Je découvre cet auteur avec cet album qui, sans que ce soit inoubliable, se révèle une lecture sympathique.
C’est en fait le recueil de trois histoires, qui toutes soulèvent des questions intéressantes.
La première interroge l’engagement en temps de guerre, ses éventuelles limites, au travers du destin de deux frères qui tour à tour deviennent pilotes de chasse durant la seconde guerre mondiale, le plus jeune intégrant la chasse dans les derniers mois : à 17 ans, sa première mission sera la dernière, puisqu’il est désigné pour une opération, kamikaze. Au travers de cette histoire, et des réactions des proches du jeune homme, c’est l’horreur et l’absurdité de la guerre que l’auteur dénonce (la mission suicide rate et est inutile en plus).
La deuxième histoire raconte la rencontre d’une bande de gamins fuyant les campagnes où ils ont été « placés » (pour être protégés des bombardements des villes, mais en fait ils sont exploités et subissent des violences) et d’un Américain marié à une Japonaise, mais qui lui aussi fuit le camp où il était enfermé et maltraité pour retrouver sa femme. Là aussi l’absurdité de la guerre est dénoncée, en même temps que les préjugés racistes. Les dernières cases, avec des gamins regardant effarés les incendies ravageant Tokyo après un bombardement américain, m’ont un peu fait penser à quelques images du très beau film « Le tombeau des lucioles ».
La dernière histoire m’a un peu moins intéressé (le base-ball me laisse froid), même si la dénonciation des préjugés et du racisme (ici un Japonais vivant aux États-Unis dans les années 1930) n’est pas mal faite. Il y a dans cette histoire un pendant de la précédente, l’Américain au Japon et le Japonais aux États-Unis subissant le même type de désillusion.
Si je n’aime pas trop certaine tics pour exprimer des sentiments de façon exagérée (je n’aime pas trop ce type de chose dans la plupart des mangas), ça n’est ici pas trop accentué. Et d’ailleurs j’ai plutôt bien aimé le dessin. Un trait fin et précis, avec un rendu agréable (certains visages, comme celui de l’amoureuse du jeune héros de la première histoire, sont même très beau).
Une lecture intéressante. En tout cas plutôt agréable. Même si le côté très « personnel » du récit frôle parfois l’empilement d’anecdotes.
L’auteure essaye de reconstituer le long périple de ses parents et de quelques amis dans les années 1970, eux qui ont traversé une bonne partie de l’Europe et de l’Asie (en 4L !) jusqu’en Afghanistan, avec un retour lui aussi long et mouvementé (l’auteure naissant durant ce retour en Grèce, alors que sa mère est emprisonnée).
Le récit est assez dynamique et agréable. D’abord parce qu’au travers des anecdotes familiales, c’est un peu de l’époque post-soixante-huitarde qui nous est montrée, avec consommation de drogues diverses, aspirations aux voyages lointains. C’est d’ailleurs intéressant de voir l’évolution du monde, puisqu’il était possible d’improviser un voyage de ce type, dans des régions qui aujourd’hui (je pense à l’Afghanistan en particulier) sont toujours aussi belles, mais sont devenus inaccessibles du fait des menaces terroristes.
Ce qui rend le récit fluide, c’est aussi que l’auteure interrogeant ceux qui ont participé à ce voyage mythique pour la famille, ceux-ci ont des souvenirs divergents, parfois flous ou déformés, la confrontation des témoignages permettant d’aérer le récit.
Pas inoubliable, mais une lecture globalement plaisante.
Un récit qui se laisse lire, mais c’est quand même un Lemire mineur.
Le point de départ est intrigant. Lemire nous force à accepter la transformation progressive de certaines personnes en arbres, ne livrant finalement pas trop « d’explications ». Contrairement à certaines de ses autres séries, j’ai trouvé que manquait une certaine rêverie, un peu de poésie, ou de réflexion.
Du coup, ça part sur du fantastique étrange, et la narration mise tout sur le rythme. Et là par contre il y en a, avec ces hordes à la poursuite de la petite famille, dont les membres sont au centre du récit – et de cette « fin du monde ». De l’action, mais pas forcément assez de psychologie – même si Lemire prend quand même le temps de densifier les rapports entre les membres de la famille (au départ pas vraiment famille américaine idéale !).
