Tilde et Stig, ce sont une soeur et un frère jumeaux d'une contrée scandinave indéterminée où la coutume veut que le passage à l'âge adulte s'accompagne d'un séjour d'au moins un mois sur une île déserte de un grand lac où les adolescents doivent survivre par leurs propres moyens avant de revenir à la civilisation. De nos jours, ce rite s'est bien adouci avec une île qui s'apparente à un centre de colonie de vacances avec comme seul particularité qu'il n'y a aucun adulte. Sauf que le petit bateau de Stig et Tilde s'échoue par accident sur une autre île, plus petite mais moins déserte qu'elle en a l'air... C'est le début d'une suite de vraies aventures pour les deux ados, avec une composante fantastique assez inattendue.
Sur la forme et dans la narration, cette BD fait dans la simplicité et l'efficacité. Le dessin de Max de Radiguès est assez candide, fait de quelques traits simples, à la manière des séries pour la jeunesse. Pour autant, il est très agréable et il fonctionne bien. Sa mise en scène, surtout, est particulièrement immersive, avec un rythme narratif s'accordant quelques longues périodes muettes qui posent l'ambiance du récit et l'atmosphère assez particulière de la série.
Chaque album est composé d'une histoire complète avec son début et sa fin, mais les récits se suivent tout de même et chaque nouveau tome intègre les acquis et personnages des précédents. Ce qui surprend quand on découvre la série, c'est l'implication d'une part de fantastique dans son intrigue. Fantôme, et femme parlant aux loups s'intègrent dans un récit proche d'une Robinsonnade qui est également prétexte à mettre en scène le passage de l'adolescence à l'âge adulte des deux héros. Si les deux premiers tomes sont des récits de survie sur des îles "désertes", une différente pour chaque album, le troisième tome se place dans une situation différente, avec bien plus de personnages, et un scénario rappelant une version moderne de Sa Majesté des Mouches, même si là encore il inclut les apports fantastiques des deux premiers albums.
C'est une lecture très prenante, divertissante et dont l'ambiance et le contenu sort plutôt des sentiers battus. Elle plaira sûrement autant aux jeunes lecteurs, ados et pré-ados, qu'aux adultes. Je suis content de voir que la série connaître encore une suite car je la lirai avec plaisir.
On l'attendait ce premier tome du second cycle, depuis 7 ans. Denis Bajram a alors affirmé qu'il avait toujours été question de trois cycles de 6 tomes, et du coup la magnifique réussite d'Universal War One prend une nouvelle dimension, une nouvelle saveur, d'autant plus que l'auteur a su rebondir sur l'actualité en adaptant son script d'origine.
D'entrée de jeu, ce nouveau tome, s'il ne comble pas les attentes (il faudra attendre les 5 suivants pour en être sûr), ravira les fans du premier cycle. On y retrouve beaucoup d'éléments connus, comme le voyage dans le temps (ici juste évoqué) la soif de liberté des personnages et le discours humaniste qui imprègne toute l'histoire. Difficile pour l'heure d'en dire beaucoup plus, mais l'essentiel est déjà là.
Dans le deuxième, l'action s'accélère déjà, dans une sorte de furieux remake de ce qu'il s'est passé de plus grave dans le premier cycle. La tension est insoutenable, et nous amène jusqu'à la fin du tome sans temps mort. Et puis de nombreuses questions sont encore sans réponse, comme ce mystérieux vaisseau laissé à lui-même sur Japet... Serait-ce encore une rencontre spatio-temporelle plus ou moins ratée par ses protagonistes ?
Le tome 3 répond à quelques questions, mais en soulève un certain nombre d'autres, et la fin nous laisse sur un cliffhanger de haut niveau, parfaitement insoutenable. On imagine bien que les caractères et les aptitudes particulières des survivants de Canaan vont leur permettre de se sortir de ce piège géant, mais... Comment ?
Espérons que Bajram saura sortir de cette période compliquée qui l'empêche de continuer son récit...
Graphiquement j'ai l'impression que Bajram a passé un cran. Je n'ai pas lu les albums réalisés entre les deux cycles, mais il y a une maîtrise énorme dans les décors, la mise en scène, mais aussi les personnages. Et toujours ce traitement des couleurs si particulier.
C'est enthousiasmant, au bas mot.
