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Couverture de la série La Mutation
La Mutation

Je crois qu'il s'agit de l'un de mes préférés de la collection. La narration pleine de poésie, le contraste entre le monde froid de l'entreprise et le côté très humain de l'individu qu'il se redécouvre au crépuscule de sa vie, la jolie métaphore sur le changement, sur la vieillesse traitée comme une dégénérescence, … C'est surprenamment beau. Peu de choses à dire finalement, c'est sans doute l'un des albums les plus verbeux de la collection et, paradoxalement, l'un des plus courts en matière de ressenti. Je ne connais pas les autres créations de Marc-Antoine Mathieu (si ce n'est, de nom, Julius Corentin Acquefacques car mon père aime beaucoup) mais j'avoue qu'ayant pas mal apprécié cette lecture je m'y essaierai bien un jour. Ne serait-ce que par curiosité.

22/08/2025 (modifier)
Couverture de la série Nous sommes tous morts
Nous sommes tous morts

Comme beaucoup de monde je suis fascinée par la question de la mort, je dévore avec avidité les essais métaphysiques et les fictions sur le sujet depuis des années. Alors un petit débat philosophique sur le sujet de la mort, même si cela n'apprend rien de nouveau, ça m'intéresse toujours. Il s'agit d'un dialogue entre un petit personnage craignant la fin de son existence et une entité à tête de crâne (sans doute la Mort elle-même) discutant des apriori, des conceptions de la mort, du sujet-même de la peur et de la fascination qu'elle procure. L'immortalité serait une malédiction, c'est la finalité qui donne son sens aux choses, il ne faut pas craindre la mort car nous ne la vivrons en réalité jamais, … que des portes ouvertes pour quiconque se serait déjà questionner sur le sujet, mais tel les dialogues socratiques il est toujours bon de rendre concret les arguments en les imageant dans un dialogue, en représentant les tentatives de contrer la pensée. L'album n'est pas non plus révolutionnaire, cela reste un court récit de 22 pages assez simple et une pensée métaphysique mine de rien à peine effleurée, mais la lecture est loin d'être désagréable (même si le dessin de Trondheim reste ici très simpliste).

22/08/2025 (modifier)
Par cac
Note: 3/5
Couverture de la série Jigorô - Recueil d'histoires courtes
Jigorô - Recueil d'histoires courtes

Jigoro est le grand-père de Yawara, une autre série phare de Naoki Urasawa sur le judo dessinée dans les années 1990 - et qui n'est pas encore postée ici un scandale. On a différentes histoires assez drôles sur ce grand-père un peu fantasque et surtout mythomane sur des combats improbables qu'il aurait mené, notamment contre un ours. Je pensai que tout l'album portait là-dessus mais ce n'est qu'une moitié du livre. On a ensuite 2 autres histoires. La première, les gaillards de Genroku, se déroule vers 1700 et met en scène les aventures de 2 garçons sans le sou. Enfin une dernière histoire porte sur le monde du base-ball entremêlée à une comédie romantique entre une riche héritière et un jeune professeur. Belle qualité d'édition, quelques pages couleurs. Le format A5 est un peu plus grand qu'à l'habitude et justifie sans doute un prix élevé de 16 euros. Cela se lit bien mais rien de particulièrement remarquable.

21/08/2025 (modifier)
Par Josq
Note: 3/5
Couverture de la série Une Aventure des Brigades du Tigre
Une Aventure des Brigades du Tigre

J'aurais aimé mettre une meilleure note, mais le problème est que cette BD se veut un "préquelle" d'un film qui est tellement meilleur... Non que la BD soit mauvaise et elle se lit plutôt agréablement. Le seul défaut majeur que je trouve au dessin de Delitte (plutôt élégant par ailleurs) est que tous les visages se ressemblent, et qu'il manque un peu d'ampleur. Mais sinon, le scénario de Nury et Dorison tient largement la route et pose des bases intéressantes, même si le film exploitera leurs conséquences de manière mille fois plus fouillée et intéressante. On retrouve néanmoins la rigueur qui caractérise toutes les oeuvres historiques de Nury, dont le film et sa future (fabuleuse) série télévisée Paris Police. Rien de très incontournable ici, mais un complément sympathique au film, qui apporte en outre un dossier historique captivant à la fin de l'album.

