Difficile de ne pas ressentir une petite déception quand on découvre le Comic-Book après l'adaptation TV du roman, logiquement infiniment plus "condensée" dans son déroulement -et particulièrement soignée niveau réalisation et casting (première saison, en tous cas...). Mais le concept est vraiment intéressant et son exploitation relativement honnête, même si très partiale au héros, au détriment (parfois) des autres protagonistes. Ce choix limite un peu la connaissance que l'on acquière des autres personnages, tant notre ressenti est fortement coloré par celui de Ombre, témoin -rarement acteur- d'une lutte de pouvoir aux résonances mythologiques -et pour cause...
Cette version (coscénarisée avec P. Craig Russell) souffre d'un rythme un peu lent mais, surtout, est particulièrement alourdie par la narration : l'abondance de texte -extraits du roman ?!- encombre pas mal les cases sans vraiment aider à l'immersion dans le récit. Il me semble que, quitte à en traduire l'essence, Neil Gaiman aurait carrément pu laisser à son associé la complète maitrise de la transcription, tant ce dernier s'est révélé brillant dans ses précédents travaux d'adaptations diverses, où son talent pour la mise en page et l'ellipse permet à de parfaits ignares (dont je suis ! Shame !) de se frotter à Oscar Wilde ou Mishima, Mozart ou encore Wagner, tout en y prenant un plaisir aussi décomplexé qu'honnête tant sa virtuosité graphique est manifeste -si on aime son style "enluminé", bien entendu.
Ici, Scott Hampton fournit une prestation très figurative -à défaut d'être jolie- qui "soutient" le côté "réaliste" de l'histoire : travaillant beaucoup d'après photo, il offre aux héros une allure résolument banale, qui nous les rend très familiers. Malheureusement, ce procédé se fait au détriment de la partie Fantastique de l'histoire : confronté à cet univers, pourtant de démesure, on ne ressent d'émerveillement à aucun moment tant sa représentation graphique, simplifiée sans réelle stylisation, demeure aussi plate et rébarbative qu'un cliché du patelin du coin (la colorisation n'aide pas). Ni les décors, ni les êtres qui peuplent ces Terres de l'imaginaire ne bénéficient du moindre soucis esthétique (sinon les rares fois où Russell s'en mêle, et que la grâce de son trait n'est pas entièrement ruinée par l'encrage sous caféine de Simonson !). C'est assez regrettable car l'exercice y aurait vraiment gagné en intérêt, ne serait-ce qu'à la relecture. Mais il est vrai qu'une partie du lectorat semble avoir plébiscité le genre, ces dernières années ; et nombre de Comics ressemblent peu ou prou à des story-boards plus ou moins appliqués, avec des résultats très variés.
C'est malgré tout une lecture agréable (et historiquement riche !), et au ton très original ; et les nombreuses "digressions", un peu inégales dans leur exposition, demeurent de sacrés (!) détournements théologiques : la scène entre Salim et le Djinn (dessinée par Glen Fabry et Adam Brown ; mais je recommande la version "Live" !) est si juste de simplicité qu'elle balaye presque entièrement le doute sur la plausibilité du pitch originel.
Et si un auteur peut encore nous offrir du subversif tous publics via ce médium-là, alors je dis : "encore !".
Oui bon, un diptyque qui se lit facilement mais je n’en ferai pas toute une montagne.
J’étais curieux de découvrir Nicolas Malfin dans un autre style que la sf (golden city), d’autant qu’il assure ici lui même le scénario, mais je ne suis définitivement pas friand de l’auteur. Je reconnais à son trait une visibilité à toute épreuve mais je le trouve bien trop lisse et sage à mon goût. Je n’arrive pas à m’attacher à ses personnages qui m’apparaissent sans charisme.
Dommage car je le sens investi avec cette histoire, on sent que ça lui tient à coeur. L’action se passe à Saint Malo peu avant le débarquement des alliés, à travers différents personnages l’auteur rend un hommage aux résistants. On reconnaît également bien la ville et ses alentours.
Du coup, malgré un certain savoir faire dans la mise en page, je n’arrive pas à avoir d’émotions, même dans les moments de tension, ça glisse sur moi. Un petit pas mal seulement.
