J’aime bien ce que nous propose ces deux auteurs argentins d’habitude, c’est donc avec plaisir et envie que je me suis plongé dans cet album. Au final, la lecture a été très plaisante, mais elle laisse un petit goût d’inachevé.
D’abord parce que, comme Ro, j’aurais très bien vu le récit se poursuivre, pour voir comment notre bonimenteur aux airs de télévangéliste allait, grâce à son bagout et ses techniques managériales offensives, modifier le fonctionnement des enfers, ici présentés comme un monde parallèle, régi par les lois capitalistes.
Autre frustration, au vu des premières pages, et de la personnalité clivante du héros – avec son sourire carnassier et forcé que l’on a envie de claquer (en tout cas pour moi c’est une tête à claque) – je m’imaginais une histoire plus caustique, où l’humour noir corrosif ferait davantage d’étincelles.
Mais bon, si j’en attendais un peu plus – ou autre chose, je ne sais pas – c’est quand même une lecture très sympathique. Il est amusant de voir l’esprit capitaliste dominer les enfers, l’intrigue pouvant aussi se lire comme une transposition de certaines luttes sociales. Et puis, malgré ce que j’ai écrit plus haut, il y a quand même de l’humour – dans certaines réparties et le comportement du héros, mais aussi dans la description des différentes « formules » proposées aux condamnés aux enfers.
Le dessin d’Ippoliti est lui aussi plaisant et fluide, même si la colorisation informatique lisse trop les détails et donne un rendu un peu trop artificiel. Une lecture recommandée en tout cas.
C’est presque par hasard que j’ai découvert l’existence de cette bande dessinée, et pourtant je scrute attentivement les sorties des albums qui pourraient m’intéresser.
Ce qui a attiré mon attention, c’est tout d’abord la couverture, superbe au demeurant et qui, vous le découvrirez à la lecture, reprend l’ensemble des protagonistes de ce récit. Le dessin de Biancarelli est vraiment excellent et le dessinateur rend hommage ici aux comics des années 50 (les Sunday pages), à la fois dans la mise en page (voir le dossier en fin d’album) et le style de dessin. C’est d’ailleurs le dessin de Biancarelli qui m’a fait pencher vers l’achat de l’album. Certains cadrages audacieux sont à souligner.
Quant au scénario de Lewis Trondheim , il n’est pas en reste. Il mêle habilement histoire d'espionnage, de nazis, sur fond de guerre froide et d'affrontement entre la CIA et le KGB. Certes, un côté fantastique est présent mais il ne m’a pas gêné. Et puis de « Au coeur Temps » (série des années 60) à « Nimitz », j’adore tout ce qui touche au paradoxe temporel. Même l’histoire avec le fantôme s’intègre sans problème dans le récit.
Mais ce qui est assez réjouissant dans cet album est le décalage entre l’attitude de Tabatha et les us et coutumes de la fin des années 50 (misogynie, technologie etc).
La pagination est importante (94 pages) mais vu la mise en page utilisée, (avec presque une chute en fin de page), le lecteur doit prendre son temps pour mieux apprécier cet album.
Une très belle lecture pour moi, en tout cas, et mon coup de cœur pour cette rentrée.
Je le relirai sans aucun doute.
Deuxième album documentaire signé par Hugo Clément et Vincent Ravalec, et illustré par Dominique Mermoux après Le Théorème du vaquita, cette BD aborde cette fois l'urgence écologique à travers le prisme de la surexploitation agricole et de l'érosion des sols. Structurée en courts chapitres, elle alterne enquêtes de terrain, témoignages et exposés documentaires. Le dessin, coloré et efficace, crée une ambiance visuelle engageante, même s'il sert souvent davantage de support illustratif que de véritable récit en bande dessinée.