Sillage est arrivé en trombe dans le paysage de la BD de SF franco-belge. Grâce au talent (et à la palette graphique) de Philippe Buchet, le scénariste Jean-David Morvan a décidé de redonner un peu d'air à la SF. Résultat, nous nous retrouvons avec une série magnifiquement illustrée, revisitant à chaque album un courant "classique" de la science fiction : dans le désordre steampunk, planet fantasy, heroic fantasy...
Des thèses humanistes, lorgnant parfois vers Star Wars, un rythme effréné et des scénarios réglés au millimètre laissant la part belle à l'héroïne Nävis, voilà une recette détonante !
Attention toutefois à la tentation de ne jamais finir cette série. Au tome 15, alors que je commençais à sentir une certaine lassitude, Morvan réussit à relancer la trame de fond, à savoir la recherche des origines de l'héroïne. Ce tome 15 contient en plus un hommage sympathique à Moebius. Le tome 16, quant à lui, opère un virage important dans son histoire, car elle se retrouve seule, ou presque face à l'imprévu.
Vivement la suite (oui je suis en retard) !
J'ai trouvé cette bd autobiographique très intéressante. On suit le parcours de l'auteure et son rapport à son corps et à son poids. Navie est "obèse morbide", avec une IMC de 53 ; ce qui est beaucoup. Quand un médecin lui dit qu'elle porte en permanence sur elle une femme de poids moyen, cette deuxième ''Elle'' se matérialise, et devient l'ennemi.
"Moi en double" n'est pas un récit qui se borne à raconter la perte de poids, la lutte pour maigrir. En fait, c'est presque secondaire. Le thème principal est de trouver le bonheur, se sentir bien, et en bonne santé. Navie se montre sans pudeur et étale ses peurs, ses angoisses, ses inquiétudes, tout ce qui peut passer par la tête d'une personne grosse (j'utilise volontairement ce mot car c'est celui qui est utilisé dans la bd). On sent que ce livre sonne un peu comme le point final d'une lutte de plusieurs années, l'acceptation totale pas seulement de son corps mais plus généralement de soi. Car perdre du poids ne règle pas tout, ce n'est pas le but final, l'achèvement. Ce n'est qu'un outil pour tendre vers le bonheur, qui ne peut se résumer à ça. Perdre du poids aide l'héroïne à aller mieux, mais ce n'est pas la baguette magique. C'est quelque chose à intégrer dans un ensemble plus vaste et plus complexe.
C'est personnel et touchant, je trouve qu'on s'identifie très bien au personnage. Il n'y en a pas de trop, on ne tombe jamais dans le pathétique. Tous les sujets sont abordés, de l'obsession de la nourriture au sexe, et tous le sont de façon très simple et naturelle. Il y a également quelques touches d'humour qui allègent le sujet d'ensemble qui est tout de même un peu lourd (sans mauvais jeu de mots).
Si j'ai autant apprécié cette œuvre, c'est aussi grâce au dessin. Le noir et blanc est parfaitement à propos, avec seulement le fameux double en rouge, comme pour souligner son importance et son caractère néfaste. Le trait en lui même est assez doux, rond, pas du tout anguleux. Ca donne quelque chose de tout à fait agréable. C'est le genre de dessin qui rend très bien les expressions des personnages, et c'est exactement ce qu'il fallait pour servir le scénario. Simple et efficace.
« L'une d'elles » est un puissant plaidoyer contre les violences faites aux femmes, qui a d’ailleurs gagné le Prix Artémisia 2019 du combat féministe.
L’auteur raconte ses propres circonstances, et les abus dont elle a été la victime, tout en les mettant en parallèle aux violences faites aux femmes dans le monde et au travers l’Histoire. Elle s’intéresse notamment au « Yorkshire Ripper », fameux tueur en série ayant sévi dans sa région d’origine, quand elle était ado. Elle nous fait réfléchir à tout ça… au traitement douteux de la police. Au fait que 50 ans après, on se souvienne du nom du tueur mais pas du nom des victimes. Au fait qu’on accepte la violence masculine comme faisant partie du paysage, et qu’on attende des femmes qu’elles s’adaptent à ce fait inébranlable. Elle pose la question qu’on redoute tous : pourquoi ? Pourquoi certains hommes sont-ils violents envers les femmes ?
