Bon, encore une fois je me retrouve embêté pour un avis, non pas pour ce que cette BD est foncièrement mais pour ce qu'elle dit.
Commençons par la base : c'est une sympathique BD sur deux personnes seules, dans une grande ville où ils côtoient tant de gens sans jamais parler ni échanger, où tout est foule en mouvement et manque de liens sociaux. Elle recherche quelqu'un sans savoir qui, lui a du mal à parler à des gens, se sent seul ... Et puis voila, vous vous doutez de la fin. Une petite comédie de mœurs finissant romantique avec ce petit jeu de chassé-croisé entre les deux, où l'autre apparait sans cesse en arrière-plan pour finir enfin au premier.
La BD est servie par un dessin qui est vraiment pas mal et m'a rappelé le dessin de Anneli Furmark que j'ai déjà pu apprécier, avec cette façon de faire des crayonnées aux touches de couleurs spécifiques qui parsèment l'ouvrage (ici du rose/rouge), et un trait faussement naïf qui est pourtant avant tout précis dans ses visages, postures et décors. J'aime le rendu que ça apporte, la double planche qui ouvre l'album étant un bon exemple avec cette note de couleur et ce paysage évoqué en fond. Le dessin rend aussi bien compte de la foule, omniprésente, envahissante mais aussi distante et masse informe.
Ces qualités évoqués, il faut cependant que je parle du fond. Et là, je suis plus embêté. Si la comédie romantique est un genre que j'adore (réellement), il m'est tout de même difficile de dire ici que ça me convient. Déjà, l'autrice explique que la BD a été en grande partie écrite pendant le covid, lors des confinements successifs. C'est une BD sur la difficulté à se croiser, créer des liens, etc ... Le parralèle avec cette crise qui empêcha les gens de se voir est assez clair, surtout dans l'interrogation de nos sociétés contemporaines surexposées à la solitude.
Cela étant dit, j'ai tout de même un souci avec le message. En substance, ces deux personnes ont des problèmes dans la vie : travail, ami, loisir, tout semble dysfonctionnel chez eux. Leur vie ne semble pas leur convenir et ils en souffrent. Sauf que du fait de la comédie romantique, la seule façon dont la BD résout tout, c'est l'amour. Et ce message-là, il m'embête beaucoup. Parce que l'amour n'est pas suffisant (ni même nécessaire) pour bien vivre, que l'autre ne résoudra pas tout tes problèmes (et n'est pas là pour ça), qu'un.e compagnon-compagne n'est pas la solution à vos soucis. Et même que ça peut aggraver le tout !
En fait, je reprocherais à cette BD la naïveté dont font preuve la plupart des comédies romantiques qui s'imaginent que quand on s'aime tout est réglé. Plus de souci de travail, de loyer, d'amitié défaillante, de solitude social. C'est bon, je suis amoureux, tout va bien ! Et ce message-là, je ne l'aime pas. Il est malheureusement bien trop présent et amène des situations où les gens cherchent l'amour plutôt qu'a aller mieux, ce qui me dérange.
D'autant que la BD parle surtout de la solitude contemporaine, sans jamais montrer les tenants et aboutissants du problème : pourquoi tant de gens se sentent seul ? Comment en est-on arrivé là ? Quel est le vrai problème, quelle solution est envisageable ? Par une pirouette scénaristique, on peut se dire que l'amour suffira. Mais c'est esquiver les vrais enjeux et de fait, les solutions adaptés.
BD pas mauvaise donc, qui mérite son petit 3* pour le dessin et l'ambiance, mais dont je veux souligner le propos avec lequel je suis en désaccord.
Une série mettant en vedette des yazukas pas trop mal.
Le ton est un peu ce que l'on retrouve dans les séries B (il faut dire que le magazine qui publie la série n'a pas la réputation de publier beaucoup de chef d'œuvres) avec notamment des nombreuses scènes de violences. Cela ne me dérange pas trop même si parfois il y a un peu trop de facilités dans le scénario. Je peux bien croire que les petites mains des yazukas se massacrent entre eux, mais lorsque je vois un gros parrain censé être puissant se faire piéger et tuer facilement, ma suspension consentie de l'incrédibilité en prend un coup ! Un autre problème que j'ai rencontré durant la lecture est qu'il y a beaucoup de personnages et qu'en plus ils ont tendance à changer de camp c'est parfois un peu dur de s'y retrouver.
