Cette nouvelle BD signée Alex W. Inker et Thomas Vermot, narrant une hypothétique genèse du film M le Maudit, impressionne tout en souffrant de quelques détails un brin frustrants. Un cas de conscience horripilant ! Un arrière goût de frustration.
Pour ce qui est de la frustration, elle provient essentiellement du scénario, mais pas que. Commençons par le commencement : le titre. On ne saura jamais ce que signifie le mot Krimi. On se doute bien cependant qu’il provient soit de kriminal pour Police Judiciaire, ou du terme krimi signifiant polar (d’après mes recherches). Mais plus généralement, les mots et phrases sont en langue germanique, ce qui est parfait, mais ne sont pas traduit-e-s, comme les devantures des magasins ou les citations. C’est frustrant. Certes, les titres de chapitres sont traduits, mais tout à la fin, si bien que je ne l’ai remarqué qu’une fois ma lecture achevée.
Le scénario contient également quelques motifs de mécontentement. D’abord, il traverse quelques longueurs dont l’intérêt est en outre très relatif. Ensuite, quelques zones d’ombre demeurent préjudiciables en cours de lecture car on a l’impression d’avoir raté quelque chose. Par exemple, on ne saisit pas vraiment les motivations de l’inspecteur Lohmann. Pourquoi s’intéresse-t-il à Fritz Lang ? Pourquoi ce marché ? Mystère… Sans être rédhibitoire, ce flou pèse sur l’estomac. Enfin, quelques personnages auraient mérité d’être d’avantage travaillés, tels Peter Lore (ou son équivalent dans cette BD), l’acteur principal du film.
Malgré tout, cette histoire se lit bien. On reste pris dedans sans voir sa motivation atteinte.
C’est surtout graphiquement que Krimi se démarque. En effet, le dessin de Inker est ici réellement impressionnant. Tout d’abord, il propose encore une fois quelque chose de différent en comparaison d’Un travail comme un autre ou Colorado Train. Et sans épater la galerie, il force l’admiration. Pour preuve, je témoignerais de ma propre réaction devant ce dessin singulier. Lorsque je l’ai feuilletée en librairie, j’avoue n’avoir pas été plus emballé que ça, et pourtant, à mesure que j’avançais dans ma lecture, j’ai très vite saisi ses grandes qualités : profondeur des noirs, profondeur du dessin par le floutage des fonds, effets de lumière par petites touches discrètes, comme les gouttes de sueur, les lèvres humides, les reflets sur les parties sensées être métalliques… C’est franchement à couper le souffle. L’ambiance de polar est parfaitement rendue avec cette impression que donnent les scènes urbaines de flotter dans une brume inquiétante. Enfin, les expressions sont saisissantes, et les trait d’une finesse demeurée insoupçonnée jusqu’à ce que je me jette dans une lecture attentive. Waou !... De ce point de vue, c’est selon moi la meilleure réalisation d’Inker, et de loin !
Oui, c’est une excellente BD. Le dessin est top niveau, le scénario très original. Les réticences évoquées plus hauts, toutes regrettables qu’elles soient, n’affectent cependant pas la qualité de l’ensemble au point d’en faire d’un échec. Krimi est frustrant, certes, mais demeure une superbe BD, magnifiée par un travail d’édition sans tâche (mention spéciale à l’effort écologique et ce papier certifié Imprim’Vert). Je ne suis pas devin, mais elle figurera sans nul doute dans mon palmarès de fin d’année.
Je serais moins enthousiaste que Noirdésir en ce qui concerne ce one-shot.
En effet, contrairement à lui, je ne suis pas fan du dessin. C'est le genre de style réaliste que je n'aime pas trop parce que cela manque un peu de dynamisme et aussi les têtes sont un peu moches. On dirait des photos que quelqu'un aurait dessinées par-dessus. Je comprends qu'il y a un public pour ce genre de style hyperréaliste, mais moi cela ne m'attire pas du tout.
Quant au scénario, il raconte ce que le gangster québécois Lucien Rivard aurait pu faire lorsqu'il était à Cuba. Disons que je prends tout ce qui tourne autour de ce criminel avec un grain de sel parce qu'on a souvent exagéré ses exploits (du genre il aurait participé à l'assassinat de JFK) , mais Michel Viau semble s'être bien documenté et tenu à que cela soit le plus réaliste et crédible possible et ses théories font du sens, mais je considère cet album comme un mélange et de fiction, En tout cas, le scénario est pas trop mal, mais comme le dessin me repousse je n'ai jamais rentré dans le récit. Dommage, on voit que les auteurs ont travaillés forts et j'aurais bien aimé trouver cet album passionnant à lire.
Kago regroupe ici un grand nombre d’histoires courtes parues en revue, auxquelles il a ajouté quelques inédits et quelques simples dessins.
C’est un album que j’ai trouvé intéressant, mais qui est à réserver aux amateurs – qui plus est adultes. J’ai un peu hésité à le mettre en strictement pour adultes, mais l'y ai finalement placé. En effet, il y a dans la plupart des histoires des scènes de sexe, parfois explicites, et un grand nombre d’illustrations de torture : une certaine esthétique SM prédomine.
