Les derniers avis (48044 avis)

Par Canarde
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Une issue
Une issue

Une description juste d'un épisode très incofortable de la vie : tomber enceinte et ne pas se sentir en situation de mener ce potentiel enfant à terme. Avec une particularité : cela se passe en Pologne dans un pays très religieux où l'avortement est une intervention médicale très rare, aux mains d'une phallocratie catholique. Aucune précision ou réflexion n'est donnée sur qui est le partenaire sexuel. Là n'est pas le sujet de l'album. Rien de psychologique. Le titre est en ce sens tout-à-fait bien choisi. Le but est de trouver une issue, et d'abord quelqu'un à qui en parler. Le flou de la succession des démarches à accomplir est d'autant plus perturbant dans la solitude. Magda est institutrice dans une école Montessori mais cela ne l'aide en rien ! L'autrice vient de Jérusalem et habite au Pays-Bas. Une issue est sa première BD traduite en français. Le dessin des personnages ressemble un peu à celui de Davodeau avec une couleur plus audacieuse : les traits peuvent être colorés et l'aquarelle plutôt proche de Barru (vive et un peu baveuse !) La mise en page et le jeu des cases sont variés et adaptés au propos. C'est une BD à mettre dans toutes les bibliothèques, elle ne s'appuie pas sur un discours militant pendant le parcours de Magda qui reste très factuel. Le rôle des enfants donne à l'histoire un humour appréciable et contextualise aussi très bien les contradictions qui traversent la vie des femmes. Seules les dernières pages mettent en scène les manifestations pour l'avortement qui ont eu lieu en Pologne pendant la pandémie de Covid. Une double-page en fin de publication présente l'association danoise ANA qui a permis à 125000 personnes d'avorter à ce jour dont 90% venaient de Pologne. Je ne mets pas 4 étoiles parce que ce point de vue qui occulte les raisons d'avorter est très juste d'un point de vue politique, mais du point de vue de la narration, cela reste un manque.

23/08/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Eilin du fond de l'eau (Naïade)
Eilin du fond de l'eau (Naïade)

Initialement publiée comme une histoire de 62 pages chez Makaka Éditions sous le titre Naïade, cette œuvre a ensuite été complétée par deux grands chapitres se déroulant dix ans plus tard, pour atteindre 208 pages dans la réédition augmentée chez Aventuriers d'ailleurs. L'histoire de Naïade reprend un schéma classique des contes et légendes : la rencontre entre un jeune aventurier et une mystérieuse femme magique au cœur de la forêt, et l'amour complexe qui naît lorsque le monde féérique croise celui, plus cruel, des humains. L'ambiance des légendes d'Europe de l'Est se ressent à travers plusieurs éléments : le héros, meneur rusé d'un duo d'aventuriers, la belle qui est une sorcière de l'eau capable de se transformer en loutre, et surtout l'opposition entre inventions humaines et ordre naturel et magique. J'avais déjà noté cette thématique de l'industrie contre la nature dans Au cœur des terres ensorcelées de la même scénariste. Avec ces deux premiers chapitres, on obtient un récit complet, joliment dessiné, qui repose sur une base certes classique du conte de fées mais solide et satisfaisante. Seule la fin, un peu abrupte et convenue, pouvait décevoir. C'est sans doute pour cette raison que, quelques années plus tard, les mêmes autrices ont proposé deux chapitres supplémentaires, encore plus longs. Se déroulant dix ans après, ils reprennent les mêmes personnages et les développent davantage. Le récit prend alors une ampleur nouvelle, intégrant de nombreux éléments issus des légendes slaves, comme L'Oiseau de feu, ainsi que des références croisées déjà entrevues dans Au cœur des terres ensorcelées. Les enfants adolescents des héros jouent un rôle central, ce qui modernise le ton et transforme le conte classique en aventure de fantasy nourrie par les mythes traditionnels. Mais cette évolution s'accompagne d'une rupture, à la fois narrative et graphique. Si ce sont a priori les mêmes dessinatrices, le style change : moins solennel, plus souple, avec des couleurs plus vives. La technique reste présente, mais la mise en scène devient plus confuse, parfois trop échevelée, et certaines séquences sont difficiles à suivre. Le rythme narratif se fait haché et les intentions des personnages paraissent moins claires. Le charme des deux premiers chapitres se dilue ainsi un peu dans les suivants. J'ai néanmoins apprécié cette plongée dans l'imaginaire des légendes slaves, pour un récit dense et ambitieux qui dépasse les codes du conte classique et propose une aventure plus moderne et fouillée, portée par un dessin très agréable et énergique.