Malgré tout, cela reste une série que j'ai trouvé sympathique. L'intrigue autour du mystérieux trésor est palpitante et j'avais bien envie de voir comment cela allait finir. Il y a des bonnes scènes et certains personnages sont un peu attachants. Il y a peut-être un peu trop de scènes d'action, mais au moins cela fait en sorte que les tomes se lisent plus vite ! Une bonne série divertissante avec un bon dessin.
Années 1950. Alors que Fletcher Williams pensait couler des jours tranquilles sur son île du Pacifique, son ancien officier le retrouve pour lui imposer une mission secrète au service de l'armée américaine : constituer une escadrille de pilotes, réunis autour d'avions récupérés, afin de partir à la recherche d'un milliardaire disparu. Mais la mission implique de patrouiller autour d'un atoll maudit, théâtre de nombreuses disparitions de bateaux et d'avions dans des circonstances effrayantes. Fantômes, démons ou actes de piraterie sanguinaire ?
Ghost Squadron s'inscrit dans la grande tradition des récits d'aviation et d'aventure, à la manière d'un Buck Danny avec ses décors exotiques et son souffle d'épopée à l'ancienne, construit en diptyque. Comme souvent dans ce genre de récit, un mystère aux allures de fantastique ou de science-fiction plane d'abord, mais l'on devine vite qu'il ne s'agit que d'un voile masquant une vérité plus réaliste.
Située peu après la Seconde Guerre mondiale, l'intrigue permet aux auteurs de convoquer d'anciens combattants mais surtout d'aligner quelques-uns des avions emblématiques du conflit : Catalina, P-51 Mustang, P-38 Lightning, Corsair ou encore Zéro raviront les amateurs de belles machines. Le cadre militaire est ici plus souple que dans Buck Danny : les héros, civils mais agissant dans le secret pour l'armée, offrent davantage de liberté de ton. Quant au recrutement de pilotes venus d'horizons divers, chacun avec son caractère et ses compétences, il alimente efficacement l'intérêt pour l'aventure.
Le dessin est de belle facture, particulièrement dans la représentation des avions, mais aussi des personnages et des paysages du Pacifique. La mise en couleurs, posée avec assurance et techniquement maîtrisée, manque toutefois de subtilité : les teintes franches, souvent primaires, peinent à s'harmoniser et donnent un rendu parfois un peu abrupt.
Si j'ai apprécié le divertissement, le souffle d'aventure et le dépaysement, j'ai trouvé le mystère de l'atoll maudit et de ses créatures un peu cousu de fil blanc. Les ficelles scénaristiques se voient trop pour réellement surprendre. Mais je ne trouve pas ça désagréable : je lirai volontiers la suite.
Rien d’exceptionnel dans cette histoire. Mais c’est du travail bien fait, et on ne s’ennuie jamais.
Un polar noir et poisseux, bien accompagné par le dessin de Mason, qui use d’un Noir et Blanc tranché très adapté à ce type de récit.
Si l’intrigue elle-même manque peut-être de développement, sa mécanique implacable est intéressante. Bollée joue d’ailleurs plus sur cette mécanique que sur l’histoire elle-même (les retournements de situations de la fin, en particulier ce qu’on apprend de la famille d’un héros sont un peu trop « faciles je trouve).
Mais le personnage de John, flic aux méthodes parfois atypiques, mais qui ne lâche jamais l’affaire, permet au rythme de ne jamais baisser.
A propos de rythme, la musique ambiance le récit, dont les titres de chapitres sont tirés de chansons des Beatles, pour ancrer le récit dans un Londres nocturne bien rendu par le dessin de Masson.
Un petit polar sympathique.
Dans la lignée de Le Serpent et le Coyote, mais il peut se lire indépendamment, cet album est moins surprenant sur sa trame. C'est une chasse au butin d'un ancien taulard qu'il avait planqué avant de finir à l'ombre. Sa compagne compte bien en croquer aussi. Quelques rebondissements vont ponctuer cette course. Le coup du vieux cow-boy délirant est assez surprenant, un spectre réel ou non ; pourtant il se prend une balle sans être blessé. Il reste que c'est un bel album à lire et bien illustré avec les décors du Colorado.
Marcia décide de mettre son travail dans l'informatique entre parenthèses pour un été, qu'elle passe dans un hôtel de type lodge, composé de chalets en bois, aux abords du parc de Yellowstone. L'établissement, tenu par une amie de sa grand-mère, devient le point de départ d'une immersion dans une région où humains et grizzlys cohabitent, et où elle fait connaissance avec les habitants comme avec les visiteurs de passage.
