Le Paradoxe de l'abondance

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

Le journaliste Hugo Clément enquête sur l'industrialisation de l'agriculture et ses conséquences pour l'environnement et notre santé.


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Nous n'avons jamais produit autant de nourriture et, pourtant, nous sommes en train de détruire le fragile équilibre qui permet de nous nourrir. Sols surexploités, eaux dégradées, pollution chimique, qualité sacrifiée... L'abondance de nourriture repose aujourd'hui sur la destruction de la Nature, donc sur la disparition de nos moyens de subsistance. Quel paradoxe ! Le paradoxe de l'abondance est à la fois une investigation dans les coulisses de l'agro-industrie, une mise en perspective historique et un carnet de solutions. Hugo Clément identifie des pistes pour sortir de ce cercle vicieux et met en lumière des paysans qui nous montrent la voie pour construire un système alimentaire durable.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 03 Octobre 2025
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Paradoxe de l'abondance © Dargaud 2025
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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02/10/2025 | Ro
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Par Blue boy
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
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Ce n’est certes pas avec cet ouvrage qu’Hugo Clément va se faire de nouveaux amis à la FNSEA et chez les lobbyistes de l’agro-industrie. Il n’a pourtant pas vocation à créer la polémique mais à exposer une situation de manière très factuelle, mais qui ne convient pas à ceux pour qui la priorité est de faire passer leurs bénéfices au mépris de la santé du consommateur. Le paradoxe de l’abondance, comme le dit lui-même le journaliste et militant écologiste, c’est qu’ « on produit énormément de nourriture, ce qui est très bien parce qu’on a beaucoup de gens à nourrir, mais on la produit d’une manière qui n’est pas durable », selon « un modèle agricole qui n’est pas orienté vers les bonnes productions ». Surexploités, les sols sont de moins en moins fertiles et la biomasse (masse totale d'organismes vivants) se dégrade de façon inquiétante, concernant 89% des terres agricoles ! Et comme si cela ne suffisait pas, les pesticides et les engrais chimiques comme les nitrates se diffusent dans l’air et dans les nappes phréatiques, augmentant les risques de cancer. Pour mieux nous faire comprendre ce qui a créé cette situation, l’ouvrage remonte aux origines de l’agriculture, à partir du moment où les sociétés nomades de chasseurs-cueilleurs ont commencé à se sédentariser, puis aborde la question de l’eau, qui selon un rapport de la commission européenne, est contaminée à hauteur de 60 % dans les pays européens. Autre donnée inquiétante, même la filière bio est menacée par l’absence de volonté politique. Dans ce contexte où la rentabilité prime, nos laitages et nos fromages tendent à l’uniformisation des goûts, tandis que la vache de race Prim’Holstein (celle que l’on voit en couverture avec ses pis surdimensionnés) remplace peu à peu toutes les espèces régionales, dont certaines sont même en voie de disparition. Est également abordé la question de la souffrance animale liée à ce type de production, autre cheval de bataille d’Hugo Clément. Le livre se conclut sur du positif même si le combat est loin d’être gagné. Sont évoquées quelques initiatives porteuses notamment la réussite (encore trop rare) d’un maraîcher bio ou l’introduction du bio dans des cantines. Les auteurs nous livrent également des pistes pour nous permettre d’agir à notre niveau, car en tant que consommateur, nous avons aussi ce pouvoir d’infléchir les décisions politiques en privilégiant par exemple la production locale. « Le Paradoxe de l’abondance » est loin d’être un ouvrage déprimant, bien au contraire. Le dessin à l’aquarelle de Dominique Mermoux, qui a mis en image une autre BD parue récemment sur un thème très proche, « Et soudain le futur », est très appréciable et accompagne parfaitement ce type de contenu. Ce livre, porté par un des journalistes les plus populaires dont on ne peut mettre en cause le sérieux des enquêtes, a également le mérite d’être très accessible. Bénéficiant d’une narration bien structurée et extrêmement fluide, il ne fera que renforcer la conviction de ceux depuis longtemps sensibilisés par le sujet et pourrait toucher également un public habituellement moins concerné… On aimerait aussi qu’il puisse surtout réveiller les consciences de nos dirigeants, encore largement soumis aux diktats imposés par l’industrie agro-alimentaire et certains syndicats qui n’existent que pour défendre les intérêts de l’agriculture industrielle, au mépris des petits paysans qui s’efforcent de respecter la nature et l’assiette du consommateur.

22/10/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Deuxième album documentaire signé par Hugo Clément et Vincent Ravalec, et illustré par Dominique Mermoux après Le Théorème du vaquita, cette BD aborde cette fois l'urgence écologique à travers le prisme de la surexploitation agricole et de l'érosion des sols. Structurée en courts chapitres, elle alterne enquêtes de terrain, témoignages et exposés documentaires. Le dessin, coloré et efficace, crée une ambiance visuelle engageante, même s'il sert souvent davantage de support illustratif que de véritable récit en bande dessinée. C'est un travail documentaire utile et d'intérêt public, mais fragilisé par plusieurs faiblesses : un ton manichéen, des généralisations rapides, des conclusions hâtives et un manque de nuances. La structure en chapitres se révèle aussi un peu confuse, avec une construction pas toujours claire et quelques redites. L'ouvrage privilégie parfois le spectaculaire et l'émotionnel au détriment de la cohérence et de la profondeur de l'analyse. Certains sujets sont abordés trop superficiellement, là où j'avais trouvé des analyses bien plus abouties et agréables à lire dans des ouvrages comme Sous Terre ou Algues vertes - L'Histoire interdite. Quelques passages tombent aussi dans l'excès documentaire, accumulant données et chiffres sans réelle mise en scène, ce qui les rend un peu indigestes, voire laborieux à parcourir. Il s'attarde aussi étrangement sur des sujets qui paraissent moins cruciaux comme ces nombreuses pages sur le choix de vaches spécifiques pour obtenir un bon fromage de terroir. Et à plusieurs moments, dont notamment la conclusion, on a l'impression de lire un tract politique au ton simpliste et univoque. En définitive, c'est une lecture imparfaite mais stimulante, qui suscite à la fois intérêt et agacement. Si l'ouvrage prêche souvent des convaincus dont je fais partie, il peut aussi irriter par le ton légèrement condescendant de sa narration. Il a toutefois le mérite de vulgariser des enjeux essentiels et de sensibiliser un large public, à condition de l'aborder avec un regard critique.

02/10/2025 (modifier)