Le dessin de Phil Hester fait le travail, dans un style comics efficace, même si j’aurais préféré que Lemire soit ici aussi à la baguette.
Une lecture sympathique, mais sans plus, me concernant.
Note réelle 2,5/5.
Tout comme les aviseurs précédents, j'ai passé plutôt un bon moment de lecture avec ce one-shot. L'ensemble reste toutefois un peu trop bon enfant et prévisible pour que je bascule ma note vers un 4/5. C'est une BD dont le cœur de cible est selon moi plus les adolescents que les adultes.
L'histoire de départ est malgré tout habile : un hôtel tenu par un maître bienveillant, Emile, accueille les âmes des personnes qui viennent de trépasser. Sorte de purgatoire, Emile les accompagnera le temps nécessaire pour qu'ils fassent la paix avec les événements qui se sont passés lors de leur vie terrestre. On sent toutefois rapidement venir le renversement de situation (que je ne décrirai pas ici pour ne pas spoiler) et la fin reste également assez convenue.
Côté dessin, tout comme Ro, j'ai fortement ressenti l'influence de Miyazaki dans l'ambiance générale (âmes perdues dans la forêt notamment) et le graphisme. Le découpage des scènes est assez dynamique et la colorisation vive colle bien avec l'univers. Une mention spéciale à la très belle couverture où les notes de rose sont rappelées sur la tranche et les contre plats.
Une lecture agréable, pleine de bons sentiments, à partager avec ses enfants .
SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 7/10
GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 7/10
NOTE GLOBALE : 14/20
Ça faisait un moment que je n'avais pas lu une nouvelle série humoristique à thème, de celles qui s'intéressent à un métier, un sport ou un loisir. Cette fois, c'est l'escalade qui est à l'honneur, et plus précisément l'escalade de bloc : celle qu'on pratique essentiellement en salle, sur des murs bas, sans harnais mais avec de gros matelas au sol en cas de chute. Les auteurs nous embarquent aux côtés d'un couple de débutants qui découvre cette discipline, s'intègre au groupe et partage rapidement des moments de fun, avec une légère touche de compétition.
Il s'agit ici d'une de ces quelques séries qui utilisent l'humour comme porte d'entrée pour faire découvrir un univers. Ce n'est pas un ouvrage documentaire, même si un petit cahier explicatif vient conclure l'album, mais les gags permettent de saisir les grandes lignes du sport, ses accessoires, ses techniques, son ambiance. C'est un aspect qui m'a plu et qui a piqué ma curiosité, bien que certains dialogues semblent s'adresser à des initiés. J'ignore toujours, par exemple, ce qu'est une "lolotte", un terme croisé deux fois sans explication.
Graphiquement, c'est plutôt réussi. Le trait est assuré, et les personnages évoquent par moments le style de Mo-CDM, avec un bon équilibre entre réalisme et caricature. Les décors sont minimalistes sans jamais paraître vides, ce qui rend l'ensemble agréable à l'œil.
En revanche, les gags ne m'ont pas fait rire. Aucun ne m'a vraiment accroché, et certains m'ont même semblé un peu plats ou attendus. Cela dit, l'atmosphère générale est sympathique, et la mise en scène suffit à faire naître un sourire.
À lire si vous êtes curieux de découvrir le bloc de façon légère ou si vous en êtes adepte et souhaitez retrouver votre passion transposée avec un certain humour en BD.
J'avais beaucoup apprécié la lecture de la biographie d'Alice Guy. La série des pionniers reprend la même période de la naissance
du cinéma en élargissant la narration à de nombreux autres intervenants. Toutefois le récit est centré sur trois personnages principaux Charles Pathé, Gaumont et Alice Guy. C'est d'ailleurs un point positif d'avoir mis le personnage de la jeune femme au devant de l'histoire. C'est toutefois Pathé qui sert de colonne vertébrale à la narration comme noyau autour duquel gravitent un nombre important de noms parfois peu connus. Le travail de recherche et de synthèse de Damien Maric et de Guillaume Dorison est donc énorme tant les initiatives sont diverses et nombreuses puisque tout était à inventer. Cela part quelque fois dans tous les sens et j'ai trouvé la lecture moins aisée que pour la biographie d'Alice Guy . En effet des trois personnages c'est Alice Guy la plus créatrice et artistique dans ce qui a fait le succès du cinéma: les films. La bataille Pathé/Gaumont reste une bataille industrielle autour du matériel, des brevets, des studio , des réseaux de distributions ou d'alliances internationales. Mais l'âme du cinéma est ailleurs et de films on en parle assez peu.
