2.5
Un recueil qui m’intéressait parce que je n'avais jamais rien vu de cette autrice et qu'en matière de manga d'horreur j'avais surtout lu des auteurs masculins. J'avais envie de voir un point de vue féminin sur le genre, surtout que les histoires d'horreur ont souvent comme audience au Japon les filles, aussi étrange que cela puisse paraitre pour un lecteur occidental.
Ce sont des histoires courtes de qualité variable, avec des histoires qui marchent et d'autres non. Il y a aussi parfois une touche humoristique macabre. La plupart des histoires mettent en scènes des adolescentes et il y a souvent une dénonciation de la cruauté de la société japonaise et de l'adolescence, notamment le culte de la beauté et des apparences ainsi que le harcèlement scolaire. La plupart des histoires ne sont pas mauvaises, mais au mieux cela ne va pas plus loin que le correct sans plus. Je pense qu'il n'y a que deux histoires qui m'ont un peu marqué et c'est tout.
Le dessin est vraiment rétro et si je me fie à mes recherches sur internet, ce recueil date des années 90, alors que le dessin semble venir des années 70. En tout cas, j'aime bien ce côté vieillot, mais les lecteurs habitués aux styles modernes risquent de trouver cela moche.
C'est une histoire d'amour de jeunesse assez classique, centrée sur des personnages se découvrant et s'affirmant, le tout dans une ambiance mi-sérieuse mi-loufoque, si ce n'est qu'ici il est question de vol.
De vol ? Oui, de vol, car Ella a volé sous l'emprise de l'alcool les affaires de la fille qu'elle aime... affaires que cette-même fille avait justement volées à plein d'autres personnes !
Là où des jeunes couples classiques choisiraient les sorties cinés et les balades au parc comme premiers rendez-vous, Ella et Madeleine ont plutôt opté pour des missions d'infiltration dans les fêtes lycéennes afin de restituer discrètement tous les objets précédemment volés.
Ça sonne amusant, hein ?
En vrai, ça l'est, mais c'est malheureusement très convenu. Les personnages et leur évolution sont simples mais pas dénués d'intérêt, pourtant l'exécution m'a paru trop sage, trop attendue.
Le dessin est convenable (j'ai plus apprécié le travail de colorisation et quelque fois de mise en page), le propos de l'histoire simple mais touchant, les personnages sont un peu trop "foufous" dans leurs expressions à mon goût mais le trait est tout de même vif, l'histoire se laisse lire sans déplaisir, ...
C'est du bon, j'aurais juste pu m'attendre à quelque chose de "plus" avec cette prémisse.
Je suivrai tout de même les prochaines créations de l'autrice, il y a un très bon potentiel là-dedans.
On a là une adaptation très fidèle au texte d’origine de Mary Shelley, Marion Mousse ne s’est pas écarté d’une histoire très connue. Pas de surprise donc, mais un travail honnête.
Elle a pris le temps avec trois tomes, d’installer le malaise, et le malheur de Victor Frankenstein, avec une narration classique et globalement fluide.
Son dessin au trait gras, avec une colorisation très sombre, n’est pas forcément ma tasse de thé (ça manque pas mal de détails quand même), mais ça passe très bien, et la lecture est agréable.
Par contre, ayant lu récemment la version de Georges Bess, celle de Marion Mousse souffre quand même de la comparaison. Si les deux suivent la trame d’origine sans s’en écarter, le dessin de Bess ajoute une réelle plus-value, tandis que celui de Mousse montre moins de force.
Une adaptation honnête sans plus.
C’est une série qui est un peu dans le même esprit que le roman « La guerre du feu » de Rosny aîné, avec une reconstitution relativement crédible d’un univers préhistorique, et une longue quête menée par le héros (ici ça n’est pas le secret du feu, mais celui d’un matériau solide pour les lames de lance qui est l’objet de cette quête).
La narration alterne passages muets et quasi méditatifs, ouvrant de lointains horizons et des savanes ou des sous-bois remplis d’une faune abondante, et d’autres beaucoup plus verbeux. Ce sont ces derniers passages qui m’ont un peu gêné. Non pas par leur abondance en tant que telle. Mais c’est surtout que je m’imaginais les échanges entre Néandertaliens plus économes de mots, je ne suis pas sûr que le langage se soit déjà suffisamment développé pour qu’il puisse donner lieu à de tels échanges – en termes de densité et en termes de niveau de langage. Je ne suis pas non plus sûr que toutes les tribus parlent forcément le même langage.
