Assez vite dans la lecture j'ai senti que j'étais dans le haut du panier de la BD jeunesse avec cette adaptation d'un roman, premier d'une série, du prolifique Serge Brussolo. Le personnage de Peggy Sue est très travaillé, assez classique dans sa caractérisation. Par contre au niveau de ses réflexions, de ses réactions, c'est nettement plus réaliste que nombre de BD avec des héros et héroïnes de cette classe d'âge.
L'intrigue elle-même est dense, un poil complexe pour un public de préadolescents. Le côté tourmenté de Peggy Sue est propice à de nouvelles histoires et on peut espérer que la série de Brussolo, qui compte 11 romans, sera bien adaptée.
C'est Véronique Grisseaux qui s'est chargée de cette adaptation. Ne connaissant pas l'histoire d'origine, je n'ai pas de point de comparaison, mais vu son passif de scénariste, on peut espérer qu'elle a fait du bon boulot. Elodie Garcia, dont j'avais découvert le travail dans Le Silence de l'Ombre et Le Pêcheur de rêves, n'a pas encore atteint sa maturité graphique. Elle me semble encore timide dans son traitement des personnages, hormis pour Peggy Sue, qu'elle a particulièrement soignée. En revache ses atmosphères sont très réussies, ce qui me semble essentiel dans ce type d'histoire.
En résumé c'est une adaptation de bonne facture, agréable, mais je laisse aux fans de Brussolo d'en juger de manière plus informée.
Je ne connaissais pas du tout ces personnes et leur histoire – visiblement très connues aux États-Unis en tout cas.
L’histoire en elle-même est intéressante. Histoire d’une rencontre, celle d’Anne Keller, jeune fille sourde et aveugle, et de la personne engagée par ses parents pour s’occuper d’elle Annie Sullivan, elle-même mal voyante. Cette dernière, avec des méthodes originales, et avec une force de caractère, une obstination et une volonté hors du commun, va parvenir à la faire sortir du néant, à lui apprendre à parler (langage des signes) et à écrire, lui laissant la possibilité de s’insérer dans la société, alors qu’elle est devenue une célébrité.
L’essentiel de l’album tourne autour des premiers mois ou premières années de leur rencontre, on voit comment chacune va apprivoiser l’autre, c’est intéressant. On peut juste être frustré de ne pas avoir développé le reste de leur vie, alors qu’il est rappelé en quatrième de couverture que les deux femmes sont restées amies à vie.
Car d’Anne Keller on ne voit et sait finalement pas tant que ça, on en apprend plus sur Annie Sullivan (sa jeunesse d’handicapée dans des asiles indignes, la façon dont elle s’est forgé son caractère, sa culture livresque).
Quelques à-côtés rendent l’histoire un peu moins linéaire et centrée sur le duo : les parents d’Anne et son oncle (beau spécimen de crétin), le directeur de l’école qui a formé Annie (relation ambivalente entre les deux, même s’il l’a soutenue dans les coups durs).
La lecture est intéressante, mais pas non plus captivante, du fait du rythme un peu monotone et lent du récit, mais aussi d’un dessin assez rigide et froid (détails et décors sont peu développés).
Album repéré immédiatement à sa sortie pour deux raisons. Un, j'adore le dessin de Corentin Rouge, et deux j'avais vraiment beaucoup aimé la précédente collaboration des deux auteurs ("Sangoma"). Allez même trois raisons, le thème me parle et le pitch est séduisant. Bref nul doute que j'allais me régaler.
Visuellement l'album est à la hauteur de mes attentes, avec ce grand format qui met en évidence le talent du dessinateur. Les belles planches s'enchainent, les décors détaillés sont légion, les visages expressifs sont au rendez-vous, les beaux paysages enneigés de l'Islande sont bien là. Bref du très bon.
L'histoire commence de manière intéressante, ce futur proche avec ces problèmes de climat et ces réfugiés climatiques, c'est pas de la fiction c'est demain. Ca marche tout de suite et ça lance bien le récit.
