L’album avait fait du bruit à sa sortie, et obtenu pas mal de louanges et de prix. Je l’avais alors ouvert, rapidement feuilleté, et presque tout aussi rapidement reposé, et presque oublié depuis. En effet, le dessin m’avait paru extrêmement froid, et je subodorais une lecture pas assez fluide et agréable pour investir du temps dans cet album assez épais.
L’occasion s’est présentée d’emprunter l’album, et donc de retenter ma chance. Et j’en suis sorti quelque peu sur ma faim.
En fait, trop de choses m’ont empêché de pleinement apprécier cette histoire. Le dessin de Mazzucchelli est original et globalement intéressant et très lisible. Proche du dessin de presse parfois, il va à l’essentiel. Mais le rendu est trop « froid » (et les bichromies accentuent cette impression).
Et du coup cette relative froideur ressentie m’a encore plus fait ressortir certains côtés « intellos » du scénario, et du personnage principal, cérébral qui sur un coup de tête – et plutôt sur le versant retour de sa vie, se lance dans un petit road trip, pour faire le point. Les questionnements autour de l’art, et l’attaque ironique représentée par le personnage fou-fou, égocentrique et prétentieux qui cherche à adapter Orphée peuvent être intéressant, mais ça ne contrebalance pas les aspects trop « secs » d’Asterios – et du scénario.
Lors de son road trip, il se lie avec un couple étrange, un garagiste sympa et primaire (on se demande d’ailleurs si les nombreuses fautes d’expression qu’il commet ne renforcent pas le côté un peu « méprisant » et intello de la côte Est de l’ensemble ?) et sa femme vraiment loufoque – sans doute trop.
Bref, je ne sais pas trop sur quel pied danser, mais je ne suis pas vraiment rentré dans le récit, trop froid, cérébral. Je salue quand même le travail de l’auteur, qui s’est quand même lancé dans un projet original et imposant.
C'est le nom d'Emile Bravo qui m'a orienté vers cette lecture. Comme souvent avec les albums collectifs le niveau des scénarii et du graphisme est très différent. La série est construite autour de quatre récits présentés chronologiquement depuis la fondation de la ville jusqu'à aujourd'hui ( 2008). Les deux premiers récits ont une connotation historique et les deux derniers une thématique sociétale. Perso j'ai préféré les productions de Bravo puis Davodeau. En effet, le premier récit revient sur l'origine de l'emplacement de la ville de Québec à l'époque de Champlain. C'est traité sur un mode caricatural et cynique vis à vis des motivations du colonisateur français. C'est souvent drôle et grinçant comme sait très bien le faire Bravo. Toutefois comme souvent chez Bravo le récit semble bien renseigné et on y trouve une somme de petites informations qui enrichissent la narration. J'ai été un peu déçu de ne pas retrouver le graphisme de Bravo mais cela passe bien.
Bien que plus classique, j'ai beaucoup aimé l'histoire autour de la catastrophe industrielle du pont de Québec qui couta la vie à 74 travailleurs sur ce chantier. Le récit est sobre pointant comme une fatalité annoncée une erreur de conception due à la vanité et qui n'a pas pu être rattrapée à temps. Il n'y a pas idée de polémique mais plutôt un final poétique pour rendre hommage aux ouvriers qui savaient se dépasser pour un travail très bien fait.
Une lecture facile et intéressante dans sa première moitié.
En 1997, la jeune Julia Hill s'engage dans une lutte pacifique pour protéger des séquoias centenaires menacés par une exploitation forestière vorace. La méthode de son groupe : installer une cabane tout en haut d'un arbre et y vivre en permanence, afin que les bûcherons ne puissent pas l'abattre sans risquer une vie humaine. C'est ainsi qu'en décembre 1997, Julia grimpe au sommet d'un séquoia millénaire de plus de 60 mètres. Elle ne savait pas alors qu'elle y resterait plus de deux ans sans toucher terre, seule volontaire à tenir coûte que coûte jusqu'à obtenir la promesse de sauvegarde de ces géants.
Je ne connaissais rien de ce combat, ni le nom de Julia Hill. Ayant visité quelques parcs nationaux américains, je pensais que les séquoias géants étaient forcément protégés et qu'il ne viendrait pas à l'idée, à la fin du 20e siècle, de raser des forêts plusieurs fois centenaires pour en faire des planches. Et pourtant si, preuve que le capitalisme n'a guère de limites aux États-Unis.
