J’ai lu la série dans l’intégrale, que j’avais empruntée un peu au hasard. Ma lecture n’a pas forcément été enthousiasmante (note réelle 2,5/5), mais j’arrondis au supérieur au vu du public visé, très jeune. Car ça ne passe pas trop la barrière de l’âge (en tout cas pour le vieux schnock que je suis).
Le dessin assez informatisé n’est pas ma tasse de thé et la colorisation manque de nuance. Mais ça reste très lisible et expressif, et détails et décors ne sont pas sacrifiés.
Quant aux histoires (une par tome), ça peut se laisser lire, mais ça part un peu dans tous les sens, en jouant sur du fantastique plus ou moins marqué. J’ai été surpris de voir que le rôle assigné à François dans le premier tome (une sorte de grand gourou des lettres) est abandonné sans explication par la suite. C’est un peu brutal.
Alors, certes, notre garçon déborde d’imagination – et cela peut plaire au jeune lectorat. Et Zabus n’hésite pas à aborder un sujet sensible pour les plus jeunes, à savoir le divorce (c’est le cas des parents de François – un divorce à l’amiable cela dit, malgré les nombreuses disputes).
Disons que les histoires, une fois entré dans l’univers de François, manquent un peu d’originalité pour un lecteur adulte. Sans doute que disséminées dans le magazine Spirou cela passait-il mieux.
Cela fait plusieurs ouvrages des mêmes auteur/autrice que je lis avec le même ressenti mitigé. Pourtant on ne peut pas reprocher de répéter la même thématique. Le sujet est original en centrant l'intrigue autour de la révolution architecturale qu'a représenté l'apparition du gothique. Le Galli replace au moyen-âge l'éternelle querelle entre les modernes et les anciens. C'est bien documenté sans être scolaire avec juste un bon aperçu des arguments portés par les deux parties. L'auteur étoffe son scénario de deux sujets brûlants pour l'époque: la dissection des corps en vue d'études anatomiques et la coexistence de rites païens dans un royaume qui se christianise à marche forcée. L'intrigue sert de prétexte pour développer ces thématiques. D'ailleurs le rythme est assez lent avec Margot héroïne plus intellectuelle qu'aventurière ce qui crédibilise assez son personnage. La narration reste fluide avec un niveau de dialogue bon ce qui ouvrirait le récit à un large public si il n'y avait pas ces scènes impressionnantes de corps suppliciés.
C'est le paradoxe du dessin de Marie Jaffredo qui semble dirigé vers un public ado assez jeune. L'ambiance moyenâgeuse et la description du chantier sont vraiment bonnes même pour des enfants. Toutefois la description assez détaillée des cadavres suppliciés rend la lecture problématique pour un lectorat trop jeune. C'est dommage.
Cela reste une lecture agréable et dépaysante.
L'univers Absolute de DC Comics revisite les super-héros bien connus en leur offrant de nouvelles origines, plus sombres et plus ancrées dans le réel. Dans cette version, Superman n'a pas quitté Krypton bébé, mais bien plus tard, après avoir combattu le régime autoritaire de sa planète aux côtés de ses parents. Il fuit une planète en ruines, traumatisé par la mort des siens et la destruction de son monde. Accueilli brièvement par les Kent, il erre ensuite sur Terre sans véritable but, intervenant çà et là pour défendre les opprimés, sans être certain d'avoir trouvé sa voie.
Dans ce monde dominé par une mégacorporation oppressive qui détient sa propre armée, Superman découvre que ses ennemis sont dirigés dans l'ombre par Brainiac et Ra's al Ghul. Lois Lane, initialement mercenaire à la solde de cette entreprise, se trouve fascinée par le héros et par l'écriture.
