Le neuvième art est un art de l'essentiel. L'auteur ne peut pas s'y étendre sur des centaines de pages comme le romancier, il faut couper, éluder, suggérer ce qui se passe entre les cases. On reproche parfois à la bd d'être trop réductrice, d'user de personnages à la psychologie stéréotypée et de raccourcis scénaristiques. C'est qu'il est difficile de faire entrer la complexité du monde dans de petites cases. Il faut dès lors reconnaître aux meilleurs auteurs le talent de savoir dire plus avec moins, d'aller à l'essentiel tout un suggérant dans le détail. Cette impérieuse contradiction me semble parfaitement illustrée par "Idéal standard" d'Aude Picault. Voici une bande dessinée romanesque et psychologique sans récitatif, dont le graphisme, le découpage, le côté épuré des décors vont à l'essentiel mais n'oublient pas ces détails qui donneront corps au récit et à la psychologie de son héroïne : le sous-entendu d'une parole, le caractère métaphorique d'une situation, l'attitude contradictoire d'un personnage, un décadrage, la subtile ellipse temporelle entre deux cases...
Cette histoire de célibataire en pleine crise de la trentaine ne passionnera sans doute pas à priori tout le monde, mais n'importe quel amateur de bd devrait sans peine reconnaître à Aude Picault une haute maîtrise de cet équilibre difficile entre le détail et l'essentiel qui lui permet de dépasser son sujet et d'avoir un vrai propos. On n'a pas ici affaire à un ultime avatar du Journal de Bridget Jones, on n'est pas dans la comédie romantique de base, "Idéal standard" met en scène avec force les contradictions de la femme occidentale postmoderne et sa difficulté à trouver l'épanouissement personnel, tiraillée sans fin entre idéal féministe et conformité sociale.
Etrange que certains puissent trouver ça "bourrin". Il s'agit en l'occurence d'une série humoristique, certes très bien dessinée et avec du combat, mais c'est surtout l'occasion de se moquer des clichés du genre. Une sorte de parodie, quoi.
One Punch Man, avec son héros qui parvient à battre tous ses adversaires en un seul coup de poing, parvient à casser les codes du shonen tout en étant bourré de références et à nous faire rire. Les quiproquos sont nombreux mais le manga n'en est malgré tout pas réduit à ça et One parvient à transmettre de l'émotion et de la profondeur via son héros (je n'en dis pas plus pour ne pas spoiler).
Bref, c'est très très fun, si vous avez une once de second degré et que vous connaissez les classiques du genre...ce qui explique le succès au Japon.
Addendum.
Le manga est dessiné par Yusuke Murata, qui a également dessiné Eyeshield 21. Le dessin est donc très bon. Le manga reste malgré tout en dessous de l'adaptation anime qui est tout simplement un des meilleurs exemples de ce qu'il est possible de faire en animation (quasiment digne d'un ghibli par moments voire meilleur niveau fluidité de mouvement et angles de caméra qui se déplacent).
J'ai récemment acheté et dévoré l'intégrale de cette série qui est tout simplement magnifique.
Que ce soit au niveau de l'adaptation (des légendes nordiques et germaniques et de l'opéra de Wagner), du rythme, du graphisme ou de l'ambiance, c'est tout simplement excellent.
Je connaissais déjà l'histoire en grande partie de par ma passion de la mythologie (j'avoue que je n'ai jamais vu l'opéra mais j'aimerais beaucoup assister à une représentation de celui ci).
Alex Alice a su adapter ces légendes et leur donner une lecture quasi cinématographique dans cette BD qui, pour moi, est à la hauteur des classiques du genre comme La Quête de l'Oiseau du Temps ou Le Grand Pouvoir du Chninkel.
Bref, si vous aimez les légendes mythologiques, l'heroic fantasy (qui découle en grande partie de l'oeuvre de Tolkien, elle même inspirée de ces mêmes légendes) ou simplement les bonnes BD, foncez !
J'ai toujours un petit faible pour les bds qui racontent une expérience politique sans doute pour l'avoir vécu dans ma jeunesse dans une autre vie faite d'espoir et au contact d'un homme politique ayant eu l'ambition de se présenter tout récemment à une élection présidentielle. Il est arrivé la même douche froide à l'auteur qui va se confronter avec la réalité du pouvoir et de ses arcanes qu'il faut bien maîtriser pour faire passer un projet. Il se rendra compte que les attaques les plus féroces proviennent de votre propre camp.
