Les derniers avis (113191 avis)

Par Quentin
Note: 4/5
Couverture de la série Le Tour de Valse
Le Tour de Valse

Le tour de valse est une superbe histoire. Beaucoup plus qu’un témoignage sur la vie dans les goulags, l’album traite de la capacité à vivre – pas seulement physiquement mais aussi existentiellement - face à la machine d’une histoire et d’une administration qui broie tout ce qui passe à travers ses rouages. Une histoire sur la difficulté d’être maître de son propre destin dans un monde kafkaïesque, sur la difficulté d’entretenir l’amour de l’autre et le respect de ses propres valeurs quand tout attachement à quelque chose d’autre qu’au parti est criminalisé. Les auteurs prennent le temps qu’il faut pour dérouler les fils qui relient les différents personnages, le temps d’une longue attente, le temps d’une vie - dommage que la fin aille si vite et rompe le charme. Les dessins sont superbes et arrivent à montrer des étincelles de force, ou même de dignité, se cachant au plus profond du désespoir. Un livre poignant, que l’on referme en se sentant éreinté mais néanmoins renforcé.

11/01/2006 (modifier)
Par Quentin
Note: 4/5
Couverture de la série Frankenstein
Frankenstein

L’adaptation de l’histoire de Frankenstein par Denis Deprez m’a beaucoup plu, surtout pour les dessins et les couleurs qui sont superbes, quelque part entre Mattotti et Barbier. Rien que pour ca, cet album est fantastique. J’ai aussi apprécié que Deprez reprenne l’histoire originale de Mary Shelley (au lieu d'une adaptation ultérieure), mais je regrette néanmoins certains raccourcis scénaristiques. Les choix opérés par Deprez favorisent souvent les émotions des personnages (qui sont superbement rendues) ou certains épisodes qui semblent arbitrairement choisis plutôt que les intéressantes réflexions philosophico-morales que le récit soulève et qui sont traitées de manière superficielle. Le récit va un peu trop vite et on saute souvent d’un épisode de l'histoire à un autre, sans transition satisfaisante (à moins de connaître l’histoire à l’avance et de pouvoir deviner ce qui se cache derrière les non-dits). Malgré une maîtrise du rythme du récit qui ne m’a pas tout à fait convaincu, cet album m’a fait une forte impression.

11/01/2006 (modifier)
Par Quentin
Note: 5/5
Couverture de la série Les Portes du possible
Les Portes du possible

Voici le premier album de Benoît Peeters et de Francois Schuiten qui n’est pas lié à Les Cités obscures (quoique certains liens existent et pourront être décelés par les amateurs obscurophiles). L’album présente des extraits de journaux futurs. Au lieu de déconstruire et de se moquer gentiment des utopies du 19e siècle (comme dans les cités obscures), les portes du possible revisitent certaines des utopies/prophéties présentes, concernant les manipulations génétiques, l’avenir de la biodiversité, la gestion des déchets de notre société de consommation, l’urbanisme, etc. De la même manière qu’aucune des anciennes utopies ne se sont réalisées de la manière prédite, le futur imaginé par Benoit Peeters et Francois Schuiten évolue toujours de manière inattendue – hommage à la créativité humaine, clin d’oeil aux aléas de l’histoire et pied de nez aux faux prophètes annonçant que la fin du monde est proche. Les portes du possible sont à nos utopies présentes ce que les cités obscures sont aux utopies passées, et tous ceux qui (comme moi) adorent les cités obscures adoreront tout autant les portes du possible. Le tout traité avec un humour pince-sans-rire qui fait mouche. L’album est cher, mais le prix est entièrement justifié lorsqu’on voit la qualité de l’album. Les doubles pages ne sont pas coupées au milieu, les couleurs sont superbes, le format n’enlève rien à la qualité des images. Le même genre d’album qu’A l'ombre des tours mortes, mais un album beaucoup plus réussi que celui de Spiegelman, à mon avis. Schuiten et Peeters se renouvellent de manière magistrale, pour notre plus grand plaisir. Un must !