C'est un travail documentaire utile et d'intérêt public, mais fragilisé par plusieurs faiblesses : un ton manichéen, des généralisations rapides, des conclusions hâtives et un manque de nuances. La structure en chapitres se révèle aussi un peu confuse, avec une construction pas toujours claire et quelques redites. L'ouvrage privilégie parfois le spectaculaire et l'émotionnel au détriment de la cohérence et de la profondeur de l'analyse. Certains sujets sont abordés trop superficiellement, là où j'avais trouvé des analyses bien plus abouties et agréables à lire dans des ouvrages comme Sous Terre ou Algues vertes - L'Histoire interdite. Quelques passages tombent aussi dans l'excès documentaire, accumulant données et chiffres sans réelle mise en scène, ce qui les rend un peu indigestes, voire laborieux à parcourir. Il s'attarde aussi étrangement sur des sujets qui paraissent moins cruciaux comme ces nombreuses pages sur le choix de vaches spécifiques pour obtenir un bon fromage de terroir. Et à plusieurs moments, dont notamment la conclusion, on a l'impression de lire un tract politique au ton simpliste et univoque.
En définitive, c'est une lecture imparfaite mais stimulante, qui suscite à la fois intérêt et agacement. Si l'ouvrage prêche souvent des convaincus dont je fais partie, il peut aussi irriter par le ton légèrement condescendant de sa narration. Il a toutefois le mérite de vulgariser des enjeux essentiels et de sensibiliser un large public, à condition de l'aborder avec un regard critique.
Je découvre Jacky Schwartzmann avec cette série et je ne sais pas trop quoi penser.
L'humour fonctionne bien et on ne s'ennuie pas, mais en même temps le scénario n'est pas des plus originaux et il est un peu trop léger. Le plus gros défaut selon moi est qu'il y a un peu trop de facilités dans le scénario. Je comprends que cette série a un côté satirique et que c'est pour rire que notre bandit se fait facilement passer pour un prêtre, mais cela m'a semblé trop gros et peu crédible. Il y a aussi d'autres moments où je trouvais que ça devenait un peu trop gros pour que j'accepte tout ce qui arrive au personnage principal sans me poser des questions.
Sinon, j'ai bien aimé le dessin qui est dynamique et expressif comme je l'aime. Sylvain Vallée continue d'être une valeur sûre lorsqu'il s'agit d'un dessin réaliste de qualité.
3.5
Un bon one-shot tiré de la série Les 5 terres qui met en vedette un personnage du premier cycle que j'aimais bien sans qu'il fasse partie de mes préférés.
Demeus est retourné chez lui, une ile contrôlé par les félins et tout va mal lorsqu'une armée d'ours envahit et prends le contrôle de l'endroit. On retrouve les ingrédients de la série mère: de la politique, des scènes de combats, des morts, des retournements de situation....Il y en a d'ailleurs un peu trop dans cet album. J'ai trouvé que la lecture était agréable, mais on sent que le scénario est condensé pour que tout tiens dans le même album. Si tout va bien au début, j'ai trouvé que le rythme s'accélérait vers les 20 dernières pages avec tous ses personnages qui changent d'idées un peu trop facilement. Je pense qu'il y avait assez de matériel pour tenir sur au moins un tome suppléments, certains éléments du scénario me semblent un peu trop survolés, notamment le destin final d'un des personnages importants du récit.
Cela reste malgré tout une lecture que je recommande aux fans de la série, mais la qualité est clairement en-dessous des meilleurs albums de la série-mère.
Cette réédition de Silver Surfer Black dans la collection Marvel Prestige est une véritable réussite. Le grand format met enfin en valeur l’immense travail de Tradd Moore, dont le style psychédélique et organique emporte le lecteur dans un voyage visuel unique. Ses planches, à la fois foisonnantes et déstabilisantes, traduisent parfaitement la chute du Surfer dans l’inconnu et son face-à-face avec ses peurs les plus profondes. Les couleurs éclatantes de Dave Stewart amplifient encore ce sentiment d’immersion cosmique, entre beauté vertigineuse et inquiétante étrangeté.
Donny Cates signe quant à lui un scénario à la fois intime et grandiose. Il propose une réflexion profonde sur la nature de Norrin Radd, sa culpabilité, son héritage et la rédemption qu’il recherche. Le récit navigue habilement entre introspection poétique et spectacle épique, mêlant des affrontements d’ampleur cosmique à des moments de doute et de fragilité. On y retrouve les grandes thématiques qui font la force du Silver Surfer, mais explorées avec une intensité nouvelle.
