Loin de moi l'idée de rabaisser une oeuvre mais si j'ai certes aimé cette bd originale à plus d'un titre (scénario, découpage et dessin), je ne lui mettrai tout de même pas la note maximale.
J'ai été beaucoup plus touché par "the fixer" de Joe Sacco (tome 2 de Histoires de Bosnie portant peu ou prou sur le même sujet) que par cet album qui met en évidence l'intemporalité de la guerre (d'ailleurs se déroule-t-elle en ex-yougoslavie ? et même a-t-elle vraiment existé ?)
Car le talent de Gipi réside dans le scénario d'une guerre passée ou à venir en Occident, à travers 3 jeunes gens qui vont grandir à travers ce chaos.
Malheureusement, j'ai lu "the fixer" l'an passé et cet univers de snipers, de chef de guerre, de trafic m'était déjà familier. Gipi reste un bon conteur d'histoire et je vais continuer à acheter ses livres que j'ai découvert, un peu trop tard.
Quand je repense à cette BD, j'ai un sentiment de dégoût et d'avoir lu une mauvaise BD. Et pourtant, je n'arrive pas à la détester. Je suis par contre soulagé de l'avoir trouvée en soldes à 3€ car j'aurais sûrement été nettement plus énervé de l'avoir payé le prix fort.
J'ai acheté et lu le Psychopompe avec curiosité. J'avais entendu parler d'elle, je voyais les avis très mitigés la concernant, l'ayant feuilleté j'avais vu son graphisme si particulier; j'étais donc vraiment curieux.
Le dessin est en effet vraiment spécial. Techniquement, il n'est pas beau. Un tiers des cases sont assez incompréhensibles. Les visages sont moches. Les décors et tout le reste sont modifiés en permanence d'une case à l'autre pour ne pas avoir à dessiner vraiment deux fois la même chose, ce qui prouverait la difficulté qu'a le dessinateur à représenter une seule et même chose sous plusieurs angles.
Mais la vraie originalité de ce dessin vient de sa colorisation : tout est noir. Les planches sont presque en "teintes de noir", agrémentées par ci par là d'un violet très sombre, voire d'orange foncé quand il brûle une flamme quelconque. Sans une bonne lumière, certaines planches sont véritablement difficiles à simplement voir (notamment le passage dans le bien-nommé domaine des Ténèbres). Toute la BD est comme ça. Original car cette obscurité réussit finalement à donner une vraie ambiance claustrophobique au récit.
Concernant le récit, justement, dès le début, j'ai aussitôt pensé à Requiem, Chevalier Vampire, sauf qu'au lieu d'un homme mauvais réincarné en vampire, c'est ici un homme mauvais réincarné en démon - sauf aussi que le dessin de Ledroit est excellent tandis que celui de Delmas n'est vraiment pas du même niveau -. Comme dans Requiem, Chevalier Vampire, le... héros va découvrir le mode de vie affreux des Enfers, il va se retrouver embrigadé dans de violents combats dans le monde infernal contre des horreurs ténébreuses, il va évoluer pour gagner en connaissance et en grade, etc... Dans Requiem, Chevalier Vampire, l'histoire ne se prend pas trop au sérieux et privilégie l'action aux dialogues. Ici par contre, ça se prend vraiment complètement au sérieux. C'en est parfois grotesque.
La narration est très pénible, allourdie par des tonnes de texte simili-poétique mais surtout pompeux. Le récit est difficile à suivre - il faut dire aussi que les dessins indéchiffrables et noir sur fond noir n'aident pas à la compréhension - et les personnages sont tout sauf attachants.
Mais le plus spécial dans ce récit, c'est à quel point il représente avec tout le sérieux qui s'impose une ode à l'Enfer, au Mal, à la Haine, la Douleur et au conflit total contre "Dieu le porc". Il y a véritablement de quoi parler là d'hymne au satanisme.
Cet hymne pourrait être fort, marquant, intelligent même si dérangeant : ici il est repoussant et grotesque par le sérieux avec lequel l'auteur nous assène des diatribes dythirambiques et autres poèmes maléfiques.