Mais bon, ce sont des remarques mineures, qui n’empêchent pas d’apprécier ce récit. Le dessin est agréable, et fait la part belle aux étendues immenses sur lesquelles quelques rares groupes se battent pour survivre. Là aussi la reconstitution semble réaliste, même si j’ai moins été convaincu par la tribu des Hommes-Flammes et leur peau rougeâtre, comme recouverte de terre cuite ou de glaise, de façon beaucoup trop uniforme. Mais le trait gras, pas forcément très léché de Roudier convient très bien aux personnages.
Le lecteur doit accepter quelques facilités scénaristiques (et des happy-end sur la fin avec constitution express de couples un peu guimauve), mais globalement ces aventures préhistoriques se laissent lire agréablement.
J'ai fini par lâcher l'affaire. Cette bafouille concerne les 7 tomes de la Perfect Edition que j'ai lus.
L'histoire : D'anciens camarades de classe découvrent que La secte d'Ami planifie des actions terroristes d'après un "cahier de prédictions" qu'ils avaient imaginé quand ils étaient enfants. Ils se lancent dans une croisade contre cette étrange organisation.
On devine assez vite qu'Urasawa ne retombera pas sur ses pieds avec un postulat aussi improbable.
Mais j'espérais quand même plus de cohérence.
Dans un premier temps, cette bande de potes attachante m'a aidé à passer outre la narration très morcelée - on change sans arrêt d'époque et de protagoniste.
Sans être époustouflant, le dessin réserve régulièrement de jolies surprises. Les personnages sont assez différenciés physiquement et en terme de caractère. J'ai une préférence pour Kenji, Yukiji et Kyoko. Il y a des passages touchants au sein du groupe. D'autres liés à la secte génèrent un certain malaise. Mais tout est assez diffus. Pendant un moment, je me suis satisfait d'être payé en monnaie de singe (pour reprendre l'expression de Fanfan).
Mais sur le long terme, la frustration s'est installée.
Il y a tellement d'arcs narratifs en suspens qu'on pourrait en ouvrir un stand de tir.
Et du remplissage...
2.5
Je suis plutôt mitigé face à cette série allemande.
Basé sur des faits autobiographiques, l'auteur raconte l'histoire d'un homme qui redécouvre la vie de son père qui vient de mourir et qui l'avait abandonné 30 ans avant. On voit donc la vie de ce père loser alcoolique et homme à femmes et il semblerait bien que son fils soit en train de suivre la même voie autodestructrice. Le premier tome est pas mal et pose bien les bases du récit, c'est surtout le second tome qui m'a donné une mauvaise impression. La vie de déchéance du père commence au bout d'un moment à tourner en rond et il y a des longueurs. Dans le dernier tiers, il se passe enfin des événements qui ont retenu un peu mon attention et on fait en sorte que je ne me suis pas totalement ennuyé, mais il y a quand même une bonne partie de l'album qui m'a semblé avoir peu d'intérêt. En tout cas, je ne suis pas pressé de lire la suite.
Le dessin est correct.
La série ayant été abandonnée, je n’ai lu que le premier diptyque. Qui propose une lecture sympathique.
Il y a peu j’ai lu les premiers tomes de la série Moon (Anspach), qui se développe sur un canevas très proche : une organisation envoie dans le passé des agents pour lutter contre ceux qui pourraient être à l’origine d’uchronies dévastatrices pour le présent. C’est exactement le cas avec ces « Brigades du temps » (et c’est mieux fait et plus intéressant que dans « Moon »).
Plusieurs bonnes idées pour dynamiser la série. D’abord, suite du point de départ, la possibilité de voyager dans le temps, et de visiter le passé – ici la rencontre entre Européens et Amérindiens – Aztèques en l’occurrence (les auteurs nous présentent plusieurs aspects de leur culture, du jeu de balle – sans en respecter les règles d’ailleurs – aux sacrifices, en passant par la guerre fleurie).
Ensuite la personnalité des deux agents envoyés pour « rectifier » l’uchronie (Colomb ayant été tué dès son premier voyage, il faut à tout prix que les Espagnols « découvrent » l’Amérique pour ne pas trop changer le futur/présent).