La première fois que j'ai écouté une chanson de Fréhel, c'était sur une cassette, oui! C'est en 1981 que Renaud avait enregistré : "Le petit bal du samedi soir et autres chansons réalistes". Fréhel était morte le 3 février 1951, il y a aujourd'hui même 73 ans. Et probablement à l'occasion du trentenaire de sa mort, Renaud avait eu l'idée de ressortir ce répertoire qui chante des vies de parisiennes de l'entre deux guerre. Je me rends compte que je n'avais que 8 ans, mais j'ai peut-être acheté plus tard la cassette d'occasion... Bref ça m'a donné envie d'écouter l'original et quand j'ai entendu la voix de Fréhel et ces histoires de prostituées qui "[prennent] de la coco", pour "troubler [leur] cerveau", ça m'a touché. Ces vies à la merci des hommes, défendues avec force par ce timbre sans artifice, plein d'ironie et de mordant : ça m'a donné la pêche pour devenir une femme moi aussi, avec moins d'emmerdement à la clef, me semblait-il.
Donc quand l’éditrice de Nada m'a "fait l'article" sur cet album, j'ai eu une petite curiosité. Bien m'en a pris, parce que j'ai retrouvé la voix et les chansons de la môme. On y voit toute sa vie dans un dessin aquarellé, joufflu et un peu délavé. Une petite fille qui est toujours à trainer dans Paris, sans surveillance, qui aime chanter et qu'on la regarde. Qui se fait embobiner par des profiteurs, qui emballe le public, qui fuit en Russie au moment de la 1ere guerre... Bref rien d'étonnant quand on a entendu ses chansons. On se rend compte qu'elle chantait sa vie, même si ce sont des hommes qui ont signé les paroles comme les musiques.
Il manque quelque chose à la BD pour être vraiment chouette, mais je ne sais pas le définir : du rêve, peut-être. On a l'impression qu'elle s'est toujours laissée porter par les évènements, ses rebuffades ne duraient pas, sans doute anesthésiées par la cocaïne, dans une sorte d'abandon qui semble démenti par sa voix forte et les paroles de ses chansons qui la montrent maline et combative. La scène a du être pour elle une bouée, un rêve devenu réalité.
Bref ce qui m'embête c'est qu'elle n'aie pas pu sortir de ses addictions qui comme souvent sont décuplées par les désespoirs successifs (perte d'enfant, jalousie, abandon, misère économique...) Comment raconter une histoire triste sans faire fuir les lecteurs ?
Vincent Sorel développe ici une histoire étrange.
Tout d’abord au départ, au vu du pitch, et de la couverture qui singe la tapisserie de la Reine Mathilde, j’ai pensé à un conte moyenâgeux. Mais en fait, même si rien ne date réellement ce récit, les vêtements des protagonistes semblent contemporains.
Toujours est-il que ça reste quand même fortement inspiré par une ambiance du haut moyen-âge, à l’époque où l’ours était le roi des animaux (voir le superbe livre que Michel Pastoureau lui a consacré), et que toutes sortes de pouvoirs lui étaient attribués, en particulier sexuels.
Ici, ça n’est pas un homme qui se revêt d’une peau d’ours, mais bien un ours qui, après l’avoir tué, revêt la peau et l’apparence d’un bûcheron, Barnabé, dont il usurpe ensuite l’identité, en passant quelque jour dans le village où vivait Barnabé.
On apprend peu à peu à connaître les habitants, et les nombreuses rancœurs qui les divisent. L’ours/Barnabé, toujours mutique, se révèle obsédé par le sexe, et couche avec toutes les femmes du village. Lorsque ça finit par se savoir, les cocus oublient leurs querelles et se jettent sur lui. L’ours a joué le rôle de révélateur des tensions, et son passage et son meurtre permettent de rétablir un certain ordre. En cela ce récit a de faux airs d’exempla, pour revenir sur la période médiévale.
Le récit est léger, la lecture agréable, avec quelques petites touches d’humour. Le dessin de Sorel (dont c’était je pense la première publication) est simple (peu ou pas de décors, parfois simplement des têtes sont dessinées) mais très lisible.
Une petite curiosité à emprunter à l’occasion.
Minecraft a été adapté de nombreuses fois en bandes dessinées sous format de séries aventures assez sympathiques tel que Frigiel et Fluffy ou Minecraft - La BD officielle, ou par des séries plus commerciales et moins travaillées mais pas déplaisantes pour des jeunes.