Le récit prend une forme contemplative, fortement porté par le dessin d'Alice Chemama. Son trait doux et coloré, à la ligne claire légèrement naïve, évoque les affiches et publicités anciennes des parcs américains auxquelles il fait régulièrement référence, ce qui contribue à plonger le lecteur dans une atmosphère dépaysante et charmante. Le rythme est volontairement lent, scindé par des ellipses de quelques semaines ou d'un mois, marquant l'évolution du séjour. Marcia reste discrète, parle peu, à la différence du couple affable et souriant qui tient l'hôtel. Ses pensées, livrées par bribes, finissent par se tourner vers un possible amour de vacances, fragile et incertain, mais le cœur du livre demeure bien l'exploration de la nature, la place des ours dans cet écosystème et le fonctionnement même du parc.
Si ce roman graphique se révèle plaisant, il reste relativement anecdotique et rapide à lire.
Le dernier tiers de l'album change de registre : il propose une autre BD, réalisée plus tôt par l'autrice, qui prend la forme d'un pur documentaire sur Yellowstone et ses ours. On y retrouve de nombreux éléments déjà abordés dans le récit, mais enrichis et détaillés. Intéressant sur le plan informatif, ce complément a toutefois le ton plus aride d'un documentaire, et donc moins de souffle narratif.
Une narration quelque peu déconcertante constituée de courts chapitres et surmontée d'une voix off. Dommage car ce récit de Lionel Tran bien illustré par Ivan Brun dans un style réaliste avait de bonnes idées. On pense être dans un récit d'anticipation à une époque indéfinie. La France est en grève à cause de réformes sur le chômage ou les retraites, ce qui reste tristement d'actualité. De même on y évoque une certaine vacuité de l'existence dans une planète où le climat se dégrade. Un discours de plus de 20 ans on ne peut plus vrai en 2025.
Un couple de japonais débarque à Paris dans une espèce de squat. On comprend qu'ils font des sortes de performance artistique, tout en jouant en ligne à un jeu prenant muni de lunettes de réalité virtuelle (encore une fois c'est devenu réalité). Lui n'a pas de "vrai" travail, quant à elle seulement un petit emploi alimentaire. Dans cette auberge espagnole, plusieurs dialogues sont en anglais et non traduits. Je n'ai pas très bien capté la finalité de tout ça.
Un petit 3.
Ici pas de shérif véreux à la solde de propriétaires terriens, pas de saloon avec des outlaws à la gâchette facile. On a droit à plusieurs protagonistes des tenanciers d'un relais, un petit convoi de migrants, des Amérindiens (Comanches, Hutes, Navajos) sans oublier quelques bandits qui seront le grain de sable dans cette trame, ce qui donne un bon petit western sans grande prétention mais tout de même efficace malgré ses 54 planches ; il y a aussi un petit clin d'oeil à Blueberry en fin d'album qui fait sourire.
Certains passages peuvent paraître téléphonés, mais cela ne m'a aucunement gêné dans ma lecture, c'était peu pour bouder mon plaisir.
Le dessin de Daniel Brecht est d'une grande simplicité, un dessin pas très fouillé, mais je lui trouve un certain charme, il est simple mais très efficace.
Les Justes propose de retracer, à raison d'un album par volume, l'histoire de grandes figures ayant risqué leur vie pour sauver des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Si le scénario est confié à Sébastien Le Naour, chaque tome bénéficie du regard graphique d'un dessinateur différent.
Le premier volume met en lumière le couple Emilie et Oskar Schindler, rappelant à juste titre que ce n'est pas seulement l'industriel popularisé par La Liste de Schindler qui a œuvré pour le Bien. À travers le récit qu'Emilie livre en Argentine puis en Europe à deux journalistes venus l'interviewer, se dessine un portrait sans complaisance : celui d'un homme complexe, égoïste et volage dans sa vie intime, mais capable d'un engagement total dès qu'il prend conscience du sort tragique réservé aux Juifs. Le contraste entre ses faiblesses personnelles et sa force d'action donne une dimension très humaine au récit, renforcée par la mise en scène des initiatives d'Emilie elle-même. Le dessin expressif de Christelle Galland, avec son encrage épais et moderne, accentue l'intensité dramatique de certaines scènes et confère parfois au récit une énergie presque romanesque, faite de tension et de suspens.