L'analyse qui est faite de la vie politique est bonne surtout pour quelqu'un venant de la société civile. Cela se rapproche un peu de la bd Quai d'Orsay que j'avais grandement apprécié mais avec l'humour en moins. On va s’intéresser à l’action du gouvernement de Jean-Marc Ayrault sous la présidence de François Hollande. On sait ce qu'il est advenu de ces deux hommes par la suite. Pourtant, les faits sont si récents (période couverte 2013-2014 avec un petit saut en 2016 à la fin). Les thèmes de prédilections évoqués sont l'intégration sociale d'où le titre qui va à contre-pied. Et dire que c'était un gouvernement soi-disant de gauche...
Pour ceux qui s'intéressent à la politique, cela sera véritablement passionnant. Les amateurs de vieilles bds datant des années 60 et 70 devront impérativement s'abstenir de préférence car ils ne sont pas prêts à affronter la modernité de notre monde et ni à comprendre ses méandres et sa complexité. J'ai beaucoup aimé le travail des auteurs qui ne font pas dans la concession tout en restant juste et avec une pointe d'humilité qui les honorent.
La grande originalité de ce manga est qu'il dynamite les codes stricts du shonen. Là où normalement le héros progresse lentement et péniblement, Saïtama (le fameux "one-punch man") est absurdement fort ("OP" - overpowered) dès le départ, et ceci sans avoir rien fait de spécial à part quelques exercices physiques classiques (ça fait partie du gag). D'ailleurs cette surpuissance est devenue un problème pour lui, il regrette le frisson des combats, il s'ennuie dans son métier (son "hobby", selon lui) de héros.
Autre exemple : à l'inverse d'un héros de shonen qui par son charisme se fait entourer d'amis fidèles, Saïtama est un solitaire qui aime la discrétion et la tranquillité (tout juste tolère-t-il la présence d'un disciple car celui-ci paie le loyer et fait le ménage !).
L'absurdité de ce personnage est un moteur de l'humour de ce manga, mais il faut aussi ajouter toute une galerie de super-héros et de monstres tous aussi ridicules les uns les autres, que ce soit leur apparence, leur patronyme ou leurs pouvoirs. Ce sont ces super-héros secondaires et souvent intéressants qui donneront lieu à des combats sympathiques (du moins qui ne se règlent pas en un coup !).
Quant au dessin de grande qualité, il est réalisé par un mangaka de tout premier ordre (Murata).
Bref un anti-shonen qui ne se prend pas du tout au sérieux, et ça fait du bien.
Je conseille d'aller voir aussi l'adaptation animée qui est à la hauteur du manga.
Pour ma part, après avoir lu plusieurs séries issues de ce multivers Valiant, c'est celle-ci qui trouve le plus grâce à mes yeux.
En effet elle se montre plutôt rythmée, intelligente, dense sans être bavarde, et contient cette dimension dramatique que les super-héros ont hérité de la langue shakespearienne. Matt Kindt et Jeff Lemire tiennent bien leur personnage principal, et lui adjoignent habilement les autres personnages de l'univers.
La patte de Paolo Rivera est vraiment très agréable, on sent une véritable énergie s'en détaher, bien aidé il est vrai par son frère, Joe.
Bref, à lire.
Les réflexions philosophiques sur le sens de la vie de Manu Larcenet m'ont toujours touché. Il se livre totalement et cela peut plaire ou pas au public toujours assez tranché le concernant. On peut certes trouver cela assez égocentrique dans un genre réflexions tourmentées d'un auteur qui se cherche et qui a besoin d'une thérapie grand public.
Je retrouve le style que j'avais déjà entrevu dans Presque. Certes, ce sont des oeuvres de jeunesse mais qui sont déjà assez mâtures dans l'âme. Par la suite, il va juste perfectionner son trait pour être moins brouillon et minimaliste.
L'oeuvre est faussement légère. La lecture est plutôt rapide et rythmée. On ne s'ennuie pas comme d'habitude. On sent déjà une certaine forme de noirceur qu'on retrouvera plus tard dans Blast par exemple ou Le Rapport de Brodeck. C'est un auteur bourré de talent qui saitt incontestablement bien montrer ou plutôt bien illustrer ses pensées les plus intimes ce qui n'est pas donné à tout le monde.
A noter que j'ai lu une réédition datant de 2017 qui m'a permis de ne pas passer à côté.
3.5
Une adaptation des aventures d'Ulysse qui sent bon les années 70 avec ses pages souvent psychédéliques !