« Crafting » en est une de ses premières adaptations, mais elle a une particularité : elle est muette, aucun dialogue, juste des bruitages.
Si à l’époque cela m’avait rebuté, j’ai décidé de l’acheter cette année, et finalement cette BD devient presque un album de contemplation des actions et des expressions faciales très expressives de notre protagoniste.
Le dessin est loin d’être laid, l’auteur a sa patte artistique très cartoonesque, surtout au niveau du personnage qui est très expressif, y’a même un peu d’humour. Les décors sont tous cubiques et un peu plus simplistes.
Les actions s’enchaînent des fois un peu de manière brouillonne, surtout pour les non connaisseurs du jeu.
C’est vraiment sympathique, fait de bon cœur par un fan du jeu, mais malheureusement ça se finit par un « à suivre » et il n’y a jamais eu de tome 2, sûrement dû à un échec commercial, ce qui est étonnant au vu de la popularité de Minecraft.
Sympathique pour les fans, intriguant pour les non fans, l’absence de dialogues peut cela dit en repousser plus d’un.
Le cadre historique et géographique dans lequel baigne l’intrigue est très intéressant, et relativement original. En effet, on se situe en Irlande et en Angleterre (ou Bretagne), au Vème siècle, à l’heure où l’Empire romain s’effondre – et donc où le pouvoir politique et militaire se morcèle. Mais aussi à un moment où l’Église lutte contre les hérésies et cherche à affirmer un dogme stable, et un pouvoir fort, y compris sur les « marches » : cela passe ici par une lutte féroce contre les croyances idolâtres des druides.
Les deux personnages principaux que nous suivons sont justement liés à ces croyances, qu’ils cherchent à défendre, dans une quête de textes anciens, vers un « retour aux sources », alors que seigneurs bretons, mercenaires saxons et envoyés du pape se disputent le pouvoir.
La narration est plutôt agréable, même si Corbeyran ne lui donne pas assez de rythme je trouve (même si c'est un peu plus dynamique dans le deuxième tome). Certains points sont aussi difficiles à avaler (comme cette femme se faisant passer pour un homme – et un moine qui plus est ! – sans éveiller les soupçons). Mais j’ai quand même bien aimé cette lecture.
Et ce d’autant plus que le dessin et la colorisation de d’Ugo Pinson (dont ça semble être la seule incursion dans le monde de la BD, hélas !) sont vraiment très chouettes. Des visages et des personnages peut-être un peu trop statiques. Mais pour le reste, son trait est très beau, avec un rendu un peu brumeux qui sied parfaitement à l’ambiance et aux lieux.
Maintenant, le deuxième tome ayant paru il y a presque 7 ans, je crains fort que Soleil n’ait encore une série abandonnée de plus à son actif (passif ?). C’est dommage, car j’aurais bien voulu connaitre le fin mot de l’histoire – agréable à suivre au demeurant.
Les deux auteurs se retrouvent pour un album dans la lignée de Vider la corbeille. On y retrouve ici aussi une dénonciation au vitriol du cynisme mis en œuvre par les petits soldats de l’ultra libéralisme, ici des cadres spécialistes des « dégraissages » pour complaire aux actionnaires en mal de « retour sur investissement ».
Le propos est très louable, mais perd un peu en force du fait des choix effectués par Thirault. En effet, ses personnages et leurs actions sont trop poussés, trop caricaturaux. Ça existe évidemment – hélas ! – mais un peu plus de profondeur dans les personnalités, et de nuances, aurait sans doute rendu la démonstration plus incisive. Et les épisodes autour de la bonne polonaise et de ses liens avec le héros ne sont pas vraiment crédibles.
Le dessin de Gnaedig est très lisible. Mais je n’en suis pas vraiment fan, je le trouve un peu simpliste et lui aussi manque d’épaisseur.
Note réelle 2,5/5.
Un diptyque qui se laisse lire agréablement. L’ambiance de misère, voire de désespoir liée à la crise économique qui frappe les plus faibles de l’Amérique profonde au tournant des années 1929/1930, est ici bien rendue.