Mais on n’est pas là dans quelque chose de purement érotique ou porno. Car Kago pervertit le genre, en introduisant un humour – très noir, et une bonne dose d’absurde : en ce sens la première histoire du recueil, « Contre les murs » est un bon condensé de tous ces aspects.
Si les histoires sont inégales, l’ensemble est tout de même original et agréable. Kago y développe un Ero-Guro parfois loufoque, souvent pervers, qui le rapproche ici de certains albums de Maruo (comme La Chenille par exemple).
Le Chevalier Imberbe, c'est un melting pot d'idées et de propos intéressant-e-s. Déjà, au niveau de la forme, c'est un mélange de récit médiéval, avec des termes d'époques et des poncifs scénaristiques de la chanson de geste, et d'anachronismes modernes comme des motos remplaçant les chevaux ou des radios utilisés pour communiquer. Ce parti-pris qui n'est pas nouveau est ici intelligemment utilisé pour à la fois témoigner de l'aspect intemporel de la problématique, mais également pour parler du sujet qui nous est très contemporain de la transidentité et de la libération des carcans du genre tout en soulignant le côté moyenâgeux de la pensée conservatrice souhaitant s'y opposer.
Un propos simple mais ambitieux, ou en tout cas un minimum intéressant.
L'histoire est celle d'Isabeau, l'éponyme chevalier imberbe en route vers les croisades de la reine Aliénor. Il s'arrête quelques temps chez son cousin et y rencontre Radegonde, la femme dudit cousin, avec laquelle il va petit à petit tomber amoureux. Une histoire d'amour interdite c'est déjà beaucoup de problèmes, alors si on rajoute en plus à cela que personne (je dis bien personne) ne semble savoir si Isabeau est un homme ou une femme, on peut-être sûr que si leur secret venait à se faire savoir la catastrophe serait assurée (les remous du qu'en-dire-t-on, tout ça tout ça).
Comme dit plus haut, l'album tourne autour de la question du genre. On ne nous dit jamais quel est le genre d'Isabeau, lui-même s'exprime sur le sujet en disant qu'il préfère que les gens ne le sachent pas car il n'apprécie pas que l'on change sa manière d'agir en fonction de la perception que l'on a de lui. Par son apparence androgyne et son refus de s'exprimer sur la question de son identité de genre on traite le sujet de la liberté de tout individu à s'identifier comme iel l'entend et surtout de l'absurdité du besoin d'enfermer tout le monde dans des petites cases étriquées censées les définir. On permet également à Isabeau de représenter toutes les identités transgenres, qu'elles soient binaires ou non, fluides ou non. On ne sait pas ce qu'il est si ce n'est Isabeau, et c'est déjà bien assez pour pouvoir l'apprécier.
On note d'ailleurs qu'il semble accorder ses phrases au masculin lorsqu'il parle de lui (on apprend au détour d'une phrase que l'écriture inclusive existe dans cet univers ce qui le rend particulièrement notable), ajoutant ainsi une dimension intéressante en abordant la question de la distinction de l'emploi des pronoms genrés et du genre de l'individu en lui-même.
Il y a aussi l'antagoniste de cette histoire, Dame Marguerite, se présentant comme la défenseuse de la cause féminine tout en enfermant quotidiennement les femmes dans le rôle d'êtres serviables et soumises à leur maris. On devine dans ce personnage une caricature du mouvement TERF (Trans Exclusionary Radical Feminist), qui sous couvert de féminisme réduit les femmes à des êtres biologiquement inférieurs aux hommes et ne pouvant sortir d'une certaine vision très fermée de ce que doit être une femme (tant dans l'apparence que dans le comportement). Radegonde, dont Dame Marguerite est chargée de l'éducation, souffre justement de sa vision trop étriquée de ce que doit être une femme. Radegonde aime sortir, Radegonde aime se battre, Radegonde aime porter des bottes de combats (oui, on le voit sur deux/trois cases), Radegonde ne se rase pas les guiboles, Radegonde fume, Radegonde se travestit même à un moment, bref, Radegonde n'est pas féminine. Sauf qu'en fait si, justement. Radegonde est une femme, elle ne s'enferme simplement pas dans ce qu'une femme devrait être selon l'opinion d'autres personnes.
Vous l'aurez compris, ici on parle du genre sous toutes ses coutures, en tout cas on essaye d'aborder de nombreuses facettes de la chose.
Bon, après, tout n'est pas parfait. L'histoire est un peu trop simple, certains passages semblent survolés avec une désinvolture presque déconcertante, mais je parviens à pardonner ces petites déceptions car je trouve le propos intéressants et que les romances codifiées façon chanson de geste arrivent parfois à faire mouche chez moi. J'aurais préféré que l'histoire soit un peu plus étoffée et les personnages un peu plus développés mais j'ai tout de même apprécié ma lecture.
Le dessin de Tamos est intéressant, j'apprécie son aspect enfantin proche de dessinateur-ice-s comme Pef. Il y a un côté naïf dans les expressions et les mouvements que je trouve vraiment charmant (même si je me doute que cela ne fera pas l'unanimité).
Une ode à l'individualité, une présentation caricaturale des pensées conservatrices, une histoire d'amour, un récit perfectible mais pas inintéressant.
Pas parfait, donc, mais une lecture qui ne m'a sincèrement pas déplu.
Une drôle d'autobiographie.
