Alice au pays des merveilles, racontée par Tim Burton, cela pourrait donner quelque chose comme le monde d’Epiphanie Frayeur. En effet, on retrouve beaucoup de l’imaginaire de Caroll, avec des personnages incomplets, des objets-personnages, avec une poésie colorée de noirceur. Le dessin est plutôt chouette.
L’histoire est vite lue, car peu de texte et de cases d’ailleurs. On y joue souvent sur les mots, l’air de rien, avec quelques petites touches d’humour pour aiguillonner l’histoire. Histoire qui est peut-être un chouia décevante, qui manque un peu de rythma parfois. Mais je ne boude pas le plaisir que j’ai eu à lire cette historiette.
Album jeunesse sans doute, mais qu’un public adulte peut sans hésiter lire avec plaisir. Décidément la collection « Métamorphose » relève le niveau de chez Soleil, avec un habillage très reconnaissable, une signature graphique à la fois belle et cohérente.
Note réelle 3,5/5.
3.5
Encore une fois Tronchet utilise un mélange d'humour absurde et cynique et ça marche.
J'aime beaucoup cet humour noir et j'ai souvent ri durant la lecture de ces deux tomes même si deux ou trois histoires sont un peu plus faibles que les autres. L'univers imaginé par les auteurs est assez originale et j'aime bien le dessin de Coutelis. Son trait plutôt réaliste va très bien avec ce genre d'histoire où les gens font des trucs absurdes de manière totalement sérieuse. Cela me fait penser à ce que faisait Alexis.
À lire absolument si on est fan de Tronchet.
C'est un voyage fort intéressant aux confins du Népal puis du Tibet sous domination chinoise qui nous est proposé par l'auteur dans une auto-biographie assez intéressante. Pour la première fois, l'image que j'avais du bouddhisme s'est un peu égratigné ce qui explique sans doute le titre de cette oeuvre qui ne fera pas dans le prosélytisme. Certes, on va vivre également la candeur et la naïveté en même temps que le cheminement de l'auteur québécois Jean-Sébastien Bérubé.
J'avais sans doute besoin de cela pour comprendre certaine chose. J'ai bien aimé la conclusion sur l'être humain que nous sommes tous sous des habits différents ou des religions différentes. Les dérives existent malheureusement partout.
C'est un gros pavé de 222 pages mais il faut ce qu'il faut. Le dessin m'est apparue comme assez sympathique tout en rondeur pour une lecture agréable. Les situations de ce carnet de voyage s'enchaînent pour nous montrer à chaque fois un aspect un peu différent mais avec des anecdotes assez significatives. Bref, c'est une bd qui va à contre-pieds. On ne comprend qu'à la fin qu'il s'agit d'une autobiographie grâce à un cahier graphique assez intéressant avec de réelles photos. J'ai franchement bien aimé.
Une chose est sûre, cette idée de "spin-off" est la meilleure des éditeurs Dupuis depuis la création de la collection "Nescafé"... Euh "Cappuccino"... Euh enfin, le truc de café, là...
Bon, pour en revenir à nos moutons, permettre à d'autres auteurs que les "titulaires" de faire leur Spirou et Fantasio, c'est excellent. D'abord parce que c'est une série mythique, fabuleuse, qui ouvre énormément de perspectives à tous les assoiffés d'aventure avec un grand A, et aussi parce que ça nous fait encore plus d'albums avec nos héros favoris.
Bref, le travail de Fabien Vehlmann sur ce premier tome est de tout premier ordre. On retrouve une bonne part du cocktail d'action, d'humour et de fantaisie qu'avait si bien su doser Franquin à son époque. Vehlmann a eu l'intelligence d'ancrer ses deux héros dans des années 2000 bien plus énervées que les années 1960. On se retrouve donc avec un récit qui aurait très bien pu trouver sa place dans la série régulière. Mais...
Car il y a un MAIS. Le dessin de Yoann est tout de même un peu "juste" à mes yeux pour illustrer un Spirou et Fantasio. Ses personnages changent de visage de case en case, il a un style un peu trop "nouvelle BD" pour une série classique. C'est dommage, car faire cet album a dû lui tenir à coeur, et je pense qu'il a fait de son mieux. Ce n'est pas une question de talent, mais de style.