Mais malgré tous ces bons points, il m'a manqué un petit quelque chose. Ca décolle pas, ou pas assez en tout cas. On passe du nord au sud du pays, d'un camp de réfugiés (enfin de prisonniers) à des débats parlementaires. Ca bavarde, j'ai l'impression qu'on tourne un peu autour du pot et qu'on est pas encore dans le vif du sujet. Le petit grain de sel qui génèrerait un suspens du genre de ceux qui donnent envie de tourner les pages plus vite est pour moi absent, pour le moment en tout cas.
3,5 / 5 en attendant la suite, qui j'espère me fera monter ma note !
Au départ on pense qu'on va suivre deux journalistes partis à Cuba pour interviewer Fidel Castro. Un vieux baroudeur aguerri qui prend sous son aile une jeune pigiste, avec l'idée derrière la tête de lui transmettre les ficelles du métier de chasseur de scoops. Surprise à l'atterrissage : Fidel est décédé pendant qu'ils étaient en vol. Notre bonhomme ne se démonte pas et un scoop pouvant en remplacer un autre, il va faire jouer sa malice et son réseau pour essayer de dénicher une info qu'il serait le seul à couvrir, alors que tous les journalistes du pays son en route pour Cuba.
C'est ainsi que commence ce récit qui va ensuite se diversifier pour entrainer le lecteur sur des chemins surprenants et variés. Le périple de nos journalistes sera l'occasion de raconter la vie de Fidel Castro, son parcours militaire et politique. Une petite biographie en quelque sorte... mais le spectre va encore s'élargir plus en nous racontant une partie de l'histoire récente de l'ile. Notamment la période de la guerre froide, les conflits politiques avec les USA, les problèmes d'embargo. Ce sera encore l'occasion de parler de la culture populaire de l'ile. Bref plus on avance dans le récit plus le cadre s'élargit, mélangeant fiction et cours d'histoire. C'est un peu surprenant, mais au final cela se révèle plutôt intéressant et original.
Si quelques longueurs se font sentir dans le dernier tiers du récit, la fin plutôt inattendue redonne un peu de peps et d'intérêt à cette dernière partie. Au final cet album se distingue par deux aspects : son coté historique assez didactique et son originalité.
L’album avait fait du bruit à sa sortie, et obtenu pas mal de louanges et de prix. Je l’avais alors ouvert, rapidement feuilleté, et presque tout aussi rapidement reposé, et presque oublié depuis. En effet, le dessin m’avait paru extrêmement froid, et je subodorais une lecture pas assez fluide et agréable pour investir du temps dans cet album assez épais.
L’occasion s’est présentée d’emprunter l’album, et donc de retenter ma chance. Et j’en suis sorti quelque peu sur ma faim.
En fait, trop de choses m’ont empêché de pleinement apprécier cette histoire. Le dessin de Mazzucchelli est original et globalement intéressant et très lisible. Proche du dessin de presse parfois, il va à l’essentiel. Mais le rendu est trop « froid » (et les bichromies accentuent cette impression).
Et du coup cette relative froideur ressentie m’a encore plus fait ressortir certains côtés « intellos » du scénario, et du personnage principal, cérébral qui sur un coup de tête – et plutôt sur le versant retour de sa vie, se lance dans un petit road trip, pour faire le point. Les questionnements autour de l’art, et l’attaque ironique représentée par le personnage fou-fou, égocentrique et prétentieux qui cherche à adapter Orphée peuvent être intéressant, mais ça ne contrebalance pas les aspects trop « secs » d’Asterios – et du scénario.
Lors de son road trip, il se lie avec un couple étrange, un garagiste sympa et primaire (on se demande d’ailleurs si les nombreuses fautes d’expression qu’il commet ne renforcent pas le côté un peu « méprisant » et intello de la côte Est de l’ensemble ?) et sa femme vraiment loufoque – sans doute trop.
Bref, je ne sais pas trop sur quel pied danser, mais je ne suis pas vraiment rentré dans le récit, trop froid, cérébral. Je salue quand même le travail de l’auteur, qui s’est quand même lancé dans un projet original et imposant.