Une lecture coup de poing en ce qui me concerne. J’ai eu beaucoup de mal à écrire un avis… je ne sais pas trop quoi dire de plus, sinon que cet album m’a instruit et ouvert les yeux. A mettre entre toutes les mains.
Quelle belle suite spirituelle à La Ferme des Animaux de George Orwell !
Comme dans le roman, nous sommes placés dans un cadre d'animaux qui se sont construit une société à l'écart des hommes et où les travers du pouvoir politique ont fait en sorte qu'ils vivent désormais dans un état totalitaire assez abject. Sous couvert de les protéger contre des attaques de loups imaginaires et sous prétexte de préserver leurs réserves de nourriture, les animaux les plus forts et au pouvoir rationnent et font trimer les autres en faisant régner la loi par la force mais aussi par l'hypocrisie et la manipulation. Lentement mais sûrement la contestation se met en place. Et avec l'aide de l'héroïne, une brave mère chatte, d'un lapin gigolo sympathique et d'un sage rat ménestrel, une solution pacifique tente d'être trouvée pour faire plier les forts sans entraîner de bain de sang.
C'est finement raconté, avec de très bons personnages et beaucoup d'intelligence.
Le dessin est en outre superbe ! Les animaux anthropomorphes y sont aussi expressifs que ceux de Disney, avec une maîtrise technique rappelant le trait de Juanjo Guarnido (Blacksad). Décors et couleurs ne sont pas en reste. On peut prendre un pur plaisir à admirer les planches et à y revenir après lecture.
Pour ne rien gâcher, les albums sont denses et épais ce qui permet de les savourer encore plus longuement.
Vivement la suite !
Ce qui saute aux yeux – dans tous les sens du terme d’ailleurs, c’est le parti-pris graphique de Stéphane Fert. Car on a là un dessin (devrais-je dire une peinture ?) de toute beauté, qui fait fi du réalisme, pour privilégier une interprétation très poétique du conte. Je dis tout ça avec d’autant moins de retenue que ce n’est pas forcément ce type de dessin qui me plait le plus. Mais là, je dois reconnaître le talent de l’auteur !
La colorisation, qui joue sur des tons mauves, roses et bleus, mâtinés de dégradés de gris et de noir, est, quant à elle, tout à fait à mon goût.
Delcourt met d’ailleurs bien en valeur ce beau travail, avec une couverture épaisse et un titre en relief.
Voilà pour le plumage. Pour ce qui est du ramage, je l’ai trouvé un petit peu moins original. Je ne connais pas précisément le conte originel des frères Grimm, mais j’ai retrouvé ici quelques points communs avec « Peau d’âne » (un roi amoureux de sa fille, qui vit cachée dans la forêt, portant une peau de bête, etc.).
Le personnage de la fée/sorcière apporte quelques discrètes touches d’humour.
Au final, je dirais que c’est un album à réserver aux lecteurs misant davantage sur la poésie que sur le rationnel, et que ce sombre feu d’artifices ajoute quelques épices à un plat non pas banal (ce serait vraiment forcer le trait que de dire ça), mais quand même un peu « commun ». Mais je suis tout de même ressorti enchanté de ma lecture.
Je me suis laissé charmer par cette BD qui, sous des faux airs de pastiche du monstre du Loch Ness, tient un propos réellement bien construit sur notre société et la façon dont l'humain se comporte. Et pour le coup, l'auteur fait fort !
La BD prend le parti d'aller chercher dans la surenchère autour de ce fait banal : poster une photo sur twitter (alors, certes, une photo de monstre marin dans un loch écossais, mais une photo quand même). Et à partir de là, tout s'emballe. Contrairement à d'autres lecteurs j'ai beaucoup aimé la façon dont la première partie démarre gentiment pour déborder en tous sens dans la deuxième partie, sans jamais perdre de vue son humour. Il y a quelques petites perles dans les dialogues, et j'ai apprécié la façon dont l'auteur croque les différents travers de la société en les mettant tous sur un pied d'égalité. Personne n'est meilleur que les autres, chacun veut juste tirer la couverture à soi.
Si on peut se dire que c'est aller trop loin pour une telle histoire, je trouve justement que ça lui donne un petit plus. La dénonciation de la bêtise crasse de l'humain, toujours en recherche de sensationnel, complexifiant tout ce qui passe entre ses mains et usant pour cela de tous les moyens dont il dispose, est présente à toutes les planches de la BD. Même le personnage principal trimballe son lot de stupidités qui le rendent attachant car d'autant plus humain. Et dans cette surenchère, on voit jusqu'où les gens peuvent aller.
