Déjà auteur de Couleur de peau : miel, Jung a été profondément marqué par son adoption. Il revient sur ce sujet avec cet album. Et même s’il ne s’agit pas d’un récit biographique, le fait que nous soyons plongés dans les pensées du personnage principal et les éléments issus du monde réel sont si présents que l’on a vraiment le sentiment de se trouver face à un témoignage.
A titre personnel, il m’aura fallu quelques pages avant de vraiment me sentir happé par ce récit. Mais une fois happé, je n’ai plus su lâcher prise. Car ce récit est extrêmement touchant et nous permet de mieux appréhender (je n’oserais dire comprendre tant ces sentiments doivent être personnels) les sentiments contradictoires d’une personne adoptée et ce besoin viscéral de connaître ses origines quand bien même sa famille d’adoption aurait été aimante.
Et au-delà de l’intérêt du scénario, cet album offre un magnifique visuel. Jung multiplie les belles cases dans lesquelles l’émotion affleure tant grâce à ses cadrages et à la finesse de son trait qu’à cette colorisation soignée qui ne met en avant qu’une seule couleur, celle des coquelicots référence directe au passé de l’héroïne.
Un bien bel album, donc, pour encore un peu plus explorer les états d’âme des personnes adoptées.
Une série que je n'aurais sans doute jamais découverte sans ce merveilleux site. Je précise que je n'ai lu que les albums parus chez Mosquito et d'ailleurs je n'ai pas trop apprécié comment cet éditeur a traité cette série. En effet, elle ne s'est concentrée que sur les épisodes dessinés par le même dessinateur et non tous les épisodes de la série. J'aurais préféré que l'on publie la série du début jusqu'à la fin (ou du moins aussi loin que l'éditeur pouvait se le permettre) parce que j'aime bien voir l'évolution d'une série, mais aussi parce que les épisodes sont plus ou moins indépendants. On peut prendre un tome par hasard et le scénario n'est pas confus, mais on fait souvent référence à des aventures qui ont déjà eu lieu et c'est frustrant de voir des rappels pour des épisodes qui n'ont pas été traduits. Le pire est le traitement du personnage de Hogan, présenté comme l'ennemi juré du héros sauf que comme il est déjà apparu lorsqu'il fait sa première apparition dans les albums traduits par Mosquito, c'est pas trop clair pourquoi les deux sont ennemis. Enfin, la fin du tome 8 donne une piste sur les vraies motivations de Hogan et c'est frustrant parce que je ne verrais probablement jamais comment évolue la relation entre les ennemis jurés.
Bon, même je vais expliquer pourquoi j'ai autant aimé cette série. C'est du western classique qui reprend les codes du genre, mais il les utilise habilement. Plusieurs fois, je pensais que j'avais deviné ce qui allait se passer et le scénariste m'a surpris. Certains personnages sont plus complexes qu'ils n'y paraissent à première vue. Les scénarios sont prenants et mélangent habilement psychologie, aventure, western et fantastique. Ce dernier élément varie au fil des histoires : parfois le fantastique ne fait qu'une timide apparition et d'autres fois c'est le point central du récit, notamment lorsque Esprit du Vent doit affronter des monstres fantastiques. Les histoires sont solides et seul le tome 5 m'aura un peu déçu. Le dessin est du très beau noir et blanc comme savent le faire les dessinateurs italiens.
Bref, un exemple de BD populaire italienne (celle où il y a un nouvel épisode de pratiquement 100 pages qui sort chaque mois) réussi et intelligent. Un must pour les amateurs de western.
La petite histoire raconte que Marjane Satrapi eut l'idée de concevoir ce récit autobiographique après avoir lu Maus de Art Spiegelman. Grand bien lui en a pris puisque cette inspiration aura accouché d'un second petit chef d'oeuvre dans le monde pas si évident de la bande dessinée.
Oh bien sûr, il y aura toujours des détracteurs à l'encontre de Persepolis qui sera perçu comme de la bd destinée aux gens qui ne lisent pas de bd. D'autres qui vont relier ce phénomène littéraire aux prémisses du courant féministe actuel et mêmes qui vont le considérer comme un parjure religieux.
Et si tout simplement Persepolis était simplement un conte d'une rare finesse ? Une bête histoire d'une jeune femme de notre époque née dans une contrée aux us et coutumes différentes des nôtres mais d'une modernité et d'une liberté de penser sans égal ? Oui ce serait davantage mon ressenti.
Marjane Satrapi se remémore donc sa jeunesse dans l'Iran des années 70/80 et surtout de la Révolution de 1979 qui aura transformé le pays en une république islamique. Par chance, la jeune fille est issue d'une famille des plus bienveillantes et va nous raconter son quotidien jusqu'à son départ en France pour y poursuivre ses études...
Parsemé de petits chapitres et tout autant d'anecdotes, Marjane Satrapi fait preuve d'une vivacité et d'une verve rayonnantes. Qu'il s'agisse d'expliquer les bouleversements culturels de la Révolution, d'y relater quelques méfaits sordides liés à la guerre civile ou simplement d'y raconter ses premiers émois amoureux, le tout se fait avec une spontanéité et une simplicité étonnantes. Cette histoire a beau être basée sur des souvenirs et peut-être même parfois un peu policée, on ressent tout à fait la bonne humeur rayonnante d'une histoire banale dans un pays en souffrance.
