L’histoire est tiré du roman de Tony Hillermann "Là où dansent les morts". Katou n'a fait qu'adapter ce dernier en BD et c'est très bien réussi.
Perso, j'ai eu du mal à me mettre dedans à cause du dessin très détaillé parfois même un peu lourd, mais l'histoire prend vite le dessus et on dévore les deux tomes en une aprem.
Mis à part la fin qui en décevra plus d'un, cette BD nous tient en haleine jusqu'au bout et ça c'est génial.
Si j'ai bien compris, l'histoire se passe dans le futur. Elle met en scène les héros connus (et moins connus) de chez DC, à savoir Superman, Batman, Wonder Woman et compagnie. Alors moi, je ne m'y connais pas trop dans cet univers. J'en sais à peine plus que le type lambda. Il faut donc prendre mon avis comme tel.
Ici, les super-héros classiques reviennent de leur retraite pour mettre de l'ordre là où les nouveaux super-héros, qui les ont remplacés et se battent les uns contre les autres sans se soucier de la sécurité des gens de la rue, ont mis le bazar.
C'est très très bien dessiné, très beau. Vraiment du chouette boulot, même si c'est un peu statique. Quand même, certaines cases ne sont pas toujours compréhensibles, et puis les plans mettant en scène une cinquantaine de super-héros aux couleurs bariolés en train de se friter, faut aimer.
Par contre, le scénar, j'ai pas tout compris. Les super-héros doutent, se querellent : comment agir ? Que faire des "mauvais" super-héros ? On sent des interrogations sur la démocratie, la dictature... Je n'arrive pas à situer les personnages : quels méthodes préconisent-ils ? On a l'impression qu'ils veulent agir d'une manière puis d'une autre. Ils se critiquent alors qu'ils semblent utiliser des méthodes similaires. J'étais un peu perdu. Sur leurs motivations et leurs valeurs. En plus, les lignes de dialogues éclatées dans plusieurs bulles ne sont pas là pour faciliter la lecture.
On sent aussi une critique à l'encontre des comics violents (Spawn, par exemple ? - que je n'ai jamais lu). Ce sont eux, les nouveaux super-héros belliqueux et sans égard.
Voilà, une belle oeuvre dans la forme, et peut-être sur le fond pour peu qu'on arrive à déchiffrer les états d'âme de nos amis les méta-humains.
Les aventures de ce journaliste nous emmene 40 ans en arrière en Indochine. Le scénario est plutot bien construit je trouve. L'enquete avance progressivement, et chacune des découvertes entraine son lot de rebondissement. Bref je ne me suis pas ennuyé. Comme à chaque fois que je lis une BD de Giroud, je salue son travail de documentation et la pertinence de ses récits par rapport à un moment de l'Histoire. Ses scénarios sont toujours parfaitement imprégnés du contexte de l'époque.
Du coté des dessins, j'ai un peu moins accroché. Ils ne sont ni moches ni ratés, loin de là, mais je trouve qu'ils ont mal vieillis. Il faut dire que l'édition que j'ai emprunté à la bibliothèque a été imprimé il y a plus de 15 ans.... donc les pages un peu jaunies ont sans doute renforcées mon sentiment.
Sympathique petit moment de lecture quand même.
"Okko", le rônin sans maître …
Hub scénarise, dessine et colorise (aidé de Pelayo pour cette dernière étape). Et c’est franchement une réussite à chaque niveau.
La trame peut se résumer à une quête (chasse) du genre heroic fantasy. Jusque là, rien d’innovant, me direz vous ; mais l’originalité, vient pour moi, du fait que l’aventure se déroule dans un japon médiéval, ce qui met en scène des paysages, des gueules, des costumes, des objets, des coutumes,… encore inédits dans MA bdthèque et laisse donc entrevoir pas mal de singularités et de possibilités. Le petit groupe de chasseurs de démons est composé de Okko, le rônin (samouraï sans maître), de Noburo, le grand guerrier masqué, de Noshin, le moine alcoolique et de Tikku, le petit pêcheur. Le premier cycle (Cycle de l’eau) en deux tomes forme une histoire bien rythmée et très accrocheuse. La série est donc brillamment lancée et j’attends le second cycle (Cycle de la terre) avec impatience.