Pour masquer cette aridité, les auteurs mettent l'accent sur le sensationnel et le tragique porteurs d'émotions comme le prouve l'ouverture de la série .
Le graphisme de Jean-Baptiste Hostache donne la priorité aux visages des principaux personnages. Il y a donc beaucoup de dialogues dans des scènes assez statiques. L'ambiance 1900 est bien restituée par les costumes , les extérieurs rares mais travaillés et la mise en couleur qui tend à rappeler le sépia.
Une lecture intéressante mais exigeante. Les intervenants du récit étant plus des techniciens, des entrepreneurs que des artistes je suis resté sur ma faim.
Bon, le titre est aguicheur – racoleur ou humoristique, c’est selon. Le sujet en tout cas n’est pas sans intérêt.
Comme le signale Gaston, l’ensemble n’est pas forcément palpitant, l’enquête ne prétend pas à être exhaustive ou à dresser un portrait sociologique d’une population.
D’une part parce que plusieurs sujets s’entrechoquent ici : les relations entre musulmans et juifs, entre Palestiniens et Israéliens, entre hommes et femmes (mais aussi le regard de la société, des « plus anciens » sur les relations amoureuses ici présentées).
D’autres part parce que l’album compile une série de témoignages très variées (concernant les situations et les catégories de population concernées), ce qui fait qu’on a parfois l’impression de lire une suite d’anecdotes mal reliées entre elles.
Mais la lecture est quand même intéressante, justement du fait de l’éclectisme des témoignages. Cela donne pas mal de points d’attaque pour le sujet des relations amoureuses dans cette région qui fait souvent l’actualité pour la haine et la guerre qui s’y propagent.
Et justement, le hasard a voulu que cette enquête ait été menée et finie juste avant les attaques du 7 octobre 2023 (même si la publication en est légèrement postérieure), et la riposte génocidaire à Gaza (et l’accentuation de la violence coloniale en Cisjordanie occupée) ainsi que la droitisation et la crispation de la société israélienne qui s’en sont suivis. En catastrophe, les auteurs ont concocté une introduction pour évoquer cet événement, et leurs questionnements quant à l’opportunité de publier leur enquête malgré tout.
Disons que, sans être un génie, on peut augurer que les relations entre Arabes et Juifs vont durablement être compliquées, voire quasi impossibles (ne parlons pas de l’impossibilité d’aimer sous les bombes à Gaza !). Ça ne nous fait que plus regretter cette guerre – qui n’a pas débuté le 7 octobre – et le racisme qui l’accompagne. Le nationalisme et les religions (juives et musulmanes) semblaient déjà dans l’enquête être des freins importants à l’épanouissement de relations amoureuses inter-communautés – voire de relations amoureuses tout court. Hélas ça ne va faire qu’empirer, les extrémistes de tous bords faisant leur nid dans la haine omniprésente.
Pas palpitant donc, mais quand même intéressant, pour montrer une possibilité, une petite lueur d’espérance, au milieu de la nuit qui tombe.
Tous les rescapés des attentats contre Charlie Hebdo ont eu besoin de se reconstruire. Et, comme Coco avec cet album, c’est souvent passé par la publication d’un ou de plusieurs récits cathartiques.
Outre l’ample couverture médiatique du déroulement de l’attentat et de ses suites, qui fait « l’extérieur » du traumatisme est connu de tous, j’ai aussi dû lire la quasi-totalité des témoignages et autres récits « d’après » des membres de Charlie Hebdo ayant échappé à la tuerie. Cela joue sans doute sur mon ressenti en enlevant une bonne part d’originalité à ce récit. L'album est très épais, mais il se lit très vite, car il y a peu de texte.
