J'avoue ne pas comprendre pourquoi Peeters utilise un avatar et pas seulement lui-même dans cet album autobiographie, ça rend les choses plus compliquées qu'autre chose.
Sinon, c'est un album qui se lit sans problème avec quelques passages un peu poignants à l'hôpital, mais globalement c'est un album qui ne sort pas trop du lot d'albums qui sortent chaque année. Ce qui était bien avec ''Pilules bleues'' c'est qu'on voyait le quotidien de quelqu'un qui était amoureux d'une femme atteinte du sida, une situation qui sort de l'ordinaire alors qu'ici hormis les problèmes de santé de sa femme, la vie d'Oleg est celle banale d'un homme blanc qui a assez d'argent pour bien vivre et qui a une famille. J'ai l'impression que la plupart des scènes auraient pu être imaginées sans problème par d'autres auteurs de la génération de Peeters.
Il reste le dessin qui est pas mal et la narration est dynamique. C'est pas mauvais, mais cela ne me semble pas être un indispensable hormis si on est un gros fan de l'auteur.
J’avais eu l’occasion de feuilleter plusieurs albums de ce super-héros ridicule, mais c’est la publication récente des intégrales (qui ne reprennent d’ailleurs pour le moment pas tous les récits parus en album je crois) que je me suis plongé un peu plus dans les histoires improbables de ce bonhomme.
Rifo est un habitué de Psikopat (où Hiroshiman a été en grande partie publié). On ne sera donc pas surpris par le ton irrévérencieux, grossier, voire grotesque, qui domine – avec une bonne couche d’absurde – dans ces aventures pour de rire.
Rifo aime bien développer des personnages ordinaires, « franchouillards », en triturant le raisonnable, en les projetant dans un univers mêlant SF du pauvre et récit vaguement polar et/ou humoristiques. On peut aussi le vérifier avec Captain Marcel et les bêtes, lui aussi issu de l’univers Psikopat.
Lire tous les albums d’une traite n’est sans doute pas une bonne idée. Je recommanderais plutôt une lecture par petits bouts, deux/trois histoires à la fois. Pour éviter l’overdose de connerie, pour éviter aussi de trop ressentir certaines répétitions dans les gags et les situations. L’ensemble est inégal donc. Mais globalement original, et j’ai trouvé suffisamment de détails amusants pour apprécier cette lecture.
L’humour joue donc sur de l’absurde, un ton volontairement parodique, faussement sérieux, un humour con, parfois scato. Il ne faut donc pas être réfractaire à ce type d’humour grossier (dans tous les sens du terme). Mais chez moi ça passe bien.
Le dessin est généralement plus léché que les textes, et ne donne pas vraiment dans le fanzine ou le n’importe quoi. Au contraire, certains détails sont vraiment très bons. Et sur pas mal de planches, j’ai trouvé que le trait de Rifo avait des accointances avec celui de Crumb – surtout pour les personnages (les nanas bien en chair par exemple, mais pas seulement).
A réserver aux amateurs du genre, et sans doute à ne pas lire d’une traite. Mais ce héros au look impayable mérite un petit détour, l’ensemble est plutôt réjouissant.
Il y a dans le dessin, et dans certaines naïvetés du scénario, quelque chose qui plaira je pense surtout à de jeunes adolescents. Un certain nombre de sujets sont abordés, comme la lutte contre certains phénomènes sectaires, de repli sur soi, ou alors la défense de la faune et de la flore sauvages, mais aussi les conséquences de la pollution (ici les conséquences d’un grave accident nucléaire). Même si je regrette que cela soit parfois effleuré et peu contextualisé et développé, ça reste quand même très lisible et captivera des adolescents a priori intéressés par ces sujets.
L’adulte que je suis est peut-être moins enthousiaste – même si j’ai trouvé ma lecture agréable.
On est d’emblée plongé dans « l’après » catastrophe, plongé aussi brutalement que l’un des héros, Jean (hacker en fuite), dans une Amazonie luxuriante (détail d’autant plus marquant que le reste du monde semble avoir oublié la « nature », irrémédiablement contaminée, cette région forestière ayant été abandonnée – du fait du danger de radiation et des mutations génétiques). D’avoir été frappée directement par la catastrophe permet de façon paradoxale à cette région d’Amazonie d’être devenue un sanctuaire : c’est dans sa version « contaminée » que la nature semble avoir repris et vouloir garder ses droits.