La BD adopte un récit surtout factuel, avec un parti pris discret même si le point de vue reste celui de la militante. La narration est bien structurée : on découvre d'abord comment Julia a pu financer sa disponibilité grâce à l'argent de l'assurance d'un accident grave, puis comment elle a rencontré les groupes militants, gagné leur confiance malgré les doutes, et appris à vivre en haut des séquoias dans des conditions précaires. Les auteurs montrent bien les difficultés des premiers jours, les méthodes d'approvisionnement, les risques liés aux tempêtes, puis l'étonnante capacité d'adaptation au fil des semaines et des mois. La fin met en avant l'usure psychologique et la quasi folie qui la poussait à vouloir redescendre, tandis que l'album décrit aussi l'impact médiatique et la complexité des négociations avec les bûcherons et la société forestière.
C'est une lecture instructive, claire, sans excès de manichéisme, portée par un dessin simple et agréable, une colorisation élégante et un format souple à rabats très plaisant. Il manque peut-être un peu d'émotion, le récit privilégiant les faits au ressenti, mais l'ensemble reste efficace et permet de découvrir un combat admirable, heureusement couronné de succès malgré la bêtise de certains.
Je reste à 3 étoiles un peu de justesse, je l'avoue, parce que le dernier tome m'a vraiment écœuré, mais malgré tout, ça se laisse lire et les deux premiers tomes étaient vraiment sympa. On est ici dans un Christophe Bec ultra-efficace, qui reprend tous les codes du récit pulp et du slasher avec beaucoup de réussite. Le premier tome est d'une efficacité radicale et j'ai beaucoup apprécié le style réaliste de Khattou, même s'il en rajoute parfois d'une manière assez complaisante dans le gore... Mais le premier tome reste correct à ce niveau-là.
J'ai déjà moins aimé le tome 2 qui se situe bien dans la lignée de ces couvertures ultra-racoleuses, et s'amuse un peu trop à multiplier les dessins de corps féminins en petite tenue à mon sens. Malgré ce voyeurisme à mon avis déplacé, le récit est toujours efficace et prenant, et Bec sait faire rebondir son intrigue de bonne manière.
Et puis vient le tome 3... Je crois être assez résistant, mais le nombre de scènes de tortures ultra-graphiques et ultra-gratuites m'a vraiment dégoûté. On sait à peu près ce qu'on va trouver en ouvrant ce genre de bande dessinée, je ne peux pas dire que je n'étais pas prévenu. Mais là, Bec monte tous les curseurs au maximum et j'avoue que ça a été trop pour moi. Là, c'est du gore pour le gore, et j'ai du mal à saisir le plaisir qu'on peut trouver à voir tous ces gens se faire démembrer...
Cela dit, je reste honnête et ne baisse pas trop ma note, car l'efficacité narrative de Bec est ici à son maximum et malgré l'artificialité de certains dialogues, l'ensemble fonctionne plutôt bien et s'appuie sur un second degré parfois bienvenu (on aurait aimé qu'il soit un peu plus prononcé à d'autres moments). Quoiqu'il en soit, cela reste une lecture qui a de bons moments et témoigne d'une belle intensité narrative. Avec un peu moins de complaisance, j'aurais toutefois préféré.
L'intrigue fait se rencontrer deux personnages réels – Geronimo et le peintre et dessinateur Remington. Celui-ci n’est allé que très peu de temps dans les territoires encore sauvages de l’ouest (il apparait aussi dans un album de Lucky Luke je crois), et n’a en réalité jamais rencontré Geronimo. La rencontre entre ces deux personnages réels - a priori très éloignés l'un de l'autre à tous points de vue, augurait d'un étonnement mutuel prometteur.
Le récit, pourtant ponctué de quelques passages violents, est finalement assez contemplatif. Remington apprivoise sa peur et ses préjugés sur les Apaches, tandis que Geronimo est montré ici comme un sage un peu en retrait. Seul le personnage de Maria, Apache un temps adoptée par des Blancs, dont Remington semble tomber amoureux, apparait un peu artificiel.
L’intrigue se laisse lire, sans pourtant être suffisamment dynamique ou intrigante à mon goût.
Le dessin de Sagar, avec un trait moderne entre celui de Jérome Jouvray et de Christophe Blain, est plutôt plaisant.
