Les derniers avis (38710 avis)

Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Sur la route de West
Sur la route de West

Voila une BD bien étrange et pourtant tout à fait dans le genre de ce que j'ai lu avec Dans un rayon de soleil qui présente des thématiques communes mais surtout les mêmes procédés qui ajoutent l'étrangeté au récit. Mélange de road-trip, fable, métaphore fantastique et histoire classique, "Sur la route de West" est indéniablement une œuvre qui surprend. Elle ne conviendra pas à tout le monde, mais (les notes des aviseurs en sont témoins) convient très bien à certaines personnes. Il faut dire que l'autrice ne fait rien pour faciliter le travail d'un lecteur ou d'une lectrice : histoire cryptique avec de nombreuses clés de lectures permettant d'imaginer bon nombre de développement, personnages mutiques pendant une bonne partie du récit avant de dévoiler ce qui les ronge, arrivé d'un fantastique qui semble faire métaphore d'une peur, ou d'une reconstruction ... Bref, le récit demande un investissement de la part de son lectorat, tout en restant en essence très facile d'accès. Le récit est fluide, la lecture facile et l'ensemble, bien que conséquent, ne prend pas une heure à terminer. En fait, ce qui est fascinant, c'est tout les détails que l'autrice ajoute pour parler visuellement. Les hommes par exemple : présence menaçante dès que l'un se présente dans le cadre (que ce soit justifié ou non), menace voilée pour ces deux femmes qui préfèrent les femmes. J'en connais qui s'insurgerait ("On est pas tous comme ça !") mais j'aime beaucoup que lorsque la BD part du regard de ces deux jeunes femmes, alors ils deviennent tous danger potentiel. Aucun visage d'homme ne sera montré, juste des dentition de sourire carnassier, incarnant les prédateurs qu'elles redoutent. Ce qui rejoint certaines thématiques développées dans le récit ... De même les choix visuels dans les différences de tailles joue particulièrement sur l'ambiance : grandes étendues vides, zones immenses et contraste de la petite voiture et sa petite caravane. Lorsque le trajet devient course-poursuite, le décor devient abstrait et toujours aussi grand, perdant deux petites femmes dans un monde semble-t-il toujours plus hostile. La BD est dense et sa lecture interroge sur plein de points. Son sujet est dur, âme sensible s'abstenir, mais a quelque chose de réconfortant. La recherche d'une échappatoire à cela, essayant de s'en sortir malgré tout. Elle a surtout beaucoup de choses en elle, de petits détails qui ne semblent pas en être, de questionnements qui restent à la fin et qui font sa force. Je pense qu'elle a de quoi marquer ses lecteurs, Tillie Walden étant une autrice assez unique dans le paysage de la BD actuelle. Il est difficile de recommander cette BD si atypique, mais si vous avez l'impression que c'est pour vous, alors foncez !

04/03/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Petit pays
Petit pays

Ce one-shot est adapté d'un roman qui se base sur les souvenirs d'enfances de l'écrivain Gaël Faye. On parle encore une fois du génocide rwandais quoique cette fois-ci l'action va principalement se passer dans le Burundi voisin où les événements du Rwanda vont pourrir la relation entre les Tutsis et les Hutus. Ajoutons qu'en plus le personnage principal est issu d'une famille mixte et qu'il est à moitié Français par son père, ce qui fait qu'il vit plus confortablement que la plupart des gens du pays et qu'on va croiser quelques blancs dans son entourage qui ont encore des préjugés hérités des colonies. Le héros et ses amis essayent le plus possible de continuer à vivre une enfance normale, mais petit à petit la violence s'installe et le comportement des adultes qui l'entourent change. Il va finir par grandir et vraiment comprendre ce qui se passe et son enfance innocente va disparaitre. C'est vraiment une BD sombre que je ne conseille pas à ceux qui n'aiment pas les récits qui rendent dépressif, surtout que c'est basé sur des faits réels, ça ne se passe pas dans un monde imaginaire. Le récit est captivant et certaines scènes sont très fortes et vraiment horribles. C'est une lecture qui m'a marqué et bouleversé parce qu'elle montre toute la violence dont l'être humain est capable pour des raisons absurdes.