Silver Surfer Black est une œuvre marquante, qui peut parfois déconcerter par ses expérimentations visuelles mais qui offre une expérience rare et mémorable. Grâce à cette édition prestige, les planches prennent toute leur ampleur et donnent au lecteur la sensation d’assister à une véritable odyssée cosmique. Une pépite qui rend justice à l’un des personnages les plus fascinants de l’univers Marvel.
Je partage totalement l’analyse de Présence, qui a su saisir toute l’essence de ce récit. Une œuvre qui mérite sans hésitation un 5/5.
Mouais. C’est une série qui se laisse lire, on ne s’ennuie pas vraiment. Mais elle ne m’a pas enthousiasmé et, même si elle se conclut en deux tomes, ma lecture a été un peu trop laborieuse.
Ça commence comme un thriller ultra classique, pour basculer assez rapidement dans une uchronie, où l’on passe des attentats d’Al Qaïda de septembre 2001 à une guerre de religion dans laquelle les Musulmans envahissent l’Europe dans la première moitié du XVème siècle. Pourquoi pas ?
Mais plusieurs choses m’ont gêné.
D’abord une narration un peu poussive, avec des commentaires en off des actions du héros, Duncan Campbell, agent de la NSA propulsé comme conseiller des armées chrétiennes.
Mais surtout trop de couleuvres sont à avaler. Comme le fait que Campbell survive à l’explosion et au crash de son avion… ou qu’il soit un spécialiste du XVème siècle, ou des courants marins de cette époque, etc.
Après, Seiter ajoute à son uchronie quelques petits détails, comme le fait que les armées musulmanes bénéficient de progrès scientifiques étonnants (machines à vapeur, armes sophistiquées, etc.). Ça fait un peu beaucoup. Il ajoute la venue de combattants aztèques au côté des musulmans. Là rien n’est expliqué ou crédible (Mangin avait déjà usé de ça dans Luxley, de façon peu heureuse – voir mon avis sur cette série).
Bref, ballotté par l’intrigue, qui m’a laissé de côté, j’ai poursuivi sans passion.
Le dessin est globalement bon. Le changement du préposé à la colorisation modifie pas mal le rendu (plutôt meilleur dans le second tome, même si je ne suis pas fan de ce genre de changement au sein d’une série).
Note réelle 2,5/5.
Décidément, Mikael Ross est un auteur assez original, et intéressant (c’est le troisième album de lui que je lis). Il nous propose des histoires très diverses, mais qui méritent à chaque fois le détour.
Le dessin est moderne et dynamique, sans fioriture. Pas exempt de défauts, mais très lisible, et globalement agréable.
L’intrigue mêle le roman graphique et le polar (ce dernier devient plus présent dans la seconde moitié du récit). On s’attache aisément aux quelques personnages au centre de ce récit.
Un récit qui, par-delà l’histoire en elle-même, met en avant une certaine idée de la liberté individuelle, face aux contraintes exercées par la société : liberté de choisir ses amis, liberté de circuler et de franchir les frontières, liberté d’avoir ses secrets. Mais aussi les responsabilités, les choix à faire, entre famille et amis.
La narration est fluide, la lecture rapide (les près de 350 pages filent vite, car il y a peu de textes finalement).
Une lecture plaisante et recommandable donc.
Note réelle 3,5/5.
Arizona, 1874. Dans le décor aride du western classique, les diligences sont systématiquement attaquées par une bande de hors-la-loi qui massacrent tous les passagers. Les autorités de Flagstaff n'en peuvent plus : il faut que l'argent des banques circule de nouveau. Elles montent alors un piège pour neutraliser les voleurs. Sans le vouloir, cette opération va plonger un trio de femmes et un étranger dans une tragédie.
Leave Them Alone est un western pur et dur, classique dans sa construction mais enrichi par une place importante accordée aux personnages féminins. Le ton reste réaliste et âpre, proche de celui des meilleurs westerns crépusculaires.
Le dessin de Christophe Regnault s'accorde parfaitement au genre. Son trait organique capte bien l'atmosphère des déserts écrasés de soleil, des bandits miteux dignes d'un Morricone, des héros désabusés, mais aussi des femmes endurcies par la rudesse de l'Ouest. Le grand format de l'album met toutefois parfois son encrage épais en difficulté, donnant l'impression de cadrages trop serrés, surtout dans les premières pages. Heureusement, dès que la mise en scène s'élargit, le dessin retrouve toute sa force.