Vraiment une BD qu'on ne sait pas trop par quel bout prendre, avec la seule assurance me concernant que c'est une mauvaise BD, moche et mal construite, mais qui garde malgré tout une touche d'originalité qui mérite une lecture ou du moins une tentative de lecture par curiosité.
Que dire sinon que je conseille à tout le monde de se plonger dans cette série!! Je suis fan depuis le début et j' attends impatiemment la suite des aventures de nos héros!! Et ceci est valable également pour les séries parallèlles que sont Le Maître de Jeu et Le Clan des chimères...
Petite anectode: J' ai passé Noel à Paris et j' ai fait une folie dont je revais depuis longtemps; je me suis acheté une planche originale du chant des stryges!!( tome 3 planche 32)... Et que dire... SUPERBE!!!!
Merci aux auteurs de nous permettre de nous évader de cette réalité qui est parfois si cruelle..
Vivement les suites!!!
L’assassin qui parle aux oiseaux raconte une histoire classique d’ancien meurtre non élucidé et de vieilles jalousies qui remontent à la surface longtemps après. Le récit n’a rien d’original et on peut deviner le nœud de l’intrigue dès la moitié du premier tome, intrigue qui n’est même exploitée jusqu’à son dénouement. Servais a vraiment besoin d’un scénariste ! Ca aurait pu n’être qu’une mauvaise BD de plus. Mais la BD acquiert une autre dimension à partir du tome 2 grâce à l’importance que prennent les oiseaux dans l’histoire, pas seulement comme figurants, mais comme éléments essentiels puisque les métaphores ornithologiques fleurissent pour caractériser les différents protagonistes (enfant de coucou, roitelet, pie, oiseau de mauvais augure, etc.). L’idée n’est pas poussée très loin (même le clin d’œil à Hitchcock ne mène nulle part), mais sauve néanmoins la BD du naufrage. Cela permet aussi à Servais de se faire (et de nous faire) plaisir en nous montrant la beauté des Ardennes à travers ses oiseaux – pas seulement en dessins, mais aussi grâce à la musique d’un monde caché qui peuple la forêt. Bref, un Servais sympathique (malgré l'histoire médiocre), meilleur que la moyenne de ses dernières BDs.
Un univers noir, dans lequel la seule chose qui compte est l’estime des amis – estime qui se gagne en roulant des mécaniques, à coup de poing, et à force de risques inconsidérés. L’histoire de trois adolescents paumés, qui passent des petites conneries au crime organisé puis à la guerre, un parcours qui aura raison de leur amitié. Un récit très dur, d’une grande efficacité. La nomination à Angoulème dans la catégorie « meilleur album » est tout à fait méritée.
Comme souvent avec Follet, les dessins sont magnifiques (dans le cas de Shelena, on a une des plus belles couvertures faites en 2005 et quelques planches superbes - la danse des enfants avec les oiseaux sous la pluie par exemple) mais c'est au niveau du récit que ça coince. L'histoire racontée dans cet album ne m'a pas convaincu. On suit une famille et sa malédiction sur quatre générations en 50 pages. Certains personnages sont sympathiques, mais ils meurent trop rapidement pour qu'on ait le temps de s'y attacher. Tout va trop vite.
Le tour de valse est une superbe histoire. Beaucoup plus qu’un témoignage sur la vie dans les goulags, l’album traite de la capacité à vivre – pas seulement physiquement mais aussi existentiellement - face à la machine d’une histoire et d’une administration qui broie tout ce qui passe à travers ses rouages. Une histoire sur la difficulté d’être maître de son propre destin dans un monde kafkaïesque, sur la difficulté d’entretenir l’amour de l’autre et le respect de ses propres valeurs quand tout attachement à quelque chose d’autre qu’au parti est criminalisé. Les auteurs prennent le temps qu’il faut pour dérouler les fils qui relient les différents personnages, le temps d’une longue attente, le temps d’une vie - dommage que la fin aille si vite et rompe le charme. Les dessins sont superbes et arrivent à montrer des étincelles de force, ou même de dignité, se cachant au plus profond du désespoir. Un livre poignant, que l’on referme en se sentant éreinté mais néanmoins renforcé.
