Une tranche d'adolescence, agréable à regarder, sympathique mais qui reste à la surface des choses. On ne connait pas l'histoire des personnages, ni avant ni après, l'objectif est sur Pia , 16 ans, inquiète et assoiffée de "devenir une femme".
Le dessin est en noir et blanc avec deux degrés d'ombre, la plus sombre faite au crayon et la plus légère, chaude, faite avec un logiciel. C'est élégant et équilibré sans être fin. Les chevelures noires, de Pia, de sa mère, puis de David en particulier, ponctuent l'ordonnancement des pages. La couverture souple et satinée avec un fond rouge délavé est confortable.
Les dialogues et les postures sont actuelles, l'histoire sans originalité. Le découpage en chapitres courts séparés par une double page noire ajoute à l'élégance de la composition mais il me manque une aspérité à laquelle m'accrocher, un peu d'humour, de rêve ou d'exploration sociale. Ici l'histoire est réduite à sa substantifique moelle : un peu léger, quoi !
C'est avec amusement que j'ai découvert cette série devenue célèbre presque instantanément. J'y retrouve un petit air provoc de pieds nickelés contemporains avec leur carte vermeille sur une face et rouge sur l'autre.
Lupano servi par l'excellent dessin caricatural de Cauuet propose tout un catalogue de ses indignations politiques, écologiques ou sociétales. C'est souvent très drôle même si j'ai certaines réserves sur certains passages un peu simplistes ou réducteurs à mon goût.
Il faut reconnaitre l'originalité du parti pris scénaristique ce qui est déjà une réussite artistique. La difficulté de l'entreprise est de trouver une thématique nouvelle qui maintienne la cohérence de la série et la cohérence psy des personnages. C'est bien réussi sur les premiers opus (infidélité, Algérie, sauterelle ou migrants) mais j'ai senti un manque de renouvellement dans l'humour proposé.
De plus je trouve que la vision proposée via les prises de positions de Pierrot est assez manichéenne (les méchantes entreprises pharma, un classique ! la méchante mondialisation encore un classique ainsi qu'une image terne de la police). Ce cher Pierrot qui se drape des couleurs de l'URSS pas forcément un grand modèle d'état de droit démocratique.
Toutefois la construction et la mise en scène est si bonne qu'elle fait passer ce genre de réserves. (Enfin pas toujours, lol).
Une mention au personnage de Sophie très touchante et qui fait le contrepoint apaisé des trois troublions.
Le graphisme humoristique soutient parfaitement l'esprit du récit. C'est très dynamique et propose beaucoup de situations amusantes. Les ambiances spatiales et temporelles sont bien travaillées avec une mise en couleur agréable.
Une série originale mais qui perd sur la durée.
Je ne suis pas un spécialiste des super héros ou des super méchants et l'univers de Batman m'est inconnu dans les détails. Je profite donc de la collection Nomad de Urban Comics pour satisfaire ma soif de découverte tardive (lol) à moindre prix.
Si ce format est économe et pratique d'utilisation, il ne met pas en valeur le graphisme de Murphy surtout avec une mise en couleur aussi sombre. La réduction des dimensions semble engendrer une diminution de la tonicité et un appauvrissement du dynamisme du récit.
La petitesse ne convient probablement pas la démesure des super. Comme je ne suis pas super fan de ce trait assez pointu et rigide, seule la construction et le découpage très moderne et rythmé du visuel m'a vraiment plu dans ce côté de la lecture.
Le récit est assez complexe, il demande un bon niveau de lecture et une connaissance plutôt fine de la psychologie des personnages qui peuplent Gotham. C'est loin d'être mon cas et je suis probablement passé à côté de beaucoup de choses. Malgré tout j'ai bien aimé beaucoup de passages sur la légitimité des actions des uns et des autres.
Cette lutte interne de Joker/Napier est bien exploitée par Murphy qui réussit à retomber sur ses pieds malgré une position de départ pas facile. La grande violence de Batman ne me choque pas en tant que nouveau lecteur. J'y lis la grande violence de nos forces armées dans certaines situations pour "rétablir le Bien".
Un ouvrage qui se laisse lire mais qui me laisse dans une position ni/ni de ni pour ni contre dans l'attrait du monde Batman.
Y-a-t-il des amateurs de séries B S-F dans la salle ? Parce que, si c’est le cas, j’ai quelque chose à leur proposer. Rien de révolutionnaire (loin s’en faut) mais un récit rythmé bien découpé et agréablement mis en image.