03/03/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Capital & Idéologie
Capital & Idéologie

J'avais cette BD dans le viseur pratiquement depuis sa sortie et lorsqu'elle a (enfin) été disponible dans ma bibliothèque je n'ai pas hésité une seconde. Et pour être franc, la lecture fut un poil décevante, sans doute parce que enhardi par les lectures que j'ai déjà fait sur la question capitalistique. Mais l'ouvrage reste très bien et apporte quelques réponses supplémentaires, surtout historique, sur la construction et la déconstruction du capitalisme. La BD établie une famille fictive dont la généalogie va permettre d'avoir un aperçu du fonctionnement du capitalisme non-seulement sur les individus mais aussi dans le temps long par le biais de l'héritage. La BD met bien en lumière la façon dont le processus s’établit de manière même insidieuse, les nantis n'étant quasiment jamais conscient des mécanismes à l’œuvre dans l'établissement de la richesse, de même qu'ils ne perçoivent pas l'injustice profonde dont ils jouissent. La Bd balaye le modèle économique des pays européens et des USA dans les grandes lignes sur pas mal d'années, avec les différentes tendances qui se sont dégagées ainsi que les échecs des politiques économiques (échecs dans la redistribution et l'équité, mais réussite sur le plan de l'enrichissement individuel). Elle met en lumière l'ampleur de cette arnaque que constitue le néo-libéralisme dont les effets sont aujourd'hui délétère pour nos sociétés, pour le climat et pour nos démocraties. Les auteurs se fendent d'ailleurs à la fin de propositions très intéressantes pour ne pas rester avec le gout amer de ce qui a été expliqué mais envisager d'autres voies pour s'en sortir. En tout cas ça ne passera pas par Macron, ça c'est sur ! La BD est bien servie par son dessin, simple mais très clair, qui arrive à faire passer la grosse quantité d'informations sans trop déboussoler. La lecture reste très fluide malgré la quantité de pages et même parfois amusantes. Mes réserves sont plus du côté personnel, constant que je ressors de cette BD sans finalement avoir appris grand-chose mais surtout parce que je me suis déjà bien intéressé au sujet de diverses manières et que finalement les sujets se recoupent. La BD est une bonne synthèse, une bonne première approche également, tout en restant accessible. Je laisse donc ma note à 4* mais je vais personnellement me concentrer sur des BD plus poussées sur le sujet.

03/03/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5
Couverture de la série Les Météores
Les Météores