Ce premier tome nous emmène au Québec dans le milieu des années 80, avec le début de la scolarisation d'Axelle Lenoir.
Axelle Lenoir est une autrice transgenre québécoise et cet album n'a pas été retouché au niveau des dialogues, il m'a fallu un petit temps d'adaptation pour l'apprivoiser.
Une autobiographie avec une première surprise, l'autrice transgenre ne se représente pas en petit garçon, mais en petite fille. Seconde surprise, c'est le ton donné au récit, il a un côté surréaliste. Le titre de l'album, trompe-l'œil, est on ne peut mieux trouvé. En effet, Axelle joue sur la confusion de notre perception en nous emmenant dans sa dimension d'enfant à l'imagination débordante. Une autobiographie où on découvre aussi l'Axelle de 39 ans, celle qui réalise cette BD, elle se met en scène et interpelle régulièrement le lecteur pour nous donner son ressenti avec une certaine autodérision, mais aussi avec une pointe de narcissisme. Une lecture qui ne m'a pas complètement embarqué, je ne suis jamais entré dans son délire qui mélange réalité et fiction.
Graphiquement ce n'est pas un style qui me met des étoiles dans les yeux, mais c'est efficace et au fil des pages je l'ai adopté. Une colorisation minimaliste. En cadeau, une planche de Jeik Dion Aliss.
Pas pressé de lire la suite.
C’est ma première incursion dans les adaptations de l’œuvre de Liu Cixin (auteur que je ne connais pas). La lecture n’a pas été désagréable, mais j’en suis sorti clairement moins enthousiaste que la majorité de mes prédécesseurs.
Le dessin de Stefano Raffaele est sans doute ce qui m’a le plus convaincu. Il est fluide, agréable et bon. Je suis moins convaincu par la colorisation informatique, qui manque singulièrement de nuances. Je n’ai pas non plus trouvé utiles et captivantes les doubles pages – voire triples (avec pages à déplier) : elles ne sont pas si grandioses ni détaillées que ça !
Quant à l’histoire, ne connaissant pas le roman d’origine, je ne peux juger que ce que Bec en a fait. Et là je reste sur ma faim. Le lecteur est prié d’accepter pas mal de facilités en matière technologique ou de faisabilité, pas mal de choses (dans les grandes lignes comme dans certains détails) sont improbables (alors même qu’au départ, au détour de dialogues un peu pesants, beaucoup d’informations pseudo scientifiques nous sont assénées).
Autre bémol, les nombreuses ellipses nous forçant à imaginer pas mal d’évolutions, puisque l’histoire est censée s’étendre sur plusieurs générations au travers de l’espace. On reste aussi frustré par le peu d’informations données sur la société qui sous-tend les choix scientifiques et politiques ayant amené cette lointaine migration de la Terre. Et du couple passage vers la fin dans laquelle une sorte de guerre civile planétaire éclate est un peu brutal – mais là aussi c’est traité de façon quelque peu lapidaire – même si la conclusion – là aussi j’ai eu du mal à croire à la forme de la condamnation, sacrifiant énormément de combinaisons – relativement ironique est bien vue.
Pas désagréable à lire, mais trop de choses sont effleurées, alors que certains aspects de l’intrigue manquent pour qu’on s’attache réellement aux personnages et à leur destin.
Note réelle 2,5/5.
La même équipe à peu de choses près que pour Rupestres ! (Marc-Antoine Mathieu est ici un peu en retrait, et Chloé Cruchaudet et Edmond Baudoin ont rejoint le groupe d’auteurs) remet le couvert. Mais avec un concept un peu différent. Là où dans « Rupestres !» les auteurs allaient dans des grottes préhistoriques ornées, pour se confronter aux dessins de nos ancêtres, et pour ensuite en discuter et produire eux-mêmes des dessins, dans "Pigments", les auteurs vont dans une grotte près de Pech-Merle, vierge de tout dessin (et simplement utilisée comme champignonnière) pour y dessiner directement sur la roche, avec des pigments naturels et à la lampe frontale, pour se rapprocher des conditions de créations des artistes de la préhistoire.
Le principe peut être surprenant et intéressant, mais l’album lui peine à captiver le lecteur.
L’introduction de Marc Azéma replaçant la découverte des grottes ornées dans le temps long est intéressant. Mais la plupart des chapitres réalisés par chacun des auteurs manquent d’intérêt. Ils peinent à traduire en BD leur expérience, ou alors enchaine des platitudes ou dialogues entre potes desquels le lecteur est un peu exclu, mis de côté.
J’attendais beaucoup de Baudoin, dont je trouve que le trait très gras et symbolique convient bien à ce genre de rapprochement avec les artistes des millénaires qui nous ont précédés. Mais là aussi je reste un peu sur ma faim, même si ses dessins sont très expressifs et forts dans la grotte (des photos en fin d’album montrent les diverses réalisations).
Bref, une expérience humaine sans doute intéressante, un projet original (Azéma regrette de ne pas avoir eu l’occasion de faire ça avec Moebius ou Miyazaki), mais la partie BD au cœur de l’album reste décevante je trouve.