Le second tome, consacré au diplomate suisse Carl Lutz, adopte un ton plus sobre et une mise en forme proche du documentaire. L'action s'y déploie de 1935 jusqu'à la fin de la guerre, dans une narration plus factuelle que romanesque. Le dessin, précis et austère, soutient ce parti pris, mais au détriment d'une certaine vitalité. Lutz agit surtout par la voie administrative et bénéficie d'une relative protection diplomatique, ce qui rend son parcours moins palpitant que celui de Schindler. Cela n'enlève rien à son courage ni à l'ampleur de ses actes, mais la lecture se révèle moins immersive. L'album garde néanmoins une vraie valeur historique et pédagogique, en rappelant que l'héroïsme peut aussi s'incarner dans la patience, la ruse bureaucratique et la ténacité face à la machine nazie.
Un avis très court pour une BD qui ne l'est pas moins. Disons clairement les mots, c'est assez dispensable et peu étayé, mais l'auteur ne cherche pas à faire une dissertation sur le sujet. En même temps, Joe Sacco a déjà traité la question dans deux BD distinctes (Palestine et Gaza 1956), cette BD peut être vue comme un ajout postérieur sur la question des attentats du 7 octobre.
Disons que c'est assez vite lu et expédié et que la BD se concentre surtout sur deux choses : la façon dont les USA se sont mêlées de la situation et ont aggravés les choses notamment en fournissant abondamment des armes à Israël, en inventant des mensonges justifiant les massacres, le tout en précisant que sous Biden -et ça ne s'est surement pas arrangé avec Trump- la démocratie américaine a pris du plomb dans l'aile. La BD est rapidement lue, claire et nette sur son propos.
Sans être indispensable, je pense qu'elle apporte un petit éclairage (à sa modeste échelle) sur ce qui se joue actuellement en Israël, ou un génocide est couvert par tout l'occident sous prétexte de morale...
(la note est difficile à mettre, le 3* est le bon compromis entre la rapidité de lecture, le peu d'informations et la facilité de lecture)
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Bon, encore une fois je me retrouve embêté pour un avis, non pas pour ce que cette BD est foncièrement mais pour ce qu'elle dit. Commençons par la base : c'est une sympathique BD sur deux personnes seules, dans une grande ville où ils côtoient tant de gens sans jamais parler ni échanger, où tout est foule en mouvement et manque de liens sociaux. Elle recherche quelqu'un sans savoir qui, lui a du mal à parler à des gens, se sent seul ... Et puis voila, vous vous doutez de la fin. Une petite comédie de mœurs finissant romantique avec ce petit jeu de chassé-croisé entre les deux, où l'autre apparait sans cesse en arrière-plan pour finir enfin au premier. La BD est servie par un dessin qui est vraiment pas mal et m'a rappelé le dessin de Anneli Furmark que j'ai déjà pu apprécier, avec cette façon de faire des crayonnées aux touches de couleurs spécifiques qui parsèment l'ouvrage (ici du rose/rouge), et un trait faussement naïf qui est pourtant avant tout précis dans ses visages, postures et décors. J'aime le rendu que ça apporte, la double planche qui ouvre l'album étant un bon exemple avec cette note de couleur et ce paysage évoqué en fond. Le dessin rend aussi bien compte de la foule, omniprésente, envahissante mais aussi distante et masse informe. Ces qualités évoqués, il faut cependant que je parle du fond. Et là, je suis plus embêté. Si la comédie romantique est un genre que j'adore (réellement), il m'est tout de même difficile de dire ici que ça me convient. Déjà, l'autrice explique que la BD a été en grande partie écrite pendant le covid, lors des confinements successifs. C'est une BD sur la difficulté à se croiser, créer des liens, etc ... Le parralèle avec cette crise qui empêcha les gens de se voir est assez clair, surtout dans l'interrogation de nos sociétés contemporaines surexposées à la solitude. Cela étant dit, j'ai tout de même un souci avec le message. En substance, ces deux personnes ont des problèmes dans la vie : travail, ami, loisir, tout semble dysfonctionnel chez eux. Leur vie ne semble pas leur convenir et ils en souffrent. Sauf que du fait de la comédie romantique, la seule façon dont la BD résout tout, c'est l'amour. Et ce message-là, il m'embête beaucoup. Parce que l'amour n'est pas suffisant (ni même nécessaire) pour bien vivre, que l'autre ne résoudra pas tout tes problèmes (et n'est pas là pour ça), qu'un.e compagnon-compagne n'est pas la solution à vos