Mais pour le reste, c'est du tout bon. :)
3.5
Ce one-shot raconte la vie d'une famille de pieds-noirs quoiqu'on suive surtout le père et sa fille qui est aussi la narratrice du récit.
Ce père qui est aussi le dernier à avoir quitté l'Algérie durant la guerre et qui a vécu un événement traumatisant. On sent vraiment les problèmes que lui et sa famille rencontrent, ayant été obligés de quitter leur pays pour un autre. J'ai vraiment ressenti les émotions des personnages et j'ai été souvent touché par les scènes, même si deux-trois passages sont un peu moins bons que le reste de l'ouvrage.
Je n'ai aucun problème avec le dessin de Tronchet que j'aime bien, mais je comprends que si on n'aime pas son style (surtout pour une histoire sérieuse), on aurait aimé que l'album soit dessiné par quelqu'un d'autre.
Une excellente satire de Tronchet.
Il met en scène une dictature où c'est Noël tous les jours et cela donne des situations savoureuses. C'est une bd humoristique, mais l'humour est cynique et noir. Ce n'est pas un truc qui fait rigoler de bon cœur comme un Astérix par exemple (en tout cas c'est le cas pour moi).
L'idée de départ est très bien utilisée, les dialogues sont savoureux et le scénario est prenant même s'il y a des clichés qu'on retrouve dans la plupart des histoires mettant en vedette un héros qui devient un résistant face à une dictature fasciste. J'aime bien l'idée qu'on change de jour de célébrations selon le président en place, cela varie un peu les situations et permet à l'histoire de ne pas tomber dans une certaine répétition. Et puis c'est intéressant de voir comment cette société change selon la fête célébrée chaque jour.
Cet album ressemble à un pari pour Vide Cocagne. C'est en effet un récit de plus de 200 pages, qui oscille sans cesse entre le récit intimiste et le livre-univers, qui propose une plongée dans l'âme humaine en même temps qu'une sorte d'initiation à la nature.
C'est bien sûr une histoire profondément écologiste, ou plutôt naturaliste, un thème cher à Thomas Gilbert (Oklahoma Boy, Bjorn le Morphir), qui trace une trajectoire très particulière dans la bande dessinée.
Laissée à elle-même après un accident en forêt, l'héroïne décide de retourner aux racines, de ne faire qu'une avec la nature. Mais celle-ci est multiple, complexe, et n'est peut-être pas prête à l'accueillir. Sans compter que ses démons restent avec elles.
Le récit est vraiment prenant, plein de sensualité, et l'on ressent avec Sauvage tous les effets de la nature : le soleil sur la peau, l'herbe qui grandit quand on se couche dedans, la faim qui nous tenaille... En revanche très peu de peur, la nature est plutôt bienveillante, ou plutôt douce.
Graphiquement Gilbert s'est totalement lâché dans ce gros opus, on sent qu'il a pris beaucoup de plaisir à dessiner de superbes paysages de forêts, de retenues d'eau, de cascades, de pentes herbues... L'ensemble est nerveux, très dynamique, débridé, avec ce trait charbonneux et intense.
Un vrai plaisir.
En 1944, en plein “âge d'or” des comics et durant la Seconde Guerre mondiale, un certain Chu Hing créa un éphémère personnage de super-héros appelé La Tortue Verte.
Ce héros ne vécut que le temps de cinq aventures avant de disparaître. Mais il présentait la double originalité d'agir aux côtés des Chinois en lutte contre l'envahisseur nippon, et aussi d'être (probablement) le premier super-héros chinois. Probablement, car l'auteur se garda soigneusement de dévoiler son visage et ses origines…
La première aventure de cette Tortue Verte de 1944 est reproduite en fin de l'album et on comprend un peu pourquoi la série est tombée dans l'oubli, tant elle aligne les poncifs et les facilités des comics de guerre, censés délivrer un message patriotique et dénigrer l'ennemi japonais : le héros et ses amis sont courageux et nobles, leurs ennemis fourbes et cruels, les rebondissements téléphonés…
Toujours est-il que 70 ans plus tard, Gene Yang, lui même descendant d'immigrés chinois, a redécouvert le personnage et a décidé de le faire revivre en lui donnant un visage, une identité et un passé.