11/01/2006 (modifier)
Par Quentin
Note: 2/5
Couverture de la série Hanté
Hanté

Hanté est une de mes grosses déceptions de 2005. J’aime beaucoup le tandem Dupuy-Berberian, et j’ai donc abordé la lecture de l’album avec un a priori positif. Le résumé et la critique que l’on trouve sur BDP annonçait aussi un livre intéressant, dans lequel l’auteur est censé explorer ses angoisses sur le vide ou la mutilation (avec une comparaison aux « carnets » de Nanni Moretti). Hélas, malgré quelques très beaux passages (le peintre et le vide, la conversation avec la mère), j’ai trouvé l’album globalement... vide. :) Le sujet est traité la plupart du temps de manière anecdotique, insignifiante (pour le lecteur), avec plein de détours. Question dessin, j'ai l'impression que tout a été fait à la va-vite, ce qui ne m'a pas du tout donné envie de m'attarder sur le dessin - je l'ai donc lu à la va-vite moi aussi. Le sujet se rapproche un peu d’une psychanalyse, sans cependant aller très loin et en noyant le poisson dans des historiettes bien gentilles mais qui ne cassent rien. Bref, je n’ai pas trouvé ça génial.

11/01/2006 (modifier)
Par Quentin
Note: 1/5
Couverture de la série La Tour des miracles
La Tour des miracles

Dans la tour des miracles, les chats marchent au plafond (faites attention à ne pas leur marcher sur la queue), passe-lacet pisse dans sa culotte (sacré passe-lacet), un mort s’emmerde et se réveille (suive qui peut), Voirie voirie entre tout entier dans le vagin d’Annie pan pan pan (après cette expérience, Annie n’eut plus de rapports qu’avec la tour Eiffel), le président de la secte occulte des masturbateurs frénétiques se plante sur une marche branlante (ahahah le bon jeu de mot), etc. Tout l’album est du même tonneau. Pas d’histoire - juste des personnages débiles dans un monde loufoque. Comme quelqu’un l’a dit sur le forum, c’est comme le rêve délirant d'un ivrogne au vin gai qui se serait couché après une bonne cuite au gros bleu qui tâche. Très peu pour moi. J’ai essayé de lire cet album deux fois et à chaque tentative, je n’ai pas réussi à arriver au bout. Un album m’aura rarement autant emmerdé et énervé que celui-ci (bravo aux auteurs pour ce tour de force). J’aime les chansons de Brassens et j’aime les albums de Davodeau, mais je n’ai pourtant PAS DU TOUT AIMÉ la tour des miracles.

11/01/2006 (modifier)
Couverture de la série Garulfo
Garulfo

Voici les aventures déjantées signées ayroles d'un batracien humanophile, magnifiquement servies par les graphismes hauts en couleurs de Maiorana. Les dialogues sont efficaces, et les histoires de cette grenouille pleines de rebondissements... On ne peut que s'attacher à Garulfo dans sa quête de compréhension des hommes.

11/01/2006 (modifier)
Par Quentin
Note: 4/5
Couverture de la série Une Aventure de Jeanne Picquigny
Une Aventure de Jeanne Picquigny

Tome 1 : Ton frais, rythme soutenu, héroïne qui rassemble les qualités d'Adèle Blanc-Sec et de Corto Maltese (intelligence, curiosité, indépendance, force de caractère) mais qui en évite les défauts (lourdeur, apathie). Dessin nerveux et efficace, intéressante représentation de l'Afrique, etc. Toute une série de qualités qui m'ont très agréablement surpris. L'histoire n'est pas très originale et reprend tous les clichés du genre (une femme part à la recherche de son père égaré quelque part en Afrique, rencontre un aventurier qui deviendra son guide et son amant), mais sur un ton neuf et frais qui fait qu'il passe comme une lettre à la poste. L'ambiance de l'envoûtement progressif de l’héroine par le continent Africain est très réussie. Là où Corto me ferait bailler d'ennui, il y a dans la tendresse des crocodiles juste ce qu'il faut de second degré et de fraicheur pour que ca m'amuse et me fasse agréablement sourire. J’ai passé un excellent moment en lisant cet album. Tome 2 : J’ai été déçu par la suite des aventures de Jeanne Picquigny. Alors que le premier tome était une sorte de voyage ”initiatique”, dans lequel les personnages grandissent et évoluent au cours du temps, se rapprochant progressivement les uns des autres au fil de ce qu’ils vivent ensembles, la trame du 2e tome est beaucoup plus simpliste (Jeanne veut retrouver son amant à Cuba et on suit leurs aventures jusqu’à ce que ca arrive). C’est un peu court, parfois emmerdant par moment, même si l’album se laisse quand même lire agréablement.