soucis. Et même que ça peut aggraver le tout ! En fait, je reprocherais à cette BD la naïveté dont font preuve la plupart des comédies romantiques qui s'imaginent que quand on s'aime tout est réglé. Plus de souci de travail, de loyer, d'amitié défaillante, de solitude social. C'est bon, je suis amoureux, tout va bien ! Et ce message-là, je ne l'aime pas. Il est malheureusement bien trop présent et amène des situations où les gens cherchent l'amour plutôt qu'a aller mieux, ce qui me dérange. D'autant que la BD parle surtout de la solitude contemporaine, sans jamais montrer les tenants et aboutissants du problème : pourquoi tant de gens se sentent seul ? Comment en est-on arrivé là ? Quel est le vrai problème, quelle solution est envisageable ? Par une pirouette scénaristique, on peut se dire que l'amour suffira. Mais c'est esquiver les vrais enjeux et de fait, les solutions adaptés. BD pas mauvaise donc, qui mérite son petit 3* pour le dessin et l'ambiance, mais dont je veux souligner le propos avec lequel je suis en désaccord.
Golden Guy
Une série mettant en vedette des yazukas pas trop mal. Le ton est un peu ce que l'on retrouve dans les séries B (il faut dire que le magazine qui publie la série n'a pas la réputation de publier beaucoup de chef d'œuvres) avec notamment des nombreuses scènes de violences. Cela ne me dérange pas trop même si parfois il y a un peu trop de facilités dans le scénario. Je peux bien croire que les petites mains des yazukas se massacrent entre eux, mais lorsque je vois un gros parrain censé être puissant se faire piéger et tuer facilement, ma suspension consentie de l'incrédibilité en prend un coup ! Un autre problème que j'ai rencontré durant la lecture est qu'il y a beaucoup de personnages et qu'en plus ils ont tendance à changer de camp c'est parfois un peu dur de s'y retrouver. Malgré tout, cela reste une série que j'ai trouvé sympathique. L'intrigue autour du mystérieux trésor est palpitante et j'avais bien envie de voir comment cela allait finir. Il y a des bonnes scènes et certains personnages sont un peu attachants. Il y a peut-être un peu trop de scènes d'action, mais au moins cela fait en sorte que les tomes se lisent plus vite ! Une bonne série divertissante avec un bon dessin.
Ghost Squadron
Années 1950. Alors que Fletcher Williams pensait couler des jours tranquilles sur son île du Pacifique, son ancien officier le retrouve pour lui imposer une mission secrète au service de l'armée américaine : constituer une escadrille de pilotes, réunis autour d'avions récupérés, afin de partir à la recherche d'un milliardaire disparu. Mais la mission implique de patrouiller autour d'un atoll maudit, théâtre de nombreuses disparitions de bateaux et d'avions dans des circonstances effrayantes. Fantômes, démons ou actes de piraterie sanguinaire ? Ghost Squadron s'inscrit dans la grande tradition des récits d'aviation et d'aventure, à la manière d'un Buck Danny avec ses décors exotiques et son souffle d'épopée à l'ancienne, construit en diptyque. Comme souvent dans ce genre de récit, un mystère aux allures de fantastique ou de science-fiction plane d'abord, mais l'on devine vite qu'il ne s'agit que d'un voile masquant une vérité plus réaliste. Située peu après la Seconde Guerre mondiale, l'intrigue permet aux auteurs de convoquer d'anciens combattants mais surtout d'aligner quelques-uns des avions emblématiques du conflit : Catalina, P-51 Mustang, P-38 Lightning, Corsair ou encore Zéro raviront les amateurs de belles machines. Le cadre militaire est ici plus souple que dans Buck Danny : les héros, civils mais agissant dans le secret pour l'armée, offrent davantage de liberté de ton. Quant au recrutement de pilotes venus d'horizons divers, chacun avec son caractère et ses compétences, il alimente efficacement l'intérêt pour l'aventure. Le dessin est de belle facture, particulièrement dans la représentation des avions, mais aussi des personnages et des paysages du Pacifique. La mise en couleurs, posée avec assurance et techniquement maîtrisée, manque toutefois de subtilité : les teintes franches, souvent primaires, peinent à s'harmoniser et donnent un rendu parfois un peu abrupt. Si j'ai apprécié le divertissement, le souffle d'aventure et le dépaysement, j'ai trouvé le mystère de l'atoll maudit et de ses créatures un peu cousu de fil blanc. Les ficelles scénaristiques se voient trop pour réellement surprendre. Mais je ne trouve pas ça désagréable : je lirai volontiers la suite.