A ce niveau là, j'ai trouvé très bien utilisés les nouvelles technologies et le regard sur les médias. C'est moins manichéen qu'on ne pourrait le penser de prime abord, le propos n'étant pas de fustiger leur existence mais l'utilisation qui en est faite. Sans parler de ces perles de réflexions que l'on récolte par micro-trottoir dans une telle situation ... L'auteur fait mouche dans les réflexions en tout sens sans aucun recul sur ce qui arrive. Tout est dans l'immédiat et dans l'instant. Et l'informatique, les vengeances par diffusion de photos ... Mine de rien plusieurs sujets sont abordés sans qu'on ne s'y attarde, mais dévoilent les travers de l'humain par quantité de chemins.
Le dessin est très sympathique, l'auteur n'étant pas à son coup d'essai, et les personnages sont très vivants. C'est un plaisir à lire.
Et c'est la grande qualité de cette BD : le plaisir de lecture, accentué par cet humour toujours présent et une réflexion sur notre monde pas si fausse que ça. La conclusion est sans appel pour l'auteur, mais sonne très juste par les quelques notes positives qui semblent s'en dégager. Je recommande la lecture !
Il y a une certaine réécriture de la résistance vu par des enfants ce qui paraissait fort peu probable en ces temps troublés. C'est bien de décrire la résistance au nazisme, le but est tout à fait louable et il faut encourager de telles initiatives qui vont dans le bon sens. La question est alors de savoir si on doit alors réécrire l'Histoire tout en se basant sur des cas isolés d'enfants héroïques ayant participé à des actes de résistance.
Fort heureusement, les auteurs ont pris soin de ne pas décrire les soldats allemands comme totalement ignobles. Il y a toujours des méchants des deux côtés même si le combat contre l'idéologie nazie prime sur tout le reste. Il s’agissait d’éviter l’écueil du manichéisme tout en gardant l'objectif en vue : la liberté, la dignité humaine et le bien commun.
Il faut retenir que cette bd est surtout destinée aux enfants afin qu'ils comprennent les enjeux de la Seconde Guerre Mondiale et surtout ce qui s'est passé dans notre pays avec ces deux camps irréconciliables : le Maréchal Pétain contre le Général de Gaulle.
A noter un dessin remarquable qui produit dans le détail des décors dignes de cette époque. Tout semble coller à la réalité historique. Des efforts ont été réalisés et il faut le souligner.
Au final, une bd bien construite dont on dévore littéralement les différents tomes. Les auteurs ont ajouté quelques pages à la fin de chaque tome afin de compléter l'histoire fictive avec les événements réels de cette période. Un excellent support ludique et pédagogique pour ne pas oublier...
Un défi aux principes de la BD, vraiment sympathique : comment nous rendre des personnages attachants sans jamais qu'on puisse voir ni leur visage ni même leur silhouette !
C'est donc une histoire de meurtre(s) où l'on ne voit ni les morts ni les vivants. En revanche, on entend. Pas d'enquêtes, pas de policiers ni de sang, mais des indices, posés ça et là dans les conversations, qui amènent le lecteur à comprendre qui sont les personnages, leurs liens entre eux, leurs motivations , leur histoire. Oui mais que voit-on alors ? Tout simplement les maisons où ont lieu les dialogues, presque toujours vues de l'extérieur.
Bref, l'idée est intéressante et le résultat réussi :
1. de bons dialogues, drôles et qui font avancer l'histoire, avec une couleur de bulle pour chaque personnage (on n'est pas perdu).
2. le dessin des maisons où ont lieu ces conversations. Expressif et coloré, avec des effets de répétition, de déformation, il nous ouvre l'imaginaire sur l'histoire des personnages.
3. un scénario et un découpage efficace. La présence de la radio permet de faire entrer les éléments qui n'auraient pas de sens dans les dialogues et relie les maisonnées dans une même écoute.
Un petit plus : la préface de Fabcaro met en appétit, et le format, 17,5/24cm, est parfait pour lire au lit !