C'est le nom d'Emile Bravo qui m'a orienté vers cette lecture. Comme souvent avec les albums collectifs le niveau des scénarii et du graphisme est très différent. La série est construite autour de quatre récits présentés chronologiquement depuis la fondation de la ville jusqu'à aujourd'hui ( 2008). Les deux premiers récits ont une connotation historique et les deux derniers une thématique sociétale. Perso j'ai préféré les productions de Bravo puis Davodeau. En effet, le premier récit revient sur l'origine de l'emplacement de la ville de Québec à l'époque de Champlain. C'est traité sur un mode caricatural et cynique vis à vis des motivations du colonisateur français. C'est souvent drôle et grinçant comme sait très bien le faire Bravo. Toutefois comme souvent chez Bravo le récit semble bien renseigné et on y trouve une somme de petites informations qui enrichissent la narration. J'ai été un peu déçu de ne pas retrouver le graphisme de Bravo mais cela passe bien.
Bien que plus classique, j'ai beaucoup aimé l'histoire autour de la catastrophe industrielle du pont de Québec qui couta la vie à 74 travailleurs sur ce chantier. Le récit est sobre pointant comme une fatalité annoncée une erreur de conception due à la vanité et qui n'a pas pu être rattrapée à temps. Il n'y a pas idée de polémique mais plutôt un final poétique pour rendre hommage aux ouvriers qui savaient se dépasser pour un travail très bien fait.
Une lecture facile et intéressante dans sa première moitié.
En 1997, la jeune Julia Hill s'engage dans une lutte pacifique pour protéger des séquoias centenaires menacés par une exploitation forestière vorace. La méthode de son groupe : installer une cabane tout en haut d'un arbre et y vivre en permanence, afin que les bûcherons ne puissent pas l'abattre sans risquer une vie humaine. C'est ainsi qu'en décembre 1997, Julia grimpe au sommet d'un séquoia millénaire de plus de 60 mètres. Elle ne savait pas alors qu'elle y resterait plus de deux ans sans toucher terre, seule volontaire à tenir coûte que coûte jusqu'à obtenir la promesse de sauvegarde de ces géants.
Je ne connaissais rien de ce combat, ni le nom de Julia Hill. Ayant visité quelques parcs nationaux américains, je pensais que les séquoias géants étaient forcément protégés et qu'il ne viendrait pas à l'idée, à la fin du 20e siècle, de raser des forêts plusieurs fois centenaires pour en faire des planches. Et pourtant si, preuve que le capitalisme n'a guère de limites aux États-Unis.
La BD adopte un récit surtout factuel, avec un parti pris discret même si le point de vue reste celui de la militante. La narration est bien structurée : on découvre d'abord comment Julia a pu financer sa disponibilité grâce à l'argent de l'assurance d'un accident grave, puis comment elle a rencontré les groupes militants, gagné leur confiance malgré les doutes, et appris à vivre en haut des séquoias dans des conditions précaires. Les auteurs montrent bien les difficultés des premiers jours, les méthodes d'approvisionnement, les risques liés aux tempêtes, puis l'étonnante capacité d'adaptation au fil des semaines et des mois. La fin met en avant l'usure psychologique et la quasi folie qui la poussait à vouloir redescendre, tandis que l'album décrit aussi l'impact médiatique et la complexité des négociations avec les bûcherons et la société forestière.
C'est une lecture instructive, claire, sans excès de manichéisme, portée par un dessin simple et agréable, une colorisation élégante et un format souple à rabats très plaisant. Il manque peut-être un peu d'émotion, le récit privilégiant les faits au ressenti, mais l'ensemble reste efficace et permet de découvrir un combat admirable, heureusement couronné de succès malgré la bêtise de certains.
Je reste à 3 étoiles un peu de justesse, je l'avoue, parce que le dernier tome m'a vraiment écœuré, mais malgré tout, ça se laisse lire et les deux premiers tomes étaient vraiment sympa. On est ici dans un Christophe Bec ultra-efficace, qui reprend tous les codes du récit pulp et du slasher avec beaucoup de réussite. Le premier tome est d'une efficacité radicale et j'ai beaucoup apprécié le style réaliste de Khattou, même s'il en rajoute parfois d'une manière assez complaisante dans le gore... Mais le premier tome reste correct à ce niveau-là.