L’adaptation de l’histoire de Frankenstein par Denis Deprez m’a beaucoup plu, surtout pour les dessins et les couleurs qui sont superbes, quelque part entre Mattotti et Barbier. Rien que pour ca, cet album est fantastique. J’ai aussi apprécié que Deprez reprenne l’histoire originale de Mary Shelley (au lieu d'une adaptation ultérieure), mais je regrette néanmoins certains raccourcis scénaristiques. Les choix opérés par Deprez favorisent souvent les émotions des personnages (qui sont superbement rendues) ou certains épisodes qui semblent arbitrairement choisis plutôt que les intéressantes réflexions philosophico-morales que le récit soulève et qui sont traitées de manière superficielle. Le récit va un peu trop vite et on saute souvent d’un épisode de l'histoire à un autre, sans transition satisfaisante (à moins de connaître l’histoire à l’avance et de pouvoir deviner ce qui se cache derrière les non-dits). Malgré une maîtrise du rythme du récit qui ne m’a pas tout à fait convaincu, cet album m’a fait une forte impression.
Voici le premier album de Benoît Peeters et de Francois Schuiten qui n’est pas lié à Les Cités obscures (quoique certains liens existent et pourront être décelés par les amateurs obscurophiles).
L’album présente des extraits de journaux futurs. Au lieu de déconstruire et de se moquer gentiment des utopies du 19e siècle (comme dans les cités obscures), les portes du possible revisitent certaines des utopies/prophéties présentes, concernant les manipulations génétiques, l’avenir de la biodiversité, la gestion des déchets de notre société de consommation, l’urbanisme, etc. De la même manière qu’aucune des anciennes utopies ne se sont réalisées de la manière prédite, le futur imaginé par Benoit Peeters et Francois Schuiten évolue toujours de manière inattendue – hommage à la créativité humaine, clin d’oeil aux aléas de l’histoire et pied de nez aux faux prophètes annonçant que la fin du monde est proche.
Les portes du possible sont à nos utopies présentes ce que les cités obscures sont aux utopies passées, et tous ceux qui (comme moi) adorent les cités obscures adoreront tout autant les portes du possible. Le tout traité avec un humour pince-sans-rire qui fait mouche. L’album est cher, mais le prix est entièrement justifié lorsqu’on voit la qualité de l’album. Les doubles pages ne sont pas coupées au milieu, les couleurs sont superbes, le format n’enlève rien à la qualité des images.
Le même genre d’album qu’A l'ombre des tours mortes, mais un album beaucoup plus réussi que celui de Spiegelman, à mon avis. Schuiten et Peeters se renouvellent de manière magistrale, pour notre plus grand plaisir. Un must !
Hanté est une de mes grosses déceptions de 2005. J’aime beaucoup le tandem Dupuy-Berberian, et j’ai donc abordé la lecture de l’album avec un a priori positif. Le résumé et la critique que l’on trouve sur BDP annonçait aussi un livre intéressant, dans lequel l’auteur est censé explorer ses angoisses sur le vide ou la mutilation (avec une comparaison aux « carnets » de Nanni Moretti). Hélas, malgré quelques très beaux passages (le peintre et le vide, la conversation avec la mère), j’ai trouvé l’album globalement... vide. :) Le sujet est traité la plupart du temps de manière anecdotique, insignifiante (pour le lecteur), avec plein de détours. Question dessin, j'ai l'impression que tout a été fait à la va-vite, ce qui ne m'a pas du tout donné envie de m'attarder sur le dessin - je l'ai donc lu à la va-vite moi aussi. Le sujet se rapproche un peu d’une psychanalyse, sans cependant aller très loin et en noyant le poisson dans des historiettes bien gentilles mais qui ne cassent rien. Bref, je n’ai pas trouvé ça génial.