Je ne suis pas un lecteur familier de Tezuka. C'est donc avec un œil neuf que j'ai lu cette ancienne série. Mais c'est avec un sentiment mi figue mi raisin que j'ai refermé cet ouvrage de près de 500 pages. Si on le lit à la façon d'un feuilleton par épisodes ( inégaux) cela passe mais une lecture continue est vraiment longue. J'ai trouvé le dessin et le scénario très daté des années 60/70.
De plus la filiation avec Fantomas est évidente pour un lecteur français. Même la gestuelle et le physique de Alabaster rappelle fortement la façon dont Jean Marais avait interprété le rôle. Toutefois le trio Alabaster-Amy-Gen donne une réelle épaisseur psychologique à la narration. Un autre point intéressant est la critique sociétale qui perce à travers plusieurs scènes. L'auteur introduit des thématiques très modernes pour l'époque: la pollution (chapitre 3) le racisme (chapitre 1) ou les brutalités policières.
Cela atteint même un paroxysme quand l'agent du FBI viole Amy( chapitre 5).Il y a même une touche d'érotisme par ci par là pour pimenter le récit. Cette critique a peine voilée d'institutions américaines par un Japonais à cette époque est quand même notable et montre comment le manga a pu être un vecteur du renouveau culturel populaire pour s'éloigner de la tutelle américaine.
Bien sûr tout cela est fortement manichéen voire simpliste pour certains passages. Mais la crédibilité ne fait pas partie d'un présupposé de la narration.
Une lecture intéressante sur certain points mais qui a bien vieilli à mes yeux.
Une histoire feel good dont je comprends que plusieurs ont adoré. Personnellement, les histoires avec les jeunes riches qui n'aiment pas être des héritiers et qui découvrent leur vraie vocation avec des gens normaux ne m'intéressent pas trop, mais c'est assez bien fait alors au moins je ne me suis pas ennuyé.
Oui, je ne me suis pas emmerdé à lire ce récit assez linéaire dont le parcours des deux personnages principaux est prévisible. Je pense que cela vient en partie du fait que les personnages ont tous des qualités et défauts, ce qui rend le tout un peu plus authentique que si on avait juste deux parents riches très méchants envers un fils qui trouve du réconfort avec des gens normaux qui sont tous super-gentils. Une autre raison pourquoi je trouve juste ce récit correct sans plus, est que ça parle de haute gastronomie française, et franchement cela ne m'intéresse pas trop de voir le parcours d'un apprenti-cuisinier.
Le dessin est le point fort de l'album. Il est dynamique, expressif, et les couleurs sont agréables à l'œil. Pour moi c'est la force de ce récit. Au final, je l'ai lu une fois et c'est assez pour moi.
Encore une fois je suis moins enthousiaste que les autres posteurs. Il y a des bonnes choses dans ce one-shot, mais aussi plusieurs choses que je n'ai pas trop aimées.
J'ai eu un peu de difficulté avec le dessin. Il est très bon pour les atmosphères surnaturelles et les images oniriques, mais je n'ai pas trop aimé les personnages qui parfois semblaient sortir de photos qu'on aurait dessinées par-dessus. Ce n'est pas une impression que j'aime avoir lorsque je lis une bande dessinée. Quant au scénario, je n'ai pas réussi à le trouver captivant du début jusqu'à la fin. Il y a des bonnes scènes, mais j'ai aussi trouvé que c'était souvent inutilement long, et lorsqu'on tombe totalement dans le fantastique, je ne suis pas certain d'avoir tout bien compris où le scénariste voulait en venir.
En gros, ça se laisse lire, mais ce n'est pas un one-shot que je pense que j'ai envie de relire un jour ou alors pas au complet.
Voilà un album atypique à plusieurs points de vue.
D'abord son inscription dans une collection, Hachette Pratique, où se trouvent plutôt des manuels de jardinage ou des recueils de recettes de cuisine. Je suppose que cette particularité est due à la présence au scénario de Roland Theimer, chef de son état, qui officie ici en tant que scénariste. Il a concocté une histoire au petits oignons, sur les traces de Mégalo Poupos, probablement une sorte d'alter ego de papier, au caractère épicé et au verbe gouleyant. Celui-ci vit sur l'île aux épices, se languissant de Poulpina, qui semble ne lui accorder que des miettes d'attention. Il part pour Babylone accompagné de sa truie Mortabelle, pour participer au légendaire concours de la Louche d'or. Mais ce n'est que le début d'un voyage gustatif inoubliable.