Dans cette mini-série, nous assistons à la naissance du super héros connu sous le nom de « la Tortue Verte », sobriquet un peu ridicule et loin d'inspirer la terreur, reconnaissons-le. Ce détail donne le ton. Tout en restant fidèle aux éléments de la série d'origine, le scénariste instille une solide dose d'humour qui donne à son récit un ton léger et résolument moderne.
Comment un jeune homme normal (sauf que sa peau devient rose et fluorescente quand elle est mouillée) choisi-t-il de se promener dans Chinatown vêtu d'un slip et couvert d'un cape sur laquelle figure une tortue ? Dans les Watchmen, Alan Moore nous explique que les encapés en collants sont des individus frustrés, psychopathes, à l'égo surdimensionné… Yang a une réponse tout aussi freudienne : si le jeune Hank devient un super héros, c'est parce que sa mère a décidé qu'il en serait un et qu'elle est particulièrement têtue !
Ses débuts sont hésitants et il multiplie des déboires dignes d'un Kick-Ass, d'autant plus que le zèle maternel lui cause autant de torts que les méchants qu'il est censé combattre. C'est avec beaucoup de dérision que l'auteur transforme ce garçon falot en véritable héros. Certaines scènes sont très drôles, et je comprends pourquoi son récit lui a valu un Eisner Award en 2015.
Sonny Liew se charge du dessin. Lui aussi est d'origine asiatique, puisqu'il est né en Malaisie. Pour ce que je connais du genre, son style s'inspire de la tradition du manhua, que j'ai personnellement découvert avec la trilogie Une vie chinoise ; c'est un peu caricatural, avec des traits au pinceau qui donnent du volume aux personnages. Mais on sent aussi qu'il est tout imprégné de la culture des comics, et ses ambiances penchent aussi vers Le Spirit de la grande époque, celui d'Eisner himself.
C'est original, dynamique, souvent beau, dans un style qui réussi à se faire remarquer au milieu de la production pléthorique des récits de super héros.
Ce Shadow Hero est donc une belle découverte, qui m'a fait passer un bon moment de lecture, avec quelques tranches de franche rigolade.
Je ne pense pas qu'une suite soit prévue, mais je la suivrais volontiers.
Un jeune garçon, élevé comme une fille par des grands-parents bourgeois et misanthropes, vit cloitré dans le manoir familial, caché du monde. Derrière ce script un peu « fait-divers », se cache un roman graphique magnifiquement orchestré par Matthias Lehmann.
Dès le début de la lecture de ce volumineux album, on est immédiatement accroché par la vivacité de la mise en page, la puissance du récit et la grande maitrise narrative de l’auteur. L’histoire est absolument passionnante de bout en bout, portée par des personnages soignés, à la psychologie complexe.
Le trait de Lehmann, original et inspiré, donne parfaitement le change à l’intrigue sombre et un brin claustrophobique.
La Favorite est très, très bel album qui deviendra sans aucun doute l’un des immanquables du site.
Et un très grand bravo à l’auteur !
Marshal Bass, premier shérif noir de l'histoire de l'ouest est chargé d'infiltrer un gang d'anciens esclaves affranchis qui sème la terreur dans tout l'Arizona. Il devra faire face à la méfiance du charismatique et cruel Milord, le chef blanc de la bande.
Western à la violence assumée, Marshall Bass est d'une efficacité narrative et d'un impact visuel qui n'est pas sans rappeler la grande époque du western spaghetti. C'est cru, et le ton du scénario convient parfaitement au dessin de Kordey qui évoque toujours Richard Corben tout en ayant sa personnalité propre.