Souvent très drôle et toujours sincère, Persepolis bénéficie également d'un joli dessin que beaucoup pourraient qualifier d'amateur. Je le trouve aussi lisible qu'attrayant dans un très beau contraste noir et blanc.
On perçoit également l'évolution entre les différents tomes ce qui est tout à fait en adéquation avec le passage de l'enfance vers l'âge adulte pour la jeune Marjane. Avec un peu de recul on sera même surpris de la voir s'éloigner de ses terres natales vers l'Autriche des années 80 où elle est confrontée aussi bien à l'adolescence qu'au monde occidental. Le récit est étonnamment vivant et jamais lassant ou redondant. Tour à tout chronique, conte ou farce, Persepolis ne se lit pas, mieux il se dévore. D'une traite ou par petites touches avec son chapitrage agréable, l'oeuvre est finalement fort éloignée de Maus dont elle ne garde que la substance autobiographique et dramatique tout en insufflant sa propre énergie. On passe ainsi des rires aux larmes en un claquement de doigts et le regard porté par la jeune fille de 10 ans comme celui de la jeune femme de 21 ans conserve ses rêves et ses espoirs.
Riad Sattouf a du également s'inspirer de ce roman fleuve pour L'Arabe du futur qui y décrit également ses propres souvenirs.
Persepolis n'est donc pas l'oeuvre dérangeante que les esprits chagrins extrémistes veulent censurer, ce n'est pas non plus le "Candide" de Voltaire ou la Shoah anthropomorphe. C'est simplement l'histoire d'une jeune fille alerte du XXème siècle rendant hommage à ses racines, à sa famille et à sa bonne humeur et c'est en tous points remarquable, drôle et émouvant. Merci Madame Satrapi.
Bienvenue à Gristlewood.
Oh que voilà une très bonne chose! Personnellement je kiffe très fort ce genre de récit et si en plus il est mis en scène par Steve Nile avec au dessin le talentueux Damien Worm, que voulez vous moi je suis preneur.
Au dessin donc D. Worm, dont le trait en un poil plus léché fait indubitablement penser à l'excellent Ben Templesmith, nous propose ici des ambiances oppressantes et lugubres à souhaits. Ce dessin demande aux lecteurs un peu d'attention dans le sens où il ne se dévoile que par bribes. Tout se passe dans une pénombre crépusculaire où des silhouettes longilignes évoluent telles des ombres. Certains détails ne se révèlent que peu à peu dans des perspectives bizarroïdes et parfois au détour d'une case surgit un visage de ceux que l'on n'aimerait pas croiser le soir au coin d'un bois, taillé à la hache, forcément, comme maquillé pour un Halloween de déments. Ne pas oublier la belle couverture gothique qui n'est pas sans rappeler la famille Adams.
Les choses dites ainsi vous vous attendriez sans doute à un nouveau bête récit horrifique avec un dessin un peu trash. Encore un récit avec des monstres de tous poils, des jets d'hémoglobine à n'en plus finir, bref du slasher de seconde zone pour ados prépubères. Que nenni braves gens, qui dit monstres ne dit pas forcément grosse bêtes poilues et jets de sang. Le monstre ce n'est pas le vampire, la goule, cela peut être quelque chose de bien moins abstrait de plus réel et finalement pourquoi pas vous ?
Contrairement donc à l'idée reçue ce récit qui met en scène une famille décomposée chasseuse de monstres, l'histoire n'en oublie pas pour autant l'humour, attention genre second degré, pas de l'humour à la Bigard. Certes cette belle famille cache de sordides secrets mais elle fait front grâce à un scénario malin qui à coup de non dits, de révélations, de courts flashbacks donne aux personnages une véritable épaisseur.
Pour ma part une belle découverte, merci luluZifer, j'en connais d'autres qui devraient aimer, donc faites tourner, vivement la suite.
Il y avait bien longtemps qu'une BD ne m'avait pas fait rire, je dois remonter aux albums de Gaston Lagaffe, ce qui ne nous rajeunit pas. Comme cet album est bien vu, il projette les protagonistes dans un autre monde un brin dépassé mais en même temps plein de bon sens. Critiquant gentiment le fameux retour à la terre qui eut ses adeptes il me fait grandement penser à certaines personnes que je connais et qui, pleines d'optimisme et d'allant, se sont elles aussi jetées dans ce fameux retour parfois plus rempli de déboires qu'autre chose. Ah ces acheteurs de ruines en pleine campagne qui pensaient qu'avec deux trois planches, un marteau et quelques clous ils allaient pouvoir vivre heureux en faisant pousser des patates.
Ici Larcenet et Ferri sont finalement très gentils et nous proposent des "ruraux" atypiques mais à mourir de rire. Outre Mme Mortemont, le personnage de l'ermite me plaît bien et me rappelle le personnage du gouverneur dans les romans de Carl Hiassen.
En fait c'est une série qui, en ces temps un brin moroses, donne la pêche avec au final plus de respect qu'une lecture rapide pourrait laisser supposer sur ces "ruraux" qui sont pleins de bon sens.