23/08/2025 (modifier)
Couverture de la série Là où gisait le corps
Là où gisait le corps

Une nouvelle collaboration du duo Brubaker/Phillips (trio d’ailleurs avec le fils Phillips à la colorisation), les auteurs sont rodés, fonctionnent bien ensemble, et ont l’habitude d’installer ambiance et personnages dans un univers polar. Même si ici c’est un peu plus original dans la construction du récit – et plutôt décevant me concernant d’ailleurs. C’est une sorte de récit choral, centré autour d’un quartier et d’une dizaine de personnages. Chacun nous livre à tour de rôle sa vision, parlant de lui avant, pendant et après les « événements » ayant amené au « cadavre » gisant sur le sol (donnant le titre et occupant la couverture). L’intrigue se déroule durant les années 1980, plutôt bien retranscrites, et Brubaker parvient à donner de la profondeur à la plupart des protagonistes (à part la commère, qui au final se révèle transparente). Au fil des chapitres, les relations unissant les personnages sont précisées, chacun ayant un petit quelque chose dans sa personnalité ou son histoire d’intriguant (à part le docteur Melville, lui aussi en retrait dans le récit). La construction titille la curiosité, mais si je suis sorti quelque peu déçu de cette lecture, c’est que le côté polar n’est finalement pas très important. Les précédentes collaborations des auteurs, le titre et la couverture faisaient quand même penser à autre chose. Brubaker en joue d’ailleurs en présentant à la fin la clé de l’énigme, prenant à partie la curiosité et l’éventuelle frustration du lecteur. Mais du coup, je me suis dit « tout ça pour ça ? ». Le dessin de Phillips et la colorisation du fiston sont habituels pour eux, du travail efficace et lisible. Et l’album se laisse lire sans problème. Mais j’en attendais sans doute autre chose et du coup j’en suis sorti un peu sur ma faim.

23/08/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Boche
Le Boche

Je poste mon avis après lecture du premier cycle de cinq tomes. Un cycle que j’ai fini sans trop d’enthousiasme, tant cela s’étirait (et le cinquième album à la frontière suisse est vraiment celui qui se traine le plus. Il était temps de conclure. J’avais emprunté les albums suivants, mais je m’arrête là. D’autant plus que visuellement, avec le changement de colorisation le rendu n’est plus du tout le même (changement accentué avec un nouveau dessinateur au tome suivant). Et le passage dès la fin du tome 6 en Asie change aussi la nature et l’unité de l’intrigue. Le dessin des Stalner, un peu brouillon et inégal au départ, s’améliore au fil des tomes, gagne en précision. Mais il est globalement agréable. Je regrette juste un personnage (Garcin-Lacour) trop ressemblant au héros, ce qui rend la lecture de certaines cases – du moins dans les premiers tomes, ça s’améliore par la suite – légèrement pénible. En tout cas la période des années 1940 est bien restituée (décors et vêtements). Tout tourne donc autour d’un héros, Claus, surnommé « Le Boche » (il est alsacien), dans une période on ne peut plus trouble (déroute, exode puis occupation). Il nous sert de fil rouge. Toujours en fuite, il croise résistants, collaborateurs, marché noir, échappant de peu pas mal de fois au désastre. Si la narration est dynamique, Bardet use quand même de pas mal de facilités pour que Claus s’en tire à chaque fois. Et dans le maelstrom qu’est la France à l’époque, c’est quand même incroyable que tous les personnage secondaires – y compris un gamin, Léo – se retrouve sur la trajectoire de notre héros, où qu’il soit ! Un héros qui multiplie les conquêtes féminines – parfois plusieurs en même temps, Marie par exemple étant relativement tolérante et partageuse dans ce domaine ! Bref, une série classique sur la période de l’occupation, un dessin un peu daté mais intéressant, mais une intrigue trop étirée et manquant quand même de personnages plus forts et/ou crédibles pour captiver davantage (comme dans Le Vol du Corbeau ou Il était une fois en France par exemple). Note réelle 2,5/5.