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Notes pour une histoire de guerre
Loin de moi l'idée de rabaisser une oeuvre mais si j'ai certes aimé cette bd originale à plus d'un titre (scénario, découpage et dessin), je ne lui mettrai tout de même pas la note maximale. J'ai été beaucoup plus touché par "the fixer" de Joe Sacco (tome 2 de Histoires de Bosnie portant peu ou prou sur le même sujet) que par cet album qui met en évidence l'intemporalité de la guerre (d'ailleurs se déroule-t-elle en ex-yougoslavie ? et même a-t-elle vraiment existé ?) Car le talent de Gipi réside dans le scénario d'une guerre passée ou à venir en Occident, à travers 3 jeunes gens qui vont grandir à travers ce chaos. Malheureusement, j'ai lu "the fixer" l'an passé et cet univers de snipers, de chef de guerre, de trafic m'était déjà familier. Gipi reste un bon conteur d'histoire et je vais continuer à acheter ses livres que j'ai découvert, un peu trop tard.
Le Psychopompe
Quand je repense à cette BD, j'ai un sentiment de dégoût et d'avoir lu une mauvaise BD. Et pourtant, je n'arrive pas à la détester. Je suis par contre soulagé de l'avoir trouvée en soldes à 3€ car j'aurais sûrement été nettement plus énervé de l'avoir payé le prix fort. J'ai acheté et lu le Psychopompe avec curiosité. J'avais entendu parler d'elle, je voyais les avis très mitigés la concernant, l'ayant feuilleté j'avais vu son graphisme si particulier; j'étais donc vraiment curieux. Le dessin est en effet vraiment spécial. Techniquement, il n'est pas beau. Un tiers des cases sont assez incompréhensibles. Les visages sont moches. Les décors et tout le reste sont modifiés en permanence d'une case à l'autre pour ne pas avoir à dessiner vraiment deux fois la même chose, ce qui prouverait la difficulté qu'a le dessinateur à représenter une seule et même chose sous plusieurs angles. Mais la vraie originalité de ce dessin vient de sa colorisation : tout est noir. Les planches sont presque en "teintes de noir", agrémentées par ci par là d'un violet très sombre, voire d'orange foncé quand il brûle une flamme quelconque. Sans une bonne lumière, certaines planches sont véritablement difficiles à simplement voir (notamment le passage dans le bien-nommé domaine des Ténèbres). Toute la BD est comme ça. Original car cette obscurité réussit finalement à donner une vraie ambiance claustrophobique au récit. Concernant le récit, justement, dès le début, j'ai aussitôt pensé à Requiem, Chevalier Vampire, sauf qu'au lieu d'un homme mauvais réincarné en vampire, c'est ici un homme mauvais réincarné en démon - sauf aussi que le dessin de Ledroit est excellent tandis que celui de Delmas n'est vraiment pas du même niveau -. Comme dans Requiem, Chevalier Vampire, le... héros va découvrir le mode de vie affreux des Enfers, il va se retrouver embrigadé dans de violents combats dans le monde infernal contre des horreurs ténébreuses, il va évoluer pour gagner en connaissance et en grade, etc... Dans Requiem, Chevalier Vampire, l'histoire ne se prend pas trop au sérieux et privilégie l'action aux dialogues. Ici par contre, ça se prend vraiment complètement au sérieux. C'en est parfois grotesque. La narration est très pénible, allourdie par des tonnes de texte simili-poétique mais surtout pompeux. Le récit est difficile à suivre - il faut dire aussi que les dessins indéchiffrables et noir sur fond noir n'aident pas à la compréhension - et les personnages sont tout sauf attachants. Mais le plus spécial dans ce récit, c'est à quel point il représente avec tout le sérieux qui s'impose une ode à l'Enfer, au Mal, à la Haine, la Douleur et au conflit total contre "Dieu le porc". Il y a véritablement de quoi parler là d'hymne au satanisme. Cet hymne pourrait être fort, marquant, intelligent même si dérangeant : ici il est repoussant et grotesque par le sérieux avec lequel l'auteur nous assène des diatribes dythirambiques et autres poèmes maléfiques. Vraiment une BD qu'on ne sait pas trop par quel bout prendre, avec la seule assurance me concernant que c'est une mauvaise BD, moche et mal construite, mais qui garde malgré tout une touche d'originalité qui mérite une lecture ou du moins une tentative de lecture par curiosité.
