J'ai été un peu surpris par le schéma qui soutient l'oeuvre de Dedola et Bonaccorso même si je n'ai jamais été un disciple de Lénine. Je ne suis pas contre la déconstruction des mythes historiques et surtout des plus sanglants mais je trouve qu'il faut le faire avec plus de justesse. Les premières failles du mythe Lénine sont apparues dans les années 70 mais sur le bout des lèvres tellement le personnage a été "sanctifié".
La présentation de la personnalité de Lénine et ses motivations profondes vues par les auteurs me semblent être plus du domaine de l'hypothèse fictionnelle que de la réalité historique. Je trouve que l'ouvrage souffre du défaut majeur de ce type d'essai. Autour d'un cadre historique documenté et travaillé on donne à Lenine (ou autres personnages de ce type) des paroles et des pensées qui appartiennent surtout aux auteurs.
Les conversations entre Lénine et les autres personnages emblématiques de la révolution d'Octobre restent presque toujours invérifiables ou alors il faudrait mieux partager les sources qui permettent de légitimer ces dialogues.
Je suis toujours circonspect sur ce mélange entre fiction et histoire avec ce type de sujet très engagé. On arrive vite à une réécriture aussi éloignée que le mythe que l'on voulait déconstruire.
Il faut être d'autant plus prudent que le scénario de Dedola est fluide et bien construit. Il propose une logique entrainante.
Le graphisme de Bonaccorso est fin, souple et agréable. Les extérieurs sont assez neutres pour privilégier les face à faces entre Lénine et ses interlocuteurs dans leurs décisions si importantes pour l'avenir du monde.
Il y a donc un gros travail sur les expressions de visages ou la communication gestuelle. Malgré le peu d'action, cela reste très dynamique.
Une lecture intéressante si on se détache un peu du côté réducteur de l'image proposée de Lénine chef de famille et chef de bande vengeur où la fiction l'emporte sur l'historique.
Cette série destinée aux tout-petits 3/8 ans est vraiment mignonne. Elsa Bordier propose à ses jeunes lecteurs et lectrices un voyage dans le monde des scarabées en compagnie de la jeune Léonie.
Le scénario est assez classique et une incursion dans le monde du très petit n'est pas une nouveauté. Toutefois les jeunes enfants sont toujours intrigués par cette vie minuscule du jardin et ce récit va leur permettre d'aborder des thèmes importants : le respect du plus petit et du différent, la solidarité devant l'adversité, la mise en commun des talents ou l'apprentissage chacun son rythme.
Le lettrage est bien adapté pour des lecteurs de 5/6 ans avec un vocabulaire très simple et accessible.
Le graphisme d'Elodie Shanta est tout en rondeurs apaisantes. Les personnages sont facilement identifiables dans un univers très coloré. La multitude de tons pastels crée une atmosphère douce et joyeuse.
Une jolie série à partager avec ses petits-enfants.
2.5
Un autre one-shot Disney moyen qui sort de chez Glénat.
Cette fois-ci c'est une aventure qui se passe durant la jeunesse de Picsou en Écosse et d'ailleurs il y a des clins d'oeils à la célèbre série de Don Rosa. Si le dessin est bon avec ce style qu'on retrouve chez les dessinateurs italiens modernes qui font du Disney, le scénario l'est moins.
Je comprends que la BD Disney s'adresse avant tout aux enfants, mais cela veut pas dire qu'on peut faire le service minimum. Le récit est remplit d'éléments que j'avais déjà vu au moins dix fois dans les dessins animés que je regardais gamin. Par exemple, Picsou et ses copains vont s'amuser dans les mines alors que c'est interdit et le fils du propriétaire essai de les chasser et ça fini toujours par une humiliation pour ce dernier vu que la bande de Picsou est trop maline. Puis il y a une fille qui débarque de nulle part et devient très amie avec Picsou sauf qu'elle cache un secret que bien sur le gars qui se fait toujours humilié par Picsou et ses copains va le découvrir et le dire à tout le monde pour ce venger et causer la zizanie.
Bon, ça se laisse lire et les enfants seront moins exigeant qu'un adulte, mais ils risquent d'être déçu que le dragon du titre n'apparait que tardivement dans le récit et aussi que son origine est très cliché. Un one-shot qu'on lit et qu'on oublie facilement en gros.