L'ensemble est une relecture sombre et adulte de la légende. Le dessin, impressionnant et très pro, repose sur une esthétique marquée par la présence constante d'une cape rouge constituée de poussière intelligente, reliée à Kal-El, qui enveloppe parfois entièrement les planches dans une sorte de brouillard visuel. Cela produit un effet fort mais parfois déroutant. Comme Lois le souligne, on peut également s'interroger sur la nécessité d'un tel costume pour un héros aussi puissant.
Ce Superman s'écarte fortement de l'original. S'il en conserve les éléments clés (Krypton, les Kent, le symbole et le costume, Lois), sa personnalité tourmentée et incertaine donne l'impression d'un tout autre personnage. Même l'étendue de ses pouvoirs semble floue : on le voit, par exemple, peiner face à un gros bracelet de menottes. Je ne l'ai pas trouvé particulièrement charismatique. Les adversaires, qu'ils soient sur Krypton ou sur Terre, manquent eux aussi de nuances, avec un fond scénaristique trop manichéen et globalement assez plat. Le discours de fonds anticapitaliste et antifasciste est simpliste et lourdement assené.
Malgré ces réserves, la qualité graphique et le potentiel de cette réinvention maintiennent l'intérêt. Je ne suis pas entièrement convaincu, mais suffisamment intrigué pour vouloir découvrir jusqu'où cette version du mythe ira, et si d'autres super-héros revisités de cet univers Absolute croiseront bientôt sa route.
Mouais. Je ne suis a priori pas fan de l’exploitation ad nauseam de franchises, et Thorgal a déjà eu pas mal de Spin-off. Avec cette nouvelle collection, le principe est de donner à de nouveaux auteurs la possibilité de livrer leur version, tout en restant dans l’univers (graphique et narratif). Pourquoi pas ?
Mais ici l’histoire m’a clairement laissé sur ma faim. Elle se laisse lire sans réel enthousiasme, n’apportant franchement pas grand-chose de nouveau justifiant la poursuite de l’aventure – une nouvelle gardienne des clés, certes, mais bon… Il y manque les ressorts scénaristiques qui avaient fait l’originalité des meilleurs albums de Van Hamme – il y a longtemps maintenant ! C’est un peu trop linéaire, et ça utilise des images et idées déjà vues ailleurs (le combat contre le dragon par exemple). En tout cas rien de palpitant. C'est pour le moment le scénario le plus faible des quatre albums déjà publiés dans cette collection.
Le dessin respecte la charte, et le trait d’Etien est globalement bon, dans un style réaliste éloigné de celui de Rosinski, mais qui ne le trahit pas trop. Je suis moins convaincu par la colorisation de Tatti (et je comprends donc qu’Hervé ait pu être satisfait d’une version en Noir et Blanc). En tout cas j’ai bien aimé le dessin, décors, personnages et animaux, un chouette coup de crayon.
Deux couvertures différentes existent. A part le côté marketing et/ou mercantile, je n’en vois pas l’utilité.
Note réelle 2,5/5.
J’avais lu il y a quelques temps maintenant Le Sentier des Reines, dont cet album est le prolongement. Mais il peut tout à fait se lire comme un one-shot.
C’est une intrigue qui mélange romantisme et histoire coloniale. En l’occurrence en Nouvelle Calédonie, cet aspect étant intéressant (et un dossier historique complète très bien le sujet en fin d’album).
L’intrigue elle-même se laisse lire, avec des tensions entretenues par des rivalités amoureuses, et tout ce qui tourne autour des rapports coloniaux, ici avec toutes les nuances allant du racisme, des profiteurs, à l’entente, la compréhension mutuelle.
Pastor donne une personnalité forte à la plupart de ses personnages, ce qui densifie l’intrigue, et lui donne du souffle.
Son dessin, un chouia statique, est plutôt agréable (je m’y suis fait depuis que je fréquente ses productions, alors qu’au départ j’étais plutôt rétif à son style).
Un album plaisant.
Épouvantail est une BD difficile à classer.