J'ai déjà moins aimé le tome 2 qui se situe bien dans la lignée de ces couvertures ultra-racoleuses, et s'amuse un peu trop à multiplier les dessins de corps féminins en petite tenue à mon sens. Malgré ce voyeurisme à mon avis déplacé, le récit est toujours efficace et prenant, et Bec sait faire rebondir son intrigue de bonne manière.
Et puis vient le tome 3... Je crois être assez résistant, mais le nombre de scènes de tortures ultra-graphiques et ultra-gratuites m'a vraiment dégoûté. On sait à peu près ce qu'on va trouver en ouvrant ce genre de bande dessinée, je ne peux pas dire que je n'étais pas prévenu. Mais là, Bec monte tous les curseurs au maximum et j'avoue que ça a été trop pour moi. Là, c'est du gore pour le gore, et j'ai du mal à saisir le plaisir qu'on peut trouver à voir tous ces gens se faire démembrer...
Cela dit, je reste honnête et ne baisse pas trop ma note, car l'efficacité narrative de Bec est ici à son maximum et malgré l'artificialité de certains dialogues, l'ensemble fonctionne plutôt bien et s'appuie sur un second degré parfois bienvenu (on aurait aimé qu'il soit un peu plus prononcé à d'autres moments). Quoiqu'il en soit, cela reste une lecture qui a de bons moments et témoigne d'une belle intensité narrative. Avec un peu moins de complaisance, j'aurais toutefois préféré.
L'intrigue fait se rencontrer deux personnages réels – Geronimo et le peintre et dessinateur Remington. Celui-ci n’est allé que très peu de temps dans les territoires encore sauvages de l’ouest (il apparait aussi dans un album de Lucky Luke je crois), et n’a en réalité jamais rencontré Geronimo. La rencontre entre ces deux personnages réels - a priori très éloignés l'un de l'autre à tous points de vue, augurait d'un étonnement mutuel prometteur.
Le récit, pourtant ponctué de quelques passages violents, est finalement assez contemplatif. Remington apprivoise sa peur et ses préjugés sur les Apaches, tandis que Geronimo est montré ici comme un sage un peu en retrait. Seul le personnage de Maria, Apache un temps adoptée par des Blancs, dont Remington semble tomber amoureux, apparait un peu artificiel.
L’intrigue se laisse lire, sans pourtant être suffisamment dynamique ou intrigante à mon goût.
Le dessin de Sagar, avec un trait moderne entre celui de Jérome Jouvray et de Christophe Blain, est plutôt plaisant.
Je ne suis pas un lecteur familier de Tezuka. C'est donc avec un œil neuf que j'ai lu cette ancienne série. Mais c'est avec un sentiment mi figue mi raisin que j'ai refermé cet ouvrage de près de 500 pages. Si on le lit à la façon d'un feuilleton par épisodes ( inégaux) cela passe mais une lecture continue est vraiment longue. J'ai trouvé le dessin et le scénario très daté des années 60/70.
De plus la filiation avec Fantomas est évidente pour un lecteur français. Même la gestuelle et le physique de Alabaster rappelle fortement la façon dont Jean Marais avait interprété le rôle. Toutefois le trio Alabaster-Amy-Gen donne une réelle épaisseur psychologique à la narration. Un autre point intéressant est la critique sociétale qui perce à travers plusieurs scènes. L'auteur introduit des thématiques très modernes pour l'époque: la pollution (chapitre 3) le racisme (chapitre 1) ou les brutalités policières.
Cela atteint même un paroxysme quand l'agent du FBI viole Amy( chapitre 5).Il y a même une touche d'érotisme par ci par là pour pimenter le récit. Cette critique a peine voilée d'institutions américaines par un Japonais à cette époque est quand même notable et montre comment le manga a pu être un vecteur du renouveau culturel populaire pour s'éloigner de la tutelle américaine.
Bien sûr tout cela est fortement manichéen voire simpliste pour certains passages. Mais la crédibilité ne fait pas partie d'un présupposé de la narration.
Une lecture intéressante sur certain points mais qui a bien vieilli à mes yeux.