Ce qui me plaît avec les albums de Max de Radiguès, c'est qu'il ne s'interdit aucun sujet, aucun environnement. Avec son trait si vif et relâché, il est donc à l'aise sur une aventure spatiale (enfin, surtout martienne), un cadre propice à nous raconter une comédie de mœurs qui peut aussi basculer dans le drame en un claquement de doigts.
Cette capacité au naturel, à l'authenticité est encore présente dans ce petit album assez surprenant je dois dire. Je pensais que ça allait basculer vers le thriller, ou le drame, mais c'est quelque chose d'assez hybride qui nous est proposé. L'humour est aussi présent, mais sans en faire des tonnes, j'aime bien cet équilibre qui rend les situations et les dialogues plus vrais. Il compense donc ses planches en gaufriers par des situations bien écrites.
On passe toujours un bon petit moment de lecture avec de Radiguès.
Et voilà. 35 tomes, 7 par race, pas un de plus. Quand j'ai commencé à lire la collection, je ne connaissais pas le concept de JL ISTIN. Et j'avoue, c'est efficace. Mon plaisir a débuté à partir du tome 6 jusqu'à la fin de l'histoire de Lah'saa. Ensuite je m'attendais à ce qu'une nouvelle trame débute pour lier les races à une intrigue centrale, mais que neni.... Rien du tout. Seulement un bout de quête des elfes rouges par ci, un bout de quête d'Alyana par là.... Et c'est tout. Dommage. Globalement, toutes les races sont intéressantes même si certaines sont mieux exploitées que d'autres. L'apparition de certain personnage clés des autres séries Nains / Orcs et gobelins est un gros plus. Ça permet d'enrichir davantage les univers.
Voici mes notes sur les races :
Elfes bleus - 5/5 : Lanawyn est incontournable. Sa quête pour combattre le mal des goules et ensuite sa possession via Lah'saa, j'ai vraiment adoré.
Elfes Blancs - 5/5 : un peu long à démarrer mais quel plaisir de voir la descendance de Tenashep et Fall se lancer dans une nouvelle quête qui toutefois ne sera pas assez exploité à mon goût....
Elfes Sylvains - 3,5/5 : un peu dommage, tout avait bien commencé avec Ora puis on s'est un peu perdu avec les oghams. Je n'ai pas accroché même si le dernier tome 33 a rattrapé un peu le tout.
Elfes Noirs - 2,5/5 : tout juste la moyenne. Beaucoup de gens disent que les elfes noirs ont l'histoire la plus intéressante... Pas pour ma part. À part le fait que Lah'saa attaque Slurce et mêle cette race à l'histoire des autres, ce sera le seul moment où c'était intéressant pour moi.
Semi-elfes : 1/5 : gros loupé sur cette race. Trop de tome dont l'histoire commence et se termine en 1 fois. Pas de personnage charismatique. On tourne souvent en rond. Dommage car il y avait du potentiel.
Pour finir, les dessins sont top, j'ai adoré les couleurs. Beaucoup de personnalité de la BD française sur ce gros projet, et ça se voit, Elfes est une très belle collection parmi l'univers d'Aquilon. Je suis en train d'acheter les tomes des autres collections pour me refaire la totale en version "dans quel ordre faut t-il lire Elfes", tapez ça sur Google, vous comprendrez comme c'est énorme !
Les Chroniques d'Ona, c'est un récit jeunesse fantastique léger. Enfin, aussi léger que peut être un récit où une jeune fille survit seule dans un monde post-apocalyptique où tout a été détruit par une énergie appelé le Sombre. Rien de trop traumatisant ou graphique, mais on parle tout de même de mort, d'espoir (et par là-même de désespoir) et de survie en milieu hostile.
On suit Ona, une jeune Lueur survivant seule. On sait peu de chose sur les Lueurs si ce n'est que ce sont des magicien-ne-s chargé-e-s de maintenir une sorte d'équilibre dans le monde (équilibre bien évidemment rompu depuis l'arrivée du Sombre). On ne sait pas non plus ce qu'il est advenu de la mère d'Ona, que l'on peut voir dans certains des flashbacks, il est fort probable que le sujet sera aborder dans une suite, cet album semblant être le début d'une série.
Cet album est une successions d'histoires, de courts épisodes racontant, mis bout à bout, la traversée d'Ona dans ce monde dévasté.
Ces histoires brillent par leur petit côté onirique (tient, c'est proche d'Ona phonétiquement), grandement aidé par le magnifique dessin de Yohan Sacré. Il y a un très beau travail à base de traits simples et de couleurs vives très notées. J'ai particulièrement apprécié le parti pris d'avoir différencié les flashbacks et l'action du présent en représentant les premiers comme des dessins à l'aquarelle sur du papier, là où le reste de l'histoire a un côté bien plus propre (sans doute numérique).
Les Chroniques d'Ona, ce n'est pas que l'histoire d'Ona, d'ailleurs. Enfin si, mais pas forcément comme vous l'entendez : Ona n'est pas que le nom de la jeune fille, c'est également le nom de ce monde. Si suite de la série il y a bien, on ne suivra pas forcément la protagoniste de ce premier tome, peut-être verrons-nous une autre de ses camarades Lueurs (voire même sa mère).
Ce premier album était bon, parfois un peu trop simple mais très agréable à lire, surtout au niveau du dessin. Hâte de pouvoir lire la suite.