Un mot sur le graphisme de Manu Larcenet, ici plutôt simple mais expressif, ce type a de l'or dans les doigts et change de registre de manière magistrale. J'en veux pour preuve ses exceptionnelles séries Blast et Le Rapport de Brodeck.
Je m'attendais tellement à un manga normal style gros pouvoirs dans ta face dès le départ, j'ai été rebuté par le début qui prend à contre pied direct avec un début surprenant pour un shonen. C'est dur de changer ses habitudes mais ça vaut le coup quand on tombe sur un manga comme Horion je trouve. Y a plein de personnages qui pètent la classe direct dans le tome 1 mais c'est surtout avec le tome 2 et 3 qu'on découvre la profondeur du truc. Niveau scénario ça ose des trucs couillus et niveau dessin ça envoie du lourd. Y a pas, je suis client. Par contre, si la suite pouvait arriver plus vite svp, merci. ^^
Il y a rarement de surprises lorsque Fabien Nury est au scénario. Et ce que ce soit négatives ou positives. Côté négatif, on peut regretter le manque d'originalité dans les scénarios, c'est souvent des choses assez simples, qui ne révolutionnent pas le monde de la bd. Côté positif, la narration est toujours hyper efficace et l'histoire, si elle n'est donc jamais la plus originale, est toujours hyper bien racontée. C'est encore une fois le cas dans cette bd d'espionnage, qui se découpe en deux diptyques.
Nous suivons Silas Corey, ancien soldat devenu espion et aux méthodes radicales dans des aventures d'espionnage, pendant et juste après la guerre. Il est accompagné d'une escouade de personnages secondaires tous réussis, et intéressants. Les deux aventures sont suffisamment alambiquées pour être crédibles dans une histoire d'espionnage, et suffisamment simples pour pouvoir les comprendre aisément. J'avoue que je suis parfois un peu perdu dans les récits d'espionnage ; là, même si il m'a fallu un minimum d'attention et quelques retours en arrière, j'ai pu garder le fil. L'histoire est bien faite, comme je le disais ce n'est pas la plus originale du monde mais elle est très bien racontée. Et, au fond, c'est ce qui est le plus important. Pas de fausse note donc en ce qui concerne l'histoire en elle même, on est captivé du début à la fin.
On pourra simplement peut-être regretter (moi en tout cas) que la relation entre Nam et Corey n'ai pas été plus explorée, notamment sous l'angle des sentiments amoureux qui me semblaient suggérés dans les deux premiers albums. Cela aurait apporté un petit plus, une touche d'originalité qui aurait à mon sens été bienvenue. Reste que je ne me suis pas ennuyé une seconde à la lecture de cette bd, et ça reste le plus important.
Quant au dessin, je le trouve très bon. Les scènes d'action sont tout à fait crédibles et bien dessinées, les expressions des personnages bien rendues. C'est un style qui est agréable à l'oeil et qui est bien maitrisé par Pierre Alary, et c'est un véritable plus pour cette oeuvre selon moi. Le dessin est vraiment très sérieux et c'est ce qui permet pour moi de faire passer la note à 4/5.
Malgré les apparences, cette BD ne s’adresse pas vraiment aux enfants. Un peu à l’image de GiedRé dont les chansons ressemblent à des comptines mais se révèlent être en fait des paillardises très coquines au trentième-septième degré (féministes en vérité), propres (si on peut dire) à faire rougir votre vieil oncle Bernard pourtant amateur de blagues sous le niveau de la ceinture. Bien sûr, il n’est pas question de cul ici, parce que ce n’est pas le propos. Non, GiedRé nous raconte une histoire authentique, SON histoire, lorsqu’elle était fillette dans une Lituanie soviétique où les conditions de vie n’étaient pas franchement des plus drôles. Pourtant, ce qui pourrait paraître plombant pour un adulte ressort toujours transformé sous le regard d’une enfant, et avec GiedRé, il ne pouvait en aller autrement. Avec un mélange d’espièglerie et d’innocence, elle évoque ses souvenirs en se remettant dans la peau de la fillette qu’elle fut, entre une mère fragile et aimante et un père nonchalant et alcoolo, mais surtout une grand-mère haute en couleurs, ce qui donne lieu à quelques anecdotes truculentes. En effet, cette dernière voulait toujours lui faire boire de l’alcool pour qu’elle s’habitue et se protège ainsi des garçons qui risquaient de profiter d’elle plus tard…
Holly R vient renforcer le charme de ce récit plein d’humour avec ses dessins naïfs et coloriés aux Caran d’Ache de notre enfance, bien loin de la supposée grisaille soviétique. Et cette boîte de petits pois, que vient-elle faire dans tout ça, me direz-vous ? Cela paraît difficile à croire, mais il se trouve que cet aliment, un peu ringardisé dans notre alimentation moderne, était pour les gens vivant en U.R.S.S. une denrée rare et appréciée que l’on servait pour les fêtes de Noël, souvent réservée aux apparatchiks. La mère de GiedRé s’évanouit lorsqu’elle vit son futur beau-frère en train d’en manger, alors que son père venait de l’introduire dans sa famille ! Et vous, vous savez ce que vous mangerez à Noël ?
