'une tragédie qui s'est passée il y a longtemps et c'est là que le côté fantastique débarque. J'avoue que cette tragédie m'a un peu déçu parce qu'au final les péripéties sont un peu banales, une histoire de vengeance avec un animal fantastique comme on l'a déjà vu des centaines de fois. Au final, l'album se laisse lire sans problème, il faut dire que la narration est fluide et que les cases sont grandes, mais ce n'est pas très passionnant. Le dessin est correct, même si je ne suis pas fan de la manière dont sont dessinés les visages.
Les Tournesols d'Ukraine
« Les Tournesols d’Ukraine », c’est la petite histoire dans la grande Histoire. Bien qu’Italien mais marié à une Ukrainienne et vivant à Kiev, Pietro Zemelo a été impacté par l’ « opération spéciale » menée avec entêtement par la Russie contre l’Ukraine depuis bientôt deux ans, une guerre absurde et immonde qui ne s’est traduite jusqu’à présent que par la souffrance des populations civiles et la destruction des infrastructures du pays. L’auteur a ainsi décidé de raconter comment lui-même, son épouse et ses proches, qu’ils aient fui le conflit ou soient restés sur place, ont vécu les événements. Si trouver refuge à l’étranger après avoir quitté son pays en guerre peut apparaître comme un soulagement pour quiconque n’a pas connu la guerre, cela est loin d’être aussi simple, comme nous le montre l’auteur qui se met en scène dans ce récit, aux côtés de son épouse. L’angoisse d’être loin de ses proches et de les savoir constamment menacés par les missiles ennemis, sans être certain de pouvoir les joindre en raison des coupures d’électricité, est sans doute ce qu’il y a de plus insupportable. La souffrance est bien réelle, et Pietro en fut témoin, quand avec sa femme Lisa il décida de rentrer en Italie, suivi peu après par sa sœur, son jeune frère et leur mère. Et la cohabitation pas toujours simple. Entre les monomanies de la mère, les impatiences de Lisa et le mutisme du gamin, la déprime guette, et les relations peuvent vite devenir toxiques. On sent bien qu’il y avait nécessité pour Zemelo d’utiliser son art pour raconter son expérience, lui qui était plutôt habitué à dessiner des petits « mickeys » (outre l’expression amusante, l’auteur bosse réellement pour Disney !). Mais quand le contexte de tension prend le dessus, entraînant cette fameuse angoisse de la page blanche, il faut trouver une porte de sortie. C’est ainsi que prit naissance ce récit intime d’une famille en exil, sans portée politique particulière, si ce n’est pour dénoncer cette guerre à travers la souffrance de personnes réelles, celle de civils, échappant au moulinet anonymisant de l’info télévisée, et s’en prendre, sans excès d’acrimonie, à l’envahisseur russe, et d’ailleurs Poutine est à peine évoqué. Le propos ne vise ni à produire une analyse géopolitique ni à conjecturer l’issue de cette guerre, potentiellement menaçante pour la paix mondiale, il doit être seulement vu comme un exutoire impérieux. Ce témoignage, tout à fait digne d’intérêt, pêche quelque peu dans sa narration. On comprend que l’ouvrage ait été réalisé dans l’urgence, mais on a un peu de mal à voir l’intérêt de ces va-et-vient temporels incessants qui n’apportent rien et nuisent en outre à la lisibilité du déroulé des événements. Chaque chapitre porte un numéro en se basant sur le début de l’invasion de l’Ukraine, le 24 février 2022. Ainsi, on commence avec le « Jour : -180 », où l’insouciance domine, pour bifurquer directement sur le « Jour : 33 », puis revenir au « Jour : -84 ». La chronologie se resserre ensuite entre le jour -6 et le jour 20, puis retombe au jour 4, puis 11, puis 12, et ainsi de suite… Bref, au bout d’un moment, le lecteur risque de ressentir une certaine saturation… Difficile également de dire si le graphisme très lisse est des plus adaptés à ce type de contexte. De même, les personnages apparaissent assez peu expressifs, si bien que l’on peut avoir parfois du mal à les différencier. Le but était-il d’adoucir le cauchemar vécu par les protagonistes en produisant un dessin rond et inoffensif, si l’on excepte la page 149 qui représente, via un trait épais et irrégulier, des soudards russes ayant investi une demeure ukrainienne ? Un tel parti pris semble faire de l’objet un ouvrage destiné au jeune public, ce qui en soi n’est pas péjoratif (les enfants savent aussi ce qui est bien !), mais restera de l’ordre de l’anecdotique pour un lecteur plus adulte. « Les Tournesols d’Ukraine » auront au moins ce mérite : accroître notre empathie pour un peuple atrocement puni par son voisin pour avoir revendiqué le « droit à disposer de lui-même », un droit figurant dans la Charte des Nations unies, mais que la Russie a toujours rechigné à reconnaître quand elle s’appelait encore « Union soviétique ».