J'ai été surpris de découvrir que cette BD racontait des évènements purement historiques car le graphisme et la mise en scène me laissaient croire à quelque chose de plus onirique ou de plus lyrique. Les couleurs intenses, le graphisme comme dessiné au pastel, une ambiance de flou léger et des visages étrangement caricaturaux, presque effrayants sous leur maquillage intense, donnent l'impression que le récit va partir dans la folie et les hallucinations. Mais même si l'histoire insiste sur les relations humaines et les confrontations de points de vue et de manière de vivre l'exploration, c'est bien l'exposé des faits historiques qui nous est fait ici.
Et il s'agit là d'une expédition géographique assez remarquable, expédition dont je ne savais rigoureusement rien. Elle est très intéressante car elle n'envoie pas des explorateurs dans une zone inconnue et dangereuse mais une expédition française dans les colonies espagnoles d'Amérique latine. Et même si une partie de celle-ci consiste tout de même à cartographier des lieux nouveaux, la grande particularité de cette histoire est l'incongruité de ces aristocrates français en terres espagnoles et amérindiennes avec beaucoup de réflexions sur leur rang supérieur à maintenir en permanence face à la plèbe malgré des conditions parfois compliquées. On en apprend beaucoup sur le fonctionnement social de l'époque, la façon dont la noblesse tenait son rang dans n'importe quelle circonstance, se soutenant quelque soit le pays, comme si la classe sociale était plus importante que la nationalité. De même, on constate l'échelle de temps tellement différente de la nôtre, avec un séjour sur place qui durera de nombreuses années, des transferts financiers qui prenaient des mois entre l'Europe et l'Amérique, des voyages qui prenaient tout autant de temps. Et on en revient enfin à ce sujet initial des relations entre membres de l'éxpédition, les désaccords, les rivalités, et le résultat de tout cela une fois le récit terminé, que j'ai pu ensuite recouper avec les informations officielles trouvées sur Internet. C'est donc fort instructif sur de multiples sujets intéressants.
Toutefois, je n'ai pas été totalement charmé par cette BD.
D'abord à cause de ce dessin que je trouve trop flou à mon goût. J'aime les lignes claires et les mises en scène précises en détaillées, surtout pour des récits historiques. J'aurais en particulier aimé découvrir ces lieux et paysages exotiques avec davantage de réalisme pour mieux me rendre compte à quoi ils ressemblaient.
Ensuite, ce flou visuel, je l'ai retrouvé aussi dans la narration. Le rythme est rapide, coupé de nombreuses ellipses car il y a beaucoup de choses à raconter, et j'ai souvent eu du mal à suivre, à mesurer le temps écoulé entre les différentes scènes, à bien comprendre qui était où et pourquoi. La carte de début d'album aide pour ce qui est des premiers chapitres mais par la suite elle devient assez inutile et je m'y suis perdu, surtout quand chacun part dans sa propre direction. De même, cela manque de description du contexte, et j'avoue par exemple n'avoir pas compris la soudaine rébellion du peuple espagnol contre les explorateurs français à un moment donné : d'où leur vient cette haine ? Rien ne la prévoyait à la lecture des pages précédentes. Et je peux citer d'autres exemples qui arrivent dans le récit sans qu'on en voit bien les origines, comme la rivalité entre De la Condamine et Bouguer, le conflit entre l'un des membres de l'expédition et un noble espagnol, etc... Ca m'a donné l'impression d'assister à des morceaux d'une histoire bien plus dense sans en comprendre bien tous les tenants et aboutissants : ça me frustre et m'empêche de bien l'apprécier.
Et puis même si l'ensemble parait bien documenté, tout ne m'y parait pas réaliste, comme ces quelques fois où l'un puis l'autre des explorateurs se retrouve seul en pirogue dans la forêt Amazonienne, dans leur costume élégant ; j'aurais bien du mal à les imaginer survivre tout seul dans ces conditions, je ne peux pas croire qu'ils n'étaient pas accompagnés d'une équipe de guides et de porteurs dans chacun de ces cas. Est-ce une licence narrative que de les représenter ainsi ? Je suppose que oui.
Tout ça pour dire que j'ai apprécié cette découverte d'une expédition géographique très originale et instructive mais que je ne l'ai pas pleinement appréciée du fait des choix narratifs et graphiques.