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Krimi
Cette nouvelle BD signée Alex W. Inker et Thomas Vermot, narrant une hypothétique genèse du film M le Maudit, impressionne tout en souffrant de quelques détails un brin frustrants. Un cas de conscience horripilant ! Un arrière goût de frustration. Pour ce qui est de la frustration, elle provient essentiellement du scénario, mais pas que. Commençons par le commencement : le titre. On ne saura jamais ce que signifie le mot Krimi. On se doute bien cependant qu’il provient soit de kriminal pour Police Judiciaire, ou du terme krimi signifiant polar (d’après mes recherches). Mais plus généralement, les mots et phrases sont en langue germanique, ce qui est parfait, mais ne sont pas traduit-e-s, comme les devantures des magasins ou les citations. C’est frustrant. Certes, les titres de chapitres sont traduits, mais tout à la fin, si bien que je ne l’ai remarqué qu’une fois ma lecture achevée. Le scénario contient également quelques motifs de mécontentement. D’abord, il traverse quelques longueurs dont l’intérêt est en outre très relatif. Ensuite, quelques zones d’ombre demeurent préjudiciables en cours de lecture car on a l’impression d’avoir raté quelque chose. Par exemple, on ne saisit pas vraiment les motivations de l’inspecteur Lohmann. Pourquoi s’intéresse-t-il à Fritz Lang ? Pourquoi ce marché ? Mystère… Sans être rédhibitoire, ce flou pèse sur l’estomac. Enfin, quelques personnages auraient mérité d’être d’avantage travaillés, tels Peter Lore (ou son équivalent dans cette BD), l’acteur principal du film. Malgré tout, cette histoire se lit bien. On reste pris dedans sans voir sa motivation atteinte. C’est surtout graphiquement que Krimi se démarque. En effet, le dessin de Inker est ici réellement impressionnant. Tout d’abord, il propose encore une fois quelque chose de différent en comparaison d’Un travail comme un autre ou Colorado Train. Et sans épater la galerie, il force l’admiration. Pour preuve, je témoignerais de ma propre réaction devant ce dessin singulier. Lorsque je l’ai feuilletée en librairie, j’avoue n’avoir pas été plus emballé que ça, et pourtant, à mesure que j’avançais dans ma lecture, j’ai très vite saisi ses grandes qualités : profondeur des noirs, profondeur du dessin par le floutage des fonds, effets de lumière par petites touches discrètes, comme les gouttes de sueur, les lèvres humides, les reflets sur les parties sensées être métalliques… C’est franchement à couper le souffle. L’ambiance de polar est parfaitement rendue avec cette impression que donnent les scènes urbaines de flotter dans une brume inquiétante. Enfin, les expressions sont saisissantes, et les trait d’une finesse demeurée insoupçonnée jusqu’à ce que je me jette dans une lecture attentive. Waou !... De ce point de vue, c’est selon moi la meilleure réalisation d’Inker, et de loin ! Oui, c’est une excellente BD. Le dessin est top niveau, le scénario très original. Les réticences évoquées plus hauts, toutes regrettables qu’elles soient, n’affectent cependant pas la qualité de l’ensemble au point d’en faire d’un échec. Krimi est frustrant, certes, mais demeure une superbe BD, magnifiée par un travail d’édition sans tâche (mention spéciale à l’effort écologique et ce papier certifié Imprim’Vert). Je ne suis pas devin, mais elle figurera sans nul doute dans mon palmarès de fin d’année.
Havana connection
Je serais moins enthousiaste que Noirdésir en ce qui concerne ce one-shot. En effet, contrairement à lui, je ne suis pas fan du dessin. C'est le genre de style réaliste que je n'aime pas trop parce que cela manque un peu de dynamisme et aussi les têtes sont un peu moches. On dirait des photos que quelqu'un aurait dessinées par-dessus. Je comprends qu'il y a un public pour ce genre de style hyperréaliste, mais moi cela ne m'attire pas du tout. Quant au scénario, il raconte ce que le gangster québécois Lucien Rivard aurait pu faire lorsqu'il était à Cuba. Disons que je prends tout ce qui tourne autour de ce criminel avec un grain de sel parce qu'on a souvent exagéré ses exploits (du genre il aurait participé à l'assassinat de JFK) , mais Michel Viau semble s'être bien documenté et tenu à que cela soit le plus réaliste et crédible possible et ses théories font du sens, mais je considère cet album comme un mélange et de fiction, En tout cas, le scénario est pas trop mal, mais comme le dessin me repousse je n'ai jamais rentré dans le récit. Dommage, on voit que les auteurs ont travaillés forts et j'aurais bien aimé trouver cet album passionnant à lire.
Présence de corps étrangers
Kago regroupe ici un grand nombre d’histoires courtes parues en revue, auxquelles il a ajouté quelques inédits et quelques simples dessins. C’est un album que j’ai trouvé intéressant, mais qui est à réserver aux amateurs – qui plus est adultes. J’ai un peu hésité à le mettre en strictement pour adultes, mais l'y ai finalement placé. En effet, il y a dans la plupart des histoires des scènes de sexe, parfois explicites, et un grand nombre d’illustrations de torture : une certaine esthétique SM prédomine. Mais on n’est pas là dans quelque chose de purement érotique ou porno. Car Kago pervertit le genre, en introduisant un humour – très noir, et une bonne dose d’absurde : en ce sens la première histoire du recueil, « Contre les murs » est un bon condensé de tous ces aspects. Si les histoires sont inégales, l’ensemble est tout de même original et agréable. Kago y développe un Ero-Guro parfois loufoque, souvent pervers, qui le rapproche ici de certains albums de Maruo (comme La Chenille par exemple).