Les planches sont de vraies petites merveilles pour les yeux et les personnages sont formidablement biens maîtrisés. Les couleurs (informatiques) se marient parfaitement aux dessins, j’aime beaucoup les tons utilisés qui reflètent convenablement l’ambiance en toute simplicité sans non plus tomber dans le côté vulgaire aplat.
Okko est une excellente série qui n’est pas loin de mériter ces 5 étoiles, affaire à suivre…
Note approximative : 2.5/5
Avec beaucoup d'humour noir et une bonne dose d'humour crade, Reiser nous offre des histoires courtes ou gags en une planche sur le thème de la nature, la vie sauvage et les tribus indigènes caricaturales. Le 1er tome contient d'ailleurs plus d'histoires courtes tandis que les suivants se focalisent davantage sur les gags rapides.
Je n'aime pas le dessin de Reiser, c'est clair. Il est parfois tellement brouillon sur certaines planches que j'en ai du mal à le déchiffrer.
Quant à l'humour, je suis resté stoïque sur une majorité des gags.
Et pourtant ces 3 tomes contiennent vraiment pas mal de bonnes idées. Il y a pourtant un bon nombre de gags qui m'ont véritablement fait rire et m'ont surpris par leur originalité (et leur sadisme parfois).
Bref, une impression en demi-teinte pour moi, mais il est clair que vu le dessin que je n'aime pas et les 2/3 des gags où je n'ai pas ri, je ne conseille sûrement pas l'achat de ces albums.
C’est sous une couverture inédite que j’ai découvert le testament de Sibérie, initialement paru en 1974 et réédité par les éditions « des ronds dans l’O » et par François Boudet.
On a souvent reproché à René Follet de ne pas s’attacher les services d’un scénariste digne de son talent. On a vu précédemment le malheureux désastre du tome 2 de Terreur (avec André- Paul Duchâteau au scénario) et plus récemment Shelena de Jéromine Pasteur, qui ne m’a guère convaincu non plus. Pourtant en aucun cas le dessin de René Follet était en cause, au contraire, il était le principal atout de ces bandes-dessinées.
Ici, un scénario simple mais efficace, une course poursuite dans les steppes enneigées de Sibérie, une histoire d’amitié de vengeance, un monde viril dans une nature hostile, le tout magnifiquement mis en image par René Follet.
Tout au long de l’histoire, des personnages tout en couleur (je pense notamment à Stepim), assez stéréotypés tout de même (par exemple, Vassili, l’archétype du méchant) mais qui viennent apporter une touche d’humour à cette histoire (voir l’épisode de la réserve de viande).
Le dessin et l’intrigue sont certes datés voire un peu désuets mais j’ai aimé retrouver l’ambiance des petits formats, en noir et blanc, de mon enfance. Cet opus possède certes un charme désuet mais dans cette expression il ne faut pas oublier le mot « charme ».
Un petit bémol, c’est l’erreur sur le quatrième de couverture concernant la recherche du testament : il ne s’agit pas du testament du père d’Ivan Zourine mais celui du père de Mickaël Mistirine.
Une réédition de qualité, une histoire qui nous entraîne dans l’hiver Sibérien, le tout servi par un beau dessin de René Follet... Que demander de mieux ?
Si ! A quand la prochaine aventure ? ( les aventures d’Ivan Zourine ont fait auparavant l’objet de deux albums chez Magic Strip en 1979)
Je n’ai pas été fort emballé en commencant la lecture. Luc, l’acteur principal est un type odieux, déprimé et déprimant, cynique, insupportable, empoisonnant la vie de son entourage – le tout balancé avec des monologues introspectifs bavards indigestes. Je croyais que ca allait continuer sur le mode de «tous pourris, et je ne vaux pas beaucoup mieux» quand l’histoire a commencé à faire des flash-back sur sa vie. On commence alors à comprendre pourquoi Luc se déteste autant qu’il rejette les autres, avec quels démons il est en train de lutter – un père étouffant, un sentiment de culpabilité vis à vis de sa mère qu’il a abandonnée à son sort, une belle-mère détraquée, et c’est à ce moment que l’album prend une tournure universelle, dans laquelle chacun de nous se reconnaîtra un peu. Un album fort et touchant.