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L'Épouvantable peur d'Épiphanie Frayeur
Alice au pays des merveilles, racontée par Tim Burton, cela pourrait donner quelque chose comme le monde d’Epiphanie Frayeur. En effet, on retrouve beaucoup de l’imaginaire de Caroll, avec des personnages incomplets, des objets-personnages, avec une poésie colorée de noirceur. Le dessin est plutôt chouette. L’histoire est vite lue, car peu de texte et de cases d’ailleurs. On y joue souvent sur les mots, l’air de rien, avec quelques petites touches d’humour pour aiguillonner l’histoire. Histoire qui est peut-être un chouia décevante, qui manque un peu de rythma parfois. Mais je ne boude pas le plaisir que j’ai eu à lire cette historiette. Album jeunesse sans doute, mais qu’un public adulte peut sans hésiter lire avec plaisir. Décidément la collection « Métamorphose » relève le niveau de chez Soleil, avec un habillage très reconnaissable, une signature graphique à la fois belle et cohérente. Note réelle 3,5/5.
Welcome Land
3.5 Encore une fois Tronchet utilise un mélange d'humour absurde et cynique et ça marche. J'aime beaucoup cet humour noir et j'ai souvent ri durant la lecture de ces deux tomes même si deux ou trois histoires sont un peu plus faibles que les autres. L'univers imaginé par les auteurs est assez originale et j'aime bien le dessin de Coutelis. Son trait plutôt réaliste va très bien avec ce genre d'histoire où les gens font des trucs absurdes de manière totalement sérieuse. Cela me fait penser à ce que faisait Alexis. À lire absolument si on est fan de Tronchet.
Comment je ne suis pas devenu moine
C'est un voyage fort intéressant aux confins du Népal puis du Tibet sous domination chinoise qui nous est proposé par l'auteur dans une auto-biographie assez intéressante. Pour la première fois, l'image que j'avais du bouddhisme s'est un peu égratigné ce qui explique sans doute le titre de cette oeuvre qui ne fera pas dans le prosélytisme. Certes, on va vivre également la candeur et la naïveté en même temps que le cheminement de l'auteur québécois Jean-Sébastien Bérubé. J'avais sans doute besoin de cela pour comprendre certaine chose. J'ai bien aimé la conclusion sur l'être humain que nous sommes tous sous des habits différents ou des religions différentes. Les dérives existent malheureusement partout. C'est un gros pavé de 222 pages mais il faut ce qu'il faut. Le dessin m'est apparue comme assez sympathique tout en rondeur pour une lecture agréable. Les situations de ce carnet de voyage s'enchaînent pour nous montrer à chaque fois un aspect un peu différent mais avec des anecdotes assez significatives. Bref, c'est une bd qui va à contre-pieds. On ne comprend qu'à la fin qu'il s'agit d'une autobiographie grâce à un cahier graphique assez intéressant avec de réelles photos. J'ai franchement bien aimé.
Le Spirou de Yoann & Vehlmann - Les Géants pétrifiés
Une chose est sûre, cette idée de "spin-off" est la meilleure des éditeurs Dupuis depuis la création de la collection "Nescafé"... Euh "Cappuccino"... Euh enfin, le truc de café, là... Bon, pour en revenir à nos moutons, permettre à d'autres auteurs que les "titulaires" de faire leur Spirou et Fantasio, c'est excellent. D'abord parce que c'est une série mythique, fabuleuse, qui ouvre énormément de perspectives à tous les assoiffés d'aventure avec un grand A, et aussi parce que ça nous fait encore plus d'albums avec nos héros favoris. Bref, le travail de Fabien Vehlmann sur ce premier tome est de tout premier ordre. On retrouve une bonne part du cocktail d'action, d'humour et de fantaisie qu'avait si bien su doser Franquin à son époque. Vehlmann a eu l'intelligence d'ancrer ses deux héros dans des années 2000 bien plus énervées que les années 1960. On se retrouve donc avec un récit qui aurait très bien pu trouver sa place dans la série régulière. Mais... Car il y a un MAIS. Le dessin de Yoann est tout de même un peu "juste" à mes yeux pour illustrer un Spirou et Fantasio. Ses personnages changent de visage de case en case, il a un style un peu trop "nouvelle BD" pour une série classique. C'est dommage, car faire cet album a dû lui tenir à coeur, et je pense qu'il a fait de son mieux. Ce n'est pas une question de talent, mais de style. Mais pour le reste, c'est du tout bon. :)
Là-bas
3.5 Ce one-shot raconte la vie d'une famille de pieds-noirs quoiqu'on suive surtout le père et sa fille qui est aussi la narratrice du récit. Ce père qui est aussi le dernier à avoir quitté l'Algérie durant la guerre et qui a vécu un événement traumatisant. On sent vraiment les problèmes que lui et sa famille rencontrent, ayant été obligés de quitter leur pays pour un autre. J'ai vraiment ressenti les émotions des personnages et j'ai été souvent touché par les scènes, même si deux-trois passages sont un peu moins bons que le reste de l'ouvrage. Je n'ai aucun problème avec le dessin de Tronchet que j'aime bien, mais je comprends que si on n'aime pas son style (surtout pour une histoire sérieuse), on aurait aimé que l'album soit dessiné par quelqu'un d'autre.