Le Chant des Stryges
Que dire sinon que je conseille à tout le monde de se plonger dans cette série!! Je suis fan depuis le début et j' attends impatiemment la suite des aventures de nos héros!! Et ceci est valable également pour les séries parallèlles que sont Le Maître de Jeu et Le Clan des chimères... Petite anectode: J' ai passé Noel à Paris et j' ai fait une folie dont je revais depuis longtemps; je me suis acheté une planche originale du chant des stryges!!( tome 3 planche 32)... Et que dire... SUPERBE!!!! Merci aux auteurs de nous permettre de nous évader de cette réalité qui est parfois si cruelle.. Vivement les suites!!!
L'Assassin qui parle aux oiseaux
L’assassin qui parle aux oiseaux raconte une histoire classique d’ancien meurtre non élucidé et de vieilles jalousies qui remontent à la surface longtemps après. Le récit n’a rien d’original et on peut deviner le nœud de l’intrigue dès la moitié du premier tome, intrigue qui n’est même exploitée jusqu’à son dénouement. Servais a vraiment besoin d’un scénariste ! Ca aurait pu n’être qu’une mauvaise BD de plus. Mais la BD acquiert une autre dimension à partir du tome 2 grâce à l’importance que prennent les oiseaux dans l’histoire, pas seulement comme figurants, mais comme éléments essentiels puisque les métaphores ornithologiques fleurissent pour caractériser les différents protagonistes (enfant de coucou, roitelet, pie, oiseau de mauvais augure, etc.). L’idée n’est pas poussée très loin (même le clin d’œil à Hitchcock ne mène nulle part), mais sauve néanmoins la BD du naufrage. Cela permet aussi à Servais de se faire (et de nous faire) plaisir en nous montrant la beauté des Ardennes à travers ses oiseaux – pas seulement en dessins, mais aussi grâce à la musique d’un monde caché qui peuple la forêt. Bref, un Servais sympathique (malgré l'histoire médiocre), meilleur que la moyenne de ses dernières BDs.
Notes pour une histoire de guerre
Un univers noir, dans lequel la seule chose qui compte est l’estime des amis – estime qui se gagne en roulant des mécaniques, à coup de poing, et à force de risques inconsidérés. L’histoire de trois adolescents paumés, qui passent des petites conneries au crime organisé puis à la guerre, un parcours qui aura raison de leur amitié. Un récit très dur, d’une grande efficacité. La nomination à Angoulème dans la catégorie « meilleur album » est tout à fait méritée.
Shelena
Comme souvent avec Follet, les dessins sont magnifiques (dans le cas de Shelena, on a une des plus belles couvertures faites en 2005 et quelques planches superbes - la danse des enfants avec les oiseaux sous la pluie par exemple) mais c'est au niveau du récit que ça coince. L'histoire racontée dans cet album ne m'a pas convaincu. On suit une famille et sa malédiction sur quatre générations en 50 pages. Certains personnages sont sympathiques, mais ils meurent trop rapidement pour qu'on ait le temps de s'y attacher. Tout va trop vite.
Le Tour de Valse
Le tour de valse est une superbe histoire. Beaucoup plus qu’un témoignage sur la vie dans les goulags, l’album traite de la capacité à vivre – pas seulement physiquement mais aussi existentiellement - face à la machine d’une histoire et d’une administration qui broie tout ce qui passe à travers ses rouages. Une histoire sur la difficulté d’être maître de son propre destin dans un monde kafkaïesque, sur la difficulté d’entretenir l’amour de l’autre et le respect de ses propres valeurs quand tout attachement à quelque chose d’autre qu’au parti est criminalisé. Les auteurs prennent le temps qu’il faut pour dérouler les fils qui relient les différents personnages, le temps d’une longue attente, le temps d’une vie - dommage que la fin aille si vite et rompe le charme. Les dessins sont superbes et arrivent à montrer des étincelles de force, ou même de dignité, se cachant au plus profond du désespoir. Un livre poignant, que l’on referme en se sentant éreinté mais néanmoins renforcé.