Je ne suis fan ni de Christophe Blain (dont je reconnais néanmoins le talent), ni de Joann Sfar (qui la plupart du temps m’endort profondément). Les voir reprendre ce monument, cet icône, ce symbole de la bande dessinée et du western qu’est Blueberry avait de quoi m’effrayer… mais aussi m’intriguer.
Parce que, oui, je suis un grand fan de Blueberry, de sa gueule cassée, de son sens personnel de la justice, de sa manie de plaire aux femmes loin desquelles il ferait mieux de fuir. Blueberry, c’est une charte, un symbole. On ne touche pas à Blueberry !!
J’ai beaucoup aimé ce premier volet.
D’abord parce qu’il respecte parfaitement l’esprit de la série mère. On retrouve le Blueberry que l’on connait, toujours aussi doué pour se foutre les pires ennuis sur le dos tout en voulant aider son prochain. On retrouve cet univers de western inspiré par le cinéma italien et les œuvres américaines des années 70. Ici, une famille de dégénérés menée par un pasteur cruel et vicieux va faire office de catalyseur. Blueberry va devoir les protéger d’une juste vengeance indienne tout en évitant que cette vengeance ne sombre dans un bain de sang infernal et aveugle. C’est du bon, c’est du grand, c’est du pur Blueberry.
Mais j’aurais été déçu si les auteurs n’avaient pas apporté quelque chose en plus, ou du moins de différent. Et ils y parviennent grâce à la force de leurs personnages pas si secondaires que cela. Les femmes font montre d’un caractère fidèle à celui qu’elles affichaient déjà dans la série mère. Les indiens ne sont pas de simples victimes ou de sombres brutes, la vérité se situe ici entre les deux avec au départ un légitime besoin de vengeance mais qui glisse en cours de route vers la rancune aveugle. La complexité et l’ambivalence des sentiments et émotions de ces personnages apportent une touche originale au récit. Mais, et c’est important de le souligner, sans alourdir la narration, sans plomber les propos sous des réflexions vaguement philosophiques.
Et puis il y a l’excellent dessin de Christophe Blain. Alors, oui, ça change de Giraud… mais j’ai envie de dire « pas tant que ça ». Et certainement pas autant que je le craignais, et si vous avez des doutes, comme moi avant ma lecture, je vous invite à feuilleter l’album pour vous en convaincre. C’est beau, c’est racé, c’est soigné avec une bonne mise en page et la régulière mise en avant de grands espaces.
Franchement, je suis heureux que ma curiosité l’ai emporté sur mes craintes car c’est le meilleur album de Blueberry que j’ai lu depuis longtemps ! Vivement la suite !!!
Je ne sais pas comment vous convaincre que cet album n’est pas une œuvre opportune sortie à l’époque d’Halloween juste pour faire nombre dans les rayons de librairies déjà débordées.
Je pourrais vous parler de sa scénariste, Malika Ferdjoukh. Vous dire qu’avant d’être scénariste, elle est auteure de romans, dont l’excellente série des « Quatre soeurs » déjà adaptée (avec talent) par Cati Baur. Vous vanter son art de marier légèreté apparente et réflexions plus profondes, son habileté à créer des récits destinés de prime abord aux adolescents mais qui toucheront un bien plus large public. Souligner encore que pour un travail d’une romancière, ce scénario adapté d’une de ses propres œuvres ne souffre en rien du transfert d’un support vers un autre. Oui, je pourrais vous dire tout ça…
Je pourrais aussi vous parler du dessinateur, Nicolas Pitz. De l’intelligence et de l’inventivité dont il a fait preuve pour illustrer les passages se déroulant la nuit. Du talent dont il a fait montre pour parvenir à singulariser chacun des nombreux membres de cette famille recomposée et complexe. De la fraicheur et de la naïveté qui peuvent surgir de son trait. Oui, ça aussi, je pourrais l'évoquer...
Je pourrais enfin vous parler de ce récit, de sa finesse. Souligner le fait qu’il nous confie des petits et des grands secrets, que chaque personnage en a un bien à lui, ou qu’il partage avec d’autre. Vous dire que cet album parle d’amours inavouées (les plus douloureuses) et d’amitiés sincères. Insister tout de même sur le fait que derrière ce roman graphique se cache une intrigue policière, avec un cadavre quelque peu encombrant que l’on ira cacher tantôt dans les citrouilles, tantôt dans un placard…
… et puis vous avouer enfin que j’ai eu la larme à l’œil lorsque cette histoire qui paraissait pourtant si légère finit par tourner au drame pour un de ses personnages…
Je pourrais vous dire tout ça mais j’aurais peur que vous attendiez de cet album monts et merveilles… alors qu’il s’agit tout simplement d’un chouette album. Ni une œuvre opportune et mercantile, ni un récit révolutionnaire… mais une histoire qui m’a touché par sa finesse et l’émotion qu’elle parvient à distiller.
Seul reproche : pas toujours facile de s’y retrouver dans les liens qui unissent les différents membres de cette famille recomposée. Un petit arbre généalogique planqué quelque part aurait, je pense, été l’arme ultime pour m’achever.