Eh bien on a ici l’inévitable mais plutôt réussi duo mal assorti cher à Francis Veber : Montcalm un bizuth, premier de la classe malingre tout juste sorti du centre de formation (et qui porte plutôt bien son nom) et un vieux balèze bourru et rétif au respect des règles (qui répond au nom évocateur de Kallaghan). Cet assortiment hétéroclite amène immanquablement quelques saillies drolatiques, des dialogues amusants. L’humour est d’ailleurs assez présent : jamais hilarant ni très noir, mais efficace (jeux de mots, allusions à des pubs ou d’autres BD) pour faire passer ces aventures improbables, et un texte parfois très abondant.
Ils ont donc du boulot, puisque ce sont les Aztèques qui projettent d’envahir l’Europe (comme Mangin l’avait en partie imaginé dans Luxley, ou comme Laurent Binet dans son intéressant roman « Civilizations »). Tout commence à se décaler dans le futur, des personnes disparaissent (leur « destin » ayant été modifié).
Le côté aventure historique est globalement bien fichu (l’aspect SF s’y mêle plutôt bien), et les dialogues souvent amusants dynamisent le récit. Une série presque tout public qui procure une lecture détente agréable.
Note réelle 3,5/5.
J’ai lu la série dans l’intégrale, que j’avais empruntée un peu au hasard. Ma lecture n’a pas forcément été enthousiasmante (note réelle 2,5/5), mais j’arrondis au supérieur au vu du public visé, très jeune. Car ça ne passe pas trop la barrière de l’âge (en tout cas pour le vieux schnock que je suis).
Le dessin assez informatisé n’est pas ma tasse de thé et la colorisation manque de nuance. Mais ça reste très lisible et expressif, et détails et décors ne sont pas sacrifiés.
Quant aux histoires (une par tome), ça peut se laisser lire, mais ça part un peu dans tous les sens, en jouant sur du fantastique plus ou moins marqué. J’ai été surpris de voir que le rôle assigné à François dans le premier tome (une sorte de grand gourou des lettres) est abandonné sans explication par la suite. C’est un peu brutal.
Alors, certes, notre garçon déborde d’imagination – et cela peut plaire au jeune lectorat. Et Zabus n’hésite pas à aborder un sujet sensible pour les plus jeunes, à savoir le divorce (c’est le cas des parents de François – un divorce à l’amiable cela dit, malgré les nombreuses disputes).
Disons que les histoires, une fois entré dans l’univers de François, manquent un peu d’originalité pour un lecteur adulte. Sans doute que disséminées dans le magazine Spirou cela passait-il mieux.
Cela fait plusieurs ouvrages des mêmes auteur/autrice que je lis avec le même ressenti mitigé. Pourtant on ne peut pas reprocher de répéter la même thématique. Le sujet est original en centrant l'intrigue autour de la révolution architecturale qu'a représenté l'apparition du gothique. Le Galli replace au moyen-âge l'éternelle querelle entre les modernes et les anciens. C'est bien documenté sans être scolaire avec juste un bon aperçu des arguments portés par les deux parties. L'auteur étoffe son scénario de deux sujets brûlants pour l'époque: la dissection des corps en vue d'études anatomiques et la coexistence de rites païens dans un royaume qui se christianise à marche forcée. L'intrigue sert de prétexte pour développer ces thématiques. D'ailleurs le rythme est assez lent avec Margot héroïne plus intellectuelle qu'aventurière ce qui crédibilise assez son personnage. La narration reste fluide avec un niveau de dialogue bon ce qui ouvrirait le récit à un large public si il n'y avait pas ces scènes impressionnantes de corps suppliciés.
C'est le paradoxe du dessin de Marie Jaffredo qui semble dirigé vers un public ado assez jeune. L'ambiance moyenâgeuse et la description du chantier sont vraiment bonnes même pour des enfants. Toutefois la description assez détaillée des cadavres suppliciés rend la lecture problématique pour un lectorat trop jeune. C'est dommage.
Cela reste une lecture agréable et dépaysante.