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Stig & Tilde
Tilde et Stig, ce sont une soeur et un frère jumeaux d'une contrée scandinave indéterminée où la coutume veut que le passage à l'âge adulte s'accompagne d'un séjour d'au moins un mois sur une île déserte de un grand lac où les adolescents doivent survivre par leurs propres moyens avant de revenir à la civilisation. De nos jours, ce rite s'est bien adouci avec une île qui s'apparente à un centre de colonie de vacances avec comme seul particularité qu'il n'y a aucun adulte. Sauf que le petit bateau de Stig et Tilde s'échoue par accident sur une autre île, plus petite mais moins déserte qu'elle en a l'air... C'est le début d'une suite de vraies aventures pour les deux ados, avec une composante fantastique assez inattendue. Sur la forme et dans la narration, cette BD fait dans la simplicité et l'efficacité. Le dessin de Max de Radiguès est assez candide, fait de quelques traits simples, à la manière des séries pour la jeunesse. Pour autant, il est très agréable et il fonctionne bien. Sa mise en scène, surtout, est particulièrement immersive, avec un rythme narratif s'accordant quelques longues périodes muettes qui posent l'ambiance du récit et l'atmosphère assez particulière de la série. Chaque album est composé d'une histoire complète avec son début et sa fin, mais les récits se suivent tout de même et chaque nouveau tome intègre les acquis et personnages des précédents. Ce qui surprend quand on découvre la série, c'est l'implication d'une part de fantastique dans son intrigue. Fantôme, et femme parlant aux loups s'intègrent dans un récit proche d'une Robinsonnade qui est également prétexte à mettre en scène le passage de l'adolescence à l'âge adulte des deux héros. Si les deux premiers tomes sont des récits de survie sur des îles "désertes", une différente pour chaque album, le troisième tome se place dans une situation différente, avec bien plus de personnages, et un scénario rappelant une version moderne de Sa Majesté des Mouches, même si là encore il inclut les apports fantastiques des deux premiers albums. C'est une lecture très prenante, divertissante et dont l'ambiance et le contenu sort plutôt des sentiers battus. Elle plaira sûrement autant aux jeunes lecteurs, ados et pré-ados, qu'aux adultes. Je suis content de voir que la série connaître encore une suite car je la lirai avec plaisir.
Universal War Two
On l'attendait ce premier tome du second cycle, depuis 7 ans. Denis Bajram a alors affirmé qu'il avait toujours été question de trois cycles de 6 tomes, et du coup la magnifique réussite d'Universal War One prend une nouvelle dimension, une nouvelle saveur, d'autant plus que l'auteur a su rebondir sur l'actualité en adaptant son script d'origine. D'entrée de jeu, ce nouveau tome, s'il ne comble pas les attentes (il faudra attendre les 5 suivants pour en être sûr), ravira les fans du premier cycle. On y retrouve beaucoup d'éléments connus, comme le voyage dans le temps (ici juste évoqué) la soif de liberté des personnages et le discours humaniste qui imprègne toute l'histoire. Difficile pour l'heure d'en dire beaucoup plus, mais l'essentiel est déjà là. Dans le deuxième, l'action s'accélère déjà, dans une sorte de furieux remake de ce qu'il s'est passé de plus grave dans le premier cycle. La tension est insoutenable, et nous amène jusqu'à la fin du tome sans temps mort. Et puis de nombreuses questions sont encore sans réponse, comme ce mystérieux vaisseau laissé à lui-même sur Japet... Serait-ce encore une rencontre spatio-temporelle plus ou moins ratée par ses protagonistes ? Le tome 3 répond à quelques questions, mais en soulève un certain nombre d'autres, et la fin nous laisse sur un cliffhanger de haut niveau, parfaitement insoutenable. On imagine bien que les caractères et les aptitudes particulières des survivants de Canaan vont leur permettre de se sortir de ce piège géant, mais... Comment ? Espérons que Bajram saura sortir de cette période compliquée qui l'empêche de continuer son récit... Graphiquement j'ai l'impression que Bajram a passé un cran. Je n'ai pas lu les albums réalisés entre les deux cycles, mais il y a une maîtrise énorme dans les décors, la mise en scène, mais aussi les personnages. Et toujours ce traitement des couleurs si particulier. C'est enthousiasmant, au bas mot.