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Babybox
Déjà auteur de Couleur de peau : miel, Jung a été profondément marqué par son adoption. Il revient sur ce sujet avec cet album. Et même s’il ne s’agit pas d’un récit biographique, le fait que nous soyons plongés dans les pensées du personnage principal et les éléments issus du monde réel sont si présents que l’on a vraiment le sentiment de se trouver face à un témoignage. A titre personnel, il m’aura fallu quelques pages avant de vraiment me sentir happé par ce récit. Mais une fois happé, je n’ai plus su lâcher prise. Car ce récit est extrêmement touchant et nous permet de mieux appréhender (je n’oserais dire comprendre tant ces sentiments doivent être personnels) les sentiments contradictoires d’une personne adoptée et ce besoin viscéral de connaître ses origines quand bien même sa famille d’adoption aurait été aimante. Et au-delà de l’intérêt du scénario, cet album offre un magnifique visuel. Jung multiplie les belles cases dans lesquelles l’émotion affleure tant grâce à ses cadrages et à la finesse de son trait qu’à cette colorisation soignée qui ne met en avant qu’une seule couleur, celle des coquelicots référence directe au passé de l’héroïne. Un bien bel album, donc, pour encore un peu plus explorer les états d’âme des personnes adoptées.
Esprit du vent
Une série que je n'aurais sans doute jamais découverte sans ce merveilleux site. Je précise que je n'ai lu que les albums parus chez Mosquito et d'ailleurs je n'ai pas trop apprécié comment cet éditeur a traité cette série. En effet, elle ne s'est concentrée que sur les épisodes dessinés par le même dessinateur et non tous les épisodes de la série. J'aurais préféré que l'on publie la série du début jusqu'à la fin (ou du moins aussi loin que l'éditeur pouvait se le permettre) parce que j'aime bien voir l'évolution d'une série, mais aussi parce que les épisodes sont plus ou moins indépendants. On peut prendre un tome par hasard et le scénario n'est pas confus, mais on fait souvent référence à des aventures qui ont déjà eu lieu et c'est frustrant de voir des rappels pour des épisodes qui n'ont pas été traduits. Le pire est le traitement du personnage de Hogan, présenté comme l'ennemi juré du héros sauf que comme il est déjà apparu lorsqu'il fait sa première apparition dans les albums traduits par Mosquito, c'est pas trop clair pourquoi les deux sont ennemis. Enfin, la fin du tome 8 donne une piste sur les vraies motivations de Hogan et c'est frustrant parce que je ne verrais probablement jamais comment évolue la relation entre les ennemis jurés. Bon, même je vais expliquer pourquoi j'ai autant aimé cette série. C'est du western classique qui reprend les codes du genre, mais il les utilise habilement. Plusieurs fois, je pensais que j'avais deviné ce qui allait se passer et le scénariste m'a surpris. Certains personnages sont plus complexes qu'ils n'y paraissent à première vue. Les scénarios sont prenants et mélangent habilement psychologie, aventure, western et fantastique. Ce dernier élément varie au fil des histoires : parfois le fantastique ne fait qu'une timide apparition et d'autres fois c'est le point central du récit, notamment lorsque Esprit du Vent doit affronter des monstres fantastiques. Les histoires sont solides et seul le tome 5 m'aura un peu déçu. Le dessin est du très beau noir et blanc comme savent le faire les dessinateurs italiens. Bref, un exemple de BD populaire italienne (celle où il y a un nouvel épisode de pratiquement 100 pages qui sort chaque mois) réussi et intelligent. Un must pour les amateurs de western.
Persepolis
La petite histoire raconte que Marjane Satrapi eut l'idée de concevoir ce récit autobiographique après avoir lu Maus de Art Spiegelman. Grand bien lui en a pris puisque cette inspiration aura accouché d'un second petit chef d'oeuvre dans le monde pas si évident de la bande dessinée. Oh bien sûr, il y aura toujours des détracteurs à l'encontre de Persepolis qui sera perçu comme de la bd destinée aux gens qui ne lisent pas de bd. D'autres qui vont relier ce phénomène littéraire aux prémisses du courant féministe actuel et mêmes qui vont le considérer comme un parjure religieux. Et si tout simplement Persepolis était simplement un conte d'une rare finesse ? Une bête histoire d'une jeune femme de notre époque née dans une contrée aux us et coutumes différentes des nôtres mais d'une modernité et d'une liberté de penser sans égal ? Oui ce serait davantage mon ressenti. Marjane Satrapi se remémore donc sa jeunesse dans l'Iran des années 70/80 et surtout de la Révolution de 1979 qui aura transformé le pays en une république islamique. Par chance, la jeune fille est issue d'une famille des plus bienveillantes et va nous raconter son quotidien jusqu'à son départ en France pour y poursuivre ses études... Parsemé de petits chapitres et tout autant d'anecdotes, Marjane Satrapi fait preuve d'une vivacité et d'une verve rayonnantes. Qu'il s'agisse d'expliquer les bouleversements culturels de la Révolution, d'y relater quelques méfaits sordides liés à la guerre civile ou simplement d'y raconter ses premiers émois amoureux, le tout se fait avec une spontanéité et une simplicité étonnantes. Cette histoire a beau être basée sur des souvenirs et peut-être