Elle emprunte au roman graphique en explorant le quotidien d'une jeune fille marquée par la perte de sa mère, en conflit avec une belle-mère pourtant loin d'être hostile, et qui trouve refuge dans un dialogue imaginaire avec un épouvantail. Lorsque celui-ci commence à lui répondre, ses propos prennent une dimension symbolique, pouvant autant révéler le mal-être de l'adolescente que refléter des éléments plus troubles autour d'elle.
On y retrouve aussi des éléments de polar, avec un inspecteur menant l'enquête sur un accident de la route survenu non loin.
Et à cela s'ajoute une forte ambiance fantastique, parfois proche des codes du film d'horreur, sans jamais toutefois basculer clairement : tout pourrait n'exister que dans la tête des protagonistes.
Le dessin, en noir et blanc, fonctionne bien. Lisible, expressif, il accompagne efficacement l'ambiguïté du récit, notamment grâce à l'emploi de motifs visuels empruntés au registre de l'épouvante, renforçant l'impression d'étrangeté sans jamais trancher sur sa nature réelle.
Ce mélange des genres peut déstabiliser : on ne sait jamais vraiment quelle direction l'histoire souhaite emprunter. Y a-t-il une forme de sorcellerie à l'œuvre ? Une possession ? Ou ne s'agit-il que d'un drame psychologique masqué sous une enquête policière ? La conclusion apporte une réponse partielle, mais en garde beaucoup d'autres en suspens, ce qui m'a laissé une impression d'inachèvement.
Au final, j'ai été séduit par certaines idées, notamment cette relation ambigüe avec l'épouvantail, et par la mise en scène maîtrisée. Mais l'ensemble m'a semblé trop flou dans son propos pour vraiment me convaincre.
Pas spécialement amateur de shojo, j'avoue que cette nouvelle série réalisée par deux auteurs français est plutôt plaisante et bien réalisée.
Simon emménage juste en face de chez Emilie qui ne sort plus de sa chambre ; ce nouvel arrivant va piquer sa curiosité et va petit à petit sortir de sa catatonie... Simon est quant à lui aussi intriguée par cette voisine qui se cache dans sa chambre...
C'est le début de reconstructions qui vont passer par de longs chemins de croix pour des motifs différents.
Voilà donc une série qui commence plutôt bien en traitant de deux sujets intéressants, et pas des plus simples, l'emprise maternelle sur un enfant d'une part, et la dépression suite à des rumeurs pour l'autre. Et c'est la solitude engendrée par ces problèmes profonds qui va recréer du lien pour ces deux jeunes traumatisés. L'histoire est plutôt bien construite en s'appuyant sur un dessin fin et agréable. Découpages et cadrages sont plutôt bien pensés en appuyant une narration fluide : on se laisse vite prendre par l'histoire de ces deux ados. Surtout que les personnages secondaires sont plutôt bien vus (mention spéciale à la grande soeur d'Emilie ^^ ).
Je suis curieux de lire la suite de cette nouvelle série.
(3.5/5)
Animal Kingdom est une série déroutante. Le premier tome donne l'impression d'une lecture pour enfants : un héros bébé incapable de marcher, des ratons laveurs aux airs humains façon kawai, et un ton globalement très sucré, parfois franchement niais. Pourtant, dès le départ, le récit oppose à cette douceur une vision brutale de la nature, marquée par la faim, la prédation et la mort. Et au fil des tomes, à mesure que le héros grandit, le récit adopte de plus en plus les codes du shonen classique, avec des méchants caricaturaux, des combats, des alliés fidèles et une trame qui glisse doucement vers la science-fiction.
Ce mélange donne un résultat assez étrange : des thématiques enfantines côtoient des affrontements violents, le naturalisme croise des éléments SF, et les personnages oscillent entre le ridicule et la menace. On frôle même parfois l'isekai, avec ce héros humain parachuté dans un monde animalier où il introduit agriculture, architecture, cuisine et... alcool… comme si toutes les avancées humaines étaient codées dans ses gènes de nourrisson.