Le Chevalier Imberbe
Le Chevalier Imberbe, c'est un melting pot d'idées et de propos intéressant-e-s. Déjà, au niveau de la forme, c'est un mélange de récit médiéval, avec des termes d'époques et des poncifs scénaristiques de la chanson de geste, et d'anachronismes modernes comme des motos remplaçant les chevaux ou des radios utilisés pour communiquer. Ce parti-pris qui n'est pas nouveau est ici intelligemment utilisé pour à la fois témoigner de l'aspect intemporel de la problématique, mais également pour parler du sujet qui nous est très contemporain de la transidentité et de la libération des carcans du genre tout en soulignant le côté moyenâgeux de la pensée conservatrice souhaitant s'y opposer. Un propos simple mais ambitieux, ou en tout cas un minimum intéressant. L'histoire est celle d'Isabeau, l'éponyme chevalier imberbe en route vers les croisades de la reine Aliénor. Il s'arrête quelques temps chez son cousin et y rencontre Radegonde, la femme dudit cousin, avec laquelle il va petit à petit tomber amoureux. Une histoire d'amour interdite c'est déjà beaucoup de problèmes, alors si on rajoute en plus à cela que personne (je dis bien personne) ne semble savoir si Isabeau est un homme ou une femme, on peut-être sûr que si leur secret venait à se faire savoir la catastrophe serait assurée (les remous du qu'en-dire-t-on, tout ça tout ça). Comme dit plus haut, l'album tourne autour de la question du genre. On ne nous dit jamais quel est le genre d'Isabeau, lui-même s'exprime sur le sujet en disant qu'il préfère que les gens ne le sachent pas car il n'apprécie pas que l'on change sa manière d'agir en fonction de la perception que l'on a de lui. Par son apparence androgyne et son refus de s'exprimer sur la question de son identité de genre on traite le sujet de la liberté de tout individu à s'identifier comme iel l'entend et surtout de l'absurdité du besoin d'enfermer tout le monde dans des petites cases étriquées censées les définir. On permet également à Isabeau de représenter toutes les identités transgenres, qu'elles soient binaires ou non, fluides ou non. On ne sait pas ce qu'il est si ce n'est Isabeau, et c'est déjà bien assez pour pouvoir l'apprécier. On note d'ailleurs qu'il semble accorder ses phrases au masculin lorsqu'il parle de lui (on apprend au détour d'une phrase que l'écriture inclusive existe dans cet univers ce qui le rend particulièrement notable), ajoutant ainsi une dimension intéressante en abordant la question de la distinction de l'emploi des pronoms genrés et du genre de l'individu en lui-même. Il y a aussi l'antagoniste de cette histoire, Dame Marguerite, se présentant comme la défenseuse de la cause féminine tout en enfermant quotidiennement les femmes dans le rôle d'êtres serviables et soumises à leur maris. On devine dans ce personnage une caricature du mouvement TERF (Trans Exclusionary Radical Feminist), qui sous couvert de féminisme réduit les femmes à des êtres biologiquement inférieurs aux hommes et ne pouvant sortir d'une certaine vision très fermée de ce que doit être une femme (tant dans l'apparence que dans le comportement). Radegonde, dont Dame Marguerite est chargée de l'éducation, souffre justement de sa vision trop étriquée de ce que doit être une femme. Radegonde aime sortir, Radegonde aime se battre, Radegonde aime porter des bottes de combats (oui, on le voit sur deux/trois cases), Radegonde ne se rase pas les guiboles, Radegonde fume, Radegonde se travestit même à un moment, bref, Radegonde n'est pas féminine. Sauf qu'en fait si, justement. Radegonde est une femme, elle ne s'enferme simplement pas dans ce qu'une femme devrait être selon l'opinion d'autres personnes. Vous l'aurez compris, ici on parle du genre sous toutes ses coutures, en tout cas on essaye d'aborder de nombreuses facettes de la chose. Bon, après, tout n'est pas parfait. L'histoire est un peu trop simple, certains passages semblent survolés avec une désinvolture presque déconcertante, mais je parviens à pardonner ces petites déceptions car je trouve le propos intéressants et que les romances codifiées façon chanson de geste arrivent parfois à faire mouche chez moi. J'aurais préféré que l'histoire soit un peu plus étoffée et les personnages un peu plus développés mais j'ai tout de même apprécié ma lecture. Le dessin de Tamos est intéressant, j'apprécie son aspect enfantin proche de dessinateur-ice-s comme Pef. Il y a un côté naïf dans les expressions et les mouvements que je trouve vraiment charmant (même si je me doute que cela ne fera pas l'unanimité). Une ode à l'individualité, une présentation caricaturale des pensées conservatrices, une histoire d'amour, un récit perfectible mais pas inintéressant. Pas parfait, donc, mais une lecture qui ne m'a sincèrement pas déplu.