même parfois un peu policée, on ressent tout à fait la bonne humeur rayonnante d'une histoire banale dans un pays en souffrance. Souvent très drôle et toujours sincère, Persepolis bénéficie également d'un joli dessin que beaucoup pourraient qualifier d'amateur. Je le trouve aussi lisible qu'attrayant dans un très beau contraste noir et blanc. On perçoit également l'évolution entre les différents tomes ce qui est tout à fait en adéquation avec le passage de l'enfance vers l'âge adulte pour la jeune Marjane. Avec un peu de recul on sera même surpris de la voir s'éloigner de ses terres natales vers l'Autriche des années 80 où elle est confrontée aussi bien à l'adolescence qu'au monde occidental. Le récit est étonnamment vivant et jamais lassant ou redondant. Tour à tout chronique, conte ou farce, Persepolis ne se lit pas, mieux il se dévore. D'une traite ou par petites touches avec son chapitrage agréable, l'oeuvre est finalement fort éloignée de Maus dont elle ne garde que la substance autobiographique et dramatique tout en insufflant sa propre énergie. On passe ainsi des rires aux larmes en un claquement de doigts et le regard porté par la jeune fille de 10 ans comme celui de la jeune femme de 21 ans conserve ses rêves et ses espoirs. Riad Sattouf a du également s'inspirer de ce roman fleuve pour L'Arabe du futur qui y décrit également ses propres souvenirs. Persepolis n'est donc pas l'oeuvre dérangeante que les esprits chagrins extrémistes veulent censurer, ce n'est pas non plus le "Candide" de Voltaire ou la Shoah anthropomorphe. C'est simplement l'histoire d'une jeune fille alerte du XXème siècle rendant hommage à ses racines, à sa famille et à sa bonne humeur et c'est en tous points remarquable, drôle et émouvant. Merci Madame Satrapi.
October Faction
Bienvenue à Gristlewood. Oh que voilà une très bonne chose! Personnellement je kiffe très fort ce genre de récit et si en plus il est mis en scène par Steve Nile avec au dessin le talentueux Damien Worm, que voulez vous moi je suis preneur. Au dessin donc D. Worm, dont le trait en un poil plus léché fait indubitablement penser à l'excellent Ben Templesmith, nous propose ici des ambiances oppressantes et lugubres à souhaits. Ce dessin demande aux lecteurs un peu d'attention dans le sens où il ne se dévoile que par bribes. Tout se passe dans une pénombre crépusculaire où des silhouettes longilignes évoluent telles des ombres. Certains détails ne se révèlent que peu à peu dans des perspectives bizarroïdes et parfois au détour d'une case surgit un visage de ceux que l'on n'aimerait pas croiser le soir au coin d'un bois, taillé à la hache, forcément, comme maquillé pour un Halloween de déments. Ne pas oublier la belle couverture gothique qui n'est pas sans rappeler la famille Adams. Les choses dites ainsi vous vous attendriez sans doute à un nouveau bête récit horrifique avec un dessin un peu trash. Encore un récit avec des monstres de tous poils, des jets d'hémoglobine à n'en plus finir, bref du slasher de seconde zone pour ados prépubères. Que nenni braves gens, qui dit monstres ne dit pas forcément grosse bêtes poilues et jets de sang. Le monstre ce n'est pas le vampire, la goule, cela peut être quelque chose de bien moins abstrait de plus réel et finalement pourquoi pas vous ? Contrairement donc à l'idée reçue ce récit qui met en scène une famille décomposée chasseuse de monstres, l'histoire n'en oublie pas pour autant l'humour, attention genre second degré, pas de l'humour à la Bigard. Certes cette belle famille cache de sordides secrets mais elle fait front grâce à un scénario malin qui à coup de non dits, de révélations, de courts flashbacks donne aux personnages une véritable épaisseur. Pour ma part une belle découverte, merci luluZifer, j'en connais d'autres qui devraient aimer, donc faites tourner, vivement la suite.
Le Retour à la terre
Il y avait bien longtemps qu'une BD ne m'avait pas fait rire, je dois remonter aux albums de Gaston Lagaffe, ce qui ne nous rajeunit pas. Comme cet album est bien vu, il projette les protagonistes dans un autre monde un brin dépassé mais en même temps plein de bon sens. Critiquant gentiment le fameux retour à la terre qui eut ses adeptes il me fait grandement penser à certaines personnes que je connais et qui, pleines d'optimisme et d'allant, se sont elles aussi jetées dans ce fameux retour parfois plus rempli de déboires qu'autre chose. Ah ces acheteurs de ruines en pleine campagne qui pensaient qu'avec deux trois planches, un marteau et quelques clous ils allaient pouvoir vivre heureux en faisant pousser des patates. Ici Larcenet et Ferri sont finalement très gentils et nous proposent des "ruraux" atypiques mais à mourir de rire. Outre Mme Mortemont, le personnage de l'ermite me plaît bien et me rappelle le personnage du gouverneur dans les romans de Carl Hiassen. En fait c'est une série qui, en ces temps un brin moroses, donne la pêche avec au final plus de respect qu'une lecture rapide pourrait laisser supposer sur ces "ruraux" qui sont pleins de bon sens. Un mot sur le graphisme de Manu Larcenet, ici plutôt simple mais expressif, ce type a de l'or dans les doigts et change de registre de manière magistrale. J'en veux pour preuve ses exceptionnelles séries Blast et Le Rapport de Brodeck.