Il faut s'accrocher pour arriver au bout des 450 pages de l'ouvrage de Catel et Bocquet, je ne compte que la partie BD. Les auteurs ont choisi un format de récit biographique chronologique très détaillé.
Pour une personnalité aussi atypique que Joséphine Baker le risque est de mélanger l'important et l'accessoire voire le dérisoire. J'ai trouvé que les auteurs nous proposaient chaque élément de la vie de Jo comme d'égale importance sans y inclure beaucoup de relief factuel ou émotionnel.
Or il y de nombreux passages que j'ai trouvé assez répétitif à en devenir ennuyeux. Par exemple le long passage entre son arrivée à Paris et la guerre m'a laissé une impression de lecture fastidieuse avec toutes ces rencontres de personnalités connues, résumées en tableaux de quelques planches sans grand intérêt à mon goût.
Je ne suis pas un fin connaisseur de cette artiste mais je trouve que sa biographie est assez paradoxale. En effet cela donne l'impression d'une artiste qui laisse à la postérité l'interprétation d'une seule chanson et dont le talent correspond à l'esprit d'une époque bien particulière. Après un début à St Louis bien raconté et accrocheur il faut revenir à ses positions sur les droits civiques ou sa belle et généreuse utopie des Milandes pour faire rebondir ma lecture.
De même le graphisme ne m'a pas vraiment séduit. Comme le montre la couverture, l'accent est mis sur le dynamisme et l'élasticité gestuelle de Baker. Mais le manque de détails pour différencier les époques via les costumes, les intérieurs des Clubs ou les chorégraphies m'ont donné une impression de fixité artistique un peu déprimante. C'est amplifié par la reprise quasi systématique de seulement deux titres : "J'ai deux amours" et "La Tonkinoise".
Quand je compare les capacités de Baker avec d'autres artistes de cette époque je ne comprends pas, à travers ma lecture, quel magnétisme avait Joséphine Baker pour obtenir une telle popularité et un tel succès.
C'est ce que j'aurais aimé ressentir à la fin de ma lecture mais j'en suis très loin. 2.5
Frigiel et Fluffy, c'est une série d'aventure heroic-fantasy jeunesse dans un décor de Minecraft. Elle s'adresse en priorité aux jeunes de 10 à 13 ans je dirais, ou qui avaient 10 à 13 ans quand la série a commencé et qui étaient alors autant amateur de Minecraft que de Youtube. En effet, les clins d'oeil à Youtube et à la pop culture sont assez nombreux.
Mais au-delà des clins d'oeil, c'est vraiment avant tout une série d'aventure avec un ton léger et un peu humoristique. C'est de l'aventure ensoleillée, je dirais, de l'aventure amusante et pas prise de tête. On y suit 4 héros, deux garçons, une fille et un chien. Et chaque tome est le cadre d'une histoire unique, même si l'ensemble forme une certaine continuité avec quelques évolutions au fil des tomes. Etonnamment, malgré le fait que l'univers soit celui de Minecraft, le thème de la construction est relativement peu utilisé et c'est davantage l'aspect aventure et exploration qui est exploité.
Ca ne casse pas trois pattes à un canard mais j'ai trouvé la lecture sympathique et divertissante. Chaque tome fait passer un plutôt bon moment.
L'idée derrière l'histoire me plait bien : Des gens qui veulent fuir un monde post apocalyptique et qui font appel à un passeur qu'ils ne connaissent pas pour les emmener vers l'eldorado... Ça fait quand même pas mal écho à l'actualité des migrants, même si je en suis pas sur que les auteurs ont voulu produire un album engagé. On est bien dans une fiction totale qui fonctionne pas mal il faut le reconnaitre. Il y a la dose nécessaire de mystère qui fait qu'on a envie de savoir ce qui va arriver. Qui est le passeur ? A quoi ressemble ce paradize pour lequel on est prêt à tout ? Efficace juste ce qu'il faut pour donner envie de se plonger dans ce récit.
Mais à coté de ça, l'univers dans lequel on évolue n'est pas fouillé, et il n'est absolument pas développé. L'album se lit bien vite et si l'histoire tient globalement la route, il lui manque un petit quelque chose, sans doute un peu d'épaisseur dans son développement, pour en faire une histoire marquante. Un bon moment de lecture, un peu rapide, qui hélas sera sans doute assez vite oublié.