C'est vraiment le genre d'oeuvre où soit on embarque dans le délire des auteurs, soit on passe à coté et en s'enfuit ferme. Je pourrais comprendre que, par exemple, un lecteur de mon âge lise cet album et trouve que cela a mal vieilli. Personnellement, j'ai embarqué dans cette adaptation de l’Odyssée où on retrouve un mélange de mythologie grec, de science-fiction et d'érotisme. Le scénario est prenant et j'aime particulièrement le récit avec les sirènes que j'ai trouvé assez original. Lob était vraiment un génial scénariste disparu trop-tôt.
Le dessin de Pichard est bon, quoique je ne trouve pas que ses femmes nues soient particulièrement sexy.
3.5
J’avais découvert le personnage dans le gros recueil sur le journal de Tintin sorti l'année dernière et il m'avait fait une bonne impression. Une impression qui s'est confirmée après la lecture de ses deux albums.
C'est certes une série mineure de Greg, mais je trouve que c'est très bon si on est fan du scénariste. Le fait que le détective se spéciale dans les disparitions lui donne un coté original. Il y a un bon mélange d'aventure et d'humour comme le savait si bien faire Greg. La narration est fluide, c'est rempli de rebondissements, il y a une galerie de personnages mémorables et j'aime bien le dessin très expressif de ce dessinateur que je ne connaissais pas et qui aurait peut-être mérité d'être mieux connu.
À lire si on n'est pas allergique aux vieilles bandes dessinées.
Je vais rejoindre le concert des bonnes louanges à propos de cette bd car elle le mérite amplement. C'est comme cela et pas autrement. Ce n'était pas gagné d'avance mais cette bd est intelligente.
Je me suis également demandé si ce n'était pas une histoire vraie par rapport aux constructions touristiques des îles Canaries qui se sont vu complètement dénaturés par le tourisme de masse. Il est vrai que certains artistes à l'égo démesurée ont pu combattre cette idée de vulgarisation de la nature et de leur lieu de naissance. Bref, cela apparaît comme tout à fait crédible.
Quant à la forme, rien à redire si ce n'est que j'ai bien aimé ce style graphique qui me va très bien. Il y a également une bonne utilisation des couleurs. Les personnages et les décors sont fort réussis. J'ai passé un agréable moment de lecture. Cela m'a apporté divertissement mais pas seulement. Le récit est d'une très grande profondeur avec la lettre du père qui constitue un vrai moment d'anthologie.
C'est une bd bien construite qui mérite le succès ainsi que sa découverte.
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Idéal Standard
Le neuvième art est un art de l'essentiel. L'auteur ne peut pas s'y étendre sur des centaines de pages comme le romancier, il faut couper, éluder, suggérer ce qui se passe entre les cases. On reproche parfois à la bd d'être trop réductrice, d'user de personnages à la psychologie stéréotypée et de raccourcis scénaristiques. C'est qu'il est difficile de faire entrer la complexité du monde dans de petites cases. Il faut dès lors reconnaître aux meilleurs auteurs le talent de savoir dire plus avec moins, d'aller à l'essentiel tout un suggérant dans le détail. Cette impérieuse contradiction me semble parfaitement illustrée par "Idéal standard" d'Aude Picault. Voici une bande dessinée romanesque et psychologique sans récitatif, dont le graphisme, le découpage, le côté épuré des décors vont à l'essentiel mais n'oublient pas ces détails qui donneront corps au récit et à la psychologie de son héroïne : le sous-entendu d'une parole, le caractère métaphorique d'une situation, l'attitude contradictoire d'un personnage, un décadrage, la subtile ellipse temporelle entre deux cases... Cette histoire de célibataire en pleine crise de la trentaine ne passionnera sans doute pas à priori tout le monde, mais n'importe quel amateur de bd devrait sans peine reconnaître à Aude Picault une haute maîtrise de cet équilibre difficile entre le détail et l'essentiel qui lui permet de dépasser son sujet et d'avoir un vrai propos. On n'a pas ici affaire à un ultime avatar du Journal de Bridget Jones, on n'est pas dans la comédie romantique de base, "Idéal standard" met en scène avec force les contradictions de la femme occidentale postmoderne et sa difficulté à trouver l'épanouissement personnel, tiraillée sans fin entre idéal féministe et conformité sociale.