Voici donc Sol-13, un récit qui s’inscrit dans l’univers créé par la romancière Julia Verlanger (« L'Ange aux ailes de lumière ») mais qui, dans le cas présent n’est pas de son fait. On y retrouve cependant certains protagonistes identiques. Il s’agit d’un pur récit d’action et les réflexions qui auraient pu naitre du cas de figure exposé sont inexistantes (par exemple, il n’y a aucun questionnement sur la légitimité d’une intervention armée dans un conflit alors que l’on n’a pas encore réussi à communiquer avec un des belligérants). Je ne peux pas dire que cela m’enchante des masses. J’attends en effet plus du point de vue éthique et philosophique lorsque j’aborde ce genre de récit… mais bon, si je pars du principe que c’est une série B pop-corn, je dois bien admettre que ce n’est pas trop mal. J’aurais aimé un peu plus d’humour, un peu plus d’originalité, un peu plus de tension, c’est clair… mais il n’y a rien de mal fait.
Côté dessin, c’est fluide, très lisible, efficace, accessible à un large public. A nouveau, c’est de la bd passe-partout mais bien faite dans son genre.
Clairement à consommer vite fait sans trop se poser de questions (il y a quand même pas mal d’incohérences du type « un pilote maitrise directement un engin conçu par une espèce extra-terrestre sans avoir besoin du moindre mode d’emploi », vous voyez le genre) et sans espérer la moindre réflexion philosophique (sinon que la guerre, c’est mal et ça tue des gens)… mais si on accepte le sachet de pop-corn, faut pas être déçu de n’avoir que du pop-corn.
Objet plutôt imposant (240 pages), ce livre semble être la première œuvre de son autrice, Anaïs Flogny. Et le moins que je puisse dire est que, pour une jeune autrice, franchement, c’est impressionnant de maitrise narrative !
Pourtant, j’ai craint dans un premier temps de tomber dans un récit très convenu puisque Rivages lointains a pour personnage central un jeune émigré italien qui va, au fil des années, gravir les échelons dans la mafia new-yorkaise. Le récit démarre en 1938, lorsqu’il n’a que 17 ans, pour se terminer 22 ans plus tard. Or, des récits sur ce sujet, j’en ai déjà lus un fameux paquet ! Mais là où l’autrice se démarque, c’est dans le fait de coupler ce background à une histoire d’amour homosexuelle. Amour qui va lier Jules à son mentor, un caïd polonais de la pègre. Et plutôt que sur l’action, l’autrice se focalise sur les relations entre les personnages, sur les liens (amour, amitié, jalousie) qui seront à l’origine des drames auxquels nous allons assister. L’action est donc bien présente mais elle résulte des sentiments des personnages plutôt que d’une quelconque logique financière ou de luttes de pouvoir. Et en cela, je trouve que l’approche du récit de genre polar mafieux est originale.
Mais si je parlais de maitrise narrative, c’est surtout du fait que l’autrice parvient par sa mise en page et sa colorisation à centrer l’attention du lecteur sur ses personnages. Les décors s’effacent à un point tel que certaines planches pourraient paraître extraites d’un shojo. La colorisation aux teintes uniformes estompe les arrière-plans et, par contraste, fait ressortir les personnages centraux. 240 pages de ce procédé pourraient endormir… et pourtant j’ai dévoré cet album.
Alors non, tout n’est pas parfait. L’intrigue est cousue de fil blanc, les rebondissements ne surprennent pas vraiment, mais Anaïs Flogny semble disposer d’un talent précieux : celui de décrire avec sensibilité des personnages mélancoliques et torturés.
Une première œuvre d’une grande maîtrise et une autrice très certainement à suivre.
Belle autant que déterminée, Hellé Nice aura croqué la vie autant que faire se peut. Tour à tour modèle, danseuse, effeuilleuse, pilote automobile ou aventurière, elle collectionne les maris et les amants, fait scandale, défie les hommes sur les circuits les plus dangereux. Ce personnage est tellement romanesque qu’il est difficile de croire qu’elle a réellement existé. Pourtant cet album est bel et bien un biopic !