Passages secrets (Axelle Lenoir)
Une drôle d'autobiographie. Ce premier tome nous emmène au Québec dans le milieu des années 80, avec le début de la scolarisation d'Axelle Lenoir. Axelle Lenoir est une autrice transgenre québécoise et cet album n'a pas été retouché au niveau des dialogues, il m'a fallu un petit temps d'adaptation pour l'apprivoiser. Une autobiographie avec une première surprise, l'autrice transgenre ne se représente pas en petit garçon, mais en petite fille. Seconde surprise, c'est le ton donné au récit, il a un côté surréaliste. Le titre de l'album, trompe-l'œil, est on ne peut mieux trouvé. En effet, Axelle joue sur la confusion de notre perception en nous emmenant dans sa dimension d'enfant à l'imagination débordante. Une autobiographie où on découvre aussi l'Axelle de 39 ans, celle qui réalise cette BD, elle se met en scène et interpelle régulièrement le lecteur pour nous donner son ressenti avec une certaine autodérision, mais aussi avec une pointe de narcissisme. Une lecture qui ne m'a pas complètement embarqué, je ne suis jamais entré dans son délire qui mélange réalité et fiction. Graphiquement ce n'est pas un style qui me met des étoiles dans les yeux, mais c'est efficace et au fil des pages je l'ai adopté. Une colorisation minimaliste. En cadeau, une planche de Jeik Dion Aliss. Pas pressé de lire la suite.
La Terre Vagabonde
C’est ma première incursion dans les adaptations de l’œuvre de Liu Cixin (auteur que je ne connais pas). La lecture n’a pas été désagréable, mais j’en suis sorti clairement moins enthousiaste que la majorité de mes prédécesseurs. Le dessin de Stefano Raffaele est sans doute ce qui m’a le plus convaincu. Il est fluide, agréable et bon. Je suis moins convaincu par la colorisation informatique, qui manque singulièrement de nuances. Je n’ai pas non plus trouvé utiles et captivantes les doubles pages – voire triples (avec pages à déplier) : elles ne sont pas si grandioses ni détaillées que ça ! Quant à l’histoire, ne connaissant pas le roman d’origine, je ne peux juger que ce que Bec en a fait. Et là je reste sur ma faim. Le lecteur est prié d’accepter pas mal de facilités en matière technologique ou de faisabilité, pas mal de choses (dans les grandes lignes comme dans certains détails) sont improbables (alors même qu’au départ, au détour de dialogues un peu pesants, beaucoup d’informations pseudo scientifiques nous sont assénées). Autre bémol, les nombreuses ellipses nous forçant à imaginer pas mal d’évolutions, puisque l’histoire est censée s’étendre sur plusieurs générations au travers de l’espace. On reste aussi frustré par le peu d’informations données sur la société qui sous-tend les choix scientifiques et politiques ayant amené cette lointaine migration de la Terre. Et du couple passage vers la fin dans laquelle une sorte de guerre civile planétaire éclate est un peu brutal – mais là aussi c’est traité de façon quelque peu lapidaire – même si la conclusion – là aussi j’ai eu du mal à croire à la forme de la condamnation, sacrifiant énormément de combinaisons – relativement ironique est bien vue. Pas désagréable à lire, mais trop de choses sont effleurées, alors que certains aspects de l’intrigue manquent pour qu’on s’attache réellement aux personnages et à leur destin. Note réelle 2,5/5.
Pigments
La même équipe à peu de choses près que pour Rupestres ! (Marc-Antoine Mathieu est ici un peu en retrait, et Chloé Cruchaudet et Edmond Baudoin ont rejoint le groupe d’auteurs) remet le couvert. Mais avec un concept un peu différent. Là où dans « Rupestres !» les auteurs allaient dans des grottes préhistoriques ornées, pour se confronter aux dessins de nos ancêtres, et pour ensuite en discuter et produire eux-mêmes des dessins, dans "Pigments", les auteurs vont dans une grotte près de Pech-Merle, vierge de tout dessin (et simplement utilisée comme champignonnière) pour y dessiner directement sur la roche, avec des pigments naturels et à la lampe frontale, pour se rapprocher des conditions de créations des artistes de la préhistoire. Le principe peut être surprenant et intéressant, mais l’album lui peine à captiver le lecteur. L’introduction de Marc Azéma replaçant la découverte des grottes ornées dans le temps long est intéressant. Mais la plupart des chapitres réalisés par chacun des auteurs manquent d’intérêt. Ils peinent à traduire en BD leur expérience, ou alors enchaine des platitudes ou dialogues entre potes desquels le lecteur est un peu exclu, mis de côté. J’attendais beaucoup de Baudoin, dont je trouve que le trait très gras et symbolique convient bien à ce genre de rapprochement avec les artistes des millénaires qui nous ont précédés. Mais là aussi je reste un peu sur ma faim, même si ses dessins sont très expressifs et forts dans la grotte (des photos en fin d’album montrent les diverses réalisations). Bref, une expérience humaine sans doute intéressante, un projet original (Azéma regrette de ne pas avoir eu l’occasion de faire ça avec Moebius ou Miyazaki), mais la partie BD au cœur de l’album reste décevante je trouve.