Et Jean fait connaissance avec Kanopé, une jeune femme qui vit, solitaire, dans ce monde à l’écart, refusant de rejoindre les autres reclus, qui eux vivent en communauté dans un esprit sectaire. Et « autour », une société menaçante, sous la coupe de multinationales…
Le récit se laisse lire, la narration est fluide et agréable, et l’auteure prend le temps de développer son récit post-apocalypse écolo, sans dramatiser outre mesure celui-ci. Ainsi la naissance de l’enfant de Kanopé (semble-t-il handicapé suite aux mutations ?) n’est jamais vu comme un drame.
Certains détails m’empêchent toutefois d’être plus généreux dans ma notation. D’abord je suis sorti quelque peu frustré de ne pas en savoir plus sur la société « extérieure », qu’on devine seulement au travers de quelques dialogues, autour de Jean (le seul « pont » entre la région où se déroule l’intrigue et cet extérieur), ou alors, de façon beaucoup plus menaçante, lorsque apparaissent les robots tuant et capturant des « spécimens », et cette multinationale, Astadel.
Dans le second tome, j’ai trouvé un peu brutales certaines transitions, autour de l’aller-retour de Jean (je ne détaille pas pour ne pas trop spoiler).
Certains passages m’ont fait penser au film de Boorman « La forêt d’émeraude » (le décor amazonien bien sûr, mais aussi la lutte entre le « progrès » et autochtones et nature à préserver).
Mais bon, malgré les petits bémols ça reste quand même un diptyque intéressant, qui traie de façon relativement original certains sujets sérieux.
Pour une fois je suis d'accord avec la plupart des avis postés précédemment.
L'histoire m'a moins emporté que Sade de la même collection.
Je ne sais pas comment Dufaux et Malès ont travaillé ensemble mais le trait soigné quoique un peu daté du dernier semble avoir contaminé le scénariste, qui propose ici un récit très classique.
Il y a un peu trop de voix off, même si le texte est très bien écrit.
Je suis curieux de savoir ce que cela aurait donné avec Griffo au dessin.
2.5
Je suis moins enthousiaste que d'autres posteurs, mais il faut dire que je ne suis pas un grand fan de fantasy alors je pense que mon avis va surtout intéresser ceux qui ne sont pas fans du genre. Si vous être fan de ce type de récit, il y a de très bonnes chances que vous accrochiez plus que moi.
En tout cas, pour moi c'est une série correcte même si le premier tome est une introduction un peu trop longue de l'univers et aussi un peu confuse vu le nombre de personnages et que ça parle de manipulations politiques. Le scénario est un peu trop dense avec ses retournements de situations en pagaille et ses personnages avec des motivations pas toujours claires. Peut-être que si j'avais plus accroché au scénario, j'aurais mis toute mon attention pour tout bien comprendre, mais comme je trouvais ça juste correct, les informations avaient tendance à disparaitre de ma tête et j'avais pas envie de faire des allers-retours pour être certain que j'avais bien compris. Je pense que c'est inutilement compliqué et trop ambitieux pour moi. C'est pas totalement mauvais, mais je ne me suis jamais passionné lors de la lecture de ses deux tomes parce que c’est pas du tout fluide.
Quant au dessin, je n'ai rien à dire contre le graphiste qui est très bon et les créatures fantastiques sont géniales. Ce que j'aime moins sont les couleurs que je trouve un peu trop flashy sur plusieurs cases.
2.5
Une autre lecture qui m'a déçu. Le dessin avait attiré mon attention et je suis un fan de contes alors cela semblait être le one-shot parfait pour moi.