Sillage
Sillage est arrivé en trombe dans le paysage de la BD de SF franco-belge. Grâce au talent (et à la palette graphique) de Philippe Buchet, le scénariste Jean-David Morvan a décidé de redonner un peu d'air à la SF. Résultat, nous nous retrouvons avec une série magnifiquement illustrée, revisitant à chaque album un courant "classique" de la science fiction : dans le désordre steampunk, planet fantasy, heroic fantasy... Des thèses humanistes, lorgnant parfois vers Star Wars, un rythme effréné et des scénarios réglés au millimètre laissant la part belle à l'héroïne Nävis, voilà une recette détonante ! Attention toutefois à la tentation de ne jamais finir cette série. Au tome 15, alors que je commençais à sentir une certaine lassitude, Morvan réussit à relancer la trame de fond, à savoir la recherche des origines de l'héroïne. Ce tome 15 contient en plus un hommage sympathique à Moebius. Le tome 16, quant à lui, opère un virage important dans son histoire, car elle se retrouve seule, ou presque face à l'imprévu. Vivement la suite (oui je suis en retard) !
Moi en double
J'ai trouvé cette bd autobiographique très intéressante. On suit le parcours de l'auteure et son rapport à son corps et à son poids. Navie est "obèse morbide", avec une IMC de 53 ; ce qui est beaucoup. Quand un médecin lui dit qu'elle porte en permanence sur elle une femme de poids moyen, cette deuxième ''Elle'' se matérialise, et devient l'ennemi. "Moi en double" n'est pas un récit qui se borne à raconter la perte de poids, la lutte pour maigrir. En fait, c'est presque secondaire. Le thème principal est de trouver le bonheur, se sentir bien, et en bonne santé. Navie se montre sans pudeur et étale ses peurs, ses angoisses, ses inquiétudes, tout ce qui peut passer par la tête d'une personne grosse (j'utilise volontairement ce mot car c'est celui qui est utilisé dans la bd). On sent que ce livre sonne un peu comme le point final d'une lutte de plusieurs années, l'acceptation totale pas seulement de son corps mais plus généralement de soi. Car perdre du poids ne règle pas tout, ce n'est pas le but final, l'achèvement. Ce n'est qu'un outil pour tendre vers le bonheur, qui ne peut se résumer à ça. Perdre du poids aide l'héroïne à aller mieux, mais ce n'est pas la baguette magique. C'est quelque chose à intégrer dans un ensemble plus vaste et plus complexe. C'est personnel et touchant, je trouve qu'on s'identifie très bien au personnage. Il n'y en a pas de trop, on ne tombe jamais dans le pathétique. Tous les sujets sont abordés, de l'obsession de la nourriture au sexe, et tous le sont de façon très simple et naturelle. Il y a également quelques touches d'humour qui allègent le sujet d'ensemble qui est tout de même un peu lourd (sans mauvais jeu de mots). Si j'ai autant apprécié cette œuvre, c'est aussi grâce au dessin. Le noir et blanc est parfaitement à propos, avec seulement le fameux double en rouge, comme pour souligner son importance et son caractère néfaste. Le trait en lui même est assez doux, rond, pas du tout anguleux. Ca donne quelque chose de tout à fait agréable. C'est le genre de dessin qui rend très bien les expressions des personnages, et c'est exactement ce qu'il fallait pour servir le scénario. Simple et efficace.
L'une d'elles
« L'une d'elles » est un puissant plaidoyer contre les violences faites aux femmes, qui a d’ailleurs gagné le Prix Artémisia 2019 du combat féministe. L’auteur raconte ses propres circonstances, et les abus dont elle a été la victime, tout en les mettant en parallèle aux violences faites aux femmes dans le monde et au travers l’Histoire. Elle s’intéresse notamment au « Yorkshire Ripper », fameux tueur en série ayant sévi dans sa région d’origine, quand elle était ado. Elle nous fait réfléchir à tout ça… au traitement douteux de la police. Au fait que 50 ans après, on se souvienne du nom du tueur mais pas du nom des victimes. Au fait qu’on accepte la violence masculine comme faisant partie du paysage, et qu’on attende des femmes qu’elles s’adaptent à ce fait inébranlable. Elle pose la question qu’on redoute tous : pourquoi ? Pourquoi certains hommes sont-ils violents envers les femmes ? Une lecture coup de poing en ce qui me concerne. J’ai eu beaucoup de mal à écrire un avis… je ne sais pas trop quoi dire de plus, sinon que cet album m’a instruit et ouvert les yeux. A mettre entre toutes les mains.