23/08/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 3/5
Couverture de la série Silence sur le quai
Silence sur le quai

Une BD qui invite au voyage, à la contemplation. Un voyage en train sur l'une des plus belles lignes ferroviaires d'Europe : la ligue de Béziers à Neussargues longue de 277 kms. C'est sur ce parcours que se trouve le magnifique viaduc de Garabit qui enjambe les gorges de la Truyère. Un ouvrage métallique réalisé par Gustave Eiffel. Un voyage qui commence mal puisque la ligne est fermée pour cause de travaux pour plusieurs mois. On parle même d'une fermeture définitive. Cela n'empêche pas Alain Bujak de faire le trajet en automobile en longeant la ligne de chemin de fer et d'y faire des rencontres : maires, associations, cheminots... Des gens qui se battent pour garder le train sur leurs communes. Un besoin essentiel pour ce territoire rural. Une lecture instructive qui fait un petit cours d'histoire sur la ligne en question et sur la SNCF, de sa création en 1938 à son changement de statut en 1983 (EPIC) qui va l'amener progressivement à mettre de côté son rôle de service public (avec l'accord de nos politiques) pour ne voir que la rentabilité. On va aussi y rencontrer un ancien ministre des transports : Jean-Claude Gayssot, un enfant du pays. Une BD qui questionne sur la société que l'on souhaite transmettre à nos enfants et les combats qui en découlent, dommage qu'elle ne développe pas davantage le sujet. On finira en fin d'album par faire ce trajet en train Le dessin n'est pas sans défauts, quelques problèmes de proportions et de perspectives. Un trait fébrile par moment. Mais il dégage une ambiance surannée qui convient très bien à ce documentaire. Je dois souligner le soin apporté aux détails, la locomotive BB 9424, sur la seconde image de la galerie faisait bien la liaison entre Béziers et Neussargues. Une lecture agréable pour le cheminot que je suis.

22/08/2025 (modifier)
Par Yann135
Note: 3/5
Couverture de la série Ombres
Ombres

Je vous le dis d’emblée, le graphisme de Lucien Rollin … j’adore. Je me suis donc procuré l’intégrale d’Ombres sans me préoccuper des avis sur cette série. J’aurais dû car au final c’est une petite déception ! Dès les premières planches je retrouve le trait élégant et précis de mon Lulu. Mes petites pupilles se dilatent de plaisir. Nous sommes à St Malo. Les décors sont détaillés avec des jeux d’ombre et de lumière maîtrisés, et les personnages sont expressifs. Chaque case est soignée, et on sent une recherche esthétique qui force l’admiration. Pour les amateurs de dessin réaliste et atmosphérique, cette série a de quoi séduire mais il y a un mais ! un gros mais d’ailleurs ! Le beau dessin de Lucien ne suffit pas à porter cette série. Si le visuel captive, l’histoire, elle, peine à convaincre. Le scénario de Jean Dufaux, volontairement mystérieux, bascule parfois dans la confusion. Les ellipses narratives sont nombreuses, et les transitions entre les scènes manquent souvent de fluidité. Je me suis surpris à relire certaines pages, cherchant en vain le fil conducteur ou la logique des enchaînements. Les personnages, bien que stylisés avec brio, restent parfois énigmatiques au mauvais sens du terme : leurs motivations sont floues, leurs arcs narratifs peu développés. J’avoue avoir été frustré car je cherchais une intrigue solide qui tienne la route. Ce n’est pas le cas. Certains passages brillent par leur originalité, notamment les séquences oniriques ou les moments où le dessin et le récit semblent fusionner. Mais ces fulgurances sont trop rares pour compenser les longueurs. Le rythme est inégal, alternant entre des phases captivantes et des moments où l’on se sent perdu. J’ai eu du mal dans la lecture de cette série. Pas possible de lire tout d’une traite et j’ai par moment eu envie de fermer l’album définitivement. Pour résumer, visuellement c’est bien mais le scénario est trop nébuleux. Pour le dessin 4 étoiles – pour l histoire 1,5 étoile. Nous sommes à la limite de la correctionnelle !