On pense forcément aux romans de Steinbeck. « Les raisins de la colère » bien sûr, mais aussi et surtout « Des souris et des hommes », avec le personnage de Milton, un géant un peu (beaucoup) benêt, qui ne semble pas maîtriser sa violence. Je pense même que les auteurs ont volontairement joué sur cette ressemblance pour l’aspect un peu « polar » de l’intrigue.
Même si les ressorts se laissent deviner à l’avance. J’ai juste eu du mal sur la fin avec le passage dans le train, quelque chose a sans doute dû m’échapper, la famille un temps séparée se retrouve en une case ?
Une intrigue assez noire, fataliste, avec ce zoom fait sur cette famille qui cumule misère et handicaps, et semble sombrer toujours plus bas dans la mouise – dès le départ, on n’imagine difficilement un happy-end. Plus que Milton, c’est le personnage de Billy qui est central, ambigu et malsain. Le regard que l’on porte sur lui évolue fortement en cours d’histoire en tout cas.
Une histoire noire mais très lisible, et très bien accompagnée par le dessin de Mael, même si ses visages, aux traits angulaires (un peu de Bézian ici) sont peut-être un peu trop « taillés à la serpe ».
Une lecture agréable en tout cas.
Yashiro Tenshû est condamné à mort pour avoir assassiné les hommes qui ont violé sa femme. En ce jour de 1993, il est l'heure de la sentence, mais des agents fédéraux viennent lui offrir la possibilité de continuer à vivre s'il accepte de suivre une expérience. Le désir de vivre est plus fort que tout, il accepte et il va se retrouver enfermé dans une pièce avec un autre homme dans la même situation que lui. Une expérience qui va explorer la nature humaine et mettre à mal nos deux cobayes en faisant apparaître une mystérieuse femme, elle aussi enfermée derrière un mur de verre. Elle se dit sorcière.
Un récit fantastique teinté de surnaturel avec une pointe d'horreur. Les personnages sont intéressants même si je ne m'y suis pas attaché.
A défaut d'être innovant, ce huis-clos est bien foutu et il a su me séduire jusqu'à la dernière page.
Le point fort de ce manga est incontestablement le dessin de Tsutomu Takahashi qui retranscrit à merveille l'ambiance poisseuse de l'intrigue. Un trait réaliste, précis et expressif auquel il faut ajouter une mise en page dynamique.
Pour les amateurs du genre.
Mise à jour suite à lecture du tome 2.
Le format manga est très pratique pour passer le temps en avion, cinq heures c'est long.
Une lecture qui a soufflé le chaud et le froid.
Raùl Treviño est plus connu pour son travail de coloriste chez Marvel, DC Comics .....
Il s'essaye pour la troisième fois au scénario et au dessin après "Tinkers of the Wasteland" et "The Dance of the Conquest".
Treviño est mexicain, il est installé au Japon où il a publié ce manga en ligne sur le site Webtoon.
Graphiquement on sent une influence manga, surtout dans les visages mais aussi une touche Comics dans la représentation des corps et dans le sens de lecture puisqu'on lit de gauche à droite.
Un beau noir et blanc juste agrémenté de rouge sur quelques cases. Un trait simple, lisible et efficace accompagné d'une mise en page aérée avec un fond noir quand le fantastique est présent.
Une belle surprise.
Sarah est une jeune fille bien dans sa vie, entre ses amis, ses études et son groupe de rock. Tout va pour le mieux jusqu'au jour où sa mère décède d'un cancer foudroyant. Elle n'arrive pas à faire son deuil. Les rumeurs qui circulent sur son voisin, il serait un vampire, vont lui donner une idée, celle de trouver la solution à la vie éternelle, pour ne plus jamais perdre un être aimé.
En parallèle, on va suivre une enquête sur un mystérieux incendie où un cadavre est découvert égorgé et exsangue.
Un scénario tiré par les cheveux, quelques éléments s'enchaînent de façon assez invraisemblables, surtout en début du premier tome pour planter l'intrigue. Hormis ce défaut, je dois avouer avoir passé un bon moment, la narration est alerte et les surprises sont bien amenées. Un deuxième tome qui explore de nouvelles frontières avec le coma de Sarah. Des personnages intriguants et du suspense, rien d'extraordinaire mais agréable à lire.
Une curiosité.