Horion
Je m'attendais tellement à un manga normal style gros pouvoirs dans ta face dès le départ, j'ai été rebuté par le début qui prend à contre pied direct avec un début surprenant pour un shonen. C'est dur de changer ses habitudes mais ça vaut le coup quand on tombe sur un manga comme Horion je trouve. Y a plein de personnages qui pètent la classe direct dans le tome 1 mais c'est surtout avec le tome 2 et 3 qu'on découvre la profondeur du truc. Niveau scénario ça ose des trucs couillus et niveau dessin ça envoie du lourd. Y a pas, je suis client. Par contre, si la suite pouvait arriver plus vite svp, merci. ^^
Silas Corey
Il y a rarement de surprises lorsque Fabien Nury est au scénario. Et ce que ce soit négatives ou positives. Côté négatif, on peut regretter le manque d'originalité dans les scénarios, c'est souvent des choses assez simples, qui ne révolutionnent pas le monde de la bd. Côté positif, la narration est toujours hyper efficace et l'histoire, si elle n'est donc jamais la plus originale, est toujours hyper bien racontée. C'est encore une fois le cas dans cette bd d'espionnage, qui se découpe en deux diptyques. Nous suivons Silas Corey, ancien soldat devenu espion et aux méthodes radicales dans des aventures d'espionnage, pendant et juste après la guerre. Il est accompagné d'une escouade de personnages secondaires tous réussis, et intéressants. Les deux aventures sont suffisamment alambiquées pour être crédibles dans une histoire d'espionnage, et suffisamment simples pour pouvoir les comprendre aisément. J'avoue que je suis parfois un peu perdu dans les récits d'espionnage ; là, même si il m'a fallu un minimum d'attention et quelques retours en arrière, j'ai pu garder le fil. L'histoire est bien faite, comme je le disais ce n'est pas la plus originale du monde mais elle est très bien racontée. Et, au fond, c'est ce qui est le plus important. Pas de fausse note donc en ce qui concerne l'histoire en elle même, on est captivé du début à la fin. On pourra simplement peut-être regretter (moi en tout cas) que la relation entre Nam et Corey n'ai pas été plus explorée, notamment sous l'angle des sentiments amoureux qui me semblaient suggérés dans les deux premiers albums. Cela aurait apporté un petit plus, une touche d'originalité qui aurait à mon sens été bienvenue. Reste que je ne me suis pas ennuyé une seconde à la lecture de cette bd, et ça reste le plus important. Quant au dessin, je le trouve très bon. Les scènes d'action sont tout à fait crédibles et bien dessinées, les expressions des personnages bien rendues. C'est un style qui est agréable à l'oeil et qui est bien maitrisé par Pierre Alary, et c'est un véritable plus pour cette oeuvre selon moi. Le dessin est vraiment très sérieux et c'est ce qui permet pour moi de faire passer la note à 4/5.
La Boîte de petits pois
Malgré les apparences, cette BD ne s’adresse pas vraiment aux enfants. Un peu à l’image de GiedRé dont les chansons ressemblent à des comptines mais se révèlent être en fait des paillardises très coquines au trentième-septième degré (féministes en vérité), propres (si on peut dire) à faire rougir votre vieil oncle Bernard pourtant amateur de blagues sous le niveau de la ceinture. Bien sûr, il n’est pas question de cul ici, parce que ce n’est pas le propos. Non, GiedRé nous raconte une histoire authentique, SON histoire, lorsqu’elle était fillette dans une Lituanie soviétique où les conditions de vie n’étaient pas franchement des plus drôles. Pourtant, ce qui pourrait paraître plombant pour un adulte ressort toujours transformé sous le regard d’une enfant, et avec GiedRé, il ne pouvait en aller autrement. Avec un mélange d’espièglerie et d’innocence, elle évoque ses souvenirs en se remettant dans la peau de la fillette qu’elle fut, entre une mère fragile et aimante et un père nonchalant et alcoolo, mais surtout une grand-mère haute en couleurs, ce qui donne lieu à quelques anecdotes truculentes. En effet, cette dernière voulait toujours lui faire boire de l’alcool pour qu’elle s’habitue et se protège ainsi des garçons qui risquaient de profiter d’elle plus tard… Holly R vient renforcer le charme de ce récit plein d’humour avec ses dessins naïfs et coloriés aux Caran d’Ache de notre enfance, bien loin de la supposée grisaille soviétique. Et cette boîte de petits pois, que vient-elle faire dans tout ça, me direz-vous ? Cela paraît difficile à croire, mais il se trouve que cet aliment, un peu ringardisé dans notre alimentation moderne, était pour les gens vivant en U.R.S.S. une denrée rare et appréciée que l’on servait pour les fêtes de Noël, souvent réservée aux apparatchiks. La mère de GiedRé s’évanouit lorsqu’elle vit son futur beau-frère en train d’en manger, alors que son père venait de l’introduire dans sa famille ! Et vous, vous savez ce que vous mangerez à Noël ?