Un jeune homme se retrouve pensionnaire d'un bien étrange manoir isolé de tout. Les autres pensionnaires y ont tous des comportements bizarres, le héros lui-même ne comprend pas ce qu'il fait là et doit investiguer en découvrant peu à peu le voile de mystère qui imprègne les lieux.
Pour qui a lu un peu de récits fantastiques, on se doute assez vite de ce qu'il en est réellement des habitants de ce manoir et du cas du héros lui-même. Toutefois non seulement dessin et mise en scène contribuent à une lecture tout à fait plaisante et entrainante, mais en plus il s'avère que c'est l'adaptation d'une longue série de romans, donc il faut en déduire que ce mystère, qui sera en partie dévoilé en fin de premier tome, n'est pas la seule ressource de son autrice et que l'intrigue ira au-delà de ce seul concept de base.
J'ai apprécié cette lecture et la qualité de son graphisme et de son déroulement de manière générale. Je lirai la suite avec plaisir.
Cet avis ne portera que sur les deux premiers tomes, les seuls disponibles en bibliothèque.
Hubert Reeves explique comment fonctionne la nature, les différentes intéractions entre le monde végétal et animal à travers divers exemples. Pour cela, il emmène quelques gamins en excursions pour leur faire découvrir les secrets de notre belle planète.
Les explications sont simples, ludiques et compréhensibles pour les jeunes enfants. Une BD éducative qui a pour objectif de faire prendre conscience à notre jeunesse que l'avenir est entre leurs mains.
Le petit reproche que je pourrais faire, le ton employé est un peu trop scolaire.
Le dessin est lui aussi destiné à nos chers bambins, il est lisible, détaillé et efficace.
La colorisation est au diapason.
Je recommande pour nos loupiots.
La Belgique a beau être un acteur majeur dans le domaine de la bande dessinée, il aura tout de même fallu attendre qu’un auteur italien s’empare du sujet pour avoir droit à une évocation en bd de l’expédition de La Belgica. Cette expédition, devenue historique suite à l’hivernage forcé du navire, bloqué durant 13 mois en mer de Bellingshausen, aura pour acteurs quelques grands noms de la conquête des pôles, comme Adrien de Gerlache de Gomery, Frederick Cook ou Roald Amundsen.
En extrapolant à partir d’une possible présence d’un passager clandestin à bord de La Belgica, l’auteur nous fait partager le quotidien de cette expédition. En parallèle, nous allons suivre le combat que va mener la fiancée de ce fameux passager pour une meilleure reconnaissance du travail des femmes et la défense de leurs droits.
En gros, j’ai bien aimé ce récit. Je trouve l’évocation historique réussie, principalement par la manière dont l’auteur recrée un contexte global. Le personnage de Jean est un peu terne à mon goût mais celui de Elke est plus réussi. Leur destin est crédible et s’insère bien dans l’histoire. Le fait d’avoir deux lignes scénaristiques nous fait parfois sauter du coq à l’âne (surtout dans le deuxième tome) et j’aurais préféré en apprendre un peu plus sur le quotidien des marins durant ce long hivernage, mais l’histoire est quand même prenante.
La fin prête à interprétation et m’a un peu déstabilisé… mais bon, je pense quand même avoir compris les intentions de l’auteur.
Au niveau du dessin, Toni Bruno nous propose un trait facile d’accès. Le format des albums étant assez réduit, la lisibilité de son trait est un réel atout. A l’occasion (et surtout dans le premier tome), j’ai eu des difficultés à différencier certains des personnages, mais rien de rebutant. Le plus particulier sur ces planches est la présence de taches, de gouttes d’encre. Cela donne son style au récit, accentue l’aspect témoignage authentique et d’époque… mais c’est quand même particulier. Une fois qu’on commence à faire attention à ces gouttes, elles deviennent presque une obsession.
En résumé, voici une évocation historique globalement réussie d’une une expédition devenue référentielle par plusieurs aspects, mais ici traitée au travers du regard des petites gens.