(A)mère n’est pas une BD au sens classique du terme (cases et phylactères) mais plutôt un long monologue illustré. L’auteur nous raconte son enfance, son amour pour sa mère qui sombre dans la dépression et l’alcoolisme, la longue descente aux enfers qui transforme son amour en haine. En partageant ses sentiments, l’auteur nous offre un témoignage poignant. J’ai trouvé le texte très beau et très fort. Le problème est que je ne trouve pas que les illustrations apportent quelque chose de plus au texte. On a quelques belles métaphores, quelques dessins très sombres desquels se dégage une certaine énergie, mais aussi beaucoup de dessins qui ne font que mettre le texte en image (ce qui apparaît redondant), le tout étant assez inégal. Néanmoins, pour un premier album, l’auteur débute très fort.
« Pas de chance » est une histoire de chasse au trésor et de course-poursuite relativement classique. Le dessin me plaît bien, mais l’histoire est malheureusement peu crédible – trop de coïncidences extraordinaires et trop de courts-circuits scénaristiques. La fin (la dernière page) est bien trouvée, mais n’arrive pas à sauver la pauvreté du reste. Ceci dit, si on est abruti par une dure journée de travail et qu’on souhaite se changer les idées sans trop réfléchir, ça peut se laisser lire agréablement.
La citation de l'auteur dans la présentation de l'album résume admirablement le livre : une enquête sur Saint Nicolas, ses représentations, sa signification, et à travers cela, sur une région (la Lorraine), son passé, ses structures économiques et sociales, son identité. Je ne connais pas bien la Lorraine, mais j'ai retrouvé beaucoup de choses similaires à ce qu'on trouve au borinage. Gerner a presque réussi à saisir l'esprit particulier d'une région et des gens qui y habitent, rien qu'en suivant le fil conducteur du Saint Patron. Il repousse par conséquent encore un peu plus loin la frontière de ce que peut faire la Bande Dessinée. Rien que pour ca, il mérite au moins 4 étoiles, malgré son style particulier (une planche est composée d'une multitude de petits "clichés" avec commentaires) qui m'a paru rébarbatif et lourd - mais néanmoins efficace. Cet album plaira certainement aux Lorrains et aux habitants des régions limitrophes (y compris les Belges) qui fêtent Saint Nicolas et partagent la même histoire industrielle, à condition qu'ils fassent l'effort de passer outre leurs préjugés en feuilletant le livre en librairie.
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Là où dansent les morts
L’histoire est tiré du roman de Tony Hillermann "Là où dansent les morts". Katou n'a fait qu'adapter ce dernier en BD et c'est très bien réussi. Perso, j'ai eu du mal à me mettre dedans à cause du dessin très détaillé parfois même un peu lourd, mais l'histoire prend vite le dessus et on dévore les deux tomes en une aprem. Mis à part la fin qui en décevra plus d'un, cette BD nous tient en haleine jusqu'au bout et ça c'est génial.
Kingdom Come
Si j'ai bien compris, l'histoire se passe dans le futur. Elle met en scène les héros connus (et moins connus) de chez DC, à savoir Superman, Batman, Wonder Woman et compagnie. Alors moi, je ne m'y connais pas trop dans cet univers. J'en sais à peine plus que le type lambda. Il faut donc prendre mon avis comme tel. Ici, les super-héros classiques reviennent de leur retraite pour mettre de l'ordre là où les nouveaux super-héros, qui les ont remplacés et se battent les uns contre les autres sans se soucier de la sécurité des gens de la rue, ont mis le bazar. C'est très très bien dessiné, très beau. Vraiment du chouette boulot, même si c'est un peu statique. Quand même, certaines cases ne sont pas toujours compréhensibles, et puis les plans mettant en scène une cinquantaine de super-héros aux couleurs bariolés en train de se friter, faut aimer. Par contre, le scénar, j'ai pas tout compris. Les super-héros doutent, se querellent : comment agir ? Que faire des "mauvais" super-héros ? On sent des interrogations sur la démocratie, la dictature... Je n'arrive pas à situer les personnages : quels méthodes préconisent-ils ? On a l'impression qu'ils veulent agir d'une manière puis d'une autre. Ils se critiquent alors qu'ils semblent utiliser des méthodes similaires. J'étais un peu perdu. Sur leurs motivations et leurs valeurs. En plus, les lignes de dialogues éclatées dans plusieurs bulles ne sont pas là pour faciliter la lecture. On sent aussi une critique à l'encontre des comics violents (Spawn, par exemple ? - que je n'ai jamais lu). Ce sont eux, les nouveaux super-héros belliqueux et sans égard. Voilà, une belle oeuvre dans la forme, et peut-être sur le fond pour peu qu'on arrive à déchiffrer les états d'âme de nos amis les méta-humains.