Alerte 5
Ce qui me plaît avec les albums de Max de Radiguès, c'est qu'il ne s'interdit aucun sujet, aucun environnement. Avec son trait si vif et relâché, il est donc à l'aise sur une aventure spatiale (enfin, surtout martienne), un cadre propice à nous raconter une comédie de mœurs qui peut aussi basculer dans le drame en un claquement de doigts. Cette capacité au naturel, à l'authenticité est encore présente dans ce petit album assez surprenant je dois dire. Je pensais que ça allait basculer vers le thriller, ou le drame, mais c'est quelque chose d'assez hybride qui nous est proposé. L'humour est aussi présent, mais sans en faire des tonnes, j'aime bien cet équilibre qui rend les situations et les dialogues plus vrais. Il compense donc ses planches en gaufriers par des situations bien écrites. On passe toujours un bon petit moment de lecture avec de Radiguès.
Elfes
Et voilà. 35 tomes, 7 par race, pas un de plus. Quand j'ai commencé à lire la collection, je ne connaissais pas le concept de JL ISTIN. Et j'avoue, c'est efficace. Mon plaisir a débuté à partir du tome 6 jusqu'à la fin de l'histoire de Lah'saa. Ensuite je m'attendais à ce qu'une nouvelle trame débute pour lier les races à une intrigue centrale, mais que neni.... Rien du tout. Seulement un bout de quête des elfes rouges par ci, un bout de quête d'Alyana par là.... Et c'est tout. Dommage. Globalement, toutes les races sont intéressantes même si certaines sont mieux exploitées que d'autres. L'apparition de certain personnage clés des autres séries Nains / Orcs et gobelins est un gros plus. Ça permet d'enrichir davantage les univers. Voici mes notes sur les races : Elfes bleus - 5/5 : Lanawyn est incontournable. Sa quête pour combattre le mal des goules et ensuite sa possession via Lah'saa, j'ai vraiment adoré. Elfes Blancs - 5/5 : un peu long à démarrer mais quel plaisir de voir la descendance de Tenashep et Fall se lancer dans une nouvelle quête qui toutefois ne sera pas assez exploité à mon goût.... Elfes Sylvains - 3,5/5 : un peu dommage, tout avait bien commencé avec Ora puis on s'est un peu perdu avec les oghams. Je n'ai pas accroché même si le dernier tome 33 a rattrapé un peu le tout. Elfes Noirs - 2,5/5 : tout juste la moyenne. Beaucoup de gens disent que les elfes noirs ont l'histoire la plus intéressante... Pas pour ma part. À part le fait que Lah'saa attaque Slurce et mêle cette race à l'histoire des autres, ce sera le seul moment où c'était intéressant pour moi. Semi-elfes : 1/5 : gros loupé sur cette race. Trop de tome dont l'histoire commence et se termine en 1 fois. Pas de personnage charismatique. On tourne souvent en rond. Dommage car il y avait du potentiel. Pour finir, les dessins sont top, j'ai adoré les couleurs. Beaucoup de personnalité de la BD française sur ce gros projet, et ça se voit, Elfes est une très belle collection parmi l'univers d'Aquilon. Je suis en train d'acheter les tomes des autres collections pour me refaire la totale en version "dans quel ordre faut t-il lire Elfes", tapez ça sur Google, vous comprendrez comme c'est énorme !
Les Chroniques d'Ona
Les Chroniques d'Ona, c'est un récit jeunesse fantastique léger. Enfin, aussi léger que peut être un récit où une jeune fille survit seule dans un monde post-apocalyptique où tout a été détruit par une énergie appelé le Sombre. Rien de trop traumatisant ou graphique, mais on parle tout de même de mort, d'espoir (et par là-même de désespoir) et de survie en milieu hostile. On suit Ona, une jeune Lueur survivant seule. On sait peu de chose sur les Lueurs si ce n'est que ce sont des magicien-ne-s chargé-e-s de maintenir une sorte d'équilibre dans le monde (équilibre bien évidemment rompu depuis l'arrivée du Sombre). On ne sait pas non plus ce qu'il est advenu de la mère d'Ona, que l'on peut voir dans certains des flashbacks, il est fort probable que le sujet sera aborder dans une suite, cet album semblant être le début d'une série. Cet album est une successions d'histoires, de courts épisodes racontant, mis bout à bout, la traversée d'Ona dans ce monde dévasté. Ces histoires brillent par leur petit côté onirique (tient, c'est proche d'Ona phonétiquement), grandement aidé par le magnifique dessin de Yohan Sacré. Il y a un très beau travail à base de traits simples et de couleurs vives très notées. J'ai particulièrement apprécié le parti pris d'avoir différencié les flashbacks et l'action du présent en représentant les premiers comme des dessins à l'aquarelle sur du papier, là où le reste de l'histoire a un côté bien plus propre (sans doute numérique). Les Chroniques d'Ona, ce n'est pas que l'histoire d'Ona, d'ailleurs. Enfin si, mais pas forcément comme vous l'entendez : Ona n'est pas que le nom de la jeune fille, c'est également le nom de ce monde. Si suite de la série il y a bien, on ne suivra pas forcément la protagoniste de ce premier tome, peut-être verrons-nous une autre de ses camarades Lueurs (voire même sa mère). Ce premier album était bon, parfois un peu trop simple mais très agréable à lire, surtout au niveau du dessin. Hâte de pouvoir lire la suite.