On essaie tous de faire de notre mieux. C’est le plus important, non ? - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Son format est à l’italienne, avec des dimensions de demi-format d’une bande dessinée franco-belge traditionnelle. Son édition originale date de 2024. Il a été réalisé par J.C. Deveney pour le scénario, et par Tommy Redolfi pour les dessins et les couleurs. Il comprend trois-cent-dix pages de bande dessinée. Elijah et Leblond, deux amis adolescents skaters, se tiennent sur un pont au-dessus d’une autoroute de deux fois quatre voies, regardant les véhicules passer en contrebas. Le premier raconte à son pote que quand il était petit, son père l’emmenait ici pour regarder les bagnoles, c’était leur sortie du samedi… Enfin jusqu’à ce qu’il se barre. Cela fait réfléchir Leblond qui pensait que son beau-père était pénible. Elijah continue : c’est clair qu’il rouillait sévère, regarder filer des voitures pendant une heure, y avait plus excitant. Il pense que son père ne faisait pas ça parce qu’il pensait déjà à se tailler, même sans ça il les aurait quittés. En vrai, il pense que son père espérait qu’il se passe un truc. Un accident, un crash, quelque chose qui changerait de l’ordinaire. En plus, il suffit de pas grand-chose pour que ça arrive ! Un caillou, un bout de métal… N’importe quoi qui tombe du pont. On imagine : le pare-brise qui explose, la bagnole qui vrille et qui va en fracasser d’autres ! Le pur feu d’artifice ! En même temps un accident, ça dure jamais. Ils continuent à discuter, se disant que le vrai frisson serait de traverser avec leur planche. Leblond finit sa bouteille, la jette par-dessus le grillage, et ils partent sur leur planche. Dans l’espace, un météore poursuit sa trajectoire, dans le vide. Hollie, aide-soignante, attend le bus dans le froid et la neige. Elle voit arriver un homme fort et de grande stature. Il s’assoit à côté d’elle dans l’abribus, en laissant une place vide entre eux. Floyd prend la parole : il s’excuse, car il ne la reconnaît pas, c’est parce qu’il a des blancs des fois. Il continue : il croise des gens, il discute et puis, pffuiit, ça s’en va. Elle le rassure : ils ne se sont jamais croisés. Il reprend la parole : Gary dit que ce n’est pas la peine qu’il raconte tout ça à tout le monde. Mais Floyd trouve que c’est mieux de dire ce qui est vrai. Elle acquiesce, surtout qu’il n’y a pas de honte à avoir, les blancs, c’est des choses qui arrivent. Il se présente et donne son nom, elle donne le sien. Il lui demande si c’est la première fois qu’elle attend le 34 de 05h46. Elle indique que oui, d’habitude elle prend sa voiture, mais elle est tombée en panne hier. Floyd se lève et dit qu’il aime bien quand la neige tombe, parce on ne sait pas si c’est elle qui descend ou si c’est soi qui monte. Hollie se souvient de son fils Elijah enfant faisant une boule de neige. Le bus arrive, la radio diffuse une chanson de Rufus Wainwright, Going to a town. Cette même chanson est diffusée par le poste dans la chambre de Casey, une jeune femme. Elle se lève et appelle son chien Chuck. Elle sort sous la neige et continue de l’appeler. Elle découvre quatre chiens sauvages qui se mettent à aboyer contre elle. Elle rentre se mettre à l’abri. Un titre déconcertant : il annonce des météores, et en effet dans les pages huit à dix, le lecteur peut avoir un premier aperçu de l’approche d’un météore dont il ne fait nul doute qu’il fonce sur la Terre. Dans le même temps, le titre évoque des individus qui ne font que passer, et cela ne semble pas s’appliquer au météore, mais à des êtres humains, peut-être ceux qui passent par la ville. Cette dernière n’est jamais nommée, et le lecteur en vient à supposer qu’il s’agit d’une ville de faible importance en nombre d’habitants. Elle compte toutefois un magasin de meubles à monter soi-même dénommé Aeki, enseigne que le lecteur identifie facilement en lisant ce nom de droite à gauche. Il commence par faire connaissance avec les deux skaters… qui ne