L’auteur de celui-ci, l’Italien Giuseppe Manunta, a opté pour une biographie classique magnifiée par la qualité et la sensualité de son trait. Hellé Nice y est sublimée, les véhicules anciens sont magnifiquement reproduits. Enfin, les décors (et spécialement ceux de l’entre-deux-guerres) nous plongent dans l’époque évoquée. La colorisation est particulièrement réussie à mes yeux et apporte de la fraicheur et de la lumière à chaque page.
Mais si l’esthétique de cet album m’a séduit (et c’est d’ailleurs celle-ci qui a décidé mon achat), son scénario m’aura bien moins convaincu. Biopic classique avec flash-forward en entrée puis retour chronologique sur les dates importantes de la vie d’Hellé Nice, cette structure est non seulement peu originale mais aussi peu adéquate dès l’instant où l’artiste a décidé de donner la priorité au trait plutôt qu’au texte. Ici les grandes illustrations s’enchainent et les séquences se résument à un très superficiel aperçu des événements que va traverser la pilote. Pire que tout, Giuseppe Manunta se permet des libertés avec la réalité dont je ne comprends pas le sens : une scène de baiser lesbien entre Hellé Nice et un personnage historique qui, dans la réalité, n’a jamais croisé sa route, ça sert à quoi ? De même, alors qu’il a été prouvé qu’un accident grave dans lequel elle a été impliquée a été causé par une botte de paille poussée sur le circuit par un spectateur, l’artiste décide d’illustrer ce passage… en ne dessinant aucune botte de paille, jetant la confusion dans les yeux du lecteur (Hellé Nice aurait-elle pris des risques inconsidérés ?) Ce sont certes des détails mais lorsque je lis un récit de ce genre, j’aime que l’auteur s’attache au maximum à la réalité historique. Certes, il peut la magnifier mais dans le cas présent j’ai un peu le sentiment qu’il trahit son personnage.
Ceci n’enlève cependant rien au plaisir de découvrir Hellé Nice mais m’aura poussé à en savoir plus par d’autres biais que cet album (n’étant pas sûr de pouvoir m’y fier à 100%), et je trouve cela tout de même regrettable.
Regrettables aussi, ces deux pages d’un concours photographique qui ressemblent plus à une publicité sans intérêt pour un studio de photographes (des amies de l’éditeur ?) qu’à autre chose et, surtout, n’apportent strictement rien d’utile à cet album.
Malgré les nombreux défauts évoqués, je reste sur cette note de 3/5. D’une part parce que le dessin m’a vraiment bien plu. D’autre part, parce que cet album m’aura permis de découvrir un personnage haut en couleurs… Mais j’aurais vraiment adoré avoir un scénario à la hauteur du dessin.
Décidément, les éditions Tanibis ne tombent pas dans la facilité dans leurs choix éditoriaux, qui sortent de l’ordinaire.
C’est ici la première publication en album d’une auteure canadienne anglophone – que je ne connais pas donc. Esthétiquement, c’est très réussi, même si le rendu, avec ce Noir et Blanc, avec des nuances de gris, très tranché, est assez froid.
Avare de détails et de décors, le dessin est à l’image de la narration, parfois elliptique, poétique, sans lyrisme en tout cas. C’est par petites touches que l’histoire se développe, ce qui donne un peu une impression de « work in progress » permanent. Un peu comme l’héroïne, le lecteur est amené à faire confiance à des impressions, au hasard, à une certaine improvisation. Le récit est parfois étrange, illustrant une certaine incommunicabilité entre les êtres, et sur la mémoire que l’on garde d’eux.
Une « histoire » un peu évanescente, faite de petits riens, peu de texte. Un album quelque peu déroutant, dont le principal intérêt – pour moi en tout cas – réside dans l’ambiance étrange, la fragilité qui s’en dégage.
On pourrait lire le titre comme une « autopsy » d’un dépressif. Car nous suivons un personnage, effectivement dépressif, suicidaire mais velléitaire, qui procrastine, rumine, hésite, reporte le « grand saut », chaque digression offerte par les hasards de la vie ou les retours de lâcheté ou de lucidité le raccrochant à la vie (il se prend le chou sur les conséquences de son geste sur son proprio, sur ceux qui vont trouver son corps, etc.) – qui reste toujours aussi noire et merdique quand même.
Et même lorsqu’il « franchit le pas », se laisse tomber dans le vide, son suicide est aussi raté que sa vie !
La narration est assez fluide, avec, comme toujours dans cette collection, une seule image par page. Le dessin est assez simple, centré sur le personnage (parfois plusieurs – en particulier un vieux type philosophe qui lui prend la tête à plusieurs reprises, un autre type presque aussi déprimé, en tout cas aussi déprimant), avec peu de décors (le format est tout petit de toute façon).