11/01/2006 (modifier)
Par Quentin
Note: 5/5
Couverture de la série Le Roi des Mouches
Le Roi des Mouches

Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent de cet album que « n’est pas Charles Burns qui veut » et qui laissent entendre que Le roi des mouches est une sous-copie de Black hole (que j’adore également). Quand même, Mezzo faisait des dessins glauques et Pirus faisait des scénarios noirs avant que Black hole ne soit publié en Français ! Par ailleurs, Le roi des mouches se passe en Allemagne (plutôt original, même si ca pourrait se passer dans n’importe quelle banlieue paumée), implique beaucoup les adultes (pas seulement des ados) et n’a rien à voir avec une maladie sexuellement transmissible ni avec des déformations monstrueuses, au contraire de Black hole. Ca reste bien du Mezzo et Pirus, pas de doute là-dessus. S’il y a des influences, j’irais plutôt les chercher du côté de David Lynch. Un album envoûtant, dérangeant, très réussi, à la fois au niveau des dessins (et des couleurs !) et du scénario qui évolue dans un monde réel mais qui a l’air tellement bizarre qu’il ressemble à un monde décalé. A mon avis, c’est le meilleur album de Mezzo et Pirus. A part ca, rien à ajouter aux autres critiques, qui en font un bon compte rendu.

11/01/2006 (modifier)
Par Quentin
Note: 4/5
Couverture de la série Le sourire du clown
Le sourire du clown

J'ai beaucoup aimé Le Pouvoir des innocents, et c'est donc avec plaisir que j'ai découvert le nouvel album du duo Hirn-Brunschwig. Je n'ai pas été déçu, même si ce premier album n'est pas facile à suivre (flashback pas toujours évidents). Dessin superbe et scénario efficace, démarrant sur la chronique d'une tragédie annoncée, sans qu'on sache vraiment qui en tire les ficelles ni comment elle finira. Il ne reste plus qu'à espérer que la suite ne nous décevra pas (ce qui n'est pas donné avec Brunschwig, vu le précédent de l'esprit de Warren).

11/01/2006 (modifier)
Par Quentin
Note: 5/5
Couverture de la série Les Mauvaises Gens
Les Mauvaises Gens

Avec « Les mauvaises gens », Etienne Davodeau nous refait le coup du reportage en BD, qui lui avait si bien réussi dans Rural !. Le sujet traite cette fois de l’histoire du syndicalisme social-chrétien et du socialisme dans les Mauges. De plus, loin de s’intéresser à des gens qu’il ne connaissait pas au départ (comme dans Rural !), Davodeau se penche ici sur l’histoire de ses propres parents, et donc en partie sur sa propre enfance. L’album se retrouve donc entre deux genres, le reportage (un genre dans lequel l’auteur est un pionnier et auquel il est en train de donner ses lettres de noblesses) et l’autobiographie. Mais l’autobiographie étant ici mise au service d’un sujet historique, Davodeau évite facilement plusieurs écueils du genre. De plus, en étant centré sur la famille, l’album prend une dimension supplémentaire et devient presque un hommage critique mais plein de tendresse de l’auteur à ses parents. On est habitué à ce genre de thème au cinéma, mais il reste relativement inédit en BD. Une fois de plus, Davodeau défriche des terrains inexplorés, et le fait d’une manière très convaincante et très intéressante. Cerise sur le gâteau, Davodeau reste un auteur engagé, qui a des convictions politiques et qui ne peut rester muet face à l'injustice sociale. On est donc très loin des BD dont le but n'est que de divertir son audience, en passant sous silence les problèmes de la société. Bref, il faut absolument lire « les mauvaises gens », pas seulement pour en savoir plus sur le syndicalisme en milieu rural et catholique, mais aussi pour découvrir un nouveau ton et de nouveaux sujets en bande dessinée, un média qu’Etienne Davodeau contribue à faire grandir et à rapprocher de sa maturité. Un livre indispensable dans la bibliothèque de tout bédéphile !

11/01/2006 (modifier)