sont pas nommés. Il faudra attendre la page cinquante pour les revoir avec deux autres potes, et commencer à relever un nom, mais pas tous. Ils zonent avec deux adolescentes. Bref, le lecteur finit par identifier Dawn (brune à lunettes), Elijah (afro-américain), Leblond (fumeur) et Jess (jeune fille pas compliquée). Mollie et Floyd se présentent l’un à l’autre, avec un physique plus facilement mémorisable. De la même manière, il faut un peu de temps pour mettre un nom sur le visage de l’employée d’Aeki : Casey. Encore plus de pages avant de croiser le prénom de son collègue revêche : Sammy. Charlie est appelée par son nom dès sa première apparition. À contrario, le lecteur voit Floyd parler de Gary, bien avant qu’il ne fasse son apparition, et c’est le seul personnage à être doté d’un nom de famille, Hansom. Quelques seconds rôles peu nombreux dont le couple formé par Linda et Don (professeur), sans oublier la jeune manager chez Aeki. Le lecteur se retrouve un peu déconcerté par cette absence de nom de famille, car les dessins peuvent parfois lui sembler sommaires, laissant planer un doute sur l’identité de tel ou tel personnage à deux ou trois reprises. En outre, les dialogues s’avèrent brefs et concis, sans aucune bulle de pensée, ou cartouche de texte avec une voix intérieure. La couverture peut donner une impression d’image dense en informations visuelles, et complexe en composition, en particulier dans l’usage des couleurs. Il en va de même avec la première planche. La perception du lecteur se modifie un peu par la suite, devenant sensible à une approche plus épurée, dans les formes, dans le choix des détails signifiants. Les dessins ne donnent pas l’impression d’être plus simples, ou simplistes, plutôt plus focalisés sur un point d’attention central. Tout se joue dans les impressions du lecteur. L’impression d’un récit taiseux : l’ouvrage compte quatre-vingt-dix pages silencieuses, dépourvues de tout mot, une forme de minimalisme, et en même temps une confiance dans le fait que les images se suffisent à elles-mêmes pour raconter. Une dizaine de personnages avec un rôle significatif, à la fois une belle distribution, à la fois l’impression de rester dans un cercle assez fermé. Des images parfois très dépouillées : dans le même temps, elles font sens, et les auteurs mettent à profit la forte pagination de leur ouvrage pour prendre le temps de raconter certains moments et de focaliser leur regard sur un geste, une attitude ou accessoire. Une fois passée la première apparition du météore, en noir & blanc pour un contraste maximal, le récit revient à des situations banales du quotidien : attendre le bus au petit matin, se souvenir de la première boule de neige de son fils, s’enquérir de son chien, aider un homme âgé ayant perdu en autonomie, regarder un oiseau voler, subir les récriminations d’un collègue contre la direction dans le vestiaire, zoner avec des potes avec la flemme de faire du skate, échanger des banalités au comptoir dans un café, ressentir pleinement la banalité de la solitude, etc. La narration visuelle s’avère respectueuse et attentive. La mise en couleur joue sur quelques teintes, souvent sombres sans être vraiment ternes. Le lecteur ressent de la sympathie pour ces individus normaux, vivant leur quotidien avec un mélange de courage et de résignation, une ténacité tout ce qu’il y a de plus mécanique, qui pourtant génère un sentiment de respect et d’empathie chez le lecteur, car il reconnaît bien cette saveur du quotidien qui n’apporte que la même chose, sans plus de réel goût, tout en étant réconfortant par sa prédictibilité. Dans le contexte de cette vie normale et sans éclat, les événements sortant de l’ordinaire apparaissent pour ce qu’ils sont : la conséquence inéluctable de tous les événements précédents, dont il n’y a donc pas raison de s’étonner, un engourdissement gagnant chaque individu ayant intégré inconsciemment que c’est l’ordre immuable des choses. Du coup, un licenciement, un incendie