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American Gods
Difficile de ne pas ressentir une petite déception quand on découvre le Comic-Book après l'adaptation TV du roman, logiquement infiniment plus "condensée" dans son déroulement -et particulièrement soignée niveau réalisation et casting (première saison, en tous cas...). Mais le concept est vraiment intéressant et son exploitation relativement honnête, même si très partiale au héros, au détriment (parfois) des autres protagonistes. Ce choix limite un peu la connaissance que l'on acquière des autres personnages, tant notre ressenti est fortement coloré par celui de Ombre, témoin -rarement acteur- d'une lutte de pouvoir aux résonances mythologiques -et pour cause... Cette version (coscénarisée avec P. Craig Russell) souffre d'un rythme un peu lent mais, surtout, est particulièrement alourdie par la narration : l'abondance de texte -extraits du roman ?!- encombre pas mal les cases sans vraiment aider à l'immersion dans le récit. Il me semble que, quitte à en traduire l'essence, Neil Gaiman aurait carrément pu laisser à son associé la complète maitrise de la transcription, tant ce dernier s'est révélé brillant dans ses précédents travaux d'adaptations diverses, où son talent pour la mise en page et l'ellipse permet à de parfaits ignares (dont je suis ! Shame !) de se frotter à Oscar Wilde ou Mishima, Mozart ou encore Wagner, tout en y prenant un plaisir aussi décomplexé qu'honnête tant sa virtuosité graphique est manifeste -si on aime son style "enluminé", bien entendu. Ici, Scott Hampton fournit une prestation très figurative -à défaut d'être jolie- qui "soutient" le côté "réaliste" de l'histoire : travaillant beaucoup d'après photo, il offre aux héros une allure résolument banale, qui nous les rend très familiers. Malheureusement, ce procédé se fait au détriment de la partie Fantastique de l'histoire : confronté à cet univers, pourtant de démesure, on ne ressent d'émerveillement à aucun moment tant sa représentation graphique, simplifiée sans réelle stylisation, demeure aussi plate et rébarbative qu'un cliché du patelin du coin (la colorisation n'aide pas). Ni les décors, ni les êtres qui peuplent ces Terres de l'imaginaire ne bénéficient du moindre soucis esthétique (sinon les rares fois où Russell s'en mêle, et que la grâce de son trait n'est pas entièrement ruinée par l'encrage sous caféine de Simonson !). C'est assez regrettable car l'exercice y aurait vraiment gagné en intérêt, ne serait-ce qu'à la relecture. Mais il est vrai qu'une partie du lectorat semble avoir plébiscité le genre, ces dernières années ; et nombre de Comics ressemblent peu ou prou à des story-boards plus ou moins appliqués, avec des résultats très variés. C'est malgré tout une lecture agréable (et historiquement riche !), et au ton très original ; et les nombreuses "digressions", un peu inégales dans leur exposition, demeurent de sacrés (!) détournements théologiques : la scène entre Salim et le Djinn (dessinée par Glen Fabry et Adam Brown ; mais je recommande la version "Live" !) est si juste de simplicité qu'elle balaye presque entièrement le doute sur la plausibilité du pitch originel. Et si un auteur peut encore nous offrir du subversif tous publics via ce médium-là, alors je dis : "encore !".
Cézembre
Oui bon, un diptyque qui se lit facilement mais je n’en ferai pas toute une montagne. J’étais curieux de découvrir Nicolas Malfin dans un autre style que la sf (golden city), d’autant qu’il assure ici lui même le scénario, mais je ne suis définitivement pas friand de l’auteur. Je reconnais à son trait une visibilité à toute épreuve mais je le trouve bien trop lisse et sage à mon goût. Je n’arrive pas à m’attacher à ses personnages qui m’apparaissent sans charisme. Dommage car je le sens investi avec cette histoire, on sent que ça lui tient à coeur. L’action se passe à Saint Malo peu avant le débarquement des alliés, à travers différents personnages l’auteur rend un hommage aux résistants. On reconnaît également bien la ville et ses alentours. Du coup, malgré un certain savoir faire dans la mise en page, je n’arrive pas à avoir d’émotions, même dans les moments de tension, ça glisse sur moi. Un petit pas mal seulement.