Le Château des Animaux
Quelle belle suite spirituelle à La Ferme des Animaux de George Orwell ! Comme dans le roman, nous sommes placés dans un cadre d'animaux qui se sont construit une société à l'écart des hommes et où les travers du pouvoir politique ont fait en sorte qu'ils vivent désormais dans un état totalitaire assez abject. Sous couvert de les protéger contre des attaques de loups imaginaires et sous prétexte de préserver leurs réserves de nourriture, les animaux les plus forts et au pouvoir rationnent et font trimer les autres en faisant régner la loi par la force mais aussi par l'hypocrisie et la manipulation. Lentement mais sûrement la contestation se met en place. Et avec l'aide de l'héroïne, une brave mère chatte, d'un lapin gigolo sympathique et d'un sage rat ménestrel, une solution pacifique tente d'être trouvée pour faire plier les forts sans entraîner de bain de sang. C'est finement raconté, avec de très bons personnages et beaucoup d'intelligence. Le dessin est en outre superbe ! Les animaux anthropomorphes y sont aussi expressifs que ceux de Disney, avec une maîtrise technique rappelant le trait de Juanjo Guarnido (Blacksad). Décors et couleurs ne sont pas en reste. On peut prendre un pur plaisir à admirer les planches et à y revenir après lecture. Pour ne rien gâcher, les albums sont denses et épais ce qui permet de les savourer encore plus longuement. Vivement la suite !
Peau de Mille Bêtes
Ce qui saute aux yeux – dans tous les sens du terme d’ailleurs, c’est le parti-pris graphique de Stéphane Fert. Car on a là un dessin (devrais-je dire une peinture ?) de toute beauté, qui fait fi du réalisme, pour privilégier une interprétation très poétique du conte. Je dis tout ça avec d’autant moins de retenue que ce n’est pas forcément ce type de dessin qui me plait le plus. Mais là, je dois reconnaître le talent de l’auteur ! La colorisation, qui joue sur des tons mauves, roses et bleus, mâtinés de dégradés de gris et de noir, est, quant à elle, tout à fait à mon goût. Delcourt met d’ailleurs bien en valeur ce beau travail, avec une couverture épaisse et un titre en relief. Voilà pour le plumage. Pour ce qui est du ramage, je l’ai trouvé un petit peu moins original. Je ne connais pas précisément le conte originel des frères Grimm, mais j’ai retrouvé ici quelques points communs avec « Peau d’âne » (un roi amoureux de sa fille, qui vit cachée dans la forêt, portant une peau de bête, etc.). Le personnage de la fée/sorcière apporte quelques discrètes touches d’humour. Au final, je dirais que c’est un album à réserver aux lecteurs misant davantage sur la poésie que sur le rationnel, et que ce sombre feu d’artifices ajoute quelques épices à un plat non pas banal (ce serait vraiment forcer le trait que de dire ça), mais quand même un peu « commun ». Mais je suis tout de même ressorti enchanté de ma lecture.