volontaire, des informations alarmantes sur la progression du météore s’avèrent dénués d’effet sur l’instant présent, sur la suite, une progression inéluctable qui pourrait presqu’être prédite, un enchaînement de causalités préétabli. À l’évidence, l’état mental de Floyd n’ira pas en s’améliorant, et Gary ne pourra pas toujours s’occuper de lui. Le mode de management d’Aeki apparaît pour ce qu’il est : des techniques pour flatter les employés, les motiver par un esprit d’équipe artificiel dans la mesure où il ne repose que sur eux, sans aucune implication des actionnaires sans visage. Le lecteur repense à la citation de Raymond Carver en exergue : Plus de destin. Juste un enchaînement de petits faits qui n’ont d’autre sens que celui qu’on veut bien leur donner. Une vie machinale, sans objet. La vie de tout le monde. Un autre personnage résume la dynamique de la vie : On essaie tous de faire de notre mieux, c’est le plus important, non ? Pourtant, le comportement des personnages ne relève pas de la neurasthénie. Une forme de fluide passe dans ces vies, de principe vital, que le lecteur n’arrive pas tout à fait à identifier. Il revient au titre et à ce météore qui approche : finalement cette menace sur la survie de la Terre et de l’espèce humaine ne change pas grand-chose au quotidien, voire dans un moment atroce un personnage prend conscience que l’entreprise Aeki a pris ses dispositions pour fourguer le maximum de camelote avant que son établissement situé dans la zone d’impact ne soit détruit. Le lecteur repense également à Elijah parlant de son père : en fait il pense que son père espérait qu’il se passe un truc. Les personnages du récit ont dépassé ce stade : ils n’attendent plus rien, ils sont persuadés que leur vie va lentement se dégrader, grignotée par l’entropie. Ils ne s’y sont pas résignés : ils ont accepté cet état de fait, et s’y sont adaptés, vivent en cohérence avec cette vision de l’existence. Page quatre-vingt-douze, Hollie arrive chez Maggie pour lui prodiguer des soins, effectuer une prise de sang. La vieille dame lui dit qu’elle aime les livres qui ne se contentent pas de raconter une histoire avec un début et une fin. Ceux qui ressemblent à la vie. Ou qui essaient en tout cas. Dans la vie, il n’y a pas de personnages principaux et de personnages secondaires. On a tous notre rôle à jouer. Tous notre importance. Le lecteur comprend que les auteurs effectuent une déclaration d’intention sur leur propre ouvrage et même une profession de foi personnelle. Il repense alors au sous-titre Ceux qui ne font que passer. Bien sûr cela désigne les individus qui risquent de périr lors de l’impact de la météorite. En prenant un peu de recul, cela désigne également tous les individus croisés par Floyd, car la mémoire de celui-ci n’est pas fiable, et il oublie les gens qu’il croise. Le lecteur peut se dire qu’il en va de même pour lui : de nombreuses connaissances, ou collègues, ou anonymes dans les transports en commun ou dans les voitures du flux de circulation, autant de personnes qui ne font que passer dans sa vie. À la lumière de ce point de vue, il prend conscience de ce qui fait le cœur du récit : ce n’est pas l’intrigue secondaire de la météorite qui n’occupe que très peu de pages. Les météores sont également les personnes que l’on croise, qui passent dans notre vie. Ceux qui ne font que passer sont l’essence même de la vie de chaque individu. Étrange titre, accouplé à un sous-titre énigmatique, une couverture qui dit très peu du contenu. Narration semblant parfois minimaliste que ce soit par les silences des personnages ou par des cases épurées. Pour autant, point de déprime ou de misérabilisme, de solitude rongeant l’âme. Le récit se déroule très tranquillement, même si des événements surviennent. Le lecteur sent qu’il reste immergé grâce à un sentiment diffus qu’il éprouve pour les personnages… jusqu’à ce qu’il prenne conscience des différents niveaux de sens de l’expression : Ceux qui ne font que passer. Émouvant.