Nous sommes ici face à un album qui est peu ou prou l'illustration de l'exubérance, qu'elle soit narrative ou visuelle. Les personnages sont pour la plupart hauts en couleurs et en verbe, n'hésitent pas à prendre des poses tout droit sortis des séries japonaises des années 80, et claquant des répliques issues de la pop culture, mais aussi de la mythologie, en particulier grecque. Car Roland Theimer s'est amusé à mettre tous ces ingrédients dans sa mayonnaise, et à la battre pour qu'elle soit d'un goût très particulier.
J'avoue que le sujet de la bouffe m'intéresse moyennement en général, et je salue l'inventivité, l'énergie et parfois le délire instillés par le scénariste, qui semble par moments avoir écrit sous influence de champignons suspects... Le dessinateur, britannique, semble l'avoir bien suivi dans ses délires, et nous propose des pages elles aussi totalement folles, blindées de couleurs saturées et de personnages qui changent régulièrement d'apparence, dans une explosion visuelle comme j'en ai rarement vu.
A défaut d'être véritablement intéressant (pour moi), j'aurai au moins passé un moment de lecture sympa, plutôt déjanté.
Je suis loin d’être un aficionado du genre slasher mais je n’ai pas boudé mon plaisir avec cette BD.
Pourtant je n’ai jamais été surpris durant ma lecture, l’histoire respectant à la lettre les codes du genre, ici un mix de plusieurs films « référence » (Jason, Souviens toi l’été dernier …) mais avec une légère démarcation pour avoir sa propre identité.
Si on n’est pas allergique à ce type de récit, ça passe plutôt très bien dans le cas présent. Run en maîtrise tous les poncifs pour nous les restituer de manière digeste et fluide. Pour ça, il est formidablement bien épaulé par Rours qui propose une partie graphique solide (couleurs comme N&B), les amateurs du Label 619 ne seront pas dépaysés.
Il n’y a pas (encore ?) le petit plus façon Basketful of heads pour en faire une pépite. Ça manque aussi un peu de second degré à mon goût mais toutes les autres propositions autour du thème sont pro et bien faites.
Je lirai la suite.
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Asterios Polyp
L’album avait fait du bruit à sa sortie, et obtenu pas mal de louanges et de prix. Je l’avais alors ouvert, rapidement feuilleté, et presque tout aussi rapidement reposé, et presque oublié depuis. En effet, le dessin m’avait paru extrêmement froid, et je subodorais une lecture pas assez fluide et agréable pour investir du temps dans cet album assez épais. L’occasion s’est présentée d’emprunter l’album, et donc de retenter ma chance. Et j’en suis sorti quelque peu sur ma faim. En fait, trop de choses m’ont empêché de pleinement apprécier cette histoire. Le dessin de Mazzucchelli est original et globalement intéressant et très lisible. Proche du dessin de presse parfois, il va à l’essentiel. Mais le rendu est trop « froid » (et les bichromies accentuent cette impression). Et du coup cette relative froideur ressentie m’a encore plus fait ressortir certains côtés « intellos » du scénario, et du personnage principal, cérébral qui sur un coup de tête – et plutôt sur le versant retour de sa vie, se lance dans un petit road trip, pour faire le point. Les questionnements autour de l’art, et l’attaque ironique représentée par le personnage fou-fou, égocentrique et prétentieux qui cherche à adapter Orphée peuvent être intéressant, mais ça ne contrebalance pas les aspects trop « secs » d’Asterios – et du scénario. Lors de son road trip, il se lie avec un couple étrange, un garagiste sympa et primaire (on se demande d’ailleurs si les nombreuses fautes d’expression qu’il commet ne renforcent pas le côté un peu « méprisant » et intello de la côte Est de l’ensemble ?) et sa femme vraiment loufoque – sans doute trop. Bref, je ne sais pas trop sur quel pied danser, mais je ne suis pas vraiment rentré dans le récit, trop froid, cérébral. Je salue quand même le travail de l’auteur, qui s’est quand même lancé dans un projet original et imposant.