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Vendetta - La Vengeance des Oulianov
J'ai été un peu surpris par le schéma qui soutient l'oeuvre de Dedola et Bonaccorso même si je n'ai jamais été un disciple de Lénine. Je ne suis pas contre la déconstruction des mythes historiques et surtout des plus sanglants mais je trouve qu'il faut le faire avec plus de justesse. Les premières failles du mythe Lénine sont apparues dans les années 70 mais sur le bout des lèvres tellement le personnage a été "sanctifié". La présentation de la personnalité de Lénine et ses motivations profondes vues par les auteurs me semblent être plus du domaine de l'hypothèse fictionnelle que de la réalité historique. Je trouve que l'ouvrage souffre du défaut majeur de ce type d'essai. Autour d'un cadre historique documenté et travaillé on donne à Lenine (ou autres personnages de ce type) des paroles et des pensées qui appartiennent surtout aux auteurs. Les conversations entre Lénine et les autres personnages emblématiques de la révolution d'Octobre restent presque toujours invérifiables ou alors il faudrait mieux partager les sources qui permettent de légitimer ces dialogues. Je suis toujours circonspect sur ce mélange entre fiction et histoire avec ce type de sujet très engagé. On arrive vite à une réécriture aussi éloignée que le mythe que l'on voulait déconstruire. Il faut être d'autant plus prudent que le scénario de Dedola est fluide et bien construit. Il propose une logique entrainante. Le graphisme de Bonaccorso est fin, souple et agréable. Les extérieurs sont assez neutres pour privilégier les face à faces entre Lénine et ses interlocuteurs dans leurs décisions si importantes pour l'avenir du monde. Il y a donc un gros travail sur les expressions de visages ou la communication gestuelle. Malgré le peu d'action, cela reste très dynamique. Une lecture intéressante si on se détache un peu du côté réducteur de l'image proposée de Lénine chef de famille et chef de bande vengeur où la fiction l'emporte sur l'historique.
Léonie (Bordier/Shanta)
Cette série destinée aux tout-petits 3/8 ans est vraiment mignonne. Elsa Bordier propose à ses jeunes lecteurs et lectrices un voyage dans le monde des scarabées en compagnie de la jeune Léonie. Le scénario est assez classique et une incursion dans le monde du très petit n'est pas une nouveauté. Toutefois les jeunes enfants sont toujours intrigués par cette vie minuscule du jardin et ce récit va leur permettre d'aborder des thèmes importants : le respect du plus petit et du différent, la solidarité devant l'adversité, la mise en commun des talents ou l'apprentissage chacun son rythme. Le lettrage est bien adapté pour des lecteurs de 5/6 ans avec un vocabulaire très simple et accessible. Le graphisme d'Elodie Shanta est tout en rondeurs apaisantes. Les personnages sont facilement identifiables dans un univers très coloré. La multitude de tons pastels crée une atmosphère douce et joyeuse. Une jolie série à partager avec ses petits-enfants.
Picsou - Le Dragon de Glasgow
2.5 Un autre one-shot Disney moyen qui sort de chez Glénat. Cette fois-ci c'est une aventure qui se passe durant la jeunesse de Picsou en Écosse et d'ailleurs il y a des clins d'oeils à la célèbre série de Don Rosa. Si le dessin est bon avec ce style qu'on retrouve chez les dessinateurs italiens modernes qui font du Disney, le scénario l'est moins. Je comprends que la BD Disney s'adresse avant tout aux enfants, mais cela veut pas dire qu'on peut faire le service minimum. Le récit est remplit d'éléments que j'avais déjà vu au moins dix fois dans les dessins animés que je regardais gamin. Par exemple, Picsou et ses copains vont s'amuser dans les mines alors que c'est interdit et le fils du propriétaire essai de les chasser et ça fini toujours par une humiliation pour ce dernier vu que la bande de Picsou est trop maline. Puis il y a une fille qui débarque de nulle part et devient très amie avec Picsou sauf qu'elle cache un secret que bien sur le gars qui se fait toujours humilié par Picsou et ses copains va le découvrir et le dire à tout le monde pour ce venger et causer la zizanie. Bon, ça se laisse lire et les enfants seront moins exigeant qu'un adulte, mais ils risquent d'être déçu que le dragon du titre n'apparait que tardivement dans le récit et aussi que son origine est très cliché. Un one-shot qu'on lit et qu'on oublie facilement en gros.