22/08/2025 (modifier)
Couverture de la série La Page de tous les désirs
La Page de tous les désirs

Féru-e-s d'énigmes et fanas de chiffre, attention : cet album saura faire vibrer les zones érogènes de votre boîte crânienne et exciter les cellules grises de votre entrejambe (ça ne veut rien dire). Trois temporalités, trois groupes d'individus tentant de résoudre le mystère des moines de l'ordre des Bouzouki, afin de pouvoir accéder au légendaire ouvrage capable de faire don du pouvoir suprême, d'apporter la connaissance absolue. Ce n'est pas révolutionnaire mais cela reste bien trouvé. J'avoue tout de même que, l'album étant écrit par Lécroart et puisqu'il s'agit d'une histoire d'énigme et de réflexion, je m'attendais à ce qu'il y ai finalement un secret également caché au delà de cette simple histoire, mais il n'en est rien. J'en suis un tantinet déçue.

22/08/2025 (modifier)
Couverture de la série Pervenche & Victor
Pervenche & Victor

Bon, si cet album brille ce n'est pas pour son scénario. Il est assez accessoire et, pour tout dire, franchement nunuche. Une tranche de vie de couple, deux individus qui se parlent et se disent des mots doux, des mots sensuels aussi. Pas de quoi casser trois pattes à un canard. Non, si cet album brille c'est surtout pour la petite surprise, typique de Lécroart : il y a une seconde histoire cachée dans la première. Pliez les pages comme indiqué au début de l'album et, surprise, la charmante soirée en amoureux se transforme en terrifiante et sordide engueulade à deux doigts du futur fait divers. Pas le meilleur de l'auteur à mes yeux mais tout de même admirable d'un simple point de vue technique. Disons que si on le lit, encore une fois, ce n'est pas pour l'histoire ou les dialogues en eux-même.

22/08/2025 (modifier)
Couverture de la série La Mutation
La Mutation

Je crois qu'il s'agit de l'un de mes préférés de la collection. La narration pleine de poésie, le contraste entre le monde froid de l'entreprise et le côté très humain de l'individu qu'il se redécouvre au crépuscule de sa vie, la jolie métaphore sur le changement, sur la vieillesse traitée comme une dégénérescence, … C'est surprenamment beau. Peu de choses à dire finalement, c'est sans doute l'un des albums les plus verbeux de la collection et, paradoxalement, l'un des plus courts en matière de ressenti. Je ne connais pas les autres créations de Marc-Antoine Mathieu (si ce n'est, de nom, Julius Corentin Acquefacques car mon père aime beaucoup) mais j'avoue qu'ayant pas mal apprécié cette lecture je m'y essaierai bien un jour. Ne serait-ce que par curiosité.

22/08/2025 (modifier)
Couverture de la série Nous sommes tous morts
Nous sommes tous morts

Comme beaucoup de monde je suis fascinée par la question de la mort, je dévore avec avidité les essais métaphysiques et les fictions sur le sujet depuis des années. Alors un petit débat philosophique sur le sujet de la mort, même si cela n'apprend rien de nouveau, ça m'intéresse toujours. Il s'agit d'un dialogue entre un petit personnage craignant la fin de son existence et une entité à tête de crâne (sans doute la Mort elle-même) discutant des apriori, des conceptions de la mort, du sujet-même de la peur et de la fascination qu'elle procure. L'immortalité serait une malédiction, c'est la finalité qui donne son sens aux choses, il ne faut pas craindre la mort car nous ne la vivrons en réalité jamais, … que des portes ouvertes pour quiconque se serait déjà questionner sur le sujet, mais tel les dialogues socratiques il est toujours bon de rendre concret les arguments en les imageant dans un dialogue, en représentant les tentatives de contrer la pensée. L'album n'est pas non plus révolutionnaire, cela reste un court récit de 22 pages assez simple et une pensée métaphysique mine de rien à peine effleurée, mais la lecture est loin d'être désagréable (même si le dessin de Trondheim reste ici très simpliste).

22/08/2025 (modifier)