Québec - Un détroit dans le fleuve
C'est le nom d'Emile Bravo qui m'a orienté vers cette lecture. Comme souvent avec les albums collectifs le niveau des scénarii et du graphisme est très différent. La série est construite autour de quatre récits présentés chronologiquement depuis la fondation de la ville jusqu'à aujourd'hui ( 2008). Les deux premiers récits ont une connotation historique et les deux derniers une thématique sociétale. Perso j'ai préféré les productions de Bravo puis Davodeau. En effet, le premier récit revient sur l'origine de l'emplacement de la ville de Québec à l'époque de Champlain. C'est traité sur un mode caricatural et cynique vis à vis des motivations du colonisateur français. C'est souvent drôle et grinçant comme sait très bien le faire Bravo. Toutefois comme souvent chez Bravo le récit semble bien renseigné et on y trouve une somme de petites informations qui enrichissent la narration. J'ai été un peu déçu de ne pas retrouver le graphisme de Bravo mais cela passe bien. Bien que plus classique, j'ai beaucoup aimé l'histoire autour de la catastrophe industrielle du pont de Québec qui couta la vie à 74 travailleurs sur ce chantier. Le récit est sobre pointant comme une fatalité annoncée une erreur de conception due à la vanité et qui n'a pas pu être rattrapée à temps. Il n'y a pas idée de polémique mais plutôt un final poétique pour rendre hommage aux ouvriers qui savaient se dépasser pour un travail très bien fait. Une lecture facile et intéressante dans sa première moitié.
738 jours
En 1997, la jeune Julia Hill s'engage dans une lutte pacifique pour protéger des séquoias centenaires menacés par une exploitation forestière vorace. La méthode de son groupe : installer une cabane tout en haut d'un arbre et y vivre en permanence, afin que les bûcherons ne puissent pas l'abattre sans risquer une vie humaine. C'est ainsi qu'en décembre 1997, Julia grimpe au sommet d'un séquoia millénaire de plus de 60 mètres. Elle ne savait pas alors qu'elle y resterait plus de deux ans sans toucher terre, seule volontaire à tenir coûte que coûte jusqu'à obtenir la promesse de sauvegarde de ces géants. Je ne connaissais rien de ce combat, ni le nom de Julia Hill. Ayant visité quelques parcs nationaux américains, je pensais que les séquoias géants étaient forcément protégés et qu'il ne viendrait pas à l'idée, à la fin du 20e siècle, de raser des forêts plusieurs fois centenaires pour en faire des planches. Et pourtant si, preuve que le capitalisme n'a guère de limites aux États-Unis. La BD adopte un récit surtout factuel, avec un parti pris discret même si le point de vue reste celui de la militante. La narration est bien structurée : on découvre d'abord comment Julia a pu financer sa disponibilité grâce à l'argent de l'assurance d'un accident grave, puis comment elle a rencontré les groupes militants, gagné leur confiance malgré les doutes, et appris à vivre en haut des séquoias dans des conditions précaires. Les auteurs montrent bien les difficultés des premiers jours, les méthodes d'approvisionnement, les risques liés aux tempêtes, puis l'étonnante capacité d'adaptation au fil des semaines et des mois. La fin met en avant l'usure psychologique et la quasi folie qui la poussait à vouloir redescendre, tandis que l'album décrit aussi l'impact médiatique et la complexité des négociations avec les bûcherons et la société forestière. C'est une lecture instructive, claire, sans excès de manichéisme, portée par un dessin simple et agréable, une colorisation élégante et un format souple à rabats très plaisant. Il manque peut-être un peu d'émotion, le récit privilégiant les faits au ressenti, mais l'ensemble reste efficace et permet de découvrir un combat admirable, heureusement couronné de succès malgré la bêtise de certains.
Bikini Atoll
Je reste à 3 étoiles un peu de justesse, je l'avoue, parce que le dernier tome m'a vraiment écœuré, mais malgré tout, ça se laisse lire et les deux premiers tomes étaient vraiment sympa. On est ici dans un Christophe Bec ultra-efficace, qui reprend tous les codes du récit pulp et du slasher avec beaucoup de réussite. Le premier tome est d'une efficacité radicale et j'ai beaucoup apprécié le style réaliste de Khattou, même s'il en rajoute parfois d'une manière assez complaisante dans le gore... Mais le premier tome reste correct à ce niveau-là. J'ai déjà moins aimé le tome 2 qui se situe bien dans la lignée de ces couvertures ultra-racoleuses, et s'amuse un peu trop à multiplier les dessins de corps féminins en petite tenue à mon sens. Malgré ce voyeurisme à mon avis déplacé, le récit est toujours efficace et prenant, et Bec sait faire rebondir son intrigue de bonne manière. Et puis vient le tome 3... Je crois être assez résistant, mais le nombre de scènes de tortures ultra-graphiques et ultra-gratuites m'a vraiment dégoûté. On sait à peu près ce qu'on va trouver en ouvrant ce genre de bande dessinée, je ne peux pas dire que je n'étais pas prévenu. Mais là, Bec monte tous les curseurs au maximum et j'avoue que ça a été trop pour moi. Là, c'est du gore pour le gore, et j'ai du mal à saisir le plaisir qu'on peut trouver à voir tous ces gens se faire démembrer... Cela dit, je reste honnête et ne baisse pas trop ma note, car l'efficacité narrative de Bec est ici à son maximum et malgré l'artificialité de certains dialogues, l'ensemble fonctionne plutôt bien et s'appuie sur un second degré parfois bienvenu (on aurait aimé qu'il soit un peu plus prononcé à d'autres moments). Quoiqu'il en soit, cela reste une lecture qui a de bons moments et témoigne d'une belle intensité narrative. Avec un peu moins de complaisance, j'aurais toutefois préféré.