La lecture n’est pas déplaisante, mais il y a quand même des longueurs, avec surtout des monologues, c’est parfois un peu lassant – même si sur la fin ça change un tout petit peu de registre.
Note réelle 2,5/5.
Avec cette nouvelle série, Jim explore le même concept que dans Une nuit à Rome et Héléna, à savoir l'obsession d'un adulte pour une femme qu'il a aimée dans sa jeunesse et qui revient bouleverser sa vie. Cela pourrait être lassant mais l'auteur assume son sujet et lui apporte des variantes.
Cette fois, le héros n'est pas marié ni en couple et ne va donc pas briser sa vie de famille. Et s'il a bien vécu une histoire avec la belle lors de ses études à Londres, ils s'étaient séparés sur une note claire puisqu'elle était tombée amoureuse d'un autre homme et qu'elle allait passer sa vie avec lui. Cela n'empêche pas le héros et ses deux amis de l'époque de garder un tendre sentiment envers elle ainsi qu'envers les souvenirs de leur ancien séjour très mouvementé et festif dans la capitale anglaise. Alors quand elle les invite à revenir à Londres fêter les trente ans de son fameux amoureux, c'est l'occasion pour les trois larrons d'à la fois envisager une énorme fiesta sur place mais aussi de revoir celle qu'ils aiment toujours pas vraiment en secret.
Comme souvent chez Jim, cette histoire sent un peu trop la mise en scène romantico-théatrale. Le beau héros qui n'a jamais pu se caser suite à son amour déçu dix ans plus tôt, la façon dont lui et ses deux amis orchestrent leur vie de manière fantasque, ce séjour complètement débauché qu'ils ont partagé à Londres durant leur jeunesse, et surtout tout ce qui tourne autour de cette fille... Celle-ci est trop parfaite : physiquement impeccable, drôle et fine, intellectuellement géniale puisque capable de gérer à la fois des études studieuses, une vie de néo-hippie et une succession de fêtes avec beaucoup d'alcool, de drogue et de sexe... et devenir plus tard un génie des affaires puisqu'elle réussira visiblement à vendre du vent à prix d'or. Et à côté de ça, elle séduit un jeune homme tout aussi beau, intelligent, extravagant et surtout ultra-riche. Trop facile la vie !
C'en serait très agaçant... si l'auteur n'avait finalement pas pris le parti de lui dévoiler une zone d'ombre en fin de premier tome. C'est ce retournement de situation, qui va être le moteur du second tome et qui fait l'intérêt de cette série, en plus du côté assez amusant de la relation entre le héros et ses deux amis.
Bref, malgré un manque de réalisme alimenté par pas mal de facilités et d'ambiance jet-set, cette histoire n'est pas creuse et va finir par intriguer son lecteur.
Esthétiquement, c’est vraiment réussi, très joli. Des pages aux bords décorés d’arabesques ou de motifs floraux, avec des oiseaux – réels ou stylisés – incarnant les migrations (et qui accompagnent l’héroïne durant tout son périple), le tout avec une omniprésence du Noir, sur lequel se détachent, parfois de petites touches de couleur (rouges, bleues), l’habillage est assez chouette.
Au milieu de tout ça, un dessin simple et épuré, très lisible, avare de détails pour les décors, avec absence du gaufrier traditionnel. Un dessin d’aspect fragile, mais qui s’avère au final fort.
Le récit joue aussi sur cette ambivalence. Le sujet des migrants clandestins, qui fuient la guerre est grave, mais il est ici traité avec des textes poétiques, des allégories parfois, autour d’une gamine, Amel, accompagnée par un ancien soldat joueur d’oud, qui fuit la guerre et son pays donc, en espérant rejoindre Paris.
C’est un récit touchant, qui traite d’un sujet sensible et difficile de façon légère. Même si cette légèreté s’accompagne parfois d’un certain angélisme, de quelques facilités (Amel est quand bien dégourdie pour une gamine de 12 ans n’étant jamais sorti de sa région, et, en plus des oiseaux, des anges semblent veiller sur elle).
Mais c’est une lecture plaisante. Et un album globalement réussi (et joli à regarder).