L'univers Absolute de DC Comics revisite les super-héros bien connus en leur offrant de nouvelles origines, plus sombres et plus ancrées dans le réel. Dans cette version, Superman n'a pas quitté Krypton bébé, mais bien plus tard, après avoir combattu le régime autoritaire de sa planète aux côtés de ses parents. Il fuit une planète en ruines, traumatisé par la mort des siens et la destruction de son monde. Accueilli brièvement par les Kent, il erre ensuite sur Terre sans véritable but, intervenant çà et là pour défendre les opprimés, sans être certain d'avoir trouvé sa voie.
Dans ce monde dominé par une mégacorporation oppressive qui détient sa propre armée, Superman découvre que ses ennemis sont dirigés dans l'ombre par Brainiac et Ra's al Ghul. Lois Lane, initialement mercenaire à la solde de cette entreprise, se trouve fascinée par le héros et par l'écriture.
L'ensemble est une relecture sombre et adulte de la légende. Le dessin, impressionnant et très pro, repose sur une esthétique marquée par la présence constante d'une cape rouge constituée de poussière intelligente, reliée à Kal-El, qui enveloppe parfois entièrement les planches dans une sorte de brouillard visuel. Cela produit un effet fort mais parfois déroutant. Comme Lois le souligne, on peut également s'interroger sur la nécessité d'un tel costume pour un héros aussi puissant.
Ce Superman s'écarte fortement de l'original. S'il en conserve les éléments clés (Krypton, les Kent, le symbole et le costume, Lois), sa personnalité tourmentée et incertaine donne l'impression d'un tout autre personnage. Même l'étendue de ses pouvoirs semble floue : on le voit, par exemple, peiner face à un gros bracelet de menottes. Je ne l'ai pas trouvé particulièrement charismatique. Les adversaires, qu'ils soient sur Krypton ou sur Terre, manquent eux aussi de nuances, avec un fond scénaristique trop manichéen et globalement assez plat. Le discours de fonds anticapitaliste et antifasciste est simpliste et lourdement assené.
Malgré ces réserves, la qualité graphique et le potentiel de cette réinvention maintiennent l'intérêt. Je ne suis pas entièrement convaincu, mais suffisamment intrigué pour vouloir découvrir jusqu'où cette version du mythe ira, et si d'autres super-héros revisités de cet univers Absolute croiseront bientôt sa route.
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La Maison des Horreurs
2.5 Un recueil qui m’intéressait parce que je n'avais jamais rien vu de cette autrice et qu'en matière de manga d'horreur j'avais surtout lu des auteurs masculins. J'avais envie de voir un point de vue féminin sur le genre, surtout que les histoires d'horreur ont souvent comme audience au Japon les filles, aussi étrange que cela puisse paraitre pour un lecteur occidental. Ce sont des histoires courtes de qualité variable, avec des histoires qui marchent et d'autres non. Il y a aussi parfois une touche humoristique macabre. La plupart des histoires mettent en scènes des adolescentes et il y a souvent une dénonciation de la cruauté de la société japonaise et de l'adolescence, notamment le culte de la beauté et des apparences ainsi que le harcèlement scolaire. La plupart des histoires ne sont pas mauvaises, mais au mieux cela ne va pas plus loin que le correct sans plus. Je pense qu'il n'y a que deux histoires qui m'ont un peu marqué et c'est tout. Le dessin est vraiment rétro et si je me fie à mes recherches sur internet, ce recueil date des années 90, alors que le dessin semble venir des années 70. En tout cas, j'aime bien ce côté vieillot, mais les lecteurs habitués aux styles modernes risquent de trouver cela moche.
Voleuse
C'est une histoire d'amour de jeunesse assez classique, centrée sur des personnages se découvrant et s'affirmant, le tout dans une ambiance mi-sérieuse mi-loufoque, si ce n'est qu'ici il est question de vol. De vol ? Oui, de vol, car Ella a volé sous l'emprise de l'alcool les affaires de la fille qu'elle aime... affaires que cette-même fille avait justement volées à plein d'autres personnes ! Là où des jeunes couples classiques choisiraient les sorties cinés et les balades au parc comme premiers rendez-vous, Ella et Madeleine ont plutôt opté pour des missions d'infiltration dans les fêtes lycéennes afin de restituer discrètement tous les objets précédemment volés. Ça sonne amusant, hein ? En vrai, ça l'est, mais c'est malheureusement très convenu. Les personnages et leur évolution sont simples mais pas dénués d'intérêt, pourtant l'exécution m'a paru trop sage, trop attendue. Le dessin est convenable (j'ai plus apprécié le travail de colorisation et quelque fois de mise en page), le propos de l'histoire simple mais touchant, les personnages sont un peu trop "foufous" dans leurs expressions à mon goût mais le trait est tout de même vif, l'histoire se laisse lire sans déplaisir, ... C'est du bon, j'aurais juste pu m'attendre à quelque chose de "plus" avec cette prémisse. Je suivrai tout de même les prochaines créations de l'autrice, il y a un très bon potentiel là-dedans.