Le scénario est solide, précis et mené avec rigueur. Les différents personnages s'entrecroisent de manière fluide jusqu'au climax, où l'action explose véritablement. Qu'il s'agisse des malfrats détestables, du pistolero solitaire, de la prostituée qui veut fuir son souteneur, ou encore de la grand-mère et de sa petite-fille tenant le relais de diligence, tous sont bien campés et apportent à l'histoire. L'intrigue ne ménage aucune concession : cruelle quand il le faut, avec un drame inattendu en milieu d'album rappelant que personne n'est à l'abri. Mais elle conserve aussi une part d'optimisme, parfois à la limite de la vraisemblance, comme dans le cas de ces deux femmes survivant seules dans le désert avec l'aide d'un Navajo, ou dans sa conclusion même. Cet équilibre entre dureté et espoir permet néanmoins de livrer une histoire prenante, rythmée et pleinement satisfaisante.
Un western efficace, sombre mais généreux, qui tient toutes ses promesses.
Je ne connaissais pas la série mère (Tough), mais cela n'a pas l'air d'être dérangeant pour attaquer ce nouveau cycle avec un nouveau personnage : Ryusei. Mais par contre on reste dans la baston. BAM !
Car oui, ça envoie de la mornifle et du steak de phalanges ! Ryusei qui se pensait invincible, va tomber sur (beaucoup) plus fort que lui en enquêtant sur son père qu'il aimerait bien retrouver. L'occasion d'apprendre une nouvelle technique martiale auprès d'un nouveau mentor, le frère de son père.
Bon, ba oui, on est dans le manga bien bourrin, mais qui donne dans le bien fait. Le dessin est plutôt soigné et les séquences de combat bien rendues.
Après, faut aimer, moi c'est pas plus que ça ma came, même si ça fait le taff.
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Bienvenue à Pandemonia
J’aime bien ce que nous propose ces deux auteurs argentins d’habitude, c’est donc avec plaisir et envie que je me suis plongé dans cet album. Au final, la lecture a été très plaisante, mais elle laisse un petit goût d’inachevé. D’abord parce que, comme Ro, j’aurais très bien vu le récit se poursuivre, pour voir comment notre bonimenteur aux airs de télévangéliste allait, grâce à son bagout et ses techniques managériales offensives, modifier le fonctionnement des enfers, ici présentés comme un monde parallèle, régi par les lois capitalistes. Autre frustration, au vu des premières pages, et de la personnalité clivante du héros – avec son sourire carnassier et forcé que l’on a envie de claquer (en tout cas pour moi c’est une tête à claque) – je m’imaginais une histoire plus caustique, où l’humour noir corrosif ferait davantage d’étincelles. Mais bon, si j’en attendais un peu plus – ou autre chose, je ne sais pas – c’est quand même une lecture très sympathique. Il est amusant de voir l’esprit capitaliste dominer les enfers, l’intrigue pouvant aussi se lire comme une transposition de certaines luttes sociales. Et puis, malgré ce que j’ai écrit plus haut, il y a quand même de l’humour – dans certaines réparties et le comportement du héros, mais aussi dans la description des différentes « formules » proposées aux condamnés aux enfers. Le dessin d’Ippoliti est lui aussi plaisant et fluide, même si la colorisation informatique lisse trop les détails et donne un rendu un peu trop artificiel. Une lecture recommandée en tout cas.