03/03/2025 (modifier)
Par Creamy
Note: 4/5
Couverture de la série La Prisonnière
La Prisonnière

J'ai eu la chance de rencontrer Stanislas Gros au festival de BD de Saint Denis en Val hier. Un auteur trop rare dont j'avais apprécié l'adaptation du Portrait de Dorian Gray sortie il y a déjà 17 ans (2008). Sa ligne claire reste expressive et reconnaissable, mais on est ici dans un registre d'aventure-comédie beaucoup plus léger. Malgré la présence de requins, robots à tête de mort et autres rats, l'histoire pourra convenir à un public assez jeune. Je dirais que le ton se rapproche du Roi et l'oiseau ou de certaines séries animées des années 90 (Batman, Belphégor,...) Il y a de belles trouvailles visuelles et des dialogues amusants. Les personnages sont attachants et les 72 planches s'enchaînent rapidement. Comme diraient les poulpes : Il eût été dommage que vous passassiez à côte. Note réelle : 3.5/5

02/03/2025 (modifier)
Par yaglourt
Note: 4/5
Couverture de la série To your eternity
To your eternity

Voilà une histoire différente qui ne suit aucun des tropes habituels des mangas (à part celui de l'immortel qui ne vieillit pas). Une histoire métaphysique, existentialiste et tragique, souvent émouvante. Il n'y a pas vraiment d'intrigue classique avec un protagoniste et un antagoniste, du moins au début. Qui dit immortel, dit histoire au long cours avec différentes époques et autant d'arcs, de l'antiquité jusqu'à l'époque futuriste. L'arc contemporain est le moins original et intéressant de tous mais le manga se rattrape avec l'époque futuriste suivante (forcément une dystopie). Vous saurez dès le premier chapitre si vous accrochez ou pas. Pour ma part, j'ai tout de suite aimé.

02/03/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Once & Future
Once & Future

3.5 Je trouve cela très étrange que ce comics qui a plusieurs qualités n'ait pas été publié sur ce site jusqu'à présent alors qu'il est publié par un gros éditeur. Encore une fois, on utilise le mythe arthurien, mais ici je trouve que c'est utilisé de manière originale. Un groupe de nationalistes aidé par une mystérieuse femme ressuscitent le roi Arthur, qui va détruire les ennemis de la Grande-Bretagne... sauf que le roi Arthur est un Breton et il n'aime pas les Anglo-Saxons, alors tout le monde est son ennemi maintenant ! Il y aura bien sûr un petit groupe de héros qui vont tout faire pour stopper Arthur et les machinations de Merlin. Ils sont un peu clichés (la vieille mentor manipulatrice qui sait tout, son petit-fils qui sait rien et sa copine potentielle), mais attachants. Il y a un bon mélange d'action, de comédie et de drame. On retrouve le mythe d'Arthur, mais au fil des tomes on va aussi voir d'autres figures du folklore anglophone et européen. Je pense que les fans de 'Fables' vont bien apprécier ce mélange de mythes et de légendes. Le côté fantastique est tout de même parfois un peu difficile à comprendre, vu qu'on dirait que tout est possible et il faut avoir un peu de culture pour comprendre qui est qui, quoiqu'on voie surtout des figures mainstream de la littérature anglaise (donc on voit Beowulf et pas Rolland de la chanson de Rolland). Il y aussi des facilités dans le scénario, avec notamment les héros qui semblent capables de se déplacer un peu trop rapidement d'un endroit à un autre, mais bon cela reste du comics de divertissement de qualité. Le dessin est dynamique et la mise en scène est très lisible.

02/03/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série À la poursuite de Jack Gilet
À la poursuite de Jack Gilet

Ben ça alors, moi qui y allais à reculons, je viens de me prendre une belle ruade dans le popotin. Un album qui traîne sur ma pile à lire depuis plusieurs semaines, un cadeau de ma chère et tendre. Elle sait que j'aime les animaux, mais là je me suis dit : elle se moque de moi. En effet, il est question d'animaux, mais ici après un procès en bonne et due forme ils sont exécutés par pendaison, comme le veut la procédure fédérale des États-Unis. Horrible me suis-je dit. Et ben non, j'ai dévoré cet album d'une traite. Un sujet qui peut prêter à sourire, mais il n'en est rien, une réalité qui n'était pas exclusive aux États-Unis, en fin d'album un petit récapitulatif de procès où les accusés sont des animaux et la France n'est pas épargnée. On va suivre Jack Gilet, bourreau de son état pour animaux. Il se déplace dans tout le pays pour appliquer les condamnations. On va ainsi assister à la pendaison d'un mulet puis d'une truie et enfin de la chèvre Debbie. Et c'est à partir de cette exécution que Jack va devoir partager sa route avec un gamin psychopathe qui veut devenir bourreau, mais pour les humains et de Winifred la propriétaire de la défunte Debbie. Elle veut se venger. Un road movie d'exécution en exécution jusqu'à ce qui devrait être l'apothéose de sa carrière, pendre une éléphante (un fait hélas bien réel qui a eu lieu le 13 septembre 1916). Un Jack Gilet sous le joug de sa mère, un jeune garçon détestable à souhait et une Winifred attendrissante font tout le charme de cette histoire haute en couleur. Un récit sur la souffrance animale et sur l'absurdité d'une telle pratique, le passage sur la pendaison d'un taureau est difficilement supportable. Bien que le déroulé du récit soit classique et assez prévisible, j'ai passé un excellent moment de lecture. C'est drôle, touchant et subtilement accompagné par des dialogues aux petits oignons. C'est la première fois que je suis bluffé par le dessin de David Ratte, un dépaysement garanti. J'en ai pris plein les yeux, de superbes planches qui magnifient les contrées sauvages. Et l'utilisation de l'aquarelle sublime l'ensemble. Superbe ! Une belle surprise.