Fille de rien
eBonjour, Dessin intéressant, bonne colorisation, un sujet intéressant et ouvrant des portes dont certaines ne sont pas refermées à la fin...Interrogent le lecteur... Le sujet est vaste, et son historique est semé embûches...Et de poutres dans l’œil, parfois la même poutre dans les deux yeux... Un seul exemple : Tous les documentaires français parlant de la fin de la guerre 1944/45, pour illustrer la dénazification/épuration, montre à Cusset, un jour de marché, la foule pendant un collabo...Rien de plus faux cette pendaison à eu lieu en 1946 à Cusset, soit 1 an après la guerre, donc pas sur le coup de la colère dite légitime de la fin de la guerre...Et il s'agit d'un certain Pierre P....... , ancien flic de la répression à bordeaux puis dans la région de Vichy, et ce qui est "marrant", si l'on peut dire c'est que c'est un autre Pierre ..... qui entraîne la foule à aller le chercher en prison pour le lyncher et ainsi cacher lui-aussi sa collaboration; tandis qu'un autre Pierre ancien flic devenu administrateur et responsable éphémère en attendant nouvelle affectation, donc responsable de la prison et des prisonniers laisse faire et le livre à la foule qui va le lyncher par les pieds après moult bastonnades...Il est intéressant de savoir que des 3 Pierre le pendu et décédé était "le moins coupable des 3"...Et que la colère de la foule de ce jour de marché est une colère sourde exacerbée par le fait que les prisonniers français ont du mal à rentrer en France et ne rentrent au pays qu'au compte-goutte, en plus de la colère et de la tâche de cette région qui aura eu l'honneur d'avoir le régime de Vichy transformé alors en déshonneur...L'histoire n'est pas que des mots et de l'encre; c'est aussi des sentiments et des ressentiments en accords ou pas avec leurs temps ainsi que l'information comme la désinformation, croyances et espoirs aussi de leur époque, ect. Souvent l'histoire est fille de rien...Ou de si peu, prise en compte de son époque...On peut tout lui faire dire à cette fille de rien, la cantonner, la violer, la trousser, la tondre à la libération...en faire une Pun-up pour GI venus avec des livres expliquant aux soldat que la France est un pays de gouailleurs, d'alcool et de sexe...Et après s'étonner du nombre de viols en Normandie après le débarquement du 6 juin 44; ensuite vient la fille de rien de la justice qui condamne 29 GI à la pendaison sur plus de 580 procès pour plus de 3000 viols...Et ensuite s'abat le bras de la fille sentence qui pends 25 noirs pour 4 blancs sur les 29 GI...C'est aussi cela la fille de l'histoire courdialemen
Le Combat des Justes - Six récits de résistance
Bonjour, Quelle bonne idée de traiter le sujet de juste, mais en un seul album, même pour 6 justes cela ressemble à de l'économie de moyens, de lecteurs, et de l'histoire...Vraiment dommage de ne pas avoir traité un album par personne. Ce qui fait autant d'oublis à chaque personne, et non personnage, même s'ils appartiennent à l'histoire, restent des personnes. Déjà que le choix de 6 personnes est court, le choix en est tout autant tranchant et peu sorti de la norme acceptable...Vraiment dommage aussi. Chambon sur Lignon; village titré juste parmi les juste. Dieulefit aurait dû et pu l'être qui en fit pratiquement autant et surtout aura vu naître des alliances toutes aussi improbables qu'à Chambon sur Lignon...Seul point commun aux deux lieux: être des régions protestantes. Mais Chambon aura vu passer un certain Albert Camus venu reposer ses bronches pendant cette période, mais qui n'a pas participé au sauvetage des enfants, ne le savait pas lui-même, étant en repos et écrivant en partie "La Peste". A Chambon il y a à l'origine un pasteur qui instille cela et Israël voulait montrer au Pape de l'époque que le juste ne connait de religion...A Dieulefit c'est un maire, une assistante de mairie, des villageois, et une tenancière d'auberge...Mais à Dieulefit est née de cette histoire la démocratie des enfants, qui reste une façon démocratique de faire cours et d'élever des enfants en les plaçant devant des choix qui sont ou peuvent être mis en balance devant une assemblée des autres enfants; et ça c'est révolutionnaire et toujours pas accepté aujourd'hui car hors cadre national, et international...Mais uniquement utile en temps de guerre pour se révolter, ou combattre... Le dessin m'est apparu encore plus terne. Dommage, je m'étais intéressé à cet album pour l'offrir à mon Pitchoun, à fin de transmission...Il se contentera des paroles de son Paigran; faudra trouver autre chose pour lui. C'est ainsi que je note sévère puisqu'il faut noter; tel est le but de ce site...Même si je déteste mettre des notes qui sont l'anti-thèse de toute intelligence ou point de vu. Cordialement.