Une aventure du lieutenant Blueberry
Je ne suis fan ni de Christophe Blain (dont je reconnais néanmoins le talent), ni de Joann Sfar (qui la plupart du temps m’endort profondément). Les voir reprendre ce monument, cet icône, ce symbole de la bande dessinée et du western qu’est Blueberry avait de quoi m’effrayer… mais aussi m’intriguer. Parce que, oui, je suis un grand fan de Blueberry, de sa gueule cassée, de son sens personnel de la justice, de sa manie de plaire aux femmes loin desquelles il ferait mieux de fuir. Blueberry, c’est une charte, un symbole. On ne touche pas à Blueberry !! J’ai beaucoup aimé ce premier volet. D’abord parce qu’il respecte parfaitement l’esprit de la série mère. On retrouve le Blueberry que l’on connait, toujours aussi doué pour se foutre les pires ennuis sur le dos tout en voulant aider son prochain. On retrouve cet univers de western inspiré par le cinéma italien et les œuvres américaines des années 70. Ici, une famille de dégénérés menée par un pasteur cruel et vicieux va faire office de catalyseur. Blueberry va devoir les protéger d’une juste vengeance indienne tout en évitant que cette vengeance ne sombre dans un bain de sang infernal et aveugle. C’est du bon, c’est du grand, c’est du pur Blueberry. Mais j’aurais été déçu si les auteurs n’avaient pas apporté quelque chose en plus, ou du moins de différent. Et ils y parviennent grâce à la force de leurs personnages pas si secondaires que cela. Les femmes font montre d’un caractère fidèle à celui qu’elles affichaient déjà dans la série mère. Les indiens ne sont pas de simples victimes ou de sombres brutes, la vérité se situe ici entre les deux avec au départ un légitime besoin de vengeance mais qui glisse en cours de route vers la rancune aveugle. La complexité et l’ambivalence des sentiments et émotions de ces personnages apportent une touche originale au récit. Mais, et c’est important de le souligner, sans alourdir la narration, sans plomber les propos sous des réflexions vaguement philosophiques. Et puis il y a l’excellent dessin de Christophe Blain. Alors, oui, ça change de Giraud… mais j’ai envie de dire « pas tant que ça ». Et certainement pas autant que je le craignais, et si vous avez des doutes, comme moi avant ma lecture, je vous invite à feuilleter l’album pour vous en convaincre. C’est beau, c’est racé, c’est soigné avec une bonne mise en page et la régulière mise en avant de grands espaces. Franchement, je suis heureux que ma curiosité l’ai emporté sur mes craintes car c’est le meilleur album de Blueberry que j’ai lu depuis longtemps ! Vivement la suite !!!
Sombres citrouilles
Je ne sais pas comment vous convaincre que cet album n’est pas une œuvre opportune sortie à l’époque d’Halloween juste pour faire nombre dans les rayons de librairies déjà débordées. Je pourrais vous parler de sa scénariste, Malika Ferdjoukh. Vous dire qu’avant d’être scénariste, elle est auteure de romans, dont l’excellente série des « Quatre soeurs » déjà adaptée (avec talent) par Cati Baur. Vous vanter son art de marier légèreté apparente et réflexions plus profondes, son habileté à créer des récits destinés de prime abord aux adolescents mais qui toucheront un bien plus large public. Souligner encore que pour un travail d’une romancière, ce scénario adapté d’une de ses propres œuvres ne souffre en rien du transfert d’un support vers un autre. Oui, je pourrais vous dire tout ça… Je pourrais aussi vous parler du dessinateur, Nicolas Pitz. De l’intelligence et de l’inventivité dont il a fait preuve pour illustrer les passages se déroulant la nuit. Du talent dont il a fait montre pour parvenir à singulariser chacun des nombreux membres de cette famille recomposée et complexe. De la fraicheur et de la naïveté qui peuvent surgir de son trait. Oui, ça aussi, je pourrais l'évoquer... Je pourrais enfin vous parler de ce récit, de sa finesse. Souligner le fait qu’il nous confie des petits et des grands secrets, que chaque personnage en a un bien à lui, ou qu’il partage avec d’autre. Vous dire que cet album parle d’amours inavouées (les plus douloureuses) et d’amitiés sincères. Insister tout de même sur le fait que derrière ce roman graphique se cache une intrigue policière, avec un cadavre quelque peu encombrant que l’on ira cacher tantôt dans les citrouilles, tantôt dans un placard… … et puis vous avouer enfin que j’ai eu la larme à l’œil lorsque cette histoire qui paraissait pourtant si légère finit par tourner au drame pour un de ses personnages… Je pourrais vous dire tout ça mais j’aurais peur que vous attendiez de cet album monts et merveilles… alors qu’il s’agit tout simplement d’un chouette album. Ni une œuvre opportune et mercantile, ni un récit révolutionnaire… mais une histoire qui m’a touché par sa finesse et l’émotion qu’elle parvient à distiller. Seul reproche : pas toujours facile de s’y retrouver dans les liens qui unissent les différents membres de cette famille recomposée. Un petit arbre généalogique planqué quelque part aurait, je pense, été l’arme ultime pour m’achever.