Je ne suis pas forcément fan du dessin de Coco, mais sur ce genre de récit et plus généralement en dessin de presse, ça passe très bien.
Le récit justement, est très décousu, alternant passages « d’avant » et « d’après ». Certains détails sont intéressants, sur le fonctionnement de la rédaction. Surtout sur les dissensions se développant au moment de la reprise du journal, lorsque visiblement certains ont voulu se mettre en avant ou « solder des comptes » : l’unanimisme idéalisé en prend un coup, mais Coco a sans doute raison de rappeler que le journal était fait par des êtres humains, avec leurs qualités et leurs défauts.
Ça n’était pas le propos, mais j’aurais aimé un peu plus de recul sur la vague « Je suis Charlie » (voir la bobine de Netanyahou en première ligne de la manifestation, lorsqu’on voit ce qu’il fait de la liberté de la presse en Israël (et lorsqu’on voit son respect de la vie humaine en Palestine !) passe mal. D’autres opportunistes (Sarkozy témoignant dans un procès avant les attentats de 2015, on se demande s’il aurait dit la même chose pour défendre un journal éreintant l’Église catholique).
Mais bon, le travail de Coco lui a sans doute fait du bien, une sorte de thérapie obligatoire, et on sent en lisant cet album la douleur quasi indicible qui la torture (c’est elle qui, menacée par les terroristes, leur a ouvert la porte de la rédaction…). Elle parvient à faire passer beaucoup d’émotion (dans la douleur, mais aussi lorsqu’elle dit son admiration et son amour pour Cabu et son travail), sans surjouer un pathos inutile.
J’ai commencé ma lecture par la face Alma (et je pense que c’est plus intéressant que de le faire par la face Yourcenar).
Alma joue plus sur une mission mystique et guerrière, avec de plus en plus de combats, il y a beaucoup de cases muettes, alors que Yourcenar est beaucoup plus verbeux (parfois trop je trouve), jouant plus sur des réflexions éthiques et philosophiques – avec des choses tournant autour de l’amour, du destin, du « devoir » (mais ce dernier thème apparait aussi dans Alma).
Le dessin et la colorisation ne manquent pas de charmes. Mais, affaire de goût, je n’en suis pas fan. Il passe bien, mais le trait un peu manga des personnages, et les contours flous des décors m’ont parfois décontenancé.
Si le titre est assez pauvre, le récit bicéphale est lui plus riche donc. Je suis moins enthousiaste que mes prédécesseurs : le dessin bien sûr, mais aussi un récit avec quelques longueurs, m’empêchent de les rejoindre. Mais ça reste quand même une lecture intéressante.
Deux ans de vacances n'est pas le roman le plus connu de Jules Verne même si il a eu une belle postérité en animés, film ou série BD.
En effet Jules Verne s'est emparé du genre Robinsonnade pour un roman destiné à la jeunesse. C'est un roman géographique et d'aventure comme était coutumier le grand écrivain. Jiro Otani laisse de côté la partie géographique pour se concentrer sur l'aventure de ces jeunes garçons. La gageure est de faire tenir toutes les aventures en un seul tome d'une grosse centaine de pages au format manga classique. Cela donne une narration très (trop ?) rapide où les événement se succèdent à grande vitesse. C'est évidemment très naïf car le récit donne l'impression que les difficultés glissent sur les beaux costumes de collégiens de nos jeunes naufragés. Contrairement à un roman comme Sa Majesté des Mouches qui prend le même postulat d'origine, Otachi ( et Jules Verne ?) n'approfondissent pas trop les tensions au sein du groupe. La vision est très optimiste, faite de solidarité, de partage du pouvoir et de cohésion face aux dangers. Cela procure une lecture bon enfant qui convient à un jeune lectorat. J'ai une petite réserve sur les choix graphiques de l'auteur qui rend les enfants trop lisses physiquement.