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Fraîche
Une tranche d'adolescence, agréable à regarder, sympathique mais qui reste à la surface des choses. On ne connait pas l'histoire des personnages, ni avant ni après, l'objectif est sur Pia , 16 ans, inquiète et assoiffée de "devenir une femme". Le dessin est en noir et blanc avec deux degrés d'ombre, la plus sombre faite au crayon et la plus légère, chaude, faite avec un logiciel. C'est élégant et équilibré sans être fin. Les chevelures noires, de Pia, de sa mère, puis de David en particulier, ponctuent l'ordonnancement des pages. La couverture souple et satinée avec un fond rouge délavé est confortable. Les dialogues et les postures sont actuelles, l'histoire sans originalité. Le découpage en chapitres courts séparés par une double page noire ajoute à l'élégance de la composition mais il me manque une aspérité à laquelle m'accrocher, un peu d'humour, de rêve ou d'exploration sociale. Ici l'histoire est réduite à sa substantifique moelle : un peu léger, quoi !
Les Vieux Fourneaux
C'est avec amusement que j'ai découvert cette série devenue célèbre presque instantanément. J'y retrouve un petit air provoc de pieds nickelés contemporains avec leur carte vermeille sur une face et rouge sur l'autre. Lupano servi par l'excellent dessin caricatural de Cauuet propose tout un catalogue de ses indignations politiques, écologiques ou sociétales. C'est souvent très drôle même si j'ai certaines réserves sur certains passages un peu simplistes ou réducteurs à mon goût. Il faut reconnaitre l'originalité du parti pris scénaristique ce qui est déjà une réussite artistique. La difficulté de l'entreprise est de trouver une thématique nouvelle qui maintienne la cohérence de la série et la cohérence psy des personnages. C'est bien réussi sur les premiers opus (infidélité, Algérie, sauterelle ou migrants) mais j'ai senti un manque de renouvellement dans l'humour proposé. De plus je trouve que la vision proposée via les prises de positions de Pierrot est assez manichéenne (les méchantes entreprises pharma, un classique ! la méchante mondialisation encore un classique ainsi qu'une image terne de la police). Ce cher Pierrot qui se drape des couleurs de l'URSS pas forcément un grand modèle d'état de droit démocratique. Toutefois la construction et la mise en scène est si bonne qu'elle fait passer ce genre de réserves. (Enfin pas toujours, lol). Une mention au personnage de Sophie très touchante et qui fait le contrepoint apaisé des trois troublions. Le graphisme humoristique soutient parfaitement l'esprit du récit. C'est très dynamique et propose beaucoup de situations amusantes. Les ambiances spatiales et temporelles sont bien travaillées avec une mise en couleur agréable. Une série originale mais qui perd sur la durée.
Batman - White Knight
Je ne suis pas un spécialiste des super héros ou des super méchants et l'univers de Batman m'est inconnu dans les détails. Je profite donc de la collection Nomad de Urban Comics pour satisfaire ma soif de découverte tardive (lol) à moindre prix. Si ce format est économe et pratique d'utilisation, il ne met pas en valeur le graphisme de Murphy surtout avec une mise en couleur aussi sombre. La réduction des dimensions semble engendrer une diminution de la tonicité et un appauvrissement du dynamisme du récit. La petitesse ne convient probablement pas la démesure des super. Comme je ne suis pas super fan de ce trait assez pointu et rigide, seule la construction et le découpage très moderne et rythmé du visuel m'a vraiment plu dans ce côté de la lecture. Le récit est assez complexe, il demande un bon niveau de lecture et une connaissance plutôt fine de la psychologie des personnages qui peuplent Gotham. C'est loin d'être mon cas et je suis probablement passé à côté de beaucoup de choses. Malgré tout j'ai bien aimé beaucoup de passages sur la légitimité des actions des uns et des autres. Cette lutte interne de Joker/Napier est bien exploitée par Murphy qui réussit à retomber sur ses pieds malgré une position de départ pas facile. La grande violence de Batman ne me choque pas en tant que nouveau lecteur. J'y lis la grande violence de nos forces armées dans certaines situations pour "rétablir le Bien". Un ouvrage qui se laisse lire mais qui me laisse dans une position ni/ni de ni pour ni contre dans l'attrait du monde Batman.