Graphiquement, c'est à l'image du reste : techniquement solide, mais déstabilisant. Les animaux sont tantôt réalistes, tantôt anthropomorphes, avec des choix parfois absurdes : une tête de bébé loup façon mini-Darth Vader, une lionne aux lèvres pulpeuses… Le rendu oscille entre nature sauvage et défilé de carnaval, sans ligne claire.
Par moments, j'ai eu envie de connaître la suite, intrigué par le monde ou certaines idées. Mais la plupart du temps, j'ai trouvé le récit trop immature, trop stéréotypé. Ce qui m'a le plus dérangé, c'est le message général du manga, que je n'ai jamais réussi à prendre au sérieux. L'auteur insiste lourdement sur l'instinct animal, tout en opposant l'arrivée d'un humain qui veut imposer un idéal de paix universelle : plus de prédateurs, plus de faim, plus de peur, les carnivores mangent du fromage ou une plante miraculeuse. Un discours naïvement vegan, avec des solutions magiques pour faire disparaître toute forme de conflit.
Les antagonistes humains eux-mêmes (car il y en a plusieurs) sont réduits à des slogans : chacun porte une idée unique, simpliste, qu'il défend avec violence avant parfois de se laisser convaincre par la sagesse du héros. Ce manichéisme appauvrit le propos et empêche toute vraie réflexion.
En résumé, Animal Kingdom est une série au mélange audacieux, parfois intrigante, mais qui peine à convaincre par manque de cohérence, de subtilité et de maturité.
Note : 2,5/5
J'ai trouvé cette lecture amusante sans pour autant la trouver inoubliable. Hautière propose comme un pastiche du genre gentleman espion malgré lui. L'auteur utilise tous les trucs archi éculés d'un scénario très banal pour les contourner avec distance et humour.
Hautière s'amuse à mélanger tous les clichés d'un Arsène Lupin, James Bond ou Ethan Hunt qu'ils soient physiques, technologiques ou psychologiques. en poussant la dérision du genre de telle manière à garder une belle distance vis à vis du héros, distance personnalisée par ce présentateur improbable.
Le graphisme très stylisé de Lapone convient parfaitement à cette ambiance jet-set un peu guindée. L'auteur utilise à merveille l'espace procuré par des dimensions inhabituelles du livre. C'est un vrai plaisir graphique même si cela donne une lecture un peu froide à mon goût.
Une lecture atypique sur bien des points mais qui ne m'a pas marqué plus que cela.
Lorsqu'on pense à Pierre de Coubertin, on fait obligatoirement le lien avec les jeux olympiques.
Pierre de Coubertin croit aux vertus du sport, l'activité physique pour rapprocher les nations et ainsi éviter de futurs conflits, tel est son combat. La guerre franco-allemande de 1870-1871 est toujours dans les esprits. On va suivre son parcours pour faire renaître les jeux olympiques en 1896, les premiers de l'ère moderne. Il fonde le CIO en 1894 qu'il installe à Lausanne pour éviter l'ingérence des nations et dessine les anneaux olympiques. Il milite aussi pour intégrer l'éducation physique dans le domaine scolaire. Mais voilà, on va aussi découvrir une face moins glorieuse de Pierre de Coubertin dans cette BD. Il est misogyne et il a un esprit colonialiste teinté de racisme.
La BD se lit facilement, elle est instructive et elle retranscrit très bien le climat de l'époque. La narration non linéaire permet de rester attentif. Mais une lecture qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.
Le dessin de Didier Pagot dans un style franco-belge est plaisant à regarder, j'ai particulièrement aimé le soin apporté aux décors, il va à l'essentiel sans esbroufes.
Une mise en page classique et une colorisation réussie complète le tableau.
Un biographie recommandable.