Quoiqu'il en soit ce titre a sa place dans cette collection et procure une lecture agréable bien qu'un peu naïve.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
La Mélodie de Jenny
Je découvre cet auteur avec cet album qui, sans que ce soit inoubliable, se révèle une lecture sympathique. C’est en fait le recueil de trois histoires, qui toutes soulèvent des questions intéressantes. La première interroge l’engagement en temps de guerre, ses éventuelles limites, au travers du destin de deux frères qui tour à tour deviennent pilotes de chasse durant la seconde guerre mondiale, le plus jeune intégrant la chasse dans les derniers mois : à 17 ans, sa première mission sera la dernière, puisqu’il est désigné pour une opération, kamikaze. Au travers de cette histoire, et des réactions des proches du jeune homme, c’est l’horreur et l’absurdité de la guerre que l’auteur dénonce (la mission suicide rate et est inutile en plus). La deuxième histoire raconte la rencontre d’une bande de gamins fuyant les campagnes où ils ont été « placés » (pour être protégés des bombardements des villes, mais en fait ils sont exploités et subissent des violences) et d’un Américain marié à une Japonaise, mais qui lui aussi fuit le camp où il était enfermé et maltraité pour retrouver sa femme. Là aussi l’absurdité de la guerre est dénoncée, en même temps que les préjugés racistes. Les dernières cases, avec des gamins regardant effarés les incendies ravageant Tokyo après un bombardement américain, m’ont un peu fait penser à quelques images du très beau film « Le tombeau des lucioles ». La dernière histoire m’a un peu moins intéressé (le base-ball me laisse froid), même si la dénonciation des préjugés et du racisme (ici un Japonais vivant aux États-Unis dans les années 1930) n’est pas mal faite. Il y a dans cette histoire un pendant de la précédente, l’Américain au Japon et le Japonais aux États-Unis subissant le même type de désillusion. Si je n’aime pas trop certaine tics pour exprimer des sentiments de façon exagérée (je n’aime pas trop ce type de chose dans la plupart des mangas), ça n’est ici pas trop accentué. Et d’ailleurs j’ai plutôt bien aimé le dessin. Un trait fin et précis, avec un rendu agréable (certains visages, comme celui de l’amoureuse du jeune héros de la première histoire, sont même très beau).
Hippie Trail - Autobiographie prénatale
Une lecture intéressante. En tout cas plutôt agréable. Même si le côté très « personnel » du récit frôle parfois l’empilement d’anecdotes. L’auteure essaye de reconstituer le long périple de ses parents et de quelques amis dans les années 1970, eux qui ont traversé une bonne partie de l’Europe et de l’Asie (en 4L !) jusqu’en Afghanistan, avec un retour lui aussi long et mouvementé (l’auteure naissant durant ce retour en Grèce, alors que sa mère est emprisonnée). Le récit est assez dynamique et agréable. D’abord parce qu’au travers des anecdotes familiales, c’est un peu de l’époque post-soixante-huitarde qui nous est montrée, avec consommation de drogues diverses, aspirations aux voyages lointains. C’est d’ailleurs intéressant de voir l’évolution du monde, puisqu’il était possible d’improviser un voyage de ce type, dans des régions qui aujourd’hui (je pense à l’Afghanistan en particulier) sont toujours aussi belles, mais sont devenus inaccessibles du fait des menaces terroristes. Ce qui rend le récit fluide, c’est aussi que l’auteure interrogeant ceux qui ont participé à ce voyage mythique pour la famille, ceux-ci ont des souvenirs divergents, parfois flous ou déformés, la confrontation des témoignages permettant d’aérer le récit. Pas inoubliable, mais une lecture globalement plaisante.
Family Tree
Un récit qui se laisse lire, mais c’est quand même un Lemire mineur. Le point de départ est intrigant. Lemire nous force à accepter la transformation progressive de certaines personnes en arbres, ne livrant finalement pas trop « d’explications ». Contrairement à certaines de ses autres séries, j’ai trouvé que manquait une certaine rêverie, un peu de poésie, ou de réflexion. Du coup, ça part sur du fantastique étrange, et la narration mise tout sur le rythme. Et là par contre il y en a, avec ces hordes à la poursuite de la petite famille, dont les membres sont au centre du récit – et de cette « fin du monde ». De l’action, mais pas forcément assez de psychologie – même si Lemire prend quand même le temps de densifier les rapports entre les membres de la famille (au départ pas vraiment famille américaine idéale !). Le dessin de Phil Hester fait le travail, dans un style comics efficace, même si j’aurais préféré que Lemire soit ici aussi à la baguette. Une lecture sympathique, mais sans plus, me concernant. Note réelle 2,5/5.