Frankenstein
L’adaptation de l’histoire de Frankenstein par Denis Deprez m’a beaucoup plu, surtout pour les dessins et les couleurs qui sont superbes, quelque part entre Mattotti et Barbier. Rien que pour ca, cet album est fantastique. J’ai aussi apprécié que Deprez reprenne l’histoire originale de Mary Shelley (au lieu d'une adaptation ultérieure), mais je regrette néanmoins certains raccourcis scénaristiques. Les choix opérés par Deprez favorisent souvent les émotions des personnages (qui sont superbement rendues) ou certains épisodes qui semblent arbitrairement choisis plutôt que les intéressantes réflexions philosophico-morales que le récit soulève et qui sont traitées de manière superficielle. Le récit va un peu trop vite et on saute souvent d’un épisode de l'histoire à un autre, sans transition satisfaisante (à moins de connaître l’histoire à l’avance et de pouvoir deviner ce qui se cache derrière les non-dits). Malgré une maîtrise du rythme du récit qui ne m’a pas tout à fait convaincu, cet album m’a fait une forte impression.
Les Portes du possible
Voici le premier album de Benoît Peeters et de Francois Schuiten qui n’est pas lié à Les Cités obscures (quoique certains liens existent et pourront être décelés par les amateurs obscurophiles). L’album présente des extraits de journaux futurs. Au lieu de déconstruire et de se moquer gentiment des utopies du 19e siècle (comme dans les cités obscures), les portes du possible revisitent certaines des utopies/prophéties présentes, concernant les manipulations génétiques, l’avenir de la biodiversité, la gestion des déchets de notre société de consommation, l’urbanisme, etc. De la même manière qu’aucune des anciennes utopies ne se sont réalisées de la manière prédite, le futur imaginé par Benoit Peeters et Francois Schuiten évolue toujours de manière inattendue – hommage à la créativité humaine, clin d’oeil aux aléas de l’histoire et pied de nez aux faux prophètes annonçant que la fin du monde est proche. Les portes du possible sont à nos utopies présentes ce que les cités obscures sont aux utopies passées, et tous ceux qui (comme moi) adorent les cités obscures adoreront tout autant les portes du possible. Le tout traité avec un humour pince-sans-rire qui fait mouche. L’album est cher, mais le prix est entièrement justifié lorsqu’on voit la qualité de l’album. Les doubles pages ne sont pas coupées au milieu, les couleurs sont superbes, le format n’enlève rien à la qualité des images. Le même genre d’album qu’A l'ombre des tours mortes, mais un album beaucoup plus réussi que celui de Spiegelman, à mon avis. Schuiten et Peeters se renouvellent de manière magistrale, pour notre plus grand plaisir. Un must !
Hanté
Hanté est une de mes grosses déceptions de 2005. J’aime beaucoup le tandem Dupuy-Berberian, et j’ai donc abordé la lecture de l’album avec un a priori positif. Le résumé et la critique que l’on trouve sur BDP annonçait aussi un livre intéressant, dans lequel l’auteur est censé explorer ses angoisses sur le vide ou la mutilation (avec une comparaison aux « carnets » de Nanni Moretti). Hélas, malgré quelques très beaux passages (le peintre et le vide, la conversation avec la mère), j’ai trouvé l’album globalement... vide. :) Le sujet est traité la plupart du temps de manière anecdotique, insignifiante (pour le lecteur), avec plein de détours. Question dessin, j'ai l'impression que tout a été fait à la va-vite, ce qui ne m'a pas du tout donné envie de m'attarder sur le dessin - je l'ai donc lu à la va-vite moi aussi. Le sujet se rapproche un peu d’une psychanalyse, sans cependant aller très loin et en noyant le poisson dans des historiettes bien gentilles mais qui ne cassent rien. Bref, je n’ai pas trouvé ça génial.