London Inferno
Rien d’exceptionnel dans cette histoire. Mais c’est du travail bien fait, et on ne s’ennuie jamais. Un polar noir et poisseux, bien accompagné par le dessin de Mason, qui use d’un Noir et Blanc tranché très adapté à ce type de récit. Si l’intrigue elle-même manque peut-être de développement, sa mécanique implacable est intéressante. Bollée joue d’ailleurs plus sur cette mécanique que sur l’histoire elle-même (les retournements de situations de la fin, en particulier ce qu’on apprend de la famille d’un héros sont un peu trop « faciles je trouve). Mais le personnage de John, flic aux méthodes parfois atypiques, mais qui ne lâche jamais l’affaire, permet au rythme de ne jamais baisser. A propos de rythme, la musique ambiance le récit, dont les titres de chapitres sont tirés de chansons des Beatles, pour ancrer le récit dans un Londres nocturne bien rendu par le dessin de Masson. Un petit polar sympathique.
L'Or du spectre
Dans la lignée de Le Serpent et le Coyote, mais il peut se lire indépendamment, cet album est moins surprenant sur sa trame. C'est une chasse au butin d'un ancien taulard qu'il avait planqué avant de finir à l'ombre. Sa compagne compte bien en croquer aussi. Quelques rebondissements vont ponctuer cette course. Le coup du vieux cow-boy délirant est assez surprenant, un spectre réel ou non ; pourtant il se prend une balle sans être blessé. Il reste que c'est un bel album à lire et bien illustré avec les décors du Colorado.
Grizzly jam
Marcia décide de mettre son travail dans l'informatique entre parenthèses pour un été, qu'elle passe dans un hôtel de type lodge, composé de chalets en bois, aux abords du parc de Yellowstone. L'établissement, tenu par une amie de sa grand-mère, devient le point de départ d'une immersion dans une région où humains et grizzlys cohabitent, et où elle fait connaissance avec les habitants comme avec les visiteurs de passage. Le récit prend une forme contemplative, fortement porté par le dessin d'Alice Chemama. Son trait doux et coloré, à la ligne claire légèrement naïve, évoque les affiches et publicités anciennes des parcs américains auxquelles il fait régulièrement référence, ce qui contribue à plonger le lecteur dans une atmosphère dépaysante et charmante. Le rythme est volontairement lent, scindé par des ellipses de quelques semaines ou d'un mois, marquant l'évolution du séjour. Marcia reste discrète, parle peu, à la différence du couple affable et souriant qui tient l'hôtel. Ses pensées, livrées par bribes, finissent par se tourner vers un possible amour de vacances, fragile et incertain, mais le cœur du livre demeure bien l'exploration de la nature, la place des ours dans cet écosystème et le fonctionnement même du parc. Si ce roman graphique se révèle plaisant, il reste relativement anecdotique et rapide à lire. Le dernier tiers de l'album change de registre : il propose une autre BD, réalisée plus tôt par l'autrice, qui prend la forme d'un pur documentaire sur Yellowstone et ses ours. On y retrouve de nombreux éléments déjà abordés dans le récit, mais enrichis et détaillés. Intéressant sur le plan informatif, ce complément a toutefois le ton plus aride d'un documentaire, et donc moins de souffle narratif.
Otaku
Une narration quelque peu déconcertante constituée de courts chapitres et surmontée d'une voix off. Dommage car ce récit de Lionel Tran bien illustré par Ivan Brun dans un style réaliste avait de bonnes idées. On pense être dans un récit d'anticipation à une époque indéfinie. La France est en grève à cause de réformes sur le chômage ou les retraites, ce qui reste tristement d'actualité. De même on y évoque une certaine vacuité de l'existence dans une planète où le climat se dégrade. Un discours de plus de 20 ans on ne peut plus vrai en 2025. Un couple de japonais débarque à Paris dans une espèce de squat. On comprend qu'ils font des sortes de performance artistique, tout en jouant en ligne à un jeu prenant muni de lunettes de réalité virtuelle (encore une fois c'est devenu réalité). Lui n'a pas de "vrai" travail, quant à elle seulement un petit emploi alimentaire. Dans cette auberge espagnole, plusieurs dialogues sont en anglais et non traduits. Je n'ai pas très bien capté la finalité de tout ça. Un petit 3.