Sol-13
Y-a-t-il des amateurs de séries B S-F dans la salle ? Parce que, si c’est le cas, j’ai quelque chose à leur proposer. Rien de révolutionnaire (loin s’en faut) mais un récit rythmé bien découpé et agréablement mis en image. Voici donc Sol-13, un récit qui s’inscrit dans l’univers créé par la romancière Julia Verlanger (« L'Ange aux ailes de lumière ») mais qui, dans le cas présent n’est pas de son fait. On y retrouve cependant certains protagonistes identiques. Il s’agit d’un pur récit d’action et les réflexions qui auraient pu naitre du cas de figure exposé sont inexistantes (par exemple, il n’y a aucun questionnement sur la légitimité d’une intervention armée dans un conflit alors que l’on n’a pas encore réussi à communiquer avec un des belligérants). Je ne peux pas dire que cela m’enchante des masses. J’attends en effet plus du point de vue éthique et philosophique lorsque j’aborde ce genre de récit… mais bon, si je pars du principe que c’est une série B pop-corn, je dois bien admettre que ce n’est pas trop mal. J’aurais aimé un peu plus d’humour, un peu plus d’originalité, un peu plus de tension, c’est clair… mais il n’y a rien de mal fait. Côté dessin, c’est fluide, très lisible, efficace, accessible à un large public. A nouveau, c’est de la bd passe-partout mais bien faite dans son genre. Clairement à consommer vite fait sans trop se poser de questions (il y a quand même pas mal d’incohérences du type « un pilote maitrise directement un engin conçu par une espèce extra-terrestre sans avoir besoin du moindre mode d’emploi », vous voyez le genre) et sans espérer la moindre réflexion philosophique (sinon que la guerre, c’est mal et ça tue des gens)… mais si on accepte le sachet de pop-corn, faut pas être déçu de n’avoir que du pop-corn.
Rivages lointains
Objet plutôt imposant (240 pages), ce livre semble être la première œuvre de son autrice, Anaïs Flogny. Et le moins que je puisse dire est que, pour une jeune autrice, franchement, c’est impressionnant de maitrise narrative ! Pourtant, j’ai craint dans un premier temps de tomber dans un récit très convenu puisque Rivages lointains a pour personnage central un jeune émigré italien qui va, au fil des années, gravir les échelons dans la mafia new-yorkaise. Le récit démarre en 1938, lorsqu’il n’a que 17 ans, pour se terminer 22 ans plus tard. Or, des récits sur ce sujet, j’en ai déjà lus un fameux paquet ! Mais là où l’autrice se démarque, c’est dans le fait de coupler ce background à une histoire d’amour homosexuelle. Amour qui va lier Jules à son mentor, un caïd polonais de la pègre. Et plutôt que sur l’action, l’autrice se focalise sur les relations entre les personnages, sur les liens (amour, amitié, jalousie) qui seront à l’origine des drames auxquels nous allons assister. L’action est donc bien présente mais elle résulte des sentiments des personnages plutôt que d’une quelconque logique financière ou de luttes de pouvoir. Et en cela, je trouve que l’approche du récit de genre polar mafieux est originale. Mais si je parlais de maitrise narrative, c’est surtout du fait que l’autrice parvient par sa mise en page et sa colorisation à centrer l’attention du lecteur sur ses personnages. Les décors s’effacent à un point tel que certaines planches pourraient paraître extraites d’un shojo. La colorisation aux teintes uniformes estompe les arrière-plans et, par contraste, fait ressortir les personnages centraux. 240 pages de ce procédé pourraient endormir… et pourtant j’ai dévoré cet album. Alors non, tout n’est pas parfait. L’intrigue est cousue de fil blanc, les rebondissements ne surprennent pas vraiment, mais Anaïs Flogny semble disposer d’un talent précieux : celui de décrire avec sensibilité des personnages mélancoliques et torturés. Une première œuvre d’une grande maîtrise et une autrice très certainement à suivre.