Frankenstein de Mary Shelley
On a là une adaptation très fidèle au texte d’origine de Mary Shelley, Marion Mousse ne s’est pas écarté d’une histoire très connue. Pas de surprise donc, mais un travail honnête. Elle a pris le temps avec trois tomes, d’installer le malaise, et le malheur de Victor Frankenstein, avec une narration classique et globalement fluide. Son dessin au trait gras, avec une colorisation très sombre, n’est pas forcément ma tasse de thé (ça manque pas mal de détails quand même), mais ça passe très bien, et la lecture est agréable. Par contre, ayant lu récemment la version de Georges Bess, celle de Marion Mousse souffre quand même de la comparaison. Si les deux suivent la trame d’origine sans s’en écarter, le dessin de Bess ajoute une réelle plus-value, tandis que celui de Mousse montre moins de force. Une adaptation honnête sans plus.
Neandertal
C’est une série qui est un peu dans le même esprit que le roman « La guerre du feu » de Rosny aîné, avec une reconstitution relativement crédible d’un univers préhistorique, et une longue quête menée par le héros (ici ça n’est pas le secret du feu, mais celui d’un matériau solide pour les lames de lance qui est l’objet de cette quête). La narration alterne passages muets et quasi méditatifs, ouvrant de lointains horizons et des savanes ou des sous-bois remplis d’une faune abondante, et d’autres beaucoup plus verbeux. Ce sont ces derniers passages qui m’ont un peu gêné. Non pas par leur abondance en tant que telle. Mais c’est surtout que je m’imaginais les échanges entre Néandertaliens plus économes de mots, je ne suis pas sûr que le langage se soit déjà suffisamment développé pour qu’il puisse donner lieu à de tels échanges – en termes de densité et en termes de niveau de langage. Je ne suis pas non plus sûr que toutes les tribus parlent forcément le même langage. Mais bon, ce sont des remarques mineures, qui n’empêchent pas d’apprécier ce récit. Le dessin est agréable, et fait la part belle aux étendues immenses sur lesquelles quelques rares groupes se battent pour survivre. Là aussi la reconstitution semble réaliste, même si j’ai moins été convaincu par la tribu des Hommes-Flammes et leur peau rougeâtre, comme recouverte de terre cuite ou de glaise, de façon beaucoup trop uniforme. Mais le trait gras, pas forcément très léché de Roudier convient très bien aux personnages. Le lecteur doit accepter quelques facilités scénaristiques (et des happy-end sur la fin avec constitution express de couples un peu guimauve), mais globalement ces aventures préhistoriques se laissent lire agréablement.
20th Century Boys
J'ai fini par lâcher l'affaire. Cette bafouille concerne les 7 tomes de la Perfect Edition que j'ai lus. L'histoire : D'anciens camarades de classe découvrent que La secte d'Ami planifie des actions terroristes d'après un "cahier de prédictions" qu'ils avaient imaginé quand ils étaient enfants. Ils se lancent dans une croisade contre cette étrange organisation. On devine assez vite qu'Urasawa ne retombera pas sur ses pieds avec un postulat aussi improbable. Mais j'espérais quand même plus de cohérence. Dans un premier temps, cette bande de potes attachante m'a aidé à passer outre la narration très morcelée - on change sans arrêt d'époque et de protagoniste. Sans être époustouflant, le dessin réserve régulièrement de jolies surprises. Les personnages sont assez différenciés physiquement et en terme de caractère. J'ai une préférence pour Kenji, Yukiji et Kyoko. Il y a des passages touchants au sein du groupe. D'autres liés à la secte génèrent un certain malaise. Mais tout est assez diffus. Pendant un moment, je me suis satisfait d'être payé en monnaie de singe (pour reprendre l'expression de Fanfan). Mais sur le long terme, la frustration s'est installée. Il y a tellement d'arcs narratifs en suspens qu'on pourrait en ouvrir un stand de tir. Et du remplissage...