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Le Monde selon François
J’ai lu la série dans l’intégrale, que j’avais empruntée un peu au hasard. Ma lecture n’a pas forcément été enthousiasmante (note réelle 2,5/5), mais j’arrondis au supérieur au vu du public visé, très jeune. Car ça ne passe pas trop la barrière de l’âge (en tout cas pour le vieux schnock que je suis). Le dessin assez informatisé n’est pas ma tasse de thé et la colorisation manque de nuance. Mais ça reste très lisible et expressif, et détails et décors ne sont pas sacrifiés. Quant aux histoires (une par tome), ça peut se laisser lire, mais ça part un peu dans tous les sens, en jouant sur du fantastique plus ou moins marqué. J’ai été surpris de voir que le rôle assigné à François dans le premier tome (une sorte de grand gourou des lettres) est abandonné sans explication par la suite. C’est un peu brutal. Alors, certes, notre garçon déborde d’imagination – et cela peut plaire au jeune lectorat. Et Zabus n’hésite pas à aborder un sujet sensible pour les plus jeunes, à savoir le divorce (c’est le cas des parents de François – un divorce à l’amiable cela dit, malgré les nombreuses disputes). Disons que les histoires, une fois entré dans l’univers de François, manquent un peu d’originalité pour un lecteur adulte. Sans doute que disséminées dans le magazine Spirou cela passait-il mieux.
Le Sang des batisseurs
Cela fait plusieurs ouvrages des mêmes auteur/autrice que je lis avec le même ressenti mitigé. Pourtant on ne peut pas reprocher de répéter la même thématique. Le sujet est original en centrant l'intrigue autour de la révolution architecturale qu'a représenté l'apparition du gothique. Le Galli replace au moyen-âge l'éternelle querelle entre les modernes et les anciens. C'est bien documenté sans être scolaire avec juste un bon aperçu des arguments portés par les deux parties. L'auteur étoffe son scénario de deux sujets brûlants pour l'époque: la dissection des corps en vue d'études anatomiques et la coexistence de rites païens dans un royaume qui se christianise à marche forcée. L'intrigue sert de prétexte pour développer ces thématiques. D'ailleurs le rythme est assez lent avec Margot héroïne plus intellectuelle qu'aventurière ce qui crédibilise assez son personnage. La narration reste fluide avec un niveau de dialogue bon ce qui ouvrirait le récit à un large public si il n'y avait pas ces scènes impressionnantes de corps suppliciés. C'est le paradoxe du dessin de Marie Jaffredo qui semble dirigé vers un public ado assez jeune. L'ambiance moyenâgeuse et la description du chantier sont vraiment bonnes même pour des enfants. Toutefois la description assez détaillée des cadavres suppliciés rend la lecture problématique pour un lectorat trop jeune. C'est dommage. Cela reste une lecture agréable et dépaysante.