Les oubliés d'Annam
Les aventures de ce journaliste nous emmene 40 ans en arrière en Indochine. Le scénario est plutot bien construit je trouve. L'enquete avance progressivement, et chacune des découvertes entraine son lot de rebondissement. Bref je ne me suis pas ennuyé. Comme à chaque fois que je lis une BD de Giroud, je salue son travail de documentation et la pertinence de ses récits par rapport à un moment de l'Histoire. Ses scénarios sont toujours parfaitement imprégnés du contexte de l'époque. Du coté des dessins, j'ai un peu moins accroché. Ils ne sont ni moches ni ratés, loin de là, mais je trouve qu'ils ont mal vieillis. Il faut dire que l'édition que j'ai emprunté à la bibliothèque a été imprimé il y a plus de 15 ans.... donc les pages un peu jaunies ont sans doute renforcées mon sentiment. Sympathique petit moment de lecture quand même.
Okko
"Okko", le rônin sans maître … Hub scénarise, dessine et colorise (aidé de Pelayo pour cette dernière étape). Et c’est franchement une réussite à chaque niveau. La trame peut se résumer à une quête (chasse) du genre heroic fantasy. Jusque là, rien d’innovant, me direz vous ; mais l’originalité, vient pour moi, du fait que l’aventure se déroule dans un japon médiéval, ce qui met en scène des paysages, des gueules, des costumes, des objets, des coutumes,… encore inédits dans MA bdthèque et laisse donc entrevoir pas mal de singularités et de possibilités. Le petit groupe de chasseurs de démons est composé de Okko, le rônin (samouraï sans maître), de Noburo, le grand guerrier masqué, de Noshin, le moine alcoolique et de Tikku, le petit pêcheur. Le premier cycle (Cycle de l’eau) en deux tomes forme une histoire bien rythmée et très accrocheuse. La série est donc brillamment lancée et j’attends le second cycle (Cycle de la terre) avec impatience. Les planches sont de vraies petites merveilles pour les yeux et les personnages sont formidablement biens maîtrisés. Les couleurs (informatiques) se marient parfaitement aux dessins, j’aime beaucoup les tons utilisés qui reflètent convenablement l’ambiance en toute simplicité sans non plus tomber dans le côté vulgaire aplat. Okko est une excellente série qui n’est pas loin de mériter ces 5 étoiles, affaire à suivre…
La vie au grand air
Note approximative : 2.5/5 Avec beaucoup d'humour noir et une bonne dose d'humour crade, Reiser nous offre des histoires courtes ou gags en une planche sur le thème de la nature, la vie sauvage et les tribus indigènes caricaturales. Le 1er tome contient d'ailleurs plus d'histoires courtes tandis que les suivants se focalisent davantage sur les gags rapides. Je n'aime pas le dessin de Reiser, c'est clair. Il est parfois tellement brouillon sur certaines planches que j'en ai du mal à le déchiffrer. Quant à l'humour, je suis resté stoïque sur une majorité des gags. Et pourtant ces 3 tomes contiennent vraiment pas mal de bonnes idées. Il y a pourtant un bon nombre de gags qui m'ont véritablement fait rire et m'ont surpris par leur originalité (et leur sadisme parfois). Bref, une impression en demi-teinte pour moi, mais il est clair que vu le dessin que je n'aime pas et les 2/3 des gags où je n'ai pas ri, je ne conseille sûrement pas l'achat de ces albums.