One-Punch Man
Etrange que certains puissent trouver ça "bourrin". Il s'agit en l'occurence d'une série humoristique, certes très bien dessinée et avec du combat, mais c'est surtout l'occasion de se moquer des clichés du genre. Une sorte de parodie, quoi. One Punch Man, avec son héros qui parvient à battre tous ses adversaires en un seul coup de poing, parvient à casser les codes du shonen tout en étant bourré de références et à nous faire rire. Les quiproquos sont nombreux mais le manga n'en est malgré tout pas réduit à ça et One parvient à transmettre de l'émotion et de la profondeur via son héros (je n'en dis pas plus pour ne pas spoiler). Bref, c'est très très fun, si vous avez une once de second degré et que vous connaissez les classiques du genre...ce qui explique le succès au Japon. Addendum. Le manga est dessiné par Yusuke Murata, qui a également dessiné Eyeshield 21. Le dessin est donc très bon. Le manga reste malgré tout en dessous de l'adaptation anime qui est tout simplement un des meilleurs exemples de ce qu'il est possible de faire en animation (quasiment digne d'un ghibli par moments voire meilleur niveau fluidité de mouvement et angles de caméra qui se déplacent).
Siegfried
J'ai récemment acheté et dévoré l'intégrale de cette série qui est tout simplement magnifique. Que ce soit au niveau de l'adaptation (des légendes nordiques et germaniques et de l'opéra de Wagner), du rythme, du graphisme ou de l'ambiance, c'est tout simplement excellent. Je connaissais déjà l'histoire en grande partie de par ma passion de la mythologie (j'avoue que je n'ai jamais vu l'opéra mais j'aimerais beaucoup assister à une représentation de celui ci). Alex Alice a su adapter ces légendes et leur donner une lecture quasi cinématographique dans cette BD qui, pour moi, est à la hauteur des classiques du genre comme La Quête de l'Oiseau du Temps ou Le Grand Pouvoir du Chninkel. Bref, si vous aimez les légendes mythologiques, l'heroic fantasy (qui découle en grande partie de l'oeuvre de Tolkien, elle même inspirée de ces mêmes légendes) ou simplement les bonnes BD, foncez !
Désintégration - Journal d'un conseiller à Matignon
J'ai toujours un petit faible pour les bds qui racontent une expérience politique sans doute pour l'avoir vécu dans ma jeunesse dans une autre vie faite d'espoir et au contact d'un homme politique ayant eu l'ambition de se présenter tout récemment à une élection présidentielle. Il est arrivé la même douche froide à l'auteur qui va se confronter avec la réalité du pouvoir et de ses arcanes qu'il faut bien maîtriser pour faire passer un projet. Il se rendra compte que les attaques les plus féroces proviennent de votre propre camp. L'analyse qui est faite de la vie politique est bonne surtout pour quelqu'un venant de la société civile. Cela se rapproche un peu de la bd Quai d'Orsay que j'avais grandement apprécié mais avec l'humour en moins. On va s’intéresser à l’action du gouvernement de Jean-Marc Ayrault sous la présidence de François Hollande. On sait ce qu'il est advenu de ces deux hommes par la suite. Pourtant, les faits sont si récents (période couverte 2013-2014 avec un petit saut en 2016 à la fin). Les thèmes de prédilections évoqués sont l'intégration sociale d'où le titre qui va à contre-pied. Et dire que c'était un gouvernement soi-disant de gauche... Pour ceux qui s'intéressent à la politique, cela sera véritablement passionnant. Les amateurs de vieilles bds datant des années 60 et 70 devront impérativement s'abstenir de préférence car ils ne sont pas prêts à affronter la modernité de notre monde et ni à comprendre ses méandres et sa complexité. J'ai beaucoup aimé le travail des auteurs qui ne font pas dans la concession tout en restant juste et avec une pointe d'humilité qui les honorent.
One-Punch Man
La grande originalité de ce manga est qu'il dynamite les codes stricts du shonen. Là où normalement le héros progresse lentement et péniblement, Saïtama (le fameux "one-punch man") est absurdement fort ("OP" - overpowered) dès le départ, et ceci sans avoir rien fait de spécial à part quelques exercices physiques classiques (ça fait partie du gag). D'ailleurs cette surpuissance est devenue un problème pour lui, il regrette le frisson des combats, il s'ennuie dans son métier (son "hobby", selon lui) de héros. Autre exemple : à l'inverse d'un héros de shonen qui par son charisme se fait entourer d'amis fidèles, Saïtama est un solitaire qui aime la discrétion et la tranquillité (tout juste tolère-t-il la présence d'un disciple car celui-ci paie le loyer et fait le ménage !). L'absurdité de ce personnage est un moteur de l'humour de ce manga, mais il faut aussi ajouter toute une galerie de super-héros et de monstres tous aussi ridicules les uns les autres, que ce soit leur apparence, leur patronyme ou leurs pouvoirs. Ce sont ces super-héros secondaires et souvent intéressants qui donneront lieu à des combats sympathiques (du moins qui ne se règlent pas en un coup !). Quant au dessin de grande qualité, il est réalisé par un mangaka de tout premier ordre (Murata). Bref un anti-shonen qui ne se prend pas du tout au sérieux, et ça fait du bien. Je conseille d'aller voir aussi l'adaptation animée qui est à la hauteur du manga.