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Peggy Sue et les fantômes
Assez vite dans la lecture j'ai senti que j'étais dans le haut du panier de la BD jeunesse avec cette adaptation d'un roman, premier d'une série, du prolifique Serge Brussolo. Le personnage de Peggy Sue est très travaillé, assez classique dans sa caractérisation. Par contre au niveau de ses réflexions, de ses réactions, c'est nettement plus réaliste que nombre de BD avec des héros et héroïnes de cette classe d'âge. L'intrigue elle-même est dense, un poil complexe pour un public de préadolescents. Le côté tourmenté de Peggy Sue est propice à de nouvelles histoires et on peut espérer que la série de Brussolo, qui compte 11 romans, sera bien adaptée. C'est Véronique Grisseaux qui s'est chargée de cette adaptation. Ne connaissant pas l'histoire d'origine, je n'ai pas de point de comparaison, mais vu son passif de scénariste, on peut espérer qu'elle a fait du bon boulot. Elodie Garcia, dont j'avais découvert le travail dans Le Silence de l'Ombre et Le Pêcheur de rêves, n'a pas encore atteint sa maturité graphique. Elle me semble encore timide dans son traitement des personnages, hormis pour Peggy Sue, qu'elle a particulièrement soignée. En revache ses atmosphères sont très réussies, ce qui me semble essentiel dans ce type d'histoire. En résumé c'est une adaptation de bonne facture, agréable, mais je laisse aux fans de Brussolo d'en juger de manière plus informée.
Annie Sullivan & Helen Keller
Je ne connaissais pas du tout ces personnes et leur histoire – visiblement très connues aux États-Unis en tout cas. L’histoire en elle-même est intéressante. Histoire d’une rencontre, celle d’Anne Keller, jeune fille sourde et aveugle, et de la personne engagée par ses parents pour s’occuper d’elle Annie Sullivan, elle-même mal voyante. Cette dernière, avec des méthodes originales, et avec une force de caractère, une obstination et une volonté hors du commun, va parvenir à la faire sortir du néant, à lui apprendre à parler (langage des signes) et à écrire, lui laissant la possibilité de s’insérer dans la société, alors qu’elle est devenue une célébrité. L’essentiel de l’album tourne autour des premiers mois ou premières années de leur rencontre, on voit comment chacune va apprivoiser l’autre, c’est intéressant. On peut juste être frustré de ne pas avoir développé le reste de leur vie, alors qu’il est rappelé en quatrième de couverture que les deux femmes sont restées amies à vie. Car d’Anne Keller on ne voit et sait finalement pas tant que ça, on en apprend plus sur Annie Sullivan (sa jeunesse d’handicapée dans des asiles indignes, la façon dont elle s’est forgé son caractère, sa culture livresque). Quelques à-côtés rendent l’histoire un peu moins linéaire et centrée sur le duo : les parents d’Anne et son oncle (beau spécimen de crétin), le directeur de l’école qui a formé Annie (relation ambivalente entre les deux, même s’il l’a soutenue dans les coups durs). La lecture est intéressante, mais pas non plus captivante, du fait du rythme un peu monotone et lent du récit, mais aussi d’un dessin assez rigide et froid (détails et décors sont peu développés).
Islander
Album repéré immédiatement à sa sortie pour deux raisons. Un, j'adore le dessin de Corentin Rouge, et deux j'avais vraiment beaucoup aimé la précédente collaboration des deux auteurs ("Sangoma"). Allez même trois raisons, le thème me parle et le pitch est séduisant. Bref nul doute que j'allais me régaler. Visuellement l'album est à la hauteur de mes attentes, avec ce grand format qui met en évidence le talent du dessinateur. Les belles planches s'enchainent, les décors détaillés sont légion, les visages expressifs sont au rendez-vous, les beaux paysages enneigés de l'Islande sont bien là. Bref du très bon. L'histoire commence de manière intéressante, ce futur proche avec ces problèmes de climat et ces réfugiés climatiques, c'est pas de la fiction c'est demain. Ca marche tout de suite et ça lance bien le récit. Mais malgré tous ces bons points, il m'a manqué un petit quelque chose. Ca décolle pas, ou pas assez en tout cas. On passe du nord au sud du pays, d'un camp de réfugiés (enfin de prisonniers) à des débats parlementaires. Ca bavarde, j'ai l'impression qu'on tourne un peu autour du pot et qu'on est pas encore dans le vif du sujet. Le petit grain de sel qui génèrerait un suspens du genre de ceux qui donnent envie de tourner les pages plus vite est pour moi absent, pour le moment en tout cas. 3,5 / 5 en attendant la suite, qui j'espère me fera monter ma note !