Je n'ai rien à dire contre le dessin qui est très bon et c'est un style parfait pour ce type d'histoire. Mon problème vient plutôt du scénario. Ça commence de manière pas mal et il y a des scènes que j'ai aimé, mais à aucun moment je n'ai trouvé le récit captivant. J'attendais la péripétie qui allait me passionner et me faire totalement rentré dans le récit, mais elle n'est jamais arrivée. J'ai commencé à décrocher un peu dans le dernier tiers. J'ai trouvé que le scénario tirait en longueur et que c'était un peu trop décousu, comme si l'auteur improvisait. Les personnages ne sont pas particulièrement attachant ou intéressant en dehors de la poupée.
Alors certes l'auteur joue avec les codes des contes, mais j'en ai lu des récits qui s'amusent avec les contes et personnellement je n'ai rien vu de vraiment original.
La couverture représente bien la Bretagne avec ce ciel gris et pluvieux... Blague à part elle est assez réussie. Un gamin seul face à l'immense océan. Je n'avais pas connaissance d'un bagne à Belle-Ile-en-Mer ou plutôt d'une maison de redressement pour jeunes délinquants. Et pourtant cette histoire est véridique et a indigné l'opinion publique pendant quelques semaines comme le retracent des coupures de journaux du début du 20ème siècle reprises en fin d'ouvrage.
Un jeune gamin malouin sans histoire veut se faire marin et se fait écrouer pour un larçin avec son ami Ernest. Chronique de la dureté et cruauté d'une époque. Cet endroit a perduré jusqu'en 1977, c'est très récent.
A la consonance de leur nom, je soupçonne les 2 auteurs d'être bretons. Le dessin est bien, je trouve qu'il y a un air de Gipi dans ses visages.
Un bon 3 proche de 4.
J’ai eu un peu peur au début, pensant lire quelque chose d’ennuyeux, ou en tout cas une simple accumulation de petites anecdotes sans intérêt pour le lecteur qui ne connait pas les personnages interrogés ici.
Mais en fait cette lecture s’est révélée plutôt intéressante. En effet, la somme de témoignages recueillis par Emmelyne Octavie permet de dresser un portrait « large » de « l’exil ». Elle-même exilée temporaire en métropole, mais originaire de la Guyane, elle a interrogé des personnes ayant une forte attache pour la Guyane (qu’ils y soient nés ou qu’ils y aient vécu longtemps) et qui ressentent – pour la plupart en tout cas – un malaise loin de leur terre de cœur. Ce que l’Allemand nomme judicieusement « Heimweh ». Et je trouve que c’est la somme qui donne son sens aux parties, les justifiant.
Car tous ces témoignages ne font pas que s’accumuler. Ils font comprendre, chacun à leur manière et avec une intensité différente de l’un à l’autre, ce que l’exil peut représenter de déchirement, mais aussi de stimulant, pour des personnes qui n’ont que rarement choisi – en tout cas complètement – de venir en métropole. Même si certains des témoins sont des métropolitains – mais alors leurs racines de cœur son en Guyane.
Représentatifs ou pas de l’ensemble de la société guyanaise, ces témoignages sont intéressants. Ils disent aussi en creux ce que la France n’a pas fait – ou ce qu’elle a mal fait. C’est aussi un moyen de sortir des cartes postales autour du Bagne de Cayenne (à l’heure où un ministre médiatique souhaite en réinstaller un autre en Guyane, sans tenir compte de l’avis ou des besoins des populations locales : là aussi, là encore, le message ne s’adresse qu’à la métropole !) et de la base de Kourou.
Alors, certes, ça n’est pas une enquête sociologique fouillée et académique. Mais la lecture est plus intéressante que je ne le pensais en entamant l’album.
Dans ce monde, chaque humain découvre à sa majorité le domaine intellectuel auquel il est destiné : artisanat, guérison, exploration... ou encore les prestigieux stellaires, chargés de tisser une tapisserie personnalisée remise à chacun le jour de ses 18 ans. Ce tissu révèle non seulement la vocation de la personne, mais aussi les visages de celles et ceux qui compteront dans sa vie, qu'il s'agisse d'amitiés profondes ou d'amours durables. Une sorte d'horoscope ultra-précis qu'on peut choisir de suivre ou d'ignorer, voire de ne jamais consulter. Mais un jour, à la suite d'une erreur de distribution, six jeunes nés le même jour reçoivent la tapisserie d'un autre. L'une d'elles, plus perspicace que les autres, comprend qu'il y a un problème et entraîne trois des autres concernés dans une quête pour retrouver leur véritable destin... et peut-être leur âme sœur.