Hellé Nice - Une vie en vitesse
Belle autant que déterminée, Hellé Nice aura croqué la vie autant que faire se peut. Tour à tour modèle, danseuse, effeuilleuse, pilote automobile ou aventurière, elle collectionne les maris et les amants, fait scandale, défie les hommes sur les circuits les plus dangereux. Ce personnage est tellement romanesque qu’il est difficile de croire qu’elle a réellement existé. Pourtant cet album est bel et bien un biopic ! L’auteur de celui-ci, l’Italien Giuseppe Manunta, a opté pour une biographie classique magnifiée par la qualité et la sensualité de son trait. Hellé Nice y est sublimée, les véhicules anciens sont magnifiquement reproduits. Enfin, les décors (et spécialement ceux de l’entre-deux-guerres) nous plongent dans l’époque évoquée. La colorisation est particulièrement réussie à mes yeux et apporte de la fraicheur et de la lumière à chaque page. Mais si l’esthétique de cet album m’a séduit (et c’est d’ailleurs celle-ci qui a décidé mon achat), son scénario m’aura bien moins convaincu. Biopic classique avec flash-forward en entrée puis retour chronologique sur les dates importantes de la vie d’Hellé Nice, cette structure est non seulement peu originale mais aussi peu adéquate dès l’instant où l’artiste a décidé de donner la priorité au trait plutôt qu’au texte. Ici les grandes illustrations s’enchainent et les séquences se résument à un très superficiel aperçu des événements que va traverser la pilote. Pire que tout, Giuseppe Manunta se permet des libertés avec la réalité dont je ne comprends pas le sens : une scène de baiser lesbien entre Hellé Nice et un personnage historique qui, dans la réalité, n’a jamais croisé sa route, ça sert à quoi ? De même, alors qu’il a été prouvé qu’un accident grave dans lequel elle a été impliquée a été causé par une botte de paille poussée sur le circuit par un spectateur, l’artiste décide d’illustrer ce passage… en ne dessinant aucune botte de paille, jetant la confusion dans les yeux du lecteur (Hellé Nice aurait-elle pris des risques inconsidérés ?) Ce sont certes des détails mais lorsque je lis un récit de ce genre, j’aime que l’auteur s’attache au maximum à la réalité historique. Certes, il peut la magnifier mais dans le cas présent j’ai un peu le sentiment qu’il trahit son personnage. Ceci n’enlève cependant rien au plaisir de découvrir Hellé Nice mais m’aura poussé à en savoir plus par d’autres biais que cet album (n’étant pas sûr de pouvoir m’y fier à 100%), et je trouve cela tout de même regrettable. Regrettables aussi, ces deux pages d’un concours photographique qui ressemblent plus à une publicité sans intérêt pour un studio de photographes (des amies de l’éditeur ?) qu’à autre chose et, surtout, n’apportent strictement rien d’utile à cet album. Malgré les nombreux défauts évoqués, je reste sur cette note de 3/5. D’une part parce que le dessin m’a vraiment bien plu. D’autre part, parce que cet album m’aura permis de découvrir un personnage haut en couleurs… Mais j’aurais vraiment adoré avoir un scénario à la hauteur du dessin.
Je ne suis pas là
Décidément, les éditions Tanibis ne tombent pas dans la facilité dans leurs choix éditoriaux, qui sortent de l’ordinaire. C’est ici la première publication en album d’une auteure canadienne anglophone – que je ne connais pas donc. Esthétiquement, c’est très réussi, même si le rendu, avec ce Noir et Blanc, avec des nuances de gris, très tranché, est assez froid. Avare de détails et de décors, le dessin est à l’image de la narration, parfois elliptique, poétique, sans lyrisme en tout cas. C’est par petites touches que l’histoire se développe, ce qui donne un peu une impression de « work in progress » permanent. Un peu comme l’héroïne, le lecteur est amené à faire confiance à des impressions, au hasard, à une certaine improvisation. Le récit est parfois étrange, illustrant une certaine incommunicabilité entre les êtres, et sur la mémoire que l’on garde d’eux. Une « histoire » un peu évanescente, faite de petits riens, peu de texte. Un album quelque peu déroutant, dont le principal intérêt – pour moi en tout cas – réside dans l’ambiance étrange, la fragilité qui s’en dégage.
Autopsie d'un dépressif
On pourrait lire le titre comme une « autopsy » d’un dépressif. Car nous suivons un personnage, effectivement dépressif, suicidaire mais velléitaire, qui procrastine, rumine, hésite, reporte le « grand saut », chaque digression offerte par les hasards de la vie ou les retours de lâcheté ou de lucidité le raccrochant à la vie (il se prend le chou sur les conséquences de son geste sur son proprio, sur ceux qui vont trouver son corps, etc.) – qui reste toujours aussi noire et merdique quand même. Et même lorsqu’il « franchit le pas », se laisse tomber dans le vide, son suicide est aussi raté que sa vie ! La narration est assez fluide, avec, comme toujours dans cette collection, une seule image par page. Le dessin est assez simple, centré sur le personnage (parfois plusieurs – en particulier un vieux type philosophe qui lui prend la tête à plusieurs reprises, un autre type presque aussi déprimé, en tout cas aussi déprimant), avec peu de décors (le format est tout petit de toute façon). La lecture n’est pas déplaisante, mais il y a quand même des longueurs, avec surtout des monologues, c’est parfois un peu lassant – même si sur la fin ça change un tout petit peu de registre. Note réelle 2,5/5.