Le Dernier Quai
Tout comme les aviseurs précédents, j'ai passé plutôt un bon moment de lecture avec ce one-shot. L'ensemble reste toutefois un peu trop bon enfant et prévisible pour que je bascule ma note vers un 4/5. C'est une BD dont le cœur de cible est selon moi plus les adolescents que les adultes. L'histoire de départ est malgré tout habile : un hôtel tenu par un maître bienveillant, Emile, accueille les âmes des personnes qui viennent de trépasser. Sorte de purgatoire, Emile les accompagnera le temps nécessaire pour qu'ils fassent la paix avec les événements qui se sont passés lors de leur vie terrestre. On sent toutefois rapidement venir le renversement de situation (que je ne décrirai pas ici pour ne pas spoiler) et la fin reste également assez convenue. Côté dessin, tout comme Ro, j'ai fortement ressenti l'influence de Miyazaki dans l'ambiance générale (âmes perdues dans la forêt notamment) et le graphisme. Le découpage des scènes est assez dynamique et la colorisation vive colle bien avec l'univers. Une mention spéciale à la très belle couverture où les notes de rose sont rappelées sur la tranche et les contre plats. Une lecture agréable, pleine de bons sentiments, à partager avec ses enfants . SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 7/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 7/10 NOTE GLOBALE : 14/20
Les Grimpeurs
Ça faisait un moment que je n'avais pas lu une nouvelle série humoristique à thème, de celles qui s'intéressent à un métier, un sport ou un loisir. Cette fois, c'est l'escalade qui est à l'honneur, et plus précisément l'escalade de bloc : celle qu'on pratique essentiellement en salle, sur des murs bas, sans harnais mais avec de gros matelas au sol en cas de chute. Les auteurs nous embarquent aux côtés d'un couple de débutants qui découvre cette discipline, s'intègre au groupe et partage rapidement des moments de fun, avec une légère touche de compétition. Il s'agit ici d'une de ces quelques séries qui utilisent l'humour comme porte d'entrée pour faire découvrir un univers. Ce n'est pas un ouvrage documentaire, même si un petit cahier explicatif vient conclure l'album, mais les gags permettent de saisir les grandes lignes du sport, ses accessoires, ses techniques, son ambiance. C'est un aspect qui m'a plu et qui a piqué ma curiosité, bien que certains dialogues semblent s'adresser à des initiés. J'ignore toujours, par exemple, ce qu'est une "lolotte", un terme croisé deux fois sans explication. Graphiquement, c'est plutôt réussi. Le trait est assuré, et les personnages évoquent par moments le style de Mo-CDM, avec un bon équilibre entre réalisme et caricature. Les décors sont minimalistes sans jamais paraître vides, ce qui rend l'ensemble agréable à l'œil. En revanche, les gags ne m'ont pas fait rire. Aucun ne m'a vraiment accroché, et certains m'ont même semblé un peu plats ou attendus. Cela dit, l'atmosphère générale est sympathique, et la mise en scène suffit à faire naître un sourire. À lire si vous êtes curieux de découvrir le bloc de façon légère ou si vous en êtes adepte et souhaitez retrouver votre passion transposée avec un certain humour en BD.