C'est une aventure de fantasy douce, clairement pensée pour un public adolescent. L'esprit de la quête domine, sans réel danger, avec en toile de fond un petit jeu de pistes sentimental qui alimente la curiosité : qui finira par tomber amoureux de qui ? L'univers, sans être d'une rigueur absolue, séduit par son originalité : cette tradition des tapisseries du destin a son charme, même si elle reste un brin improbable. Le dessin de Dao Nguyen renforce l'impression d'un monde pastel, doux et un peu magique. Les personnages, à l'apparence souvent androgyne, évoquent un style manga shojo. Les décors sont jolis et travaillés, et même les chevaux semblent sortir d'un conte de fées, à la manière des poneys de Barbie à la crinière scintillante. Ce n'est pas mièvre pour autant, même si la fin tire un peu sur le mielleux. Ceux qui aiment les histoires romantiques y trouveront leur compte tandis les plus réfractaires à la guimauve risquent de tiquer.
Pour ma part, j'ai été pris par le récit, curieux de savoir où tout cela allait mener. Et même si la conclusion est un peu sirupeuse, je l'ai trouvée plutôt mignonne.
1893, Dred Scott, orphelin et descendant d'esclaves, tente de survivre dans les rues de New York. Par un concours de circonstances, le chef de la police, qui semble étrangement le connaître, l'engage comme assistant. Dred a du flair, du bon sens, et se montre vite à la hauteur de sa nouvelle fonction. Mais l'enquête sur un meurtre lié à une tentative de vol d'un collier d'émeraudes va faire resurgir le passé : ce bijou provient de la plantation où ses parents ont été assassinés. En remontant la piste, il va mettre au jour des secrets bien enfouis, entre anciens planteurs sudistes et vétérans de la guerre de Sécession désormais influents à New York.
La série s'inscrit dans un contexte historique original. Il est rare de voir abordées les répercussions de la guerre de Sécession trente ans après, et encore plus dans la très nordiste ville de New York. En toile de fond : l'influence politique persistante des sudistes, la corruption d'un parti irlandais bien implanté, et un réseau criminel qu'on nous promet d'explorer davantage dans le second tome. Le tout est vu à travers les yeux d'un jeune héros noir, à la fois assistant enquêteur et symbole vivant d'une société encore minée par le racisme et la ségrégation. Et le passé de sa famille, lui, recèle visiblement un certain secret.
Sur le papier, tout cela avait de quoi me passionner. Mais j'ai eu du mal à accrocher. L'histoire démarre de façon abrupte, sans vraiment nous donner le temps de nous attacher au héros. Dred manque de charisme, et j'ai eu peu de motivation pour le suivre. L'intrigue repose en outre sur une accumulation de coïncidences : le chef de la police qui le reconnaît, l'enquête miraculeusement liée à son passé aussi lointain dans le temps que la distance, tous les protagonistes et antagonistes qui se soucient étrangement tant de lui en bien ou en mal… Tout semble trop forcé pour servir un personnage qu'on peine à trouver marquant. À force, on se demande s'il n'y a pas une révélation spectaculaire en réserve, mais tout indique que ce serait tiré par les cheveux.
Graphiquement, c'est globalement correct, mais la toute première planche m'a déconcerté : une vue panoramique de New York qui donne l'impression d'une grosse bourgade tant la géographie de Manhattan et de l'Hudson River y est faussée. Pas idéal pour un récit qui prétend s'ancrer dans l'exactitude historique et se focaliser sur cette ville en particulier. Heureusement, le reste des décors urbains, plus en plongée dans les rues, est plus convaincant.
J'ai trouvé le cadre stimulant et les thèmes intéressants, mais je reste sur ma réserve à cause d'un héros peu attachant et d'une mécanique narrative trop artificielle. La suite pourrait encore surprendre, mais pour l'instant, ma curiosité reste modérée.