Méridien
J'ai été surpris de découvrir que cette BD racontait des évènements purement historiques car le graphisme et la mise en scène me laissaient croire à quelque chose de plus onirique ou de plus lyrique. Les couleurs intenses, le graphisme comme dessiné au pastel, une ambiance de flou léger et des visages étrangement caricaturaux, presque effrayants sous leur maquillage intense, donnent l'impression que le récit va partir dans la folie et les hallucinations. Mais même si l'histoire insiste sur les relations humaines et les confrontations de points de vue et de manière de vivre l'exploration, c'est bien l'exposé des faits historiques qui nous est fait ici. Et il s'agit là d'une expédition géographique assez remarquable, expédition dont je ne savais rigoureusement rien. Elle est très intéressante car elle n'envoie pas des explorateurs dans une zone inconnue et dangereuse mais une expédition française dans les colonies espagnoles d'Amérique latine. Et même si une partie de celle-ci consiste tout de même à cartographier des lieux nouveaux, la grande particularité de cette histoire est l'incongruité de ces aristocrates français en terres espagnoles et amérindiennes avec beaucoup de réflexions sur leur rang supérieur à maintenir en permanence face à la plèbe malgré des conditions parfois compliquées. On en apprend beaucoup sur le fonctionnement social de l'époque, la façon dont la noblesse tenait son rang dans n'importe quelle circonstance, se soutenant quelque soit le pays, comme si la classe sociale était plus importante que la nationalité. De même, on constate l'échelle de temps tellement différente de la nôtre, avec un séjour sur place qui durera de nombreuses années, des transferts financiers qui prenaient des mois entre l'Europe et l'Amérique, des voyages qui prenaient tout autant de temps. Et on en revient enfin à ce sujet initial des relations entre membres de l'éxpédition, les désaccords, les rivalités, et le résultat de tout cela une fois le récit terminé, que j'ai pu ensuite recouper avec les informations officielles trouvées sur Internet. C'est donc fort instructif sur de multiples sujets intéressants. Toutefois, je n'ai pas été totalement charmé par cette BD. D'abord à cause de ce dessin que je trouve trop flou à mon goût. J'aime les lignes claires et les mises en scène précises en détaillées, surtout pour des récits historiques. J'aurais en particulier aimé découvrir ces lieux et paysages exotiques avec davantage de réalisme pour mieux me rendre compte à quoi ils ressemblaient. Ensuite, ce flou visuel, je l'ai retrouvé aussi dans la narration. Le rythme est rapide, coupé de nombreuses ellipses car il y a beaucoup de choses à raconter, et j'ai souvent eu du mal à suivre, à mesurer le temps écoulé entre les différentes scènes, à bien comprendre qui était où et pourquoi. La carte de début d'album aide pour ce qui est des premiers chapitres mais par la suite elle devient assez inutile et je m'y suis perdu, surtout quand chacun part dans sa propre direction. De même, cela manque de description du contexte, et j'avoue par exemple n'avoir pas compris la soudaine rébellion du peuple espagnol contre les explorateurs français à un moment donné : d'où leur vient cette haine ? Rien ne la prévoyait à la lecture des pages précédentes. Et je peux citer d'autres exemples qui arrivent dans le récit sans qu'on en voit bien les origines, comme la rivalité entre De la Condamine et Bouguer, le conflit entre l'un des membres de l'expédition et un noble espagnol, etc... Ca m'a donné l'impression d'assister à des morceaux d'une histoire bien plus dense sans en comprendre bien tous les tenants et aboutissants : ça me frustre et m'empêche de bien l'apprécier. Et puis même si l'ensemble parait bien documenté, tout ne m'y parait pas réaliste, comme ces quelques fois où l'un puis l'autre des explorateurs se retrouve seul en pirogue dans la forêt Amazonienne, dans leur costume élégant ; j'aurais bien du mal à les imaginer survivre tout seul dans ces conditions, je ne peux pas croire qu'ils n'étaient pas accompagnés d'une équipe de guides et de porteurs dans chacun de ces cas. Est-ce une licence narrative que de les représenter ainsi ? Je suppose que oui. Tout ça pour dire que j'ai apprécié cette découverte d'une expédition géographique très originale et instructive mais que je ne l'ai pas pleinement appréciée du fait des choix narratifs et graphiques.