Les Pionniers
J'avais beaucoup apprécié la lecture de la biographie d'Alice Guy. La série des pionniers reprend la même période de la naissance du cinéma en élargissant la narration à de nombreux autres intervenants. Toutefois le récit est centré sur trois personnages principaux Charles Pathé, Gaumont et Alice Guy. C'est d'ailleurs un point positif d'avoir mis le personnage de la jeune femme au devant de l'histoire. C'est toutefois Pathé qui sert de colonne vertébrale à la narration comme noyau autour duquel gravitent un nombre important de noms parfois peu connus. Le travail de recherche et de synthèse de Damien Maric et de Guillaume Dorison est donc énorme tant les initiatives sont diverses et nombreuses puisque tout était à inventer. Cela part quelque fois dans tous les sens et j'ai trouvé la lecture moins aisée que pour la biographie d'Alice Guy . En effet des trois personnages c'est Alice Guy la plus créatrice et artistique dans ce qui a fait le succès du cinéma: les films. La bataille Pathé/Gaumont reste une bataille industrielle autour du matériel, des brevets, des studio , des réseaux de distributions ou d'alliances internationales. Mais l'âme du cinéma est ailleurs et de films on en parle assez peu. Pour masquer cette aridité, les auteurs mettent l'accent sur le sensationnel et le tragique porteurs d'émotions comme le prouve l'ouverture de la série . Le graphisme de Jean-Baptiste Hostache donne la priorité aux visages des principaux personnages. Il y a donc beaucoup de dialogues dans des scènes assez statiques. L'ambiance 1900 est bien restituée par les costumes , les extérieurs rares mais travaillés et la mise en couleur qui tend à rappeler le sépia. Une lecture intéressante mais exigeante. Les intervenants du récit étant plus des techniciens, des entrepreneurs que des artistes je suis resté sur ma faim.
Amour, sexe et Terre Promise - Reportage en Israël et Palestine
Bon, le titre est aguicheur – racoleur ou humoristique, c’est selon. Le sujet en tout cas n’est pas sans intérêt. Comme le signale Gaston, l’ensemble n’est pas forcément palpitant, l’enquête ne prétend pas à être exhaustive ou à dresser un portrait sociologique d’une population. D’une part parce que plusieurs sujets s’entrechoquent ici : les relations entre musulmans et juifs, entre Palestiniens et Israéliens, entre hommes et femmes (mais aussi le regard de la société, des « plus anciens » sur les relations amoureuses ici présentées). D’autres part parce que l’album compile une série de témoignages très variées (concernant les situations et les catégories de population concernées), ce qui fait qu’on a parfois l’impression de lire une suite d’anecdotes mal reliées entre elles. Mais la lecture est quand même intéressante, justement du fait de l’éclectisme des témoignages. Cela donne pas mal de points d’attaque pour le sujet des relations amoureuses dans cette région qui fait souvent l’actualité pour la haine et la guerre qui s’y propagent. Et justement, le hasard a voulu que cette enquête ait été menée et finie juste avant les attaques du 7 octobre 2023 (même si la publication en est légèrement postérieure), et la riposte génocidaire à Gaza (et l’accentuation de la violence coloniale en Cisjordanie occupée) ainsi que la droitisation et la crispation de la société israélienne qui s’en sont suivis. En catastrophe, les auteurs ont concocté une introduction pour évoquer cet événement, et leurs questionnements quant à l’opportunité de publier leur enquête malgré tout. Disons que, sans être un génie, on peut augurer que les relations entre Arabes et Juifs vont durablement être compliquées, voire quasi impossibles (ne parlons pas de l’impossibilité d’aimer sous les bombes à Gaza !). Ça ne nous fait que plus regretter cette guerre – qui n’a pas débuté le 7 octobre – et le racisme qui l’accompagne. Le nationalisme et les religions (juives et musulmanes) semblaient déjà dans l’enquête être des freins importants à l’épanouissement de relations amoureuses inter-communautés – voire de relations amoureuses tout court. Hélas ça ne va faire qu’empirer, les extrémistes de tous bords faisant leur nid dans la haine omniprésente. Pas palpitant donc, mais quand même intéressant, pour montrer une possibilité, une petite lueur d’espérance, au milieu de la nuit qui tombe.