Remington 1885
L'intrigue fait se rencontrer deux personnages réels – Geronimo et le peintre et dessinateur Remington. Celui-ci n’est allé que très peu de temps dans les territoires encore sauvages de l’ouest (il apparait aussi dans un album de Lucky Luke je crois), et n’a en réalité jamais rencontré Geronimo. La rencontre entre ces deux personnages réels - a priori très éloignés l'un de l'autre à tous points de vue, augurait d'un étonnement mutuel prometteur. Le récit, pourtant ponctué de quelques passages violents, est finalement assez contemplatif. Remington apprivoise sa peur et ses préjugés sur les Apaches, tandis que Geronimo est montré ici comme un sage un peu en retrait. Seul le personnage de Maria, Apache un temps adoptée par des Blancs, dont Remington semble tomber amoureux, apparait un peu artificiel. L’intrigue se laisse lire, sans pourtant être suffisamment dynamique ou intrigante à mon goût. Le dessin de Sagar, avec un trait moderne entre celui de Jérome Jouvray et de Christophe Blain, est plutôt plaisant.
Alabaster
Je ne suis pas un lecteur familier de Tezuka. C'est donc avec un œil neuf que j'ai lu cette ancienne série. Mais c'est avec un sentiment mi figue mi raisin que j'ai refermé cet ouvrage de près de 500 pages. Si on le lit à la façon d'un feuilleton par épisodes ( inégaux) cela passe mais une lecture continue est vraiment longue. J'ai trouvé le dessin et le scénario très daté des années 60/70. De plus la filiation avec Fantomas est évidente pour un lecteur français. Même la gestuelle et le physique de Alabaster rappelle fortement la façon dont Jean Marais avait interprété le rôle. Toutefois le trio Alabaster-Amy-Gen donne une réelle épaisseur psychologique à la narration. Un autre point intéressant est la critique sociétale qui perce à travers plusieurs scènes. L'auteur introduit des thématiques très modernes pour l'époque: la pollution (chapitre 3) le racisme (chapitre 1) ou les brutalités policières. Cela atteint même un paroxysme quand l'agent du FBI viole Amy( chapitre 5).Il y a même une touche d'érotisme par ci par là pour pimenter le récit. Cette critique a peine voilée d'institutions américaines par un Japonais à cette époque est quand même notable et montre comment le manga a pu être un vecteur du renouveau culturel populaire pour s'éloigner de la tutelle américaine. Bien sûr tout cela est fortement manichéen voire simpliste pour certains passages. Mais la crédibilité ne fait pas partie d'un présupposé de la narration. Une lecture intéressante sur certain points mais qui a bien vieilli à mes yeux.
Ulysse & Cyrano
Une histoire feel good dont je comprends que plusieurs ont adoré. Personnellement, les histoires avec les jeunes riches qui n'aiment pas être des héritiers et qui découvrent leur vraie vocation avec des gens normaux ne m'intéressent pas trop, mais c'est assez bien fait alors au moins je ne me suis pas ennuyé. Oui, je ne me suis pas emmerdé à lire ce récit assez linéaire dont le parcours des deux personnages principaux est prévisible. Je pense que cela vient en partie du fait que les personnages ont tous des qualités et défauts, ce qui rend le tout un peu plus authentique que si on avait juste deux parents riches très méchants envers un fils qui trouve du réconfort avec des gens normaux qui sont tous super-gentils. Une autre raison pourquoi je trouve juste ce récit correct sans plus, est que ça parle de haute gastronomie française, et franchement cela ne m'intéresse pas trop de voir le parcours d'un apprenti-cuisinier. Le dessin est le point fort de l'album. Il est dynamique, expressif, et les couleurs sont agréables à l'œil. Pour moi c'est la force de ce récit. Au final, je l'ai lu une fois et c'est assez pour moi.