Fréhel
La première fois que j'ai écouté une chanson de Fréhel, c'était sur une cassette, oui! C'est en 1981 que Renaud avait enregistré : "Le petit bal du samedi soir et autres chansons réalistes". Fréhel était morte le 3 février 1951, il y a aujourd'hui même 73 ans. Et probablement à l'occasion du trentenaire de sa mort, Renaud avait eu l'idée de ressortir ce répertoire qui chante des vies de parisiennes de l'entre deux guerre. Je me rends compte que je n'avais que 8 ans, mais j'ai peut-être acheté plus tard la cassette d'occasion... Bref ça m'a donné envie d'écouter l'original et quand j'ai entendu la voix de Fréhel et ces histoires de prostituées qui "[prennent] de la coco", pour "troubler [leur] cerveau", ça m'a touché. Ces vies à la merci des hommes, défendues avec force par ce timbre sans artifice, plein d'ironie et de mordant : ça m'a donné la pêche pour devenir une femme moi aussi, avec moins d'emmerdement à la clef, me semblait-il. Donc quand l’éditrice de Nada m'a "fait l'article" sur cet album, j'ai eu une petite curiosité. Bien m'en a pris, parce que j'ai retrouvé la voix et les chansons de la môme. On y voit toute sa vie dans un dessin aquarellé, joufflu et un peu délavé. Une petite fille qui est toujours à trainer dans Paris, sans surveillance, qui aime chanter et qu'on la regarde. Qui se fait embobiner par des profiteurs, qui emballe le public, qui fuit en Russie au moment de la 1ere guerre... Bref rien d'étonnant quand on a entendu ses chansons. On se rend compte qu'elle chantait sa vie, même si ce sont des hommes qui ont signé les paroles comme les musiques. Il manque quelque chose à la BD pour être vraiment chouette, mais je ne sais pas le définir : du rêve, peut-être. On a l'impression qu'elle s'est toujours laissée porter par les évènements, ses rebuffades ne duraient pas, sans doute anesthésiées par la cocaïne, dans une sorte d'abandon qui semble démenti par sa voix forte et les paroles de ses chansons qui la montrent maline et combative. La scène a du être pour elle une bouée, un rêve devenu réalité. Bref ce qui m'embête c'est qu'elle n'aie pas pu sortir de ses addictions qui comme souvent sont décuplées par les désespoirs successifs (perte d'enfant, jalousie, abandon, misère économique...) Comment raconter une histoire triste sans faire fuir les lecteurs ?
L'Ours
Vincent Sorel développe ici une histoire étrange. Tout d’abord au départ, au vu du pitch, et de la couverture qui singe la tapisserie de la Reine Mathilde, j’ai pensé à un conte moyenâgeux. Mais en fait, même si rien ne date réellement ce récit, les vêtements des protagonistes semblent contemporains. Toujours est-il que ça reste quand même fortement inspiré par une ambiance du haut moyen-âge, à l’époque où l’ours était le roi des animaux (voir le superbe livre que Michel Pastoureau lui a consacré), et que toutes sortes de pouvoirs lui étaient attribués, en particulier sexuels. Ici, ça n’est pas un homme qui se revêt d’une peau d’ours, mais bien un ours qui, après l’avoir tué, revêt la peau et l’apparence d’un bûcheron, Barnabé, dont il usurpe ensuite l’identité, en passant quelque jour dans le village où vivait Barnabé. On apprend peu à peu à connaître les habitants, et les nombreuses rancœurs qui les divisent. L’ours/Barnabé, toujours mutique, se révèle obsédé par le sexe, et couche avec toutes les femmes du village. Lorsque ça finit par se savoir, les cocus oublient leurs querelles et se jettent sur lui. L’ours a joué le rôle de révélateur des tensions, et son passage et son meurtre permettent de rétablir un certain ordre. En cela ce récit a de faux airs d’exempla, pour revenir sur la période médiévale. Le récit est léger, la lecture agréable, avec quelques petites touches d’humour. Le dessin de Sorel (dont c’était je pense la première publication) est simple (peu ou pas de décors, parfois simplement des têtes sont dessinées) mais très lisible. Une petite curiosité à emprunter à l’occasion.