Dessiner encore
Tous les rescapés des attentats contre Charlie Hebdo ont eu besoin de se reconstruire. Et, comme Coco avec cet album, c’est souvent passé par la publication d’un ou de plusieurs récits cathartiques. Outre l’ample couverture médiatique du déroulement de l’attentat et de ses suites, qui fait « l’extérieur » du traumatisme est connu de tous, j’ai aussi dû lire la quasi-totalité des témoignages et autres récits « d’après » des membres de Charlie Hebdo ayant échappé à la tuerie. Cela joue sans doute sur mon ressenti en enlevant une bonne part d’originalité à ce récit. L'album est très épais, mais il se lit très vite, car il y a peu de texte. Je ne suis pas forcément fan du dessin de Coco, mais sur ce genre de récit et plus généralement en dessin de presse, ça passe très bien. Le récit justement, est très décousu, alternant passages « d’avant » et « d’après ». Certains détails sont intéressants, sur le fonctionnement de la rédaction. Surtout sur les dissensions se développant au moment de la reprise du journal, lorsque visiblement certains ont voulu se mettre en avant ou « solder des comptes » : l’unanimisme idéalisé en prend un coup, mais Coco a sans doute raison de rappeler que le journal était fait par des êtres humains, avec leurs qualités et leurs défauts. Ça n’était pas le propos, mais j’aurais aimé un peu plus de recul sur la vague « Je suis Charlie » (voir la bobine de Netanyahou en première ligne de la manifestation, lorsqu’on voit ce qu’il fait de la liberté de la presse en Israël (et lorsqu’on voit son respect de la vie humaine en Palestine !) passe mal. D’autres opportunistes (Sarkozy témoignant dans un procès avant les attentats de 2015, on se demande s’il aurait dit la même chose pour défendre un journal éreintant l’Église catholique). Mais bon, le travail de Coco lui a sans doute fait du bien, une sorte de thérapie obligatoire, et on sent en lisant cet album la douleur quasi indicible qui la torture (c’est elle qui, menacée par les terroristes, leur a ouvert la porte de la rédaction…). Elle parvient à faire passer beaucoup d’émotion (dans la douleur, mais aussi lorsqu’elle dit son admiration et son amour pour Cabu et son travail), sans surjouer un pathos inutile.
Fantasy - Yourcenar / Alma
J’ai commencé ma lecture par la face Alma (et je pense que c’est plus intéressant que de le faire par la face Yourcenar). Alma joue plus sur une mission mystique et guerrière, avec de plus en plus de combats, il y a beaucoup de cases muettes, alors que Yourcenar est beaucoup plus verbeux (parfois trop je trouve), jouant plus sur des réflexions éthiques et philosophiques – avec des choses tournant autour de l’amour, du destin, du « devoir » (mais ce dernier thème apparait aussi dans Alma). Le dessin et la colorisation ne manquent pas de charmes. Mais, affaire de goût, je n’en suis pas fan. Il passe bien, mais le trait un peu manga des personnages, et les contours flous des décors m’ont parfois décontenancé. Si le titre est assez pauvre, le récit bicéphale est lui plus riche donc. Je suis moins enthousiaste que mes prédécesseurs : le dessin bien sûr, mais aussi un récit avec quelques longueurs, m’empêchent de les rejoindre. Mais ça reste quand même une lecture intéressante.
Deux ans de vacances (manga)
Deux ans de vacances n'est pas le roman le plus connu de Jules Verne même si il a eu une belle postérité en animés, film ou série BD. En effet Jules Verne s'est emparé du genre Robinsonnade pour un roman destiné à la jeunesse. C'est un roman géographique et d'aventure comme était coutumier le grand écrivain. Jiro Otani laisse de côté la partie géographique pour se concentrer sur l'aventure de ces jeunes garçons. La gageure est de faire tenir toutes les aventures en un seul tome d'une grosse centaine de pages au format manga classique. Cela donne une narration très (trop ?) rapide où les événement se succèdent à grande vitesse. C'est évidemment très naïf car le récit donne l'impression que les difficultés glissent sur les beaux costumes de collégiens de nos jeunes naufragés. Contrairement à un roman comme Sa Majesté des Mouches qui prend le même postulat d'origine, Otachi ( et Jules Verne ?) n'approfondissent pas trop les tensions au sein du groupe. La vision est très optimiste, faite de solidarité, de partage du pouvoir et de cohésion face aux dangers. Cela procure une lecture bon enfant qui convient à un jeune lectorat. J'ai une petite réserve sur les choix graphiques de l'auteur qui rend les enfants trop lisses physiquement. Quoiqu'il en soit ce titre a sa place dans cette collection et procure une lecture agréable bien qu'un peu naïve.