Zoe Carrington
Avec cette nouvelle série, Jim explore le même concept que dans Une nuit à Rome et Héléna, à savoir l'obsession d'un adulte pour une femme qu'il a aimée dans sa jeunesse et qui revient bouleverser sa vie. Cela pourrait être lassant mais l'auteur assume son sujet et lui apporte des variantes. Cette fois, le héros n'est pas marié ni en couple et ne va donc pas briser sa vie de famille. Et s'il a bien vécu une histoire avec la belle lors de ses études à Londres, ils s'étaient séparés sur une note claire puisqu'elle était tombée amoureuse d'un autre homme et qu'elle allait passer sa vie avec lui. Cela n'empêche pas le héros et ses deux amis de l'époque de garder un tendre sentiment envers elle ainsi qu'envers les souvenirs de leur ancien séjour très mouvementé et festif dans la capitale anglaise. Alors quand elle les invite à revenir à Londres fêter les trente ans de son fameux amoureux, c'est l'occasion pour les trois larrons d'à la fois envisager une énorme fiesta sur place mais aussi de revoir celle qu'ils aiment toujours pas vraiment en secret. Comme souvent chez Jim, cette histoire sent un peu trop la mise en scène romantico-théatrale. Le beau héros qui n'a jamais pu se caser suite à son amour déçu dix ans plus tôt, la façon dont lui et ses deux amis orchestrent leur vie de manière fantasque, ce séjour complètement débauché qu'ils ont partagé à Londres durant leur jeunesse, et surtout tout ce qui tourne autour de cette fille... Celle-ci est trop parfaite : physiquement impeccable, drôle et fine, intellectuellement géniale puisque capable de gérer à la fois des études studieuses, une vie de néo-hippie et une succession de fêtes avec beaucoup d'alcool, de drogue et de sexe... et devenir plus tard un génie des affaires puisqu'elle réussira visiblement à vendre du vent à prix d'or. Et à côté de ça, elle séduit un jeune homme tout aussi beau, intelligent, extravagant et surtout ultra-riche. Trop facile la vie ! C'en serait très agaçant... si l'auteur n'avait finalement pas pris le parti de lui dévoiler une zone d'ombre en fin de premier tome. C'est ce retournement de situation, qui va être le moteur du second tome et qui fait l'intérêt de cette série, en plus du côté assez amusant de la relation entre le héros et ses deux amis. Bref, malgré un manque de réalisme alimenté par pas mal de facilités et d'ambiance jet-set, cette histoire n'est pas creuse et va finir par intriguer son lecteur.
Les Oiseaux ne se retournent pas
Esthétiquement, c’est vraiment réussi, très joli. Des pages aux bords décorés d’arabesques ou de motifs floraux, avec des oiseaux – réels ou stylisés – incarnant les migrations (et qui accompagnent l’héroïne durant tout son périple), le tout avec une omniprésence du Noir, sur lequel se détachent, parfois de petites touches de couleur (rouges, bleues), l’habillage est assez chouette. Au milieu de tout ça, un dessin simple et épuré, très lisible, avare de détails pour les décors, avec absence du gaufrier traditionnel. Un dessin d’aspect fragile, mais qui s’avère au final fort. Le récit joue aussi sur cette ambivalence. Le sujet des migrants clandestins, qui fuient la guerre est grave, mais il est ici traité avec des textes poétiques, des allégories parfois, autour d’une gamine, Amel, accompagnée par un ancien soldat joueur d’oud, qui fuit la guerre et son pays donc, en espérant rejoindre Paris. C’est un récit touchant, qui traite d’un sujet sensible et difficile de façon légère. Même si cette légèreté s’accompagne parfois d’un certain angélisme, de quelques facilités (Amel est quand bien dégourdie pour une gamine de 12 ans n’étant jamais sorti de sa région, et, en plus des oiseaux, des anges semblent veiller sur elle). Mais c’est une lecture plaisante. Et un album globalement réussi (et joli à regarder).