Le Lion de Guantanamo
Au départ on pense qu'on va suivre deux journalistes partis à Cuba pour interviewer Fidel Castro. Un vieux baroudeur aguerri qui prend sous son aile une jeune pigiste, avec l'idée derrière la tête de lui transmettre les ficelles du métier de chasseur de scoops. Surprise à l'atterrissage : Fidel est décédé pendant qu'ils étaient en vol. Notre bonhomme ne se démonte pas et un scoop pouvant en remplacer un autre, il va faire jouer sa malice et son réseau pour essayer de dénicher une info qu'il serait le seul à couvrir, alors que tous les journalistes du pays son en route pour Cuba. C'est ainsi que commence ce récit qui va ensuite se diversifier pour entrainer le lecteur sur des chemins surprenants et variés. Le périple de nos journalistes sera l'occasion de raconter la vie de Fidel Castro, son parcours militaire et politique. Une petite biographie en quelque sorte... mais le spectre va encore s'élargir plus en nous racontant une partie de l'histoire récente de l'ile. Notamment la période de la guerre froide, les conflits politiques avec les USA, les problèmes d'embargo. Ce sera encore l'occasion de parler de la culture populaire de l'ile. Bref plus on avance dans le récit plus le cadre s'élargit, mélangeant fiction et cours d'histoire. C'est un peu surprenant, mais au final cela se révèle plutôt intéressant et original. Si quelques longueurs se font sentir dans le dernier tiers du récit, la fin plutôt inattendue redonne un peu de peps et d'intérêt à cette dernière partie. Au final cet album se distingue par deux aspects : son coté historique assez didactique et son originalité.
Asterios Polyp
L’album avait fait du bruit à sa sortie, et obtenu pas mal de louanges et de prix. Je l’avais alors ouvert, rapidement feuilleté, et presque tout aussi rapidement reposé, et presque oublié depuis. En effet, le dessin m’avait paru extrêmement froid, et je subodorais une lecture pas assez fluide et agréable pour investir du temps dans cet album assez épais. L’occasion s’est présentée d’emprunter l’album, et donc de retenter ma chance. Et j’en suis sorti quelque peu sur ma faim. En fait, trop de choses m’ont empêché de pleinement apprécier cette histoire. Le dessin de Mazzucchelli est original et globalement intéressant et très lisible. Proche du dessin de presse parfois, il va à l’essentiel. Mais le rendu est trop « froid » (et les bichromies accentuent cette impression). Et du coup cette relative froideur ressentie m’a encore plus fait ressortir certains côtés « intellos » du scénario, et du personnage principal, cérébral qui sur un coup de tête – et plutôt sur le versant retour de sa vie, se lance dans un petit road trip, pour faire le point. Les questionnements autour de l’art, et l’attaque ironique représentée par le personnage fou-fou, égocentrique et prétentieux qui cherche à adapter Orphée peuvent être intéressant, mais ça ne contrebalance pas les aspects trop « secs » d’Asterios – et du scénario. Lors de son road trip, il se lie avec un couple étrange, un garagiste sympa et primaire (on se demande d’ailleurs si les nombreuses fautes d’expression qu’il commet ne renforcent pas le côté un peu « méprisant » et intello de la côte Est de l’ensemble ?) et sa femme vraiment loufoque – sans doute trop. Bref, je ne sais pas trop sur quel pied danser, mais je ne suis pas vraiment rentré dans le récit, trop froid, cérébral. Je salue quand même le travail de l’auteur, qui s’est quand même lancé dans un projet original et imposant.