Joséphine Baker
Il faut s'accrocher pour arriver au bout des 450 pages de l'ouvrage de Catel et Bocquet, je ne compte que la partie BD. Les auteurs ont choisi un format de récit biographique chronologique très détaillé. Pour une personnalité aussi atypique que Joséphine Baker le risque est de mélanger l'important et l'accessoire voire le dérisoire. J'ai trouvé que les auteurs nous proposaient chaque élément de la vie de Jo comme d'égale importance sans y inclure beaucoup de relief factuel ou émotionnel. Or il y de nombreux passages que j'ai trouvé assez répétitif à en devenir ennuyeux. Par exemple le long passage entre son arrivée à Paris et la guerre m'a laissé une impression de lecture fastidieuse avec toutes ces rencontres de personnalités connues, résumées en tableaux de quelques planches sans grand intérêt à mon goût. Je ne suis pas un fin connaisseur de cette artiste mais je trouve que sa biographie est assez paradoxale. En effet cela donne l'impression d'une artiste qui laisse à la postérité l'interprétation d'une seule chanson et dont le talent correspond à l'esprit d'une époque bien particulière. Après un début à St Louis bien raconté et accrocheur il faut revenir à ses positions sur les droits civiques ou sa belle et généreuse utopie des Milandes pour faire rebondir ma lecture. De même le graphisme ne m'a pas vraiment séduit. Comme le montre la couverture, l'accent est mis sur le dynamisme et l'élasticité gestuelle de Baker. Mais le manque de détails pour différencier les époques via les costumes, les intérieurs des Clubs ou les chorégraphies m'ont donné une impression de fixité artistique un peu déprimante. C'est amplifié par la reprise quasi systématique de seulement deux titres : "J'ai deux amours" et "La Tonkinoise". Quand je compare les capacités de Baker avec d'autres artistes de cette époque je ne comprends pas, à travers ma lecture, quel magnétisme avait Joséphine Baker pour obtenir une telle popularité et un tel succès. C'est ce que j'aurais aimé ressentir à la fin de ma lecture mais j'en suis très loin. 2.5
Frigiel et Fluffy
Frigiel et Fluffy, c'est une série d'aventure heroic-fantasy jeunesse dans un décor de Minecraft. Elle s'adresse en priorité aux jeunes de 10 à 13 ans je dirais, ou qui avaient 10 à 13 ans quand la série a commencé et qui étaient alors autant amateur de Minecraft que de Youtube. En effet, les clins d'oeil à Youtube et à la pop culture sont assez nombreux. Mais au-delà des clins d'oeil, c'est vraiment avant tout une série d'aventure avec un ton léger et un peu humoristique. C'est de l'aventure ensoleillée, je dirais, de l'aventure amusante et pas prise de tête. On y suit 4 héros, deux garçons, une fille et un chien. Et chaque tome est le cadre d'une histoire unique, même si l'ensemble forme une certaine continuité avec quelques évolutions au fil des tomes. Etonnamment, malgré le fait que l'univers soit celui de Minecraft, le thème de la construction est relativement peu utilisé et c'est davantage l'aspect aventure et exploration qui est exploité. Ca ne casse pas trois pattes à un canard mais j'ai trouvé la lecture sympathique et divertissante. Chaque tome fait passer un plutôt bon moment.
Le Passeur (Hermann/Yves H.)
L'idée derrière l'histoire me plait bien : Des gens qui veulent fuir un monde post apocalyptique et qui font appel à un passeur qu'ils ne connaissent pas pour les emmener vers l'eldorado... Ça fait quand même pas mal écho à l'actualité des migrants, même si je en suis pas sur que les auteurs ont voulu produire un album engagé. On est bien dans une fiction totale qui fonctionne pas mal il faut le reconnaitre. Il y a la dose nécessaire de mystère qui fait qu'on a envie de savoir ce qui va arriver. Qui est le passeur ? A quoi ressemble ce paradize pour lequel on est prêt à tout ? Efficace juste ce qu'il faut pour donner envie de se plonger dans ce récit. Mais à coté de ça, l'univers dans lequel on évolue n'est pas fouillé, et il n'est absolument pas développé. L'album se lit bien vite et si l'histoire tient globalement la route, il lui manque un petit quelque chose, sans doute un peu d'épaisseur dans son développement, pour en faire une histoire marquante. Un bon moment de lecture, un peu rapide, qui hélas sera sans doute assez vite oublié.