Note : 2,5/5
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Oleg
J'avoue ne pas comprendre pourquoi Peeters utilise un avatar et pas seulement lui-même dans cet album autobiographie, ça rend les choses plus compliquées qu'autre chose. Sinon, c'est un album qui se lit sans problème avec quelques passages un peu poignants à l'hôpital, mais globalement c'est un album qui ne sort pas trop du lot d'albums qui sortent chaque année. Ce qui était bien avec ''Pilules bleues'' c'est qu'on voyait le quotidien de quelqu'un qui était amoureux d'une femme atteinte du sida, une situation qui sort de l'ordinaire alors qu'ici hormis les problèmes de santé de sa femme, la vie d'Oleg est celle banale d'un homme blanc qui a assez d'argent pour bien vivre et qui a une famille. J'ai l'impression que la plupart des scènes auraient pu être imaginées sans problème par d'autres auteurs de la génération de Peeters. Il reste le dessin qui est pas mal et la narration est dynamique. C'est pas mauvais, mais cela ne me semble pas être un indispensable hormis si on est un gros fan de l'auteur.
Hiroshiman
J’avais eu l’occasion de feuilleter plusieurs albums de ce super-héros ridicule, mais c’est la publication récente des intégrales (qui ne reprennent d’ailleurs pour le moment pas tous les récits parus en album je crois) que je me suis plongé un peu plus dans les histoires improbables de ce bonhomme. Rifo est un habitué de Psikopat (où Hiroshiman a été en grande partie publié). On ne sera donc pas surpris par le ton irrévérencieux, grossier, voire grotesque, qui domine – avec une bonne couche d’absurde – dans ces aventures pour de rire. Rifo aime bien développer des personnages ordinaires, « franchouillards », en triturant le raisonnable, en les projetant dans un univers mêlant SF du pauvre et récit vaguement polar et/ou humoristiques. On peut aussi le vérifier avec Captain Marcel et les bêtes, lui aussi issu de l’univers Psikopat. Lire tous les albums d’une traite n’est sans doute pas une bonne idée. Je recommanderais plutôt une lecture par petits bouts, deux/trois histoires à la fois. Pour éviter l’overdose de connerie, pour éviter aussi de trop ressentir certaines répétitions dans les gags et les situations. L’ensemble est inégal donc. Mais globalement original, et j’ai trouvé suffisamment de détails amusants pour apprécier cette lecture. L’humour joue donc sur de l’absurde, un ton volontairement parodique, faussement sérieux, un humour con, parfois scato. Il ne faut donc pas être réfractaire à ce type d’humour grossier (dans tous les sens du terme). Mais chez moi ça passe bien. Le dessin est généralement plus léché que les textes, et ne donne pas vraiment dans le fanzine ou le n’importe quoi. Au contraire, certains détails sont vraiment très bons. Et sur pas mal de planches, j’ai trouvé que le trait de Rifo avait des accointances avec celui de Crumb – surtout pour les personnages (les nanas bien en chair par exemple, mais pas seulement). A réserver aux amateurs du genre, et sans doute à ne pas lire d’une traite. Mais ce héros au look impayable mérite un petit détour, l’ensemble est plutôt réjouissant.