Green Witch Village
C’est presque par hasard que j’ai découvert l’existence de cette bande dessinée, et pourtant je scrute attentivement les sorties des albums qui pourraient m’intéresser. Ce qui a attiré mon attention, c’est tout d’abord la couverture, superbe au demeurant et qui, vous le découvrirez à la lecture, reprend l’ensemble des protagonistes de ce récit. Le dessin de Biancarelli est vraiment excellent et le dessinateur rend hommage ici aux comics des années 50 (les Sunday pages), à la fois dans la mise en page (voir le dossier en fin d’album) et le style de dessin. C’est d’ailleurs le dessin de Biancarelli qui m’a fait pencher vers l’achat de l’album. Certains cadrages audacieux sont à souligner. Quant au scénario de Lewis Trondheim , il n’est pas en reste. Il mêle habilement histoire d'espionnage, de nazis, sur fond de guerre froide et d'affrontement entre la CIA et le KGB. Certes, un côté fantastique est présent mais il ne m’a pas gêné. Et puis de « Au coeur Temps » (série des années 60) à « Nimitz », j’adore tout ce qui touche au paradoxe temporel. Même l’histoire avec le fantôme s’intègre sans problème dans le récit. Mais ce qui est assez réjouissant dans cet album est le décalage entre l’attitude de Tabatha et les us et coutumes de la fin des années 50 (misogynie, technologie etc). La pagination est importante (94 pages) mais vu la mise en page utilisée, (avec presque une chute en fin de page), le lecteur doit prendre son temps pour mieux apprécier cet album. Une très belle lecture pour moi, en tout cas, et mon coup de cœur pour cette rentrée. Je le relirai sans aucun doute.
Le Paradoxe de l'abondance
Deuxième album documentaire signé par Hugo Clément et Vincent Ravalec, et illustré par Dominique Mermoux après Le Théorème du vaquita, cette BD aborde cette fois l'urgence écologique à travers le prisme de la surexploitation agricole et de l'érosion des sols. Structurée en courts chapitres, elle alterne enquêtes de terrain, témoignages et exposés documentaires. Le dessin, coloré et efficace, crée une ambiance visuelle engageante, même s'il sert souvent davantage de support illustratif que de véritable récit en bande dessinée. C'est un travail documentaire utile et d'intérêt public, mais fragilisé par plusieurs faiblesses : un ton manichéen, des généralisations rapides, des conclusions hâtives et un manque de nuances. La structure en chapitres se révèle aussi un peu confuse, avec une construction pas toujours claire et quelques redites. L'ouvrage privilégie parfois le spectaculaire et l'émotionnel au détriment de la cohérence et de la profondeur de l'analyse. Certains sujets sont abordés trop superficiellement, là où j'avais trouvé des analyses bien plus abouties et agréables à lire dans des ouvrages comme Sous Terre ou Algues vertes - L'Histoire interdite. Quelques passages tombent aussi dans l'excès documentaire, accumulant données et chiffres sans réelle mise en scène, ce qui les rend un peu indigestes, voire laborieux à parcourir. Il s'attarde aussi étrangement sur des sujets qui paraissent moins cruciaux comme ces nombreuses pages sur le choix de vaches spécifiques pour obtenir un bon fromage de terroir. Et à plusieurs moments, dont notamment la conclusion, on a l'impression de lire un tract politique au ton simpliste et univoque. En définitive, c'est une lecture imparfaite mais stimulante, qui suscite à la fois intérêt et agacement. Si l'ouvrage prêche souvent des convaincus dont je fais partie, il peut aussi irriter par le ton légèrement condescendant de sa narration. Il a toutefois le mérite de vulgariser des enjeux essentiels et de sensibiliser un large public, à condition de l'aborder avec un regard critique.
Habemus Bastard
Je découvre Jacky Schwartzmann avec cette série et je ne sais pas trop quoi penser. L'humour fonctionne bien et on ne s'ennuie pas, mais en même temps le scénario n'est pas des plus originaux et il est un peu trop léger. Le plus gros défaut selon moi est qu'il y a un peu trop de facilités dans le scénario. Je comprends que cette série a un côté satirique et que c'est pour rire que notre bandit se fait facilement passer pour un prêtre, mais cela m'a semblé trop gros et peu crédible. Il y a aussi d'autres moments où je trouvais que ça devenait un peu trop gros pour que j'accepte tout ce qui arrive au personnage principal sans me poser des questions. Sinon, j'ai bien aimé le dessin qui est dynamique et expressif comme je l'aime. Sylvain Vallée continue d'être une valeur sûre lorsqu'il s'agit d'un dessin réaliste de qualité.