Absolute Superman
L'univers Absolute de DC Comics revisite les super-héros bien connus en leur offrant de nouvelles origines, plus sombres et plus ancrées dans le réel. Dans cette version, Superman n'a pas quitté Krypton bébé, mais bien plus tard, après avoir combattu le régime autoritaire de sa planète aux côtés de ses parents. Il fuit une planète en ruines, traumatisé par la mort des siens et la destruction de son monde. Accueilli brièvement par les Kent, il erre ensuite sur Terre sans véritable but, intervenant çà et là pour défendre les opprimés, sans être certain d'avoir trouvé sa voie. Dans ce monde dominé par une mégacorporation oppressive qui détient sa propre armée, Superman découvre que ses ennemis sont dirigés dans l'ombre par Brainiac et Ra's al Ghul. Lois Lane, initialement mercenaire à la solde de cette entreprise, se trouve fascinée par le héros et par l'écriture. L'ensemble est une relecture sombre et adulte de la légende. Le dessin, impressionnant et très pro, repose sur une esthétique marquée par la présence constante d'une cape rouge constituée de poussière intelligente, reliée à Kal-El, qui enveloppe parfois entièrement les planches dans une sorte de brouillard visuel. Cela produit un effet fort mais parfois déroutant. Comme Lois le souligne, on peut également s'interroger sur la nécessité d'un tel costume pour un héros aussi puissant. Ce Superman s'écarte fortement de l'original. S'il en conserve les éléments clés (Krypton, les Kent, le symbole et le costume, Lois), sa personnalité tourmentée et incertaine donne l'impression d'un tout autre personnage. Même l'étendue de ses pouvoirs semble floue : on le voit, par exemple, peiner face à un gros bracelet de menottes. Je ne l'ai pas trouvé particulièrement charismatique. Les adversaires, qu'ils soient sur Krypton ou sur Terre, manquent eux aussi de nuances, avec un fond scénaristique trop manichéen et globalement assez plat. Le discours de fonds anticapitaliste et antifasciste est simpliste et lourdement assené. Malgré ces réserves, la qualité graphique et le potentiel de cette réinvention maintiennent l'intérêt. Je ne suis pas entièrement convaincu, mais suffisamment intrigué pour vouloir découvrir jusqu'où cette version du mythe ira, et si d'autres super-héros revisités de cet univers Absolute croiseront bientôt sa route.
Thorgal Saga - De givre et de feu
Mouais. Je ne suis a priori pas fan de l’exploitation ad nauseam de franchises, et Thorgal a déjà eu pas mal de Spin-off. Avec cette nouvelle collection, le principe est de donner à de nouveaux auteurs la possibilité de livrer leur version, tout en restant dans l’univers (graphique et narratif). Pourquoi pas ? Mais ici l’histoire m’a clairement laissé sur ma faim. Elle se laisse lire sans réel enthousiasme, n’apportant franchement pas grand-chose de nouveau justifiant la poursuite de l’aventure – une nouvelle gardienne des clés, certes, mais bon… Il y manque les ressorts scénaristiques qui avaient fait l’originalité des meilleurs albums de Van Hamme – il y a longtemps maintenant ! C’est un peu trop linéaire, et ça utilise des images et idées déjà vues ailleurs (le combat contre le dragon par exemple). En tout cas rien de palpitant. C'est pour le moment le scénario le plus faible des quatre albums déjà publiés dans cette collection. Le dessin respecte la charte, et le trait d’Etien est globalement bon, dans un style réaliste éloigné de celui de Rosinski, mais qui ne le trahit pas trop. Je suis moins convaincu par la colorisation de Tatti (et je comprends donc qu’Hervé ait pu être satisfait d’une version en Noir et Blanc). En tout cas j’ai bien aimé le dessin, décors, personnages et animaux, un chouette coup de crayon. Deux couvertures différentes existent. A part le côté marketing et/ou mercantile, je n’en vois pas l’utilité. Note réelle 2,5/5.
La Vallée du Diable
J’avais lu il y a quelques temps maintenant Le Sentier des Reines, dont cet album est le prolongement. Mais il peut tout à fait se lire comme un one-shot. C’est une intrigue qui mélange romantisme et histoire coloniale. En l’occurrence en Nouvelle Calédonie, cet aspect étant intéressant (et un dossier historique complète très bien le sujet en fin d’album). L’intrigue elle-même se laisse lire, avec des tensions entretenues par des rivalités amoureuses, et tout ce qui tourne autour des rapports coloniaux, ici avec toutes les nuances allant du racisme, des profiteurs, à l’entente, la compréhension mutuelle. Pastor donne une personnalité forte à la plupart de ses personnages, ce qui densifie l’intrigue, et lui donne du souffle. Son dessin, un chouia statique, est plutôt agréable (je m’y suis fait depuis que je fréquente ses productions, alors qu’au départ j’étais plutôt rétif à son style). Un album plaisant.