Kanopé
Il y a dans le dessin, et dans certaines naïvetés du scénario, quelque chose qui plaira je pense surtout à de jeunes adolescents. Un certain nombre de sujets sont abordés, comme la lutte contre certains phénomènes sectaires, de repli sur soi, ou alors la défense de la faune et de la flore sauvages, mais aussi les conséquences de la pollution (ici les conséquences d’un grave accident nucléaire). Même si je regrette que cela soit parfois effleuré et peu contextualisé et développé, ça reste quand même très lisible et captivera des adolescents a priori intéressés par ces sujets. L’adulte que je suis est peut-être moins enthousiaste – même si j’ai trouvé ma lecture agréable. On est d’emblée plongé dans « l’après » catastrophe, plongé aussi brutalement que l’un des héros, Jean (hacker en fuite), dans une Amazonie luxuriante (détail d’autant plus marquant que le reste du monde semble avoir oublié la « nature », irrémédiablement contaminée, cette région forestière ayant été abandonnée – du fait du danger de radiation et des mutations génétiques). D’avoir été frappée directement par la catastrophe permet de façon paradoxale à cette région d’Amazonie d’être devenue un sanctuaire : c’est dans sa version « contaminée » que la nature semble avoir repris et vouloir garder ses droits. Et Jean fait connaissance avec Kanopé, une jeune femme qui vit, solitaire, dans ce monde à l’écart, refusant de rejoindre les autres reclus, qui eux vivent en communauté dans un esprit sectaire. Et « autour », une société menaçante, sous la coupe de multinationales… Le récit se laisse lire, la narration est fluide et agréable, et l’auteure prend le temps de développer son récit post-apocalypse écolo, sans dramatiser outre mesure celui-ci. Ainsi la naissance de l’enfant de Kanopé (semble-t-il handicapé suite aux mutations ?) n’est jamais vu comme un drame. Certains détails m’empêchent toutefois d’être plus généreux dans ma notation. D’abord je suis sorti quelque peu frustré de ne pas en savoir plus sur la société « extérieure », qu’on devine seulement au travers de quelques dialogues, autour de Jean (le seul « pont » entre la région où se déroule l’intrigue et cet extérieur), ou alors, de façon beaucoup plus menaçante, lorsque apparaissent les robots tuant et capturant des « spécimens », et cette multinationale, Astadel. Dans le second tome, j’ai trouvé un peu brutales certaines transitions, autour de l’aller-retour de Jean (je ne détaille pas pour ne pas trop spoiler). Certains passages m’ont fait penser au film de Boorman « La forêt d’émeraude » (le décor amazonien bien sûr, mais aussi la lutte entre le « progrès » et autochtones et nature à préserver). Mais bon, malgré les petits bémols ça reste quand même un diptyque intéressant, qui traie de façon relativement original certains sujets sérieux.
Hemingway - Mort d'un léopard
Pour une fois je suis d'accord avec la plupart des avis postés précédemment. L'histoire m'a moins emporté que Sade de la même collection. Je ne sais pas comment Dufaux et Malès ont travaillé ensemble mais le trait soigné quoique un peu daté du dernier semble avoir contaminé le scénariste, qui propose ici un récit très classique. Il y a un peu trop de voix off, même si le texte est très bien écrit. Je suis curieux de savoir ce que cela aurait donné avec Griffo au dessin.
Marécage
2.5 Je suis moins enthousiaste que d'autres posteurs, mais il faut dire que je ne suis pas un grand fan de fantasy alors je pense que mon avis va surtout intéresser ceux qui ne sont pas fans du genre. Si vous être fan de ce type de récit, il y a de très bonnes chances que vous accrochiez plus que moi. En tout cas, pour moi c'est une série correcte même si le premier tome est une introduction un peu trop longue de l'univers et aussi un peu confuse vu le nombre de personnages et que ça parle de manipulations politiques. Le scénario est un peu trop dense avec ses retournements de situations en pagaille et ses personnages avec des motivations pas toujours claires. Peut-être que si j'avais plus accroché au scénario, j'aurais mis toute mon attention pour tout bien comprendre, mais comme je trouvais ça juste correct, les informations avaient tendance à disparaitre de ma tête et j'avais pas envie de faire des allers-retours pour être certain que j'avais bien compris. Je pense que c'est inutilement compliqué et trop ambitieux pour moi. C'est pas totalement mauvais, mais je ne me suis jamais passionné lors de la lecture de ses deux tomes parce que c’est pas du tout fluide. Quant au dessin, je n'ai rien à dire contre le graphiste qui est très bon et les créatures fantastiques sont géniales. Ce que j'aime moins sont les couleurs que je trouve un peu trop flashy sur plusieurs cases.
Terrible - L'Enfant, la jeune fille et la sorcière
2.5 Une autre lecture qui m'a déçu. Le dessin avait attiré mon attention et je suis un fan de contes alors cela semblait être le one-shot parfait pour moi. Je n'ai rien à dire contre le dessin qui est très bon et c'est un style parfait pour ce type d'histoire. Mon problème vient plutôt du scénario. Ça commence de manière pas mal et il y a des scènes que j'ai aimé, mais à aucun moment je n'ai trouvé le récit captivant. J'attendais la péripétie qui allait me passionner et me faire totalement rentré dans le récit, mais elle n'est jamais arrivée. J'ai commencé à décrocher un peu dans le dernier tiers. J'ai trouvé que le scénario tirait en longueur et que c'était un peu trop décousu, comme si l'auteur improvisait. Les personnages ne sont pas particulièrement attachant ou intéressant en dehors de la poupée. Alors certes l'auteur joue avec les codes des contes, mais j'en ai lu des récits qui s'amusent avec les contes et personnellement je n'ai rien vu de vraiment original.