Le Lait paternel
2.5 Je suis plutôt mitigé face à cette série allemande. Basé sur des faits autobiographiques, l'auteur raconte l'histoire d'un homme qui redécouvre la vie de son père qui vient de mourir et qui l'avait abandonné 30 ans avant. On voit donc la vie de ce père loser alcoolique et homme à femmes et il semblerait bien que son fils soit en train de suivre la même voie autodestructrice. Le premier tome est pas mal et pose bien les bases du récit, c'est surtout le second tome qui m'a donné une mauvaise impression. La vie de déchéance du père commence au bout d'un moment à tourner en rond et il y a des longueurs. Dans le dernier tiers, il se passe enfin des événements qui ont retenu un peu mon attention et on fait en sorte que je ne me suis pas totalement ennuyé, mais il y a quand même une bonne partie de l'album qui m'a semblé avoir peu d'intérêt. En tout cas, je ne suis pas pressé de lire la suite. Le dessin est correct.
Les Brigades du Temps
La série ayant été abandonnée, je n’ai lu que le premier diptyque. Qui propose une lecture sympathique. Il y a peu j’ai lu les premiers tomes de la série Moon (Anspach), qui se développe sur un canevas très proche : une organisation envoie dans le passé des agents pour lutter contre ceux qui pourraient être à l’origine d’uchronies dévastatrices pour le présent. C’est exactement le cas avec ces « Brigades du temps » (et c’est mieux fait et plus intéressant que dans « Moon »). Plusieurs bonnes idées pour dynamiser la série. D’abord, suite du point de départ, la possibilité de voyager dans le temps, et de visiter le passé – ici la rencontre entre Européens et Amérindiens – Aztèques en l’occurrence (les auteurs nous présentent plusieurs aspects de leur culture, du jeu de balle – sans en respecter les règles d’ailleurs – aux sacrifices, en passant par la guerre fleurie). Ensuite la personnalité des deux agents envoyés pour « rectifier » l’uchronie (Colomb ayant été tué dès son premier voyage, il faut à tout prix que les Espagnols « découvrent » l’Amérique pour ne pas trop changer le futur/présent). Eh bien on a ici l’inévitable mais plutôt réussi duo mal assorti cher à Francis Veber : Montcalm un bizuth, premier de la classe malingre tout juste sorti du centre de formation (et qui porte plutôt bien son nom) et un vieux balèze bourru et rétif au respect des règles (qui répond au nom évocateur de Kallaghan). Cet assortiment hétéroclite amène immanquablement quelques saillies drolatiques, des dialogues amusants. L’humour est d’ailleurs assez présent : jamais hilarant ni très noir, mais efficace (jeux de mots, allusions à des pubs ou d’autres BD) pour faire passer ces aventures improbables, et un texte parfois très abondant. Ils ont donc du boulot, puisque ce sont les Aztèques qui projettent d’envahir l’Europe (comme Mangin l’avait en partie imaginé dans Luxley, ou comme Laurent Binet dans son intéressant roman « Civilizations »). Tout commence à se décaler dans le futur, des personnes disparaissent (leur « destin » ayant été modifié). Le côté aventure historique est globalement bien fichu (l’aspect SF s’y mêle plutôt bien), et les dialogues souvent amusants dynamisent le récit. Une série presque tout public qui procure une lecture détente agréable. Note réelle 3,5/5.
Le Monde selon François
J’ai lu la série dans l’intégrale, que j’avais empruntée un peu au hasard. Ma lecture n’a pas forcément été enthousiasmante (note réelle 2,5/5), mais j’arrondis au supérieur au vu du public visé, très jeune. Car ça ne passe pas trop la barrière de l’âge (en tout cas pour le vieux schnock que je suis). Le dessin assez informatisé n’est pas ma tasse de thé et la colorisation manque de nuance. Mais ça reste très lisible et expressif, et détails et décors ne sont pas sacrifiés. Quant aux histoires (une par tome), ça peut se laisser lire, mais ça part un peu dans tous les sens, en jouant sur du fantastique plus ou moins marqué. J’ai été surpris de voir que le rôle assigné à François dans le premier tome (une sorte de grand gourou des lettres) est abandonné sans explication par la suite. C’est un peu brutal. Alors, certes, notre garçon déborde d’imagination – et cela peut plaire au jeune lectorat. Et Zabus n’hésite pas à aborder un sujet sensible pour les plus jeunes, à savoir le divorce (c’est le cas des parents de François – un divorce à l’amiable cela dit, malgré les nombreuses disputes). Disons que les histoires, une fois entré dans l’univers de François, manquent un peu d’originalité pour un lecteur adulte. Sans doute que disséminées dans le magazine Spirou cela passait-il mieux.