Houppeland
Une excellente satire de Tronchet. Il met en scène une dictature où c'est Noël tous les jours et cela donne des situations savoureuses. C'est une bd humoristique, mais l'humour est cynique et noir. Ce n'est pas un truc qui fait rigoler de bon cœur comme un Astérix par exemple (en tout cas c'est le cas pour moi). L'idée de départ est très bien utilisée, les dialogues sont savoureux et le scénario est prenant même s'il y a des clichés qu'on retrouve dans la plupart des histoires mettant en vedette un héros qui devient un résistant face à une dictature fasciste. J'aime bien l'idée qu'on change de jour de célébrations selon le président en place, cela varie un peu les situations et permet à l'histoire de ne pas tomber dans une certaine répétition. Et puis c'est intéressant de voir comment cette société change selon la fête célébrée chaque jour.
Sauvage ou la sagesse des pierres
Cet album ressemble à un pari pour Vide Cocagne. C'est en effet un récit de plus de 200 pages, qui oscille sans cesse entre le récit intimiste et le livre-univers, qui propose une plongée dans l'âme humaine en même temps qu'une sorte d'initiation à la nature. C'est bien sûr une histoire profondément écologiste, ou plutôt naturaliste, un thème cher à Thomas Gilbert (Oklahoma Boy, Bjorn le Morphir), qui trace une trajectoire très particulière dans la bande dessinée. Laissée à elle-même après un accident en forêt, l'héroïne décide de retourner aux racines, de ne faire qu'une avec la nature. Mais celle-ci est multiple, complexe, et n'est peut-être pas prête à l'accueillir. Sans compter que ses démons restent avec elles. Le récit est vraiment prenant, plein de sensualité, et l'on ressent avec Sauvage tous les effets de la nature : le soleil sur la peau, l'herbe qui grandit quand on se couche dedans, la faim qui nous tenaille... En revanche très peu de peur, la nature est plutôt bienveillante, ou plutôt douce. Graphiquement Gilbert s'est totalement lâché dans ce gros opus, on sent qu'il a pris beaucoup de plaisir à dessiner de superbes paysages de forêts, de retenues d'eau, de cascades, de pentes herbues... L'ensemble est nerveux, très dynamique, débridé, avec ce trait charbonneux et intense. Un vrai plaisir.