Crafting
Minecraft a été adapté de nombreuses fois en bandes dessinées sous format de séries aventures assez sympathiques tel que Frigiel et Fluffy ou Minecraft - La BD officielle, ou par des séries plus commerciales et moins travaillées mais pas déplaisantes pour des jeunes. « Crafting » en est une de ses premières adaptations, mais elle a une particularité : elle est muette, aucun dialogue, juste des bruitages. Si à l’époque cela m’avait rebuté, j’ai décidé de l’acheter cette année, et finalement cette BD devient presque un album de contemplation des actions et des expressions faciales très expressives de notre protagoniste. Le dessin est loin d’être laid, l’auteur a sa patte artistique très cartoonesque, surtout au niveau du personnage qui est très expressif, y’a même un peu d’humour. Les décors sont tous cubiques et un peu plus simplistes. Les actions s’enchaînent des fois un peu de manière brouillonne, surtout pour les non connaisseurs du jeu. C’est vraiment sympathique, fait de bon cœur par un fan du jeu, mais malheureusement ça se finit par un « à suivre » et il n’y a jamais eu de tome 2, sûrement dû à un échec commercial, ce qui est étonnant au vu de la popularité de Minecraft. Sympathique pour les fans, intriguant pour les non fans, l’absence de dialogues peut cela dit en repousser plus d’un.
Stonehenge
Le cadre historique et géographique dans lequel baigne l’intrigue est très intéressant, et relativement original. En effet, on se situe en Irlande et en Angleterre (ou Bretagne), au Vème siècle, à l’heure où l’Empire romain s’effondre – et donc où le pouvoir politique et militaire se morcèle. Mais aussi à un moment où l’Église lutte contre les hérésies et cherche à affirmer un dogme stable, et un pouvoir fort, y compris sur les « marches » : cela passe ici par une lutte féroce contre les croyances idolâtres des druides. Les deux personnages principaux que nous suivons sont justement liés à ces croyances, qu’ils cherchent à défendre, dans une quête de textes anciens, vers un « retour aux sources », alors que seigneurs bretons, mercenaires saxons et envoyés du pape se disputent le pouvoir. La narration est plutôt agréable, même si Corbeyran ne lui donne pas assez de rythme je trouve (même si c'est un peu plus dynamique dans le deuxième tome). Certains points sont aussi difficiles à avaler (comme cette femme se faisant passer pour un homme – et un moine qui plus est ! – sans éveiller les soupçons). Mais j’ai quand même bien aimé cette lecture. Et ce d’autant plus que le dessin et la colorisation de d’Ugo Pinson (dont ça semble être la seule incursion dans le monde de la BD, hélas !) sont vraiment très chouettes. Des visages et des personnages peut-être un peu trop statiques. Mais pour le reste, son trait est très beau, avec un rendu un peu brumeux qui sied parfaitement à l’ambiance et aux lieux. Maintenant, le deuxième tome ayant paru il y a presque 7 ans, je crains fort que Soleil n’ait encore une série abandonnée de plus à son actif (passif ?). C’est dommage, car j’aurais bien voulu connaitre le fin mot de l’histoire – agréable à suivre au demeurant.
Une épaisse couche de sentiments
Les deux auteurs se retrouvent pour un album dans la lignée de Vider la corbeille. On y retrouve ici aussi une dénonciation au vitriol du cynisme mis en œuvre par les petits soldats de l’ultra libéralisme, ici des cadres spécialistes des « dégraissages » pour complaire aux actionnaires en mal de « retour sur investissement ». Le propos est très louable, mais perd un peu en force du fait des choix effectués par Thirault. En effet, ses personnages et leurs actions sont trop poussés, trop caricaturaux. Ça existe évidemment – hélas ! – mais un peu plus de profondeur dans les personnalités, et de nuances, aurait sans doute rendu la démonstration plus incisive. Et les épisodes autour de la bonne polonaise et de ses liens avec le héros ne sont pas vraiment crédibles. Le dessin de Gnaedig est très lisible. Mais je n’en suis pas vraiment fan, je le trouve un peu simpliste et lui aussi manque d’épaisseur. Note réelle 2,5/5.