Québec - Un détroit dans le fleuve
C'est le nom d'Emile Bravo qui m'a orienté vers cette lecture. Comme souvent avec les albums collectifs le niveau des scénarii et du graphisme est très différent. La série est construite autour de quatre récits présentés chronologiquement depuis la fondation de la ville jusqu'à aujourd'hui ( 2008). Les deux premiers récits ont une connotation historique et les deux derniers une thématique sociétale. Perso j'ai préféré les productions de Bravo puis Davodeau. En effet, le premier récit revient sur l'origine de l'emplacement de la ville de Québec à l'époque de Champlain. C'est traité sur un mode caricatural et cynique vis à vis des motivations du colonisateur français. C'est souvent drôle et grinçant comme sait très bien le faire Bravo. Toutefois comme souvent chez Bravo le récit semble bien renseigné et on y trouve une somme de petites informations qui enrichissent la narration. J'ai été un peu déçu de ne pas retrouver le graphisme de Bravo mais cela passe bien. Bien que plus classique, j'ai beaucoup aimé l'histoire autour de la catastrophe industrielle du pont de Québec qui couta la vie à 74 travailleurs sur ce chantier. Le récit est sobre pointant comme une fatalité annoncée une erreur de conception due à la vanité et qui n'a pas pu être rattrapée à temps. Il n'y a pas idée de polémique mais plutôt un final poétique pour rendre hommage aux ouvriers qui savaient se dépasser pour un travail très bien fait. Une lecture facile et intéressante dans sa première moitié.
738 jours
En 1997, la jeune Julia Hill s'engage dans une lutte pacifique pour protéger des séquoias centenaires menacés par une exploitation forestière vorace. La méthode de son groupe : installer une cabane tout en haut d'un arbre et y vivre en permanence, afin que les bûcherons ne puissent pas l'abattre sans risquer une vie humaine. C'est ainsi qu'en décembre 1997, Julia grimpe au sommet d'un séquoia millénaire de plus de 60 mètres. Elle ne savait pas alors qu'elle y resterait plus de deux ans sans toucher terre, seule volontaire à tenir coûte que coûte jusqu'à obtenir la promesse de sauvegarde de ces géants. Je ne connaissais rien de ce combat, ni le nom de Julia Hill. Ayant visité quelques parcs nationaux américains, je pensais que les séquoias géants étaient forcément protégés et qu'il ne viendrait pas à l'idée, à la fin du 20e siècle, de raser des forêts plusieurs fois centenaires pour en faire des planches. Et pourtant si, preuve que le capitalisme n'a guère de limites aux États-Unis. La BD adopte un récit surtout factuel, avec un parti pris discret même si le point de vue reste celui de la militante. La narration est bien structurée : on découvre d'abord comment Julia a pu financer sa disponibilité grâce à l'argent de l'assurance d'un accident grave, puis comment elle a rencontré les groupes militants, gagné leur confiance malgré les doutes, et appris à vivre en haut des séquoias dans des conditions précaires. Les auteurs montrent bien les difficultés des premiers jours, les méthodes d'approvisionnement, les risques liés aux tempêtes, puis l'étonnante capacité d'adaptation au fil des semaines et des mois. La fin met en avant l'usure psychologique et la quasi folie qui la poussait à vouloir redescendre, tandis que l'album décrit aussi l'impact médiatique et la complexité des négociations avec les bûcherons et la société forestière. C'est une lecture instructive, claire, sans excès de manichéisme, portée par un dessin simple et agréable, une colorisation élégante et un format souple à rabats très plaisant. Il manque peut-être un peu d'émotion, le récit privilégiant les faits au ressenti, mais l'ensemble reste efficace et permet de découvrir un combat admirable, heureusement couronné de succès malgré la bêtise de certains.