The Shadow Hero
En 1944, en plein “âge d'or” des comics et durant la Seconde Guerre mondiale, un certain Chu Hing créa un éphémère personnage de super-héros appelé La Tortue Verte. Ce héros ne vécut que le temps de cinq aventures avant de disparaître. Mais il présentait la double originalité d'agir aux côtés des Chinois en lutte contre l'envahisseur nippon, et aussi d'être (probablement) le premier super-héros chinois. Probablement, car l'auteur se garda soigneusement de dévoiler son visage et ses origines… La première aventure de cette Tortue Verte de 1944 est reproduite en fin de l'album et on comprend un peu pourquoi la série est tombée dans l'oubli, tant elle aligne les poncifs et les facilités des comics de guerre, censés délivrer un message patriotique et dénigrer l'ennemi japonais : le héros et ses amis sont courageux et nobles, leurs ennemis fourbes et cruels, les rebondissements téléphonés… Toujours est-il que 70 ans plus tard, Gene Yang, lui même descendant d'immigrés chinois, a redécouvert le personnage et a décidé de le faire revivre en lui donnant un visage, une identité et un passé. Dans cette mini-série, nous assistons à la naissance du super héros connu sous le nom de « la Tortue Verte », sobriquet un peu ridicule et loin d'inspirer la terreur, reconnaissons-le. Ce détail donne le ton. Tout en restant fidèle aux éléments de la série d'origine, le scénariste instille une solide dose d'humour qui donne à son récit un ton léger et résolument moderne. Comment un jeune homme normal (sauf que sa peau devient rose et fluorescente quand elle est mouillée) choisi-t-il de se promener dans Chinatown vêtu d'un slip et couvert d'un cape sur laquelle figure une tortue ? Dans les Watchmen, Alan Moore nous explique que les encapés en collants sont des individus frustrés, psychopathes, à l'égo surdimensionné… Yang a une réponse tout aussi freudienne : si le jeune Hank devient un super héros, c'est parce que sa mère a décidé qu'il en serait un et qu'elle est particulièrement têtue ! Ses débuts sont hésitants et il multiplie des déboires dignes d'un Kick-Ass, d'autant plus que le zèle maternel lui cause autant de torts que les méchants qu'il est censé combattre. C'est avec beaucoup de dérision que l'auteur transforme ce garçon falot en véritable héros. Certaines scènes sont très drôles, et je comprends pourquoi son récit lui a valu un Eisner Award en 2015. Sonny Liew se charge du dessin. Lui aussi est d'origine asiatique, puisqu'il est né en Malaisie. Pour ce que je connais du genre, son style s'inspire de la tradition du manhua, que j'ai personnellement découvert avec la trilogie Une vie chinoise ; c'est un peu caricatural, avec des traits au pinceau qui donnent du volume aux personnages. Mais on sent aussi qu'il est tout imprégné de la culture des comics, et ses ambiances penchent aussi vers Le Spirit de la grande époque, celui d'Eisner himself. C'est original, dynamique, souvent beau, dans un style qui réussi à se faire remarquer au milieu de la production pléthorique des récits de super héros. Ce Shadow Hero est donc une belle découverte, qui m'a fait passer un bon moment de lecture, avec quelques tranches de franche rigolade. Je ne pense pas qu'une suite soit prévue, mais je la suivrais volontiers.
La Favorite
Un jeune garçon, élevé comme une fille par des grands-parents bourgeois et misanthropes, vit cloitré dans le manoir familial, caché du monde. Derrière ce script un peu « fait-divers », se cache un roman graphique magnifiquement orchestré par Matthias Lehmann. Dès le début de la lecture de ce volumineux album, on est immédiatement accroché par la vivacité de la mise en page, la puissance du récit et la grande maitrise narrative de l’auteur. L’histoire est absolument passionnante de bout en bout, portée par des personnages soignés, à la psychologie complexe. Le trait de Lehmann, original et inspiré, donne parfaitement le change à l’intrigue sombre et un brin claustrophobique. La Favorite est très, très bel album qui deviendra sans aucun doute l’un des immanquables du site. Et un très grand bravo à l’auteur !
Marshal Bass
Marshal Bass, premier shérif noir de l'histoire de l'ouest est chargé d'infiltrer un gang d'anciens esclaves affranchis qui sème la terreur dans tout l'Arizona. Il devra faire face à la méfiance du charismatique et cruel Milord, le chef blanc de la bande. Western à la violence assumée, Marshall Bass est d'une efficacité narrative et d'un impact visuel qui n'est pas sans rappeler la grande époque du western spaghetti. C'est cru, et le ton du scénario convient parfaitement au dessin de Kordey qui évoque toujours Richard Corben tout en ayant sa personnalité propre.