Épouvantail
Épouvantail est une BD difficile à classer. Elle emprunte au roman graphique en explorant le quotidien d'une jeune fille marquée par la perte de sa mère, en conflit avec une belle-mère pourtant loin d'être hostile, et qui trouve refuge dans un dialogue imaginaire avec un épouvantail. Lorsque celui-ci commence à lui répondre, ses propos prennent une dimension symbolique, pouvant autant révéler le mal-être de l'adolescente que refléter des éléments plus troubles autour d'elle. On y retrouve aussi des éléments de polar, avec un inspecteur menant l'enquête sur un accident de la route survenu non loin. Et à cela s'ajoute une forte ambiance fantastique, parfois proche des codes du film d'horreur, sans jamais toutefois basculer clairement : tout pourrait n'exister que dans la tête des protagonistes. Le dessin, en noir et blanc, fonctionne bien. Lisible, expressif, il accompagne efficacement l'ambiguïté du récit, notamment grâce à l'emploi de motifs visuels empruntés au registre de l'épouvante, renforçant l'impression d'étrangeté sans jamais trancher sur sa nature réelle. Ce mélange des genres peut déstabiliser : on ne sait jamais vraiment quelle direction l'histoire souhaite emprunter. Y a-t-il une forme de sorcellerie à l'œuvre ? Une possession ? Ou ne s'agit-il que d'un drame psychologique masqué sous une enquête policière ? La conclusion apporte une réponse partielle, mais en garde beaucoup d'autres en suspens, ce qui m'a laissé une impression d'inachèvement. Au final, j'ai été séduit par certaines idées, notamment cette relation ambigüe avec l'épouvantail, et par la mise en scène maîtrisée. Mais l'ensemble m'a semblé trop flou dans son propos pour vraiment me convaincre.
Brille !
Pas spécialement amateur de shojo, j'avoue que cette nouvelle série réalisée par deux auteurs français est plutôt plaisante et bien réalisée. Simon emménage juste en face de chez Emilie qui ne sort plus de sa chambre ; ce nouvel arrivant va piquer sa curiosité et va petit à petit sortir de sa catatonie... Simon est quant à lui aussi intriguée par cette voisine qui se cache dans sa chambre... C'est le début de reconstructions qui vont passer par de longs chemins de croix pour des motifs différents. Voilà donc une série qui commence plutôt bien en traitant de deux sujets intéressants, et pas des plus simples, l'emprise maternelle sur un enfant d'une part, et la dépression suite à des rumeurs pour l'autre. Et c'est la solitude engendrée par ces problèmes profonds qui va recréer du lien pour ces deux jeunes traumatisés. L'histoire est plutôt bien construite en s'appuyant sur un dessin fin et agréable. Découpages et cadrages sont plutôt bien pensés en appuyant une narration fluide : on se laisse vite prendre par l'histoire de ces deux ados. Surtout que les personnages secondaires sont plutôt bien vus (mention spéciale à la grande soeur d'Emilie ^^ ). Je suis curieux de lire la suite de cette nouvelle série. (3.5/5)
Animal Kingdom
Animal Kingdom est une série déroutante. Le premier tome donne l'impression d'une lecture pour enfants : un héros bébé incapable de marcher, des ratons laveurs aux airs humains façon kawai, et un ton globalement très sucré, parfois franchement niais. Pourtant, dès le départ, le récit oppose à cette douceur une vision brutale de la nature, marquée par la faim, la prédation et la mort. Et au fil des tomes, à mesure que le héros grandit, le récit adopte de plus en plus les codes du shonen classique, avec des méchants caricaturaux, des combats, des alliés fidèles et une trame qui glisse doucement vers la science-fiction. Ce mélange donne un résultat assez étrange : des thématiques enfantines côtoient des affrontements violents, le naturalisme croise des éléments SF, et les personnages oscillent entre le ridicule et la menace. On frôle même parfois l'isekai, avec ce héros humain