Bikini Atoll
Je reste à 3 étoiles un peu de justesse, je l'avoue, parce que le dernier tome m'a vraiment écœuré, mais malgré tout, ça se laisse lire et les deux premiers tomes étaient vraiment sympa. On est ici dans un Christophe Bec ultra-efficace, qui reprend tous les codes du récit pulp et du slasher avec beaucoup de réussite. Le premier tome est d'une efficacité radicale et j'ai beaucoup apprécié le style réaliste de Khattou, même s'il en rajoute parfois d'une manière assez complaisante dans le gore... Mais le premier tome reste correct à ce niveau-là. J'ai déjà moins aimé le tome 2 qui se situe bien dans la lignée de ces couvertures ultra-racoleuses, et s'amuse un peu trop à multiplier les dessins de corps féminins en petite tenue à mon sens. Malgré ce voyeurisme à mon avis déplacé, le récit est toujours efficace et prenant, et Bec sait faire rebondir son intrigue de bonne manière. Et puis vient le tome 3... Je crois être assez résistant, mais le nombre de scènes de tortures ultra-graphiques et ultra-gratuites m'a vraiment dégoûté. On sait à peu près ce qu'on va trouver en ouvrant ce genre de bande dessinée, je ne peux pas dire que je n'étais pas prévenu. Mais là, Bec monte tous les curseurs au maximum et j'avoue que ça a été trop pour moi. Là, c'est du gore pour le gore, et j'ai du mal à saisir le plaisir qu'on peut trouver à voir tous ces gens se faire démembrer... Cela dit, je reste honnête et ne baisse pas trop ma note, car l'efficacité narrative de Bec est ici à son maximum et malgré l'artificialité de certains dialogues, l'ensemble fonctionne plutôt bien et s'appuie sur un second degré parfois bienvenu (on aurait aimé qu'il soit un peu plus prononcé à d'autres moments). Quoiqu'il en soit, cela reste une lecture qui a de bons moments et témoigne d'une belle intensité narrative. Avec un peu moins de complaisance, j'aurais toutefois préféré.
Remington 1885
L'intrigue fait se rencontrer deux personnages réels – Geronimo et le peintre et dessinateur Remington. Celui-ci n’est allé que très peu de temps dans les territoires encore sauvages de l’ouest (il apparait aussi dans un album de Lucky Luke je crois), et n’a en réalité jamais rencontré Geronimo. La rencontre entre ces deux personnages réels - a priori très éloignés l'un de l'autre à tous points de vue, augurait d'un étonnement mutuel prometteur. Le récit, pourtant ponctué de quelques passages violents, est finalement assez contemplatif. Remington apprivoise sa peur et ses préjugés sur les Apaches, tandis que Geronimo est montré ici comme un sage un peu en retrait. Seul le personnage de Maria, Apache un temps adoptée par des Blancs, dont Remington semble tomber amoureux, apparait un peu artificiel. L’intrigue se laisse lire, sans pourtant être suffisamment dynamique ou intrigante à mon goût. Le dessin de Sagar, avec un trait moderne entre celui de Jérome Jouvray et de Christophe Blain, est plutôt plaisant.
Alabaster
Je ne suis pas un lecteur familier de Tezuka. C'est donc avec un œil neuf que j'ai lu cette ancienne série. Mais c'est avec un sentiment mi figue mi raisin que j'ai refermé cet ouvrage de près de 500 pages. Si on le lit à la façon d'un feuilleton par épisodes ( inégaux) cela passe mais une lecture continue est vraiment longue. J'ai trouvé le dessin et le scénario très daté des années 60/70. De plus la filiation avec Fantomas est évidente pour un lecteur français. Même la gestuelle et le physique de Alabaster rappelle fortement la façon dont Jean Marais avait interprété le rôle. Toutefois le trio Alabaster-Amy-Gen donne une réelle épaisseur psychologique à la narration. Un autre point intéressant est la critique sociétale qui perce à travers plusieurs scènes. L'auteur introduit des thématiques très modernes pour l'époque: la pollution (chapitre 3) le racisme (chapitre 1) ou les brutalités policières. Cela atteint même un paroxysme quand l'agent du FBI viole Amy( chapitre 5).Il y a même une touche d'érotisme par ci par là pour pimenter le récit. Cette critique a peine voilée d'institutions américaines par un Japonais à cette époque est quand même notable et montre comment le manga a pu être un vecteur du renouveau culturel populaire pour s'éloigner de la tutelle américaine. Bien sûr tout cela est fortement manichéen voire simpliste pour certains passages. Mais la crédibilité ne fait pas partie d'un présupposé de la narration. Une lecture intéressante sur certain points mais qui a bien vieilli à mes yeux.