Les 5 Terres - Demeus Lor
3.5 Un bon one-shot tiré de la série Les 5 terres qui met en vedette un personnage du premier cycle que j'aimais bien sans qu'il fasse partie de mes préférés. Demeus est retourné chez lui, une ile contrôlé par les félins et tout va mal lorsqu'une armée d'ours envahit et prends le contrôle de l'endroit. On retrouve les ingrédients de la série mère: de la politique, des scènes de combats, des morts, des retournements de situation....Il y en a d'ailleurs un peu trop dans cet album. J'ai trouvé que la lecture était agréable, mais on sent que le scénario est condensé pour que tout tiens dans le même album. Si tout va bien au début, j'ai trouvé que le rythme s'accélérait vers les 20 dernières pages avec tous ses personnages qui changent d'idées un peu trop facilement. Je pense qu'il y avait assez de matériel pour tenir sur au moins un tome suppléments, certains éléments du scénario me semblent un peu trop survolés, notamment le destin final d'un des personnages importants du récit. Cela reste malgré tout une lecture que je recommande aux fans de la série, mais la qualité est clairement en-dessous des meilleurs albums de la série-mère.
Silver Surfer - Black
Cette réédition de Silver Surfer Black dans la collection Marvel Prestige est une véritable réussite. Le grand format met enfin en valeur l’immense travail de Tradd Moore, dont le style psychédélique et organique emporte le lecteur dans un voyage visuel unique. Ses planches, à la fois foisonnantes et déstabilisantes, traduisent parfaitement la chute du Surfer dans l’inconnu et son face-à-face avec ses peurs les plus profondes. Les couleurs éclatantes de Dave Stewart amplifient encore ce sentiment d’immersion cosmique, entre beauté vertigineuse et inquiétante étrangeté. Donny Cates signe quant à lui un scénario à la fois intime et grandiose. Il propose une réflexion profonde sur la nature de Norrin Radd, sa culpabilité, son héritage et la rédemption qu’il recherche. Le récit navigue habilement entre introspection poétique et spectacle épique, mêlant des affrontements d’ampleur cosmique à des moments de doute et de fragilité. On y retrouve les grandes thématiques qui font la force du Silver Surfer, mais explorées avec une intensité nouvelle. Silver Surfer Black est une œuvre marquante, qui peut parfois déconcerter par ses expérimentations visuelles mais qui offre une expérience rare et mémorable. Grâce à cette édition prestige, les planches prennent toute leur ampleur et donnent au lecteur la sensation d’assister à une véritable odyssée cosmique. Une pépite qui rend justice à l’un des personnages les plus fascinants de l’univers Marvel. Je partage totalement l’analyse de Présence, qui a su saisir toute l’essence de ce récit. Une œuvre qui mérite sans hésitation un 5/5.
12 Septembre
Mouais. C’est une série qui se laisse lire, on ne s’ennuie pas vraiment. Mais elle ne m’a pas enthousiasmé et, même si elle se conclut en deux tomes, ma lecture a été un peu trop laborieuse. Ça commence comme un thriller ultra classique, pour basculer assez rapidement dans une uchronie, où l’on passe des attentats d’Al Qaïda de septembre 2001 à une guerre de religion dans laquelle les Musulmans envahissent l’Europe dans la première moitié du XVème siècle. Pourquoi pas ? Mais plusieurs choses m’ont gêné. D’abord une narration un peu poussive, avec des commentaires en off des actions du héros, Duncan Campbell, agent de la NSA propulsé comme conseiller des armées chrétiennes. Mais surtout trop de couleuvres sont à avaler. Comme le fait que Campbell survive à l’explosion et au crash de son avion… ou qu’il soit un spécialiste du XVème siècle, ou des courants marins de cette époque, etc. Après, Seiter ajoute à son uchronie quelques petits détails, comme le fait que les armées musulmanes bénéficient de progrès scientifiques étonnants (machines à vapeur, armes sophistiquées, etc.). Ça fait un peu beaucoup. Il ajoute la venue de combattants aztèques au côté des musulmans. Là rien n’est expliqué ou crédible (Mangin avait déjà usé de ça dans Luxley, de façon peu heureuse – voir mon avis sur cette série). Bref, ballotté par l’intrigue, qui m’a laissé de côté, j’ai poursuivi sans passion. Le dessin est globalement bon. Le changement du préposé à la colorisation modifie pas mal le rendu (plutôt meilleur dans le second tome, même si je ne suis pas fan de ce genre de changement au sein d’une série). Note réelle 2,5/5.