Le Manoir (Melchior)
Un jeune homme se retrouve pensionnaire d'un bien étrange manoir isolé de tout. Les autres pensionnaires y ont tous des comportements bizarres, le héros lui-même ne comprend pas ce qu'il fait là et doit investiguer en découvrant peu à peu le voile de mystère qui imprègne les lieux. Pour qui a lu un peu de récits fantastiques, on se doute assez vite de ce qu'il en est réellement des habitants de ce manoir et du cas du héros lui-même. Toutefois non seulement dessin et mise en scène contribuent à une lecture tout à fait plaisante et entrainante, mais en plus il s'avère que c'est l'adaptation d'une longue série de romans, donc il faut en déduire que ce mystère, qui sera en partie dévoilé en fin de premier tome, n'est pas la seule ressource de son autrice et que l'intrigue ira au-delà de ce seul concept de base. J'ai apprécié cette lecture et la qualité de son graphisme et de son déroulement de manière générale. Je lirai la suite avec plaisir.
Hubert Reeves nous explique
Cet avis ne portera que sur les deux premiers tomes, les seuls disponibles en bibliothèque. Hubert Reeves explique comment fonctionne la nature, les différentes intéractions entre le monde végétal et animal à travers divers exemples. Pour cela, il emmène quelques gamins en excursions pour leur faire découvrir les secrets de notre belle planète. Les explications sont simples, ludiques et compréhensibles pour les jeunes enfants. Une BD éducative qui a pour objectif de faire prendre conscience à notre jeunesse que l'avenir est entre leurs mains. Le petit reproche que je pourrais faire, le ton employé est un peu trop scolaire. Le dessin est lui aussi destiné à nos chers bambins, il est lisible, détaillé et efficace. La colorisation est au diapason. Je recommande pour nos loupiots.
La Belgica
La Belgique a beau être un acteur majeur dans le domaine de la bande dessinée, il aura tout de même fallu attendre qu’un auteur italien s’empare du sujet pour avoir droit à une évocation en bd de l’expédition de La Belgica. Cette expédition, devenue historique suite à l’hivernage forcé du navire, bloqué durant 13 mois en mer de Bellingshausen, aura pour acteurs quelques grands noms de la conquête des pôles, comme Adrien de Gerlache de Gomery, Frederick Cook ou Roald Amundsen. En extrapolant à partir d’une possible présence d’un passager clandestin à bord de La Belgica, l’auteur nous fait partager le quotidien de cette expédition. En parallèle, nous allons suivre le combat que va mener la fiancée de ce fameux passager pour une meilleure reconnaissance du travail des femmes et la défense de leurs droits. En gros, j’ai bien aimé ce récit. Je trouve l’évocation historique réussie, principalement par la manière dont l’auteur recrée un contexte global. Le personnage de Jean est un peu terne à mon goût mais celui de Elke est plus réussi. Leur destin est crédible et s’insère bien dans l’histoire. Le fait d’avoir deux lignes scénaristiques nous fait parfois sauter du coq à l’âne (surtout dans le deuxième tome) et j’aurais préféré en apprendre un peu plus sur le quotidien des marins durant ce long hivernage, mais l’histoire est quand même prenante. La fin prête à interprétation et m’a un peu déstabilisé… mais bon, je pense quand même avoir compris les intentions de l’auteur. Au niveau du dessin, Toni Bruno nous propose un trait facile d’accès. Le format des albums étant assez réduit, la lisibilité de son trait est un réel atout. A l’occasion (et surtout dans le premier tome), j’ai eu des difficultés à différencier certains des personnages, mais rien de rebutant. Le plus particulier sur ces planches est la présence de taches, de gouttes d’encre. Cela donne son style au récit, accentue l’aspect témoignage authentique et d’époque… mais c’est quand même particulier. Une fois qu’on commence à faire attention à ces gouttes, elles deviennent presque une obsession. En résumé, voici une évocation historique globalement réussie d’une une expédition devenue référentielle par plusieurs aspects, mais ici traitée au travers du regard des petites gens.