Les Rêves de Milton
Un diptyque qui se laisse lire agréablement. L’ambiance de misère, voire de désespoir liée à la crise économique qui frappe les plus faibles de l’Amérique profonde au tournant des années 1929/1930, est ici bien rendue. On pense forcément aux romans de Steinbeck. « Les raisins de la colère » bien sûr, mais aussi et surtout « Des souris et des hommes », avec le personnage de Milton, un géant un peu (beaucoup) benêt, qui ne semble pas maîtriser sa violence. Je pense même que les auteurs ont volontairement joué sur cette ressemblance pour l’aspect un peu « polar » de l’intrigue. Même si les ressorts se laissent deviner à l’avance. J’ai juste eu du mal sur la fin avec le passage dans le train, quelque chose a sans doute dû m’échapper, la famille un temps séparée se retrouve en une case ? Une intrigue assez noire, fataliste, avec ce zoom fait sur cette famille qui cumule misère et handicaps, et semble sombrer toujours plus bas dans la mouise – dès le départ, on n’imagine difficilement un happy-end. Plus que Milton, c’est le personnage de Billy qui est central, ambigu et malsain. Le regard que l’on porte sur lui évolue fortement en cours d’histoire en tout cas. Une histoire noire mais très lisible, et très bien accompagnée par le dessin de Mael, même si ses visages, aux traits angulaires (un peu de Bézian ici) sont peut-être un peu trop « taillés à la serpe ». Une lecture agréable en tout cas.
Alive
Yashiro Tenshû est condamné à mort pour avoir assassiné les hommes qui ont violé sa femme. En ce jour de 1993, il est l'heure de la sentence, mais des agents fédéraux viennent lui offrir la possibilité de continuer à vivre s'il accepte de suivre une expérience. Le désir de vivre est plus fort que tout, il accepte et il va se retrouver enfermé dans une pièce avec un autre homme dans la même situation que lui. Une expérience qui va explorer la nature humaine et mettre à mal nos deux cobayes en faisant apparaître une mystérieuse femme, elle aussi enfermée derrière un mur de verre. Elle se dit sorcière. Un récit fantastique teinté de surnaturel avec une pointe d'horreur. Les personnages sont intéressants même si je ne m'y suis pas attaché. A défaut d'être innovant, ce huis-clos est bien foutu et il a su me séduire jusqu'à la dernière page. Le point fort de ce manga est incontestablement le dessin de Tsutomu Takahashi qui retranscrit à merveille l'ambiance poisseuse de l'intrigue. Un trait réaliste, précis et expressif auquel il faut ajouter une mise en page dynamique. Pour les amateurs du genre.
Live forever
Mise à jour suite à lecture du tome 2. Le format manga est très pratique pour passer le temps en avion, cinq heures c'est long. Une lecture qui a soufflé le chaud et le froid. Raùl Treviño est plus connu pour son travail de coloriste chez Marvel, DC Comics ..... Il s'essaye pour la troisième fois au scénario et au dessin après "Tinkers of the Wasteland" et "The Dance of the Conquest". Treviño est mexicain, il est installé au Japon où il a publié ce manga en ligne sur le site Webtoon. Graphiquement on sent une influence manga, surtout dans les visages mais aussi une touche Comics dans la représentation des corps et dans le sens de lecture puisqu'on lit de gauche à droite. Un beau noir et blanc juste agrémenté de rouge sur quelques cases. Un trait simple, lisible et efficace accompagné d'une mise en page aérée avec un fond noir quand le fantastique est présent. Une belle surprise. Sarah est une jeune fille bien dans sa vie, entre ses amis, ses études et son groupe de rock. Tout va pour le mieux jusqu'au jour où sa mère décède d'un cancer foudroyant. Elle n'arrive pas à faire son deuil. Les rumeurs qui circulent sur son voisin, il serait un vampire, vont lui donner une idée, celle de trouver la solution à la vie éternelle, pour ne plus jamais perdre un être aimé. En parallèle, on va suivre une enquête sur un mystérieux incendie où un cadavre est découvert égorgé et exsangue. Un scénario tiré par les cheveux, quelques éléments s'enchaînent de façon assez invraisemblables, surtout en début du premier tome pour planter l'intrigue. Hormis ce défaut, je dois avouer avoir passé un bon moment, la narration est alerte et les surprises sont bien amenées. Un deuxième tome qui explore de nouvelles frontières avec le coma de Sarah. Des personnages intriguants et du suspense, rien d'extraordinaire mais agréable à lire. Une curiosité.