parachuté dans un monde animalier où il introduit agriculture, architecture, cuisine et... alcool… comme si toutes les avancées humaines étaient codées dans ses gènes de nourrisson. Graphiquement, c'est à l'image du reste : techniquement solide, mais déstabilisant. Les animaux sont tantôt réalistes, tantôt anthropomorphes, avec des choix parfois absurdes : une tête de bébé loup façon mini-Darth Vader, une lionne aux lèvres pulpeuses… Le rendu oscille entre nature sauvage et défilé de carnaval, sans ligne claire. Par moments, j'ai eu envie de connaître la suite, intrigué par le monde ou certaines idées. Mais la plupart du temps, j'ai trouvé le récit trop immature, trop stéréotypé. Ce qui m'a le plus dérangé, c'est le message général du manga, que je n'ai jamais réussi à prendre au sérieux. L'auteur insiste lourdement sur l'instinct animal, tout en opposant l'arrivée d'un humain qui veut imposer un idéal de paix universelle : plus de prédateurs, plus de faim, plus de peur, les carnivores mangent du fromage ou une plante miraculeuse. Un discours naïvement vegan, avec des solutions magiques pour faire disparaître toute forme de conflit. Les antagonistes humains eux-mêmes (car il y en a plusieurs) sont réduits à des slogans : chacun porte une idée unique, simpliste, qu'il défend avec violence avant parfois de se laisser convaincre par la sagesse du héros. Ce manichéisme appauvrit le propos et empêche toute vraie réflexion. En résumé, Animal Kingdom est une série au mélange audacieux, parfois intrigante, mais qui peine à convaincre par manque de cohérence, de subtilité et de maturité. Note : 2,5/5
Adam Clarks
J'ai trouvé cette lecture amusante sans pour autant la trouver inoubliable. Hautière propose comme un pastiche du genre gentleman espion malgré lui. L'auteur utilise tous les trucs archi éculés d'un scénario très banal pour les contourner avec distance et humour. Hautière s'amuse à mélanger tous les clichés d'un Arsène Lupin, James Bond ou Ethan Hunt qu'ils soient physiques, technologiques ou psychologiques. en poussant la dérision du genre de telle manière à garder une belle distance vis à vis du héros, distance personnalisée par ce présentateur improbable. Le graphisme très stylisé de Lapone convient parfaitement à cette ambiance jet-set un peu guindée. L'auteur utilise à merveille l'espace procuré par des dimensions inhabituelles du livre. C'est un vrai plaisir graphique même si cela donne une lecture un peu froide à mon goût. Une lecture atypique sur bien des points mais qui ne m'a pas marqué plus que cela.
Pierre de Coubertin
Lorsqu'on pense à Pierre de Coubertin, on fait obligatoirement le lien avec les jeux olympiques. Pierre de Coubertin croit aux vertus du sport, l'activité physique pour rapprocher les nations et ainsi éviter de futurs conflits, tel est son combat. La guerre franco-allemande de 1870-1871 est toujours dans les esprits. On va suivre son parcours pour faire renaître les jeux olympiques en 1896, les premiers de l'ère moderne. Il fonde le CIO en 1894 qu'il installe à Lausanne pour éviter l'ingérence des nations et dessine les anneaux olympiques. Il milite aussi pour intégrer l'éducation physique dans le domaine scolaire. Mais voilà, on va aussi découvrir une face moins glorieuse de Pierre de Coubertin dans cette BD. Il est misogyne et il a un esprit colonialiste teinté de racisme. La BD se lit facilement, elle est instructive et elle retranscrit très bien le climat de l'époque. La narration non linéaire permet de rester attentif. Mais une lecture qui ne me laissera pas un souvenir impérissable. Le dessin de Didier Pagot dans un style franco-belge est plaisant à regarder, j'ai particulièrement aimé le soin apporté aux décors, il va à l'essentiel sans esbroufes. Une mise en page classique et une colorisation réussie complète le tableau. Un biographie recommandable.