Ivan Zourine
C’est sous une couverture inédite que j’ai découvert le testament de Sibérie, initialement paru en 1974 et réédité par les éditions « des ronds dans l’O » et par François Boudet. On a souvent reproché à René Follet de ne pas s’attacher les services d’un scénariste digne de son talent. On a vu précédemment le malheureux désastre du tome 2 de Terreur (avec André- Paul Duchâteau au scénario) et plus récemment Shelena de Jéromine Pasteur, qui ne m’a guère convaincu non plus. Pourtant en aucun cas le dessin de René Follet était en cause, au contraire, il était le principal atout de ces bandes-dessinées. Ici, un scénario simple mais efficace, une course poursuite dans les steppes enneigées de Sibérie, une histoire d’amitié de vengeance, un monde viril dans une nature hostile, le tout magnifiquement mis en image par René Follet. Tout au long de l’histoire, des personnages tout en couleur (je pense notamment à Stepim), assez stéréotypés tout de même (par exemple, Vassili, l’archétype du méchant) mais qui viennent apporter une touche d’humour à cette histoire (voir l’épisode de la réserve de viande). Le dessin et l’intrigue sont certes datés voire un peu désuets mais j’ai aimé retrouver l’ambiance des petits formats, en noir et blanc, de mon enfance. Cet opus possède certes un charme désuet mais dans cette expression il ne faut pas oublier le mot « charme ». Un petit bémol, c’est l’erreur sur le quatrième de couverture concernant la recherche du testament : il ne s’agit pas du testament du père d’Ivan Zourine mais celui du père de Mickaël Mistirine. Une réédition de qualité, une histoire qui nous entraîne dans l’hiver Sibérien, le tout servi par un beau dessin de René Follet... Que demander de mieux ? Si ! A quand la prochaine aventure ? ( les aventures d’Ivan Zourine ont fait auparavant l’objet de deux albums chez Magic Strip en 1979)
Dérives (Schmitt)
Je n’ai pas été fort emballé en commencant la lecture. Luc, l’acteur principal est un type odieux, déprimé et déprimant, cynique, insupportable, empoisonnant la vie de son entourage – le tout balancé avec des monologues introspectifs bavards indigestes. Je croyais que ca allait continuer sur le mode de «tous pourris, et je ne vaux pas beaucoup mieux» quand l’histoire a commencé à faire des flash-back sur sa vie. On commence alors à comprendre pourquoi Luc se déteste autant qu’il rejette les autres, avec quels démons il est en train de lutter – un père étouffant, un sentiment de culpabilité vis à vis de sa mère qu’il a abandonnée à son sort, une belle-mère détraquée, et c’est à ce moment que l’album prend une tournure universelle, dans laquelle chacun de nous se reconnaîtra un peu. Un album fort et touchant.
(A)mère
(A)mère n’est pas une BD au sens classique du terme (cases et phylactères) mais plutôt un long monologue illustré. L’auteur nous raconte son enfance, son amour pour sa mère qui sombre dans la dépression et l’alcoolisme, la longue descente aux enfers qui transforme son amour en haine. En partageant ses sentiments, l’auteur nous offre un témoignage poignant. J’ai trouvé le texte très beau et très fort. Le problème est que je ne trouve pas que les illustrations apportent quelque chose de plus au texte. On a quelques belles métaphores, quelques dessins très sombres desquels se dégage une certaine énergie, mais aussi beaucoup de dessins qui ne font que mettre le texte en image (ce qui apparaît redondant), le tout étant assez inégal. Néanmoins, pour un premier album, l’auteur débute très fort.
Pas de Chance
« Pas de chance » est une histoire de chasse au trésor et de course-poursuite relativement classique. Le dessin me plaît bien, mais l’histoire est malheureusement peu crédible – trop de coïncidences extraordinaires et trop de courts-circuits scénaristiques. La fin (la dernière page) est bien trouvée, mais n’arrive pas à sauver la pauvreté du reste. Ceci dit, si on est abruti par une dure journée de travail et qu’on souhaite se changer les idées sans trop réfléchir, ça peut se laisser lire agréablement.
Le Saint Patron
La citation de l'auteur dans la présentation de l'album résume admirablement le livre : une enquête sur Saint Nicolas, ses représentations, sa signification, et à travers cela, sur une région (la Lorraine), son passé, ses structures économiques et sociales, son identité. Je ne connais pas bien la Lorraine, mais j'ai retrouvé beaucoup de choses similaires à ce qu'on trouve au borinage. Gerner a presque réussi à saisir l'esprit particulier d'une région et des gens qui y habitent, rien qu'en suivant le fil conducteur du Saint Patron. Il repousse par conséquent encore un peu plus loin la frontière de ce que peut faire la Bande Dessinée. Rien que pour ca, il mérite au moins 4 étoiles, malgré son style particulier (une planche est composée d'une multitude de petits "clichés" avec commentaires) qui m'a paru rébarbatif et lourd - mais néanmoins efficace. Cet album plaira certainement aux Lorrains et aux habitants des régions limitrophes (y compris les Belges) qui fêtent Saint Nicolas et partagent la même histoire industrielle, à condition qu'ils fassent l'effort de passer outre leurs préjugés en feuilletant le livre en librairie.