Le Nirvana est ici
Décidément, Mikael Ross est un auteur assez original, et intéressant (c’est le troisième album de lui que je lis). Il nous propose des histoires très diverses, mais qui méritent à chaque fois le détour. Le dessin est moderne et dynamique, sans fioriture. Pas exempt de défauts, mais très lisible, et globalement agréable. L’intrigue mêle le roman graphique et le polar (ce dernier devient plus présent dans la seconde moitié du récit). On s’attache aisément aux quelques personnages au centre de ce récit. Un récit qui, par-delà l’histoire en elle-même, met en avant une certaine idée de la liberté individuelle, face aux contraintes exercées par la société : liberté de choisir ses amis, liberté de circuler et de franchir les frontières, liberté d’avoir ses secrets. Mais aussi les responsabilités, les choix à faire, entre famille et amis. La narration est fluide, la lecture rapide (les près de 350 pages filent vite, car il y a peu de textes finalement). Une lecture plaisante et recommandable donc. Note réelle 3,5/5.
Leave them alone
Arizona, 1874. Dans le décor aride du western classique, les diligences sont systématiquement attaquées par une bande de hors-la-loi qui massacrent tous les passagers. Les autorités de Flagstaff n'en peuvent plus : il faut que l'argent des banques circule de nouveau. Elles montent alors un piège pour neutraliser les voleurs. Sans le vouloir, cette opération va plonger un trio de femmes et un étranger dans une tragédie. Leave Them Alone est un western pur et dur, classique dans sa construction mais enrichi par une place importante accordée aux personnages féminins. Le ton reste réaliste et âpre, proche de celui des meilleurs westerns crépusculaires. Le dessin de Christophe Regnault s'accorde parfaitement au genre. Son trait organique capte bien l'atmosphère des déserts écrasés de soleil, des bandits miteux dignes d'un Morricone, des héros désabusés, mais aussi des femmes endurcies par la rudesse de l'Ouest. Le grand format de l'album met toutefois parfois son encrage épais en difficulté, donnant l'impression de cadrages trop serrés, surtout dans les premières pages. Heureusement, dès que la mise en scène s'élargit, le dessin retrouve toute sa force. Le scénario est solide, précis et mené avec rigueur. Les différents personnages s'entrecroisent de manière fluide jusqu'au climax, où l'action explose véritablement. Qu'il s'agisse des malfrats détestables, du pistolero solitaire, de la prostituée qui veut fuir son souteneur, ou encore de la grand-mère et de sa petite-fille tenant le relais de diligence, tous sont bien campés et apportent à l'histoire. L'intrigue ne ménage aucune concession : cruelle quand il le faut, avec un drame inattendu en milieu d'album rappelant que personne n'est à l'abri. Mais elle conserve aussi une part d'optimisme, parfois à la limite de la vraisemblance, comme dans le cas de ces deux femmes survivant seules dans le désert avec l'aide d'un Navajo, ou dans sa conclusion même. Cet équilibre entre dureté et espoir permet néanmoins de livrer une histoire prenante, rythmée et pleinement satisfaisante. Un western efficace, sombre mais généreux, qui tient toutes ses promesses.
Tough - L'Héritier du dragon
Je ne connaissais pas la série mère (Tough), mais cela n'a pas l'air d'être dérangeant pour attaquer ce nouveau cycle avec un nouveau personnage : Ryusei. Mais par contre on reste dans la baston. BAM ! Car oui, ça envoie de la mornifle et du steak de phalanges ! Ryusei qui se pensait invincible, va tomber sur (beaucoup) plus fort que lui en enquêtant sur son père qu'il aimerait bien retrouver. L'occasion d'apprendre une nouvelle technique martiale auprès d'un nouveau mentor, le frère de son père. Bon, ba oui, on est dans le manga bien bourrin, mais qui donne dans le bien fait. Le dessin est plutôt soigné et les séquences de combat bien rendues. Après, faut aimer, moi c'est pas plus que ça ma came, même si ça fait le taff.