Enfermé - Mathurin Reto, pupille à Belle-Ile
La couverture représente bien la Bretagne avec ce ciel gris et pluvieux... Blague à part elle est assez réussie. Un gamin seul face à l'immense océan. Je n'avais pas connaissance d'un bagne à Belle-Ile-en-Mer ou plutôt d'une maison de redressement pour jeunes délinquants. Et pourtant cette histoire est véridique et a indigné l'opinion publique pendant quelques semaines comme le retracent des coupures de journaux du début du 20ème siècle reprises en fin d'ouvrage. Un jeune gamin malouin sans histoire veut se faire marin et se fait écrouer pour un larçin avec son ami Ernest. Chronique de la dureté et cruauté d'une époque. Cet endroit a perduré jusqu'en 1977, c'est très récent. A la consonance de leur nom, je soupçonne les 2 auteurs d'être bretons. Le dessin est bien, je trouve qu'il y a un air de Gipi dans ses visages. Un bon 3 proche de 4.
Un billet pour l'exil
J’ai eu un peu peur au début, pensant lire quelque chose d’ennuyeux, ou en tout cas une simple accumulation de petites anecdotes sans intérêt pour le lecteur qui ne connait pas les personnages interrogés ici. Mais en fait cette lecture s’est révélée plutôt intéressante. En effet, la somme de témoignages recueillis par Emmelyne Octavie permet de dresser un portrait « large » de « l’exil ». Elle-même exilée temporaire en métropole, mais originaire de la Guyane, elle a interrogé des personnes ayant une forte attache pour la Guyane (qu’ils y soient nés ou qu’ils y aient vécu longtemps) et qui ressentent – pour la plupart en tout cas – un malaise loin de leur terre de cœur. Ce que l’Allemand nomme judicieusement « Heimweh ». Et je trouve que c’est la somme qui donne son sens aux parties, les justifiant. Car tous ces témoignages ne font pas que s’accumuler. Ils font comprendre, chacun à leur manière et avec une intensité différente de l’un à l’autre, ce que l’exil peut représenter de déchirement, mais aussi de stimulant, pour des personnes qui n’ont que rarement choisi – en tout cas complètement – de venir en métropole. Même si certains des témoins sont des métropolitains – mais alors leurs racines de cœur son en Guyane. Représentatifs ou pas de l’ensemble de la société guyanaise, ces témoignages sont intéressants. Ils disent aussi en creux ce que la France n’a pas fait – ou ce qu’elle a mal fait. C’est aussi un moyen de sortir des cartes postales autour du Bagne de Cayenne (à l’heure où un ministre médiatique souhaite en réinstaller un autre en Guyane, sans tenir compte de l’avis ou des besoins des populations locales : là aussi, là encore, le message ne s’adresse qu’à la métropole !) et de la base de Kourou. Alors, certes, ça n’est pas une enquête sociologique fouillée et académique. Mais la lecture est plus intéressante que je ne le pensais en entamant l’album.