The Valiant
Pour ma part, après avoir lu plusieurs séries issues de ce multivers Valiant, c'est celle-ci qui trouve le plus grâce à mes yeux. En effet elle se montre plutôt rythmée, intelligente, dense sans être bavarde, et contient cette dimension dramatique que les super-héros ont hérité de la langue shakespearienne. Matt Kindt et Jeff Lemire tiennent bien leur personnage principal, et lui adjoignent habilement les autres personnages de l'univers. La patte de Paolo Rivera est vraiment très agréable, on sent une véritable énergie s'en détaher, bien aidé il est vrai par son frère, Joe. Bref, à lire.
On fera avec
Les réflexions philosophiques sur le sens de la vie de Manu Larcenet m'ont toujours touché. Il se livre totalement et cela peut plaire ou pas au public toujours assez tranché le concernant. On peut certes trouver cela assez égocentrique dans un genre réflexions tourmentées d'un auteur qui se cherche et qui a besoin d'une thérapie grand public. Je retrouve le style que j'avais déjà entrevu dans Presque. Certes, ce sont des oeuvres de jeunesse mais qui sont déjà assez mâtures dans l'âme. Par la suite, il va juste perfectionner son trait pour être moins brouillon et minimaliste. L'oeuvre est faussement légère. La lecture est plutôt rapide et rythmée. On ne s'ennuie pas comme d'habitude. On sent déjà une certaine forme de noirceur qu'on retrouvera plus tard dans Blast par exemple ou Le Rapport de Brodeck. C'est un auteur bourré de talent qui saitt incontestablement bien montrer ou plutôt bien illustrer ses pensées les plus intimes ce qui n'est pas donné à tout le monde. A noter que j'ai lu une réédition datant de 2017 qui m'a permis de ne pas passer à côté.
Ulysse
3.5 Une adaptation des aventures d'Ulysse qui sent bon les années 70 avec ses pages souvent psychédéliques ! C'est vraiment le genre d'oeuvre où soit on embarque dans le délire des auteurs, soit on passe à coté et en s'enfuit ferme. Je pourrais comprendre que, par exemple, un lecteur de mon âge lise cet album et trouve que cela a mal vieilli. Personnellement, j'ai embarqué dans cette adaptation de l’Odyssée où on retrouve un mélange de mythologie grec, de science-fiction et d'érotisme. Le scénario est prenant et j'aime particulièrement le récit avec les sirènes que j'ai trouvé assez original. Lob était vraiment un génial scénariste disparu trop-tôt. Le dessin de Pichard est bon, quoique je ne trouve pas que ses femmes nues soient particulièrement sexy.
Cobalt
3.5 J’avais découvert le personnage dans le gros recueil sur le journal de Tintin sorti l'année dernière et il m'avait fait une bonne impression. Une impression qui s'est confirmée après la lecture de ses deux albums. C'est certes une série mineure de Greg, mais je trouve que c'est très bon si on est fan du scénariste. Le fait que le détective se spéciale dans les disparitions lui donne un coté original. Il y a un bon mélange d'aventure et d'humour comme le savait si bien faire Greg. La narration est fluide, c'est rempli de rebondissements, il y a une galerie de personnages mémorables et j'aime bien le dessin très expressif de ce dessinateur que je ne connaissais pas et qui aurait peut-être mérité d'être mieux connu. À lire si on n'est pas allergique aux vieilles bandes dessinées.
Le Retour
Je vais rejoindre le concert des bonnes louanges à propos de cette bd car elle le mérite amplement. C'est comme cela et pas autrement. Ce n'était pas gagné d'avance mais cette bd est intelligente. Je me suis également demandé si ce n'était pas une histoire vraie par rapport aux constructions touristiques des îles Canaries qui se sont vu complètement dénaturés par le tourisme de masse. Il est vrai que certains artistes à l'égo démesurée ont pu combattre cette idée de vulgarisation de la nature et de leur lieu de naissance. Bref, cela apparaît comme tout à fait crédible. Quant à la forme, rien à redire si ce n'est que j'ai bien aimé ce style graphique qui me va très bien. Il y a également une bonne utilisation des couleurs. Les personnages et les décors sont fort réussis. J'ai passé un agréable moment de lecture. Cela m'a apporté divertissement mais pas seulement. Le récit est d'une très grande profondeur avec la lettre du père qui constitue un vrai moment d'anthologie. C'est une bd bien construite qui mérite le succès ainsi que sa découverte.