21/08/2025 (modifier)
Couverture de la série Sherlock Holmes contre Arsène Lupin
Sherlock Holmes contre Arsène Lupin

Les auteurs ont pris le temps de développer intrigue et personnages – en tout cas notre duo de héros, avec près de cent pages, très rythmées, multipliant les rebondissements. Regrouper ces deux personnages, la star anglaise des déductions et de l’arrestation des malfrats, et la star française des aigrefins narguant la maréchaussée, est à la fois surprenant et plein de potentiel. De fait, rapidement, Sherlock et Arsène sont tout autant opposés qu’alliés. Et l’essentiel de l’histoire est portée par leur rivalité dans une enquête commune, durant laquelle chacun des deux cherche à surpasser l’autre par ses déductions, ses réflexions, dans un ping-pong verbal incessant. C’est d’ailleurs un peu lassant et répétitif au bout d’un moment (trop bavard aussi), et l’intrigue elle-même passe au second plan derrière l’affrontement – dans lequel les deux semblent reconnaitre l’intelligence et la valeur de l’autre, leur complicité intellectuelle en fait. Cette intrigue et ce dessin plutôt dynamiques et agréable font oublier pas mal de facilités (qui culmine dans les dernières pages à Venise), et laissent entrevoir en fin d’album une suite. Je regrette juste que les deux personnages féminins, qui pourtant dament le pion à nos deux cerveaux, n’aient pas été davantage mis en avant et développés – alors que les premières pages semblaient leur promettre des rôles moins effacés.

21/08/2025 (modifier)
Couverture de la série La Chute de l'Ange
La Chute de l'Ange

Un album court, muet, assez joli et poétique mais sur lequel je me retrouve à avoir finalement bien peu à dire. A vrai dire je n'ai pas vraiment réussi à bien rentrer dedans. Pas que le récit soit mauvais, mais je ne suis pas sûre de l'avoir compris ou d'avoir à minima accroché à ce qu'il proposait. Je me doute qu'il y a là une vision onirique, très probablement à propos de la relation des deux personnages que l'on découvre à la toute fin, sans doute même une histoire d'amour, mais pourtant je n'ai pas réussi à pleinement rentrer dedans. Pas mauvais mais sans doute pas vraiment pour moi. (Note réelle 2,5)

21/08/2025 (modifier)
Couverture de la série Splendeurs & misères du verbe
Splendeurs & misères du verbe

Quatre histoires courtes au dessin minimaliste mais jouant très habilement avec les codes de la mise en page pour nous proposer une narration on ne peut plus intéressante. En effet, ici il est question de verbe, de phrasé, et pourtant tout est muet. Les phylactères sont en réalité des images voire même les cases elles-mêmes. On joue de ce qui compte comme un dialogue ou non pour parler du dialogue lui-même. Et ce dialogue, quel est-il ? Eh bien ici il est question d'un gros lourd cherchant à tout prix à faire savoir à une personne féminine qu'il aimerait bien la voir nue, coucher avec elle, ou plus encore. Bref, que de verbes et de savoir-vivre mes ami-e-s. Chacune des histoires courtes sera donc une joute verbale imagée, représentant le marchandage de notre charrot de protagoniste et la pauvre âme cherchant par tous les moyens à échapper à ce gros lourd. Qu'il s'agisse de la représentation des insultes imagées influençant sur la réalité (comme pour imager l'impact des discours dégradant et déshumanisant), d'un jeu sur la projection d'un avenir sans le consentement des intéressé-e-s ou bien même sur le poid des paroles elles-mêmes, l'album propose de très bonnes idées pour ce qui est d'illustrer son sujet. Une lecture courte mais loin d'être oubliable.

21/08/2025 (modifier)
Couverture de la série Jean qui rit et Jean qui pleure
Jean qui rit et Jean qui pleure

Le concept est simple mais l'exécution reste bien menée. En tout cas, ce contraste entre cet homme riche à qui tout réussit et cet homme pauvre enchaînant les déboires marche. L'aspect drôle (en tout cas en apparence), c'est le fait qu'à chaque double page chacun de ces deux personnages soit dans la même position que l'autre. On rit de leur similarité physique, tant dans l'apparence que dans les gestes, mais le sous-texte reste que ces deux hommes n'ont finalement aucune différence si ce n'est le statut social et les emmerdes qui y sont liées (ou pas, justement). La fin, suggérant un moment tragique, parvient à toucher par sa brutalité. Après, l'album n'est pas parfait non plus (il manque d'un je ne sais quoi à mes yeux), mais bon la lecture est agréable.