Les Chroniques des stellaires
Dans ce monde, chaque humain découvre à sa majorité le domaine intellectuel auquel il est destiné : artisanat, guérison, exploration... ou encore les prestigieux stellaires, chargés de tisser une tapisserie personnalisée remise à chacun le jour de ses 18 ans. Ce tissu révèle non seulement la vocation de la personne, mais aussi les visages de celles et ceux qui compteront dans sa vie, qu'il s'agisse d'amitiés profondes ou d'amours durables. Une sorte d'horoscope ultra-précis qu'on peut choisir de suivre ou d'ignorer, voire de ne jamais consulter. Mais un jour, à la suite d'une erreur de distribution, six jeunes nés le même jour reçoivent la tapisserie d'un autre. L'une d'elles, plus perspicace que les autres, comprend qu'il y a un problème et entraîne trois des autres concernés dans une quête pour retrouver leur véritable destin... et peut-être leur âme sœur. C'est une aventure de fantasy douce, clairement pensée pour un public adolescent. L'esprit de la quête domine, sans réel danger, avec en toile de fond un petit jeu de pistes sentimental qui alimente la curiosité : qui finira par tomber amoureux de qui ? L'univers, sans être d'une rigueur absolue, séduit par son originalité : cette tradition des tapisseries du destin a son charme, même si elle reste un brin improbable. Le dessin de Dao Nguyen renforce l'impression d'un monde pastel, doux et un peu magique. Les personnages, à l'apparence souvent androgyne, évoquent un style manga shojo. Les décors sont jolis et travaillés, et même les chevaux semblent sortir d'un conte de fées, à la manière des poneys de Barbie à la crinière scintillante. Ce n'est pas mièvre pour autant, même si la fin tire un peu sur le mielleux. Ceux qui aiment les histoires romantiques y trouveront leur compte tandis les plus réfractaires à la guimauve risquent de tiquer. Pour ma part, j'ai été pris par le récit, curieux de savoir où tout cela allait mener. Et même si la conclusion est un peu sirupeuse, je l'ai trouvée plutôt mignonne.
Dred Scott
1893, Dred Scott, orphelin et descendant d'esclaves, tente de survivre dans les rues de New York. Par un concours de circonstances, le chef de la police, qui semble étrangement le connaître, l'engage comme assistant. Dred a du flair, du bon sens, et se montre vite à la hauteur de sa nouvelle fonction. Mais l'enquête sur un meurtre lié à une tentative de vol d'un collier d'émeraudes va faire resurgir le passé : ce bijou provient de la plantation où ses parents ont été assassinés. En remontant la piste, il va mettre au jour des secrets bien enfouis, entre anciens planteurs sudistes et vétérans de la guerre de Sécession désormais influents à New York. La série s'inscrit dans un contexte historique original. Il est rare de voir abordées les répercussions de la guerre de Sécession trente ans après, et encore plus dans la très nordiste ville de New York. En toile de fond : l'influence politique persistante des sudistes, la corruption d'un parti irlandais bien implanté, et un réseau criminel qu'on nous promet d'explorer davantage dans le second tome. Le tout est vu à travers les yeux d'un jeune héros noir, à la fois assistant enquêteur et symbole vivant d'une société encore minée par le racisme et la ségrégation. Et le passé de sa famille, lui, recèle visiblement un certain secret. Sur le papier, tout cela avait de quoi me passionner. Mais j'ai eu du mal à accrocher. L'histoire démarre de façon abrupte, sans vraiment nous donner le temps de nous attacher au héros. Dred manque de charisme, et j'ai eu peu de motivation pour le suivre. L'intrigue repose en outre sur une accumulation de coïncidences : le chef de la police qui le reconnaît, l'enquête miraculeusement liée à son passé aussi lointain dans le temps que la distance, tous les protagonistes et antagonistes qui se soucient étrangement tant de lui en bien ou en mal… Tout semble trop forcé pour servir un personnage qu'on peine à trouver marquant. À force, on se demande s'il n'y a pas une révélation spectaculaire en réserve, mais tout indique que ce serait tiré par les cheveux. Graphiquement, c'est globalement correct, mais la toute première planche m'a déconcerté : une vue panoramique de New York qui donne l'impression d'une grosse bourgade tant la géographie de Manhattan et de l'Hudson River y est faussée. Pas idéal pour un récit qui prétend s'ancrer dans l'exactitude historique et se focaliser sur cette ville en particulier. Heureusement, le reste des décors urbains, plus en plongée dans les rues, est plus convaincant. J'ai trouvé le cadre stimulant et les thèmes intéressants, mais je reste sur ma réserve à cause d'un héros peu attachant et d'une mécanique narrative trop artificielle. La suite pourrait encore surprendre, mais pour l'instant, ma curiosité reste modérée. Note : 2,5/5