Stagecoach Inn - Le Relais des Miraculés
Ici pas de shérif véreux à la solde de propriétaires terriens, pas de saloon avec des outlaws à la gâchette facile. On a droit à plusieurs protagonistes des tenanciers d'un relais, un petit convoi de migrants, des Amérindiens (Comanches, Hutes, Navajos) sans oublier quelques bandits qui seront le grain de sable dans cette trame, ce qui donne un bon petit western sans grande prétention mais tout de même efficace malgré ses 54 planches ; il y a aussi un petit clin d'oeil à Blueberry en fin d'album qui fait sourire. Certains passages peuvent paraître téléphonés, mais cela ne m'a aucunement gêné dans ma lecture, c'était peu pour bouder mon plaisir. Le dessin de Daniel Brecht est d'une grande simplicité, un dessin pas très fouillé, mais je lui trouve un certain charme, il est simple mais très efficace.
Les Justes
Les Justes propose de retracer, à raison d'un album par volume, l'histoire de grandes figures ayant risqué leur vie pour sauver des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Si le scénario est confié à Sébastien Le Naour, chaque tome bénéficie du regard graphique d'un dessinateur différent. Le premier volume met en lumière le couple Emilie et Oskar Schindler, rappelant à juste titre que ce n'est pas seulement l'industriel popularisé par La Liste de Schindler qui a œuvré pour le Bien. À travers le récit qu'Emilie livre en Argentine puis en Europe à deux journalistes venus l'interviewer, se dessine un portrait sans complaisance : celui d'un homme complexe, égoïste et volage dans sa vie intime, mais capable d'un engagement total dès qu'il prend conscience du sort tragique réservé aux Juifs. Le contraste entre ses faiblesses personnelles et sa force d'action donne une dimension très humaine au récit, renforcée par la mise en scène des initiatives d'Emilie elle-même. Le dessin expressif de Christelle Galland, avec son encrage épais et moderne, accentue l'intensité dramatique de certaines scènes et confère parfois au récit une énergie presque romanesque, faite de tension et de suspens. Le second tome, consacré au diplomate suisse Carl Lutz, adopte un ton plus sobre et une mise en forme proche du documentaire. L'action s'y déploie de 1935 jusqu'à la fin de la guerre, dans une narration plus factuelle que romanesque. Le dessin, précis et austère, soutient ce parti pris, mais au détriment d'une certaine vitalité. Lutz agit surtout par la voie administrative et bénéficie d'une relative protection diplomatique, ce qui rend son parcours moins palpitant que celui de Schindler. Cela n'enlève rien à son courage ni à l'ampleur de ses actes, mais la lecture se révèle moins immersive. L'album garde néanmoins une vraie valeur historique et pédagogique, en rappelant que l'héroïsme peut aussi s'incarner dans la patience, la ruse bureaucratique et la ténacité face à la machine nazie.
Guerre à Gaza
Un avis très court pour une BD qui ne l'est pas moins. Disons clairement les mots, c'est assez dispensable et peu étayé, mais l'auteur ne cherche pas à faire une dissertation sur le sujet. En même temps, Joe Sacco a déjà traité la question dans deux BD distinctes (Palestine et Gaza 1956), cette BD peut être vue comme un ajout postérieur sur la question des attentats du 7 octobre. Disons que c'est assez vite lu et expédié et que la BD se concentre surtout sur deux choses : la façon dont les USA se sont mêlées de la situation et ont aggravés les choses notamment en fournissant abondamment des armes à Israël, en inventant des mensonges justifiant les massacres, le tout en précisant que sous Biden -et ça ne s'est surement pas arrangé avec Trump- la démocratie américaine a pris du plomb dans l'aile. La BD est rapidement lue, claire et nette sur son propos. Sans être indispensable, je pense qu'elle apporte un petit éclairage (à sa modeste échelle) sur ce qui se joue actuellement en Israël, ou un génocide est couvert par tout l'occident sous prétexte de morale... (la note est difficile à mettre, le 3* est le bon compromis entre la rapidité de lecture, le peu d'informations et la facilité de lecture)