21/08/2025 (modifier)
Couverture de la série Elles (Le Lombard)
Elles (Le Lombard)

Le titre est assez explicite : nous allons suivre Elle, dans toutes ses multitudes. En effet, Elle (c'est son nom sur l'état civil) partage son corps entre plusieurs individus aux personnalités très marquées, prenant chacune le contrôle en fonction des évènements de leur vie de tous les jours. Le stress, la peur, la colère, les regrets, … toutes les émotions fortes peuvent à tout moment changer la personnalité aux commandes. Alors si on couple ça au fait qu'Elle vient tout juste d'arriver dans un nouveau collège, qu'elle espère se faire des ami-e-s et que des découvertes la pousseront bientôt à rechercher les mystères de ses origines, on peut être sûr qu'il va y avoir du conflit dans son esprit. C'est un récit jeunesse très sympathique sur les tumultes émotionnels de l'adolescence, sur la difficulté de créer et maintenir des liens lorsque l'on souffre de trouble psychiques, sur les multiples facettes qui composent une personnalité aussi. C'est un récit très simple, sans grande prétention mais qui parvient à faire mouche. L'histoire est prenante, les personnages sont intéressants (bon, le cercle d'ami-e-s est peu développé, si ce n'est Maëlys, mais chacun-e de ses membres rempli parfaitement son rôle narratif) et les dialogues entre les différentes Elles sont particulièrement savoureux dans le troisième album, bref j'ai passé une très bonne lecture. Graphiquement l'album est, là aussi, intéressant. J'ai eu du mal à m'habituer au début, car bien que je trouvais la composition, la colorisation et les expressions travaillées je trouvais tout de même la fluidité des mouvements et de l'action un peu molle. Mais au bout d'un moment je suis passé outre et j'ai tout de même pu apprécier les beaux paysages mentaux des différentes Elles. Encore une fois, le troisième album et leur quête pour réunir chacune des personnalité m'a bien plu. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé le travail des couleurs et des univers respectifs pour chacune des Elles. Je suis très loin de m'y connaître suffisamment en matière de troubles dissociatifs de l'identité, il m'est donc incapable d'établir si la représentation est ici fidèle au vécu de concerné-e-s ou bien s'il s'en rapproche ne serait-ce qu'un peu. A voir ce que des personnes concerné-e-s en dirait, justement. Bon, après (attention SPOILER), ici il ne s'agit pas juste d'un trouble de la personnalité mais plutôt d'un cas de chimérisme où différentes consciences seraient nées au sein d'un même corps.

21/08/2025 (modifier)
Par Nicole
Note: 3/5
Couverture de la série Mortelle Adèle
Mortelle Adèle

En 1908, paraissent pour la première fois dans la revue française l’Épatant les aventures des Pieds nickelés. Croquignol, Ribouldingue et Filochard, les héros de cette bande dessinée créée par Louis Forton, sont trois escrocs insolents, mal rasés, ivrognes, tire-au flanc, toujours à l’affut d’un mauvais coup et qui parlent dans l’argot des « apaches », c’est-à-dire les gangsters parisiens de l’époque. On ne pouvait pas faire plus immoral et moins politiquement correct que cela à l’époque. Succès immédiat et durable auprès des enfants comme auprès des adultes, suivi de ce qu’on n’appelait pas encore le merchandising et avec plusieurs adaptations au cinéma de 1917 à 1964. Que je sache, ni la simplicité du dessin ni le style argotique des Pieds nickelés n’ont empêché Marcel Pagnol (relisez la Gloire de mon Père, le petit Marcel y mentionne ses lectures) de devenir le grand écrivain de la langue française que l’on connaît. Les enfants rebelles à l’autorité ne sont pas non plus une nouveauté dans la BD. Les Katzenjammer kids, une BD américaine créé par Rudolph Dirks en 1897, rebaptisée Pim- Pam- Poum en français, met en scène deux petits garçons qui n’ont rien d’angélique. Ils mentent, ils volent, ils sont cyniques, il leur arrive de brutaliser leur chien et n’ont absolument aucun respect pour les adultes victimes de leur farces souvent violentes. Ces garnements ont sévi dans les journaux et les dessins animés jusqu’en 2013. Ce n’est pas si mal pour des personnages qui n’étaient destinés qu’à distraire et qui dans leur langue originale parlaient un mauvais anglais mâtiné de patois allemand. J’ignore si William Faulkner serait devenu un moins grand écrivain s’il n’avait pas lu les Katzenjammer kids dans sa jeunesse, mais je suppose que l’obtention du prix Nobel de littérature en 1949 compense largement la perte d’éventuels chefs-d’œuvre causés par ses mauvaises lectures d’enfant. Les enfants terribles existent depuis les débuts de la bande dessinée. Mortelle Adèle est leur héritière et n’est pas plus offensante pour le bon goût et la morale qu’ils ne l’étaient. Elle est un personnage de BD. Les enfants savent faire la différence. Et en matière de bande dessinée, ce n’est ni le beau ni le bon goût qui en font le succès mais l’efficacité. Si vous voulez des enfants parfaits et impeccablement dessinés, lisez les Martine.

21/08/2025 (modifier)