Tocqueville - Vers un nouveau monde
Bonjour, Dessin solide, belles couleurs d'un album s'inspirant du séjour du comte de Tocqueville, ce qui déjà range le personnage autrement que de le nommer : Alexis-Charles-Henri Clérel. Il est beaucoup dit sur le Sieur de Tocqueville, mais surtout il est surtout le plus souvent simplifier sa pensée mais surtout ses écrits, ce qui par analogie est revenu et revient surtout à ne pas donner la véracité d'images mais mettre des images à sa propre réalité ou propos. Ceci est valable pour beaucoup de penseurs et, beaucoup de ceux qui pour démontrer une vérité et tenter de l'installer prêchent "Untel" a dit ou "Untel" a écrit. Et de Tocqueville n'échappe à la règle. Non "De la démocratie en Amérique" n'est pas le récit d'une vision politique mais bien le récit d'une vision réelle de ce qu'il a vu en cette nation devenant un pays : esclavagisme, populations de 2ème catégorie ôtées de leurs droits civiques et autres, enfermement des enfants et adultes réfractaires ou jugés secondaires, etc. Récit froid et réel, et c'est cela qu'il ramènera en France et en Europe. Et c'est cela qui fut emprunté comme chemin politique en France...Bien sûr il dénonce certains faits mais surtout il donne une ampleur politique à ces agissements faits volontairement et certains induits en expliquant qu'il faut en passer par là pour réussir à s'élever en tant que pays au-dessus des autres pays concurrents et permettre à la France de réussir... La naïveté de l'Indien n'est que son reflet de n'être non en concurrence, ou plus qu'être en concurrence d'avec l'homme blanc surtout par le fait qu'il faille une notion de propriété, ce que l'Indien n'a pas dans sa culture; aujourd'hui les USA sont toujours en procès depuis 40 ans pour la restitution des terres des Black-Hills, et les USA refusent et rendent inconstitutionnel toute attaque au tribunal des plus de 400 traités de paix non-respectés par les différents gouvernements "seulement 371 répertoriés dans les archives du congrès tant certains parchemins sur peau animale n'ont résisté à la dégradation temporelle"...Les peuples indiens ne pouvant pas mettre devant les nations unies les faits de guerre; crimes contre l'humanité, génocides, etc. Pour le simple fait qu'il n'y a que dans les westerns et littérature que l'on parle de guerres contre les indiens... Devant les tribunaux cela n'est pas recevable tant il n'y a jamais eu aucune déclaration de guerre des gouvernements des USA contre une ou plusieurs nations indiennes quelles qu'elles soient. Au mieux peut-on parler de guerres d'extermination, ce qui n'est pas recevable juridiquement. Chaque fois qu'une nation ou peuple indien a gagné au tribunal cela aura été en tant que spoliation de propriété privée. Tout autre jugement remettrait en cause le Traité d'Utrecht qui permet aux pays de se répartir les territoires et mains mises sur ceux-ci. L'album se laisse lire, églogue et, sympathique déroule son fil...dont il aurait été bienvenu un opuscule à la fin du tome une certaine mise au point générique mais aussi de références renvoyant à Monsieur le conte de Tocqueville afin de gommer les convenus et croyances entre ses écrits et la réalité. Il me semble qu'il est dommage, alors que de plus en plus la BD offre des avancées vers les trames de, et dans, l'histoire, qu'elle ne se donne les moyens de diffusion de plus de véracité ou n'effleure que celle-ci et celles-ci. Beau; Paul Valéry, défini que ce mot ne veut rien dire, et dit rien lorsqu'il est prononcé tant il est aisé à le dire pour tout et rien, tout sujet l'embaume de quelques onques; c'est très