02/03/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série L'Arc-en-Cieliste
L'Arc-en-Cieliste

Alors que cette BD s'entame sur une trame très historique, dans un cadre d'Angleterre du XVIIe siècle où un jeune lord va rencontrer Isaac Newton et se passionner avec lui pour l'étude de l'optique, elle prend par la suite un aspect presque proche du conte ou du moins avec une petite touche de fantastique. C'est frais et agréable, avec une fin heureuse comme je les aime. J'ai aimé son dessin très coloré. Les auteurs ont d'ailleurs pris le parti de nommer chaque chapitre selon l'une des couleurs de l'arc-en-ciel et de réaliser les planches de chacun d'entre eux dans la teinte dominante de la couleur en question. Je ne l'ai constaté qu'au troisième ou quatrième chapitre, c'est dire si c'est bien fait et cela n'entrave pas la bonne lecture et l'appréciation du graphisme. Cela ne sert pas vraiment l'histoire mais c'est joli, bien fait et cela ajoute à l'ambiance un peu merveilleuse du récit. Celui-ci intrigue tout d'abord car on se demande où les auteurs veulent nous mener avec cette histoire de passionné de recheche scientifique sur les arcs-en-ciel, passion teinté de culture gaélique et d'histoires de leprechauns et de leurs trésors. Puis on s'étonne de voir ce jeune garçon envoyé dans une drôle de mission d'espionnage... en France. Et là arrive alors la touche de conte romantique, une histoire mignonne et touchante comme cette pauvre et jolie fille qu'il rencontre. J'ai trouvé ça charmant. Pas inoubliable ni forcément marquant, mais original et touchant : j'ai refermé l'album avec le sourire. Note : 3,5/5

02/03/2025 (modifier)
Couverture de la série Dracula (Bess)
Dracula (Bess)

Il s'agit pour moi ni plus ni moins que de la meilleure adaptation graphique du roman culte de Bram Stoker. En rapport avec certains commentaire précédents, cette œuvre possède donc les défauts de ses qualités avec une adaptation graphique très fidèle du roman initial et donc des voix off et des dialogues qui peuvent paraitre trop présents et/ou datés. Pour ma part, je suis assez féru de BD de ce type, denses et qui prennent du temps à être lus et appréciées. Je ne reviendrai pas sur l'histoire que tout le monde connait, mais j'émettrai juste un regret, l’œuvre manque à mon sens d'un peu plus d'érotisme à la manière dont F.F. Coppola avait pu le faire dans son adaptation cinématographique et la fin aurait mérité un côté un peu plus épique. C'est presque trop facile d'en finir avec Dracula à mon goût... Au niveau du dessin, les planches mêlant fond photographiques et scènes dessinées en noir et blanc sont vraiment magnifiques. J'ai particulièrement aimé les dessins d'illustrations du type de celui de la couverture qui parsèment ça et là l'ouvrage (notamment les débuts de chapitre). Le dessin et notamment les personnages auraient peut-être gagné en profondeur avec des nuances de gris plutôt qu'un basique noir et blanc mais je chipote. Une œuvre à posséder tant pour sa fidélité à l’œuvre initiale que pour son dessin. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 8,5/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 8,5/10 NOTE GLOBALE : 17/20

02/03/2025 (modifier)