#Nouveaucontact
Je me suis laissé charmer par cette BD qui, sous des faux airs de pastiche du monstre du Loch Ness, tient un propos réellement bien construit sur notre société et la façon dont l'humain se comporte. Et pour le coup, l'auteur fait fort ! La BD prend le parti d'aller chercher dans la surenchère autour de ce fait banal : poster une photo sur twitter (alors, certes, une photo de monstre marin dans un loch écossais, mais une photo quand même). Et à partir de là, tout s'emballe. Contrairement à d'autres lecteurs j'ai beaucoup aimé la façon dont la première partie démarre gentiment pour déborder en tous sens dans la deuxième partie, sans jamais perdre de vue son humour. Il y a quelques petites perles dans les dialogues, et j'ai apprécié la façon dont l'auteur croque les différents travers de la société en les mettant tous sur un pied d'égalité. Personne n'est meilleur que les autres, chacun veut juste tirer la couverture à soi. Si on peut se dire que c'est aller trop loin pour une telle histoire, je trouve justement que ça lui donne un petit plus. La dénonciation de la bêtise crasse de l'humain, toujours en recherche de sensationnel, complexifiant tout ce qui passe entre ses mains et usant pour cela de tous les moyens dont il dispose, est présente à toutes les planches de la BD. Même le personnage principal trimballe son lot de stupidités qui le rendent attachant car d'autant plus humain. Et dans cette surenchère, on voit jusqu'où les gens peuvent aller. A ce niveau là, j'ai trouvé très bien utilisés les nouvelles technologies et le regard sur les médias. C'est moins manichéen qu'on ne pourrait le penser de prime abord, le propos n'étant pas de fustiger leur existence mais l'utilisation qui en est faite. Sans parler de ces perles de réflexions que l'on récolte par micro-trottoir dans une telle situation ... L'auteur fait mouche dans les réflexions en tout sens sans aucun recul sur ce qui arrive. Tout est dans l'immédiat et dans l'instant. Et l'informatique, les vengeances par diffusion de photos ... Mine de rien plusieurs sujets sont abordés sans qu'on ne s'y attarde, mais dévoilent les travers de l'humain par quantité de chemins. Le dessin est très sympathique, l'auteur n'étant pas à son coup d'essai, et les personnages sont très vivants. C'est un plaisir à lire. Et c'est la grande qualité de cette BD : le plaisir de lecture, accentué par cet humour toujours présent et une réflexion sur notre monde pas si fausse que ça. La conclusion est sans appel pour l'auteur, mais sonne très juste par les quelques notes positives qui semblent s'en dégager. Je recommande la lecture !
Les Enfants de la Résistance
Il y a une certaine réécriture de la résistance vu par des enfants ce qui paraissait fort peu probable en ces temps troublés. C'est bien de décrire la résistance au nazisme, le but est tout à fait louable et il faut encourager de telles initiatives qui vont dans le bon sens. La question est alors de savoir si on doit alors réécrire l'Histoire tout en se basant sur des cas isolés d'enfants héroïques ayant participé à des actes de résistance. Fort heureusement, les auteurs ont pris soin de ne pas décrire les soldats allemands comme totalement ignobles. Il y a toujours des méchants des deux côtés même si le combat contre l'idéologie nazie prime sur tout le reste. Il s’agissait d’éviter l’écueil du manichéisme tout en gardant l'objectif en vue : la liberté, la dignité humaine et le bien commun. Il faut retenir que cette bd est surtout destinée aux enfants afin qu'ils comprennent les enjeux de la Seconde Guerre Mondiale et surtout ce qui s'est passé dans notre pays avec ces deux camps irréconciliables : le Maréchal Pétain contre le Général de Gaulle. A noter un dessin remarquable qui produit dans le détail des décors dignes de cette époque. Tout semble coller à la réalité historique. Des efforts ont été réalisés et il faut le souligner. Au final, une bd bien construite dont on dévore littéralement les différents tomes. Les auteurs ont ajouté quelques pages à la fin de chaque tome afin de compléter l'histoire fictive avec les événements réels de cette période. Un excellent support ludique et pédagogique pour ne pas oublier...
Waldo
Un défi aux principes de la BD, vraiment sympathique : comment nous rendre des personnages attachants sans jamais qu'on puisse voir ni leur visage ni même leur silhouette ! C'est donc une histoire de meurtre(s) où l'on ne voit ni les morts ni les vivants. En revanche, on entend. Pas d'enquêtes, pas de policiers ni de sang, mais des indices, posés ça et là dans les conversations, qui amènent le lecteur à comprendre qui sont les personnages, leurs liens entre eux, leurs motivations , leur histoire. Oui mais que voit-on alors ? Tout simplement les maisons où ont lieu les dialogues, presque toujours vues de l'extérieur. Bref, l'idée est intéressante et le résultat réussi : 1. de bons dialogues, drôles et qui font avancer l'histoire, avec une couleur de bulle pour chaque personnage (on n'est pas perdu). 2. le dessin des maisons où ont lieu ces conversations. Expressif et coloré, avec des effets de répétition, de déformation, il nous ouvre l'imaginaire sur l'histoire des personnages. 3. un scénario et un découpage efficace. La présence de la radio permet de faire entrer les éléments qui n'auraient pas de sens dans les dialogues et relie les maisonnées dans une même écoute. Un petit plus : la préface de Fabcaro met en appétit, et le format, 17,5/24cm, est parfait pour lire au lit !