Les Navigateurs
Encore une fois je suis moins enthousiaste que les autres posteurs. Il y a des bonnes choses dans ce one-shot, mais aussi plusieurs choses que je n'ai pas trop aimées. J'ai eu un peu de difficulté avec le dessin. Il est très bon pour les atmosphères surnaturelles et les images oniriques, mais je n'ai pas trop aimé les personnages qui parfois semblaient sortir de photos qu'on aurait dessinées par-dessus. Ce n'est pas une impression que j'aime avoir lorsque je lis une bande dessinée. Quant au scénario, je n'ai pas réussi à le trouver captivant du début jusqu'à la fin. Il y a des bonnes scènes, mais j'ai aussi trouvé que c'était souvent inutilement long, et lorsqu'on tombe totalement dans le fantastique, je ne suis pas certain d'avoir tout bien compris où le scénariste voulait en venir. En gros, ça se laisse lire, mais ce n'est pas un one-shot que je pense que j'ai envie de relire un jour ou alors pas au complet.
Mégalo Poupos dans La Quête du gras
Voilà un album atypique à plusieurs points de vue. D'abord son inscription dans une collection, Hachette Pratique, où se trouvent plutôt des manuels de jardinage ou des recueils de recettes de cuisine. Je suppose que cette particularité est due à la présence au scénario de Roland Theimer, chef de son état, qui officie ici en tant que scénariste. Il a concocté une histoire au petits oignons, sur les traces de Mégalo Poupos, probablement une sorte d'alter ego de papier, au caractère épicé et au verbe gouleyant. Celui-ci vit sur l'île aux épices, se languissant de Poulpina, qui semble ne lui accorder que des miettes d'attention. Il part pour Babylone accompagné de sa truie Mortabelle, pour participer au légendaire concours de la Louche d'or. Mais ce n'est que le début d'un voyage gustatif inoubliable. Nous sommes ici face à un album qui est peu ou prou l'illustration de l'exubérance, qu'elle soit narrative ou visuelle. Les personnages sont pour la plupart hauts en couleurs et en verbe, n'hésitent pas à prendre des poses tout droit sortis des séries japonaises des années 80, et claquant des répliques issues de la pop culture, mais aussi de la mythologie, en particulier grecque. Car Roland Theimer s'est amusé à mettre tous ces ingrédients dans sa mayonnaise, et à la battre pour qu'elle soit d'un goût très particulier. J'avoue que le sujet de la bouffe m'intéresse moyennement en général, et je salue l'inventivité, l'énergie et parfois le délire instillés par le scénariste, qui semble par moments avoir écrit sous influence de champignons suspects... Le dessinateur, britannique, semble l'avoir bien suivi dans ses délires, et nous propose des pages elles aussi totalement folles, blindées de couleurs saturées et de personnages qui changent régulièrement d'apparence, dans une explosion visuelle comme j'en ai rarement vu. A défaut d'être véritablement intéressant (pour moi), j'aurai au moins passé un moment de lecture sympa, plutôt déjanté.
Jaune
Je suis loin d’être un aficionado du genre slasher mais je n’ai pas boudé mon plaisir avec cette BD. Pourtant je n’ai jamais été surpris durant ma lecture, l’histoire respectant à la lettre les codes du genre, ici un mix de plusieurs films « référence » (Jason, Souviens toi l’été dernier …) mais avec une légère démarcation pour avoir sa propre identité. Si on n’est pas allergique à ce type de récit, ça passe plutôt très bien dans le cas présent. Run en maîtrise tous les poncifs pour nous les restituer de manière digeste et fluide. Pour ça, il est formidablement bien épaulé par Rours qui propose une partie graphique solide (couleurs comme N&B), les amateurs du Label 619 ne seront pas dépaysés. Il n’y a pas (encore ?) le petit plus façon Basketful of heads pour en faire une pépite. Ça manque aussi un peu de second degré à mon goût mais toutes les autres propositions autour du thème sont pro et bien faites. Je lirai la suite.