bien défini, poétique et d'une acuité pointue et précise; ce qui n'est pas le cas de cet album, et est dommage comme dommageable, me semble-t-il. Un bel album...!...? Lorsque je veux lire une BD qui tire son jus de la réalité mais ne se veut réaliste, par exemple sur la guerre de sécession, j'ouvre un de mes 67 albums des "Tuniques bleues" et si je veux en savoir plus sur le fait historique précis servant de prétexte à l'aventure du duo protagonistes, je le fais à côté; mais le trait du dessin, le rocambolesque situationnel, déjà me le disent dès le départ. Et même dès la couverture. Et, ainsi le rappel du fait souvent unique et historique, dans certains albums est court; et n'a l'acuité du précis...Mais ce n'est pas ce que l'on demande à ce genre de BD. Tandis que lorsque le dessin se fait cohérent et précis, le texte aussi, on serait, il me semble, en-droit de s'attendre à plus de précision du récit...!...? Tel le "beau" coquillage que l'on ramasse sur la grève de la crique en revenant d'une sortie en apnée; lorsqu'on le pose contre son oreille il semble produire le bruit de la mer, ce qui est faut en réalité, mais il nous plait de le dire, et le croire, mais forme d’allitération de notre vouloir, ce coquillage n'a le goût de la mer, ni ne nous permet l'immersion en elle...Seulement d'entendre ce que nous prenons pour le bruit de la mer. Tel me fait l'effet de cet album dont la lecture est fluide tant elle ne dit pas grand chose mais reste agréable, et tant à l’œil. PS : pour ceux qui cherchent des informations sur l'histoire, et surtout sur les guerres voilà ce qu'il faut faire en 1er : chercher l'argent, chercher dans les archives militaires le nombre de morts et surtout les nationalité des morts de chaque pays en cette guerre, les décrets et lois promulguées en amont de cette guerre, ceux pendant,et aléatoirement ceux juste après. Là déjà vous avez une bonne base permettant une champ de vision plus large et plus pércis pour entreprendre chaque fait, épopée, fait d'arme, bataille... ma note réelle serait plutôt de 2,5 à 2,8 Courdialemen
Les Cardinaux
La collection se développant, elle commence à piocher dans des batailles moins connues – en tout cas de moi. Même si celle-ci, au déroulé rapide, a pu avoir des conséquences importantes sur le long terme, durant cette guerre de Sept ans qui va redistribuer quasi définitivement les cartes des possessions européennes en Amérique. Au détriment de la France. Car, comme souvent lorsque l’adversaire est la marine anglaise, c’est une défaite française qui est ici présentée. Une défaite presque aussi humiliante dans son déroulé que dans ses conséquences. En effet, elle illustre certains travers de l’époque, où ceux qui prennent des décisions sont ceux qui sont bien en cours, même s'ils ne sont pas des « spécialistes ». La marine française paye sans doute là le fait d’être reléguée loin derrière l’armée de terre, la cavalerie, en termes de prestige. Comme souvent la bataille elle-même est précédée d’une longue exposition qui, contrairement à certains albums de la collection, fait un peu moins remplissage. Car les tergiversations des courtisans, comme les erreurs des commandants sur le terrain, donnent un petit air de « perdu d’avance » à cette bataille. Bataille qui dure peu, et qui est un peu vite expédiée. Même si Delitte prend quand même le temps de nous présenter quelques superbes planches (il est ici dans son élément, avec ces navires de ligne du XVIIIème siècle). Un album dans l’honnête moyenne de la collection, avec un petit dossier final assez concis, mais bien fait. Manque une bibliographie quand même…