Le Sang des batisseurs
Cela fait plusieurs ouvrages des mêmes auteur/autrice que je lis avec le même ressenti mitigé. Pourtant on ne peut pas reprocher de répéter la même thématique. Le sujet est original en centrant l'intrigue autour de la révolution architecturale qu'a représenté l'apparition du gothique. Le Galli replace au moyen-âge l'éternelle querelle entre les modernes et les anciens. C'est bien documenté sans être scolaire avec juste un bon aperçu des arguments portés par les deux parties. L'auteur étoffe son scénario de deux sujets brûlants pour l'époque: la dissection des corps en vue d'études anatomiques et la coexistence de rites païens dans un royaume qui se christianise à marche forcée. L'intrigue sert de prétexte pour développer ces thématiques. D'ailleurs le rythme est assez lent avec Margot héroïne plus intellectuelle qu'aventurière ce qui crédibilise assez son personnage. La narration reste fluide avec un niveau de dialogue bon ce qui ouvrirait le récit à un large public si il n'y avait pas ces scènes impressionnantes de corps suppliciés. C'est le paradoxe du dessin de Marie Jaffredo qui semble dirigé vers un public ado assez jeune. L'ambiance moyenâgeuse et la description du chantier sont vraiment bonnes même pour des enfants. Toutefois la description assez détaillée des cadavres suppliciés rend la lecture problématique pour un lectorat trop jeune. C'est dommage. Cela reste une lecture agréable et dépaysante.
Absolute Superman
L'univers Absolute de DC Comics revisite les super-héros bien connus en leur offrant de nouvelles origines, plus sombres et plus ancrées dans le réel. Dans cette version, Superman n'a pas quitté Krypton bébé, mais bien plus tard, après avoir combattu le régime autoritaire de sa planète aux côtés de ses parents. Il fuit une planète en ruines, traumatisé par la mort des siens et la destruction de son monde. Accueilli brièvement par les Kent, il erre ensuite sur Terre sans véritable but, intervenant çà et là pour défendre les opprimés, sans être certain d'avoir trouvé sa voie. Dans ce monde dominé par une mégacorporation oppressive qui détient sa propre armée, Superman découvre que ses ennemis sont dirigés dans l'ombre par Brainiac et Ra's al Ghul. Lois Lane, initialement mercenaire à la solde de cette entreprise, se trouve fascinée par le héros et par l'écriture. L'ensemble est une relecture sombre et adulte de la légende. Le dessin, impressionnant et très pro, repose sur une esthétique marquée par la présence constante d'une cape rouge constituée de poussière intelligente, reliée à Kal-El, qui enveloppe parfois entièrement les planches dans une sorte de brouillard visuel. Cela produit un effet fort mais parfois déroutant. Comme Lois le souligne, on peut également s'interroger sur la nécessité d'un tel costume pour un héros aussi puissant. Ce Superman s'écarte fortement de l'original. S'il en conserve les éléments clés (Krypton, les Kent, le symbole et le costume, Lois), sa personnalité tourmentée et incertaine donne l'impression d'un tout autre personnage. Même l'étendue de ses pouvoirs semble floue : on le voit, par exemple, peiner face à un gros bracelet de menottes. Je ne l'ai pas trouvé particulièrement charismatique. Les adversaires, qu'ils soient sur Krypton ou sur Terre, manquent eux aussi de nuances, avec un fond scénaristique trop manichéen et globalement assez plat. Le discours de fonds anticapitaliste et antifasciste est simpliste et lourdement assené. Malgré ces réserves, la qualité graphique et le potentiel de cette réinvention maintiennent l'intérêt. Je ne suis pas entièrement convaincu, mais suffisamment intrigué pour vouloir découvrir jusqu'où cette version du mythe ira, et si d'autres super-héros revisités de cet univers Absolute croiseront bientôt sa route.